La fascination du mal.

Pourquoi le mal fascine-t-il? C'est une vieille question, que l'on pose la plupart du temps à propos des collaborateurs de la Seconde Guerre mondiale, et de tous ces gens qui, non-allemands, ont adhéré au nazisme. Aujourd'hui on peut se demander : pourquoi tant de gens soutiennent-ils Vladimir Poutine, qui apparaît de plus en plus comme un authentique salopard? 

En tout cas, le mal fascine. Il serait difficile autrement d'expliquer le succès d'un personnage comme Dark Vador - Darth Vader en VO -, qui, bien avant qu'on explique (et excuse, d'une certaine manière) son parcours dans la prélogie, était déjà le favori des fans de "Star Wars". Dans le cas de Vador - ou de Hitler, même s'il a finalement été vaincu -, mal est synonyme de force et de puissance. Certes, le Führer a péri, haï de tous, au fond de son bunker berlinois. Mais auparavant il avait eu une trajectoire de "winner", parti de rien pour arriver à la tête de l'un des pays les plus puissants du monde. Son ambition de domination universelle était certes délirante, mais il n'est pas passé si loin de la réaliser, quelques erreurs stratégiques ayant joué le rôle des grains de sable dans une histoire jusque-là victorieuse.

Que Poutine soit un salaud n'est guère contestable, mais peut-il fasciner à ce point des Français? J'ai mis en "ignoré" environ une dizaine de poutinistes acharnés,  mais il y en a encore beaucoup d'autres. Leurs discours sont de tous les styles, de la pleurnicherie - oh qu'il est vilain l'Occident et que les Russes sont gentils - à l'incantation. Qu'est-ce qui peut fasciner les gens en Poutine? Cela demeure pour moi un mystère, tellement l'homme me semble répugnant. Sa Blitzkrieg en Ukraine a lamentablement échoué, révélant du même coup la faiblesse de l'armée russe, son matériel obsolète, ses tactiques démodées, son mauvais moral, ses soldats qui désertent quand ils n'abattent pas leurs propres officiers, son encadrement pitoyable. Pour se venger, Putler - comme disent certains - semble avoir entrepris de détruire systématiquement ce pays qu'il ne peut conquérir, bombardant les populations civiles et multipliant les crimes de guerre. Pour s'en sortir vis-à-vis de son propre peuple et de l'étranger, Poutine use et abuse du chantage et de la menace nucléaire, coupe les robinets du pétrole et du gaz aux Occidentaux, se rapproche de la Chine et - honte suprême! - de la Corée du Nord, recrute des conscrits au fin fond de la Russie et des mercenaires chez ses rares alliés, comme la Syrie. Tout cela est lamentable. Si l'on veut chercher un héros positif dans cette affaire, c'est bien sûr de Volodymyr Zelenski qu'il s'agit, extraordinaire personnage, d'abord comédien, puis chef d'État, enfin chef de guerre incomparablement plus talentueux que son adversaire russe.

Et pourtant, des gens sur ce forum haïssent Zelenski et soutiennent Poutine. Pour l'extrême droite, le Führer du Kremlin a longtemps été une star, en tant que défenseur de la race blanche. Certains sont d'ailleurs partis vivre en Russie - et d'autres en Ukraine, d'ailleurs. Inutile de dire que la plupart de ces exilés volontaires sont revenus depuis, la queue entre les jambes. Le soutien à Poutine apparaît souvent comme une forme de détestation de l'Occident, des États-Unis ou de la France. A travers ce qu'on dit de Zelenski, c'est en fait Macron ou Biden qu'on vise. Sans être un fan de l'actuel locataire de l'Élysée, il paraît évident qu'on ne peut le comparer à un dictateur maléfique du genre de Poutine.

Cela dit l'existence d'un tel personnage n'est pas une surprise, il y a longtemps que les auteurs de science-fiction ont prévu que l'arsenal nucléaire d'un pays puisse tomber un jour entre les mains d'un dirigeant démoniaque et cinglé.

Pour terminer, quelques pistes de réflexion :

Pourquoi nous sommes fascinés par le mal radical ? - DIALOGON

Etre fasciné par le mal, ce n'est pas un peu comme être fasciné par le vide quandd on est bien accroché?

il y a 8 minutes, Gouderien a dit :

Que Poutine soit un salaud n'est guère contestable, mais peut-il fasciner à ce point des Français?

Le culte de la personnalité serait bien une piste comme pour grand nombre, voire la totalité des dictateurs. 

il y a 2 minutes, Ambre Agorn a dit :

Etre fasciné par le mal, ce n'est pas un peu comme être fasciné par le vide quandd on est bien accroché?

C'est possible.

il y a 5 minutes, Gouderien a dit :

C'est possible.

Nous sommes, êtres humains, chacun d’entre nous dans une dualité : le bien/le mal, le ying/le yang.
Je m’explique cette fascination pour le mal dans notre propension de base à développer plus ou moins jusqu’au paroxysme parfois, une partie plus que l’autre : ainsi pour certains, se réveillent les plus bas instincts, la part la plus obscure de leur personnalité.

Le mal triomphe alors hélas ac les horreurs que l’on lui connaît notamment au niveau historique. 

Que dire de cette fascination pour la haine des Russes ?  

Assimiler Hitler à Poutine est-ce être inspiré par le Mal (ou l’imbécillité) ? 
 

Et si j’ai le malheur de rappeler les morts russes voici que tous se mettent à cracher dessus. 
 

En plus égaliser Hitler et tous autres dictateurs c’est banaliser Hitler et c’est banaliser les actes de Hitler. Sympa pour les victimes de la Shoah. 
Mais qu’est ce qu’il en a à faire ? Les morts russes, les morts juifs…il utilise tous ces drames pour satisfaire son  ressentiment qui n’a rien à voir en plus avec les russes. 

Puisque nous sommes en philosophie il faudrait d’abord définir ce qu’est le Mal, ce que l’on convient d’appeler le Mal ( donc il faut bosser au lieu de se laisser aller à ses haines).

Ensuite il faudrait discuter de cette soi-disante fascination du Mal. Qu’est ce que la fascination du Mal ? 
 

il y a 3 minutes, satinvelours a dit :

Qu’est ce que la fascination du Mal ? 

Il paraît que les tueurs en série (par exemple) fascinent certaines femmes; nombreuses sont les visiteuses de prison cherchant à créer un lien avec des assassins.

Qu'est-ce qui les pousse à cela ? Sont-ce des femmes fragiles psychologiquement ? 

Oui, je compare Poutine à Hitler, je persiste et je signe - et je connais bien le sujet. Je dois dire que ce qui me dégoûte le plus chez le Führer du Kremlin, c'est l'usage permanent du mensonge, ce en quoi il est bien l'héritier des pires traditions du totalitarisme soviétique.

Allez, assez rigolé, "ignoré".

il y a 17 minutes, Passiflore a dit :

 

Il paraît que les tueurs en série (par exemple) fascinent certaines femmes; nombreuses sont les visiteuses de prison cherchant à créer un lien avec des assassins.

Qu'est-ce qui les pousse à cela ? Sont-ce des femmes fragiles psychologiquement ? 

Je crois malheureusement qu'il existe une prédisposition humaine au mal - comme au bien, d'ailleurs. Ce en quoi je suis en totale opposition avec Rousseau (Jean-Jacques, pas Sandrine), qui proclamait que l'homme naissait bon, mais qu'il était corrompu par la société. Même des gens qui ne feraient pas de mal à une mouche sont fascinés par des criminels. Peut-être y a-t-il un aspect romantique, voire sexuel, dans cette attraction qu'exercent les tueurs en série - qui sont pourtant la plupart du temps, dans la vie de tous les jours, des personnages totalement insignifiants.

à l’instant, Gouderien a dit :

Je crois malheureusement qu'il existe une prédisposition humaine au mal. Même des gens qui ne feraient pas de mal à une mouche sont fascinés par des criminels. Peut-être y a-t-il un aspect romantique, voire sexuel, dans cette attraction qu'exercent les tueurs en série (...)

Ah moi ils ne me fascinent absolument pas, ils me terrifient. Le Mal sous tous ses aspects me terrifie.

Il y a 1 heure, Elisa* a dit :

Le culte de la personnalité serait bien une piste comme pour grand nombre, voire la totalité des dictateurs. 

Parce que tu connais quelqu'un (de vivant ça s'entend!) qui n'a pas le culte de la personnalité?

il y a 19 minutes, Passiflore a dit :

 

Il paraît que les tueurs en série (par exemple) fascinent certaines femmes; nombreuses sont les visiteuses de prison cherchant à créer un lien avec des assassins.

Qu'est-ce qui les pousse à cela ? Sont-ce des femmes fragiles psychologiquement ? 

Qu'est-ce qui vous pousse, vous, à parler de ces femmes-là?

il y a 4 minutes, Ambre Agorn a dit :

Qu'est-ce qui vous pousse, vous, à parler de ces femmes-là?

Mon incapacité à comprendre cette fascination-là.

il y a 7 minutes, Passiflore a dit :

 

Ah moi ils ne me fascinent absolument pas, ils me terrifient. Le Mal sous tous ses aspects me terrifie.

En ce qui me concerne, il m'en faut beaucoup pour être terrifié. Je crois que le mal m'inspire surtout du dégoût, de la répulsion. Mais Poutine est terrifiant, car il est à la fois maléfique, déséquilibré et très puissant.

Cela dit, sans aller jusque-là, il arrive que dans la vie de tous les jours on rencontre quelqu'un et que tout de suite on se dise : ce type (ou cette femme) est mauvais(e). Ça m'est arrivé dans le métro, rien qu'au son d'une voix, de me dire : ce type est une sorte de démon. Je ne sais pas si c'était vrai... Il m'est arrivé aussi qu'on me dise : faites attention à Untel, c'est un vrai salaud. J'ai haussé les épaules, et comme c'était dans le cadre du travail j'ai passé outre. Et trois ans plus tard, je me suis rendu compte, hélas, que c'était vrai. Un échantillon du mal à l'état pur, ce qui, fort heureusement, ne se rencontre pas si souvent.

Il y a 7 heures, satinvelours a dit :

En plus égaliser Hitler et tous autres dictateurs c’est banaliser Hitler et c’est banaliser les actes de Hitler. Sympa pour les victimes de la Shoah. 
Mais qu’est ce qu’il en a à faire ? Les morts russes, les morts juifs…il utilise tous ces drames pour satisfaire son  ressentiment qui n’a rien à voir en plus avec les russes. 

Mais il vous cherche et il vous trouve bien trop facilement

Il y a 6 heures, Passiflore a dit :

Mon incapacité à comprendre cette fascination-là.

Pourquoi alors en serait-il autrement pour ces femmes-là?

J'associe la fascination du mal à une forme de pouvoir, d'un ascendant sur l'autre par tous les moyens.

L'expérience de Milgram illustre bien cette fascination.

https://psychotherapie.ooreka.fr/astuce/voir/664115/experience-de-milgram

A un moment, où le pouvoir est en notre possession, et que l'on ne le contrôle plus, n'est-on pas fasciné par le mal que l'on donne !?

à l’instant, Plouj a dit :

J'associe la fascination du mal à une forme de pouvoir, d'un ascendant sur l'autre par tous les moyens.

L'expérience de Milgram illustre bien cette fascination.

https://psychotherapie.ooreka.fr/astuce/voir/664115/experience-de-milgram

A un moment, où le pouvoir est en notre possession, et que l'on ne le contrôle plus, n'est-on pas fasciné par le mal que l'on donne !?

 

Si l'on se laisse dominer par le pouvoir (et le mal qui va avec), ça prouve surtout notre faiblesse de caractère.

il y a 1 minute, Plouj a dit :

A un moment, où le pouvoir est en notre possession, et que l'on ne le contrôle plus, n'est-on pas fasciné par le mal que l'on donne !?

C'est l'expérience qui parle?

il y a 2 minutes, Gouderien a dit :

Si l'on se laisse dominer par le pouvoir (et le mal qui va avec), ça prouve surtout notre faiblesse de caractère.

De belles paroles, mais cette expérience semble avoir été tenté avec pas mal de monde et le résultat est surprenant !

il y a 2 minutes, Ambre Agorn a dit :

C'est l'expérience qui parle?

L'expérience de Milgram.. c'est tout et c'est déjà pas mal !