Procès des attentats de « Charlie Hebdo » et de l’Hyper Cacher

Noura H. (belle-soeur de Pierre B.)

Nezar je l'ai connu par mon beau-frère, je le connaissais pas beaucoup, je peux pas développer. Pour moi c'était quelqu'un de bien. Je pourrais pas vous dire grand chose. Pierre B. me l'a présenté car c'était un ami. Quand je l'ai connu il était célibataire. 

Le président: il y avait un but éventuel à cette rencontre ?

Le témoin: non pas du tout

Prsdt : A l'époque vous avez dit que vous saviez que Pastor Alwatik était en train de divorcer, qu'il cherchait une femme

Le témoin: si je l'ai dit c'est que c'est vrai.

 

Prsdt : Pastor Alwatik, vous le recevez seul chez vous ?

Noura H. témoin : non

Le président: vous le voyez 2 ou 3 fois, vous échangez beaucoup par téléphone ?

Noura H.: je me souviens plus

Prsdt : vous dites dans le PV que vous êtes musulmane pratiquante, vous recherchiez un musulman pratiquant, vous avez échangé là-dessus avec Mr Pastor Alwatik ?

- non. Je savais que Pastor Alwatik était pratiquant mais après..Il me demandait de lui présenter des meufs, des femmes pardon.

Le président : pourtant le but c'était de voir si ça pouvait fonctionner entre vous ?

Le témoin : non pas vraiment

Le président lit la déposition de Noura H. témoin aujourd'hui, sur Pastor Alwatik "il avait quelque principe notamment pas voir une femme seule sans la présence d'un homme (...)" Nezar écoutait de la musique, notamment du rap, il ne me parlait pas des lieux de culte qu'il fréquentait, il faisait quelques rappels c'est tout. "

Prsdt : Finalement Nezar (Pastor Alwatik) vous ne l'avez que très très très peu connu..

Assesseur : vous dites que Nezar Pastor Alwatik faisait quelques rappels, ça veut dire quoi ?

Noura H. témoin : ça remonte à il y a longtemps..C'est des petits rappels sur la religion. Il me fait un rappel sur la cigarette par exemple.

Assesseur : Pastor Alwatik vous rappelle des règles c'est ça ?

- oui c'est ça.

Me Szwarc  : vous nous dites que vous avez entretenu des liens par téléphone avec Mr Alwatik pendant deux mois, vous avez parlé notamment de religion. Mais vous ne vous voyez pas ?

Le témoin : oui c'est ça

Me Szwarc : après vous dites qu'il vous faisait des rappels comme un sachant, c'est ça ? (Eclats de rire dans le box.)

Le président : s'il vous plait..

Me Szwarc : vous pensez qu'il versait dans le takfirisme ?

AG : entre vous et Nezar ça n'a pas matché ? c'est ça ?   - Le témoin acquiesce.

le 1er assesseur à Pastor Alwatik : votre dossier semble se distinguer, on a 22 pages avec 6 parties, avec votre biographie, parcours en détention, réflexion sur le passage à l'acte... Plusieurs personnes participent à cette évaluation qui vous concerne. 

Le 1er assesseur lit les conclusions de cette évaluation sur Pastor Alwatik : "il est musulman", "un délinquant opportuniste", "son énergie à convaincre les autres qu'il n'est pas radicalisé questionne"; "il a ainsi semblé manquer d'authenticité". Il est préconisé une détention au quartier d'isolement" Quelle réaction avez-vous ?

Alwatik : J'ai toujours dit que je faisais mes 5 prières, que je suis musulman et que j'essaie de les faire. Quand j'arrive à l'isolement, la première chose que je fais, je rase ma barbe. J'ai l'impression que chaque geste que je vais faire sinon sera mal interprété. Dès que j'arrive à l'isolement, j'arrête de prier. J'ai l'impression que ça va être mal interprété. Je regarde la télé, je fume.. Puis la directrice me dit qu'ils envisagent de me descendre en bâtiment, c'était magnifique pour moi, une joie intérieure. Je prie un peu, après je prie pas. C'est un peu bizarre. Puis quelques mois plus tard, on me dit tu vas au qer (quartier d'évaluation de la radicalisation), moi je voulais pas être avec les barbus. Il y a dix surveillants qui vous accompagnent au parloir.. J'ai pas de tapis de prière, j'en ai jamais eu, ma famille ne m'en a jamais ramené

En prison je continue à lire. Mais on me dit qu'on ne sair pas si je suis authentique, je chante du rap... J'étais dans la cellule qui colle le bureau des surveillants. Quand j'ai envie de chanter, je chante. Quand j'ai envie de rire je ris, de pleurer je pleure. Je me dis pas je vais mettre du rap parce que je suis à côté des surveillants. A la fin du rapport, ils disent qu'ils préconisent l'isolement. J'arrive à Nanterre, ils ne veulent pas me mettre à l'isolement. J'en peux plus de l'ascenseur émotionnel. On me traite comme un DPS (Détenu particulièrement surveillé) alors que je le suis pas. Je vais à l'isolement de ma propre initiative. Si ca tenait qu'à moi, je resterais à l'isolement jusqu'à la fin de ma peine. 

AG : Concernant le 5 janvier après-midi que vous passez avec Amedy Coulibaly. Vous dites qu'il vous a dit de vous accrocher à votre religion, de faire votre prière. Ca vous a étonné ?

Pastor Alwatik: non pas du tout.

AG : Coulibaly vous a appelé 14 fois depuis son pèlerinage en octobre 2014. Hier vous avez dit que c'était sur ses conditions de retour à l'aéroport et la rencontre avec Lotfi A. Mr Pastor Alwatik on peut s'interroger, il y a plusieurs versions.. 

Alwatik : moi quand Amedy m'appelle, j'ai le souvenir qu'il a rencontré un pote à moi. Il n'y a pas eu de conversation bizarre. je sais que je lui ai dit que je pouvais pas pour l'aéroport. Vous dire exactement les 14 fois ce qu'on s'est dit... 

Marie Dosé: "il en fait beaucoup pour démontrer qu'il ne serait plus dans la radicalité" dit l'évaluation. Ca veut dire que ceux que l'on envoie au Qer sont radicalisés ?

Pastor Alwatik : on n'envoie pas des gens d'affaires de droits communs au Qer. On me traite de djihadiste, des gens font des livres en parlant de moi en disant que je suis un djihadiste. (...) Le foot je suis un ultra parisien, quand il y a un match de PSG inside je suis comme un dingue. Le rap, j'adore, j'adore chanter. On m'appelait la castafiore. Il cite Céline Dion et Aznavour

L'accusé cite tout cela pour montrer qu'il n'est pas un djihadiste.

Pastor Alwatik : on m'a pas tabassé en prison, mais ça a été psychologique. A 4 heures du mat, on vient taper à ma porte en me disant : 'on vient vérifier que t'es pas mort". J'ai jamais été suicidaire ! je suis pratiquement à 10 ans d'incarcération. 

Me Dosé : on dit dans le rapport du Qer que pour vous, le milieu carcéral est un risque en soi..

- On me reproche de connaître des gens. Je parle avec eux. Y'a des gens que je côtoie. En prison c'est toujours les mêmes qu'on revoit. En prison, quand ils voient qu'il y a quelqu'un qui est dans une affaire "terro", et là c'est pas n'importe quelle affaire, c'est la plus grosse affaire. je peux comprendre, mais je veux leur montrer (à l'administration pénitentiaire) que je suis pas ça (un terroriste) mais il faut que je subisse plein de choses. Après je me suis dit je parle plus à personne. Comme ça je vais pas me faire de mal, je vais pas péter un plomb. Je me suis toujours moqué des psychologues. J'en ai rencontré une elle venait me voir à l'isolement, j'ai fait le travail sérieusement. C'était quelque chose qui était très important pour moi-même, on me l'a enlevée du jour au lendemain. 

 

14 octobre 2020 - Mohamed Fares

Le président indique que plusieurs témoins qui devaient venir à la barre ne seront pas présents. Certains "ne veulent pas", d'autres "ont pris la fuite", d'autres sont "introuvables". Des mandats d'amener ont été ordonnés.

Le président indique maintenant que Samir Ladjali, cité comme témoin dans le volet lillois des armes, est lui aussi introuvable. "On a 3 adresses mais les adresses n'ont rien donné", informe Régis de Jorna.

Me Coutant-Peyre : je voudrais protester contre le planning prévu le 23 octobre. Toutes les personnes liées à Mr Claude Hermant sont entassées à partir de 16 heures ! Tout le monde va poser des questions à Mr Claude Hermant, on ne peut envisager que ça dure 10 minutes.... Surtout si on nous impose un Couvre Feu à 20 h !

Le président demande à Mohamed Fares de se lever : ce qu'on peut dire, c'est qu'il y a des évolutions, des contradictions dans toutes vos déclarations et même des mensonges.

Mohamed Fares est aquiesce.

Prsdt : on a une lettre anonyme qui arrive au cabinet de Mme Nathalie Poux, juge d'instruction. Ce courrier arrive le 27 décembre 2017 et dit: "Hyper Cacher Mohamed Fares", ça oriente vers Mohamed Fares.

Mohamed Fares : cette lettre, c'est quelqu'un qui veut me faire porter le chapeau, je sais pas quoi dire. Pourquoi on veut me faire porter le chapeau ? J'ai pas de réponse à ça. Au début de la garde à vue, cette lettre anonyme je n'y croyais pas. Il n'y a aucune empreinte....

Le président rappelle que Mohamed Fares est dans les stups. Il a 8 condamnations à son casier depuis l'âge de 16 ans pour trafic de drogue. Il rappelle également que l'accusé Mohamed Fares a été marié à Chahinaze B. et qu'il s'est ensuite séparé. Il a eu un enfant avec cette femme. Il indique que Mohamed Fares connaît bien Saïd Makhlouf, accusé aussi dans le box. "Vous avez fait sa connaissance via Steven V. (témoin entendu il y a quelques jours)". C'est par le biais de Saïd Makhlouf que vous avez connu Amar Ramdani.

Mohamed Fares : connaître c'est un bien grand mot. Que j'ai pu le voir.

le président: vous habitez Lille, vous avez fait un séjour en région parisienne après avoir été interdit de séjour après une condamnation ?

- Oui

(Mohamed Fares soupçonne sa belle-famille d'avoir envoyé la lettre anonyme le mettant en cause à la juge d'instruction. Il pense que c'est Souliman B. qui l'a envoyée.)

Prsdt : dire que vous connaissez Saïd Makhlouf c'est pas dire que vous faites du trafic de stup avec lui, et encore moins que vous êtes mouillé dans une affaire de terrorisme, pourquoi ne pas dire que vous le connaissez ? On vous pose des questions et vous dites que vous ne connaissez pas Saïd Makhlouf, pourquoi ?

Mohamed Fares : je comprends que vous vous disiez qu'il y a anguille sous roche... Moi on vient me chercher, on me parle de terrorisme. Si je peux ne pas donner de noms, j'en donne pas.

Prsdt : d'emblée vous inventez une histoire d'armes, si vous voulez ne pas être mêlé, on dit plutôt "j'ai rien à voir". Vous vous dites en 3e audition que l'arme de Coulibaly est passé de Christophe (D.) à un gars du 91. Vous donnez des détails.. Vous dites que vous avez caché l'arme chez une nourrice, que vous avez mis en relation Christophe D. avec Alex du 91. Vous vous impliquez. Et après vous direz que tout ça c'est pas vrai... on saura par l'enquête que Christophe D, dit tof, les armes retrouvées chez Coulibaly c'est une réalité. Il y a un bout de réalité là-dedans. 

Mohamed Fares : Je me suis impliqué tout seul. Je voulais faire croire que Christophe D. et moi on a fait un trafic d'armes et que cette arme s'est retrouvée dans de mauvaises mains. J'ai inventé l'historie de Kalachnikov, je sais qu'Amel B. a touché une arme qui a fini chez Coulibaly. Souliman B. (sa belle-famille) n'a rien à voir dans cette histoire, sa soeur le met en cause. je sais qu'Amel B. on a retrouvé son adn sur une arme mais je sais pas sur quelle arme.

Prsdt : C'est sur un tokarev. C'est pour protéger Souliman B. que vous vous mettez en cause ?

- Oui.

Prsdt : c'est ça votre idée (de scénario) à double détente ?

- oui.

L'accusé explique que sa garde à vue a été choquante. Qu'on est venu le chercher au quartier disciplinaire, qu'on lui a couvert sa tête...

Prsdt : vous dites que vous aimez Souliman B. comme votre frère. La réciproque est vraie ?

Mohamed Fares : je pense qu'en 2014 elle était vraie. J'ai fait plus de choses pour Souliman B. que pour mon propre frère Medhi.

Prsdt : Souliman B. dit qu'il travaillait pour vous en tant que guetteur. Vous dites que non. On est dans une affaire de terrorisme, les stupéfiants ça n'intéressent pas le juge d'instruction. Il y en a un des deux qui ment entre vous Mr Fares et Souliman B. (son jeune beau-frère mineur à l'époque des faits). Il y en a un des deux qui en matière de terrorisme ment. Il y a un loup. Souliman B. vous met en cause sur les armes qui passent entre Christophe D. et d'autres personnes...

- Oui

Prsdt : on parlait des mensonges, même sur des points de détails vous mentez en garde à vue. On sait que Makhlouf et Ramdani font des escroqueries de voiture et vous dites non. Et puis, dans le même PV, vous dites que vous avez parlé voiture aux eux. Vos contradictions et vos mensonges.... Ca peut être un système de défense mais il y a aussi la recherche de la vérité.

 

 

Mohamed Fares : Christophe D. m'achète de la cocaïne une fois par semaine

Le président : il est dans les armes et dans la drogue

Mohamed Fares : C'est un consommateur, pas un dealer

Le président : vous avez dit là où il y a de la drogue, il y a des armes

Prsdt : vous avez beaucoup de difficultés à admettre des choses évidentes; Tout ça pour ne pas parler de l'essentiel, les armes. Christophe D. vous le connaissez ?

Mohamed Fares: oui je l'ai connu quand j'avais 20 ans. J'ai pas dit quelque chose de nouveau. Dans le Nord de la France, il y a des gros points de deals. Pour la guerre des territoires, les gens ils ont des armes maintenant, c'est une réalité. 

Le président : Ca peut intéresser et l'un et l'autre, écouler des armes et écouler des stupéfiants...

Mohamed Fares : Les armes c'est une peine à deux chiffres, avec le trafic de stupéfiants je n'avais pas besoin de ça. Avec Christophe D. j'ai pas échangé de la drogue pour des armes.

Le président : Entre celui qui veut vendre des armes et celui qui veut récupérer de la came, ça peut être intéressant. les deux milieux sont pas étanches. 

Le président : vous dites qu'en janvier 2015, vous vous seriez "mis au vert". Bon, on peut se mettre au vert, mais là, il y a eu les attentats. Votre ex-femme dit d'ailleurs que vous ne vous étiez pas mis au vert, vous venez chercher votre enfant...Vous reconnaissez que vous pouviez aller en Hollande vous fournir en stups et que ça pouvait vous prendre quelques jours (...) Souliman B. dit qu'il a eu le Tokarev de Coulibaly en sa possession et qu'Amel B. a pu le toucher à cette occasion (d'où l'adn retrouvé). Souliman B. dit que vous auriez déclaré au sujet de l'arme "on en a besoin, on a les clients". Vous dites que Christophe D. vous ne l'avez pas mis en relation avec Souliman B. . Souliman aurait pu savoir par votre intermédiaire que Christophe D. vendait des armes..

Fares : moi je lui ai pas dit, il aurait pu le savoir par le quartier.

Le président : pourquoi Souliman B aurait dit qu'il aurait eu le Tokarev de Coulibaly en main si c'est pas le cas..

Mohamed Fares : par rapport à sa soeur, Amel B. (dont l'adn a été retrouvé sur l'arme).

Le président : Souliman B. se met en cause, il vous met en cause, il mouille tout le monde quoi.. Pourquoi pour prouver une version il se met lui-même en cause, il aurait pu mentir sans se mettre en cause

Fares : pour moi sa soeur le met en cause, il ne sait plus comment rebondir et me met en cause

Prsdt : Pourquoi Amel B. mettrait son frère en cause si c'est pas vrai

Fares: vous avez vu les dépositions, ils ne s'entendent pas bien.

Le président : dans le milieu familial je dirais ça balance tous azimuts, et comme il n'y en a pas assez, on envoie une lettre anonyme et on dit allez voir côté Fares... Vous vous dites : "je pense que je suis un bouc émissaire" mais quel serait l'intérêt de tout un chacun de vous mettre faussement en cause, ça ne dédouane pas Souliman B. et les autres.

 

 

 

 

(Souliman B., beau-frère de Mohamed Fares et mineur au moment des faits, a été mis en examen le 23 octobre 2017, et placé en détention sur le volet armes lillois.)

 

Mohamed Fares explique que Souliman B. l'a sans doute impliqué car il n'a pas aimé que Fares "laisse tomber" sa soeur Chahinaze B. avec qui il était marié et qu'il se soit mis en plus avec une autre femme. Souliman B. se serait senti "trahi". 

Prsdt : Souliman B. s'auto-incrimine et vous met en cause en même temps. Il confirme son rôle et le vôtre et vous vous dites "non en ce qui me concerne". On vous demande si vous avez parlé de Parisiens à Souliman B., vous dites "non, il n'y avait pas de Parisiens, pas de remises d'armes" et vous ajoutez ; "je ne lui ai même jamais parlé de Parisiens" (Parisiens qui auraient récupéré les armes). Vous avez dit, "j'aimais bien parler avec des Parisiens, j'aimais faire le Johnny ca veut dire quoi faire le Johnny ?

- Faire le Johnny c'est se vanter de pouvoir parler avec plusieurs personnes, se mettre dans la lumière, faire le kéké..

le président : faire le spectacle quoi ! 

- oui c'est ça

Prsdt : oui enfin ca a mis 5 ans pour parler de l'affaire de stup...

Mohamed Fares : 5 ans, enfin moi on m'a attrapé en 2018. Si je peux cacher que je fais du trafic de stups, je le cache.

Le président : Quand Saïd Makhlouf était donc là dans le Nord, c'était pour les stupéfiants ?

Mohamed Fares : oui

Le président : on a eu du mal à y venir à cela !

Fares : oui on est là faut dire la vérité

Le président : Souliman B. dit "même s'il a vendu", il vous dédouane. Il dit que vous pouvez avoir vendu l'arme mais que pour autant vous n'êtes pas un terroriste, qu'il faut pas faire d'assimilation. Il vous maintient en cause mais met la limite. 

Mohamed Fares: je pense que quand il dit ça Souliman B. il sait la gravité des choses qu'il a fait. Il essaie de se racheter. Il sait que j'ai jamais vendu d'armes, il reconnait la gravité des choses.

Le président : Enfin Souliman B. c'est pas un juriste.

Le président : Souliman B. dit que c'est pas parce que les armes sont passées dans "nos mains" elles ne devaient pas aboutir dans les mains du terroriste Amedy Coulibaly

Mohamed Fares : moi je maintiens, je suis pas un terroriste. J'ai jamais vendu d'armes. Moi j'ai toujours dit que les rencontres (dans le Nord) étaient pour des stup. Quand je suis sorti de prison en 2011, j'étais interdit du Nord. Je me suis installé en région parisienne. Mais après 3-4 mois je suis parti. Paris c'était pas mon délire". 

Le président : Pourquoi à l'automne 2014, octobre-novembre, vous venez à Paris

Mohamed Fares : c'était de la balade

Le président : pourtant vous n'aimez pas Paris.. Vous voyez Makhlouf à Paris le 11 octobre par exemple..

Mohamed Fares : J'ai dit que quand je venais à Paris j'étais tout seul, mais j'étais dans l'alcool, j'avais un flash de Vodka, j'étais passager de la voiture, je me balade, je dors. Je suis jamais monté à Paris pour voir spécialement Saïd Makhlouf. Je peux comprendre qu'il y ait des suppositions de votre part. Mais j'ai beaucoup de famille en région parisienne. Pour moi, tout est objet de balade, à Paris, ailleurs. J'ai rien à voir dans ce trafic d'armes, j'ai jamais vendu d'armes à des Parisiens ou autres. J'avais pas besoin de ça, j'avais les stup. Je me suis incriminé il y a les témoignages mais j'ai rien à voir avec tout ça. 

Le président : On a l'impression que vos déclarations, c'est pas un peu l'arbre qui cache la forêt...

Mohamed Fares : je connaissais pas cette expression. Je la comprends un petit peu mais je la connaissais pas. Je m'en veux d'avoir jouer les héros. Souliman B. n'avait rien à voir, je pouvais pas concevoir de le voir en prison, je m'en veux. Chahinaze B., la relation, la misère que j'ai pu lui faire en étant jeune. J'ai voulu les sortir vite de garde à vue, j'ai dit de fausses déclarations en garde à vue. Je m'en veux mais j'assume (...)

Souliman B. cache la vérité, il ment. Je sais pas pourquoi. En tant que témoin, moi je me cacherais pas. (il est en fuite en Espagne). Comme la plupart des accusés, je pense que la mémoire et moi c'est pas trop ça. Moi je sais que Saïd makhlouf vend de la Beuh, je sais à combien il l'a touche. Je peux avoir mieux que ce qu'il propose. Moi je fais pas dans la beuh, je vous le dis. Le 20 décembre, je lui ai 3 kilos de beuh, la rencontre se fait chez la nourrice, Saïd (Makhlouf) prend ses 3 kg de beuh et rentre chez lui. 

Amar Ramdani, Je l'ai vu deux fois, la 1ere fois à mon domicile. Je lui ai à peine serré la main, j'ai pas parlé avec lui. En garde à vue j'ai dit n'importe quoi. Amedy Coulibaly je sais rien de lui, qu'il est sorti de prison en 2014... 

Souliman B. je l'ai connu il avait 15 ans, on a fait beaucoup de choses, je l'ai ramené partout, il est venu avec moi sur Lille à l'âge de 17 ans. Il me voyait comme quelqu'un qui réussissait dans le trafic de stups, c'est tout. 

Me Korchia, avocat partie civile : Votre ex-épouse vous met en cause sur la relation que vous aviez avec son petit frère Souliman B. Elle explique que vous aviez un ascendant sur lui, que vous étiez son mentor, que vous le manipuliez. Elle ment ou non ?

- D'après moi elle ment, je n'ai jamais eu d'ascendant sur Souliman B. Je lui ai jamais dit de faire A, B ou C. Il était aveuglé par le trafic de stup.

Me Korchia, avocat partie civile : Vous dites que Chahinaze B. ment, elle aussi comme Chaineze H. ex de Pastor Alwatik, ment parce qu'elle avait des raisons de se venger de vous ?

- Oui..

Me Maktouf : pouquoi avoir fait un mariage religieux avec Chahinaze B ?

Mohamed Fares explique que c'est à la demande de son épouse et de sa famille. Sinon il l'aurait "pris comme ça"

Me Cechman : il y a une rencontre au KFC avec Saïd Makhlouf et peut-être Ramdani. On retrouve en perquisition chez Karasular le prénom Mohamed, il se trouve que c'est un ticket KFC du 27 février 2012. 

- pour moi c'est trop gros, c'est n'importe quoi. Des Mohamed y'en a plein, des gens qui mangent au KFC, y'en a plein. Et Makhlouf et Ramdani, je les ai jamais vus au KFC.

Me Cechman: je reste sur mes interrogations sur ce point..

Mohamed Fares : bah je vous l'offre, je vous le laisse.

 

 

 

Mohamed Fares interrogé par l'avocate générale indique qu'il connaissait en effet Saïd Makhlouf dès 2011-2012, qui lui ramenait des "p'tit 20 euros de beuh". Mais que les rencontres duraient quelques minutes. L'AG rappelle que la lettre anonyme "Hyper Kacher Mohamed Fares" (sic) a été évoquée à la 6e garde à vue de Mohamed Fares et pas avant. Mohamed Fares a dit plus tôt ce mercredi qu'il avait dit n'importe quoi au cours des 1eres auditions à cause de cette lettre, qu'il avait été "déstabilisé" par ce courrier anonyme.

Saïd Makhlouf a dit qu'il était parti dans le Nord chercher de la beuh hollandaise. Ramdani et Makhlouf disent aussi que lors d'un de leur déplacement dans le nord, ils étaient partis goûter des échantillons de cannabis de Mohamed Fares. L'avocate générale parle de "déclaration adaptative" de Mohamed Fares notamment concernant le trafic de stups. Ce matin, Mohamed Fares a dit qu'il faisait de la cocaïne et de l'héroïne mais pas de shit et d'herbe. Il a dit après qu'il avait fait l'intermédiaire pour de la "beuh" pour Makhlouf.

Me Akorri, avocate de Mohamed Fares, demande à son client si la juge d'instruction l'a interrogé sur le trafic de stup. "Non elle voulait savoir si j'avais vendu des armes à Saïd (Makhlouf)" précise l'accusé.

L'avocate générale se demande pourquoi il n'a pas dit tout ça en garde à vue, elle ne comprend pas...

Me Akorri, avocate de Mohamed Fares, indique que sur le courrier anonyme, il y a un petit code et que ce code montre que le courrier vient de la région Lilloise.

Me Akorri, avocate de Mohamed Fares  : Monsieur Fares, vous avez dit que vous pensez que c'est Souliman B.. Aviez-vous un conflit avec lui en décembre 2017 quand ce courrier est posté ?

Mohamed Fares : Je ne pense pas avoir de conflit avec lui.

 

Me Akorri, avocate de Mohamed Fares, pousse son client à reconnaître quelques éléments. Mohamed Fares indique qu'il buvait qu'il était infidèle et qu'il frappait son ex-femme, Chahinaze B. (soeur de Souliman B. donc)Mohamed Fares "C'est pas facile de parler de tout ça, j'ai honte de ce que j'ai fait à l'époque". Mohamed Fares pense que son ex-femme a menti à son sujet en garde à vue par "vengeance", notamment au sujet de l'arme. 

Me Akorri a par ailleurs précisé que Souliman B. avait pu être au courant ou présent au cours des coups portés par Mohamed Fares sur sa soeur Chahinaze B. Me Akorri, avocate de Mohamed Fares, précise que Souliman B. ne peut avoir posté le courrier anonyme car il était en détention à la date à laquelle la lettre a été envoyée. 

Me Akorri: pourquoi vous évoquez une Kalachnikov en garde à vue ?

Mohamed Fares répondant à Me Akorri :Je vais être sincère, tout ce qui est attentat, je m'y intéresse pas trop. J'ai vu les images de Coulibaly, je sais que l'ADN d'Amel B. s'est retrouvé sur une arme mais je sais pas laquelle, j'ai dit, fusil d'assaut.

Me Akorri à Mohamed Fares : vous voulez jouer les héros car vous avez un beau-frère qui est dans le dossier et vous êtes convaincu qu'il n'a rien fait (Souliman B. mineur au moment des faits).

Me Akorri à Mohamed Fares : Vous dites que vous pensiez, en vous impliquant à sa place, que vous seriez jugé en correctionnel pour ces faits. L'accusé confirme qu'il pensait qu'il aurait été jugé dans le Nord, dans le volet armes lillois et pas ici.

Dr Mensat, expert psychologue

Sur Mohamed Fares

Il était poli, courtois, respectueux nerveux par moment. "parents séparés" " a vécu dans le nord" "maman mère au foyer", "papa gérant d'une société d'ambulances", il évoque sa fratrie, dit bien s'entendre avec sa famille. "séparation parentale précoce, papa ambivalent", "conduite d'opposition à l'école, absentéisme scolaire, fugue", "viré d'un stage car peu motivé". Il a travaillé un peu, a travaillé dans la société d'ambulance, "délinquance". Il souhaiterait sortir de prison et élever son enfant, il a entamé en prison une formation dans le bâtiment. il a dit apprécié la moto", "instabilité affective", "difficulté relationnelle avec la maman de sa fille", il dit avoir trompé sa compagne, s'être séparé quand la petite avait 2 ans et demi. Sur la religion, il se dit musulman, dit ne pas prier, ne prie pas en détention. Il n'est ni prosélyte, ni assidu, il ne s'est pas radicalisé. Il parle de trafic de stups, sur les faits reprochés, il ne les reconnait que pour partie. Il se dit étranger au caractère terroriste des faits. 

Il a évolué dans ses déclarations, il parle d'une arme non pas pour Amedy Coulibaly mais pour un certain Alex. Sur les autres protagonistes du dossier des attentats, il dit ne connaître personne. Il dit ne pas aimer la religion musulmane quand elle est agressive. Il dit ne connaître personne qui est partie en Syrie. 

Sa consommation de stup, il dit que c'est pour rigoler, se faire plaisir, ne consomme que du cannabis. Trafic de stup, appât du gain, rendre service, il dit qu'il ne veut pas donner certains noms. Il dira connaître finalement Mr Ramdani, Makhlouf et Souliman B.,  pas demandeur de soin ou de suivi psychologique, pas de difficulté en détention, à l'exception d'une bagarre avec un détenu. Je n'ai pas retrouvé de culpabilité sensible chez ce monsieur (...) Une vigilance sociale m'apparaissait opportune. 

Le président : dans son discours, il n'y a pas d'élément saillant relatif à une idéologie religieuse.

Expert psychologue sur Mohamed Fares : Il ne va pas sur ce chemin-là, pas de prosélytisme. 

Me Szwarc : avez-vous noté une aptitude à la manipulation chez Mr Fares ?

- plus du mensonge par omission, de la dissimulation, taire des sources

Le 1er assesseur lit la déposition de Naceur Fares. qui était cité comme témoin. C'est le grand-frère de Mohamed Fares. Il a travaillé 7 mois avec Saïd Makhlouf. Il fait partie des proches de Mohamed Fares qui ont été placés en garde à vue.

 

Une grande-soeur de Mohamed Fares

Mohamed c'est vraiment quelqu'un de très gentil, affectueux, jamais aucun souci avec la famille, c'est mon petit frère, mon bébé, mon amour, voilà. Pour nous c'est juste impossible que Mohamed soit dans une affaire comme ça. Je ne sais pas s'il faisait quelque chose avec Saïd (Makhlouf) vous voulez en venir ici je pense..

Le 1er assesseur bataille pour obtenir des éléments de réponse de la part de la grande-soeur de Mohamed Fares. Celle-ci ne dit rien. "développer quoi?" "je ne vois pas" .

Assesseur : et sur "la lettre qui a tout niqué" ? "La putain de lettre" (la lettre anonyme de fin 2017 qui dénonce Fares), vous avez des choses à nous dire ?

- Mon frère c'est un vendeur de drogue, pas un terroriste ou un vendeur d'armes. Je pense à tout pour cette lettre. J'ai pensé à Chahinaze B. qui en voulait à mon frère, puis à Souliman B., qui était dans cette affaire. C'était quelqu'un qui voulait faire du mal à mon frère. Chahinaze a enfoncé mon frère par rapport aux armes, elle dit qu'il a vu Makhlouf sur les armes. On m'a montré une lettre. Je me suis dit que la juge s'était peut-être envoyé la lettre. Si c'est l'ADN d'Amel B. que l'on retrouve sur l'arme, pourquoi on s'en prend à Souliman B.?  

Me Akorri, conseil de Fares demande à la grande soeur de son client de parler de son interpellation. Celle-ci raconte que la police est arrivée, qu'il y avait ses enfants, ses bébés, qu'elle pouvait pas donner de biberon, qu'ils ont "retourné la maison"." Mohamed est pas un terroriste, loin de là".

 

Le petit frère de Mohamed Fares

"le petit dernier" précise le 1er assesseur est à la barre.

Pour moi mon frère a rien à voir dedans (sic). 

Le 1er assesseur interroge le petit frère de Mohamed Fares. Le témoin dit qu'il connait la famille de l'ex-femme de son frère, Chahinaze B. 

Assesseur : L'adn d'Amel B. se retrouve une arme de Coulibaly. Claude Hermant a vendu cette arme à Samir L. qui habite en face de chez Amel B. On cherche à faire le lien, comment cet ADN se retrouve sur cette arme. Vous avez une idée ?

Le petit frère de Mohamed Fares: non

Assesseur : Saïd Makhlouf et Amar Ramdani, vous les connaissez ?

- non

 

AG : sur le trafic de stup de votre frère que pouvez-vous nous dire ?

Le petit frère de Mohamed Fares : c'était son activité principale, la mienne aussi d'ailleurs. On vendait de l'héroïne, de la cocaïne et du cannabis à l'occasion. Mon frère a toujours été dans le trafic de drogue, sur Lille. Comme tous les dealers, on avait des nourrices, dans le quartier, en dehors du quartier, dans Lille et ses alentours. Moi et mon frère, on est musulman avant tout. La pratique c'est pas trop ça. on essaie de faire notre prière mais sans plus.

(p! mais ça me gonfle leur conneries, "on est musulmans avant tout" "on a toujours fait du trafic de stup" )

1er assesseur : la religion pour vous c'est important. Comment vous, musulman avant tout, comment concilier les stups et la religion ? (merci monsieur)

le petit frère de Mohamed Fares : bah justement c'est pour ça qu'on n'est pas assidus. Mais rien n'empêche l'autre

(gros teubé va)

 

Roxane W.

(a été aussi placée en garde à vue en mars 2018. Elle est restée 3 ans avec le petit frère de Mohamed fares. Ils ont vécu ensemble. C'était son "premier amour")

1er assesseur à Roxane W. Vous dites 'Mohamed ne parlait pas, ne me regardait pas'

Roxane W. : J'ai jamais dit qu'il ne me regardait pas.

Le 1er assesseur continue de lire les dépositions au témoin. Roxane W. commente à plusieurs reprises en disant: j'ai jamais dit ça !

Le 1er assesseur : C'est à nous de faire nos courses dans le PV, de voir ce que l'on retient ? 

Roxane W. mal à l'aise : non, non

Me Senik avocate de la partie civile au témoin: Vous avez parlé des attentats avec le frère de Mohamed Fares, vous avez réagi comment ?

Roxane W. : on a vu les infos, on était un peu sous choc..

Me Senik avocate de la partie civile au témoin: vous avez dit aux enquêteurs avoir entendu Mohamed Fares et son frère, "ils disaient que ça ne se faisait pas par rapport au dessin mais ils étaient encore enfermés tous les deux et je n'ai pas tout entendu"

- j'ai jamais dit ça madame.

Me Senyk : Qu'est ce qui ne se faisait pas madame par rapport au dessin ?

Roxane W.: J'ai jamais entendu mon compagnon et Mohamed parler de ça.

Me Cechman: aux policiers vous avez dit "non je n'ai pas pas peur d'eux (des Fares), ils ne m'ont jamais tapée, mais après je pense qu'ils vont m'en vouloir mais je pense pas qu'ils vont me taper. J'ai pas envie d'aller en prison à cause de leurs conneries." Madame, vous avez peur de quelque chose ?

Roxane W.: non pas particulièrement

Me Cechman: Madame vous avez subi des pressions ?

Roxane W.: non

Me Cechman: Madame, sur quel point on pourrait vous en vouloir ?

Roxane W. : de ce que j'ai dit de leur vie, de leur relation, j'ai dit ce que je pensais, ce que j'avais vu.

AG : Tout ce que vous avez dit a été filmé. Vous avez signé le pv. Vous avez pas vu la caméra ?

Roxane W.: La webcam ?

L'avocat général : oui la webcam c'était pas un film pour le cinéma ! Votre changement de version n'est pas lié au fait que soit vous vous en voulez, soit vous avez peur, vous craignez des choses ?

Roxane W. témoin : déjà on m'a dit que c'était pas obligatoire de venir !

AG : si vous ne venez pas on vient vous chercher, vous aurez une amende !

Le président: il y en a qui on fait ça, des témoins qui sont pas venus, et bien, on ira les chercher de force.

 

Dr Pourpoint, expert psychiatre

Sur Mohamed Fares

On retrouve les infractions sur les stupéfiants, héroïne cocaïne. Sur les armes, il n'est pas d'accord. Il aurait été uni religieusement à une jeune femme dont il a eu un enfant, son activité professionnelle est assez modeste. 

Le Dr Pourpoint revient un moment sur le déni.

(C'aura été court, Mohamed Fares rigole dans le box, l'expertise en gros c'est "j'ai rien fait" "n'assume rien". Comme tous les autres quoi..)

 

 

Me Comte demande à entendre une conversation entre Nezar Mickael Pastor Alwatik et un homme inconnu de mi janvier où les deux hommes rigolent en évoquant Charlie Hebdo. Le président précise qu'il va voir s'il est possible d'écouter cette bande.

Fin de l'audience

 

Enquêtrice SDAT

Je vais vous exposer les investigations relatives au départ des frères Belhoucine et d'Hayat Boumedienne. 

L'enquêtrice parle très vite. Elle détaille le départ d'Hayat Boumeddiene et Medhi Belhoucine le 2 janvier 2015 depuis l'aéroport de Madrid vers la Turquie et les jours qui ont précédé. Elle donne des détails sur zone. Elle précise que selon un témoignage, Hayat Boumeddiene a été rapidement séparée de la famille Belhoucine une fois arrivée sur place. 

La mort des frères Belhoucine n'a jamais été officiellement confirmée. Hayat Boumeddienne est visée par un mandat d’arrêt du 25/09/2018, les frères Belhoucine sont visés par un mandat d'arrêt du 26/09/18. Hayat Boumeddiene, née le 26/06/1988, est poursuivie pour participation à une association de malfaiteurs terroriste criminelle et financement du terrorisme. Elle encourt 20 ans de réclusion criminelle. 

Mehdi Belhoucine,né le 02/08/1991,encourt 20 ans de réclusion criminelle pour participation à 1 association de malfaiteurs terroriste criminelle.Lui est reproché notamment d'avoir participé au départ de Boumeddiene en zone irako-syrienne avant les attentats. Mohamed Belhoucine, né le 26/06/1987 encourt la réclusion criminelle à perpétuité pour complicité des crimes et délits commis par Amedy Coulibaly et participation à une association de malfaiteurs terroriste criminelle.

Le président : Medhi Belhoucine part parce qu'il n'y a plus de place dans la voiture?

Enquêtrice: je ne sais pas

Président: Tous se retrouvent à l'aéroport de Madrid mais ne prennent pas le même avion. Ils ont par contre tous la même destination (Istanbul). Les billets d'avion sont des billets allers retours

L'enquêtrice  : Oui probablement pour ne pas alerter les autorités.

Le président : sur la téléphonie de Mohamed Belhoucine, des communciations avec Amedy Coulibaly et Nezar Pastor Alwatik 

L'enquêtrice: oui. Les communications avec Pastor Alwatik, il y en a environ 130 entre mai et décembre 2014. Mohamed Belhoucine a été incarcéré brièvement entre 2010-2011. Amedy Coulibaly a été incarcéré plus longtemps. 

Sur la mort des frères Belhoucine : L'enquêtrice SAT : on a des informations, des déclarations des témoignages qui évoquent leur morts, la certitude est toujours compliquée. Mohamed Belhoucine serait mort fin 2015, début 2016. Mehdi Belhoucine en avril 2015.

Le président: L'ensemble de la famille Belhoucine partageait ces convictions radicales ou les 2 frères étaient isolés?

L'enquêtrice : Ils étaient plutôt isolés, les parents n'ont pas élevé leurs enfants dans la religion.

Me Metzker : la soeur d'Hayat Boumeddiene est venue à la barre. Elle nous a dit qu'elle avait eu des appels de sa soeur Hayat dont un en décembre 2019. Cette soeur est-elle toujours sur écoute ? Ces documents nous seront-ils transmis ?

Enquêtrice : J'ai pas du tout été informée de ces appels (ceux entre Hayat Boumeddiene et sa soeur pendant l'hiver 2019)

AG : Vous avez parlé de la prestation d'allégeance dans l'appartement conspiratif d'Amedy Coulibaly à Gentilly, vous vous souvenez où elle a été retrouvée ?

- Non

AG : cette prestation d'allégeance a été retrouvée dans une valise dans l'appartement de Gentilly, on retrouve dessus une trace papillaire de Coulibaly laissant penser qu'il l'a manipulée.

Me Coutant-Peyre parle de l'empreinte ADN M14 non identifié retrouvé sur une arme des Kouachi et sur la plaque de la C3 des Kouachi. "Ca reste un grand mystère,vous avez des infos ? "

L'enquêtrice : je peux vous confirmer que cet ADN commun n'a pas été identifié.

 

1er assesseur à Mohamed Fares : Vous avez donné hier 2 types de considérations : inventer dans la 3e audition une auto incrimination pour sauver quelqu'un de votre famille, ou une pression liée au placement en garde à vue de personnes de votre entourage. On peut retenir ces 2 éléments là ?

Mohamed Fares: oui

Le 1er assesseur : la pression liée au placement en garde à vue de Chahinaze B. (son ex-épouse)..., lors de votre 2e audition, elle n'est plus en garde à vue.. Vous avez dit 'j'ai dit n'importe quoi' et plus loin vous dites "avoir regarder vite fait le fusil d'assaut". vous maintenez alors l'existence du fusil d'assaut et de l'homme du 91, ca pose question... 

Mohamed Fares : Je confirme mes dires chez la juge d'instruction car Souliman B. est toujours en détention (...) au début j'ai dit que j'ai fait l'intermédiaire et après j'ai dit la vérité, que j'ai rien à voir dans tout ça (l'achat des armes). J'ai été choqué que vous puissiez penser qu'il y a eu des pressions sur Roxane W.

1er assesseur  : la 3e déposition de Roxane W. dure 2h, si on écoute l'enregistrement filmé, qu'est ce qu'on va voir d'après vous ?

Le 1er assesseur précise que l'enregistrement vidéo de l'audition de Roxane W. est en cours d'acheminement. Il dure 2 heures. On devrait écouter une partie de cet enregistrement à l'audience. Me Akorri regrette que l'on fasse cela sans la présence du témoin. 

1er assesseur : on envisagera peut-être que Roxane W. revienne.

Me Akorri : Roxane W. signe, dépose, et après n'est pas là

Le président : on vérifie, chacun en aura le coeur net. Elle a déposé sous serment ici, mais elle a le droit de mentir.. C'est pour voir s'il y a concordance ou pas. S'il y a des difficultés, nous verrons avec Mme Roxane W. Hier, Roxane W. a répété à plusieurs reprises alors qu'on lui lisait le PV d'audition qu'elle n'avait "jamais dit ça". 

Le président indique que l'audience est suspendue jusqu'à 14 heures. Le temps que l'on retrouve le moment à écouter sur l'enregistrement de l'audition de Roxane W. et que tout le monde puisse déjeuner.

 

C'est parti pour la vidéo de la troisième audition de Roxane W. 

La jeune femme dit que Mohamed Fares et son frère s'enfermaient dans la salle de bain ou dans la cuisine pour parler ensemble. Elle explique que son compagnon lui a dit au sujet de son frère Mohamed Fares "il est revenu". 

Sur les images, la jeune femme regarde dans le vide, croise les jambes, regarde en l'air, fait tourner ses doigts, regarde ses mains, se pince les lèvres... "Quand il (le frère de Mohamed Fares) m'a dit 'il est revenu'. Je ne sais pas si il (Mohamed Fares ) était sorti de prison ou quoi". 

"Je sais qu'Abdel (le frère de Mohamed Fares) y croit (religion). Abdel m'a dit que son frère s'était investi dans la religion". 

Roxane W. apprend que sa garde à vue est prolongée et déclare :" je sais pas si je vais sortir un jour" Réaction de la policière en face d'elle : "dans tous les cas un jour où l'autre tu sortiras c'est sûr".

 

 

 

Amel B. (ex-belle soeur de Mohamed Fares)

le président au témoin: On est content que vous soyez venu, un petit peu par la force...

Témoin : J'ai rien à dire, je suis venue parce qu'on m'a dit de venir mais bon.

Le président précise que "son témoignage est important" (L'adn d'Amel B. a été retrouvé sur une arme.)

Prsdt : On vous a dit que si votre ADN a été retrouvé dessus, c'est parce que vous aviez touché l'arme ?

Le témoin: Non c'est pas ce qu'on m'a dit, on m'a dit que ça pouvait être des postillons...

Le président : vous avez été entendue par le juge d'instruction ?

- oui

Le président Vous n'étiez pas confronté avec Samir L. ?

Amel B. : Si c'est mon oncle

Le président au témoin qui se souvient de rien ou qui ne sait pas : vous avez pas envie de faire d'effort ou quoi ?!

Amel B.: non franchement j'ai pas envie. Les avocats rigolent de mes réponses.

Président: personne rigole ici, c'est sérieux quand même, on est dans une affaire où, avec des armes, des personnes ont été tuées. Il faut bien le rappeler à un moment ! Amedy Coulibaly a tué des personnes avec des armes. Armes retrouvées pour certaines à son domicile. Et c'est sur l'une de ces armes qu'a été retrouvé votre ADN. On essaie de remonter la chaîne. On est pas sur une affaire banale, c'est pour ça que votre témoignage est très important. Vous avez touché ou eu cette arme entre les mains, on essaie de remonter la chaîne. Alors Comment votre adn s'est retrouvé sur cette arme ?!

Le témoin, Amel B. répète "je sais pas" (En garde à vue Amel B. déclare n'avoir "jamais touché une arme")

Le président : vous dites aux enquêteurs : 'j'aimerais bien savoir comment mon ADN s'est retrouvé sur cette arme'. Les enquêteurs vous répondent: "c'est la question qu'on vous pose". Le 4 juillet 2017, vous dites aux enquêteurs au sujet d'Amedy Coulibaly "c'est vous qui venez de me dire qu'il avait fait des attentats". C'est vrai vous ne saviez pas au moment de votre garde à vue qui est Amedy Coulibaly ?

- oui c'est vrai, la télé ne me préoccupait pas.

Le président demande au témoin si au même moment, en juillet 2017, elle savait ce qu'était Charlie Hebdo, si elle était au courant qu'il y avait eu un attentat avec des morts.

Amel B. témoin: j'en avais entendu parler mais je savais pas c'était quoi

Le président lit le pv d'Amel B.. Aux enquêteurs elle a fini par dire "en fait vous avez raison, j'ai touché cette arme, enfin le petit carré qui contient les balles (le chargeur), C'est mon petit frère (Souliman) qui l'a ramenée chez nous". Vous avez demandé à Souliman (petit frère du témoin) d'où venait cette arme et il vous a répondu que ça ne vous regardait pas. C'est ça ?

Amel B. : oui mon petit frère le confirme. 

Le président : quand les enquêteurs vous demandent pourquoi vous avez menti, vous répondez:' Parce qu'il vont me tuer si je parle'. C'est qui on ?

Amel B.: je sais plus

Le président : Souilman B. et Samir L. ils se parlaient ?

Amel B. : je sais plus

Le président : vous ne savez plus, vous avez peur ?

Amel B.: j'en ai marre de cette histoire en fait, c'est du harcèlement ! je connais personne à part mon beau-frère (Mohamed Fares)

Le président : je crois qu'il est très attentif à ce que vous dites.. Vous dites aux enquêteurs "Si Souliman l'a ramenée (l'arme) c'est qu'elle venait de Samir (oncle du témoin)"

Le témoin: non j'ai pas dit ça

- Les enquêteurs vous demandent une dernière fois pendant votre audition en garde à vue :"avez-vous manipulé cette arme ?" Vous répondez après une longue réflexion :"Souliman avait l'arme complète dans les mains, il l'a démontée. Il était dans le salon. J'ai touché le chargeur mais pas l'arme". A la fin de votre audition, les enquêteurs vous demandent si vous avez quelque chose à à ajouter et vous dites : 'Je ne veux pas qu'on sache que j'ai dit ça. J'ai peur pour moi. Ils vont me démonter à sang'. 

Témoin : Ca me ressemble pas c'est pas mon langage

le président : c'est pas du langage de policiers non plus.. Qui vous craignez quand vous dites ça ? Qu'ils vont vous 'démonter à sang' ?

Amel B. : Personne. Je crains mon créateur mais pas famille.

- Est-ce que c'est votre créateur qui va vous démonter à sang ?

- aujourd'hui je suis là c'est que j'ai pas été démontée à sang...

Le président : Vous aviez peur de l'arme mais vous l'avez laissé à votre frère. Vous pensez qu'en la touchant elle devenait inoffensive cette arme ?

- Non

Le président précise que l'arme en question sur laquelle a été retrouvé l'ADN d'Amel B. était un pistolet (un Tokarev TT33). "Aux enquêteurs vous avez dit avoir déclaré à votre petit frère à ce moment que 'c'était un malade'. Il vous a écouté ?

- Non

- Vous nous dites que c'est au moment de votre garde à vue (en 2017) que vous aviez appris qu'il s'était passé quelque chose d'effrayant et que c'est à partir de là que ça vous a choqué.

- Oui

- Vous dites si j'avais su je l'aurais peut-être dénoncé (son frère) à la police. La police ça doit pas être votre...vous l'aimez pas trop quand même la police ?

Le témoin : non je l'aime pas

- Mais vous dites que vous auriez appelé la police si vous aviez su que votre frère avait pu être mêlé à une affaire criminelle ?!

- Oui. 

Le président, 7e audition de garde à vue d'Amel B. : En fin de garde à vue quand on vous demande si vous avez quelque chose à ajouter vous dites: 'Juste que chacun assume ses responsabilités'. Vous faisiez référence à qui ?

- A toutes les personnes qui seraient impliquées dans l'affaire, que chacun assume ce qu'il a fait.

Prsdt : sans votre ADN sur l'arme (le Tokarev TT33 de Coulibaly) on ne serait jamais venu vous demander quoique ce soit... Vous avez peur de votre oncle Samir L. ?

Amel B. : Non pas du tout

Le président : ça vous gênait de dire des choses devant lui au moment de la confrontation ?

- Non

- On dirait que vous ne vouliez rien dire, parce que ça vous gênait de dire quelque chose, ou qua ça amène des représailles sur vous.

Amel B. témoin: non parce que je ne sais rien

Le président : Madame, vous avez donné des détails en garde à vue..

- En fait mon oncle (Samir L. ) c'est le monstre dans l'affaire (elle rit)...

Le président: Votre oncle ? pourquoi vous dites ça ?

Le témoin : c'est ce qu'on dirait depuis le début de l'audition

Le président au témoin qui "ne sait rien", qui "a oublié" : "Autrement dit, vous noyez le poisson si vous me permettez l'expression"

Amel B. à la barre : je vous en prie..

 

(Ca va faire des histoires un bon coup de pied au cul là ou...? )

 

 

Le président : vous avez combien de différence avec votre petit frère Souliman ? 

Amel B.: 2  ans, non 3

président : plutôt 4

Amel B.: j'ai tellement pas de bonnes relations avec lui que..

Le président:c'est pas tellement de bonnes relations, c'est du calcul mental..

Le président après que le témoin contredit tout ce qu'il lit: "faut pas croire tout ce qui est mentionné dans les procès-verbaux alors ?"

Prsdt : on vous demande si votre frère était dans les stupéfiants, encore une fois, réponse où chacun pourra tout y trouver, vous dites: 'je pense, je ne sais pas...' tant que vous êtes là, votre frère Souliman B. il est où là ? Il est vivant, il est mort ?

Amel B. : je sais pas, peut-être qu'il est mort, peut-être qu'il est vivant

Le président : Souliman B. votre frère, il aurait du déposer au même titre que vous. Vous, on avait votre adresse. Lui Souliman B. n'a plus de numéro de téléphone, il a résilié ses comptes bancaires, il serait parti en Espagne. Vous avez peut-être des contacts..

- Je parle plus avec lui. On est fâché, ca reste familial.

Le président : Vous n'avez pas fait de signalement pour disparition inquiétante ?

Amel B. : il est majeur et vacciné.

- la disparition de votre frère ca a l'air de vous faire rire.. Vous avez peut-être des éléments mais bon, c'est votre droit de ne pas les donner. Ce qui explique peut-être votre façon très à l'aise de répondre de cette façon.

1er assesseur au témoin Amel B. : Quand on vous demande qui va vous tuer vous avez répondu aux enquêteurs "ma famille". de retour chez vous, après votre garde à vue, vous en avez parlé avec qui ?

Le témoin Amel B. : ma mère, ma soeur

- et vous avez parlé de quoi avec votre mère et votre soeur ?

Amel B. : J'ai parlé des armes, des questions. Je voulais juste oublier cette histoire parce que excusez-moi, ça fait mal à la tête.

 

 Assesseur : Vous vous entendez bien avec votre soeur ? 

- Ca va. 

AG : votre frère Souliman, je viens d'apprendre qu'il est susceptible d'avoir été interpellé et placé en garde à vue en Belgique

Prsdt : vous voyez que vous avez bien fait de venir à cette audience, vous avez des nouvelles de votre frère comme ça. (la cour pensait que Souliman B. était en Espagne et en fait il aurait donc été interpellé en Belgique)

Me Akorri : Souliman B. peut être très sanguin parfois, nerveux ?

Amel B.: je sais pas. J'ai pas de contact du tout avec lui.

Me Akorri : dans votre famille, personne ne vous a reproché ce que vous avez dit en garde à vue ? Les liens entre Souliman B. et Samir L. ? Votre maman répète à votre frère "arrête de crier". On sent une nervosité incroyable à l'égard de votre mère, il parle de la "pute de fille" à sa mère. Il dit plus ou moins que vous ne devez pas vraiment revenir sur votre déclaration. Le 8 mars 2018, la juge d'instruction a déjà reçu la lettre concernant Mohamed Fares, mais personne au dossier n'est au courant. Le 8 mars 2018 il y a une écoute téléphonique entre vous et votre maman, Souliman B. est très énervé. Souliman explique que si vous revenez sur votre déclaration, on va pas vous croire et lui va prendre une lourde peine.

Amel B., totalement déconnectée: et moi vous avez des écoutes téléphoniques sur moi ? Excusez-moi, je comprends RIEN DU TOUT !

Me Akorri : est ce qu'un moment quelqu'un vous a dit que ce que vous avez déclaré sur votre oncle et votre frère, il faut pas complètement revenir dessus ?

Amel B. : non

Prsdt : votre audition est terminée.

Amel B.: Merci beaucoup, bon courage à vous.

Elle quitte la salle en échangeant un regard appuyé avec son beau-frère Mohamed Fares.

Chahinaze B. (ex-épouse de Mohamed Fares)

D'abord je veux témoigner mon soutien aux victimes et familles de victimes et toutes mes condoléances, je suis maman, j'ai un enfant, sur mon Facebook comme je l'avais dit en garde à vue j'avais mis "je suis Charlie Hebdo". 

1er assesseur : madame, vous êtes informée que la cour a décerné un mandat d'amener vous concernant. La convocation qui vous a été délivrée, vous ne comptiez pas venir..

Chahinaze B. : si, j'ai ouvert la porte, j'ai juste dit que j'étais malade. J'avais demandé une visioconférence.

Le 1er assesseur : et on vous a dit quoi ?

Le témoin: on ne m'a pas répondu.

Assesseur : vous avez fait état que vous étiez un cas contact Covid-19, le médecin vous a prescrit un Doliprane. Vous n'aviez pas envie de venir, aux policiers vous avez dit que vous ne vouliez pas venir... Quel souvenir, indépendamment du choc, sur le fond conservez-vous de votre garde à vue ?

Chahinaze B. : que des mauvais souvenirs. J'ai fait de mal à personne.

Assesseur : Quelle relation à votre frère Souliman B. avec Samir L. ?

Chahinaze B. : je saurais pas vous dire leur relation, j'habite pas chez mes parents. (au sujet de son oncle Samir L.) : Il a renié toutes ses nièces. il a renié Amel B.

Assesseur : ils se voyaient votre frère Souliman B. et Samir L., votre oncle ?

- je sais pas

- on a l'ADN de votre soeur Amel B. sur l'arme, elle vous a parlé de sa garde à vue, de l'arme ?

- elle m'a parlé juste de l'histoire, des questions qu'elle a eue en garde à vue.

- Vous lui posez pas de questions ? Ca vous intéresse pas, la police arrive, il y a l'ADN de votre soeur sur une arme....?

Chahinaze B.  : Elle veut pas, elle veut pas parler. Souliman (Souliman B. son frère) il dealait jamais déjà. On va pas envoyer un petit de 15 ans, c'est un enfant, comment il va se procurer ce stup ? C'est pas possible, avec quel argent ?

L'avocat général précise que Souliman B. (frère de Chahinaze B.) "n'est finalement pas détenu en Belgique" "l'espoir de l'avoir sous la main, c'est pas le cas". Un peu plus tôt il avait été indiqué que le jeune homme aurait été interpellé..

Le 1er assesseur lit plusieurs PV depuis près de 20 minutes maintenant. Chahinaze B. ex-femme de Mohamed Fares est là depuis près d'une heure, debout à la barre et écoute. Elle finit par dire : "je comprends rien aux dépositions là je suis perdue".

L'assesseur poursuit la lecture des dépositions de Souliman B. Des avocats s'interrogent sur ces lectures dont seuls des extraits (certes longs) sont lus.

Le témoin réagit : je suis là pourquoi moi ?!

Interrogée sur les liens entre Souliman B. et Samir L. elle répond : c'est à Souliman de répondre à ces questions, je sais pas.

L'assesseur lui redemande si elle sait comment l'adn de sa soeur est arrivé sur une arme. Le témoin : elle veut pas parler, elle veut pas parler, je vais pas la forcer !

Le 1er assesseur précise que pendant la garde à vue de Chahinaze B., Mohamed Fares lui a crié ": Chahinaze t'es là? Pourquoi t'es là? T'as rien à voir." Le témoin répète qu'à l'époque elle n'a pas compris pourquoi elle était là. "Je suis une femme, je suis pas un homme, j'ai rien à faire dans une garde à vue comme ça."

1er assesseur : vous dites: "je comprends pas c'est à cause de ce bâtard". C'est qui ce bâtard ?

- Mohamed. Je comprends pas pourquoi mon frère a à voir dans ces histoires-là. En fait vous croyez que j'ai des éléments, si j'aurais des éléments (sic) je les aurais dit en garde à vue. 
Le 1er assesseur on vous demande si Mohamed Fares pouvait recevoir au domicile des Parisiens, vous avez dit non. Vous avez dit aussi aux enquêteurs ne l'avoir jamais vu avec des armes à feu. 

Le 1er assesseur lit un PV de Chahinaze B. ex-femme de Mohamed Fares : "Mohamed me frappait devant Souliman, il m'insultait. Un jour Mohamed m'a tabassée comme un dingue parce que je ne lui avais pas ouvert la porte et qu'il avait envie d'aller aux toilettes".

Chahinaze B. ex-femme de Mohamed Fares, confirme que ce dernier la frappait.

Le 1er assesseur : vous avez dit en garde à vue" c'est Mohamed qui tenait Souliman B". , "j'ai peur que les mecs de Paris s'en prennent à ma fille" "j'ai peur de Mohamed, je pense que c'était l'arme de Mohamed, je sais pas quelle était la provenance de l'arme".. En garde à vue vous dites j'ai entendu parlé d'armes au moins à 3 reprises (..) Mohamed a dit à Souliman doit voir le Parisien...

- Non j'ai pas dit ça. 

- vous dites aux enquêteurs que pour vous le Parisien, c'était Saïd (Makhlouf) (agacement dans le box des accusés) 

- Non.

- vous dites aux enquêteurs que vous pensez que Christophe D. a fourni une arme de Claude Hermant à Mohamed Fares.

Chahinaze B. , témoin, ex-femme de Mohamed Fares, évoque la pression de la garde à vue. Elle précise que pendant toute la durée de celle-ci on lui a refusé un verre d'eau. "Je suis une femme j'ai rien à faire dans un dossier pareil. J'ai pas ma place ici. Des armes des terroristes, c'est pas ma place. Ma fille elle va grandir, elle va entendre ça".

Chahinaze B. , ex-femme de Mohamed Fares indique ne pas savoir qui a envoyé la lettre anonyme "Hyper Kacher (sic) Mohamed Fares" à la juge d'instruction Nathalie Poux.

Le Président : Vous avez fait 7 auditions de garde à vue, vous mettez Mohamed Fares en cause. Vous dites "Souliman avait peur de Mohamed, Mohamed l'a fait dealer, sortir du droit chemin". Vous dites Souliman c'était un toutou, il disait oui à tout. Si Souliman a eu cette arme, c'est parce que c'est Mohamed Fares qui a du lui remettre". Aujourd'hui, on comprend que vous êtes en retrait. Vous affirmez toujours cela aujourd'hui ?

Chahinaze B. : Je pense. Souliman avait peur de Mohamed Fares.

Le président : dans ces déclarations, vous chargez Mohamed Fares..

- Oui j'étais énervée, c'était une vengeance

Le président : une vengeance pour ce qu'ils vous avait fait ?

Chahinaze B. : oui

Prsdt : vous mettez en cause Mohamed Fares dans une affaire très très grave de terrorisme pour vous venger ? Il a été infidèle, il vous a frappée, c'est le père de votre fille, vous le mettez en cause pour vous venger de lui ? Vous comprenez qu'on est dans une affaire de terrorisme, que c'est une arme qui a été retrouvée chez un terroriste. Vous réglez vos compte sur un plan personnel c'est pour cela que vous le mettriez faussement en cause ?? Dans toutes vos dépositions, vous le chargez. Tout ce que vous dites, on vous force à le dire ?

Chahinaze B. : Non non non

Le président : quelle est votre position aujourd'hui ?

Me Szwarc demande à Chahinaze B. de donner des précisions sur les violences exercées par Mohamed Fares à son encontre. Le témoin fond en larmes, elle dit qu'elle n'a pas envie d'en parler. Elle précise : "C'est un bon papa et ma fille a perdu son père". 

L'AG s'adresse au témoin et lui demande si elle sait où est son frère Souliman B., cité comme témoin mais introuvable (il aurait fui en Espagne, il aurait été interpellé aujourd'hui en Belgique puis finalement non). 

- bah oui, je sais où il est. il est chez mes parents (elle donne l'adresse) Moi j'ai eu un policier chez moi, ma soeur un huissier mais chez mes parents rien..

Le témoin est très énervée et pleure. "Vous entrez dans ma vie intime alors que dès le début je vous ai dit de ne pas entrer dans ma vie intime. Je ne veux plus répondre aux questions."

Abdelaziz Abbad dans le box, intervient et crie : "Vous foutez nos vies en l'air avec vos questions. Posez des questions sur le terrorisme. Vous croyez quoi qu'on n'a pas de familles ou quoi ?! Il en avait des choses à raconter Hermant, et Benyettou, pourquoi on les a virés de la salle. Ca vous fait marrer, moi ça me fait pas marrer."