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Violence

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satinvelours

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Membre, Posté(e)
satinvelours Membre 3 006 messages
Forumeur vétéran‚
Posté(e)

Tout sujet sur la violence paraît impossible à être traité avec « philosophie ». Et il est bien possible que je lance là un sujet en effet impossible à traiter. 

Il est peut être impossible à traiter car il exige d’être capable de sortir de soi pour observer sa propre violence. Mais observer sa propre violence dans un contexte culturel actuel où la violence est un « péché », une faute, une horreur est une attitude pratiquement impossible à tenir en public. Observer sa propre violence ne serait donc possible que dans l’intimité ?

La violence que nous exerçons n’est pas perçue comme violence car nous la pensons légitime.

Ainsi dès que nous nous pensons légitime à agir ainsi ou ainsi nous ne percevons pas la violence de nos actions. En revanche la violence de l’autre est tout de suite perçue comme violence lorsque nous la pensons illégitime. 

La confusion dans le débat public provient que quiconque a une autorité condamne la violence en tant que telle. Alors qu’en fait cette autorité condamne non la violence mais la violence illégitime. Mais en condamnant la violence en tant que telle elle prive du coup toutes les minorités de tout discours violent. Ces minorités constatent alors qu’en étant privée de tout discours violent elles sont interdites d’exprimer une violence qu’elles ressentent pourtant comme étant légitime par ceux-là même qu’elles combattent, qui pourtant expriment une violence à leur encontre, mais niée en tant que violence parce que légitime. 
 

Les dominants exercent leur pouvoir en recourant tout de même à une certaine perversion. 

 

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Membre, 52ans Posté(e)
Crabe_fantome Membre 47 126 messages
Maitre des forums‚ 52ans‚
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La violence est la force de la Vie. Dans la nature la violence est ce qui permet de tuer pour vivre et se reproduire; les prédateurs permettant de réguler et de faire évoluer les proies puisque ce sont les plus faibles qui seront tués et permettront aux plus forts de se reproduire.

 

Chez l'humain évolué le Droit a défini une violence légitime d'une violence illégitime. Le Droit établit donc une égalité entre le fort et le faible, le riche et le pauvre (cf Lacordaire) et la violence existe des deux cotés. La violence continue d'être cette force de la vie permettant non plus de survivre mais d'exister. Une négociation au travail, une dispute de couple, une engueulade sur ses enfants sont des violences de part et d'autre destinée à supprimer cette violence latente qu'est l'injustice. En somme la violence doit exister pour disparaitre ensuite, sa naissance a pour but d'enterrer une injustice et de disparaitre avec elle.

Reste à chacun, son jugement ou sa moralité, pour estimer ce qui est juste de ce qui est injuste. 

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Membre, Talon 1, 79ans Posté(e)
Talon 1 Membre 24 187 messages
79ans‚ Talon 1,
Posté(e)

La culture est l'anti-violence. La diplomatie est son outil. Mais qui n'a pas de vocabulaire s'exprime avec les poings.

Le caractère colérique qui parvient à se dominer fera, avec le temps, un ulcère à l'estomac.

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Membre, Posté(e)
satinvelours Membre 3 006 messages
Forumeur vétéran‚
Posté(e)

La violence est un sujet impossible à traiter parce que personne ne veut se voir violent. C’est toujours l’autre qui est violent mais jamais soi. 

Cette incapacité à observer sa propre violence est liée à ce fait que la violence, en soi, est le mal.

Nous basculons dans le mal et le bien, nous basculons dans le monde religieux.

L’incapacité à se voir violent a pour effet paradoxal d’augmenter la violence sociale.

Pourtant quand nous condamnons qui que ce soit, même pour des raisons légitimes, nous utilisons la violence. Quand nous « punissons » quelqu’un pour avoir, à nos yeux ou aux yeux de la norme ambiante, commis une violence illégitime, dans l’acte même de punir nous utilisons la violence, même si nous nous sentons légitime.

Ne pas voir que nous utilisons la violence, même quand nous pensons exercer le bien, c’est ouvrir la voie à une violence absolue.

L’impossibilité de traiter le sujet de la violence tient à la culpabilité associée à toute violence. Cette culpabilité est probablement d’origine religieuse. 
 

En culpabilisant la violence en soi celui qui pratique le bien ne voit pas que lui même s’appuie sur sa violence. Du coup celui qui se pense dans le camp du bien ne donne plus de limite à sa violence, qu’il ne voit pas, tant il culpabilise la violence en soi.

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Membre, Un oiseau la tête en bas !, Posté(e)
Sittelle Membre 12 407 messages
Un oiseau la tête en bas !,
Posté(e)
Il y a 2 heures, satinvelours a dit :

La violence est un sujet impossible à traiter parce que personne ne veut se voir violent. C’est toujours l’autre qui est violent mais jamais soi. 

Cette incapacité à observer sa propre violence est liée à ce fait que la violence, en soi, est le mal.

Nous basculons dans le mal et le bien, nous basculons dans le monde religieux.

L’incapacité à se voir violent a pour effet paradoxal d’augmenter la violence sociale.

Pourtant quand nous condamnons qui que ce soit, même pour des raisons légitimes, nous utilisons la violence. Quand nous « punissons » quelqu’un pour avoir, à nos yeux ou aux yeux de la norme ambiante, commis une violence illégitime, dans l’acte même de punir nous utilisons la violence, même si nous nous sentons légitime.

Ne pas voir que nous utilisons la violence, même quand nous pensons exercer le bien, c’est ouvrir la voie à une violence absolue.

L’impossibilité de traiter le sujet de la violence tient à la culpabilité associée à toute violence. Cette culpabilité est probablement d’origine religieuse. 
 

En culpabilisant la violence en soi celui qui pratique le bien ne voit pas que lui même s’appuie sur sa violence. Du coup celui qui se pense dans le camp du bien ne donne plus de limite à sa violence, qu’il ne voit pas, tant il culpabilise la violence en soi.

C'est possible de redéfinir ce concept ? 

S'il vous plait !

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Membre, 35ans Posté(e)
Ambre Agorn Membre 2 168 messages
Mentor‚ 35ans‚
Posté(e)

Je remarque, depuis quelques temps déjà, que ce mot violence est servi à toute les sauces et que tout, dans un discours, est finalement nommé violence: violence verbale, violence des actes, violence des religions, violence chez les jeunes, violence des gilets jaunes, violence policière, violence dans une œuvre d'art, violence du système, violence des réactions, violence des émotions, violence des sentiments, violence de l'enfant, violence de l'adulte, violence de la nature, violence, violence, violence...

Il devient "classieux" de parler de violence et de montrer que l'on est capable de déceler cette violence, et d'en parler pour la dénoncer et faire comme si nous la combattions: "A bas la violence!"

Ca me paraît d'un ridicule assez hypocrite et typique des bien-pensants.

Depuis que j'ai découvert que j'étais d'une violence innouie, je vois beaucoup moins de violence chez les autres. Je m'explique. Un jour, je me suis retrouvée sur le banc des accusés. Juste avant, j'étais en face de ce banc à dénoncer et condamner les fautes de celui ou celle assis sur ce banc, drapée dans mon droit et mon innocence. Et puis, assise, j'ai eu la vision simultanée de moi en juge et moi en accusée. Il s'avère qu'à partir de ce moment, je n'ai plus jamais parlé comme ressortissante d'un droit quelconque, et j'ai banni d'un revers de manche l'innocence affichée de ceux qui condamnent. Il en est de même pour la violence. A partir du moment où je vois la violence en moi, je ne peux plus rejetter sur l'autre ma propre violence, tout simplement parce que l'autre est mon miroir et que, si je reconnais sa violence, c'est que je la connais déjà, c'est qu'elle a emprise et vie sur moi: je lui accorde gîte et couvert.

Depuis que j'ai observé l'omniprésence du mot violence dans les discussions et discours, je me suis confrontée à l'évidence que dénoncer la violence est une façon de la banaliser, de se conférer une aura d'innocence quand on la dénonce. Le bien paraître en société veut que la violence soit le mal à dénoncer et surtout montrer que celui qui dénonce est celui qui œuvre pour la paix. La violence est bien souvent vient de l'extérieure du cercle de discussion: on en parle comme d'une meute de loup hurlant à la mort, quand on est bien au chaud dans la chaumière fermée à clé.

Quand je suis en confrontation avec mes congénères, il n'est pas bien vu de s'énerver, de se mettre en colère, de juger (pas forcément condamner pourtant), de parler et discuter des goûts et des couleurs comme si c'était proscrit. Alors qu'en réalité je crois qu'on manque de ces moments de brusquerie, qu'on s'en prive sous prétexte que c'est mal.

De toute façon à partir du moment où on ne voit plus le conflit, ou qu'on ne veut plus aborder les questions qui fâchent, c'est laisser la porte ouverte à des violences bien plus sournoises et quasiment invisibles.

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Membre, Posté(e)
satinvelours Membre 3 006 messages
Forumeur vétéran‚
Posté(e)

Ce qui empêche de poser comme existante en soi la violence, provient de la confusion entre violence et expression de la violence. 

La condamnation morale de la violence en soi provoque des refoulements qui minent nos civilisations. Même si je n’apprécie pas Freud pour ses considérations sexuelles il y a une étude de lui particulièrement intéressante, étude menée dans son livre : malaise dans la civilisation. Ce malaise provient de la difficulté de nos sociétés à reconnaître l’existence de l’agressivité en soi, ce que j’appelle la violence en soi. La condamnation morale de l’agressivité en soi ou de la violence en soi ne peut conduire qu’au refoulement et aggrave même l’intensité de l’agressivité ou de la violence. 
 

Ce que nous pouvons juger, condamner ou au contraire féliciter c’est l’expression de la violence, c’est la manière dont la violence est exprimée et non la violence en soi.

Si nous prenons la violence comme une quantité d’énergie brute qui tend à « débouler » dans le monde, alors ce à quoi nous devons nous atteler c’est à cela comment cette quantité d’énergie brute que j’appelle violence en soi peut-elle se réaliser dans le monde ? 

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Membre, Posté(e)
satinvelours Membre 3 006 messages
Forumeur vétéran‚
Posté(e)

La violence est difficile à traiter comme sujet quand il apparaît qu’elle est telle qu’elle n’est pas socialement vue comme étant une violence. C’est notamment le cas de la violence de l’inceste qui est niée à la mesure de la négation même de la réalité de l’inceste commis par l’incestueux (se). Or il apparaît de plus en plus que l’inceste est un pilier de la culture occidentale et même peut-être de la culture mondiale.  
Dans l’inceste c’est l’enfant qui est visé comme objet de la violence. Il m’apparaît de plus en plus que nos sociétés, au moins nos sociétés occidentales sont fondées sur le meurtre symbolique de l’enfant exécuté  par le truchement de la sexualité. 
Il existe bien sûr d’autres violences produites sur l’enfant qu’elles soient manifestes ( violences physiques) ou cachées ( formes diverses de persuasions douces pour conduire l’enfant à notre « état de culture » actuel. Il paraît d’ailleurs impossible de ne pas conduire l’enfant à rentrer dans notre état de culture actuel).

L’inceste est une violence différente des autres violences. Ces autres violences font l’objet de débats sociaux ouverts. Mais la violence de l’inceste a ceci de particulier qu’elle est niée à la mesure de la négation même de l’inceste. 

Modifié par satinvelours
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Membre, 77ans Posté(e)
Blaquière Membre 19 162 messages
Maitre des forums‚ 77ans‚
Posté(e)
Le 01/10/2022 à 02:46, satinvelours a dit :

La violence est difficile à traiter comme sujet quand il apparaît qu’elle est telle qu’elle n’est pas socialement vue comme étant une violence. C’est notamment le cas de la violence de l’inceste qui est niée à la mesure de la négation même de la réalité de l’inceste commis par l’incestueux (se). Or il apparaît de plus en plus que l’inceste est un pilier de la culture occidentale et même peut-être de la culture mondiale.  
Dans l’inceste c’est l’enfant qui est visé comme objet de la violence. Il m’apparaît de plus en plus que nos sociétés, au moins nos sociétés occidentales sont fondées sur le meurtre symbolique de l’enfant exécuté  par le truchement de la sexualité. 
Il existe bien sûr d’autres violences produites sur l’enfant qu’elles soient manifestes ( violences physiques) ou cachées ( formes diverses de persuasions douces pour conduire l’enfant à notre « état de culture » actuel. Il paraît d’ailleurs impossible de ne pas conduire l’enfant à rentrer dans notre état de culture actuel).

L’inceste est une violence différente des autres violences. Ces autres violences font l’objet de débats sociaux ouverts. Mais la violence de l’inceste a ceci de particulier qu’elle est niée à la mesure de la négation même de l’inceste. 

Tout désir sexuel est-il nécessairement violence ? (Une violence qui passe par la négation de l'autre en tant qu'individu ?)

Il faudrait se pencher sur l'opposition (ou la dialectique) du désir et de l'amour... Du soi et de l'autre...

L'amour (passion) effondrement de soi et sa projection sur l'autre qui aboutit peu ou prou à la négation de l'autre ? ...etc.

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  • 11 mois après...
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