Criterium

Hola, K. é l'orée. Versions.

J'aime la nuit avec passion. Je l'aime comme on aime son pays ou sa maîtresse, d'un amour instinctif, profond, invincible. Je l'aime avec tous mes sens, avec mes yeux qui la voient, avec mon odorat qui la respire, avec mes oreilles qui en écoutent le silence, avec toute ma chair que les ténèbres caressent. Les alouettes chantent dans le soleil, dans l'air bleu, dans l'air chaud, dans l'air léger des matinées claires. Le hibou fuit dans la nuit, tache noire qui passe à travers l'espace noir, et, réjoui, grisé par la noire immensité, il pousse son cri vibrant et sinistre. ¿ Guy de Maupassant.

Histoire de continuer dans le fantastique, j'ai lu Retour à Arkham de Robert Bloch. C'est un roman qui se veut un hommage à H.P. Lovecraft, lequel ayant beaucoup inspiré Bloch, qui s'est imposé à la fois dans le genre fantastique et dans le roman policier. C'est donc comme cela qu'il faut le lire ; et alors, la lecture en est agréable ¿ certains passages sont très bien réussis et inspirent un certain effroi, en particulier dans la première partie avec l'enquête que commencent à mener A. Keith et l'un de ses amis lorsque le premier se trouve acquéreur d'un étrange tableau... représentant une goule de manière extrêmement réaliste, tout à fait comme le tableau du peintre Pickman (le livre est truffé de références lovecraftiennes ; ici au Modèle de Pickman) ; ou encore dans la seconde partie, dans lequel l'ex-femme de A. Keith hérite de ses papiers après son décès. Peu de temps après, des gens bizarres lui tournent autour : cet étrange prophète d'une nouvelle secte, le révérand Nye, un agent secret... La troisième partie est la moins bien réussie. J'ose le spoil : Cthulhu sort des abysses, enfin. N'est pas mort ce qui à jamais dort. Je lis Effraction au réel, d'Emma Santos. ¿ Quelqu'un la connaît-il, à ce propos?

En guise de dédicace pour sa Nuit, quelques mots d'Emma S. Elles vivent en mangeant les lettres de leurs cahiers d'écolières. L'encre violette incrustée au papier donne des dessins de rêves. Dans la lassitude devant leur journal aveugle des nuits inexprimées et basculées, elles écrivent le vertige de mourir en silence. Ou bien recopient des phrases diverses découvertes au hasard des lectures. Hermine a tendu pour la première fois une page toute blanche, ¿à la réunion des mots¿. Elles ont décidé finalement d'en finir avec l'enfance. Ingres a dit : ¿N'étudiez le beau qu'à genoux¿. Elles sont à genoux pour les prières seulement et puis elles en ont assez des noms d'écrivains découverts au hasard des lectures désordonnées qui les angoissent. On prend tous les livres, on les met dans une bassine d'eau bouillante avec des opérations de teinture. On tourne avec un bâton. On laisse rebouillir. Depuis combien de temps ils nous enferment dans les mots? Il n'y aura que des mots inventés, incompréhensibles, que personne ne lira. Ce sera le livre d'une fille dans son cercueil.

Oh, Catze est un camarade-qui-a-beaucoup-trop-de-livres-à-lire. Où les mets-tu? Pour ma part, il y a une nette tendance à l'accumulation sur la partie inoccupée de mon lit. (En quelque sorte, je couche avec mes livres à lire). ¿ Voici quelques-uns parmi ceux qui s'y trouvent. Le Manuscrit trouvé à Saragosse de Jan Potocki (version de 1804, inachevée ; sans doute lirai-je un jour la version de 1810, qui en est la version classique), l'Essai sur le don de Marcel Mauss et un livre que je surnommerais A∴ ¿ ces deux livres étant à rendre à une certaine personne à laquelle je les ai empruntés ¿ (Merci, Toi) ¿, les livres de Gaston Bachelard que je n'ai pas encore dévorés... L'Air et les Songes, La Terre ou les rêveries de la volonté, La Terre ou les rêveries du repos ; sans doute faudrait-il que je relise La psychanalyse du feu et L'Eau et les rêves pour me réimprégner des images et fantasmes qu'il y décortique ¿ pistes passionnantes pour l'analyse littéraire, qui peuvent changer le regard du lecteur : à recommander. Il y a encore les Métamorphoses d'Ovide, des Fragments d'Hésiode, l'éneide de Virgile ; à côté trône le curieux De l'assassinat considéré comme un des beaux-arts de Thomas de Quincey, et d'autres livres d'Ambrose Bierce dans l'édition Rivages qui en a publié les ¿uvres complètes : ayant adoré les Contes noirs, m'attendent Le moine et la fille du bourreau ¿ un titre à la Barbey d'Aurevilly, je trouve ¿ ou le Dictionnaire du Diable, assez inégal (certains articles sont hilarants, d'autres vieillis, d'autres laissent de marbre), à picorer de temps en temps. Je crois que se tiennent à proximité Les liaisons dangereuses de Choderlos de Laclos. Un peu plus loin, le formidable Et l'homme créa les dieux de Pascal Boyer que je me propose de relire. Il contraste avec Retour à Arkham, une continuation de l'¿uvre de Lovecraft par Robert Bloch, basée sur le thème : et si tout ce qu'avait raconté H.P. Lovecraft était vrai? ¿ Oh, il y en a d'autres. Je crois que mes journées seront bien remplies, maintenant qu'elles sont libres.

Aujourd'hui je l'ai découvert, en poussant les rideaux de ma chambre. Hideux, insidieux, tapi là depuis des jours et des jours, n'osant se montrer que derrière un voile de doute ou une gaze de dépression, il se tient droit devant moi, noir, immobile : le nigredo. Nous nous sommes apprivoisés mutuellement et tournoyons autour du sol niger comme tournoieraient des corbeaux dans les cieux livides ou bleu marine. — Oh, je sais qu'il n'en avait pas bougé. Nous allons avoir beaucoup de choses à nous dire. Entre temps, j'ai mal et des œillères ornent mes yeux. éternellement mi-clos en traçant une route dans la vie comme un poignard tracerait une coupure lisse, nette, profonde, dans la peau d'un cobaye disséqué vivant. Une odeur d'acier dans les narines. Un goût blafard dans la bouche. — Peut-être aussi n'ai-je que sommeil. Il faut que je trie plus de papiers. Lisser mon existence.

Peut-être que l'auteur a décidé de percer en répondant de manière si incisive aux critiques quelles qu'elles soient, que tout un chacun en finit outré ¿ et finirait, excédé, par acheter ce livre pour 14¿ en format numérique? ¿ Calculons. Admettons que l'auteur ait réussi à en vendre dix exemplaires à sa famille et à des amis ¿ ce que je ne crois pas ¿ cela fait 140¿. Le forfait "tout numérique" de JePublie est de 450¿. Il reste donc 310¿ pour combler la dépense (je ne compte pas le service de "correction"), ce qui fait qu'il faudra le vendre à plus de 21 personnes. Ce serait donc une stratégie adoptable. Sinon, palme 2010 de la scène érotique la plus rédhibitoire : Le lagon bleu caressait doucement une plage de sable où Y était allongée. X était dans le fond, où les plantes demandaient un peu de son attention. Il arriva nu le long de la plage artificielle, il était beau et doré. Y avait les jambes écartées et les mouvements oscillant d‟une eau tiède venaient caresser sa peau jusqu‟à son entrejambe. Le corps reposait sur un sable chauffé par le soleil, tiède. X arriva vers elle. Elle le désirait. Son plaisir se dressa, il était rouge de chaleur ; il s‟allongea sur elle. Les va-et-vient faisaient entrer et sortir le corps d‟Y de plus en plus profond dans le sable, comme un plaisir unique, elle se sentait encrée un peu plus à chaque à-coup d‟amour ; ils ne formaient plus qu‟un avec le sable, l‟air, le ciel bleu et son plaisir unique avec Y. Quand ils furent comblés, X se pencha sur elle et mit sa tête le long de la sienne dans le sable et ferma les yeux. Bref, c'est mauvais.

Bonjour. D'une, je pense que tout le monde est maintenant à peu près certain que l'auteur de ce topic et l'auteur de ce livre ne font qu'un ; de deux, il est manifeste que celui-ci est totalement réfractaire à la critique : tout ce qui a été dit était justifié ¿ et quand bien même la plupart des critiques faites le sont sur la forme... une forme mauvaise ne peut que desservir le fond. Qu'un livre ne comporte pas de fautes d'orthographes, c'est la moindre des choses ; et tout éditeur le refusera sans même prendre garde à l'histoire qui y est exposée. Tout éditeur, me direz-vous? ¿ Oui, sauf le type d'éditeur que vous avez utilisé pour publier votre livre : un service d'auto-édition, c'est-à-dire pour reprendre cette jolie expression, de vanity press. Contre une somme plus ou moins modique, vous recevez un carton d'exemplaires de votre livre : les premiers sont vite posés sur l'étagère de la bibliothèque ou vendus à la famille, mais le reste reste désespérément dans un carton (quand ce n'est pas du print-on-demand). http://www.jepublie.com/nos-offres.aspx Voici même ce que vous avez dépensé pour vous sentir "auteur". J'aimerais également citer ce qui est indiqué sur votre site : ¿Ce livre à été pré corrigé par Valérie Hubert. Et corrigé par Alexandra David d'Alpha correction¿. ¿ Manifestement, les corrections sont très insuffisantes, ce qui pourrait faire douter du sérieux des personnes citées. é moins qu'elles n'aient corrigé que la version papier? Je crois qu'il n'est pas très pertinent d'espérer de vos lecteurs d'ici ou d'autres forums de dépenser 14¿ pour un livre dont les extraits disponibles sont truffés de fautes rendant toute lecture trébuchante, et d'un style douteux. D'autant plus lorsque vous réagissez comme vous le faites. ¿ Vos peintures sont meilleures que vos écrits. Que voulez-vous faire maintenant que vous avez écrit un livre? étre lu? étre apprécié? Percer? Publier à compte d'auteur régulièrement, avec le même succès? Dites-nous.

Slaves.

Cela résonne si profondément ; des souvenirs effleurent ma peau. Oh, je me souviens de Tout.