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Tout ce qui a été posté par Jedino
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Sans parler d'Eminem (qui lui n'est pas un inconnu) qui enchaine les balles dans la tête, les meurtres chantés de sa (vraie ex) femme, et j'en passe et des meilleures. Maintenant je défends un groupe, je ne connais ni ses intentions ni rien de plus. En revanche, s'il vient tel qu'il est dit de la mouvance dite punk, ça n'a rien d'un texte, disons, "étonnant". Après, les limites ne sont pas les mêmes partout, et nous ne sommes pas des femmes. Paraît que ça peut jouer. Ca peut se tenir, en effet. Maintenant, un type qui voit un parfait amour et qui a connu une déception dont il se remet pas peut aussi sortir le fusil. De même, ce même type qui écoute space bound d'eminem et qui déprime peut faire de même et se tirer une balle après avoir tué la fille. De même, tu peux envisager tous les cas possibles et inimaginables (les clips gores, hards et débiles ne manquent pas, et j'ai en tête des choses qui ne peuvent pas être écrites ici alors que ça se trouve sur youtube sans aucun souci). Si nous voulons interdire la violence, ce qui a du sens, pourquoi pas. Mais alors, il faut le faire pour tout ce qui l'est, à commencer par ce qui a le plus d'influence sur la population : un petit cadre sympathique avec des gens en costume qui vous racontent les horreurs de la journée. Combien se sont pendus parce qu'ils ont désespéré d'un monde qui n'est pas plus au bord de l'apocalypse qu'hier ? Etc, etc. On peut imaginer beaucoup de choses. Quelqu'un qui fait de l'humour noir peut tomber sur un juif qui le prend mal et finira par se faire flinguer aussi. Dans ce cas-là, est-ce qu'on interdit, ou pas ?
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Je pensais justement à eux en lisant le sujet. Je me souviens avoir montré un live à quelqu'un de l'école, c'était mémorable de voir sa tête quand il a vu la scène. :D
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konvicted : cf ton premier commentaire, allons. Ne te singe pas toi-même ! tequila(nounet) moor : Normal, tu es philosophe. Mais effectivement, ça pourrait être un degré de réflexion. Le seul problème, c'est que c'est pas génial pour notre transite à nous, il paraît (outch, je tombe dans le même jeu). Mais sinon, ton point de vue se défend, en effet. Si ce n'est qu'il est assez peu tactique de s'adapter après avoir modifié sans réfléchir. Quant à savoir ce qui est mieux au niveau des intentions, ma foi... Vaut mieux un méchant philosophe qu'un gentil ridicule, non ? Reste que je ne cherche pas à te convaincre de quoi que ce soit, tu l'es déjà à ta façon. Et j'aurais bien du mal à te démontrer que l'humanité est philosophe, c'est assez clair. Sur ce, la séance "philosophe du dimanche un mercredi soir" est terminée pour moi, je vous souhaite une bonne soirée, les gayzous.
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Je m'excuse pour les fautes ouai, j'ai pas trop fait gaffe je l'admets, et je n'ai pas fait ça à des heures où je suis des plus alertes. Maintenant, et je dis ça aussi pour lemusicien, ce serait assez embêtant d'être lu au premier degré. Parce que (et je vais faire plaisir à konvicted pour le couP, j'en suis sûr), les végétaliens ne m'emmerdent pas plus que les autres. En revanche, les emmerdeurs et les arguments ridicules, si. Et en l'occurrence, le raisonnement qui est utilisé ici est que "faut avoir un truc comme nous qu'on appelle une cervelle pour pouvoir sentir quelque chose". Non seulement c'est faux, mais c'est en plus une restriction grave de ce qu'est sentir. Le fait est qu'on ignore si un arbre est capable de souffrir ou non. C'est du même ordre que notre ignorance sur le fait de pouvoir rendre sensible quelque chose qui, en théorie, ne l'est pas comme (comme un robot). Donc le végétalisme peut se défendre, je n'ai jamais été contre. Le seul truc qui m'a gonflé, ce soir-là, c'est de me faire dire "mon dieu, faut pas manger des animaux, ça a bobo". Sous-entendant le fait qu'une plante, bah, ma foi, ça peut bien être découpé et redécoupé. Ce n'est pas parce que la chose n'est pas visible qu'elle n'existe pas. Et quand j'ai demandé la démonstration que la sensation de souffrance n'existait pas chez la plante, je n'ai pas eu beaucoup de réponses. Nous considérons ça comme "logique", aussi logique que bien des choses qui ne vont pas de soi. Du coup, lemusicien, non, je ne suis pas en manque de belles histoires faisant progresser l'humanité. Seulement, il me semble important de ne pas rejeter des choses parce que nous les pensons évidentes, ici la souffrance ou douleur sous une autre forme que celle animale et que nous pensons connaître (parce qu'en fait, on ne sait pas non plus s'il n'y a qu'une façon générale de la vivre). Et faire de notre ignorance ou des lieux communs des arguments, ça me dérange assez. Pour le reste, ma foi, qui mange qui ou quoi, ça m'indiffère grandement. Je ne sais pas si je suis clair ou si j'ai raison, il n'empêche que j'attends d'être convaincu du contraire encore. En tous les cas, tequila moor, le ton faussement polémique est là pour rappeler que nous sommes profondément ridicules quand nous pensons discuter de grandes idées. Bref, mon propos n'était pas de savoir s'il est bon ou non de changer de façon de vivre, mais de savoir si ces façons de vivre sont justifiées par des arguments véridiques. Une façon de rappeler que les bonnes intentions ne suffisent pas. Ou, pire, que par les bonnes intentions, on peut nuire grandement. Comme je semble l'avoir fait, vu que je vogue entre l'incompréhension et le rejet. C'est donc que je ne me suis pas tellement raté. Le sujet tient plus de l'émotion que de la raison. Et il est là, le problème.
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Il fait bien, c'est aussi ce que je visais.
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36 par que... "36 15! 36 15! Allô Père Noël!"
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(Il a qu'à transiter, ce con. Tant pis pour lui. Et ouai, disons que j'étais agacé en l'écrivant.) On m'a toujours dit que seul le chemin comptait, pas l'arrivée en elle-même ! Donc ouai. Mais il vaut mieux ne pas comprendre.
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- OOOOOH LE MONSTRE ! OOOOOH L'ASSASSIN ! Il venait d'arracher sadiquement la tête du cafard. Il riait. Il riait fort. Il riait de son air supérieur. - A MOIIIII ! A L'AIDEEEEE ! Le boucher s'installa avec joie sur le bas-côté, à l'occasion d'un petit rocher. - Allons, calme-toi. Regarde, c'est tout à fait comestible. En veux-tu un morceau ? - Je ne discute pas avec une chose comme vous ! - Vas-tu cesser tes jérémiades ? Personne ne s'intéresse à tes appels ridicules. Viens donc manger plutôt. - JAMAIS ! Il continuait son festin, lentement, très lentement. L'horreur sur le visage de son camarade ne faisait que croître son plaisir à la dégustation. - Dis-moi, pourquoi t'alarmer autant pour une simple petite bête ? - Tu oses le demander ?! TU OSES ? Mais c'est un animal, c'est vivant ! - Tout comme toi et moi, en effet. Et donc ? - Et donc ? Et donc il a souffert, il a dû sentir tes crocs répugnants s'enfoncer dans sa chair alors qu'il était encore qu'à l'agonie ! - J'aime ton humour ! Allez, installe-toi et raconte-moi. Il s'installa, ne raconta pas. - Alors, c'est quoi l'histoire ? Une fixation à la freudienne ? - Vous voulez rire ? Je suis un végétalien, moi, Monsieur ! Je respecte la Vie, et celle-ci, avec un grand V ! - C'est beau, j'irais presque croire que tu y crois. Es-tu seulement sérieux ? - Plus qu'il ne le faut ! - Pauvre homme. Un autre cafard fuyait sur le côté. Il tendît sa main, manqua de le saisir. - Eh mince ! - Arrêtez de les martyriser ! Je ne supporterai pas un autre acte barbare ! - Que vous faites l'enfant, dites-moi. Mais allez-y, expliquez-vous ! Que mangez-vous, si vous ne mangez pas la vie ? - Les plantes ne souffrent pas. Il n'est pas bien honteux de se nourrir avec. Regardez ces animaux ! Regardez leurs yeux ! - Je dois dire que je n'ai rien vu. Mais je n'ai sans doute pas fait attention. - Vous êtes sans coeur ! Un silence se roula sur l'herbe. - Hop ! Te voilà, toi ! - AH NON ! POSEZ-LE ! - Donnez-moi une bonne raison. - Regardez-le ! Il cherche à fuir, à quitter vos mains salies pour retrouver la vie ! - Je jure avoir déjà vu un arbre prendre ses jambes à son coup, ma foi. - HERETIQUE ! - Ne tombons pas dans les insultes, je vous prie. Nous sommes au-dessus de ça, tout de même. Nous sommes des êtres humains. - Vous êtes au mieux un sanglier ! Poilu et sans finesse. - C'est cela. Mais donc, vous assumez parfaitement tuer des êtres vivants, du moment qu'ils ne poussent pas des cris, ne peuvent pas faire mine de se sauver et n'ont pas des yeux drôlement apitoiements, en tous les cas dans notre représentation ? - Vous philosophez, et philosophez bien mal. - Je ne soulève que l'hypocrisie de votre démarche, rien de plus. Assumez-vous donc ! Un organisme se nourrit d'organisme. Qu'il soit de feuille ou de poil, la différence n'est que dans le mensonge que vous cherchez à vous faire. Démontrez-moi seulement qu'un arbre ne souffre pas quand il est à moitié scié. - Vous êtes écœurant. - Bien assez pour accepter mon état et manger de la chair. Il existe une différence entre tuer et torturer. Demandez-donc aux carottes ce qu'elles pensent d'être scalpées, découpées en morceaux avant d'être dévorées! HAHAHA ! J'ai au moins la décence de le tuer avant de le manger, moi. Mais vous, vous ne pouvez pas affirmer qu'elle est morte. Il vous la faut bien, il vous la faut en couleur. N'est-ce pas ? - Je ne soutiendrai pas votre position désuète et cruelle. - Ah ! Le sentimentalisme ! Il se mit à arracher une herbe. - Aïe ! Une autre. - Aïe ! Et une autre. - Aïe ! Et encore. - Vous n'entendez pas leurs cris stridents ? Vraiment ? Et encore. - Ah mais... J'oubliais ! Ce ne sont là que des plantes. Insensibles. Dénuées d'émotions. Dénuées d'un joli cerveau bien moulé. Incapables de se mouvoir. Incapables de mimer ce que tout être vivant, absolument tous, recherche : survivre. Humain, trop humain, cela vous dit quelque chose ? J'ai de l'empathie, mais uniquement pour mon semblable. Les autres, ils peuvent bien être exterminés. Faites ce choix s'il vous plaît, mais cessez d'insulter la vie par votre bêtise. Si vous voulez justifier votre hypocrisie, assumez-le au moins et jouez de vos arguments égoïstes, mais ne tentez pas de faire verser une larme par la niaiserie. Car la Vie ne se résume pas à l'animalité. En réalité, elle n'en est ni le départ ni l'essentiel.
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Le carrefour des ressuscités
Jedino a commenté un(e) billet du blog de Jedino dans Blog de Jedino le bouleau
Je ne suis pas le Monsieur, ici. Ce n'est pas moi qui invite. -
Tu as bien raison. Ca se perd si facilement, il faut bien se la tenir.
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Mais je vois que certains n'ont pas perdu la main.
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Le carrefour des ressuscités
Jedino a commenté un(e) billet du blog de Jedino dans Blog de Jedino le bouleau
Ce n'est qu'un bref passage. Toute allusion à un texte quelconque est fortuite. -
- Bonjour, Monsieur. Vos papiers, je vous prie. - Mes papiers ? - C'est cela. - Mais où je suis ? - Au bureau des ressuscités, Monsieur. Il me faudrait cependant vos papiers, si vous le voulez bien. Il tapote ses poches. - Mais... Je... Il me semble les avoir perdu avant de mourir. - Cela ne fait rien. Donnez-moi votre nom. Il réfléchit. - Je ne suis pas certain... - Détendez-vous. Vous faites une crise post mortem. Allez vous asseoir sur le côté, juste là, et respirez tranquillement. Cela vous passera. - D'accord. Il va s'asseoir. Regarde autour de lui. Regarde fixement le bureau où le curieux personnage l'attend, impassible. S'étonne de ne voir personne d'autre. Ne s'en étonne plus. Puis, s'en étonne à nouveau : pourquoi lui ? Il retourne voir le Monsieur. - Dites-moi, je peux vous poser une question ? - Ce fût rapide, vous me surprenez beaucoup. Je vous écoute. - Pourquoi suis-je tout seul ? Je veux dire, je n'ai rien fait de particulier dans ma vie, et des gens sont probablement morts en même temps que moi. Que je me retrouve là, sans personne pour m'accompagner, je ne me l'explique pas. - Le bureau des ressuscités n'a pas vocation à répondre à vos interrogations existentielles. En revanche, le règlement m'autorise à vous répondre ceci : si vous êtes là, c'est que vous devez l'être. Si vous ignorez la raison de votre présence en ce lieu, c'est que vous vous ignorez vous-mêmes, car la réponse est en vous. - Et en clair ? - Réfléchissez. Il n'y a que ça. Avez-vous retrouvé votre nom, depuis ? - J'y songeais justement. Si j'en crois ce qu'on m'a raconté, je n'ai rien à faire ici. Mais peut-être que je ne fais que l'imaginer, ce qui expliquerait pourquoi je ne vois personne mis à part vous, et ça justifierait d'autant plus ce bureau ridicule et banal que j'ai dû voir dix mille fois lorsque j'étais en vie. - Réduction budgétaire, ce n'est pas de mon fait. La crise veut qu'il n'est pas nécessaire d'investir énormément dans un bureau où les clients sont pour le moins rares. Vous êtes le premier depuis mille ans, je dois l'admettre. - Vous êtes en train de m'expliquer que vous êtes là à attendre statiquement depuis un millénaire que quelqu'un finisse par passer ? - Précisément. - Je ne sais pas si c'est vous ou moi, mais il y a quelqu'un qui est taré ou le devient, là. Il retourne s'asseoir. Réfléchit. Se demande si ce n'est pas une blague ou une malencontreuse erreur. Ce ne serait pas la première fois, il en est convaincu. Une idée lui vient. Il va lui parler une nouvelle fois. - Si vous ne pouvez pas m'expliquer pourquoi je suis ici, vous pouvez sans doute m'informer sur ce qui m'arrivera après vous avoir vu vous. - Je le peux, en effet, bien que je ne sache pas grand chose à ce sujet. Je sais que je dois réceptionner les personnes qui viennent par ce chemin, et je sais aussi que je dois les inscrire sur ce registre. Vous devrez ensuite continuer par le chemin qui se trouve derrière moi. Là, vous trouverez une porte et vous aurez à la franchir. - Et c'est tout? Juste une porte à franchir ? Et il va m'arriver quoi ? Je vais devoir suivre un autre chemin pour tomber sur un autre bureau bizarre avec quelqu'un à l'air sérieux qui ne sait foutrement rien ? - Vous le saurez si je vous inscris et que vous y allez. - Bon. Ils ne bougent plus, chacun observant une direction différente. Il songe évasivement. - Je crois que je l'ai retrouvé. Vous pouvez le noter ? - Je vous écoute. - Attendez. Une autre question, avant cela. Qui est noté sur votre liste, jusque là ? - Veuillez m'en excuser, mais je ne peux pas vous répondre. - Je m'en doutais. Solal. C'était ainsi que je m'appelais. - Il me semblait bien. Hm. Vous pouvez y aller. C'est tout droit. - Merci. Il contourne le bureau, marche vers le chemin. Il jette un oeil sur le registre où le Monsieur vient de noter son nom, remarque que rien n'y est écrit. Une fois parti, le Monsieur prend le registre, se lève, et va le déposer sur le côté, au-dessus du petit et unique rocher visible. Apparait alors le texte qui suit, avant que le registre ne disparaisse : Solal. Signification : "celui qui fraie un chemin". Comme prévu, arrivé strictement mille ans après sa dernière venue. N'est toujours pas conscient de qui il est. Des progrès toutefois par rapport à son acceptation de l'immortalité. Est reparti sans entrave par la porte. Devrait revenir bientôt. PS : il faudrait commander un nouveau bureau, celui-ci n'étant plus en état.
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La sieste du dimanche soir
Jedino a commenté un(e) billet du blog de Jedino dans Blog de Jedino le bouleau
C'est gentil. Je ne me souvenais pas de ce texte, je dois dire. -
Salut,
Ca va comme je veux, oui. Mais j'ai, disons, un tantinet lâché le forum.
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Et je suis là pour apprendre, aussi
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Qu'entendez-vous par matérialité ? Car si nous avons appris une chose au siècle dernier, c'est bien que les choses sont plus complexes qu'il n'y paraît. Et pourquoi l'ennui serait le propre d'un "esprit" ?
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Pas de soucis, rien ne presse. Je comprends bien ce que tu me dis, ici. C'est un point de vue que j'ai déjà pu entendre et, ma foi, que j'ai un temps défendu moi-même. J'y vois principalement deux problèmes, aujourd'hui : le premier est celui de l'artifice dont nous parlons. Souvent, nous pensons que notre démarche consiste à nous faire mieux voir chez autrui, quand bien même celle-ci est factice. Seulement, dans cette démarche, nous le faisons toujours à notre façon, et nous le faisons également de façon à rester "soi". L'autre jour, une professeure parlait de la façon dont on se présentait pour passer un oral. Elle expliquait que si tout le monde, globalement, avait fait un effort vestimentaire, ce qui est un attendu artificiel dans ce genre de situation, chacun l'avait fait selon un référentiel qui lui est propre, ce qui fait qu'il n'existe aucune uniformité. Ce qui me permet d'en arriver au deuxième point : l'artifice n'est jamais que du naturel modulé. Tu as beau modifier un corps, celui-ci reste un corps. Nous avons un culte du "soi" qui se voudrait unique quand, en réalité, il est multiple. Alors en effet, nous achetons et faisons des choses de façon à tenter de nous différencier des autres. Cela revient à partir de la fin pour justifier le départ : nous voulons être différents, donc nous faisons cela. L'ordre logique serait pourtant de voir que nous pouvons avoir quelque chose, chose qui nous fait plaisir (on n'achète pas une voiture de luxe uniquement pour paraître riche, mais aussi pour prendre du plaisir quand nous sommes au volant, quand bien même ce plaisir est accentué, oui, par l'idée que nous sommes parmi les rares à pouvoir se la payer), et chose qui nous différencie de l'autre. Ordre d'autant plus logique que nous restons des animaux qui, avant de penser à l'autre, et à notre rapport à l'autre, pensons à nous. Quand on parle d'un "animal social", on parle d'un animal avant de parler du social, non ? J'ai du mal à montrer la nuance que je tente d'apporter, je crois. Je ne renie absolument pas le rôle du social et de la reconnaissance de ce que nous faisons. Ce que je dis, et ce n'est pas davantage que cela, c'est qu'avant de le faire pour la reconnaissance, nous le faisons pour la satisfaction personnelle. Que serait un sportif s'il n'aimait pas faire du sport, un peintre s'il n'aimait pas peindre ? Le plaisir vient avant le regard de l'autre. Mais tu poses une question plus large qui est celle du conditionnement pour interpeller l'autre. Tout dépend de comment on entend ce terme, mais je l'entends comme très négatif et très limitant. Là encore, c'est une question d'ordre : tu sembles défendre l'idée que le social conditionne la personne, je défends l'idée que la personne se manifeste dans le social selon ce qu'elle est, l'être étant un ensemble complexe d'influences diverses et éparses. Parler de conditionnement me semble excessif, d'autant plus que la passion pousse paradoxalement les êtres à se retrancher sur eux-mêmes, plutôt qu'à aller vers l'autre. Nous avons une façon d'exister qui se forge pendant des années et tente de se manifester par la suite, et cela commence souvent de façon visible à ce que nous nommons l'adolescence. A partir de là, la situation devient complexe et dépend de l'acceptation de l'environnement de l'être et de ses activités, mais aussi de la sensibilité propre de la personne. Je pense que nous avons tort de nous réduire à des êtres simplement sociaux en quête d'une reconnaissance quelconque chez l'autre. Nous sommes à l'image de ce monde : complexes. Et la complexité veut que lorsque je discute avec toi, je ne cherche pas ta reconnaissance, au départ : je cherche à confronter la justesse de mes idées, à redécouvrir et rediscuter ma vision du monde. Autrement dit, même dans une interaction sociale, il existe une dimension personnelle initiale qui motive cette interaction. Ce que nous appelons, généralement, l'intérêt. En fait, je me rends compte que nous sommes pas d'accord sur les concepts à donner, mais sur l'organisation entre eux de ceux-ci. Pour faire clair, rien ne me choquait vraiment jusqu'au mot "attente", comme si nous étions constamment dans une position de manque. C'est tout à fait personnel ici, mais je ne cherche pas à me différencier de l'autre : je sais que je suis différent. Aussi différent que chaque personne que je croiserai le sera de tous les autres, ce que je constate tous les jours. Ce qui me pousse à me demander si le problème dans lequel nous sommes n'est pas une erreur plus fondamentale encore : et si nous cherchions, à tort, de rationaliser quelque chose qui est purement de l'ordre du sensible ? Je m'explique. Nous avons tous une façon de sentir et ressentir ce qui nous entoure. Nous voyons les personnes que nous croisons dans nos vies de façon et d'autres, selon le vécu que nous avons et que nous partageons avec eux. Nous savons, parallèlement, que ce vécu n'est pas le même si cette même personne se promène avec une autre que nous ne connaissons pas, même si nous connaissons tous les deux la même personne. De fait, nous n'aurons tous les deux pas la même façon de voir cette personne. Plus fondamentalement encore, notre façon de voir le monde dépend de nos rencontres. De là s'ouvre deux horizons, le troisième étant le mixte des deux : certains verront davantage ce qui est commun à tous, les points qui nous font tous nous ressembler, quand d'autres ne parviendront qu'à voir ce qui nous différencie (au sens neutre du terme), ce qui nous singularise. Ce qui expliquerait en partie notre mésentente, malgré notre proximité : tu cherches un point commun universel (ce qui se défend par le côté social, le social étant le "tout"), je cherche la singularité de chacun (ce qui explique que je défends le personnel et la personne en premier lieu, le "un"). Bref, un même monde, mais deux sensibilités foncièrement différentes de le sentir et de le comprendre. D'où notre incapacité réciproque à véritablement nous convaincre. Cela ne nous ressemble tout simplement pas, et cela justifie doublement ta position. Et nous vivons de par et grâce à nos différences, sans aucun doute. Mais quand une personne écrit un livre, ou quand quelqu'un peint un tableau, elle est incapable de savoir, avant de l'exposer à tous, si cela plaira ou non. Argument classique qui tend à dire que si la personne le fait pour les autres, elle se perdra et n'arrivera à rien. Il faut d'abord faire quelque chose qui nous ressemble bien assez, et cela sera du coup d'autant plus facile à vendre aux autres une fois que les fameux autres ont adhéré à cet artiste. En vérité, et je ne le cache pas, tu adhères à une position sociologique que je ne parviens pas à comprendre, même en faisant des efforts. Je ne situe pas du tout où vous voyez des gens qui se ressemblent à un point tel que cela renforce une distinction. En effet, si on suppose que la ressemblance n'est jamais qu'une pâle similitude, il n'y a par définition pas similitude, et donc différence. En cela, personne ne peut véritablement se distinguer. Quand nous parlons de ces choses-là, nous parlons plus des représentations que nous nous faisons des autres, et de nos simplifications de la réalité, que de la réalité et des personnes en elles-mêmes. Car la ressemblance n'est jamais qu'une analyse superficielle. Si nous nous attardions suffisamment sur la personne, nous y verrions que de la singularité. J'ai beau avoir un discours qui est proche de celui d'un autre, si nous en parlions assez longtemps, nous verrions que nous ne sommes pas parfaitement d'accord. Autrement dit, nous n'avons pas besoin d'accepter de ressembler pour se distinguer : nous le sommes sans aucun effort. En revanche, là où tu as raison, c'est que nous n'en avons pas forcément le sentiment. Et c'est du sentiment dont nous parlons, plus que de la personne en elle-même. Sauf à considérer que la représentation est le réel, ce qui n'est pas ma position. Je ne suis pas spécialiste de l'autisme, c'est donc à prendre avec des pincettes. Mais tel que je l'ai toujours compris, ce sont au contraire des personnes qui ont un désintérêt réel pour les relations sociales. Le problème, c'est que les relations sociales étant essentielles dans la vie de tous, il n'est pas possible de laisser ces personnes dans leurs bulles. Ce ne serait pas les aider. Nous attendons d'eux qu'ils s'intègrent à notre monde, mais ils ne le souhaitent pas forcément au départ. Mais même en admettant que tu aies raison (tu as l'air calé sur la question, donc), j'ai toujours eu du mal avec l'argument schopenhauerien qui ferait de l'activité le palliatif de l'ennui ou, ici, de l'anxiété. Ce serait diminuer la force de nos passions en admettant qu'il existe une raison cachée justifiant cela, derrière. Comme si, au fond, nous étions des machines bien incapables de se supporter, se jetant ainsi dans le fatalisme de l'action perpétuelle. Nous cherchons continuellement des causes sous les faits, persuadés que rien n'est comme cela semble l'être. Mais, et si nous étions simplement en mesure d'être passionnés, sans aucune raison sous-jacente ? Si la raison pour laquelle je te réponds si longuement (et ce pour quoi je m'excuse, j'ai du mal à faire bref) n'est pas simplement de l'intérêt pour ce que tu dis, et non pas de l'intérêt qui vient masquer la peur d'un ennui, le besoin de chercher ta reconnaissance ou de soigner une quelconque névrose ?
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On peut dire ça comme ça. Je n'ai pas pris le soin de noter que la première phrase était purement provocatrice et que le reste ne t'était pas forcément personnellement destiné, chose que j'aurais dû faire pour éviter les ambiguïtés inutiles. Donc non, je n'ai pas noté toutes ces choses. Mais en fait, quand je suis arrivé, j'allais au départ dire que la France ne pouvait pas l'être. Puis j'ai réfléchi, et je me suis dit que c'était faux. Un Etat peut très bien s'afficher raciste. D'où ma distinction. Maintenant, nous n'avons pas un problème historique avec les noirs sur notre territoire. Ca, c'est plutôt les Américains. Nous, ça a toujours été le juif, historiquement, puis ceux qui se pointaient au mauvais moment, que ce soit les européens au début du siècle dernier, ou les musulmans plus récemment. C'est que le noir, il n'est pas bien méchant, pourquoi lui en voudrions-nous ? Avec son air souriant et sympathique. Et effectivement, tu fais bien de le noter, l'amour n'est pas idyllique entre la France et le Maghreb, et en particulier l'Algérie pour les raisons que nous connaissons. Et en effet, l'âge d'or, c'est bien joli. Les Trente Glorieuses, on pourrait en faire un culte. Mais ils ont tendance à occulter le pourquoi de ces Trente-là. Ce n'est pas sans rapport, oui, avec ce qui vient avant. En 2015, mieux qu'en 1915 ? Cela dépend où. Si l'Europe a pour le moment réussi à se sortir de ses vieux démons, ce n'est pas le cas de partout dans le monde, loin de là. Et encore, cela ne concerne bien que la guerre. Les problèmes internes, tel celui que serait qui n'est pas le même, ou même les problèmes économiques, ne sont pas, et loin de là, réglés. Nous serons d'accord sur le fait que notre vie est meilleure que un siècle en arrière, mais faudrait pas oublier que les problèmes dont nous parlons, à mi-mot, peuvent gangréner l'ensemble et amener à des choses peu sympathiques. Et là, il ne s'agira pas d'oublier que techniquement, la guerre n'est plus non plus la même qu'en 1915, loin de là. Bref, se méfier des contre-coups.
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Mais est-ce que les choses sont vraiment si réglées que ça ? Est-ce que l'apparente constance, l'apparente homogénéité, n'est pas qu'une fausse vision que nous avons des choses ? Nous pensions que tout était équilibre, que tout était bien réglé, et nous en arrivons à l'idée qu'une infime différence aurait permis à la matière de prévaloir sur l'antimatière, par exemple. Nous pensions que la réalité était une suite logique de causes et d'effets, et nous en sommes arrivés à la mécanique quantique. Nous pensons, aujourd'hui, qu'il existe des constantes telles qu'elles règlent notre univers comme une horloge est réglée par le rythme de ses aiguilles. Nous donnons donc sens à ce que nous voyons à partir de ce que nous connaissons, percevons. Mais ce serait oublier, dans notre cas, que l'horloge se place dans une certaine façon de vivre le temps, et que celle-ci peut différer d'autres endroits de l'univers, l'exemple canonique étant le trou noir. Tu poses la question de savoir pourquoi il y a des constantes si personne n'a été là pour les placer. Ce serait oublier qu'il y a quelqu'un, justement, pour les donner et les mesurer : nous, les humains. La limite de la mesure est largement visible dans l'étude du monde quantique. Nous partons du principe que ce que nous théorisons reflète la réalité, faisant de l'univers un jeu entre un ensemble plus ou moins important de mesures chiffrées. Mais qui nous dit que notre façon de comprendre les choses est la véritable compréhension de ces choses ? Mis à part cela, il existe la théorie des multivers qui suppose une telle proportion d'univers existants que la possibilité dans laquelle nous vivons est quasi-certaine. Mais ce n'est là que métaphysique, aussi scientifique puisse-t-elle être.
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Heureusement que nous les avons éduqués, ces barbares, alors. Qu'est-ce que ça serait, sinon ! La France n'est pas raciste, mais elle pourrait l'être. Les Français, en revanche, le sont pour certains, comme partout. Mais on a plutôt une ambiance xénophobe. Sans vouloir l'afficher, bien caché derrière l'argument "regardez comme on aime les accueillir", alors qu'on dit à côté "bon, et sinon, vous dégagez quand?".
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Bien le bonjour, oui ! Pour Léonard de Vinci, il lui était possible d'imaginer qu'un jour, oui, nous pourrions voler. Peut-être l'espérait-il lui-même, à son époque, déjà. En tous les cas, le raisonnement était simple : si les oiseaux le peuvent, pourquoi pas nous ? Partant de là, il était en mesure d'imaginer des solutions. Il ne faut cependant pas oublier que nous accordons de la valeur à ces idée que a posteriori, une fois qu'elles existent, donc, nous créditons du coup leurs auteurs d'un côté visionnaire, d'une imagination géniale. Ce qui n'enlève rien au fait de l'imaginer, mais ce qui rappelle ce que c'est au départ : un dessin, aussi précis soit-il. Mais je ne cherche pas à discréditer ce qu'il a pu trouver, je n'oublie simplement pas qu'il est une chose aux capacités infinies et à la liberté tout aussi vaste chez l'homme : son imagination. Partant de là, et sachant que Vinci était aussi un scientifique, il avait une imagination qui se souciait grandement de la faisabilité. La relativité n'est pas une pure construction dénuée de sens et détachée des théories passées. La différence entre la preuve observée et la démonstration théorique se fait par les limites de chacune : la preuve observée dépend grandement des avancées technologiques quand la démonstration théorique (en tout cas, celle dont nous parlons ici) n'est limité que par la logique du système dans lequel il est inscrit (les mathématiques). C'est une forme d'imagination si tu le veux, dans la mesure où un chercheur trouve ce qui n'a pas encore été à partir de ce qui existe. Mais c'est une imagination bridée par la rigueur, donc ce qu'on appellerait plutôt un raisonnement. Tu as raison, les révolutions scientifiques correspondent souvent à des changements de paradigme. Mais elles n'infirment pas toujours les paradigmes précédents. Pour continuer sur notre exemple de la relativité, la relativité n'infirme pas le travail de Newton, elle permet simplement d'élargir des résultats qui étaient en partie erronés quand ils sont pris dans un cadre précis, ici les référentiels. De même, la physique quantique n'infirme pas la relativité, elle explique simplement à une autre échelle d'autres choses. Il n'empêche que nous gagnerions peut-être à être plus précis dans notre raisonnement, je pense, en distinguant deux périodes. La première correspondrait à une époque, plus ancienne, où la théorie dépend de l'observation. Continuons sur notre exemple : Newton décrit la gravitation en fonction de ce qu'il voit et tente de le décrire mathématiquement en cherchant à le généraliser. Einstein, lui, correspond à une période autre où les objets dont il parle ne sont pas observables (à l'époque où il y réfléchit). Bref, nous avons une période scientifique où la description précède la formalisation quand l'autre formalise avant de l'observer, ce constat étant extrême dans le cas de la mécanique quantique. En cela, oui, le rôle de l'imagination semble plus important à cette époque-ci, dans la mesure où il s'agit d'interpréter des équations, ce qui est clairement visible par le large débat qui a tourné autour de la mécanique quantique. Autrement dit, et si je comprends bien ce que tu entends par la preuve que le progrès scientifique réel ne se théorise pas et ne le sera jamais, tout ceci annule ta preuve puisque le progrès, ou plutôt la découverte (suite, en général, à des problèmes ou des irrégularités qui font tiquer les scientifiques), dépend largement de la théorie, du formel, aujourd'hui. Actuellement, le boulot consiste d'abord à théoriser quelque chose de façon suffisamment cohérente pour justifier de chercher à le prouver par l'observation. Et c'est tout à fait logique quand tu songes au fait que tu ne peux pas trouver une preuve si tu ne sais pas ce que tu cherches et comment tu dois le faire (dans le cas, par exemple, des recherches dans les synchrotrons), mais c'est vrai aussi de l'échelle la plus grande qu'est l'univers (l'équation d'Einstein prédit l'existence d'objets de type "trou noir"). Folie et génie sont des dérivées directes de ce que nous considérons comme étant la norme. C'est vrai aussi du marginal, de l'original, et de tous les termes qui font référence à des personnes qui sont définis comme étant "en dehors de la norme". Tu cites l'exemple de Rimbaud, et donc de Verlaine. En effet, si tu as une façon de vivre ou d'être qui n'est pas forcément "normale" et que celle-ci est refusée par les autres, il est tout à fait possible de mal le vivre. Bref, de tomber dans le mal-être. Mais qu'en conclure, dans ce cas ? Est-ce à dire, comme le dirait Sparrow en réponse à Turner qui dit, textuellement, "ou bien c'est de la folie, ou bien c'est du génie", "que ce qui est étonnant, c'est que ces deux qualités vont bien souvent ensembles" ? Bref, folie et génie ne seraient que deux faces de la même pièce ? Peut-être. Mais cela doit faire face au problème le plus évident : pourquoi, dans ce cas, tous les "fous" ne sont pas des génies, et tous les génies ne sont pas fous ? Il est possible de s'en sortir en prétextant l'existence de différentes formes de folie, une seule menant à être génial. Je vois plusieurs problèmes à une telle théorie. Le premier, c'est de savoir ce qu'est la folie et ce qu'est le génie, véritablement. Le deuxième, c'est de savoir si ces définitions se justifient. Le troisième, que je cite au-dessus, c'est d'en connaître les causes, et donc de savoir si elle existe "la folie" ou "des folies", ou "le génie" ou "des génies". La solution la plus classique pour sortir de ces difficultés est la notion de talent : en effet, dès lors que quelqu'un trouve quelque chose pour laquelle il est doué, ou pour laquelle il est particulièrement intéressé, il aura tendance à s'investir grandement dans cela. Plus cet intérêt est précoce, plus il aura de l'aisance. En ce cas, on peut élargir à tout le monde la notion de génie, faisant de chacun un génie en puissance. Le problème qui se pose, c'est d'expliquer pourquoi, à degré d'intérêt égal, donc en supposant un investissement égal des deux personnes, l'un se distingue de l'autre tôt ou tard. C'est là où ça devient très complexe. Pourquoi Einstein est Einstein, et surtout, pourquoi n'est-ce pas l'autre qui est Einstein ? Fausse question dans laquelle on peut se perdre que voici. La solution à tout ça réside, effectivement, dans la représentation sociale, ou plutôt, dans l'intérêt des résultats pouvant être obtenus. Pour mieux le comprendre, je te propose de sortir du cadre scientifique. Prenons deux sportifs. L'un est footballeur, l'autre est un joueur de curling. Tous les deux très doués dans leur sportif respectif. Pourquoi l'un sera glorifié et connu quand l'autre sera un inconnu, avec un talent égal ? C'est que le football est vu comme un sport plus important, socialement parlant. La raison pour laquelle Einstein est Einstein, c'est-à-dire est connu à ce point-là et est glorifié pour le fait qu'il soit si doué, c'est qu'il a réussi à trouver non seulement des résultats qui sont d'une extrême importance dans les conséquences, mais aussi que ces résultats ne sont pas le fruit d'un simple hasard, d'une découverte hasardeuse, vu le nombre de ces résultats. Autrement dit, Einstein n'a pas forcément été plus génial que quelqu'un d'autre, il l' a peut-être seulement été dans des domaines qui étaient essentiels et il s'est montré le plus doué dans ce domaine. En plus de l'image, inédite d'ailleurs, d'un scientifique connu du grand public de façon aussi importante.
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Mon premier point est le suivant : nous n'ignorons pas les romans irréalistes de Jules Verne, en particulier le Voyage au Centre de la Terre. J'en veux pour preuve qu'il y a quelques années encore en a été fait un, ou peut-être des films. Mais effectivement, on le voit visionnaire, comme c'est vrai d'un Huxley. La raison ? Une conformité avec le réel qui est assez frappante pour frapper, si je peux me permettre cette phrase absurde. Il ne s'agit cependant pas d'oublier, en effet, que c'est une vision des choses imaginées et littéraires par rapport à ce qui pouvait être su à cette époque. En cela, il n'était pas absurde d'imaginer un monde plus automatisé au temps de Huxley, et il n'était pas plus idiot d'imaginer aller un jour sur la Lune du temps de Verne quand on sait que l'homme a toujours cherché à voir au-delà, dans l'espace, et ainsi à voyager. Mon autre point est celui-ci : il faut clairement distinguer le cas d'un romancier qui imagine, même fidèlement, une histoire qui finit par ressembler à notre monde. Ce n'est jamais plus qu'une interprétation faite par le lecteur à partir d'un texte. Le scientifique, lui, n'a pas la même tâche : il est là pour élargir la connaissance à un instance t. Autrement dit, il ne cherche pas à imaginer, il cherche à démontrer ce qu'il imagine. Autrement dit, le travail de l'imagination (ou plutôt, de l'intuition pour le scientifique) paraît être le même pour les deux situations, mais il diffère totalement. Etre crédible par des mots n'a aucune robustesse scientifique à côté d'une équation qui est robuste et justifiée par rapport à tout un système, quand bien même il est nouveau. Donc effectivement, la preuve par l'observation est souvent faite après l'écriture de la théorie, ou plutôt l'interprétation de ces théories. Pour la simple raison que la démarche est hypothético-déductive. Maintenant, tu poses la question de l'expérience. Nous avons le sentiment qu'Einstein, exemple canonique de ce que nous voyons comme illustrant le "génie", trouvait ces solutions "comme ça". C'est nier l'immense travail et investissement qu'il y a derrière ces résultats. Là où tu as raison, c'est que tout le monde n'est pas égal face à cela : certains marqueront l'Histoire, d'autres ne finiront par ne jamais rien trouver de suffisamment marquant pour que leur nom soit cité partout. D'autres, encore, l'ont fait et sont ignorés du grand public. Il n'empêche, avant toute intuition géniale, il faut un travail, une expérience conséquente, qui permet d'utiliser à bon escient cette intuition qui fait la différence sur la fin, mais non pas sur le départ. Et, enfin, pour le rapport entre folie et génie, je ne vais pas m'étendre là-dessus, mais cela reste affaire de représentation sociale. Il n'est pas aisé de définir ce qu'est le génie, il est d'autant plus difficile de dire ce qu'est la folie. De là, donc, à faire le lien entre les deux, cela me paraît ambitieux, même si on aime se rassurer de cette manière. Comme si nous avions besoin de trouver la faille chez l'autre pour se rassurer qu'au fond, eh bien, nous sommes tous au même niveau. Ces hommes ne sont pas des êtres parfaits, loin de là. Ils avaient tous leurs problèmes, leurs vices. Que ce soit psychologique ou non. Nous aimerions trouver une cause à cette créativité, quelque chose de rationnel, alors que c'est peut-être, et tout simplement, une capacité personnelle à assembler des concepts ou des idées ensembles, là où d'autres excellent pour jouer à des sport, par exemple.
