Esclave de l'oeil

L'expression fait par exemple allusion à la surveillance visuelle. La surveillance peut s'apparenter parfois à une sécurisation. Mais c'est selon qui est ou sont l(es) auteur(s) de la surveillance. Ainsi les agissements de celui qui est surveillé visuellement peuvent être entravés, voire plus ou moins dictés, par la menace sous jacente de celui ou ceux qui le regarde(nt). Même si en contrepartie il peut éventuellement être récompensé de sa conformité à ce qui est attendu de lui.

D'autre part elle peut aussi rappeler entre autres l'illusionnisme visuel, ainsi qu'en effet la manipulation par l'image...

Il y a 4 heures, Blaquière a dit :

Ha ?!...  C'EST DONC POUR ÇA !... 

Quoi donc?

Le 23/05/2020 à 08:14, Blaquière a dit :

Belle remarque qui renvoie un peu dans les cordes les tenants des vérités cachées, les prétendus "initiés" depuis les  kabbalistes jusqu'aux "éveillés" sans oublier les psy eux-mêmes... à réfléchir... D'un autre côté remettre en cause un certain... "élitisme" est un peu à la mode, à réfléchir doublement donc...

Peut-être s'agit-il alors d'apprendre à bien voir? Mais on repart à zéro... L'évidence... mal définissable.

Salut !

C'est qu'il y a une différence de principe entre ce qui relève de l'oralité et ce qui relève de la vision. Ce sont deux univers distincts quoi que chaque expérience soit un point par où ils sont joints (sans oublier les autres sens mais ces deux là dominent dans notre fonctionnement conscient et dans les relations).

Ton exemple des psy : ils tentent de lire dans le langage lui-même (disons les psychanalystes). Le lapsus, le quiproquo, l'analogie, il s'agit d'interpréter, de dire ce que ce qui est dit veut dire. C'est que, ce qui est dit n'est pas inerte. C'est la matière même de la langue qui permet cela : les mots et l'énonciation sont toujours plurivoques. (C'est sans doute d'ailleurs la différence remarquable entre les phénomènes connus de communication animale et la langue chez l'homme ! La langue reste irréductible à la fonction de communication.) 

Alors j'émets la réserve suivante sur cette idée que la vision soit davantage "démocratique" : nous sommes à égalité devant ce qui est vu, mais par là soumis (la sphère rouge que je pose sous vos yeux, s'impose également à tous ceux qui la voient) ; alors que ce qui est dit (la sphère rouge que maintenant j'évoque) renvoie chacun à sa subjectivité, fait jouer son imagination, etc. Aussi, le même discours déclenchera des réactions et produira des compréhension toujours différentes selon l'auditeur mais encore chez la même personne, à différents moments !.. Admirable non ?  Ajoutons qu'un discours ouvre toujours, sinon qu'il appelle, la possibilité d'une réponse et place par là les deux interlocuteurs sur une même base, au moins en puissance.

Qu'en est-il d'une autorité fondée exclusivement sur la parole ?..

La vue, c'est aussi la cathédrale qui nous écrase de toute sa hauteur : objective, extérieure, inébranlable. 

Le 23/05/2020 à 08:14, Blaquière a dit :

Peut-être s'agit-il alors d'apprendre à bien voir? 

À voir tout simplement, il ne s'agit pas d'apprendre.

Il y a 2 heures, Name a dit :

À voir tout simplement, il ne s'agit pas d'apprendre.

Maman ! Elle fait rien que de me contrarier !

il y a 7 minutes, Blaquière a dit :

Maman ! Elle fait rien que de me contrarier !

Désolée 

Percevoir plutôt que voir.

il y a 1 minute, Name a dit :

Désolée 

Percevoir plutôt que voir.

On est d'accord !

il y a 29 minutes, Blaquière a dit :

On est d'accord !

Oui, surtout sur le préjugé folklorique des perceptions diverses.

Il peut être aussi question sur ce thème d'exhibitionnisme visuel au sens péjoratif, bien que dans ce cas l'œil n'est pas l'esclavagiste mais le sens par lequel il sévit, sauf s'il s'agit d'auto-exhibitionnisme narcissique par exemple. Y compris donc de voyeurisme au sens péjoratif.

Il y a 21 heures, Name a dit :

Oui, surtout sur le préjugé folklorique des perceptions diverses.

Je voulais surtout dire que voir ne suffit pas. La Vision, la vue. Le mécanisme de l'oeil, c'est un appareil photo : l'oeil n'a pas d'âme ! Mais la perception est une construction. On peut donc dire qu'un apprentissage est envisageable. C'est un peu la fonction de l'art (comme la peinture) : nous apprendre à voir., Le peintre (artiste) tient le rôle d'un démiurge. Il nous incite à voir, regarder sous un autre angle, d'une autre façon.

Le 19/05/2020 à 12:27, sirielle a dit :

A quoi vous renvoie le concept d'"esclave de l'œil" (cf Lucien de Gieter), ou esclave du regard (et non pas donc de toute base de potentiel jugement). Sachant qu'il peut être question également de ses propres yeux et pas uniquement de ceux d'autrui.

Esclave du regard par les apparences, libre du regard par la conscience, mais à nouveau esclave de quelque chose d'autre.