Affaire Daval, le procès

Le légiste poursuit en évoquant les lésions dorso-lombaires, compatibles avec un placage au sol, il termine en répétant que les coups au visage ont été particulièrement violents (là encore ça correspond à ce que dit JD). Alexia est morte par strangulation manuelle. 

Sur question du président, le témoin précise :  La compression bilatérale des artères carotides c'est quand on appuie très fort sur les deux côtés du cou. Il ne faut pas appuyer très longtemps pour provoquer une perte de connaissance. Après tout dépend si la pression est poursuivie ou pas.

Prsdt : Combien de temps pour la perte de connaissance ?

Légiste : C’est difficile à dire, il n’y a pas deux étranglements qui sont pareils. Mais il ne faut pas appuyer très longtemps avant de provoquer une perte de connaissance au bout de quelques dizaines de seconde. Si on continue à appuyer, en l’espace de 5 minutes, cela provoque des dégâts irréversibles au niveau cérébral qui vont entraîner la mort. 

Les avocats se font expliquer/préciser, les termes techniques employés. Le président demande au légiste pourquoi Alexia aurait ingéré des aliments en rapport avec une raclette et qu'on ne les retrouve pas dans le bol alimentaire. Le légiste évoque une possible régurgitation.

Ce qu'il faut comprendre c'est que par rapport au bol alimentaire, le légiste remettait immédiatement en question le moment de la mort d'Alexia. Tout de suite il a posé la question : "mais quelqu'un l'a vue courir cette petite ?"  Et non, personne ne l'avait vue courir. Dès ce moment les enquêteurs ont douté un peu plus des dires de JD. 

Me Richard attaque sur les spermatozoïdes retrouvés dans le vagin d'Alexia. Le légiste précise : les spermatozoïdes vivent classiquement 3 jours et jusqu'à 5 jours, dans le vagin. 

Il répète encore : aucune lésion traumatique.

(pour rappel : JD déclare la disparition le 28/10, on retrouve le corps le 30/10)

Sur la régurgitation, une possible anorexie avait été évoquée, notamment par la mère d'Alexia, mais le légiste indique : Aucune trace trouvée dans l'oesophage qui indiquerait que la jeune femme se faisait vomir de façon répétée/ habituelle.

Sur les coups portés : 

Me Portejoie : "Mais qu'est-ce qu'il s'est vraiment passé finalement entre eux deux ?

- Rien ne permet d'affirmer que les coups ont été donnés avant la stangulation. Je ne peux pas me prononcer sur la chronologie des actions vulnérantes. 

Me Portejoie : Combien de coups auraient été portés d'après vous ?

- Il faut compter entre 5 et 10 coups violents pour obtenir ce tableau lésionnaire.

Sur question il ré-explique encore : Sur l'asphyxie par étranglement, il faut une privation d'oxygène de 4 à 5 minutes pour que cela entraîne la mort, après la perte de conscience, qui intervient au bout de 30-40 secondes si on serre en continu, expiique le professeur. 

Me Portejoie assène à l'attention des jurés : C'est extrêmement long. maginez ! 4-5 minutes de pression, c’est ça la scène, c’est énorme ! Déjà une minute de silence, c’est long ! 

Me Portejoie : Jonathann Daval a-t-il eu conscience qu'Alexia perdait connaissance ?

- oui, c'est perceptible, s'il est en état de s'en rendre compte. Mais quelqu'un qui est en train de serrer le cou de quelqu'un n'est pas dans un état normal. 

(je comprends pas bien le déroulement du procès décidémment. L'histoire de la mère de JD, maintenant Portejoie qui plaide littéralement - il n'a pas le droit - et n'est pas repris par le président. Bon...)

L'AG utilise la même ficelle que les parties civiles (et que tous, dans tous les procès). Reformuler les termes techniques pour choquer les jurés. 

AG : Est-ce qu'on peut parler de tabassage ? D'acharnement ?

- Je n'utilise pas ce terme dans mes rapports, je ne me prononce jamais sur l'intentionnalité des faits. Je ne peux pas me prononcer sur la notion d'acharnement.

L'AG insiste, mais le légiste se défent : ce n'est pas de me compétence, je ne sais pas ce qui se passe dans la tête de celui qui fait ça. Demandez aux psychiatres. 

(Pour rappel : JD a dit lors de la reconstitution qu'il bloquait le corps d'Alexia avec le sien contre le mur quand il l'étranglait)

Me Schwerdorffer fait préciser au légiste qu'il n'y a pas eu de fracture constatée au niveau du visage. Il est question ensuite du dernier rapport sexuel entre le couple, qui fait débat.

Me Schwerdorffer revient sur les spermatozoïdes et précise que JD a fait état d'un rapport sexuel avec Alexia le mercredi.

Légiste : C'est compatible. 

Me Schwerdorffer : A t-on la preuve de l'existence d'un rapport sexuel post-mortem  ?

Légiste : A l'examen, rien ne permet de faire une telle affirmation, Non seulement il n'y a pas de preuve, mais pas d’argument positif en faveur de cette hypothèse. 

(Pour rappel, ils ont donc un rapport le 25, le mercredi. Alexia est tuée le 28 et retrouvée le 30, le lundi, soit 4-5 jours après le rapport).  

Et la thèse avancée par la famille de la victime selon laquelle elle aurait été empoisonné par son époux en lui forçant d'ingérer des médicaments.

Est -elle une piste crédible ?Des traces de ces médicaments suspects ont été retrouvés dans le sang d'Alexia  .

Il voulait la tuer à petit feu d'aprés les propos des parents d'Alexia. 

Faut attendre l'audition des toxicologues là dessus. 

Le professeur Tracqui est de retour à la barre après une suspension d'audience. 

Il compare les déclarations de Jonathann Daval aux constatations médico-légales. La première version du récit de la nuit par Jonathann Daval n'était pas compatible avec les lésions observées par les légistes sur le corps d'Alexia.

Pour rappel, première version : Il l'aurait attrapée par le cou, puis étranglée avec ses 2 mains. Après 4-5 minutes, le corps d'Alexia aurait chuté dans les escaliers. Jonathann l'a traîné jusqu'au garage pour le mettre dans sa voiture de service. Cette version omet les coups. Et le légiste dit bien qu'une chute dans les escaliers n'aurait pas occasionné les lésions (plus graves) qu'il a constatées. 

Le professeur Tracqui a assisté à la reconstitution où Jonathann Daval a donné une complète version des faits, cette fois-ci compatible avec les constatations médico-légales. "La tête cognée contre le mur du garage, les 5 à 10 coups de poing", puis la strangulation. Quand il la lâche, son corps tombe dans l'escalier. Il affirmait ensuite "l’avoir secoué et violemment giflée pour la réveiller. Il l'avait ensuite tirée par les bras, serait allé chercher le véhicule Nemo, l’aurait rentré le garage et y aurait mis le corps d’Alexia. 

Jonathann Daval dit ensuite avoir "pris des médicaments, des somnifères situés dans la table de nuit, s’être réveillé plusieurs fois et être allé voir le corps. Vers 9h30, il prend la direction du bois d’Esmoulins. Sur place, il sort le corps de son épouse en la tirant par les pieds et en la faisant chuter à terre sur le dos. Il est allé chercher un drap et a recouvert le corps. Lors de la reconstitution, il reconnaît pour la première fois avoir bien mis le feu au cadavre. Il a aspergé le drap avec une bombe aérosol puis a mis le feu à des branchages. Il indique avoir allumé à chaque coin du drap.

La question "a-t-il ciblé certaines zones anatomiques ?" lui est posée. "Il répond par la négative". Il ne s'explique pas sur le ciblage de zones particulières de crémation du corps (cou, zone pelvienne). 

Cette version finale de Jonathann Daval où il assume seul la responsabilité de la mort et de la crémation d'Alexia est "compatible" avec les constatations faites sur le corps d'Alexia.

Me Portejoie fait remarquer qu'il s'est passé 18 mois entre les premiers aveux de JD et la reconstitution de juin 2019 où il donne le récit le plus complet. 

Me Caty Richard tient à faire souligner au légiste qu'il ne constate rien matériellement qui fasse penser à un échange de coups. Il confirme. Me Caty Richard souligne aussi que si Jonathann Daval affirme avoir mis le feu aux quatre coins du drap, les départs de feu constatés sont plutôt au niveau du cou et de la région pelvienne. L'expert confirme encore. 

L'avocat général demande au légiste si Jonathann Daval a pu manipuler le corps de son épouse sans l'aide d'un tiers. L'expert répond que pour lui, l'accusé pouvait traîner le corps de sa femme seul, comme il a fini par l'affirmer lors de l'enquête. 

Me Schwerdorffer revient sur la notion de dispute, de rixe, et interroge le médecin légiste sur la morsure constatée sur Jonathann Daval le jour où il a signalé la disparition et imputée à Alexia.

Me Schwerdorffer : Est-on capable de distinguer une morsure humaine d’une morsure de chat ?

Retour sur la photo de morsure sur le bras de Jonathann Daval qu'on a vue hier

Pr Tracqui : Il est facile de distinguer une morsure humaine. Là, on est dans un cas difficile, avec une petite lésion, pas de certitude à 100 % que ce soit une morsure humaine. 

(La partie civile respire, et pour une fois ne remet pas de pièce dans la machine, étonnant..)

Le Pr Antoine Tracqui donne son analyse du dossier médical de Jonathann Daval.

L'analyse psychologique aboutit à la présence de troubles obsessionnels compulsifs quand il était enfant et une obsession de la propreté.

On aborde maintenant le dossier médical de JD. 

Figurent 142 consultations. Terrain allergique sévère avec forte allergie aux acariens, à l’âge de 5 ans, asthme allergique, infections ORL variées, eczéma récidivant au niveau des mains et du visage. Sur le plan psy, le médecin note "l'existence d’un retard de langage diagnostiqué à l’âge de 5 ans" puis des "troubles du comportement en lien avec l’apparence physique" à l'adolescence. Forte acné, trouble de la statique rachidienne, une scoliose, avec le port d’un corset pendant deux ans.

A 17 ans, Jonathann Daval était selon son dossier médical, très angoissé par son apparence, en raison notamment du port du corset. Il souffrait alors de troubles du comportement, TOC (propreté excessive). 

Le médecin note la mort du père de Jonathann Daval à l'âge de 41 ans et une grande soeur toxicomane.

Troubles de l’érection à partir de 2016, traités par médicaments jusqu'en 2017. Expert : "Je ne peux pas affirmer qu'il y avait un trouble chronique de l'érection. Vraisemblablement il y avait une demande répétée de la part de Jonathann Daval pour disposer ce ces produits" (5 prescriptions en un an - Cialis et Viagra).

Le médecin légiste évoque enfin une "fracture de la 7e côte gauche en décembre 2016, que Jonathann Daval impute à Alexia (un coup de pied). 

Aucune prise en charge ou prescription psy au dossier, sauf le 30 octobre 2017, date de la dernière consultation de Jonathann Daval chez son médecin, qui lui prescrit un myorelaxant (Atarax). C'est le jour de la découverte du corps d Alexia.

il y a 11 minutes, January a dit :

 

Aucune prise en charge ou prescription psy au dossier, sauf le 30 octobre 2017, date de la dernière consultation de Jonathann Daval chez son médecin, qui lui prescrit un myorelaxant (Atarax). C'est le jour de la découverte du corps d Alexia.

Il  a bien dit myorelaxant?

La défense interroge l'expert sur ces problèmes d'érection : L'aspect psychologique a-t-il une incidence sur un tel traitement ?

Expert : Bien sûr, c’est purement psychogène dans 90% des cas, sauf pour les hommes âgés. Les hommes se créent une forte pression à la performance, ces médicaments sont donc prescrits pas tellement pour régler les problèmes d'impuissance organique mais pour améliorer la confiance en soi.

Les traitements contre les troubles de l'érection étaient donnés a forte dose, avec changement de molécule (Cilais puis Spedra). L'hypothèse du légiste c'est que les médicaments ne marchaient pas.

Expert : Si au sein d'un couple le partenaire ne fait rien pour qu'il y ait un minumum d'ambiance exitatoire, on pourra prendre tout le Viagra que l'on voudra, pardonnez-moi l'expression triviale : on ne bandera pas. Il est jeune, plutôt en bonne santé, très vraisemblablement son impuissance est purement psychogène. Ces médicaments servent à rassurer l'homme, à obtenir une "érection de qualité". Mais effectivement il faut qu'il y ait du désir pour que ça marche.

Me Schwerforffer : tout le monde est au courant des problèmes d'impuissance de Jonathann Daval parmi leurs amis, nous avons même un sms d'Alexia à une amie : "enfin il a réussi !" 

Me Randall Schwerdorffer souligne le rôle de la "conjugopathie" (terme employé par les psys) et des tensions dans le couple dans ces problèmes de sexualité.

Me Schwerdorffer lit encore ce sms d'Alexia à Jonathann Daval : "Arrête de trembler, arrêter de mettre la main devant la bouche, arrête de courber le dos, prends confiance en toi !"

L'audience est levée.

il y a 5 minutes, chanou 34 a dit :

Il  a bien dit myorelaxant?

Je demande (ça tombe bien c'est suspension) mais je sais en tout cas que c'est un anxio, pas un myorelaxant. Ca me paraîtrait bizarre qu'il fasse une erreur pareille, mais bon, comme on a déjà tout vu en Cour d'Assises, pourquoi pas celle-là..

il y a 2 minutes, January a dit :

Je demande (ça tombe bien c'est suspension) mais je sais en tout cas que c'est un anxio, pas un myorelaxant. Ca me paraîtrait bizarre qu'il fasse une erreur pareille, mais bon, comme on a déjà tout vu en Cour d'Assises, pourquoi pas celle-là..

Voilà c'est aussi ma question. Bon c'est pas bien grave hein...

il y a 38 minutes, chanou 34 a dit :

Voilà c'est aussi ma question. Bon c'est pas bien grave hein...

Il a bien dit anxiolytique, mais il a détaillé tous les effets des anxyolitiques en général, chacun à différente dose fournissent des propriétés anti convulsivantes, sédatives, anxyolitique évidemment et il a aussi dit myorelaxantes. 

(c'était un raccourci malheureux ) 

J'en ai de ça à la maison, ça avait été prescrit à mon mari pour son effet antihistaminique, ça en a des effets différents ces trucs...

il y a 5 minutes, January a dit :

Il a bien dit anxiolytique, mais il a détaillé tous les effets des anxyolitiques en général, chacun à différente dose fournissent des propriétés anti convulsivantes, sédatives, anxyolitique évidemment et il a aussi dit myorelaxantes. 

(c'était un raccourci malheureux ) 

 

J'en ai de ça à la maison, ça avait été prescrit à mon mari pour son effet antihistaminique, ça en a des effets différents ces trucs...

Il y a des anxiolytiques qui sont aussi myorelaxants ( en fait toutes les benzodiazépines sont partiellement myorelaxantes, certaines étaient d'ailleurs utilisées principalement pour ça comme le tetrazepam, qui a perdu son AMM il y a 2 ou 3 ans) mais je ne l'avais jamais entendu citer pour les anti-histaminiques, qui ne le sont absolument pas.
Bon, c'était un petit point pharmaco anecdotique.

Autrement, je me demande comment on peut se sortir d'un procès pareil, qu'on soit l'accusé, les familles ( la victime si elle est encore en vie)...avec l'exposé de tous les détails en public...il n'y a plus aucun secret médical, aucune intimité possible...c'est terrifiant.

Oui, c'est atroce, c'est la cour d'assises. Beaucoup ne se rendent pas compte, je pense notamment à ceux qui fustigent toutes ces victimes qui ne portent pas plainte. Faut quand même le traverser un truc pareil, ça marque à vie. Et tout l'entourage s'en prend plein la tête aussi, pour certains, tous les coups sont permis. 

@January il me semble avoir lu plus haut (et entendu aussi) que les parents d'Alexia allaient témoigner, même pour rien dire, mais juste pour pouvoir assister au procès. Pourquoi ils n'en auraient pas eu la possibilité autrement ? C'est à cause des mesures COVID ?

"On parle de corps déchiqueté, d'ongles retournés. Mais c'est de ma fille dont on parle, c'est un être humain, pas un bout de viande !", s'exclame Isabelle Fouillot qui a quitté la salle au moment du compte-rendu d'autopsie.