Dans les eaux du fleuve.

Le temps semble arrêté dans ce dédale de stalactites irisées, la voûte immense qui me surplombe, c'est ...Le ciel ? Je pointe du doigt, et lève mon menton. Non au plus haut, là !. Regarde, oui là tout en haut, à l'acmé, cette immense colonne de cuivre, de feu, non ce n'est certes pas le ciel !

 

Mais alors ce dôme insensé, universel sans mesure qui m'enveloppe. Où suis je ?

 

 

 

Oh tu es là !

Non ne ries pas de mon étonnement, à l'instant je te fais découvrir ce baldaquin magnifique, que serpentent des soupirs impuissants, pourtant je ne t'ai pas encore salué.

 

 

Bonjour, bonsoir, choisis,

Je reviens de loin, je rentre de voyage des reflets chatoyants dans les yeux, des écumes de pipes dans les cheveux. A vrai dire, je ne sais pas finalement si je ne suis pas encore dans ce monde féerique, ... que je te dévoile. Lève à nouveau les yeux, dis moi que tu les vois toi aussi ces étoiles de feux qui brasillent ?

 

J'ai goûté aux saveurs sulfureuses des eaux du Styx, Caronte encore une fois n'a pas voulu me garder !

 

Chaque visites aux quelles il m'invite me ravissent. Je ne sais pas, j'imagine que je ne suis pas la seule, il me semble même déraisonnable de penser que je sois la seule, l'unique privilégiée à pouvoir me baigner dans ce fleuve, imposant, mystérieux, sombre et à la fois étincelant de toutes les étoiles filantes disparues dans les fonds sombres de nos consciences. Mais c'est pourtant vrai nageant dans ce fleuve, je n'ai rencontré personne d'assez osé pour me coutoyer dans les flots.

 

Son accueil est chaleureux, les eaux dans lesquelles je me laisse prélasser sont si limpides j'imagine qu'il me serait possible de toucher du pied les trésors qui tapissent le tréfonds de mon âme. Mais elles atteignent une telle profondeur que le commun des vivants n'y verrait que la noirceur de la mort.

 

Les effluves partent en volutes jaune souffre agaçant mes sens, m'enivrent me délient l'esprit en délires affriolants, je nage, j'engage mon corps dans les remous argentés des ressacs , je plonge, l'élément entour de douceur mes épaules, mes seins aux aréoles tendues aux bourgeons indécents, mes bras m'effleurent alors que l'eau m'embrassent.

 

Une grande inspiration et me voilà visitant le monde noyé de la conscience ultime. Ce qui de haut, de la berge me semblait si pure si vif, si attirant l'est plus encore a présent. Regarde, ma main glisse dans un rideau de plantes vermeilles, merveilles ondulantes aux tranches affinées. Regarde comme mon bras qui s'y glisse en est épousé. Je tâte au delà des feuillages luxuriants mes doigts contactent l'angle rêche d'une roche. Je veux y être, mais il me faut renoncé. Je me croyais poisson, je ne suis qu'une naïade, je dois respirer.

 

Sur le dos, mes mains balayent la surface du fleuve avec la douceur de l'effleure d'un papillon je scrute le dôme de stalactite cuivrée qui incendie la nuit, étoile marine je redessine la course d'un astre hypnotique. Avec la lenteur d'une algue qui ondule, la légèreté d'une brindille iridescente.

 

Mon cerveau vagabonde malgré l'eau paisible, mes interrogations existentielles m'assaillent. Pourquoi donc le passeur d'âmes depuis ce lointain jour m'offre les joies de ce bain. J'aime à venir noyer mes idées sombres sur ces rivages dont le clapotis tranquille m'apaise Le bruissement feutré de la godille le feulement de l'embarcation me bercent.

 

Je me demande si un jour j'aurai la force de lui demander pourquoi cette faveur.

 

Mais ma curiosité est la plus grande aujourd'hui, enfin je parle de l'exploration du monde immergé. Petite boule qui bascule, flèche sèche et tendue, je me laisse glisser vers le fond, juste au dessous de la colonne des riches au doigt menaçant tendu. Les lames vertes, soyeuses m'enveloppent, ma main reconnaît l'angle rêche de l'arche qui me happe. La lumière me fait ciller. Les bulles dansent dans des éclats dorés qui m'aveuglent. J'avale une gorgée de salive, je serre les poings .

 

Je cligne des yeux … Lentement je m'accroche aux images qui m'entourent.

 

La Fortune, montagne noyée, pointée d'en haut par la colonne des riches, surmontée d'une coupole de cristal, vibrante. Mon regard s'illumine ébahie. Je suis là devant ce trésor.

 

Face à l'arche un trône incrusté de gemmes semble m'inviter à une pause pourtant c'est sur un banc taillé dans la roche que je m'attarde. Mes doigts parcourent tels ceux d'un aveugle les incisions laissées pas le marteau un sculpteur.

Quelle maxime m'est dévoilée, quel présage ? Je scrute le trône précieux, et mon attention se fixe sur la forme fantomatique d'un triton qui s'y prélasse. Perplexe, je vagabonde de points de vue en plans arrières, tente de déchiffrer le message qui s'impose.

 

Vois tu mon ressenti confus est celui d'une admonition. Ou d'un avertissement, je ne sais.

Triton se lève du trône, me fait signe de m'y installer. Incrédule je secoue la tête, les incisions que mes doigts parcourent encore ne me sont d'aucun secours, et pourtant je sais, je sens que je suis sur ce ban de méditation comme à ma place, en sécurité !  Que lorsque je serais enveloppée des orfèvreries qui composent le siège du triomphe, une bataille sera perdue. Mais laquelle ? Et pour quelles raisons obscures ? Es tu capable de comprendre cette interrogation toi qui m'écoute je le vois bien avec une attention louable, que ferais tu à ma place ?

 

L'homme poisson s'impatiente, il brandit dans ma direction son trident il n'est pas furieux, mais semble désappointé que je prenne tant de temps pour me décider.

 

J’hésite encore, quelques forces que je ne comprends pas me clouent sur cette pierre aux runes énigmatiques. Mon regard, de moins en moins serein cherche dans l'obscurité des recoins de la caverne merveilleuse un indice, un peu d'aide.. une échappatoire. Le roi des eaux s'amuse à me bousculer des pointes de son arme. Chacune scintille d'un joyau taillé d'une géométrie et d'une couleur différente. Je ferme les yeux, trois pointes... comme la trinité des chrétiens bien sur..., c'est aussi l'entier naturel, nombre premier.. mais alors pourquoi, pour quelle signification ?

 

Trois : passé, présent, futur ?

 

Trois : le ciel, la terre, les enfers ?

 

Le triangle que c'est approprié la franc-maçonnerie ?

 

Mais encore ?

 

Je garde les yeux clos, esquisse un sourire .... et si c'était qu'il me fallait tout apprendre, serai je l'apprentie, élue pour recevoir la connaissance .. Non.. je secoue la tête avec énergie, cela n'a aucun sens..

 

Forcement fortuit..

 

 

Il me titille, je le vois s'amuser de mon trouble. Ce pourrait il que ce jeu ne soit qu'un jeu ? Mais les pierreries qui scintillent sous les éclats dorés du trésor alors… ?

 

Violet, l'améthyste : La paix, la sérénité, la plénitude et surtout la sagesse. Soupir.. Si seulement ! Je désire tout cela si ardemment.

 

Cette navette jaune, une citrine ? Celle qui positive, écarte le mauvais œil,et développe la confiance .. j'en manque tellement il est vrai .. De quelle confiance est ce que je manque au juste ? La confiance que j'accorde aux autres sans doutes.

 

Profond soupir !

 

Et cette dernière qui irradie comme un coucher de soleil, rouge, flamboyante, elle absorbe les raies de lumière. Mes mains s'en approchent malgré moi, je la caresse, la chaleur exquise me rend plus osée.

 

Alors que mes mains se réchauffent, la cornaline se désolidarise de son support, Triton recul, souriant, s'installe et s'étire sur le trône. Il ne cache pas son sourire satisfait.

 

Sa forme est une sphère presque parfaite, surface lisse, soyeuse, les veines qui la parcourent sont des torrents de lave incandescents. Cornaline, puissance et guérison.

 

 

L'homme poisson sourit toujours, il a délaissé son arme et s’applique a souffler dans sa conque, la mélopée froide qui s'en échappe me crispe ! Je frissonne, imagine un danger indicible. Ma peur m'arrache à la banquette de pierre froide. Avant de traverser l'arche mon regard une dernière fois croise celui de Triton qui ne cesse de jouer son air triste, il me congédie d’une main qui semble lasse. La brume monte...

 

La caresse des plantes aquatiques me rendent à la vie, je regagne la berge, le corps las. Dessous le temps suspendu ne défilait plus....

 

Je reprends ma respiration avec avidité, maintenant allongée sur la rive, encore caressée par les vaguelettes je regarde songeuse passer la barque, sa silhouette sombre, sa lanterne blafarde à la proue, le remous de la rame comme un léger chuintement je tente de résister mais je me sens épuisée.

 

 

 

Des bruits, raclement de pieds, de chaises me font sursauter..

Comment ? Tu es encore ici ! Depuis combien de temps me regardes tu dormir ?

 

Tout cela n'est qu'un rêve c'est cela, c'est ce que tu penses ? Regarde mes vêtements ne sont pas encore sec. Et puis vois dans le creux de ma main, cette pierre, cette cornaline ! Je la serre , elle est ma conquête.

 

 

 

Viens, tends moi la main, nous partons... mais tu peux emporter tous ces trésors .. Ferme les yeux, fais un vœux.

 

 

il y a 29 minutes, Sittelle a dit :

Le temps semble arrêté dans ce dédale de stalactites irisées, la voûte immense qui me surplombe, c'est ...Le ciel ? Je pointe du doigt, ee lève mon menton. Non au plus haut, là !. Regarde, oui là tout en haut, à l'acmé, cette immense colonne de cuivre, de feu, non ce n'est certes pas le ciel !

Quel imaginaire vous avez Sitelle ?

Je ne me sens pas capable d’en faire autant, moi qui ne me souviens même pas de mes rêves.

Peut être que l’afflux de sang au cerveau du petit oiseau qui a la tête en bas, est la cause de cette prédisposition poétique incontestable ?

J’ai bien aimé lire votre texte avec son moment suspendu, décrivant le merveilleux…

Bravo à vous.

il y a 57 minutes, Enchantant a dit :

Quel imaginaire vous avez Sitelle ?

Je ne me sens pas capable d’en faire autant, moi qui ne me souviens même pas de mes rêves.

Peut être que l’afflux de sang au cerveau du petit oiseau qui a la tête en bas, est la cause de cette prédisposition poétique incontestable ?

J’ai bien aimé lire votre texte avec son moment suspendu, décrivant le merveilleux…

Bravo à vous.

J'ai encore, malgré mon attention laissé passer des fautes ..  Que je ne peux plus corriger !

Moi aussi j'aime bien.

J'adore, c'est très poétique!

— Et j'aime beaucoup le style si particulier que tu as adopté là, avec des voix à la fois à la première, deuxième et troisième personne... — à explorer les eaux mystérieuses, aventures oniriques... et même des gemmes. Superbe.

 

Merci à vous trois .

.

Il y a 1 heure, jul77 a dit :

Joli.

Tu me vexes là !

.

il y a une heure, jul77 a dit :

OK. Bon.... je vire. 

Suis désolée.. c'est juste que le mot joli à une connotation tellement "nunuche" pour moi .. Et pas que !

.

à l’instant, jul77 a dit :

OK. Du coup, j'ai plus rien a dire. Beaucoup plus simple.

Encore désolée ..

 Suis certaine que tu aurais bien des trucs plus constructifs à dire .. Quitte à ce que ce soit des critiques négatives .. mais ni joli ni gentil setup ...

 

C'est difficile et peu audible de dénier aux autres ce qu'inspire sa prose et d'exiger de ne pas employer des termes qui ne te/nous conviennent pas...

.

il y a 13 minutes, jul77 a dit :

Constructif ? Sans moi. 

Demande aux autres de dire ce que tu veux qu'ils disent avec le bon vocabulaire..... 

C'est ouvert à tous .. et je n'attends pas  une approbation de tous ..

C'était juste l'envie d'un partage, c'est parfois tentant... .. et je regrette de l'avoir fait .. Je n'assume pas mes expositions, mais c'est trop tard ..

rambo est vexé: il a confondu la poésie avec une geisha

il y a une heure, Mite_Railleuse a dit :

C'est difficile et peu audible de dénier aux autres ce qu'inspire sa prose et d'exiger de ne pas employer des termes qui ne te/nous conviennent pas...

vous n allez pas empecher à un auteur de topic d etre l animateur et le maitre après dieu du sujet qu il a créé;ne pas laisser de petits opportuns confisquer une oeuvre qui les dépasse, est meme un devoir d utilité publique

il y a une heure, Mite_Railleuse a dit :

C'est difficile et peu audible de dénier aux autres ce qu'inspire sa prose et d'exiger de ne pas employer des termes qui ne te/nous conviennent pas...

Curieux le mot audible pour des échanges en lecture seule . Non ?

Plonger dans des eaux... dormantes

C'est paraît-il plonger dans son inconscient.

Mais plonger dans les eaux du Styx ?

Une eau courante ? Mourante ?

C'est pas courant ! Et même Osé !

Et puis en revenir ?

Tu rêves !

Il y a 1 heure, Blaquière a dit :

Plonger dans des eaux... dormantes

C'est paraît-il plonger dans son inconscient.

Mais plonger dans les eaux du Styx ?

Une eau courante ? Mourante ?

C'est pas courant ! Et même Osé !

Et puis en revenir ?

Tu rêves !

Je rêve ?  Suis pas certaine que ce ne soit pas plutôt des délires ..