La vérité aux cancéreux

Toute vérité n’est pas bonne à dire, mais mensonge reste un délit d’initié...

Il y a 14 heures, yagmort a dit :

Maintenant, je ne sais pas exactement depuis quand, on balance tout, d'office. Pourquoi ?

bonjour, 

en mon humble avis et fort de mon "expérience" ... une vérité vaut mieux que 100 non-dits .

la maladie, surtout celle-là , demande comme la mort un certain nombre de phases ;

- le choc

- la déni

- le colère et le marchandage

- la résignation

- l’acceptation

et une fois cette dernière étape achevée, le traitement semble moins lourd à porter.

personne ne peut maintenant ignorer ce qu'est une chimio thérapie ( ou tous les traitements ayant peu ou prou les mêmes effets ) et donc , personne ne peut ignorer le mot fatidique : cancer .

alors autant appeler les choses par leur nom et faire ainsi participer le patient à son traitement par une juste compréhension des buts et des moyens .

1 vérité vaut mieux que 100 mensonges ( reste aux praticiens et à toutes les équipes de le faire avec tact en fonction de la personnalité de chacun ) .

bonne journée.

Il y a 9 heures, MadeleinedeProut a dit :

.C'est de toute façon une situation toujours délicate, il faut que le médecin soit psychologue.

Et ils ne le sont pas . .

Il y a 6 heures, yagmort a dit :

Il est parait-il courant (mais j'ignore s'il y a des statistiques) qu'une personne à qui un médecin annonce qu'elle a, par exemple, six mois à vivre meure effectivement six mois après jour pour jour. Pourtant la moyenne n'exclut pas une grande variabilité. https://bouquinsblog.blog4ever.com/guerisons-remarquables-caryle-hirschberg-et-marc-ian-barrasch 

Est-ce qu'un médecin dit cela à un malade ??

Qu'il tienne ce discours à la famille peut-être ou sans doute, mais au malade je ne le pense pas. Pas de manière courante.

En général face à un cas avancé les médecins restent plus évasifs. A la rigueur ils disent "nul ne sait".

J'ai perdu une amie, partie à l'âge de 35 ans. En mars  les médecins annonçaient au mari (pas à elle) que son épouse n'irait pas au-delà de l'automne.  Et cela fut hélas le cas. Elle est décédée en novembre. Elle a bien senti son état se dégrader, elle a bien compris, elle n'avait pas besoin qu'on le lui précise mais les médecins ne lui ont pas tenu de discours direct, pas à elle. 

Il y a deux ans, on m'a diagnostiqué un cancer du sein; si j'étais plutôt abasourdie et déprimée au début, on m'a dit que mon cancer était le mieux qu'on pouvait souhaiter à quiconque en la matière. Autrement dit, que ce genre de cancer n'était pas bien grave.

Le chirurgien qui allait m'opérer m'a dit qu'un mois après l'opération, j'aurai droit à de la radiothérapie pendant quelques semaines. Et deux mois plus tard, ni vu ni connu; à part une pilule à avaler tous les jours pendant 5 ans, je serai comme avant! 

J'avoue que son optimisme m'a fait du bien!

Il y a 3 heures, MadeleinedeProut a dit :

Est-ce qu'un médecin dit cela à un malade ??

Qu'il tienne ce discours à la famille peut-être ou sans doute, mais au malade je ne le pense pas. Pas de manière courante.

Je n'ai pas dit que c'était courant, mais enfin c'est arrivé. Pourquoi les médecins seraient-ils la seule catégorie humaine intrinsèquement incapable de méchanceté ?

Il y a 1 heure, yagmort a dit :

Je n'ai pas dit que c'était courant, mais enfin c'est arrivé. Pourquoi les médecins seraient-ils la seule catégorie humaine intrinsèquement incapable de méchanceté ?

Pas méchanceté mais une réelle absence de psychologie. Une forme de brutalité pour certains.

Je pense que tous les patients ne sont pas à même de recevoir la mauvaise nouvelle, comme ça,  de but en blanc, dans un cabinet entre deux rendez-vous. Et c’est toute la difficulté que rencontre les médecins. Le choc de l'annonce peut faire parfois des dégâts psychologiques , ce dont ni le patient, ni le personnel soignant n’a besoin. Peut-être qu’il faudrait réfléchir à la mise en place d’un secteur spécialisé dans le domaine de l'annonce. Déjà,  savoir si le patient est prêt serait une bonne chose. Mais bon...Le temps et l’argent manque .  La formation psychologique aussi sans doute, mais en même temps, ce n’est pas leur domaine. Il est difficile de leur en vouloir.

Je me souviens le jour où ma maman m’a annoncé qu’elle était atteinte d’un cancer.  Jour de la fête des mères,  je l'invite au resto. En rentrant chez elle, nous prenons un café ensemble, heureuse de ce moment passé ensemble et là elle me dit : "J'ai un cancer du sein "

Croyez-moi, l'annonce a été foudroyante et cela a sans doute eu un impact négatif sur notre relation durant sa maladie.

Alors, je comprends que certains médecins ne le disent pas eux même aux patients . Ils ont sans doute conscience que c’est une annonce à préparer au mieux.

Ne pas dire, n’est pas cacher . Si le patient veut savoir et pose des questions, c’est qu’il est prêt à  entendre, alors là il aura les réponses. 

Il y a 2 heures, MadameRosa a dit :

Croyez-moi, l'annonce a été foudroyante et cela a sans doute eu un impact négatif sur notre relation durant sa maladie.

Pourquoi ? de quelle façon?

@MadeleinedeProut

hé bien, je pense que je lui en ai voulu de ne pas me ménager, car elle l'a fait de façon très consciente. j'ai vécu ce moment comme une fracture émotionnelle. Une fracture émotionnelle, ça met longtemps avant de se réparer.

il y a 4 minutes, MadameRosa a dit :

@MadeleinedeProut

hé bien, je pense que je lui en ai voulu de ne pas me ménager, car elle l'a fait de façon très consciente. j'ai vécu ce moment comme une fracture émotionnelle. Une fracture émotionnelle, ça met longtemps avant de se réparer.

 

Mais le choc majeur n'a-t-il pas été pour elle? quand le médecin lui a annoncé la nouvelle? comment auriez-vous souhaité qu'elle vous l'annonce? tout dépend aussi de l'âge que vous aviez à ce moment-là.

@MadeleinedeProut

Non,  ce serait trop long à expliquer mais son cancer n'avait pas encore été diagnostiqué.  Ça aurait pu être autre chose.

Je voulais par mon intervention témoigner du fait que la manière dont une maladie grave est annoncée cela peut avoir un impacte psychologique grave. Et je comprends que les médecins ont parfois du mal à assumer ce rôle. 

Ce que j'aurais préféré dans mon cas...déjà qu’elle ne me l'annonce pas au moment où j’etais au sommet du bien-être car nous venions, elle et moi de dîner au resto pour la fête des mères. 

à l’instant, MadameRosa a dit :

@MadeleinedeProut

Non,  ce serait trop long à expliquer mais son cancer n'avait pas encore été diagnostiqué.  Ça aurait pu être autre chose.

Je voulais par mon intervention témoigner du fait que la manière dont une maladie grave est annoncée cela peut avoir un impacte psychologique grave. Et je comprends que les médecins ont parfois du mal à assumer ce rôle. 

Ce que j'aurais préféré dans mon cas...déjà qu’elle ne me l'annonce pas au moment où j’etais au sommet du bien-être car nous venions, elle et moi de dîner au resto pour la fête des mères. 

 

 

 

C'était peut-être un besoin pour elle de se "débarrasser" de cette nouvelle qui ne pouvait qu'être angoissante. Il fallait que ça sorte. Mais je ne me permets pas de m'avancer plus avant bien entendu.

Pour ma part, en tant que fille, j'ai toujours ménagé ma mère. Jusqu'à lui cacher ce dont je souffrais, à savoir un cancer, la distance géographique a été un élément qui m'a permis de le faire plus aisément.

Je crois aussi que j'avais besoin de sentir de la force autour de moi et si ma maman s'était écroulée, ce que je craignais,  l'épreuve que je vivais m'aurait paru plus lourde encore et j'avais besoin de rassembler toute mon énergie. Ce qui bien entendu ne fut pas aisé. J'abordais la trentaine.

Personnellement,  je n'ai jamais rien caché à  ma mère sur le pronostic et sa maladie, bien que je 'en savais plus que ce que le médecin lui disait, et pareil pour ma fille avec son cancer incurable, je lui avais dit qu'elle allait mourir, elle devait le savoir et elle a pu préparer son testament,  prévoir les choses.

Je suis pour la vérité,  après si on a du mal à  le vivre psychologiquement,  si on est faible, y'a des psychologues pour aider. Il faut mieux savoir ce qu'on a et ce qui va se passer sinon on imagine des trucs faux. Et si on peut mourir, il faut mieux savoir cette possibilité pour organiser sa succession.

Il y a 20 heures, MadeleinedeProut a dit :

Pas méchanceté mais une réelle absence de psychologie. Une forme de brutalité pour certains.

Je pense qu'on ne peut pas complètement ignorer que la méchanceté existe, même si c'est très loin d'être la règle, et qu'elle peut se glisser partout.

il y a 5 minutes, yagmort a dit :

Je pense qu'on ne peut pas complètement ignorer que la méchanceté existe, même si c'est très loin d'être la règle, et qu'elle peut se glisser partout.

Méchanceté ou cynisme, sans doute.

il y a 10 minutes, MadeleinedeProut a dit :

Méchanceté ou cynisme, sans doute.

La méchanceté suppose un degré de plus dans la volonté de faire mal et détruire. Je retrouve cet extrait, vers la fin, du Pavillon des cancéreux, de Soljenitsyne (Kostoglotov, le personnage qui manifestement représente l'auteur, en rémission de son cancer, visite un zoo) :

"Il les rejoignit : la cage était vide ; à l'emplacement habituel, un écriteau indiquait : "Macaque rhésus" et un avis écrit à la hâte et fixé à la plaque disait : "Le singe qui vivait là est devenu aveugle par suite de la cruauté insensée d'un visiteur. Un méchant homme a jeté du tabac dans les yeux du macaque rhésus." (...)
"Pourquoi ?... Pourquoi simplement comme ça ?... Pourquoi sans raison ?...
"Plus que toute autre chose, c'était cette simplicité enfantine de la rédaction qui serrait le coeur. De cet inconnu, qui était parti impunément, on ne disait pas qu'il était antihumanitaire, on ne disait seulement qu'il était méchant. Et c'est cela qui était frappant ! Pourquoi donc était-il tout simplement méchant ? Enfants ! Ne devenez pas méchants en grandissant ! Ne faites pas de mal à ceux qui ne peuvent pas se défendre !"

Plus sur ce formidable roman : https://bouquinsblog.blog4ever.com/le-pavillon-des-cancereux-alexandre-soljenitsyne 

Le 22/11/2025 à 14:08, MadeleinedeProut a dit :

Pas méchanceté mais une réelle absence de psychologie. Une forme de brutalité pour certains.

Je ne vois pas en quoi dire la vérité est choquant, c'est la vie, si on n'est pas capable d'assumer, pauvre de nous.

il y a 18 minutes, Zora80 a dit :

Je ne vois pas en quoi dire la vérité est choquant, c'est la vie, si on n'est pas capable d'assumer, pauvre de nous.

Nous sommes tous différents. Et ce dont a besoin l’un, l’autre n’en veut pas. Ce qui va aider l’un, va détruire l’autre. Tout est audible et respectable.

il y a 33 minutes, Zora80 a dit :

Je ne vois pas en quoi dire la vérité est choquant, c'est la vie, si on n'est pas capable d'assumer, pauvre de nous.

Il est vrai que si on n'est pas capable d'assumer une vérité du style

"Il vous reste 6 mois à vivre"...... 

Après tout c'est la vie, comme vous dites. Enfin c'est plutôt la mort.