Aller au contenu

Il y a 80 ans... la campagne de Norvège.


Gouderien

Messages recommandés

Membre, Obsédé textuel, 73ans Posté(e)
Gouderien Membre 38 422 messages
73ans‚ Obsédé textuel,
Posté(e)

                 Le 9 avril 1940, l’invasion de la Norvège et du Danemark éclata comme un coup de tonnerre, dans la quiétude de la drôle de guerre. Pour les Allemands, l’opération « Weserübung » (« exercice Weser ») devait permettre d’assurer l’approvisionnement du Reich en fer suédois, en mettant la Norvège à l’abri des convoitises alliées. Et de fait, alors même que la marine allemande mettait le cap vers la côte norvégienne, la Royal Navy déclenchait l’opération « Wilfried », le mouillage de mines dans les eaux norvégiennes.

                Les premiers heurts entre les marines des deux pays se produisirent dès le 8 avril. Le destroyer britannique « Glowworm » tomba par hasard sur une escadre allemande comportant le croiseur lourd « Hipper ». Il tenta d’éperonner le navire allemand, avant d’être envoyé par le fond. Pour les Britanniques, c’était le premier indice d’une expédition allemande contre la Norvège. Ce pays fut averti, et mobilisa son armée.

                Le lendemain, l’assaut allemand se déchaîna. L’attaque contre le Danemark se passa presque sans effusion de sang, car ce pays n’avait pas d’armée digne de ce nom. Mais en Norvège, il en alla tout autrement. Dans la nuit, des navires se présentèrent devant Bergen, tandis qu’une flottille de contre-torpilleurs pénétrait dans le fjord de Narvik, tout au nord du pays. Dans le même temps, des parachutistes allemands furent largués sur plusieurs aéroport du sud de la Norvège. Mais tout ne se passa pas bien partout pour les nazis. Au milieu de la nuit, une flotte allemande s’approcha d’Oslo. Mais un fort côtier ouvrit le feu avec des pièces de 280 mm et coula le croiseur lourd « Blücher », qui disparut avec plus de 2.000 hommes de son équipage et des forces d’occupation. Ce fait d’armes n’empêcha pas les Allemands, débarqués par avion près de la capitale norvégienne, de s’emparer d’Oslo dans la journée. La famille royale, des membres du Parlement et du gouvernement s’enfuirent vers le nord, emportant l’or de la banque de Norvège.

                A Narvik, la Kriegsmarine envoya par le fond deux vieux garde-côtes norvégiens, et les troupes de montagne du général Dietl débarquèrent et s’emparèrent du port. A la fin de la journée, la plupart des débarquements allemands avaient réussi, et la Wehrmacht s’était emparée de plusieurs ports essentiels. Sans perdre de temps, les nazis installèrent à Oslo un gouvernement pro-allemand dirigé par Vidkun Quisling, un Norvégien, dont le nom allait devenir symbole de la collaboration. Les Alliés avaient été pris de court ; cependant, ils n’allaient pas rester sans réagir, et l’invasion de la Norvège allait coûter très cher à la marine allemande.

                Dans la nuit, un sous-marin britannique coula le croiseur léger allemand « Karlsruhe » devant le port de Kristiansand. A l’aube du 10 avril, 5 destroyers britanniques commandés par le capitaine de vaisseau Warburton-Lee pénétrèrent dans le fjord de Narvik, et affrontèrent les 10 contre-torpilleurs allemands du commodore Bonte. Après un furieux combat, 2 navires furent coulés dans chaque camp, et Warburton-Lee et Bonte furent tués.  Le même jour, le croiseur léger allemand « Königsberg » fut coulé par un avion anglais. Trois jours plus tard, la Royal Navy revint en force à Narvik, avec le cuirassé « Warspite », escorté par 9 destroyers. Les 8 contre-torpilleurs allemands restants furent détruits. Environ 2.000 marins survivants gagnèrent la terre ferme. Le général Dietl les forma en bataillons de « marins de montagne », et les équipa avec des armes prises dans les arsenaux norvégiens. Puis, isolé au nord de la Norvège, à des centaines de kilomètres du reste des troupes allemandes, Dietl attendit l’assaut allié.

                Celui-ci n’allait pas tarder ; en effet, les Français avaient enfin trouvé une utilité au corps expéditionnaire rassemblé pour intervenir en Finlande. Et légionnaires et chasseurs alpins français, ainsi que des troupes britanniques, débarquèrent le 19 avril près de Narvik, mais aussi à Namsos et à Andalsnes, en Norvège centrale. Pendant ce temps, les forces allemandes remontaient vers le nord en combattant, et les Alliés ne tardèrent pas à se rendre compte qu’ils ne pouvaient les arrêter. Ils décidèrent alors de se concentrer sur Narvik. Le 28 avril, le corps expéditionnaire français débarqua à Narvik, sous les ordres du général Béthouart. Début mai, Namsos fut évacuée. Et puis, le 10 mai 1940, les Allemands déclenchèrent l’offensive à l’ouest. La situation s’aggrava rapidement, au point qu’il fut décidé d’évacuer l’ensemble des troupes alliées de Norvège. Mais pour que le rembarquement se passe au mieux, une attaque sur Narvik fut maintenue. Elle eut lieu fin mai, et réussit, ce qui permit au président du Conseil français Paul Reynaud de déclarer, d’une façon un peu prématurée : « La route du fer suédois est et restera coupée ». Une phrase qui figure en bonne place dans le bêtisier de la Seconde Guerre mondiale.

                L’évacuation de Narvik par les Alliés se produisit dans les premiers jours de juin 1940, au grand soulagement des Allemands du général Dietl, qui s’étaient vus menacés d’être internés en Suède. Au cours de cette opération se produisit une tragédie : les croiseurs de bataille allemands « Scharnhorst » et « Gneisenau » tombèrent sur le porte-avions britannique « Glorious », seulement escorté par les destroyers « Acasta » et « Ardent », et coulèrent les trois navires. Seulement 3 hommes de leurs équipages survécurent. Le corps expéditionnaire français gagna l’Angleterre, où le général Béthouart et ses hommes représentèrent une partie des premiers volontaires de la France libre. Le roi Haakon VII et ses ministres formèrent un gouvernement norvégien en exil à Londres.

                Les Allemands conquirent l’ensemble de la Norvège, et occupèrent ce pays pendant toute la guerre, assurant du même coup leur approvisionnement en fer suédois. La fameuse « route du fer » n’avait été coupée que durant quelques jours. Mais la marine allemande avait payé très cher cette victoire, en perdant 3 croiseurs et 10 contre-torpilleurs, soit environ un tiers de la flotte ; de telles pertes rendraient plus tard impossible l’opération « Seelöwe » (« Lion de mer »), le débarquement allemand en Angleterre – en admettant que les Allemands y aient songé sérieusement, ce qui n’est même pas sûr.

Le général Eduard Dietl, le général Antoine Béthouart et le cuirassé "HMS Warspite".

Dietl.png

Béthouart.png

 

wars.jpg

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Annonces
Maintenant

Archivé

Ce sujet est désormais archivé et ne peut plus recevoir de nouvelles réponses.

×