50 BDs qu'elles sont bien pour les lire

Fidèle à mon pseudonyme, je suis bien expert en tout, y compris en bandes dessinées.

Dans ce sujet, je vais vous présenter tour à tour 50 bandes dessinées qu'elles sont bien pour les lire, dans un ordre aléatoire.

#01 : "La mauvaise tête" de Franquin

Sans aucun doute un des meilleurs Spirou et Fantasio du véritable maître de la série, j'ai bien sûr nommé André Franquin, dont la plupart des dessineux sont indignes de cirer les chaussures. Une intrigue pleine de rebondissements, de l'action, de l'humour, et de nombreuses scènes d'anthologie, comme celle de l'énorme tête de Fantasio gonflable. De plus, les personnages sont archi-nerveux tout au long de l'album et n'arrêtent pas de se disputer (même entre Spirou et Fantasio eux-mêmes), ajoutant encore à l'album une tension supplémentaire, qui sera bienvenue si comme moi vous aimez voir les gens s'en mettre sur la tronche.

#02 : "Miss Pas Touche" d'Hubert et Kerascoët

Miss Pas Touche, c'est un peu, de l'aveu même de l'auteur, "Tintin chez les putes", à savoir un personnage vertueux et immaculé qui se retrouve projeté par accident dans un bordel archi-glauque. Tout cela se déroule durant les années 1920-1930, et donc l'histoire, en plus de l'intrigue policière, fait la part belle aux thèmes tels que le puritanisme ou l'hypocrisie sociale. Outre une bonne intrigue et des personnages mémorables, cette série fait mouche en mélangeant des dessins au style naïf, léger, presque enfantin, à une histoire on ne peut plus adulte. Si vous aimez le sexe, la noirceur et les délires grand guignol sanguinolents, cette série vous plaira. Et comme c'est une série à suivre, on ne lit pas les livres dans n'importe quel ordre comme un branquignol, on lit d'abord le tome 1, puis le 2, puis le 3, et on termine par le 4.

#03 : "Le Petit Christian, tome 2" par Blutch

Un livre léger et plein de poésie qui raconte les aventures (peut-être un brin autobiographique ?) d'un jeune garçon amoureux d'une fille qu'il ne connaît que vaguement, et qui n'en a rien à cirer de lui même si elle l'aime bien comme ami. Le tout part souvent dans des délires imaginaires, comme quand Christian est visité par Marlon Brando qui lui donne des leçons sur l'amour. A la fin du livre, c'est la débandade : la fille en question a coupé ses beaux et longs cheveux pour arborer une coiffure à la garçonne. Et Christian d'avoir le coeur brisé. Et il a raison, Christian : les filles à cheveux courts, c'est moche.

#04 : "Lapinot et les carottes de Patagonie" par Lewis Trondheim

OVNI qui n'était au départ pas destiné à la publication, ce livre était avant tout un exercice que Trondheim, débutant à l'époque, s'était imposé pour apprendre à dessiner et scénariser : improviser une BD pendant 500 pages. On remarque d'ailleurs que le trait s'affine au fur et à mesure du récit. Quand à l'histoire, elle sent effectivement et avec bonheur l'improvisation, créant un sentiment d'imprévisibilité et d'anarchie qu'une histoire bien préparée à l'avance ne pourrait jamais égaler. Ca commence comme un livre pour enfants, puis on passe tour à tour à l'aventure, à la science-fiction, au policier, au thriller... Les personnages se multiplient et se croisent au fil des pages, chacun ayant ses propres buts et motivations. Trondheim a tenu parole et a bien fait 500 pages, et ce n'est pas grave si à la page 500 l'histoire n'est pas du tout terminée, pouf, ça s'arrête et puis c'est tout. Ca fait aujourd'hui longtemps que l'auteur, qui s'est depuis fort assagi, n'a plus créé quelque chose d'aussi fort que ce surprenant pavé.

#05 : "Gaspard de la Nuit, tomes 1, 2 et 3" par Johan De Moor et Stephen Desberg

Voici une surprenante trilogie où un petit garçon ordinaire se retrouve plongé, en enfilant un masque magique, dans la peau d'un autre. Et surtout, dans un pays féérique où les jouets sont vivants, où on peut être réduit à l'état de masque si on se frite avec les mauvaises personnes, et où dragons, licornes, lutins, etc. sont chassés et dressés pour alimenter les contes de fées du monde des humains. Des humains qui, d'ailleurs, sont de moins en moins bien vus dans ce monde parallèle. Le tout est bourré de trouvailles tant scénaristiques que graphiques (les dessins de Johan De Moor, un genre de ligne claire nerveuse, foisonnent de petits détails en arrière-plan). C'est un univers féérique et cruel, peuplé de créatures fantastiques et de personnages pourris jusqu'au trognon. Je vous conseille les trois premiers tomes ("De l'autre côté du masque", "Les chasseurs dans la nuit", "Le prince des larmes sèches") qui forment une histoire à suivre. Le quatrième tome, constituant une histoire complète, est nettement moins inspiré.

#06 : "Les bijoux de la Castafiore" de Hergé

Hergé s'amuse à déconstruire son univers dans cet anti-album de Tintin qui, paradoxalement, est aussi son chef-d'oeuvre. Au fil des rebondissements, des erreurs sur la personne, des secrets éventés et des malentendus, le lecteur est promené d'une fausse piste à l'autre. Et lorsqu'il referme le livre et se rend compte qu'il ne s'est en fin de compte pas passé grand chose, cela n'a pas d'importance car ce "pas grand chose" a été on ne peut plus passionnant. Notons qu'Hergé parachève aussi la dimension asexuelle de Tintin dans cet album, toutes les femmes qui y sont représentées (la Castafiore, Madame Irma, etc.) y étant absolument monstrueuses. Nulle doute que tout homme normalement constitué préférera la masturbation à l'accouplement avec de tels monstrueux morceaux de gélatine. Les Bijoux de la Castafiore est un superbe album qui se prête à de nombreuses lectures.

#07 : "Le voyageur imprudent" de Laurent Parcelier

Très belle histoire onirique et poétique (je pense en particulier à la magnifique "chute" de la fin de l'album), vous aimerez ce livre si vous aimez la fantasy à l'ancienne. Guilio vit dans une petite ville tranquille entourée d'une immense forêt, et c'est là tout l'univers qu'il connaît. Mais lorsque son faucon apprivoisé lui rapporte un jour un étrange objet venu d'ailleurs, il est convaincu qu'il doit exister un autre monde que le sien. Il décide donc de traverser la forêt pour le découvrir, en empruntant le fameux "chemin", un chemin en ligne droite qui s'enfonce dans les bois à n'en plus finir et dont nul ne sait où il mène. D'autres ont essayé avant lui, ils ne sont jamais revenus... mais ça ne le découragera pas. L'univers graphique de cette bd, principalement composé de couleurs pâles, est vraiment particulier, et les décors regorgent d'atmosphère. On sent l'auteur moins à l'aise quand il s'agit de dessiner les personnages, mais on s'y habitue rapidement. Laurent Parcelier a ensuite réalisé une série avec cet album pour point de départ, mais cette histoire-ci, la première et la meilleure, se suffit amplement à elle-même.

#08 : "L'ascension du haut mal" de David B.

David B. nous raconte une partie de sa propre vie en 6 volumes, de l'enfance jusqu'au début de l'âge adulte, et en particulier sa relation avec son frère épileptique. L'épilepsie, le "haut mal" donc, s'empare de son frère Jean-Christophe et le fait régulièrement avoir des crises dans lesquelles il bave, hurle comme un mongol, et tombe par terre. Au fur et à mesure des années, leurs parents n'auront de cesse de vouloir trouver un moyen de le guérir en consultant moult docteurs, charlatans, religieux, marabouts, intellectuels, fous dangereux, etc. Sans jamais le moindre succès, au contraire : malgré tous leurs courageux efforts, la maladie grandit et devient de plus en plus importante dans la vie de cette famille. David B. est un maître du dessin en noir et blanc et ses illustrations fourmillent d'idées, de métaphores, et d'angoisses traduites sur du papier. Une série dure, qui fait mal comme une volée de bois vert sur l'arrière-train, mais essentielle.

#09 : "Le retour à la terre" de Jean-Yves Ferri et Manu Larcenet

Une série d'humour, aussi sympathique et drôle que moi, qui raconte les aventures fictives de Larcenet qui part s'installer à la campagne, dessinées par Larcenet, mais scénarisées par Ferri, sous forme de gags d'une demi-page chacun. Le principal thème étant l'acclimatation d'un ex-citadin à la vie dans un trou à la campagne. C'est frais, léger, fin et spirituel... comme moi. Le tome 1 prend les marques, les tomes 2, 3 et 4 sont un paroxysme d'humour et sont les meilleurs, le tome 5 est bien aussi mais marque quelques signes d'essoufflement.

Le combat ordinaire est mieux.

Amis forumeurs, je vous propose de continuer l'oeuvre inachevée du regretté Expert en tout avec les albums de votre choix, et attention : choisissez-en de bons !

#10 : "La Communauté" de Tanquerelle et Yann Benoît

La BD, ce n'est pas que des aventures de jeunes reporters casse-cou ou de chevaliers à grosses épées. La Communauté est une sorte d'autobiographie de Yann Benoît qui raconte une belle utopie à laquelle il a participé : créer une communauté idéale, émancipée de la société de consommation, autogéré et diplomatique, s'appuyant sur les capacités de chacun... la Minotière.

Manque de pot, la vie en décide autrement et sous le dessin rigolo et efficace de Hervé Tanquerelle, nous suivons la création, l'euphorie des débuts et le déclin de ce projet. Et plus que ça, c'est aussi une discussion entre le dessinateur (Tanquerelle, donc) et son beau-père (Yann Benoît) qui permet un regard analytique transgénérationnel et très instructif.

Je vous rassure, c'est bien plus facile et amusant à lire que mon commentaire ! 2 tomes parus, chez Futuropolis.

#11 : "Rhapsodie hongroise" de Vittorio Giardino

Une intrigue d'espionnage digne de John Le Carré, des dessins élégants et subtils, un héros qui correspond lui aussi à cette description, voilà les ingrédients principaux de cette histoire où les assassins, les agents doubles et les coups fourrés se cachent dans chaque recoin tout au long des quelques 90 pages du recueil. L'histoire se déroule fin des années 30, à l'aube de la seconde guerre mondiale, et les agents secrets nazis donnent au héros (malgré lui) beaucoup de fil à retordre. L'intrigue et les personnages sont de facture plutôt réalistes, donc ne vous attendez pas à des explosions à tout bout de champ, à des gadgets ou à des scénarios à la mords-moi le noeud digne d'un "XIII" ou autre pitrerie. Par contre, attendez-vous à une histoire complexe, intelligente et foisonnant de rebondissements.Une BD qui a la classe, tout simplement... Si vous avez aimé, je vous conseille aussi les tomes suivants des aventures de Max Fridman, excellents également.

les Manara ça compte ?

#12 : "Les poupées de Jérusalem" de Joann Sfar

Ouvrir un livre du Professeur Bell, c'est comme ouvrir une boîte de chocolats : on ne sait jamais ce qu'on va trouver à l'intérieur. Parfois il y a un chocolat au caca, parfois un chocolat bizarre où on se demande ce que le chocolatier a voulu faire, et parfois un chocolat vraiment succulent. Les poupées de Jérusalem appartient à cette dernière catégorie. Il faut dire que Professeur Bell est un peu une série fourre-tout, chaque album est bien cohérent avec lui-même, mais l'univers et le style est par contre fort différent d'un album à l'autre. Revenons à cet album donc, le deuxième dans cette série des aventures fictives du personnage réel qui a servi de base à Conan Doyle pour créer Sherlock Holmes. Et si on retrouve beaucoup de similarités entre notre ami Sherlock et le professeur Bell, celui-ci ne s'occupe que de résoudre des énigmes ayant trait aux monstres et autres créatures fantastiques. Dans "Les poupées de Jérusalem", c'est carrément au diable qu'il va être confronté, et le diable est en fait assez sympa, même si c'est bien sûr un vrai vicelard qui veut répandre le mal sur terre. Au programme : fantaisie, délires, poésie, vieilles légendes oubliées, sexe, mathématiques, humour... Il s'agit là sans doute du meilleur tome de cette série, excellent de bout en bout. Je conseille aussi le tome "La promenade des Anglaises", d'inspiration purement lovecraftienne.

Quel Manara tu proposes, Impératricedumonde ?

#13 : "Nogegon" de Luc et François Schuiten

Cet album ovni fait partie de ce qu'on pourrait appeler des BD de performance, ou une oeuvre OUBAPO (Ouvroir de Bande-dessinée Potentielle). S'il fait partie d'une série -les terres creuses- déjà très conceptuelle, ce tome à la lecture troublante prend tout son sens quand on comprend qu'il s'agit d'un palindrome, un objet d'une parfaite symétrie et lisible à l'endroit comme à l'envers. La seconde moitié de l'album répond à la première dans le dessin comme dans le texte, les perspectives sont inversées, le jeu intérieur/extérieur et celui des déplacements est remarquable, plus encore la symétrie des expressions et sentiments. Par contre, c'est un peu indigeste à lire, l'exercice de style symétrique expliquant les bizarreries syntaxiques. Il s'agit plutôt d'un album qu'on regarde, allant de page en page pour observer comment joue la symétrie.

Le dessin de Schuiten (François) et l'orfèvrerie narrative suffisent de toute façon amplement à satisfaire tout curieux des potentialités du 9ème art. On avait rarement été aussi loin depuis le monstre Winsor McCay et son Little Nemo in Slumberland.

Un exemple de deux pages en symétrie :

la je m'y connais un peu mieux mais visiblement pas les goûts d'un expert en tout.

j'ai plus de 400 bd j'en ai lu peut être 20000 et pourtant à part le spirou du départ,le reste m'ai inconnu.

quel sont vos critère de sélection?

# 14 Les naufragés D'Ythaq ~ Arleston / Floch

ba là je connais, j'ai tout les arleston.

et le celebre lanfeust de troy. # 15 L'ivoire du magohamoth ~ Arleston / tarquin

#16 trolls de troy - histoire trolles arleston&mounier

Paf & Hencule : French Doctors de Goupil Acnéique et Abraham Kadabra un bouquin 100% humour Hara-Kiri.

L'infiniment Moyen de Fabcaro même esprit que le précédent mais un poil plus fin et moins potache.