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Annalevine

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Membre, 153ans Posté(e)
Annalevine Membre 3 528 messages
Mentor‚ 153ans‚
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Reprenons l’affaire de la catégorie. Est-ce une chose, un objet, une idée, etc. Manifestement pour Kant non. Mais sa manière d’écrire porte à confusion. Sa table de catégories ressemble à un tableau de Mendeleev. Il faut en fait lire la CRP jusqu’au chapitre qui traite des principes pour découvrir sa théorie du schématisme. La catégorie n’est pas une idée mais une méthode ( bonjour l’abstraction ). 
Un commentateur de Kant écrit : pour Kant  le triangle n’est pas un objet mais une méthode. Cela signifie que le triangle n’est pas un objet qui sort tout fait de l’imaginaire mais c’est une construction, une méthode de construction, qui consiste à combiner trois droites ensemble de manière qu’aucune ne soit parallèle à une autre, tout cela dans un plan. Bref je n’arrive au triangle qu’à l’issue d’un dessin. Ce dessin l’entendement ( qui n’est pas non plus une chose, ni une idée, mais qui est une faculté de l’esprit ) le mène à bien au moyen d’une méthode : le concept pur.

Nous  ne sommes donc pas dans un univers de choses fussent-elles des choses- idées nous sommes dans un univers en mouvement fait de facultés et de méthodes. Je crois que Kant est l’homme qui a le plus au monde poussé jusqu au bout l’abstraction ( encore que suivre Aristote dans certains de ses développements c’est vraiment galère aussi, notamment quand il traite de la substance).

Je vais arrêter là cette digression et en revenir à Heidegger.

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Membre, 153ans Posté(e)
Annalevine Membre 3 528 messages
Mentor‚ 153ans‚
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Cet étonnement, cette surprise, cet émerveillement j’en ai bien sûr fait l’expérience. C’est souvent à propos d’un événement étrange, qui, soudain, jaillit de la mer ou de l’océan des événements. Ce n’est pas forcement un événement inattendu, insolite, inhabituel, non ce peut être un événement subtil, une coïncidence, quelque chose coïncide soudain avec autre chose et cette coïncidence est ressentie comme n’étant pas le fait du hasard mais comme le fait d’une intervention : il se passe quelque chose, ou encore : quelque chose (se) passe.

 

Après le sentiment (ou l’émotion) qui résulte de l’arrivée dans le champ conscient du dit événement, il y a conscience réflexive, prise de conscience totale de l’événement. Et ensuite il y a cet autre sentiment : « il y a une existence » Il y a le sentiment d’une existence. Après le sentiment d’une « existence » il y a l’interrogation : quel est le sujet de cette existence, autrement dit : « quoi » existe ? Là commence la recherche, l’étude, le travail. « Quoi existe » ? Il y a cette hypothèse : est-il possible qu’il n’y ait que « existence », est-il possible qu’il n’ y ait pas de sujet à cette « existence » ? Faire une telle hypothèse c’est renverser le despotisme de la causalité. C’est imaginer une existence sans sujet. C’est le «suis » de la langue antique grecque, verbe parfois utilisé sans sujet.

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Membre, 153ans Posté(e)
Annalevine Membre 3 528 messages
Mentor‚ 153ans‚
Posté(e)

Si je devais transposer cette expérience dans un champ plus restreint que le champ ici supposé, (le monde dans son ensemble), par exemple un champ « domestique » je pourrais la décrire ainsi. Je suis dans mon salon, soudain je prends conscience d’un événement, par exemple un objet déplacé, un son étouffé. Cette conscience avant même de devenir réflexive laisse place à un sentiment de surprise, voire d’appréhension, ensuite je prends conscience d’une présence. Mais je ne sais pas encore qui ou quoi est présent. Je vois que, si je transpose mon expérience d’un champ total à un champ domestique, à un champ humain, alors l’existence se transforme en présence. Je peux aussi faire cette observation : la nature de l’émotion informe que j’ai déjà une vague idée du sujet de la présence : ce peut être un « être » possiblement malveillant. Il y a donc une relation entre la nature du sentiment et la nature du sujet de l’existence (ou la nature du sujet de la présence). C’est une relation hypothétique : la nature du sentiment pose comme possible certaine qualité de l’existence (ou de la présence). Ainsi, bien que le sujet de l’existence ou de la présence reste caché je suis déjà en train de lui prêter une qualité. Le qualitatif possible du sujet précède l’apparition du sujet. A partir de cette expérience, que je peux utiliser comme modèle simplifié de la première expérience il m’est possible de mieux saisir l’expérience de Heidegger mais aussi de comparer mon expérience avec celle de Roquentin, le personnage de la Nausée (Jean-Paul Sartre).

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Membre, 153ans Posté(e)
Annalevine Membre 3 528 messages
Mentor‚ 153ans‚
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La première expérience de Heidegger, avec l’ennui comme sentiment, laisse incrédule. Il écrit : « l’ennui profond, essaimant comme un brouillard silencieux dans les abîmes du Dasein, rapproche les hommes et les choses, et vous-mêmes avec tous, dans une indifférenciation étonnante. Cet ennui révèle l’étant dans son ensemble. » Suit un discours abscons, qui emporte le lecteur dans le doute : et si Heidegger n’était pas tout simplement, par moments, en train de s’emmerder, et que s’emmerdant, il ait le sentiment que tout le monde, concept englobant qui devient opportunément : l’étant dans son ensemble, le fasse chier ? En fait ce qui l’intéresse c’est le Néant, mais avec la quête du néant il suit un chemin différent du mien, même si le tracé de son chemin semble analogue au mien. Impossible de faire une comparaison entre son expérience, qui est expérience du néant ,et mon expérience qui est une expérience de l’existence. Passons à Sartre.

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Membre, Agitateur Post Synaptique, 56ans Posté(e)
zenalpha Membre 22 398 messages
56ans‚ Agitateur Post Synaptique,
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il y a 31 minutes, Annalevine a dit :

La première expérience de Heidegger, avec l’ennui comme sentiment, laisse incrédule. Il écrit : « l’ennui profond, essaimant comme un brouillard silencieux dans les abîmes du Dasein, rapproche les hommes et les choses, et vous-mêmes avec tous, dans une indifférenciation étonnante. Cet ennui révèle l’étant dans son ensemble. » Suit un discours abscons, qui emporte le lecteur dans le doute : et si Heidegger n’était pas tout simplement, par moments, en train de s’emmerder, et que s’emmerdant, il ait le sentiment que tout le monde, concept englobant qui devient opportunément : l’étant dans son ensemble, le fasse chier ? En fait ce qui l’intéresse c’est le Néant, mais avec la quête du néant il suit un chemin différent du mien, même si le tracé de son chemin semble analogue au mien. Impossible de faire une comparaison entre son expérience, qui est expérience du néant ,et mon expérience qui est une expérience de l’existence. Passons à Sartre.

L'expérience n'est pas en soi une vérité mais un moyen.

Tu déclines le cours philosophique sur l'existentialisme et, de ce fait, ta définition de l'expérience reste celle des existentialistes.

Heidegger ne s'est penché sur le néant qu'afin de qualifier l'être et le distinguer de l'étant.

Ton expérience d'heidegger n'est pas forcément la pensée d'heidegger :)

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Membre, 153ans Posté(e)
Annalevine Membre 3 528 messages
Mentor‚ 153ans‚
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Ce texte, de Sartre, signifie quelque chose de la psychologie de quantité de personnes, plutôt qu'il signifie quoi que ce soit sur le plan philosophique. J'en ferai un commentaire  ultérieurement.

 

Dans ce célèbre passage de La Nausée, le narrateur, Antoine Roquentin, évoque une sorte de révélation : l'existence est pure contingence, pure gratuité. Cette découverte lui donne le tournis...

"Donc j'étais tout à l'heure au jardin public. La racine du marronnier s'enfonçait dans la terre, juste au-dessous de mon banc. Je ne me rappelais plus que c'était une racine. Les mots s'étaient évanouis et, avec eux, la signification des choses, leurs modes d'emploi, les faibles repères que les hommes ont tracés à leur surface. J'étais assis, un peu voûté, la tête basse, seul en face de cette masse noire et noueuse, entièrement brute et qui me faisait peur. Et puis j'ai eu cette illumination.
Ça m'a coupé le souffle. Jamais, avant ces dernier jours, je n'avais pressenti ce que voulait dire « exister». J'étais comme les autres, comme ceux qui se promènent au bord de la mer dans leurs habits de printemps. Je disais comme eux « la mer est verte ; ce point blanc là-haut, c'est une mouette », mais je ne sentais pas que ça existait, que la mouette était une « mouette-existante » ; à l'ordinaire, l'existence se cache. Elle est là, autour de nous, en nous, elle est nous, on ne peut pas dire deux mots sans parler d'elle et, finalement, on ne la touche pas. Quand je croyais y penser, il faut croire que je ne pensais rien, j'avais la tête vide, ou tout juste un mot dans la tête, le mot « être ». Ou alors, je pensais... comment dire? Je pensais l'appartenance, je me disais que la mer appartenait à la classe des objets verts ou que le vert faisait partie des qualités de la mer. Même quand je regardais les choses, j'étais à cent lieues de songer qu'elles existaient : elles m'apparaissaient comme un décor. Je les prenais dans mes mains, elles me servaient d'outils, je prévoyais leurs résistances. Mais tout ça se passait à la surface. Si l'on m'avait demandé ce que c'était que l'existence, j'aurais répondu de bonne foi que ça n'était rien, tout juste une forme vide qui venait s'ajouter aux choses du dehors, sans rien changer à leur nature. Et puis voilà: tout d'un coup, c'était là, c'était clair comme le jour: l'existence s'était soudain dévoilée. »

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Membre, 153ans Posté(e)
Annalevine Membre 3 528 messages
Mentor‚ 153ans‚
Posté(e)

 

(Commentaire du passage de la Nausée)

Ce qui est incroyable, dans ce texte, c’est que cet homme, Sartre, que l’on imagine en quelque sorte visionnaire, prend soudain conscience de l’existence des choses.

Or cette capacité à reconnaître l’existence des choses, à percevoir même l’existence des choses, certains acquièrent cette capacité très tôt. Les personnes qui vivent de manière précaire, difficilement, sans protection perçoivent l’existence des choses. Ils y sont obligés ne serait-ce que pour savoir apprécier le risque que les choses leur font encourir.

 

Si je fais un retour sur moi-même, si je tente de me souvenir quand ai-je acquis cette capacité à percevoir l’existence des choses je me souviens alors de ma mère, quand nous nous promenions, ma mère à ses enfants disant, insistant, pugnace et opiniâtre : regardez les choses, regardez les montagnes, regardez les forêts. Et je me demandais : que veut-elle dire ? Et lentement, doucement, regardant ce qu’elle m’invitait à regarder, alors je pris conscience de l’existence des choses. Pourtant mon frère aîné qui était là aussi, je m’apercevais qu’il ne prenait pas conscience de l’existence des choses. Mais lui c’était pire : il niait que les choses puissent avoir une existence. Il niait le fait que les animaux puissent avoir une existence. Il reconnaissait ce fait : les animaux existent, mais il leur niait l’existence.

 

Et aujourd’hui je me rends compte de ceci : la majorité des gens ne perçoivent pas l’existence des choses, des animaux, des hommes, soit qu’ils sont aveugles soit qu’ils refusent de leur offrir l’existence.

C'est ainsi que Sartre ne m'apprend rien sur l'existence des choses, il m'apprend en revanche quelque chose sur son milieu d’appartenance ou sur lui : jusqu'à son illumination, il ne fut jamais conduit ou obligé à reconnaitre aux choses : leur existence.

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Membre, Agitateur Post Synaptique, 56ans Posté(e)
zenalpha Membre 22 398 messages
56ans‚ Agitateur Post Synaptique,
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Etre contingent c'est avoir eu cette possibilité de ne pas avoir existé

Il n'y a donc pas nécessité à exister, nul dessein intelligent qui ferait que notre vie soit déterminée donc qu'elle aurait une essence.

C'est selon moi davantage cette contingence que le simple fait d'exister qui a émerveillé et influencé Sartre.

Cela mène à l'existence précède l'essence puisque sa liberté, cette contingence, cette non nécessité en font un être particulier qui mène sa propre destinée....

Se rendre compte que des choses existent ne necessitait pas Sartre.

Non que ce soit contingent, juste évident.

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Membre, 35ans Posté(e)
Ambre Agorn Membre 2 155 messages
Mentor‚ 35ans‚
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Il y a 13 heures, Annalevine a dit :

 

(Commentaire du passage de la Nausée)

Ce qui est incroyable, dans ce texte, c’est que cet homme, Sartre, que l’on imagine en quelque sorte visionnaire, prend soudain conscience de l’existence des choses.

Or cette capacité à reconnaître l’existence des choses, à percevoir même l’existence des choses, certains acquièrent cette capacité très tôt. Les personnes qui vivent de manière précaire, difficilement, sans protection perçoivent l’existence des choses. Ils y sont obligés ne serait-ce que pour savoir apprécier le risque que les choses leur font encourir.

 

Si je fais un retour sur moi-même, si je tente de me souvenir quand ai-je acquis cette capacité à percevoir l’existence des choses je me souviens alors de ma mère, quand nous nous promenions, ma mère à ses enfants disant, insistant, pugnace et opiniâtre : regardez les choses, regardez les montagnes, regardez les forêts. Et je me demandais : que veut-elle dire ? Et lentement, doucement, regardant ce qu’elle m’invitait à regarder, alors je pris conscience de l’existence des choses. Pourtant mon frère aîné qui était là aussi, je m’apercevais qu’il ne prenait pas conscience de l’existence des choses. Mais lui c’était pire : il niait que les choses puissent avoir une existence. Il niait le fait que les animaux puissent avoir une existence. Il reconnaissait ce fait : les animaux existent, mais il leur niait l’existence.

 

Et aujourd’hui je me rends compte de ceci : la majorité des gens ne perçoivent pas l’existence des choses, des animaux, des hommes, soit qu’ils sont aveugles soit qu’ils refusent de leur offrir l’existence.

C'est ainsi que Sartre ne m'apprend rien sur l'existence des choses, il m'apprend en revanche quelque chose sur son milieu d’appartenance ou sur lui : jusqu'à son illumination, il ne fut jamais conduit ou obligé à reconnaître aux choses : leur existence.

Ca me rappelle une anecdote. Je me promenais, accompagnée, et un moment, je m'arrête et je dis: "ho!, regarde!". C'était instinctif chez moi, et l'autre de me dire en regardant dans la même direction que mon regard: "Ben quoi, il n'y a rien!". Je suis resté muette, je ne savais pas trop quoi dire parce que je n'arrivais pas à comprendre comment il pouvait dire ne rien voir. Mais en fait il me disait juste: ben quoi? je n'ai aucune construction mentale qui s'échafaude en superposition à la réalité.

Mais c'est justement ça le soucis, il ne voyait plus la réalité, mais attendait que je lui montre l'image mentale qu'il pensais que je lui montrait.

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Membre, 153ans Posté(e)
Annalevine Membre 3 528 messages
Mentor‚ 153ans‚
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il y a 13 minutes, Ambre Agorn a dit :

Ca me rappelle une anecdote. Je me promenais, accompagnée, et un moment, je m'arrête et je dis: "ho!, regarde!". C'était instinctif chez moi, et l'autre de me dire en regardant dans la même direction que mon regard: "Ben quoi, il n'y a rien!". Je suis resté muette, je ne savais pas trop quoi dire parce que je n'arrivais pas à comprendre comment il pouvait dire ne rien voir. Mais en fait il me disait juste: ben quoi? je n'ai aucune construction mentale qui s'échafaude en superposition à la réalité.

Mais c'est justement ça le soucis, il ne voyait plus la réalité, mais attendait que je lui montre l'image mentale qu'il pensais que je lui montrait.

C’est ça, Vous saisissez ce que je veux dire. Un jour je montrai à mon frère un cèdre magnifique, n’est-il pas étonnant ce cèdre? Il me répond en commençant à m’expliquer pourquoi les branches d’un cèdre sont horizontales, et moi je lui dis, non, non, regarde ce cèdre, n’est il étonnant ? Il ne voyait pas le cèdre. Il voyait le tronc, les branches, les aiguilles il ne voyait pas le cèdre «  dans son ensemble «  dirait Heidegger. Il ne prenait pas conscience de l’existence  du cèdre.

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Membre, 153ans Posté(e)
Annalevine Membre 3 528 messages
Mentor‚ 153ans‚
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La Nausée se poursuit ainsi :

« Elle [l'existence] avait perdu son allure inoffensive de catégorie abstraite : c'était la pâte même des choses, cette racine était pétrie dans l'existence. Ou plutôt la racine, les grilles du jardin, le banc, le gazon rare de la pelouse, tout ça s'était évanoui : la diversité des choses, leur individualité n'était qu'une apparence, un vernis. Ce vernis avait fondu, il restait des masses monstrueuses et molles, en désordre - nues, d'une effrayante et obscène nudité. [...] »

Sartre sous le couvert de Roquentin continue de parler de l’existence. Pour qui connaît l’existence des choses et du monde, ce que Sartre décrit là est banal. En effet passer de la conscience des choses à la conscience de leur existence brise la diversité des choses, brisent leur « individualité » tout se fond en un ensemble, c’est « le monde dans son ensemble ». Ce qui est intéressant c’est que Sartre, au moment où il fait cette expérience, est déjà un homme mûr. La plupart des gens qui font l’expérience de l’existence des choses le font enfant. Là Sartre fait cette expérience à un âge adulte. Or pour lui l’émotion qu’il ressent en découvrant l’existence des choses est une émotion négative. L’existence est d’abord obscène. Alors que chez un enfant cette expérience conduit à l’émerveillement, chez un adulte comme Sartre cette découverte le conduit à l’obscénité. Le mot qui lui vient à l’esprit quand il découvre l’existence des choses, c’est le mot : nudité. Et pour Sartre comme pour Simone de Beauvoir d’ailleurs (voir ses confidences intimes sur sa sexualité) la nudité est obscène.

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Membre, 153ans Posté(e)
Annalevine Membre 3 528 messages
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Le texte continue ainsi :

 

"J'étais là, immobile et glacé, plongé dans une extase horrible. Mais, au sein même de cette extase quelque chose de neuf venait d'apparaître; je comprenais la Nausée, je la possédais. À vrai dire je ne me formulais pas mes découvertes. Mais je crois qu'à présent, il me serait facile de les mettre en mots."

 

Le sentiment qu’éprouve Sartre en découvrant l’existence du monde c’est la Nausée. Cette nausée le caractérise, lui, elle ne caractérise pas, comme il le croit, l’esprit humain en général. Il ne voit pas qu’il parle de sa singularité. Comme beaucoup de philosophes occidentaux et continentaux il ne prend pas conscience qu’il parle de son idiosyncrasie. Il croit qu’il pense l’universel, quand il ne fait que penser sa singularité.

Quand je lis Sartre je constate que le penseur occidental continental ne pense que par rapport à lui. Lui et rien d'autre. Moi et rien d'autre. La culture dont je suis issu, principalement orientale, part toujours de l'autre, du monde. Tout part de la relation quand chez les occidentaux continentaux tout part d'eux-mêmes. Leur modèle originel de pensée c'est d’abord : Moi. Le modèle oriental c'est d'abord : soi dans le monde, moi et l'autre, indissociables. Quoi que je retrouve cette culture aussi chez les anglo-saxons.

Pour les occidentaux et les Français en particulier le mot devient FÉTICHE. Pour eux le mot prend son sens de lui-même, quand dans la culture orientale (et anglo-saxonne ?) le sens surgit de la relation à l'autre. Pour le Français le sens est forcément étymologique, donc daté, c'est un fétiche, pour moi le mot surgit de la relation à l'autre, donc son sens est sans cesse mouvant et change à travers l'histoire, à travers même une vie, selon la relation nouée avec l'autre.

 

 

 

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Membre, 153ans Posté(e)
Annalevine Membre 3 528 messages
Mentor‚ 153ans‚
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Roquentin passe ensuite à une tentative d’explication rationnelle de sa nausée, il passe du mode sentiment au mode conceptuel.

« L'essentiel c'est la contingence. Je veux dire que, par définition, l'existence n'est pas la nécessité. Exister, c'est être là, simplement; les existants apparaissent, se laissent rencontrer, mais on ne peut jamais les déduire. Il y a des gens, je crois, qui ont compris ça. Seulement ils ont essayé de surmonter cette contingence en inventant un être nécessaire et cause de soi. Or, aucun être nécessaire ne peut expliquer l'existence : la contingence n'est pas un faux semblant, une apparence qu'on peut dissiper; c'est l'absolu, par conséquent la gratuité parfaite. Tout est gratuit, ce jardin, cette ville et moi-même. Quand il arrive qu'on s'en rende compte, ça vous tourne le coeur et tout se met à flotter"

Ce qu’il recherche c’est la cause de l’existence. Or cette recherche paraît totalement inopportune. La conscience de l’existence des choses est une conscience dans l’ordre du sentiment. Chercher une cause à cette existence dont je prends conscience c’est passer dans l’ordre conceptuel. Mais qui, normalement constitué, va partir à la recherche de la cause de l’ existence des choses ? Avoir conscience de l’existence des choses c’est une conscience qui apparaît dans le champ « sentiment » pas dans le champ « raison ». Vouloir passer du sentiment à la raison tout en gardant intact le concept « existence » est aberrant. Car dès que ce concept arrive dans le champ « pensée » ce concept disparaît. Il n’est pas possible de transformer le sentiment en raison. Ce sont deux mondes différents, irréductibles l’un à l’autre. Si le monde de la pensée conceptuelle est soumis au principe de raison, le monde du sentiment, lui, n’est pas soumis à ce principe. Dès que je soumets le sentiment au principe de raison le sentiment disparaît du champ conscient.

Je prends conscience de l’existence de l’être aimé(e) près de moi, face à moi. Vais-je me poser la question de savoir d’où l’être aimé(e) tire cette existence ? Il faut avoir un esprit extrêmement dominateur pour se poser cette question ! Il faut surtout partir de ce principe : ne rien céder à l’autre, ne pas même lui céder l’existence.

Tout est subtil. Je prends conscience que les choses existent : je suis dans le champ de la pensée. Je prends conscience de l'existence des choses : je ne suis plus dans le même champ. Subtilité du langage. C'est étonnant la différence. Dans le premier cas ce qui apparait ce sont les choses, les choses existent, dans le deuxième cas c'est l'existence qui apparait, avant même que les choses apparaissent.

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Membre, Agitateur Post Synaptique, 56ans Posté(e)
zenalpha Membre 22 398 messages
56ans‚ Agitateur Post Synaptique,
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Suis pas certain que l'existence apparaisse avant les choses pour Sartre...

L'existence précède l'essence, ce n'est pas cette idée.

L'homme EST d'abord, comme sont les choses...mais, sa particularité par rapport aux choses est qu'il se définit lui même par ses choix et par ses actes qui finissent par le définir.

Sartre ne place pas une existence éthérée comme concept premier...

Il place dans la contingence de l'existence l'absolue nécessité de se définir dans cette liberté donnee par le fait de ne pas avoir été nécessaire.

Les objets à l'inverse sont pré définis.

Un caillou ou une chaise, la nature de l'objet précède son existence car il ne changera jamais d'essence.

L'essence precede l'existence pour un objet...

Il ne peut donc y avoir cette notion éthérée d'existence plus fondamentale 

Tu te trompes anna

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Membre, Posté(e)
Kargyraa Membre 19 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)

"J’en reviens à l'idéologie de la théorie de l'évolution qui  s’appuie entre autres sur ce principe qu’elle croit vrai : le vivant cherche à survivre. Ce principe est faux. Dans certaines situations dramatiques nombre de groupes humains préfèrent fermer les yeux et mourir plutôt que de chercher à survivre."

Bonjour.


Alors déjà une théorie est un modèle visant à donner une explication à certain nombre de phénomènes. Parler d'idéologie et de théorie c'est assez étrange.

Ensuite, quand vous dites "le vivant cherche à survivre", que nommez-vous vivant et que nommez-vous survivre?

Vous seriez bien étonnée du nombre d'espèces qui détruisent leur environnement ou leurs semblables sans se soucier de "la survie". 

Si la prédation et les autres contraintes liées à l'environnement n'existaient pas, toutes les espèces seraient invasives et potentiellement aussi dangereuses que l'homme.

 

"La philosophie désignant pour moi l’exercice de la conscience réflexive ( distance par rapport au monde, ou : mise à distance du monde ) il me semble que les réflexions qui suivent ont leur place dans le rayon philo"

Certes, et quel serait le but de cet exercice d'après vous?

"Le premier regard, je le porte sur l’attitude des hommes face au changement climatique. Je suis à la fois surprise et non- surprise."

Mais vous n'avez rien dit de cette attitude. De quelle attitude parlez-vous?

 

"C’est ce qui se passe aujourd’hui. Les hommes de pouvoir dans le monde accélèrent l’arrivée de la grande perturbation. Pas seulement les hommes de pouvoir mais aussi une grande part de la population."

Homo sapiens en explorant et prenant place sur les différents biotopes de la Terre est déjà responsable de la disparition de quantité d'espèces. Ce qui se produit aujourd'hui ne fait qu'accélérer radicalement ce qui a été mis en oeuvre. La grande perturbation est là depuis des centaines de milliers d'années. Aujourd'hui elle est climatique (c'est surtout de cet aspect que l'on parle) mais pas que.

Modifié par Kargyraa
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Membre, 153ans Posté(e)
Annalevine Membre 3 528 messages
Mentor‚ 153ans‚
Posté(e)

Quand j’observe l’expérience faite par Heidegger, celle faite par Sartre et celle faite par moi-même, j'interroge. Est-ce que c’est l’apparition du sentiment qui chronologiquement survient avant même la prise de conscience de « l’existence » ou est-ce que c’est le contraire ?

S'il est possible d’avoir un doute concernant l’existence dont Sartre fait l’expérience, il n’y en a pas concernant Heidegger. Chez lui il est clair que le sentiment précède l’existence (la prise de conscience de ) et c’est lui qui a raison. Le sentiment précède. Chez Sartre c’est bien la nausée qui précède l’apparition de l’existence, chez moi c’est bien l'émerveillement qui précède l’apparition de l’existence.

Je comprends mieux du coup le vocabulaire de Heidegger : le sentiment RÉVÈLE, le sentiment DÉVOILE une réalité qui n’apparaît à la conscience qu’après avoir été annoncée par le sentiment.

Ce qui est étonnant c’est que le sentiment ne peut surgir que si l’existence apparaît quelque part. Elle n’apparaît pas d’abord dans le champ conscient. Elle ne peut apparaître dans le champ conscient que si le sentiment advient. Le sentiment est donc la clef qui ouvre la porte à l’existence. Sans le sentiment le philosophe rationaliste peut concevoir intellectuellement l’existence mais il ne peut pas en faire l’expérience. D’où l’incompréhension : il y a ceux qui intellectualisent les choses et il y a ceux, qui, en plus de les intellectualiser, en font l’expérience.

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Membre, Agitateur Post Synaptique, 56ans Posté(e)
zenalpha Membre 22 398 messages
56ans‚ Agitateur Post Synaptique,
Posté(e)

Je ne le vois pas comme toi.

Le "sentiment" n'est qu'un ... moyen pour déconnecter l'étant de son état doté d'attributs conditionnés (ce que nous sommes en temps ordinaire) à l'être (au sens le plus fondamental).

Pour Heidegger ça passe par l'appel et le ressenti dd certains sentiments passerelle, et pour Sartre par d'autres.

Mais il n'est pas question de...chronologie...

Il est question de...démarche existentielle qui part ... du dasein ... ou de l'homme.

L'essence du Dasein...est...son existence 

L'existence précède l'essence car, contrairement aux etants inanimés, ce sont tes actes, ton existence, qui definit ce que tu es fondamentalement, ce que tu deviens, ton essence.

Toutes les choses ont une essence mais la véritable essence de l'homme est de se la fabriquer, de pouvoir la fabriquer.

L'existence précède l'essence n'est pas une vision chronologique des choses....

Si ton existence esr riche, tu épprouves certains sentiments...qui te sortent de ton quotidien conditionné pour te rattacher à ta véritable nature

Celle de disposer de toi même 

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Membre, 35ans Posté(e)
Ambre Agorn Membre 2 155 messages
Mentor‚ 35ans‚
Posté(e)

@Kargyraa

Si vous voulez des réponses, je me permets de vous dire ceci: les questions directes sont plus que non appréciées par l'auteure. Si vous voulez des réponses, il vous faut être bien plus fin que ça: faites le travail de répondre à votre propre question, soumettez-là ici et vous verrez bien si l'auteure est en accord avec vous...

En plus ça nous oblige à réfléchir, nous investir et parfois le fait même de poser par écrit ce qu'on pense nous fait y voir plus clair

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Membre, Posté(e)
Kargyraa Membre 19 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)
Il y a 5 heures, Ambre Agorn a dit :

@Kargyraa

Si vous voulez des réponses, je me permets de vous dire ceci: les questions directes sont plus que non appréciées par l'auteure. Si vous voulez des réponses, il vous faut être bien plus fin que ça: faites le travail de répondre à votre propre question, soumettez-là ici et vous verrez bien si l'auteure est en accord avec vous...

En plus ça nous oblige à réfléchir, nous investir et parfois le fait même de poser par écrit ce qu'on pense nous fait y voir plus clair

 

Bon, je vous remercie de votre avertissement et je vais passer mon chemin. Je ne suis pas venu ici pour démêler l'absurdité de chaque intervenant ni faire le beau pour plaire et espérer obtenir une réponse. Bonne soirée.

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Membre, 153ans Posté(e)
Annalevine Membre 3 528 messages
Mentor‚ 153ans‚
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Ecrire : « les choses existent », et écrire : « l’existence des choses » ( est révélée par tel sentiment)  paraît assez semblable et pourtant ces deux locutions prennent place dans deux mondes différents. La première prend place dans le monde de la pensée conceptuelle, logique, la deuxième prend place dans le monde  sentiment/ émotion. Or ces deux mondes sont irréductibles l’un à l’autre. 
 

Le premier monde est régi par la logique et sans doute aussi par la volonté, le second n’est pas soumis au principe de causalité, je n’arrive même pas à distinguer ses règles de fonctionnement, s’il y en a.

Je me rends compte que je n’ai jamais cessé de lutter pour assoir la légitimité des attendus du monde  sentiment/émotion depuis mon adolescence. Dans une société où l’éducation favorise la pensée conceptuelle et la logique le monde du sentiment est infériorisé. 

Légitimer les attendus du monde sentiment/ émotion n’est pas simple car ce monde engendre des visions inacceptables pour les sectateurs du monde pensée/logique.

Si je pose la réalité d’une existence en soi à laquelle j’accède par le sentiment, ce que je pose là est hors de portée de la compréhension d’un individu qui n’a développé en lui qu’un monde : celui de la pensée conceptuelle.

L’opposition que rencontre ici Heidegger n’est pas dû à son antisémitisme ( d’autant que ceux qui protestent de leur philosemitisme sont eux-mêmes des antisémites) mais au développement d’une pensée qu’ils ne peuvent pas comprendre pour avoir passé leur vie à inférioriser leurs propres sentiments/émotions.

 

Ah oui il y a aussi cette différence essentielle entre les deux mondes. Le monde de la pensée conceptuelle est construit volontairement en s’appuyant sur la logique ( la raison), c’est un monde produit par soi même, pour soi même, le second monde est celui du vécu, de l’expérience vécue, le second monde se nourrit de l’engagement envers l’autre. 

Modifié par Annalevine
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