Rosa Maria da Cruz, un déni de grossesse absolu ?

Il y a 22 heures, January a dit :

Au fil du temps, les compétences cognitives de Séréna se sont creusées par rapport à ce qu'on pouvait attendre. D’après la dernière expertise Séréna, elle prononce 50 mots, uniquement sur sollicitation de son entourage jamais spontanément. 

j'ai bien peur, january que cette enfant passe sa vie et finisse sa vie dans un HP... où elle ne sera pas mieux traitée car il y a un manque évident de moyens et de personnels en psychiatrie comme tu le sais. 

Prsdt : Comment expliquez-vous ce que dit Madame da Cruz, que quelque chose lui disait qu’il fallait aller s’occuper de ce qui était au sous sol ? 

- Pour moi, il n'y a pas de doute sur une altération du discernement, au minimum. Je pense qu'il y a eu des moments de conscience mais recouverts par la peur, la culpabilité. Après la sidération post grossesse, une nouvelle forme d'angoisse se serait développée chez Rosa Maria Da Cruz.

Prsdt : A la découverte de Séréna, Madame Da Cruz ne paraît pas gênée, elle fume des cigarettes, indifférente, comment l'expliquez-vous ?

- Quand on attend une explosion, on joue la désinvolture. 

Toutes précautions prises, il le répète lui même, il n'a pas eu connaissance du dossier. (?????)

La partie civile interjette : Chez moi on dit : l’homme qui a vu l’homme qui a vu l’ours !!

Marie Grimaud, assez bien joué : en 48h après la découverte de Séréna, il va être apposée sur Madame Da Cruz l'étiquette du déni de grossesse. C'est devenu un fait objectif. Est ce que cela n'est pas le plus gros biais de ce dossier ?

L'AG qui attaque : Est-ce que priver de soins un enfant c'est de le maltraitance, oui ou non ? Le priver d'alimentation, de soins, provoquer une fracture par chute, choc ou préhension, avec l'argument d'enfermement est-ce le diagnostic de la maltraitance ?

Mais le psychiatre refuse de se prononcer sur la maltraitance ou non de Séréna.

Le psychiatre? Ce n'est pourtant pas autre chose, très objectivement.

Plus  ce cas avance, moins c'est compréhensible.

Je suppose qu'une armée de psychiâtres pourront bientôt contredire cet imbécile de psy à la barre.

Et merci encore de nous transmettre ce procès, c'est très intéressant.

Et bien ce psychiatre a fait jouer les prolongations de l'audience du matin, six heures d'audition, ce qui fait qu'il n'y aura pas d'audience cet après-midi.

L’avocate de la défense a justifié la présence de ce psychiatre à la barre par sa grande expérience des cas de déni de grossesse. Elle rappelle qu’il n’est pas cité comme expert mais comme témoin, c’est pourquoi il n’a pas rencontré Rosa Da Cruz. Elle a demandé au médecin si la répétition dans le déni de grossesse était le pire et le praticien a déclaré que plus il y a de dénis de grossesse plus le scénario catastrophe s'amplifie. 

Le psychiatre, qui a étudié une centaine de cas de déni de grossesse explique qu'il peut y avoir un phénomène de contagion dans le déni. Il explique que le personnel soignant lui-même au bout de quelques jours peuvent oublier que leur patiente a eu un déni de grossesse. Il explique cet incroyable phénomène d'oubli général comme cela : "Le déni se fait oublier. C’est du rien ! C’est difficile de traiter du rien."

"La puissance d'un phénomène inconscient qui fait oublier le bébé peut lui aussi se faire oublier..."

"A l'expérience, je (le psychiatre) me suis rendu compte qu'un discours très construit sur lequel on ne revient pas est beaucoup plus suspect que quelqu'un de très décousu avec des contradictions". (Ce qui est le cas de Rosa Maria Da Cruz)

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il y a une heure, Out of Paprika a dit :

Le psychiatre? Ce n'est pourtant pas autre chose, très objectivement. 

Oui, psychiatre appelé comme témoin parce-que spécialiste du déni de grossesse. Et oui, ce n'est rien d'autre que de la maltraitance...

il y a une heure, Atipique a dit :

Et merci encore de nous transmettre ce procès, c'est très intéressant.

Les procès en appel sont toujours moins documentés, mais en suivant les débats là au moins on peut se rendre compte d'une chose différente par rapport à la première audience : dès le deuxième jour on a tout de suite senti que les auditions de témoins seraient beaucoup moins lourdes que celles des "experts", on mise (côté défense) vraiment tout, tout sur le déni de grossesse et déni d'enfant.

Cependant, si le déni de grossesse peut faire consensus, le déni d'enfant lui non, et à ce sujet nous n'avons pas eu (mon avis) d'explication vraiment satisfaisante, j'entends, une explication qui nous interpellerait, en tout cas pas pour moi.

L'audience de ce matin est revenue sur les carences de Séréna. Les assises découvre un film où Séréna évolue dans sa famille d'accueil et à l'IME. Longues nattes et lunettes, elle marche avec assurance. Néanmoins elle ne ressemble pas aux fillettes de son âge, reste isolée la plupart du temps et s'en va lorsqu'on veut l'approcher. Elle sourit parfois, mais ne rit pas. 

Il a été demandé à RMDC ce qu'elle avait à dire après la projection de la vidéo. "Bah, je vois bien qu'elle a un autisme.

AG : Ca veut dire quoi Madame ? 

- Que je lui ai fait du mal."

Interrogée sur le pourquoi RMDC a déclaré qu'il serait important pour Séréna qu'elle voit sa mère, celle-ci répond : "Elle n'a vu que moi pendant deux ans, je suis sa mère. 

- Depuis quand êtes-vous sa mère ? 

- Depuis qu'on l'a découverte."

Désolée, j'peux pas m'empêcher : elle perd pas l'nord elle.....

Audition d'un psychiatre en fin de matinée qui s'exprime sur l'autisme. Il est formel, Séréna ne sera jamais indépendante, les altérations sont définitives, elle ne pourra jamais vivre seule. Il confirme que tout cela est du aux mauvais traitements. 

On interroge à nouveau RMDC sur l'accouchement, la présidente estime qu'il y a bien trop de contradictions. Elle revient sur le moment où l'accusée dit avoir ressenti être enceinte, soit à 8 mois dans ses premières déclarations, ce sur quoi elle est revenue.

Rosa Maria Da Cruz affirme une nouvelle fois qu'elle ne se savait pas enceinte. La Présidente lit ses 1ères déclarations "Vous vous étiez levée pour faire une machine, vous avez senti une douleur comme une contraction, j'ai mis au monde une petite fille...Il n'y avait pas beaucoup de sang, je suis remontée lever les enfants, j'ai vu mon compagnon qui ne s'est douté de rien, je n'ai rien montré, je suis revenue 3 h plus tard". 

Prsdt : Qu'avez-vous fait du placenta ? 

- Je ne sais plus. 

- Tout ça n'a rien à voir avec votre version en garde à vue. 

- J'ai dit ce que j'aurais voulu faire, pas ce que j'ai fait. 

Prsdt : En fonction de mes remarques, vous adaptez vos réponses. Ça ne va pas Madame, dites nous la vérité". 

RMDC passe un sale quart d'heure, sous le feu nourri des questions de la présidente, de l'AG, de la PC, et même la défense tente de la déstabiliser. RMDC maintient qu'elle n'avait pas conscience de la portée de ses actes. A la question de la Présidente "Est-ce vous qui avez demandé aux garagistes d'aller voir aussi dans le coffre ?

- Je ne sais plus, c'est ce qu'ils ont dit, alors c'est que je l'ai dit".

Me Faure Roche : Vous dites que la voiture a été nettoyée fin août par vous et votre compagnon, qu'avez vous fait des draps souillés des excréments de la petite lorsqu'elle y était ?

- je jetais les serviettes, parfois je les lavais. Je n'ai acheté qu'une fois des couches. Je mettais dans le coffre le linge sale de la pièce aussi. 

Prsdt : êtes-vous sûre que vous n'avez pas changé de version face aux constatations des experts ?

- Non !

- là, vous êtes sure !...

Prsdt : Vous avez espéré sa mort quelque part ?

- Non.

Un expert pédiatre s'exprime à nouveau sur les capacités de Séréna. Développement cognitif à 3 ans, celui du développement psycho-affectif à 2 ans environ, et son développement moteur à 5/6 ans. Il confirme lui aussi que Séréna ne pourra pas avoir une vie indépendante, qu'il n'est pas souhaitable qu'elle revoit sa mère.

Un psychiatre cité par la défense revient sur le déni de grossesse, qu'il préfère appeler "grossesse non perçue", ce qui met moins en cause la mère (??). Il évoque une dissociation de l'accusée : "Je m'attends à de multiples incohérences [dans son discours]. Je l'imagine se mettre en péril judiciairement avec ses contradictions car elle ne peut pas expliquer ce qui s'est passé".

Pour lui, il y a "abolition totale" du discernement de Rosa Maria Da Cruz.

"La communauté scientifique a délaissé l'étude du sujet. Les femmes ne sont donc pas accompagnées, leur psychisme n'est pas soigné. La famille passe vite à autre chose lorsque la femme est entourée "le bébé est pris en charge, l'essentiel est qu'il va bien"L'entourage et souvent les médecins trouvent la situation étrange mais si tout va finalement bien, ils en rient. Le cas n'est pas détecté comme un cas à risque et justifiant un accompagnement. La femme est dans un état de sidération, une confusion temporelle, un temps hors temps avec des lacunes de mémoire."

Le médecin développe la notion d'état dissociatif, 90% généré par des traumatismes majeurs dès la petite enfance ou des trauma extrêmes. 

Le témoin pense aussi à la fillette : "ce n'est pas du tout la même chose d'être l'enfant d'un monstre que d'être l'enfant d'une mère brisée par un trouble pour l'instant méconnu".

RMDC : "C'est la première fois que je me sens comprise". 

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Parler d'état dissociatif pour RMDC c'est vraiment une insulte, d'abord à Séréna, ensuite à toutes les victimes traumatisées très tôt et durablement. Pour moi c'est une honte. 

Déposition d'une éducatrice chargée des placements sous Contrôle Judiciaire, qui a suivi le cas de RMDC lors de son placement sous CJ en 2014. Elle explique que RMDC n'avait pas saisi au départ les enjeux de cette mesure et avait pris le placement de ses trois autres enfants en famille d'accueil, puis confiés à son frère aîné, comme une punition. 

Pendant le 1er  placement en famille d'accueil, les experts ont soutenu qu'il était urgent de faire revenir les enfants en milieu familial, leurs résultats scolaires et leur comportement se dégradaient. Le placement chez le frère et la belle-soeur n'a rien arrangé. 

"Quand elle parle d'elle, être mère est son seul statut d'existence". Contraste douloureux pour l'accusée d'être séparée de ses enfants, elle dont le statut social est justement son statut parental. Douleur aussi pour les enfants qui n'ont pas compris d'être ainsi séparés de leurs parents.

Rosa Maria Da Cruz s'est investie dans le suivi avec le Psychiatre désigné dans le cadre de l'obligation de soins, elle s'est sentie écoutée. Il y a eu une réelle progression, elle ne parlait que de ses 3 enfants au début, au fil du temps elle a pu accepter ses actes. L'éducatrice du contrôle judiciaire rappelle que le Psychiatre se prononçait sur le maintien d'un lien thérapeutique avec l'accusée.

Déposition du psychiatre chargé de confirmer ou d'infirmer un éventuel diagnostic de schizophrénie. Affirmation sans appel : RMDC n'est absolument pas atteinte de schizophrénie. 

"son comportement ne peut pas être expliqué par une maladie psychiatrique en tant que telle".

S'il reconnaît un possible "état de dissociation anxieux", il estime que ce n'est que "ponctuel" et peu compatible avec les 23 mois où Séréna a été cachée. 

Contrairement aux deux témoins cités par la défense, l'expert psychiatre juge que des troubles dissociatifs n'expliquent pas l'incohérence des propos de Rosa Maria Da Cruz.

En l'état actuel, cet expert-psychiatre pense qu'on ne peut parler d'une altération du discernement qu'au moment de l'accouchement, il peut se prolonger mais de quelques heures seulement.

Prsdt : Mme Da Cruz, c'est la dernière fois : avez-vous des déclarations à faire ?

- Ce que je viens d'entendre je ne me reconnais pas. Quand hier le psychiatre a parlé, ça m'a soulagée car je me suis sentie comprise par un médecin.

Me Grimaud : vous attendez de l'extérieur qu'on vous apporte des réponses mais il faut que vous, vous nous racontiez ! Vous ne pouvez pas attendre les bras croisés, les doigts de pied en éventail sans apporter d'éléments !

RMDC : Je n'ai pas d'explication, je ne peux pas vous apporter de réponse, je les cherche encore. Pourquoi j'ai fonctionné comme ça pendant 23 mois ? Pourquoi les dénis de grossesse arrivent ?

AG : pensez vous avoir une responsabilité dans le lourd handicap de Séréna ?

RMDC : Oui aujourd'hui je le comprends. Aujourd'hui je vois qu'elle a un lourd handicap mais je veux rester en contact ! C'est ma fille !

 AG : Mais vous êtes-vous sa mère ?...

RMDC, déchue de son autorité parentale, explique qu'elle veut la récupérer pour "garder un lien avec Séréna".

AG : C'est un réflexe de propriétaire ! On comprend que vous avez pris la posture de ns faire croire que vous étiez comme un automate quand vous vous occupiez de votre fille mais pour moi ce n'est pas possible...

Retour à 14h00 pour les plaidoiries des parties civiles. 

Plaidoirie de Maître Isabelle Faure-Roche 

"J'interviens pour le Conseil départemental, j'interviens donc pour la chose, pour cette Nana (surnom donné à Séréna par sa famille d'accueil) en train de faire du vélo ou de manger sa compote. 

On a beaucoup parlé de la sidération de la mère, mais je veux aussi parler de la sidération de ceux qui ont découvert Séréna dans le coffre.

À l'issue de ces 10 jours, je me demande si j'ai rencontré Rosa Maria Da Cruz. Je crains que la réponse soit un peu négative. Vous avez fait durer ça deux ans. Mais Madame, vous eussiez pu faire durer ça encore plus ! Moi je dis que cette femme nous ment en permanence. C'est un mensonge qui vient des tripes, qui tient aux tripes, car Rosa n'existe dans la famille que par ce qualificatif "c'est une bonne maman". Mais pour cette petite fille qui est dans le coffre, ce n'est pas une bonne maman.

Elle a trouvé le moyen de s'exonérer de toutes ses responsabilités, le déni de grossesse.

(Me Faure-roche éreinte les "experts du déni de grossesse).

On n'appuie pas sur le bouton "j'ai conscience", "j'ai pas conscience". Et c'est pourtant la position adoptée par Mme Da Cruz. 

Je mets au défi, et moi j'en serais incapable, quiconque, de cacher deux ans une gosse sans que personne ne s'en rende compte. [...] Comment elle a dû avoir mal cette gosse, comment elle a dû avoir froid !

Rosa Maria da Cruz a refusé plus de 700 fois, plus de 700 jours, de la sortir, de la faire passer du noir à la lumière. C'est un choix qui nous choque, qui nous fait mal, mais c'est un choix. Aujourd'hui, cette gamine, c'est notre gamine à tous et vous méritez une sanction. 

Plaidoirie de Maître Marie-Pierre Peis-Hitier (pour le conseil départemental) enchaîne immédiatement : 

Voilà, c'est comme cela qu'elle est devenue une mère maltraitante. Voilà. On n'a pas besoin de grand concept. Et ça correpond à la réalité de Séréna. Elle (RDMC) le fait consciemment et cette vérité là est dérangeante.Cette réalité est dérangeante : des mères qui maltraitent leurs enfants, ça existe. L'instant maternel, c'est un leurre, ça n'existe pas.

Cet état physique effroyable dans lequel Séréna a été retrouvée est presque moins important que son état psychique, largement plus inquiétant. Séréna a été découverte trop tard pour rattraper cet état de carence social et affectif. Séréna devrait être en CE2. Elle devrait savoir lire, écrire, compter. Mais elle ne saura jamais faire ça. Ce qu'on espère pour Séréna, c'est qu'elle fasse une phrase pour exprimer ses besoins. Cette jolie petite fille avait tout pour être une petite fille normale mais elle n’accédera jamais à cette normalité car une femme l'a enfermée deux ans dans un coffre de voiture ! 

Suspension. A suivre les plaidoiries de Me Rodolphe Costantino (de dos), Me Marie Grimaud (à gauche). 

il y a 48 minutes, January a dit :

Suspension. A suivre les plaidoiries de Me Rodolphe Costantino (de dos), Me Marie Grimaud (à gauche). 

 

Je croyais qu'il y avait un chien sous la table 

Plaidoirie de Maître Rodolphe Costantino, pour Enfance et Partage

Le caractère impardonnable, irréparable, imprescriptible de la faute, du crime commis, renvoie à la part animale de l'homme. Le piège à éviter est celui de l'empathie. Si l'autre est mon semblable, il n'est pas moi. Moi j'ai un peu envie de dire attention au déni de justice par un déni de justesse. Justesse de l'analyse, du raisonnement. Cette femme n'est pas en décalage avec le réel. Quand il y a décalage, il y a délire. Et les experts ont dit qu'il n'y avait pas délire. Aujourd'hui, soit elle nous promène, ce ne serait pas la première ni la dernière, soit elle est dans le déni dans ce qu'elle a commis. 

La thèse du déni de grossesse et d'enfant a fait florès et lui a été servi sur un plateau d'argent. Cette thèse est la plus déresponsabilisante. A minima à ses propres yeux, à nos yeux ensuite. ça nous semble évident. L'état de sidération peut durer quelques jours au maximum. L'histoire du déni d'enfant... Je vais vous dire, je n'ai jamais entendu une telle foutaise. Le déni d'enfant concerne des femmes malades, qui n'ont plus de prise dans la réalité. Le déni est un symptôme de leur pathologie.

Ce n'est pas vrai qu'il n'y a pas de profil de déni de grossesse. C'est vrai qu'il n'y a pas de catégorie socio-professionnelle mais il y a d'autres profils, psychiques. Ce sont toujours des personnalités en creux. Des femmes qui se font oublier, des femmes qui n'ont pas une once d'agressivité visible, qui sont dédiées aux autres.

Elle [Rosa Maria Da Cruz] ne l'a pas tuée d'un trait mais elle est entrée dans une logique funeste et mortifère. C'est un enfant au fond qu'elle tuait à petit feu.

Plaidoirie de Maître Marie Grimaud, pour Innocence en danger

Cette cour d'assises me semble bien calme. Ce calme m'interroge. Est-ce le calme avant la tempête ou après ? J'imagine à quel point la tempête fait rage dans vos esprits. Penser la violence des femmes, c'est difficile. C'est le sujet de cette cour d'assises. Si vous ne pensez pas la violence des femmes, vous ne pensez pas la violence de Mme Da Cruz. Une femme, c'est avant tout le symbole de la mère. Vous allez devoir abandonner vos a priori, vos convictions sur ce qu'est une bonne mère, une bonne femme. 

Séréna a été investie sur le plan intellectuel mais pas sur le plan affectif. C'est le propre du mécanisme de la maltraitance. Je vous mets en alerte sur la sanction. Je vous mets en alerte sur les trois autres enfants. Vous allez juger une femme, pas une mère en charge de famille. Les enfants ont besoin de savoir que la justice intervient. 

Aujourd'hui l'AG et la défense vont s'exprimer, puis ce sera l'attente du verdict. 

Mon sentiment c'est que la peine sera la même ou presque qu'à la première audience. Elle va devoir rester quelques six mois ou un an de plus emprisonnée puis elle sera libre. Pour la forme, on va "couvrir" sa préventive, mais ça va s'arrêter là. 

Me Grimaud a bien joué sa pièce mais m'est avis ce ne sera pas suffisant, les jurés vont répugner à emprisonner cette mère que trois enfants attendent.