Voilà. Je suis bien installé. Je me demandais jusque là ce que ça faisait et, à vrai dire, j'ai été vite déçu. Au fond, crever, ça n'embête que si on ne l'attend pas. Sans le côté inattendu, on s'en lasse rapidement, on l'accepte docilement. N'empêche, ça m'excitait un peu, au début. L'effet de l'inconnu, probablement. Je me sens un peu à l'étroit, mais je pense que ça ira. On se fait à tout, même au pire. Je m'attendais à l'entendre rentrer en moi, et là encore, j'ai mal espéré. C'est ça, au fond, la vie. Un espoir continuellement brisé. Rassurez-vous : la mort ne s'en sort pas mieux. Alors je regarde autour de moi, bien qu'il n'y ait rien à voir, je gesticule de ci de là parce que mes membres s'engourdissent, et mon cerveau hésite entre la survie et la volonté. De quoi ne pas s'étonner de n'avoir jamais agi, jamais été. Là, au moins, mon choix est creusé et planté. Impossible de retourner en arrière. Ou d'aller de l'avant, cela dit. Doutez de moi si vous le voulez, mais on est plutôt bien loti au fond de son cercueil. Suffit d'avoir le coeur bien accroché. Et les poumons, aussi.