Le traître
Nous étions trois jeunes jobards
Unis comme cul et chemise,
Les copains d’abord pour devise ;
Soir après soir, bar après bar,
Tissions un lien indémodable
Trinquant autour d’un formidable.
Mais le plus faible d’entre nous,
Brisant la promesse que onques
Ne viendrait s’intrure quiconque,
Chut stricto sensu à genoux
Pour une femme des plus bêtes
Dont seuls s’éprennent les esthètes.
La diablesse mit le grappin
À très courte longueur de chaîne
Si profondément dans sa couenne
Qu’au rendez-vous des bons copains,
Nous n’étions souvent qu’une paire
Maudissant ladite vipère.
Quand il se pointait, foutredieu !,
Ce bougre d’ami infidèle
Ne savait plus parler que d’elle ;
Nous deux peu miséricordieux,
Vexés, amers, jaloux peut-être,
Le rebaptisâmes le traître.
Le traître, le félon, Judas,
Horreur, comble de l’indécence,
Après quelques longs mois d’absence,
Sans en rougir nous demanda
Au moment de nos retrouvailles
Pour témoins de ses épousailles.
Ayant dit à grand-peine amen,
J’eus la hardiesse de me croire
Enfin à l’abri des déboires
Mais venu le jour de l’hymen
Mon dernier ami en pensée
Se trouva une fiancée…
Nous étions trois jeunes amis
Unis comme cul et chemise
Avant que l’amour nous divise ;
Moi qui ne suis pas bien remis
M’octroie un réconfort ultime
En besognant leurs légitimes.
6 Commentaires
Commentaires recommandés