L'éternité existe ?

Il y a 13 heures, Ambre Agorn a dit :

Donc la métaphysique serait encore l'étude de la matérialité, peut-être dans sa dimension la plus éthérée, mais toujours reliée au matériel, c'est ça?

 

Maintenant que vous avez donné un cadre, celui de la métaphysique, je saisi mieux ce que vous disiez. Ainsi, l'éternité serait en quelque sorte l'espace mental, voire même s'étendant jusqu'à l'intérieur même de notre génétique (la cellule)?

 

Je suppose que le nombre de flèches dans la main a un lien avec la conscience et la qualité de ce qui est créé?

Ce n'est pas ce que je voulais dire, peut-être y a t-il quelque chose qui soit classable dans la métaphysique parce qu'au-dessus ou au-delà de la matière, je n'en sais rien. Ce que je voulais dire plutôt c'est que ma présentation du rapport au temps dans l'espace de la boîte crânienne peut sembler pour certains se rapprocher de la métaphysique alors que non, l'activité des neurones est de la physique. À partir de ce point, on peut se demander ce qu'est réellement la métaphysique en effet et s'il y a moyen de savoir de quoi l'on parle ou quelle véritable expérience (impérience) l'on possède réellement sur ce sujet.

Le seul aspect du temps qui m'intéresse personnellement concerne l'imprégnation de mes cellules par des effets attribués à un passé, un présent ou un avenir. Notre présent est une accommodation d'un passé dirigé ou conditionné vers un avenir. Sur ce point je pense et je suis même sûr, qu'on peut refondre ces différents niveaux d'imprégnation, d'où cette image plus haut utilisée de "chevaucher le temps".

Le 23/07/2024 à 13:53, Bobold a dit :

J'ai construit un petit argumentaire allant dans ce sens :

 

Les hommes développent et éprouvent des besoins tout au long de leur vie, qu'ils soient physiques ou affectifs. La faim, la soif, la sécurité, le plaisir et d'autres. Or, chaque objets de ces besoins précédent le besoin. Nous avons faim car des millions d'organismes nous ayant précédé avaient besoin de se nourrir pour lutter contre l'entropie, nous avons soif pour les mêmes raisons et ainsi de suite. Or, il existe chez l'homme également un besoin de transcendance, un besoin d'être par-delà sa propre existence finie et quantitative, à ne pas confondre avec un besoin d'immortalité qui reste circonscrit à la chair.

On peut argumenter que ce besoin d'éternité est une dérive de notre instinct de conservation, qui cherche à échapper à la fatalité de la mort, mais ce même besoin de transcendance peut aboutir au sacrifice de notre vie, comme c'est le cas pour de nombreux martyrs, qui choisissent la foi plutôt que leur existence finie. Si le besoin de transcendance était une dérive de l'instinct de conservation, l'instinct de conservation devrait in fine faire office de garde-fou, or il ne le fait pas.

Par ce raisonnement, peut-on prétendre démontrer qu'il y a quelque chose par-delà l'immanence ?

Un humain ne rêve pas d'éternité, tout simplement parce qu'elle est incompatible avec sa nature même. Nous existons, précisément, donc nous connaissons un début et une fin. L'éternité est. Elle ne commence pas et ne termine pas.

Autrement dit, l'éternité ne peut s'évoquer que pour des choses en dehors de la réalité, donc métaphysiques par définition. Car la physique, celle en tout cas que nous connaissons, se fait dans un environnement où rien n'est éternel.

En revanche, l'être humain peut rêver d'immortalité, donc avoir un début sans connaître de fin. Les raisons qui expliquent un tel désir sont en effet assez classiques : toute notre vie, nous avons dans le coin de la tête l'idée que nous devons tirer un maximum de notre existence (peu importe que ce soit au sens productif, spirituel ou autre du terme) car, tôt ou tard, le rideau sera à nouveau baissé. Se réaliser, en somme, peut se faire de mille manières.

Après tout, comme tous les organismes qui nous ont précédés, et comme tous ceux qui vivent aujourd'hui et que nous sommes aussi, car nous ne sommes finalement qu'un ensemble complexe d'organismes, nous avons divers besoins essentiels à notre survie. Comme d'autres espèces sociales, nous construisons une culture qui permet d'ordonner d'une certaine façon nos interactions avec les autres. Les mythes sont là pour nous rappeler des règles façonnées il y a maintenant des millénaires. La foi, au sens large, est donc un nécessaire pour s'inscrire dans un système complexe car aucun argument de raison ne justifie de ne pas tuer son voisin pour s'accaparer son repas dans l'immédiat.

La conscience est un outil parmi d'autres de survie en certaines situations. Elle a néanmoins, comme tous les autres attributs d'un organisme, des contraintes selon l'environnement, comme par exemple la capacité d'intellectualiser notre finitude. Le fait de croire vient donc aussi combler ce défaut. Des êtres non-éduqués ou éduqués en dehors d'une culture ne développent d'ailleurs pas une conscience aussi aiguisée de soi et ne se soucient donc pas autant de métaphysique. Et j'ajouterais également que cette culture presque flagellatrice de notre mort prochaine est très culturelle, chrétienne. Ce n'est pas un vécu partagé par tous les êtres humains. En d'autres lieux, les morts sont toujours vivants et bien là, mais sous une autre forme, par exemple animale, et ce n'est pas vécu comme un drame ou problème.

L'éternité ne peut être qu'une hypothèse invérifiable. Elle suppose que le temps tel que nous le connaissons empiriquement et un peu scientifiquement (on sait qu'il peut varier localement dans l'univers, etc.) dure éternellement. 1 - Personne ne peut dire si ça sera le cas. 2 - Il n'y aura personne, c'est à dire un être quelconque vivant éternellement, pour dument le constater. Rappel :comme le temps s'actualise en permanence, il n'est pas un infini en acte. Mais seulement un infini potentiel hypothétique.