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Annalevine

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Membre, 152ans Posté(e)
Annalevine Membre 3 528 messages
Mentor‚ 152ans‚
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L’angoisse dévoile le néant. Heidegger pose la question : qu’en est- il du néant ?

«  Ce qui s’impose c’est de parachever la métamorphose de l'être humain en son Da-sein ». Là nous retombons sur la difficulté de comprendre le Dasein. Le être-là. Il me semble que Heidegger veut épurer l’homme de toute subjectivité. Le Dasein pourrait être l’homme en soi, où l’homme tel qu’il est en tous, parfois Heidegger rapproche le dasein du « on » impersonnel. Il ne s’agit pas du « toi », du « moi » du « nous » écrit- il, il s’agit du « on ». Du « on » impersonnel. Dans l'angoisse, écrit-il « on » est oppressé. Ce n’est pas toi, pas moi, pas nous qui sommes oppressés, c’est on. Le Dasein est un mot qui vise à vider l’être de toute subjectivité. Dans le « on » nous retrouvons du coup une certaine objectivité. 

Il me vient cette image, le Dasein pourrait être l’ombre portée de chaque être humain sous le soleil de l’existence. Une ombre qui permettrait de se débarrasser  de toutes les singularités humaines pour atteindre une certaine objectivité. C’est l’impersonnel de l’humain que vise Heidegger.

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Membre, Posté(e)
g.champion Membre 700 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)
Il y a 11 heures, Annalevine a dit :

Il ne s’agit pas du « toi », du « moi » du « nous » écrit- il, il s’agit du « on ». Du « on » impersonnel. Dans l'angoisse, écrit-il « on » est oppressé. Ce n’est pas toi, pas moi, pas nous qui sommes oppressés, c’est on.

pourquoi c'est le "on" qui éprouve de l'angoisse, selon vous ?

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Membre, 152ans Posté(e)
Annalevine Membre 3 528 messages
Mentor‚ 152ans‚
Posté(e)

« Le néant se dévoile dans l’angoisse, mais non point comme un étant » ( c’est-à-dire non point comme un objet). « L’angoisse ce n’est pas l’acte de concevoir le néant »

Ici Heidegger souligne que, de manière générale, dans ou par le sentiment-tonalité, une « réalité métaphysique » se dévoile. Mais ce dévoilement n’ouvre pas la possibilité de concevoir cette réalité. Ce que pourtant nous tentons de faire, mais en vain. Dévoilement n’est pas conception. C’est comme si, étant au milieu de l'océan, je prenais soudain conscience de la présence de l'océan par la sensation de la pression de l’eau sur moi. L'océan écrit  alors une Histoire en moi ( historial) histoire faite par l’exercice de cette pression sur moi. L'océan  ainsi se révèle à moi dans son ensemble, mais pour autant je ne peux pas le concevoir  dans son ensemble, conception qui, pour être possible, m’obligerait à sortir de l'océan pour pouvoir le concevoir ( et non plus le sentir ou le ressentir) dans son ensemble.

On peut se demander alors ce qu’apporte de « plus » Heidegger. Ce que qu’apporte de plus Heidegger c’est l’affirmation que des réalités métaphysiques existent bien, qu’elles ne sont pas purs produits de la volonté humaine ou de l’imagination humaine. Le monde dans son ensemble existe bien, l’Etre existe bien, indépendamment de l’homme, indépendamment de l’existence de l’homme. Il réhabilite dans une certaine mesure la métaphysique, dans une certaine mesure seulement car il semble que les seules entités métaphysiques qu’il retienne ce soit l’Etre et le Néant ( le monde, dans son ensemble, servant de travail préparatoire pratique).

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Membre, 152ans Posté(e)
Annalevine Membre 3 528 messages
Mentor‚ 152ans‚
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« Dans l’angoisse il y a un mouvement de recul devant... ».

Ce mouvement de recul c’est celui de l'étant, celui du monde. L'étant progressivement glisse, disparaît, il s’engloutit, mais il ne disparaît pas au motif que le néant l’anéantirait ou au motif que le néant le nierait. Il disparaît au motif que le néant a une action répulsive. Le néant « répulse », il expulse. 

« Cette expulsion totalement répulsante, qui renvoie à l’étant en train de glisser ( en train de disparaître), c’est elle dont le néant obsède le Dasein dans l’angoisse »

Cette action de répulsion-expulsion Heidegger l’appelle le : néantissement. Le néantissement est l’essence du néant. Le néant néantit, son action est : néantir. 

 

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Membre, 152ans Posté(e)
Annalevine Membre 3 528 messages
Mentor‚ 152ans‚
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Le néantir en repoussant, en expulsant l’étant  ( le monde ) révèle l'étant au Dasein justement grâce à  son mouvement d’expulsion, qui le sépare du Dasein.

Le Dasein reste alors suspendu dans le néant, face à l'étant, qui se séparant de lui, en raison du néantir du néant ( en raison de l’expulsion subie par l’étant), se révèle en tant qu’étant ( je ne suis plus retenu dans l'étant, lequel glisse et disparaît, je me tiens désormais hors de l’étant, et grâce à cela je peux dire : il y a de l'étant et non pas Rien. Ainsi Heidegger rejoint la réflexion de Leibniz, qui constate qu’il y a quelque chose et non pas Rien.

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Membre, 152ans Posté(e)
Annalevine Membre 3 528 messages
Mentor‚ 152ans‚
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Le  « rien » du : pourquoi y-a-t-il quelque chose plutôt que rien, le « rien » est  « la condition préalable qui rend possible la manifestation d’un  étant en général ». C’est même une condition a priori.

Ici Heidegger va loin : le Rien est premier et rend possible le dévoilement du monde en général.

Il faut faire attention de ne pas rapprocher cette affirmation d’une théorie quelconque scientifique ou religieuse qui affirmerait qu’avant que le monde soit il n’y avait Rien.

Ce dont parle ici Heidegger c’est d’une expérience mentale. Ce qui l'intéresse c’est l'expérience mentale. Et dans cette expérience mentale le rien est toujours là, toujours agissant, le rien toujours néantit. 

Pour comprendre Heidegger il est nécessaire de se soumettre à l’expérience mentale de l’angoisse ( celle qui « apparaît », sans cause ), ou plutôt il est nécessaire de se souvenir de nos plus intenses expériences de l’angoisse, ou de se souvenir de cette expérience vécue par des proches, ou encore, si nous sommes en proie actuellement à cette angoisse, de tenter d’en prendre conscience avec le plus d’acuité possible.

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Membre, 76ans Posté(e)
Blaquière Membre 18 866 messages
Maitre des forums‚ 76ans‚
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il y a une heure, Annalevine a dit :

Le  « rien » du : pourquoi y-a-t-il quelque chose plutôt que rien, le « rien » est  « la condition préalable qui rend possible la manifestation d’un  étant en général ». C’est même une condition a priori.

Ici Heidegger va loin : le Rien est premier et rend possible le dévoilement du monde en général.

Il faut faire attention de ne pas rapprocher cette affirmation d’une théorie quelconque scientifique ou religieuse qui affirmerait qu’avant que le monde soit il n’y avait Rien.

Ce dont parle ici Heidegger c’est d’une expérience mentale. Ce qui l'intéresse c’est l'expérience mentale. Et dans cette expérience mentale le rien est toujours là, toujours agissant, le rien toujours néantit. 

Pour comprendre Heidegger il est nécessaire de se soumettre à l’expérience mentale de l’angoisse ( celle qui « apparaît », sans cause ), ou plutôt il est nécessaire de se souvenir de nos plus intenses expériences de l’angoisse, ou de se souvenir de cette expérience vécue par des proches, ou encore, si nous sommes en proie actuellement à cette angoisse, de tenter d’en prendre conscience avec le plus d’acuité possible.

Je pensais à ça hier : Notre esprit." L'expérience mentale". Son isolation en nous du reste du monde, même de notre corps. Son existence... abstraite, son développement ou sa "mise en action" incompréhensible à lui-même.  Sa ponctualité : c'est un "point de vue" mais un point de vu dynamique, agissant. Incompréhensible. "L'expérience mentale" est son état permanent, mais sans barrière, sans garde fou. Elle permet tout (peut-être). Comment s'y fier ? Comment ne pas dire n'importe quoi à son sujet ? Comment "de l'intérieur" distinguer une idée fausse d'une juste ? Un impression (sensation, sentiment) légitime , vraie ou honnête, d'une fausse, fabriquée,  "parachutée" ?

[ Je veux dire que notre esprit a un en soi. et que cet en soi, c'est notre cerveau ! Cet en soi on le connaît un peu : les neurones, l'électricité, la chimie? Mais l'expérience que nous avons de notre esprit n'est pas cet en soi. Nos sentiment vécus n'ont rien de chimique ! Ce que nous connaissons de notre esprit, ce que nous expérimentons, c'est son "pour soi" (ce qu'il est pour nous!) notre expérience mentale c'est son phénomène. Comme il fonctionne pas comme il est (en soi-neurones). Mais on peut bien imaginer que notre esprit phénomène, agissant va puiser des éléments, des "idées" où elles seraient stockées dans son "substrat" (en soi neurone) pour les manipuler à sa façon. Bien sûr il ne s'agit là que de la partie visible, consciente de l'iceberg ! Un immense inconscient "travaille" aussi en sous main.]

C'est là, compte tenu de cet immense inconscient (dont le fonctionnement proprement "matériel" de l'en soi de l'esprit)  que "l'expérience mentale" peut s'acérer bien incomplète. Sujette à caution. Bien hasardeuse...

Pour l'angoisse, il faudrait essayer d'aller plus loin, plus profond. tenter de l'analyser, de la décortiquer,comment elle apparaît, à la suite de quoi, comment elle fonctionne, d'où elle vient, dans quel cas précis. La raconter , la conter au plus précis. (Je pense à la page de Sartre sur la racine de marronnier pour sa nausée) Le mot "angoisse"  ne suffit pas. Ce n'est qu'une étiquette. Pareil pour le "rien".

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Membre, 152ans Posté(e)
Annalevine Membre 3 528 messages
Mentor‚ 152ans‚
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Il y a 4 heures, Blaquière a dit :

Je pensais à ça hier : Notre esprit." L'expérience mentale". Son isolation en nous du reste du monde, même de notre corps. Son existence... abstraite, son développement ou sa "mise en action" incompréhensible à lui-même.  Sa ponctualité : c'est un "point de vue" mais un point de vu dynamique, agissant. Incompréhensible. "L'expérience mentale" est son état permanent, mais sans barrière, sans garde fou. Elle permet tout (peut-être). Comment s'y fier ? Comment ne pas dire n'importe quoi à son sujet ? Comment "de l'intérieur" distinguer une idée fausse d'une juste ? Un impression (sensation, sentiment) légitime , vraie ou honnête, d'une fausse, fabriquée,  "parachutée" ?

[ Je veux dire que notre esprit a un en soi. et que cet en soi, c'est notre cerveau ! Cet en soi on le connaît un peu : les neurones, l'électricité, la chimie? Mais l'expérience que nous avons de notre esprit n'est pas cet en soi. Nos sentiment vécus n'ont rien de chimique ! Ce que nous connaissons de notre esprit, ce que nous expérimentons, c'est son "pour soi" (ce qu'il est pour nous!) notre expérience mentale c'est son phénomène. Comme il fonctionne pas comme il est (en soi-neurones). Mais on peut bien imaginer que notre esprit phénomène, agissant va puiser des éléments, des "idées" où elles seraient stockées dans son "substrat" (en soi neurone) pour les manipuler à sa façon. Bien sûr il ne s'agit là que de la partie visible, consciente de l'iceberg ! Un immense inconscient "travaille" aussi en sous main.]

C'est là, compte tenu de cet immense inconscient (dont le fonctionnement proprement "matériel" de l'en soi de l'esprit)  que "l'expérience mentale" peut s'acérer bien incomplète. Sujette à caution. Bien hasardeuse...

Pour l'angoisse, il faudrait essayer d'aller plus loin, plus profond. tenter de l'analyser, de la décortiquer,comment elle apparaît, à la suite de quoi, comment elle fonctionne, d'où elle vient, dans quel cas précis. La raconter , la conter au plus précis. (Je pense à la page de Sartre sur la racine de marronnier pour sa nausée) Le mot "angoisse"  ne suffit pas. Ce n'est qu'une étiquette. Pareil pour le "rien".

Si vous pouvez aller plus loin que Heidegger je prends. Aurez-vous la générosité de passer à l’action et de nous dire ce qu’est l’angoisse, ce qu’elle révèle etc. Aurez-vous surtout l’humilité  de prendre ainsi le risque, devant tous, de tâtonner, d'hésiter, voire de vous tromper dans votre expression ?

Vous jugez la pensée de l’autre sans même avoir la générosité de la comprendre, sans même prendre le temps de la comprendre. Si pour vous, seul compte la négation de l’autre, pourquoi intervenir ? Pour exister? C’est infantile.

 

 

 

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Membre, 76ans Posté(e)
Blaquière Membre 18 866 messages
Maitre des forums‚ 76ans‚
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il y a 20 minutes, Annalevine a dit :

Si vous pouvez aller plus loin que Heidegger je prends. Aurez-vous la générosité de passer à l’action et de nous dire ce qu’est l’angoisse, ce qu’elle révèle etc. Aurez-vous surtout l’humilité  de prendre ainsi le risque, devant tous, de tâtonner, d'hésiter, voire de vous tromper dans votre expression ?

Vous jugez la pensée de l’autre sans même avoir la générosité de la comprendre, sans même prendre le temps de la comprendre. Si pour vous, seul compte la négation de l’autre, pourquoi intervenir ? Pour exister? C’est infantile.

 

 

 

Mais qu'il est bête !

-- Mais je l'admire moi, Heidegger ! Je le vénère ! Je l'aime, moi, Heidegger !

-- Il se peut que tu l'aimes Heidegger, en attendant, lui, il te dit merde !

PS J'ai rien nié du tout, je vais même dans ton sens ! Cependant pour que je sois mieux convaincu, il faudrait plus tartiner... Me décrire l'angoisse, me la susurrer... M'y inviter...

L'angoisse, pour moi c'est pas qu'un mot : je veux la vivre !

 

Modifié par Blaquière
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Membre, 152ans Posté(e)
Annalevine Membre 3 528 messages
Mentor‚ 152ans‚
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Les réflexions de Heidegger à propos de l’angoisse-tonalité, celle qui nous emporte sans qu’il soit possible de l’arrimer à une cause, la plus violente des angoisses donc, me font penser à un événement ancien, il y près de quarante ans, auquel je pense souvent sans parvenir à bien élucider ce que cet événement signifiait.

J’étais près de ma mère, à l’hôpital Saint Louis, dans une salle commune où beaucoup de personnes, tout comme ma mère, n’en avaient plus pour longtemps. Irène était allongée là, brave toujours, son corps sous son drap n’était plus que peau et os, elle tenait.

Soudain elle tenta de se redresser sans y parvenir, me saisit la main, son regard envoyait des lueurs intenses , j’étais impressionnée.

Elle me dit alors, rapidement, comme si elle était éminemment pressée : « Anna le monde va disparaître, l’humanité est un échec, Dieu n’existe pas ».

Je sentis sa souffrance, terrible, violente. Je fus ébranlée, consciente qu’il m’était impossible  de trouver des mots propres à adoucir la douleur d’une femme qui avait vécu des violences inouïes pendant la guerre, puis encore après.

Mes frères est sœurs arrivèrent à ce moment là, ma mère changea du tout au tout, redevenue sereine avec eux, allant même quelques temps après à leur parler de sa foi en Dieu.

Je me suis reculée... Comme d'habitude ma mère me transmettait des sentiments qu’elle cachait à tous, à tous ceux, membres de la famille qu’elle jugeait incapables de supporter le pire.

J’étais son Héritière. Mais je m’interrogeai sur le sens de cet héritage-là, qu’avait voulu me transmettre ma mère ? Je voulus en parler à mes frères et sœurs mais ils nièrent farouchement que notre mère ait pu dire cela. Ainsi je gardais cet héritage pour moi.

Les analyses d’Heidegger, 40 ans plus tard, jettent une lumière sur cet héritage non encore ouvert. 

Voyons voir.

Modifié par Annalevine
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Membre, 152ans Posté(e)
Annalevine Membre 3 528 messages
Mentor‚ 152ans‚
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Il m’est venu comme interprétation possible celle qu'aurait fourni la psychologie vulgaire : ma mère se voit mourir, elle projette sur le monde et l’humanité  le sentiment qu’elle a de sa propre mort.

J’ai toujours été conscient que ce type d'explication était  imbécile, d’autant plus imbécile qu’elle était tirée du fatras simpliste de considérations freudiennes.

Mais alors que voulait dire Irène ? Qu’elle fût en train de mourir créait  les conditions de l'émergence de son angoisse, mais conditions n’est pas cause.

Il me semblait qu’elle m’avait transmis quelque chose de réel, qu’elle avait perçu une réalité. Mais quelle réalité ? L’intuition que le monde allait réellement disparaître ? Je n’ai jamais adhéré à cette possibilité. Mais alors s’il ne s'agissait pas d’une simple projection, s’il ne s’agissait pas d’une réalité matérielle, de quoi s’agissait- il ?

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Membre, 152ans Posté(e)
Annalevine Membre 3 528 messages
Mentor‚ 152ans‚
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Heidegger indique une compréhension possible.

Ma mère voyait le monde disparaître, y compris celui des humains. Le monde disparaissait. Le monde disparaissait sous l’action du néant, qui n’anéantissait pas le monde, mais qui l’expulsait. L’action du néant est d’expulser...Le néant en expulsant le monde du champ de conscience de ma mère imprimait sa marque de feu dans la chair même du mental de ma mère : l’angoisse. Ma mère brûlait comme sur un bûcher sous cette marque infernale.

Ma mère éprouvait le néant.  Ma mère me transmettait sa douleur, elle était en train de me remettre entre les mains  son éternelle souffrance. Et le témoignage de la réalité du Néant.

Elle me disait  : toi Anna, toi seule a les moyens de vaincre le Néant.

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Membre, 76ans Posté(e)
Blaquière Membre 18 866 messages
Maitre des forums‚ 76ans‚
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il y a une heure, Annalevine a dit :

Heidegger indique une compréhension possible.

Ma mère voyait le monde disparaître, y compris celui des humains. Le monde disparaissait. Le monde disparaissait sous l’action du néant, qui n’anéantissait pas le monde, mais qui l’expulsait. L’action du néant est d’expulser...Le néant en expulsant le monde du champ de conscience de ma mère imprimait sa marque de feu dans la chair même du mental de ma mère : l’angoisse. Ma mère brûlait comme sur un bûcher sous cette marque infernale.

Ma mère éprouvait le néant.  Ma mère me transmettait sa douleur, elle était en train de me remettre entre les mains  son éternelle souffrance. Et le témoignage de la réalité du Néant.

Elle me disait  : toi Anna, toi seule a les moyens de vaincre le Néant.

Après ça, tout ce qu'on pourrait dire serait dérisoire. Merci.

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Membre, 152ans Posté(e)
Annalevine Membre 3 528 messages
Mentor‚ 152ans‚
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Il y a, au moins, deux attitudes par lesquelles il est possible de différencier les personnes.

Il y a celles dont les déterminations partent de l’intérieur, qui agissent en ayant pour référence des désirs, des croyances, des buts qu’elles ressentent issues d’une intériorité propre. Celles-ci engagent ensuite des actions qui les obligent à tenir compte de l’extérieur. Sans doute y-a-t-il alors va et vient entre les déterminations intérieures et les contraintes extérieures. Mais l'intention est de réaliser des projets élaborés principalement à partir de matériaux fournis par un autre monde que le monde extérieur. Ceux-là ont une Histoire, elles s’appuient sur L’Histoire, elles se déterminent en continuant à écrire l’Histoire telle qu’elles la perçoivent, telle qu’elles l’ont reçue  en elles. 

Ces personnes alors émergent dans le monde réel comme le grain de blé émerge de la terre, brise la couche superficielle de celle-ci et s’affirme au monde dans le seul but de réaliser et de continuer l’Histoire.

Ces personnes-là sont en outre animées par le désir de transmettre. Elles sont un passage entre deux moments de l’Histoire.

Le danger qu’elles peuvent représenter c’est leur éventuelle volonté de faire de leur histoire, l’Histoire universelle. C’est par exemple l’attitude de l’adulte qui nie le droit pour l’adolescent d’écrire l’histoire selon son propre ressenti. C’est aussi l’attitude du philosophe rationaliste français ou du fondamentaliste religieux qui pensent que leur histoire est l’Histoire. C’est l’attitude du régionaliste qui pense que son histoire locale est l’Histoire.

Il y a  face à ces personnes celles qui anéantissent l’Histoire, la leur d’abord, celles dont le ressort, les conditions de réalisation de leur propre projet, s’appuient sur la négation de l’autre, dans son histoire. Ceux-là attendent que le grain de blé émerge sous la puissance  d’une détermination intérieure pour le piétiner, et c’est dans la satisfaction d’avoir piétiné l'émergence d’une affirmation vitale naissante, mais fondée sur une Histoire, qu’elles trouvent leur propre énergie vitale. C’est la tabula rasa. La volonté de tout reconstruire à partir d’un néant, un néant qui ne cesse de dévorer l’histoire. Dans le cadre de cette néantisation alors ces personnes s’affirment non pas comme des transmetteurs mais comme des dieux nouveaux créateurs d’un nouveau monde. Celles-là  s’affirment  dans le regard de l’autre et non dans le regard des ancêtres. L’autre dans son regard sur elles est l’enjeu. Le but est d’agir en l’autre  afin d'y écrire une nouvelle histoire. Il leur faut saccager l’Histoire de l’autre et dévaloriser les ancêtres en en faisant des sauvages ignares, lâches et bestiaux pour pouvoir écrire en l’autre, définitivement convaincu de l'imbécillité de ses ancêtres,  la nouvelle histoire. La leur, celle qu’elles  inventent. L’universel pour ces personnes c’est leur Moi.

 

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Membre, 76ans Posté(e)
Blaquière Membre 18 866 messages
Maitre des forums‚ 76ans‚
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Il y a 5 heures, Annalevine a dit :

Il y a, au moins, deux attitudes par lesquelles il est possible de différencier les personnes.

Il y a celles dont les déterminations partent de l’intérieur, qui agissent en ayant pour référence des désirs, des croyances, des buts qu’elles ressentent issues d’une intériorité propre. Celles-ci engagent ensuite des actions qui les obligent à tenir compte de l’extérieur. Sans doute y-a-t-il alors va et vient entre les déterminations intérieures et les contraintes extérieures. Mais l'intention est de réaliser des projets élaborés principalement à partir de matériaux fournis par un autre monde que le monde extérieur. Ceux-là ont une Histoire, elles s’appuient sur L’Histoire, elles se déterminent en continuant à écrire l’Histoire telle qu’elles la perçoivent, telle qu’elles l’ont reçue  en elles. 

Ces personnes alors émergent dans le monde réel comme le grain de blé émerge de la terre, brise la couche superficielle de celle-ci et s’affirme au monde dans le seul but de réaliser et de continuer l’Histoire.

Ces personnes-là sont en outre animées par le désir de transmettre. Elles sont un passage entre deux moments de l’Histoire.

Le danger qu’elles peuvent représenter c’est leur éventuelle volonté de faire de leur histoire, l’Histoire universelle. C’est par exemple l’attitude de l’adulte qui nie le droit pour l’adolescent d’écrire l’histoire selon son propre ressenti. C’est aussi l’attitude du philosophe rationaliste français ou du fondamentaliste religieux qui pensent que leur histoire est l’Histoire. C’est l’attitude du régionaliste qui pense que son histoire locale est l’Histoire.

Il y a  face à ces personnes celles qui anéantissent l’Histoire, la leur d’abord, celles dont le ressort, les conditions de réalisation de leur propre projet, s’appuient sur la négation de l’autre, dans son histoire. Ceux-là attendent que le grain de blé émerge sous la puissance  d’une détermination intérieure pour le piétiner, et c’est dans la satisfaction d’avoir piétiné l'émergence d’une affirmation vitale naissante, mais fondée sur une Histoire, qu’elles trouvent leur propre énergie vitale. C’est la tabula rasa. La volonté de tout reconstruire à partir d’un néant, un néant qui ne cesse de dévorer l’histoire. Dans le cadre de cette néantisation alors ces personnes s’affirment non pas comme des transmetteurs mais comme des dieux nouveaux créateurs d’un nouveau monde. Celles-là  s’affirment  dans le regard de l’autre et non dans le regard des ancêtres. L’autre dans son regard sur elles est l’enjeu. Le but est d’agir en l’autre  afin d'y écrire une nouvelle histoire. Il leur faut saccager l’Histoire de l’autre et dévaloriser les ancêtres en en faisant des sauvages ignares, lâches et bestiaux pour pouvoir écrire en l’autre, définitivement convaincu de l'imbécillité de ses ancêtres,  la nouvelle histoire. La leur, celle qu’elles  inventent. L’universel pour ces personnes c’est leur Moi.

 

Oui ! Être libéral ! Dans son sens du XVIème ! Synonyme d'humaniste...  Un si beau comportement écrabouillé par notre vision économiste actuelle !...  (qui est son contraire) Laissons-nous-les vivre !...

Carpe diem !

La carpe dit qu’elle aime

Et moi je dis que j'aime

ma carpette…

Sans galipettes

Où je vis allongé !

Cave canem

Le chien est à la cave !

Et moi j’y cane

En cette cave 

Où je passé mes jours ;

Cave diem !

Carpe canem :

La carpe aboie !

Cave Diem

Mais Dieu reste à la cave...


 

 

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Membre, 152ans Posté(e)
Annalevine Membre 3 528 messages
Mentor‚ 152ans‚
Posté(e)

J’en reviens à Heidegger et au sentiment d’angoisse. L’angoisse que cite Heidegger n’est pas l’angoisse devant quelque chose. Ce n’est pas l'angoisse devant un drame, c’est l’angoisse sans cause, l’angoisse que certains appellent l’angoisse existentielle.

Ce n’est pas forcément un sentiment courant. Si je tente de repérer en moi ce type d’angoisse, quand elle m’arrive, j’ai alors le sentiment d’une présence qui s’en va, qui disparaît. Mais il est impossible de déterminer de quelle présence il s’agit, sinon que sa disparition progressive engendre une forte angoisse qui culmine dans un sentiment d’absence.

Puis cela cesse, le sentiment d’une présence revient, puis ce sentiment, d’une présence, disparaît à son tour mais sans engendrer un sentiment d’absence.

Il est absolument impossible de déterminer qui est présent, et même, cet effort à déterminer qui est présent, annihile le sentiment de présence. Quand il s’agit de sentiment la causalité est impuissante. Je sens une présence, mais le sentiment ne permet pas de déterminer qui est présent. 

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Membre, Agitateur Post Synaptique, 55ans Posté(e)
zenalpha Membre 19 071 messages
55ans‚ Agitateur Post Synaptique,
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Le 25/08/2019 à 09:40, Annalevine a dit :

« Le néant se dévoile dans l’angoisse, mais non point comme un étant » ( c’est-à-dire non point comme un objet). « L’angoisse ce n’est pas l’acte de concevoir le néant »

Ici Heidegger souligne que, de manière générale, dans ou par le sentiment-tonalité, une « réalité métaphysique » se dévoile. Mais ce dévoilement n’ouvre pas la possibilité de concevoir cette réalité. Ce que pourtant nous tentons de faire, mais en vain. Dévoilement n’est pas conception. C’est comme si, étant au milieu de l'océan, je prenais soudain conscience de la présence de l'océan par la sensation de la pression de l’eau sur moi. L'océan écrit  alors une Histoire en moi ( historial) histoire faite par l’exercice de cette pression sur moi. L'océan  ainsi se révèle à moi dans son ensemble, mais pour autant je ne peux pas le concevoir  dans son ensemble, conception qui, pour être possible, m’obligerait à sortir de l'océan pour pouvoir le concevoir ( et non plus le sentir ou le ressentir) dans son ensemble.

On peut se demander alors ce qu’apporte de « plus » Heidegger. Ce que qu’apporte de plus Heidegger c’est l’affirmation que des réalités métaphysiques existent bien, qu’elles ne sont pas purs produits de la volonté humaine ou de l’imagination humaine. Le monde dans son ensemble existe bien, l’Etre existe bien, indépendamment de l’homme, indépendamment de l’existence de l’homme. Il réhabilite dans une certaine mesure la métaphysique, dans une certaine mesure seulement car il semble que les seules entités métaphysiques qu’il retienne ce soit l’Etre et le Néant ( le monde, dans son ensemble, servant de travail préparatoire pratique).

Et pourtant l'idée même de néant est destructrice du néant lui même...puisque penser le néant, c'est le doter d'attributs...que le néant ne peut contenir...par définition.

La métaphysique reste essentiellement un pari, une conception personnelle.

Le "dévoilement", c'est ce sens personnel qui vient éclairer une question subjective.

Si le néant se "dévoile dans l'angoisse", c'est bien parce que le sujet dans cet état donne un sens nouveau à un concept qui, par définition, ne change pas...et ne peut contenir les attributs lui permettant ni de sortir de cet état ni de se dévoiler selon certaines circonstances. 

Le titre du topic prend alors tout son sens.

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Invité hell-spawn
Invités, Posté(e)
Invité hell-spawn
Invité hell-spawn Invités 0 message
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il y a 20 minutes, zenalpha a dit :

Et pourtant l'idée même de néant est destructrice du néant lui même...puisque penser le néant, c'est le doter d'attributs...que le néant ne peut contenir...par définition.

La métaphysique reste essentiellement un pari, une conception personnelle.

Le "dévoilement", c'est ce sens personnel qui vient éclairer une question subjective.

Si le néant se "dévoile dans l'angoisse", c'est bien parce que le sujet dans cet état donne un sens nouveau à un concept qui, par définition, ne change pas...et ne peut contenir les attributs lui permettant ni de sortir de cet état ni de se dévoiler selon certaines circonstances. 

Le titre du topic prend alors tout son sens.

On pourrait classer les individus en 2 catégories:

-Ceux qui craignent le néant, qui est pour eux une source d'angoisse

-Ceux qui le souhaitent, ceux qui ne veulent pas de seconde chance.

 

Et je me demande si ce ne sont pas les individus qui ont le plus d'Etre qui sont dans la deuxième catégorie.

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Membre, 152ans Posté(e)
Annalevine Membre 3 528 messages
Mentor‚ 152ans‚
Posté(e)

Il est possible de voir où veut en venir Heidegger. Il est possible selon lui de sortir du monde, du monde dans son ensemble, comme il serait possible, pour s’appuyer sur une image commode, pour un poisson, de sortir du monde de l’océan.

L’homme ou plutôt le Dasein « transcende » écrit-il. C’est parce que le Dasein peut transcender, c’est à dire émerger hors du monde dans son ensemble qu'il acquiert sa liberté, qu’il affirme sa liberté. Si je remplace Dasein par homme, alors il est possible pour l’homme d'émerger hors de notre monde ( transcendance). C’est cette hypothèse qui fonde la métaphysique.

Nous retrouvons là l’idée de Kant qui affirme que l’homme est capable de sortir de son « état de nature », que cette possibilité fonde  le concept de liberté, et c’est à partir de ce concept que Kant va écrire la Critique de la raison pratique, c’est à dire qu’il va fonder son éthique.

Cette possibilité d’une émergence hors de notre monde pose implicitement d’autres hypothèses : l’existence d’un autre monde, le caractère spirituel de l’homme puisque, ce qui en l’homme  peut émerger hors de notre monde ne peut pas être matériel. Est posée ainsi la réalité de l’esprit, de l'immatériel.

La démarche de Heidegger est originale en ce qu’il s’appuie non pas sur la pensée ( sur l’entendement en tant que faculté de créer des concepts) pour fonder ses hypothèses mais sur le sentiment, le « senti », le «  ressenti ». Il existe des sentiments qui révèlent les « êtres » métaphysiques. La question qui brûle les lèvres : quel est le sentiment qui révèle l’Etre ? Apparemment Heidegger n’a pas trouvé la réponse puisque, à la fin de sa vie, il attendait toujours que l'Etre se révèle ( ou se dévoile pour reprendre son vocabulaire).

Il semble que, in fine, Heidegger ait rechercher à se mettre dans un état contemplatif, seul état pouvant révéler l’Etre. Nous retrouvons là l’attitude des philosophies orientales qui s’appuient sur la contemplation pour ressentir une totalité, présente, co- extensive au monde.

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