Rubens.

C'est un mot que l'on cherche que l'on ne trouve pas, un air de musique que l'on fredonne qu'on ne connaît pas.

C'est un tableau de Rubens qui me traverse l'esprit, le " retour des champs " pour qui, pourquoi je ne sais pas. .

Le fait que le dîner soit champêtre peut être. La table était longue, la nappe blanche tout autant, le repas l'était également.

Quelques gouttes de vin autour des verres , les sourires et les rires.

Quelqu'un avait renversé son vin , nous étions au dessert, les esprits un peu échauffés sans doute .

Nous étions dix je crois, quelques femmes cependant dont une en face de moi que je connaissais bien, je voyais toujours ce tableau de Rubens mais continuais ma participation au dialogue, une habitude de paraître tout en calculant et mesurant l'autre . Autre qui en ce moment était une autre. Elle était belle , le savait , savait que je le savais aussi. Je regardais ses yeux , elle parlait à son tour des affaires, elle surveillait aussi du coin de l’œil son mari qui trônait au bout de la table,son vieux mari qui tient le cabinet, puis ses yeux revenaient vers moi, ses lèvres ourlées bougeaient de façon sensuelles, je n'écoutais plus ses paroles, je repensais à ce jour où dans les archives j'avais déchiré ses bas, nous avions fait l'amour de façon brutale, comme un besoin comme pour évacuer le stress, rien de sentimental, elle était belle un petit tatouage en bas du dos , je crois que ce fût un moment.

Les conversations se croisaient, s'entrecroisaient, se mesuraient à la façon d'un duel à plusieurs et à l'épée, un jeu dangereux mais contrôlé, nous étions tous dans le même camp mais tous concurrents, cette adrénaline d'une partie d'échec permanente, me portait aussi.

Puis le tableau de Rubens et mon regard de nouveau sur celle qui me fait face.Elle me sourit, je connais ce regard et je la soupçonne de jouer en dessous de table dans une affaire importante, je sens qu'elle me jauge, comme le joueur de poker, elle cherche la faille, elle cherche à me dépasser, dans le même temps je la devine encore et aussi en dessous de table  faisant du genou à son voisin de droite, beau jeune homme qui n'arrête pas de resserrer sa cravate, de regarder en coin le maître de table qui lui a sans doute déjà compris, mais les affaires priment sur tout , elle devine je crois que je sais pour son genou, que je sais que comme moi il connaîtra et les archives et le tatouage.

....

...Pourtant j'aime cette femme, pas de l'amour au sens propre, mais pour ce qu'elle est, sa complexité et son abandon total après sa dureté en affaires, des dents de jeune louve derrière des lèvres sensuelles et attirantes.

Son voisin de gauche est un homme aux formes rondes, comme sa façon de s'exprimer, d'envelopper et de convaincre, tout le reste, tout ce qu'on ne voit pas est tranchant. Il joue de sa bonhomie, entretient son coté bon vivant mais c'est au fond un homme triste , calculateur et froid important au cabinet, c'est un peu le nettoyeur qui passe quand l'affaire tourne mal, c'est lui qui rattrape le coup, qui arrondit les angles qui peut corrompre, qui fait le travail finalement...

Puis j'ai à nouveau en me tournant vers la dame des archives la vision d'un autre tableau de Rubens et cette femme engoncée dans une fraise gigantesque, rigide droite comme un "I" la marquise de Spinola Doria il me semble.

Je n'arrive pas à me débarrasser de ces images, ça me perturbe un peu. Mais je me concentre sur ce qu'on me dit, je suis plusieurs conversations en même temps, j'analyse, je pèse les mots comme chacun et chacune finalement sauf peut être la jeune femme brune au bout à gauche sur le coté opposé de la table blanche !

Elle a un visage trop doux, une allure trop naïve pour être du sérail, une stagiaire peut être mais je ne pense pas qu'elle fasse carrière, trop naturelle, ou alors ce sera la meilleure joueuse de poker que je connaisse...

En face d'elle, deux hommes d'un autre cabinet que je ne connais pas non plus mais eux aucun doute ils sont du même monde, du monde des affaires.

A ma gauche, je devine Mortimer, un surnom qui lui va bien, la mort et le temps.

Lui parle peu , c'est un silencieux, économe en tout sauf pour lui et ses voitures de luxe. Il y a quelques mois, je me suis rendu à sa propriété pour parler d'un dossier que je devais reprendre, l'homme qui m'a accueilli, une sorte de majordome , m'a conduit dans un salon en attendant ce cher Mortimer. Après les banalités d'usage il est reparti , très discret, je suis rester à compter le temps qui passe. Je me suis installé dans un fauteuil ancien mais confortable, puis d'impatiente j'ai traversé la pièce de long en large, me suis planté devant la fenêtre immense, je n'ai pas vu que l'automne était arrivé, je n'ai pas vu les arbres qui commençaient de perdre leurs feuilles, ni le jardinier qui ratissait les allées. L'étang reflétait un ciel encore bleu et une lumière qui commençait à décliner, les canards étaient nombreux. Puis je me suis retourné et agacé de cette attente me suis rabattu sur la bibliothèque, y ai pris au hasard un livre.

Je me suis rassis en face d'un grand tableau que je suppose moderne, n'en ai pas compris le sens je l'ai imaginé tourné d'un quart de tour, et rien de plus , puis j'ai fait le tour en l'imaginant de quart de tour en quart de tour et suis revenu au départ sans explication.

J'ai ouvert le livre de la bibliothèque , un ouvrage sur Rubens !

C'est donc là que j'ai enregistré ces tableaux qui me reviennent à l'esprit.

Je finissais de scruter le dernier tableau quand Mortiner est entré, j'ai repris mon sourire de parade et lui ses excuses commerciales.

Nous avons discuté de ce dossier puis au moment de partir, je lui ai demandé s'il aimait Rubens, c'est là qu'il m'a fait comprendre qu'il s'était et là ce sont ses termes, coltiner ce livre pour se faire un client qui lui était  un vrai passionné, il avait ajouté, tu sais ce que c'est !

Oui, je savais et c'est ce jour je crois que les choses ont changé. Je lui ai demandé si je pouvais lui emprunter, il me l'a offert.

J'ai quitté les lieux sans voir le jardinier qui me saluait.

Puis il y a moi et toujours ces tableaux de Rubens qui défilent mais dont je connais désormais l'origine.

Nous sommes à présent au dessert puis sans doute le café,

Je viens seulement de remarqué qu'il y a un arbre énorme qui fait de l'ombre.

Je vous trouve ailleurs me dit la femme du patron, attention on se bat pour être le bras droit de mon mari et vous avez toutes les chances. Curieux comme tout ceci ne m'a rien fait, comme si tout semblait finalement loin, un peu comme si je prenais du recul m'éloignant subitement de la nappe blanche aux taches rouges, puis de tous , hier encore j'aurais été comblé de me sentir pressenti pour ce poste , court-circuiter les autres et dominer un peu plus. J'avais devant moi un autre tableau de Rubens, " la vieille femme avec un panier de charbon ".Je n'arrivais plus à chasser cette image de devant ma vue elle revenait sans cesse , comme figée dans le temps depuis le dix- septième siècle c'est le sentiment qui dominait celui du temps qui s'arrête. J'aurais pu décrire le visage éclairé par la lueur d'une bougie ou du foyer, l'enfant et le visage du jeune homme, m’obsédaient.

Puis le repas prit fin et nous quittâmes les lieux, sans omettre la Lituanie des politesses obligées.

Les temps qui suivirent furent assez pénibles, je décrochais peu à peu de mon travail, je n'avais plus cette envie, je le mis sur le compte de la fatigue et les vacances approchant, je me dis que la rentrée serait normale et tout ceci serait également oublié.

Finalement les vacances arrivèrent et le repos aussi.

Je pris le temps d'ouvrir l'ouvrage sur Rubens et ses tableaux, j'y trouvais quelque chose de mystérieux, c'était très difficile à expliquer, comme un lien entre ma vie et ces images du temps figé.

Un peu comme si le temps avait continué sans eux, sans moi, cette impression de grand vide. Les premiers jours de vacances passés je commençais aussi à avoir envie de bouger . J'avais vu quelque par qu'une exposition avait lieu au grand palais aussi je me décidais à m'y rendre .J'avais pour les vacances laissé de coté mes costumes de luxe et mes cravates. M'étais habillé léger pour ce moi de juin,  pris le métro ce que je ne faisais plus,  fini par trouver le grand palais et l'exposition, je commençais ma visite quand une voix derrière moi me sortit de mes songes, c'était ma brune stagiaire, c'était ma naïve nouvelle du bout de table.

Elle souriait puis me fit remarquer que j'avais l'air moins austère qu'en costume cravate. Je ne pensais jamais vous revoir me dit elle, surtout à une expo de Monet, je lui fis remarquer que j'étais là par hasard n'ayant pas choisi le peintre mais juste le lieu.

Je peux vous servir de guide me dit elle c'est une passion pour moi la peinture, elle s'arrêtait devant chaque tableau que je trouvais joli, mais sans y comprendre grand chose, j'étais très impressionner de celui qu'elle brossait de cet impressionniste, j'aurais pu l'imaginer dans son atelier sa blouse multicolore de peinture ou dans la nature devant son chevalet.

Manet dis je, non Monet répliqua t elle, Manet était un autre peintre.  Bien !

Elle avait une robe d'été, en sortant du grand palais je l'invitais à une terrasse non loin, nous marchions maintenant le long des quais, la dernière fois que j’étais venu  ici, une pluie fine tombait et les feuilles aussi, il faisait froid et triste. Là le beau temps , la douceur estivale donnaient envie de flâner ;

Vous êtes plus doué en affaires qu'en peinture non ?

Je connais quand même quelques tableaux de Rubens dis je en riant. Oh ça vous va bien Rubens  dit elle, enfin quand vous êtes en costume se rattrapa t elle. Bien entendu lui répondis je en regardant ses yeux verts.

Vous ...commençais je, appelez moi Camille puis tu peux me tutoyer, je ne suis pas du monde des affaires, c'est mon oncle, le gros monsieur qui était là aussi au repas.

Va pour Camille alors, c'est très doux je trouve. Le long des quais, elle acheta un livre.

Du coup j'avais avalé ma phrase mais c'était sans importance, la terrasse était devant nous ;

Je vais prendre une eau grenadine me dit elle mais avec de l'eau gazuse.

Avec une paille ajouta t elle.

Je commandais la même chose, c'est curieux comme les goûts nous ramènent parfois en arrière, à quoi penses tu me dit elle,

à mon grand père, souvent avec lui je buvais une grenadine, je n'en avais jamais bu depuis ;

Et alors c'est bon ?

Oui c'est plein de vitamines et de souvenirs !

Elle riait.

L’après midi me parut très courte, je l'accompagnais au métro, pris sa taille pour l’embrasser, je sentais son parfum et sous mes mains son corps ,

Elle descendait les marches maintenant, se retournait et disparut dans un petit signe de la main.

Les jours qui suivirent, étaient un peu comme si en prenant sa taille, j'avais retourné le sablier du temps ,celui ci me paraissait s'écouler lentement et sereinement.

J'avais finalement très envie de la revoir. C'était la première fois que je ressentais cette sensation, j'avais même presque oublié mon rendez vous du lendemain au cabinet avec mon patron, à ma demande.

Le lendemain matin j'eus un appel de Camille, elle me demandait si l'on pouvait se voir et profiter des vacances ensemble, elle devait rester sur Paris et faire des musée et ensuite partir en Grèce, j'étais enthousiasmé.

Le rendez vous était pris, devant le grand palais.

La secrétaire me salua, en me disant que le patron m'attendait, la visite fût finalement assez brève, je venais donner ma démission, il s'était levé, puis retombait dans son fauteuil, mais « non de dieu » dit il qu'est ce qui vous prend ?

Rien, je reste encore trois mois le temps de passer les dossiers et je quitte ce milieu, ma décision est prise.

Il ouvrit la bouche un moment la referma et fixait le livre sur la table que je venais de déposé devant lui ;

Qu'est ce que c'est dit il en regardant l'ouvrage ou en lettres dorées étaient écrit Rubens son œuvre .

Des retrouvailles lui dis je en souriant, mais des retrouvailles de qui non de dieu brailla t il, les miennes monsieur, les miennes avec la vie.

Je sortis le laissant perplexe, et m'empressais de retrouver Monet , Rubens venait de me quitter.

@PASCOU J'ai vraiment bien aimé !

il y a 57 minutes, Blaquière a dit :

@PASCOU J'ai vraiment bien aimé !

Tu aimes la peinture Blaquiere?

il y a 22 minutes, PASCOU a dit :

Tu aimes la peinture Blaquiere?

œuf corse ! Tu arrives esquisser une vraie psychologie aux personnages en très peu de mots...

il y a 18 minutes, Blaquière a dit :

œuf corse ! Tu arrives esquisser une vraie psychologie aux personnages en très peu de mots...

Et tu pourrais lequel des personnages?

il y a 13 minutes, PASCOU a dit :

Et tu pourrais lequel des personnages?

La jolie brune ! Non, je rigole ! Je me vois que dans Camille. Je suis très classique ou idéaliste au naturel... à plus, je vais bosser...

il y a 13 minutes, Blaquière a dit :

La jolie brune ! Non, je rigole ! Je me vois que dans Camille. Je suis très classique ou idéaliste au naturel... à plus, je vais bosser...

Bon courage alors....

bonjour

Rubens , un peintre hors de prix mais ton histoire plaisante à lire .

bonne journée

il y a 30 minutes, le merle a dit :

bonjour

Rubens , un peintre hors de prix mais ton histoire plaisante à lire .

bonne journée

Merci Le merle...

Tu veux un Rubens?

il y a 3 minutes, PASCOU a dit :

Merci Le merle...

Tu veux un Rubens?

bonjour

lol ; non , j'aime les grands peintres et d'autres moins connus . j'aime aussi les grands arbres et les rivières mais je n'en veux pas dans ma maison lol .

bonne soirée 

Le 14/04/2018 à 15:30, le merle a dit :

bonjour

lol ; non , j'aime les grands peintres et d'autres moins connus . j'aime aussi les grands arbres et les rivières mais je n'en veux pas dans ma maison lol .

bonne soirée 

Il y a un concours sur les arbres dans photographie..

Tu peux postuler.