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Balzac doit se retourner dans sa tombe !


Crève

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Membre, 42ans Posté(e)
Crève Membre 3 543 messages
Mentor‚ 42ans‚
Posté(e)

Titre putaclic s'il en est, pour débriefer sur l'adaptation récente d'un des romans de l'écrivain tourangeau : Eugénie Grandet.

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J'en appelle aux balzacien-es pour et relire le roman, et visionner l'adaptation de Marc Dugain, actuellement au cinéma. J'ai posté volontairement dans la section littérature et non dans la section cinéma, pour ouvrir une discussion sur le roman d'Honoré.

Mon ressenti du film tout d'abord :

On va dire jusqu'aux trois quart du film, rien ne m'a spécialement choqué quant à l'adaptation. Les décors et l'ambiance sont bien faits, on se croirait dans l'époque, le vent passe sous les portes, les habitations de province respirent l'humidité, et un personnage de Paris contraste grandement avec la vie austère de campagne. Je reviens pas sur l'histoire, je vous invite à relire Balzac. Puis, vient un moment du film où on se plonge 5 ans après le départ de son cousin Charles. Et là on découvre une Eugénie métamorphosée en féministe du XXI, lançant à son père, à table (lui qui apporte le pain quotidien) : "Dieu n'est qu'une invention des hommes pour nous soumettre nous les femmes", alors qu'on la découvrait pieuse au début du film. Cette rébellion contre, notamment le christianisme, ne m'apparaît pas dans le roman de Balzac, et pire même, puisqu'au début du roman, Balzac dépeint son Eugénie comme ayant des traits de beauté liés à son éducation chrétienne. Vouloir la faire se rebeller à la fin contre le religieux est une liberté qui pour moi trahit le roman. Le trait féministe est trop forcé, le film en fait une femme indépendante et non mariée, alors que dans le roman elle a trouvé un compromis, elle se marie avec Bonfonds pour convenance mais reste indépendante. Et dans le film, que fait-elle de sa fortune ? Elle dit partir voyager, lubie de l'actuelle hyperclasse mondialisée du XXI siècle, tout l'opposé des aspirations d'une personne "pieuse et bonne", pour reprendre les mots du roman. "pieuse et bonne" sur la dernière page du roman, et de "saintes pensées", tout le champ lexical du religieux habite son personnage sur la dernière page du roman, elle n'en est pas à cracher sur l'église comme dans le film où le réalisateur en fait une progressiste en guère contre le patriarcat de tous poils.

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Membre, forumeuse acharnée, Posté(e)
querida13 Membre 48 356 messages
forumeuse acharnée,
Posté(e)

En effet, c'est une femme qui fait un mariage de raison après une déception amoureuse mais qui va se consacrer à des oeuvres caritatives afin de redistribuer aux pauvres l'argent  acquis  par son  avare de père par  des moyens pas toujours très honnêtes.

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Membre, Ursidé bien léché, 74ans Posté(e)
l'ours 5785 Membre 5 076 messages
74ans‚ Ursidé bien léché,
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Bof ! C'est une habitude maintenant dans les adaptations cinématographiques des romans classiques de prendre des largesses avec l'histoire originelle. Je me rappelle il y a quelques années, la série "le comte de Monte-Christo", tournée par TF1 avec Gérard Depardieu, ils avaient fait la même chose sous le fallacieux prétexte que les spectateurs voulaient que les histoires se terminent bien.

Bon, c'était TF1, alors il ne faut pas trop en demander. :spiteful:

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Membre, Obsédé textuel, 73ans Posté(e)
Gouderien Membre 38 269 messages
73ans‚ Obsédé textuel,
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Le 25/10/2021 à 22:08, l'ours 5785 a dit :

Bof ! C'est une habitude maintenant dans les adaptations cinématographiques des romans classiques de prendre des largesses avec l'histoire originelle. Je me rappelle il y a quelques années, la série "le comte de Monte-Christo", tournée par TF1 avec Gérard Depardieu, ils avaient fait la même chose sous le fallacieux prétexte que les spectateurs voulaient que les histoires se terminent bien.

Bon, c'était TF1, alors il ne faut pas trop en demander. :spiteful:

L'idéal, c'est d'éviter ce genre d'adaptation.

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Membre, Un oiseau la tête en bas !, Posté(e)
Sittelle Membre 12 316 messages
Un oiseau la tête en bas !,
Posté(e)

Même constatation concernant les mises en scène des opéras lyriques ..

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Membre, forumeuse acharnée, Posté(e)
querida13 Membre 48 356 messages
forumeuse acharnée,
Posté(e)

Mais tu avoueras tout de même que l'Eugénie Grandet  du roman, par son comportement généreux  s'oppose post mortem  au manipulateur  narcissique qu'est son père.

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Membre, forumeuse acharnée, Posté(e)
querida13 Membre 48 356 messages
forumeuse acharnée,
Posté(e)

Si tu veux faire un parallèle avec d'autres romans, le père Grandet ressemble au noble du livre intitulé  le guépard  ( de Tomasi de Lampedusa)qui écarte du chemin amoureux de sa fille son cousin Tancrède en lui présentant Angelica , la fille du maire.

Tandis que le comportement généreux de la fille Grandet  rappelle fortement la générosité incroyable de celle de Mme de Numance dans le livre intitulé les âmes fortes de Giono.

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Membre, 42ans Posté(e)
Crève Membre 3 543 messages
Mentor‚ 42ans‚
Posté(e)
Le 26/10/2021 à 11:34, querida13 a dit :

Mais tu avoueras tout de même que l'Eugénie Grandet  du roman, par son comportement généreux  s'oppose post mortem  au manipulateur  narcissique qu'est son père.

Oui, je le reconnais, bien que j'aurais choisi l'adjectif "avare" plutôt que "narcissique" à l'endroit du père.

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Membre, forumeuse acharnée, Posté(e)
querida13 Membre 48 356 messages
forumeuse acharnée,
Posté(e)

Eugénie Grandet est plutôt la version romancée d'un proverbe de cinq mots:

A père avare, enfant prodigue.

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Membre, 77ans Posté(e)
Blaquière Membre 19 162 messages
Maitre des forums‚ 77ans‚
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Le 25/10/2021 à 21:44, Crève a dit :

Titre putaclic s'il en est, pour débriefer sur l'adaptation récente d'un des romans de l'écrivain tourangeau : Eugénie Grandet.

image.jpeg.b5734abbe0fec0c5a24d6240595382bf.jpeg

J'en appelle aux balzacien-es pour et relire le roman, et visionner l'adaptation de Marc Dugain, actuellement au cinéma. J'ai posté volontairement dans la section littérature et non dans la section cinéma, pour ouvrir une discussion sur le roman d'Honoré.

Mon ressenti du film tout d'abord :

On va dire jusqu'aux trois quart du film, rien ne m'a spécialement choqué quant à l'adaptation. Les décors et l'ambiance sont bien faits, on se croirait dans l'époque, le vent passe sous les portes, les habitations de province respirent l'humidité, et un personnage de Paris contraste grandement avec la vie austère de campagne. Je reviens pas sur l'histoire, je vous invite à relire Balzac. Puis, vient un moment du film où on se plonge 5 ans après le départ de son cousin Charles. Et là on découvre une Eugénie métamorphosée en féministe du XXI, lançant à son père, à table (lui qui apporte le pain quotidien) : "Dieu n'est qu'une invention des hommes pour nous soumettre nous les femmes", alors qu'on la découvrait pieuse au début du film. Cette rébellion contre, notamment le christianisme, ne m'apparaît pas dans le roman de Balzac, et pire même, puisqu'au début du roman, Balzac dépeint son Eugénie comme ayant des traits de beauté liés à son éducation chrétienne. Vouloir la faire se rebeller à la fin contre le religieux est une liberté qui pour moi trahit le roman. Le trait féministe est trop forcé, le film en fait une femme indépendante et non mariée, alors que dans le roman elle a trouvé un compromis, elle se marie avec Bonfonds pour convenance mais reste indépendante. Et dans le film, que fait-elle de sa fortune ? Elle dit partir voyager, lubie de l'actuelle hyperclasse mondialisée du XXI siècle, tout l'opposé des aspirations d'une personne "pieuse et bonne", pour reprendre les mots du roman. "pieuse et bonne" sur la dernière page du roman, et de "saintes pensées", tout le champ lexical du religieux habite son personnage sur la dernière page du roman, elle n'en est pas à cracher sur l'église comme dans le film où le réalisateur en fait une progressiste en guère contre le patriarcat de tous poils.

J'ai pas vu le film, mais je crois qu'ils ne sont pas allé assez loin d'après ce que tu dis. Féministe ? Pfff ! Petits joueurs ! Ils auraient dû au moins la faire homosexuelle, là c'était bien dans notre époque...

Mieux : Transgenre ! Et je change le titre : "Eugène Grandot !"

"partir voyager, lubie de l'actuelle hyperclasse mondialisée du XXI siècle"

J'aime bien ce que tu dis !

 

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Membre, Obsédé textuel, 73ans Posté(e)
Gouderien Membre 38 269 messages
73ans‚ Obsédé textuel,
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Le 25/10/2021 à 22:45, Sittelle a dit :

Même constatation concernant les mises en scène des opéras lyriques ..

Entièrement d'accord, et c'est pour ça que j'écoute des opéras... surtout chez moi, sur ma chaîne. On respecte la musique à la note près, mais on se croit tout permis en ce qui concerne la mise en scène, au point d'arriver à des résultats délirants.

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Membre, 77ans Posté(e)
Blaquière Membre 19 162 messages
Maitre des forums‚ 77ans‚
Posté(e)
Le 25/10/2021 à 22:16, Gouderien a dit :

L'idéal, c'est d'éviter ce genre d'adaptation.

Ils font ça uniquement parce qu'ils pensent qu'avec la célébrité du titre ils auront une recette minimum assurée.

C'est une conception économique de "l'art" (qui n'en est donc pas). Tant d'investissement, tant de recette plus les subventions...

Et ils pensent améliorer les gains en sacrifiant à la mode du moment... Le tout c'est d'arnaque le client. Il suffit qu'il paye sa place et c'est gagné...

Évidemment que tout le monde s'en fout d'Eugénie Grandet ! :dance:

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Membre, Un oiseau la tête en bas !, Posté(e)
Sittelle Membre 12 316 messages
Un oiseau la tête en bas !,
Posté(e)
Le 29/10/2021 à 08:06, Gouderien a dit :

Entièrement d'accord, et c'est pour ça que j'écoute des opéras... surtout chez moi, sur ma chaîne. On respecte la musique à la note près, mais on se croit tout permis en ce qui concerne la mise en scène, au point d'arriver à des résultats délirants.

Suis pas capable de rester  3 h voir plus assis dans un fauteuil les yeux clos pour écouter  chez moi un opéra ..  

Sais pas j'arrive pas .. forcement je vais faire des tas d'autres choses en même temps .. sans parler de l'acoustique ..

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Membre, Obsédé textuel, 73ans Posté(e)
Gouderien Membre 38 269 messages
73ans‚ Obsédé textuel,
Posté(e)
Le 31/10/2021 à 18:28, Sittelle a dit :

Suis pas capable de rester  3 h voir plus assis dans un fauteuil les yeux clos pour écouter  chez moi un opéra ..  

Sais pas j'arrive pas .. forcement je vais faire des tas d'autres choses en même temps .. sans parler de l'acoustique ..

J'écoute rarement 3 heures à la suite... J'ai pitié de mes voisins (mais depuis le temps ils sont habitués). Et je ne reste pas assis les yeux clos, en général je fais toujours autre chose à la fois.

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Membre, Un oiseau la tête en bas !, Posté(e)
Sittelle Membre 12 316 messages
Un oiseau la tête en bas !,
Posté(e)
Le 31/10/2021 à 20:15, Gouderien a dit :

J'écoute rarement 3 heures à la suite... J'ai pitié de mes voisins (mais depuis le temps ils sont habitués). Et je ne reste pas assis les yeux clos, en général je fais toujours autre chose à la fois.

Hum .. connaissez vous le plaisir d'un opéra live ? 

C'est tellement différent d'un enregistrement si bon doit il .. 

Parce qu'il ne régale pas seulement l'ouie .. il parle à beaucoup d'autres sens ..

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Membre, Obsédé textuel, 73ans Posté(e)
Gouderien Membre 38 269 messages
73ans‚ Obsédé textuel,
Posté(e)
Le 31/10/2021 à 20:54, Sittelle a dit :

Hum .. connaissez vous le plaisir d'un opéra live ? 

C'est tellement différent d'un enregistrement si bon doit il .. 

Parce qu'il ne régale pas seulement l'ouie .. il parle à beaucoup d'autres sens ..

Je connais. Mais la musique est pour moi un besoin de tous les jours, pas seulement un spectacle où aller de temps en temps. 

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Membre, Un oiseau la tête en bas !, Posté(e)
Sittelle Membre 12 316 messages
Un oiseau la tête en bas !,
Posté(e)
Le 31/10/2021 à 21:03, Gouderien a dit :

Je connais. Mais la musique est pour moi un besoin de tous les jours, pas seulement un spectacle où aller de temps en temps. 

J'ai la chance de savoir écouter les silences qui m'entourent mais aussi de pouvoir assister à des spectacles dans de beau espaces.

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Membre, 46ans Posté(e)
Beebee Membre 6 235 messages
Maitre des forums‚ 46ans‚
Posté(e)
Le 25/10/2021 à 21:44, Crève a dit :

Titre putaclic s'il en est, pour débriefer sur l'adaptation récente d'un des romans de l'écrivain tourangeau : Eugénie Grandet.

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J'en appelle aux balzacien-es pour et relire le roman, et visionner l'adaptation de Marc Dugain, actuellement au cinéma. J'ai posté volontairement dans la section littérature et non dans la section cinéma, pour ouvrir une discussion sur le roman d'Honoré.

Mon ressenti du film tout d'abord :

On va dire jusqu'aux trois quart du film, rien ne m'a spécialement choqué quant à l'adaptation. Les décors et l'ambiance sont bien faits, on se croirait dans l'époque, le vent passe sous les portes, les habitations de province respirent l'humidité, et un personnage de Paris contraste grandement avec la vie austère de campagne. Je reviens pas sur l'histoire, je vous invite à relire Balzac. Puis, vient un moment du film où on se plonge 5 ans après le départ de son cousin Charles. Et là on découvre une Eugénie métamorphosée en féministe du XXI, lançant à son père, à table (lui qui apporte le pain quotidien) : "Dieu n'est qu'une invention des hommes pour nous soumettre nous les femmes", alors qu'on la découvrait pieuse au début du film. Cette rébellion contre, notamment le christianisme, ne m'apparaît pas dans le roman de Balzac, et pire même, puisqu'au début du roman, Balzac dépeint son Eugénie comme ayant des traits de beauté liés à son éducation chrétienne. Vouloir la faire se rebeller à la fin contre le religieux est une liberté qui pour moi trahit le roman. Le trait féministe est trop forcé, le film en fait une femme indépendante et non mariée, alors que dans le roman elle a trouvé un compromis, elle se marie avec Bonfonds pour convenance mais reste indépendante. Et dans le film, que fait-elle de sa fortune ? Elle dit partir voyager, lubie de l'actuelle hyperclasse mondialisée du XXI siècle, tout l'opposé des aspirations d'une personne "pieuse et bonne", pour reprendre les mots du roman. "pieuse et bonne" sur la dernière page du roman, et de "saintes pensées", tout le champ lexical du religieux habite son personnage sur la dernière page du roman, elle n'en est pas à cracher sur l'église comme dans le film où le réalisateur en fait une progressiste en guère contre le patriarcat de tous poils.

Dès le départ il s'agissait d'une adaptation libre du roman de Balzac et d'une volonté de Marc Dugain de s'approprier cette histoire et d'en faire quelque chose de plus personnel. C'est totalement assumé par le metteur en scène (Le délire ultra attendu autours de l'héroïne lesbienne ou trangenre, c'est lourd à force).

Peut-être ne fallait-il pas l'appeler Eugénie Grandet? Une chose est sure, ça va relancer la lecture du roman. De quoi se plaint-on?

Edit : Ai vu l'excellente adaptation de "Illusions perdues". Pas de critique du patriarcat pour ceux qui s'inquièteraient, parce que Lucien de Rubempré est victime d'autre chose....J'ai adoré!

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