L'amour du râble
D'aucuns parlent d'amour pouvant défier Chronos
Dans sa longévité en oubliant qu'Éros
N'y voit guère plus loin que le bout de sa verge ;
Les vulgaires amants retournent sur leurs pas
Dès que leur égoïsme insatiable diverge,
Est-il au moins des jours où Éros s'en fout pas 1 ?
C'est très vite épuisant, de vivre au cœur à cœur,
Ça revient à courir un sprint, mais sans vainqueur,
L'asynchronisme est un cancer irréparable ;
Quand la passion brûlante a fini de cracher
Sa flamme 2, et tout le sang répandu, de sécher,
Que reste-t-il alors, sinon l'amour du râble ?
1 "Il est des jours où Cupidon s'en fout", chantait Brassens.
2 "Désormais le petit bout de cœur qui me reste / Ne traversera plus l'équinoxe funeste / En battant la breloque en souvenir de vous... / Il a craché sa flamme et ses cendres s'éteignent, / À peine y pourrait-on rôtir quatre châtaignes", Brassens dans Le vingt-deux septembre.
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