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Carnéade

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Tout ce qui a été posté par Carnéade

  1. En effet, la majorité des penseurs libéraux récupèrent la pensée de Darwin pour l'adapter à leur idéologie. Mais la théorie de Darwin ne prouve rien, elle est ce que Darwin s'est efforcé, avec un certain succès, de prouver, elle est, si on veut, le prouvé et non le prouvant. Chez Darwin, d'ailleurs, à ma connaissance, l'ordre ne surgit pas du chaos. Il ne faut pas confondre le chaotique et l'aléatoire. En ce qui concerne la culture, je ne souhaite pas te contester, mais ce que j'ai écrit plus haut voulait seulement réfuter cette idée selon laquelle la liberté serait respectée à tout prix. Je trouve même que c'est un des mérites du libéralisme, normalement, que de se méfier de tout ce qui serait "à tout prix". Tout s'achète, rien n'est à tout prix, et le "quoi qu'il en coûte" est toujours un mensonge, ou disons plus poliment une hyperbole.
  2. Quand un fil leur sera consacré je répondrai.
  3. Deux idées essentielles en effet, mais deux mensonges. 1) les libertés individuelles s'opposent entre elles, on ne peut donc les défendre "à tout prix". 2) l'ordre ne peut naître du chaos, sans rationalité, sans projet, ce serait de la magie. Mais il est de l'intérêt des puissants de faire croire que les libertés sont sauvegardées, ce qui justifie bien que l'on se résigne à son sort quand on n'en est pas, des puissants. Il est de l'intérêt des puissants aussi de faire croire que l'ordre se crée spontanément, et donc qu'il n'y a pas besoin d'un Etat, voire que l'Etat est nuisible en tout ce qu'il touche, puisqu'il empêche la formation d'un ordre spontané.
  4. Prenons alors au hasard la première phrase citée. Toutes ces petites choses –nutrition, lieu et climat, récréation, toute la casuistique de l’amour de soi- sont à tous les points de vue beaucoup plus importantes que tout ce que l’on a considéré jusqu’ici comme important. C'est ce que l'on appelle un lieu commun. Nietzsche essaie de nous faire croire qu'avant lui ("jusqu'à présent") nul ne s'était aperçu de l'importance de ce qu'il appelle "petites choses", comme s'il ignorait par exemple ce que Blaise Pascal dit du nez de Cléopâtre. Ceci étant dit, c'est un imposteur de génie car en rappelant cette banalité il parvient à lui donner tout son poids et à intéresser tout le monde au prix d'une généralisation abusive, rhétorique qu'il affectionne particulièrement, qui consiste à inférer "toujours" de "il arrive souvent que".
  5. Ils sont nombreux les mots qui peuvent convenir. Mon choix du jour : un imposteur. Un imposteur de génie, cela va de soi!
  6. Carnéade

    De l'existence de Dieu

    Un prophète, d'une manière générale, n'est pas quelqu'un qu'il faut croire sur parole, puisqu'on ne comprend pas bien ce qu'il dit. C'est quelqu'un qu'on regrette après coup de ne pas avoir cru.
  7. Carnéade

    De l'existence de Dieu

    Je plussoie. Tu as bien montré que la question de l'existence de Dieu ne se pose pas. Je fais le Dupont : nul n'en a fait l'expérience. Celui pour qui Doieu n'est pas, cela va de soi, mais aussi celui pour qui Dieu est, comme Tout-Autre, comme, justement, l'être dont nul ne peut faire l'expérience. Si donc la question de l'existence de Dieu ne se pose pas, c'est que la vraie question est autre, à moins qu'il n'y en ait plusieurs, de vraies questions, c'est possible aussi.
  8. Je viens de terminer ce quiz. Mon score 60/100 Mon temps 110 secondes  
  9. C'est inattendu de rendre le bonheur dépendant du sens donné à nos actions. On s'attendrait plutôt à la réussite. Voilà ce qui fait pour moi l'intérêt du sujet.
  10. Je te remercie car toi au moins tu traites le sujet. Ce qui est intéressant dans ton témoignage, c'est qu'il me semble très représentatif. Tu aurais pu rencontrer la foi mais c'est l'hypocrisie qui est venue. Mais ceci étant dit, qui nous a appris à détester l'hypocrisie?
  11. Alors je m'explique davantage. Tu remarqueras le "si" en gras. Je ne dis pas que la foi est une illusion, je ne dis pas le contraire non plus, je me pose la question de savoir ce que cela veut dire que de rejeter la foi comme fausse. Rejeter la foi en général, pas seulement celle de x ou y batracien de bénitier particulièrement infréquentable, mais bien la foi de tous les croyants, c'est dénoncer une illusion, c'est-à-dire quelque chose qui est telle qu'on ne peut pas ne pas se tromper, exactement comme quand on est victime d'une illusion d'optique, et qu'on continue à voir pourtant ce qui est irréel. J'ajouterai que ta comparaison me paraît judicieuse, la question que l'on se pose à propos de la foi on pourrait se la poser à propos de l'amour. Il arrive que l'amour soit illusoire, mais peut-on en induire que tout amour est une illusion? Où est-ce que je veux en venir? Il y a deux façons de défendre la foi, et d'en faire quelque chose de bien plus essentiel qu'un simple divertissement. 1) la foi génère parfois des illusions, mais nul ne peut généraliser et imposer l'idée que toute foi est illusoire. Celui qui dirait cela, quelle garantie a-t-il de ne pas être lui-même dans l'illusion? Par conséquent on ne peut pas exclure a priori que la foi soit un chemin de vérité, il faut donc, si on veut démolir la foi, des arguments rationnels, c'est-à-dire autre chose qu'une simple généralisation abusive. Pour ma part c'est à peu près là que j'en suis. 2) la foi est une illusion, mais qui fait du bien, et donc il ne faut pas chercher à désillusionner ceux qui en sont victimes. Cette idée, qui fait bon marché de la vérité, ne me va pas.
  12. Pourquoi à une élite? La foi peut toucher toute personne humaine, quelle que soit la catégorie où l'on décide de la ranger. Et elle est bien un chemin de sagesse, donc, si tu veux, elle vise à perfectionner l'intelligence, on peut le dire comme ça. "Fides quaerens intellectum", selon l'adage que l'on doit, paraît-il, à saint Anselme de Cantorbéry.
  13. Pour ma part je ne vois aucun inconvénient à ta façon de faire. C'est ainsi que je voudrais répondre à ton accusation, apparemment très partagée, selon laquelle la foi implique la fermeture d'esprit. Il faut bien distinguer : ce n'est pas parce que l'on accepte de croire que l'on renonce à toute réflexion sur le sujet de la croyance. Bien au contraire, et cela ressort aussi de l'expérience dont a témoigné Passiflore, croire implique de réfléchir à sa croyance, ce qui passe entre autres par l'étude des objections qu'on peut lui faire, et cela passe aussi par l'approfondissement des dogmes auxquels on croit. Pour le vrai croyant, croire oblige à perfectionner son intelligence de ce qui est cru. Ce que je dis là est très concret : quand on rencontre quelqu'un qui a la foi, c'est quelqu'un qui s'interroge, qui réfléchit, qui veut savoir à quoi l'engage sa foi, etc. Mais évidemment, c'est rare! Remarquons quelque chose qui me paraît essentiel : c'est que celui qui croit vraiment croit que ce en quoi il croit est vrai, et donc n'a pas peur de l'examen. Celui qui veut imposer une idée en interdisant qu'on l'examine, c'est celui qui au fond sait très bien que ce en quoi il prétend croire est faux! Moralité : il n'y a pas de pires ennemis de la foi que ceux qui prétendent croire. C'est d'ailleurs ce que ne cessent de répéter les évangiles.
  14. En bref, pour résumer ta pensée, la foi est une illusion. En effet, parmi les catégories que l'on oppose à la vérité, c'est sans doute l'illusion qui convient, beaucoup mieux que le mensonge (tous les chrétiens ne mentent pas quand ils parlent de leur foi) ou l'erreur. Donc, si la foi est fausse, c'est en tant qu'elle est une illusion, je t'accorde ce point. Mais on n'en a pas fini avec seulement ça. Il reste encore bien des questions annexes. En particulier celle-ci : peut-on sortir de l'illusion? Si la réponse est non, l'illusion ne caractérise pas spécialement la foi, mais toute prétention à la vérité. Bref, les athées sont aussi dans l'illusion, jusqu'au cou (au moins!). Et les politiques, les savants, les sages, les artistes, etc. Si la réponse est oui, tu devines les questions subséquentes, et tout d'abord, évidemment, comment sortir de l'illusion? Qu'advient-il en particulier du croyant qui aurait dépassé le stade de l'illusion? Est-il condamné à renier tout son passé de croyant, ou bien peut-il trouver une nouvelle manière de vivre la spiritualité?
  15. Aller à la messe en n'étant motivé que par la contrainte du conformisme, ce n'est pas se divertir, c'est exactement le contraire, à savoir s'ennuyer.
  16. Ce que tu dis est l'évidence même! C'est pourquoi je pense qu'en parlant de divertissement à propos de la foi, on veut dénoncer la prétendue incapacité des croyants à affronter le monde réel. Nous sommes donc peut-être repartis pour une nouvelle séance de "c'est celui qui le dit qu'y est"! A suivre...
  17. Meilleur président : Mitterrand Meilleur premier ministre : Jacques Chaban-Delmas.
  18. Pâques est le premier dimanche après la première pleine lune de printemps (après l'équinoxe).
  19. C'est une jolie question, éminemment paradoxale, que tu poses là, CAL 26. Toutefois je ne saurais y répondre autrement que par la négative, pour au moins deux raisons. 1) la foi n'est pas une action, mais relève plutôt du genre disposition, ou habitus si l'on préfère. Les activités paroissiales, l'assistance à des cérémonies, pourraient être assimilées, à tort ou à raison, à du divertissement, mais elles ne sont pas la foi (on peut avoir la foi sans se livrer à ses activités, on peut s'y livrer sans avoir la foi). 2) la foi implique un regard tourné vers l'essentiel et le non transitoire (que ce regard soit victime d'une illusion ou pas), alors que le divertissement, qui peut être passionnant, est, à l'inverse, passager. On joue avec passion, mais on sait qu'on sortira du jeu. Si donc la foi n'est pas ce que les croyants pensent, si on écarte (à tort ou à raison) l'hypothèse d'une foi consciente d'elle-même et vertueuse, ce ne serait alors pas un divertissement, mais plutôt une névrose. Ou bien la foi traduit nécessairement un dérèglement psychologique, ou bien elle est précieuse, voilà en quels termes je réduirai le dilemme.
  20. Carnéade

    Le mensonge

    Puisque tu reposes l'intéressante question de savoir comment classer la sincérité parmi les vertus, j'y reviens. Pour moi, la sincérité n'est pas forcément une vertu. Dire la vérité est vertueux, oui, mais dire ce que l'on ressent ne l'est pas toujours. Si, en toute sincérité, j'insulte mon contradicteur, c'est de l'impolitesse, ou de l'intolérance, ce n'est pas méritoire! Donc, si c'est cela la sincérité, il est vrai qu'elle ne va pas sans risque, mais bien fait pour celui à qui elle revient en boomerang! En revanche, la parrêsia, terme mal traduisible, qu'on traduit parfois par sincérité, et qui consiste à dire le vrai (et non pas son petit sentiment égocentrique, qui n'est pas le vrai) est évidemment vertueuse, et comme j'ai pu le dire c'est même pour moi la vertu la plus estimable. Or, on peut être courageux sans parrêsia, par solidarité envers ses amis embarqués dans un combat (ce qui se passe quand des personnes héroïques interviennent contre un terroriste, par exemple) et, d'un autre côté, on peut dire le vrai sans que cela ne réclame un courage particulier (quand par exemple on fait un effort d'objectivité qui va jusqu'à reconnaître à un ennemi politique ses mérites). C'est pourquoi je classerai cette forme éminente de sincérité sous la vertu de justice, qui réclame la même abnégation de soi, à savoir préférer se corriger plutôt que maintenir son erreur. Une petite remarque sur le problème du fugitif poursuivi par les nazis : ne rien dire n'est pas mentir!
  21. Carnéade

    Le stoïcisme .

    Une remarque qui peut peut-être aider à y voir clair. "Cardinal" ne veut pas dire préférable, les quatre vertus cardinales ne sont pas les vertus les plus admirables, ni l'inverse bien sûr, mais simplement elles constituent à elles quatre la structure de base à partir de laquelle toutes les vertus pourront se déployer. Et donc la parrêsia (j'emploie ce terme car "sincérité" est un peu équivoque, certaines fois c'est en toute "sincérité" que l'on se ment à soi-même), sans être une vertu cardinale, peut pour certains (dont moi je l'avoue) être la vertu préférée. Mais qui peut être juste sans être sincère? Personne, je crois. Si j'ai raison, la sincérité est une dérivation de la justice. La fidélité me semble assez facile à placer. Elle est une forme du courage, car elle consiste à tenir contre l'envie de céder. Elle est une vertu du cœur, donc particulièrement révérée dans la caste des chevaliers, ceux qui font la guerre. Le contraire de la fidélité serait alors la félonie, cet immonde vice des traitres. Tu ne nous a pas demandé quoi faire de la patience, mais il me semble que c'est une dérivée de la tempérance.
  22. Carnéade

    Le stoïcisme .

    Très intéressante remarque que tu fais là. Est-ce parce que les Grecs sont des menteurs et les chrétiens des copieurs? Je ne le crois pas! Il existe un concept grec, la parrêsia, qui fait la synthèse de cinq caractéristiques fondamentales (source : Michel Foucault, Discours et Vérité, conférence du 24 octobre 1983, note 2), à savoir : - sincérité ou franchise (dire ce que l'on pense) - vérité (dire ce que l'on sait être vrai) - prise de risque (accepter le danger de dire la vérité) - fonction critique (remise en question) - devoir moral. A cette lumière, il me semble que l'on puisse, en reprenant ton idée d'une sorte de tableau, faire de la parrêsia (la sincérité, si tu veux), une dérivation de la justice.
  23. Je disais juste ça pour sourire un peu, pardon si j'ai été un peu taquin.
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