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Les paradoxes de la méritocratie


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Pour préciser un aspect de mon propos (parce qu'à la relecture j'ai l'impression que ça n'est pas totalement clair tel que je l'ai exprimé, seule cricket a compris mon propos je pense :p) il y a je trouve une contradiction entre celui qui va agir pour les honneurs et faire ce qui convient, simplement parce que la méritocratie aura rendu plaisant de le faire, et celui qui agit simplement par devoir sans avoir particulièrement les honneurs ou la gloire en vue.

Un peu comme il y a une différence entre celui qui met sa ceinture de sécurité parce qu'il comprend les enjeux et la nécessité liée à la sécurité qui se cache derrière, et celui qui met sa ceinture par crainte du gendarme. L'individu méritant à mon sens va agir par conscience de son devoir et du besoin que les autres ont de sa présence et de ses actes, non pas parce qu'il a envie de devenir reconnu, riche et/ou célèbre. Si bien qu'à la limite le mérite ne s'obtient vraiment qu'en faisant son devoir indépendamment des honneurs éventuels ou ultérieurs que nous pourrions espérer.

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Il y a 9 heures, cricket a dit :

Personnellement ce que je trouve paradoxal, c'est que ceux défendant la méritocratie ne soient pas pour la suppression de l'héritage. Lorsqu'on vante la valeur travail, le mérite personnel, etc.. on devrait souhaiter partir du même niveau que les autres. Tant que cela ne sera pas cohérent je continuerais à les prendre pour ce qu'ils sont, de gros hypocrites.

Si on part du principe que la méritocratie est un écran de fumée levé par l'élite pour habiller leur modèle de société d'un espoir pour les autres de pouvoir en faire partie, c'est au contraire très logique : on reste dans des manoeuvres de reproductions sociales. 

Alors, c'est plus visible aujourd'hui parce que on est précisément dans une période où les héritiers (Gattaz, Arnaud, Dassault...) atteignent à leur tour des postes importants, parfois ceux de papa, postes qui les exposent médiatiquement. 

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Il y a 10 heures, Quasi-Modo a dit :

@PLS maker Je viens de comprendre que tu as pris ma remarque pour toi, en fait c'était pour désigner un trait commun aux bourgeois/aristocrates qui sont reconnus pour avoir cet amour de la langue, pour aimer se payer de mots. C'était d'ailleurs un trait souligné par certains sociologues depuis longtemps! En gros je tentais de donner un exemple de schéma culturel et social qui se transmet dans les familles bourgeoises (mais je manquais cruellement d'exemple).

Je vois, autant pour moi alors :( 

Sinon, concernant cette méritocratie, ses paradoxes sont, en gros, connus depuis que Bourdieu et Jean-Claude Passeron ont publié Les héritiers

Le reste a été peu à peu confirmé par les statistiques de l'échec scolaire et des populations trustant les principaux leviers de l'élévation sociale (classes prépas, grandes écoles). 

Ou bien ça aussi : https://www.inegalites.fr/Ceux-que-l-on-paie-pour-etudier-enquete-sur-les-privilegies-de-l-ecole?id_theme=17

Citation

Compte tenu de la faible part de personnes d’origine modeste dans les grandes écoles (lire Des classes préparatoires et des grandes écoles toujours aussi fermées), les élèves que l’État rémunère proviennent dans leur immense majorité des classes aisées. La dépense engagée par l’État est un pur effet d’aubaine pour leurs parents. Le cadeau n’est pas mince : deux années d’études payées 1 500 euros par mois représentent 36 000 euros au total qui peuvent servir, par exemple, à se constituer un apport pour un éventuel achat immobilier. La reproduction sociale est ainsi assurée.

On pourrait se dire, tant mieux pour eux. Le problème, c'est qu'à côté de cette situation (payer des étudiants qui, pour plus de 90% d'entre eux, viennent de familles riches), il y a des étudiants, dont la situation impose des efforts professionnels parfois considérables (travailler en même temps que poursuivre ses études), et qui se retrouvent précisément parmi les étudiants qui échouent le plus. 

Dans le deuxième cas, personne ne nierait les mérites de ces étudiants. Pourtant eux se font éliminer plus que les autres. 

A titre perso, j'étais il y a quelques années prof dans un lycée "ZEP" (tant pis pour cette abbréviation qui n'existe plus) qui a envoyé quelques gamins à l'IEP de Paris, gamins qui répondaient parfaitement aux exigences académiques de l'école, mais certains ont échoué parce que leur capital culturel n'était pas celui attendu de leurs camarades, et l'ambiance qui en a résulté a fini par avoir raison de leurs études. 

 

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Membre, Jedi pas oui, jedi pas no, 31ans Posté(e)
Jedino Membre 47 968 messages
31ans‚ Jedi pas oui, jedi pas no,
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Il y a 17 heures, Quasi-Modo a dit :

Certains soutiennent que, puisque nous ne sommes plus qu'un rouage, alors les responsabilités n'existent plus (ce qui est en soi un scandale bien plus grand que celui que tu soulignes, puisqu'il démontre qu'on peut toujours rejeter la faute sur les autres, même quand on est responsable). Jacques Ellul le philosophe, prend par exemple le cas d'un barrage qui craque et s'interroge en se demandant si le responsable devrait être le maire qui a autorisé les travaux, l'architecte qui a fait les plans, l'ouvrier qui a bétonné, etc.. chacun pouvant se renvoyer la balle jusqu'à la fin des temps (et cela se voit bien dans les batailles juridiques, tout le monde ouvre son parapluie et personne ne veut être responsable de rien, pas même les désignés comme tels). Il concluait son raisonnement en disant que s'il n'y a plus d'homme responsable alors il n'y a plus d'homme libre.

Avoir des responsabilités, donc un responsable censé garantir la réussite de l'ensemble, n'est qu'un moyen de trouver plus aisément la tête à couper à la fin puisque, comme tu le dis, ce n'est bien souvent pas si simple. Le meilleur travailleur finira lui-même par faire une erreur qui, dans l'essentiel des cas, sera corrigée de suite. Mais certaines persistent, parfois insidieusement, ce que montre bien le modèle de Reason.

En tant que tel, pour la plupart des cas, trouver et punir "LE" responsable est une idiotie et occulte des imperfections systémiques, typiquement de vérification et de test, d'organisation, parfois de langue ou de situation, etc.

Ta conclusion me paraît aller trop loin : prenons le maire, par exemple. Peut-il vraiment se sentir responsable alors qu'il n'a, au fond, ni imaginé ni construit le barrage ? L'architecte, lui, peut-il se sentir pleinement responsable alors qu'il n'a au fond pas construit lui-même le barrage ? L'ouvrier, lui, n'est-il jamais qu'un parmi d'autres, et n'est-il pas supervisé par l'architecte ou une autre personne qui est là pour s'assurer que ce qui est fait est bien fait ? Et si tout ce monde a bien travaillé, si tout le monde est certain, n'est-ce pas plutôt la qualité du béton qui est en dommage ? Ou le calcul sous-estimé de la pression de l'eau à maintenir ? Ou, qui sait, une conjonction de plusieurs erreurs mineures qui, individuellement, n'auraient pas abouti à ce résultat mais qui, en un tout, ont abouti à cette rupture ? Dans les systèmes complexes et bien rodés, on est souvent davantage dans cette situation que dans la responsabilité pure et simple d'une personne bien ciblée. Les "grosses" erreurs sont rarement loupées dans un système qui s'auto-vérifie.

Il y a 15 heures, Quasi-Modo a dit :

Pour préciser un aspect de mon propos (parce qu'à la relecture j'ai l'impression que ça n'est pas totalement clair tel que je l'ai exprimé, seule cricket a compris mon propos je pense :p) il y a je trouve une contradiction entre celui qui va agir pour les honneurs et faire ce qui convient, simplement parce que la méritocratie aura rendu plaisant de le faire, et celui qui agit simplement par devoir sans avoir particulièrement les honneurs ou la gloire en vue.

Un peu comme il y a une différence entre celui qui met sa ceinture de sécurité parce qu'il comprend les enjeux et la nécessité liée à la sécurité qui se cache derrière, et celui qui met sa ceinture par crainte du gendarme. L'individu méritant à mon sens va agir par conscience de son devoir et du besoin que les autres ont de sa présence et de ses actes, non pas parce qu'il a envie de devenir reconnu, riche et/ou célèbre. Si bien qu'à la limite le mérite ne s'obtient vraiment qu'en faisant son devoir indépendamment des honneurs éventuels ou ultérieurs que nous pourrions espérer.

Tout dépend de si tu estimes que le mérite se trouve dans les moyens mis en œuvre ou dans la fin atteinte. Dans le premier cas, tu ne pourras pas estimer que celui qui fait par crainte sera méritant. Dans le deuxième cas, ils le sont tous les deux.

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Membre, 79ans Posté(e)
bibifricotin Membre 12 826 messages
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Il y a 17 heures, frunobulax a dit :

Les promotions sont malheureusement très souvent bien plus liées au "mérite" qu'aux réelles aptitudes à remplir les missions du poste où l'on est promu.

Mais, d'un point de vue purement pratique, comment être vraiment sur que la personne sera compétente au poste où on en envisage de la promouvoir autrement qu'en lui donnant la possibilité d'y faire (ou non) ses preuves ?
Sauf erreur de ma part, il me semble qu'il est très rare que les promotions fassent l'objet d'une période d'essai ?

Donc, que faire si son incompétence s'y avère manifeste ?
Surtout dans un système hiérarchique où la "dé-promotion" est considérée comme un échec dévalorisant ...

Je suis d'accord avec vous , mais je parle uniquement de promotions qui pourraient être à la fois néfaste pour l'entreprise et le salarié. J'ai vécu des situations où le chef de chantier gagnait plus que certains cadres et qu'il ne fallait surtout pas sortir de sa fonction pour la bonne marche de l'entreprise. Il fallait donc reconnaître son mérite par le salaire.

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Invité Quasi-Modo
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Il y a 8 heures, PLS maker a dit :

Je vois, autant pour moi alors :( 

Ce n'est pas très grave, je me suis mal exprimé aussi en fait en désignant les intellectuels au lieu de dire directement que je parlais des classes aisées ;)

Parce que bien entendu je suis d'accord avec ton constat que peu de personnes issues de familles modestes arrivent à valider un cursus dans une Grande Ecole comme l'ENA par exemple. Je me demandais seulement quels sont les éléments concrets qui viennent expliquer ce constat : je pense que la richesse du vocabulaire transmis par les parents pourrait jouer un rôle tôt dans la scolarité, et qu'il y a une sélection qui s'opère malgré nous à ce niveau là.

En fait en devenant conscient de ce qui distingue les habitus des uns et des autres, je me demande si nous ne pourrions pas mimer un autre habitus ou faire sien certaines de ses caractéristiques (au moins partiellement). Il me semble que Bourdieu lui même reconnaissait que les habitus ne sont pas des déterminismes.

il y a 59 minutes, Jedino a dit :

Ta conclusion me paraît aller trop loin : prenons le maire, par exemple. Peut-il vraiment se sentir responsable alors qu'il n'a, au fond, ni imaginé ni construit le barrage ? L'architecte, lui, peut-il se sentir pleinement responsable alors qu'il n'a au fond pas construit lui-même le barrage ? L'ouvrier, lui, n'est-il jamais qu'un parmi d'autres, et n'est-il pas supervisé par l'architecte ou une autre personne qui est là pour s'assurer que ce qui est fait est bien fait ? Et si tout ce monde a bien travaillé, si tout le monde est certain, n'est-ce pas plutôt la qualité du béton qui est en dommage ? Ou le calcul sous-estimé de la pression de l'eau à maintenir ? Ou, qui sait, une conjonction de plusieurs erreurs mineures qui, individuellement, n'auraient pas abouti à ce résultat mais qui, en un tout, ont abouti à cette rupture ? Dans les systèmes complexes et bien rodés, on est souvent davantage dans cette situation que dans la responsabilité pure et simple d'une personne bien ciblée. Les "grosses" erreurs sont rarement loupées dans un système qui s'auto-vérifie.

Disons que la responsabilité du maire pourrait être engagée en ce qu'il a décidé de le construire à un endroit précis, proche d'habitations par exemple, dès lors que l'accident aurait fait des victimes ;)

Concrètement quand quelque chose ne va pas il y a la nécessité de "couper des têtes" mais les responsabilités ne sont pas toujours simples à établir (en fait c'est très rare). Dans certaines affaires je pense que travailler dans le juridique ne doit pas être simple et que certaines décisions prises sont sans doute injustes. Tout se déroule comme si la rage devait se déchaîner sur une victime en particulier pour mettre fin à la violence, un peu comme dans la théorie du bouc émissaire de Girard.

il y a une heure, bibifricotin a dit :

Je suis d'accord avec vous , mais je parle uniquement de promotions qui pourraient être à la fois néfaste pour l'entreprise et le salarié. J'ai vécu des situations où le chef de chantier gagnait plus que certains cadres et qu'il ne fallait surtout pas sortir de sa fonction pour la bonne marche de l'entreprise. Il fallait donc reconnaître son mérite par le salaire.

Effectivement tu fais bien d'insister, mais dans la mentalité française il est vrai que le supérieur hiérarchique est d'habitude mieux payé que ses subalternes. C'est étonnant la situation dont tu parles, mais pourquoi pas dans le fond, sachant que cela mettrait également fin au paradoxe de Peter. Mais si c'est mal vécu par les employés cela peut être source de discorde et poser des problèmes entre eux.

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Membre, Jedi pas oui, jedi pas no, 31ans Posté(e)
Jedino Membre 47 968 messages
31ans‚ Jedi pas oui, jedi pas no,
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il y a 31 minutes, Quasi-Modo a dit :

Disons que la responsabilité du maire pourrait être engagée en ce qu'il a décidé de le construire à un endroit précis, proche d'habitations par exemple, dès lors que l'accident aurait fait des victime;)

Concrètement quand quelque chose ne va pas il y a la nécessité de "couper des têtes" mais les responsabilités ne sont pas toujours simples à établir (en fait c'est très rare). Dans certaines affaires je pense que travailler dans le juridique ne doit pas être simple et que certaines décisions prises sont sans doute injustes. Tout se déroule comme si la rage devait se déchaîner sur une victime en particulier pour mettre fin à la violence, un peu comme dans la théorie du bouc émissaire de Girard.

Il ne faut pas oublier cependant que si le cas est complexe et que la responsabilité ne se réduit pas à une personne, l'entreprise étant une personne morale, elle peut très bien être condamnée. Vouloir condamner LA personne est une façon de cacher le problème, de lâcher sa frustration, mais en aucun cas de s'assurer que l'erreur ou les erreurs faites ne seront plus commises.

Le transport aérien est à ce niveau-là plutôt exemplaire et a su tirer, assez souvent, les bonnes leçons. L'exemple le plus représentatif dans ce secteur reste finalement l'accident le plus meurtrier (accident de Tenerife) : deux avions qui se collisionnent sur une piste. On aurait pu se contenter de dire que le pilote a fait le mauvais choix, celui de mettre les pleins gaz pour finir dans l'autre qui remontait la piste, mais la réalité est beaucoup plus complexe que cela et a permis de corriger plusieurs défauts qui n'étaient pas forcément évidents d'un système qui, mis bout à bout, peut aboutir à des catastrophes.

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Invité Quasi-Modo
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il y a 12 minutes, Jedino a dit :

Il ne faut pas oublier cependant que si le cas est complexe et que la responsabilité ne se réduit pas à une personne, l'entreprise étant une personne morale, elle peut très bien être condamnée. Vouloir condamner LA personne est une façon de cacher le problème, de lâcher sa frustration, mais en aucun cas de s'assurer que l'erreur ou les erreurs faites ne seront plus commises.

Le transport aérien est à ce niveau-là plutôt exemplaire et a su tirer, assez souvent, les bonnes leçons. L'exemple le plus représentatif dans ce secteur reste finalement l'accident le plus meurtrier (accident de Tenerife) : deux avions qui se collisionnent sur une piste. On aurait pu se contenter de dire que le pilote a fait le mauvais choix, celui de mettre les pleins gaz pour finir dans l'autre qui remontait la piste, mais la réalité est beaucoup plus complexe que cela et a permis de corriger plusieurs défauts qui n'étaient pas forcément évidents d'un système qui, mis bout à bout, peut aboutir à des catastrophes.

C'est bien vu. Chercher les coupables ne sert souvent à rien sinon à contenter notre instinct primitif de punition, ou notre frustration comme tu le dis si bien. La bonne question à se poser c'est comment arranger la situation ou à minima, comment éviter de reproduire les mêmes erreurs? Les humains ne sont pas souvent aussi rationnels, le ressentiment et l'aigreur entraînent la réprobation morale et le blâme, rares sont les victimes qui restent suffisamment dignes (ou suffisamment fortes moralement, mais peut-on les en blâmer?) pour seulement vouloir que le coupable soit dans l'incapacité de faire de nouvelles victimes.

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Membre, 48ans Posté(e)
Ellipsis Membre 435 messages
Baby Forumeur‚ 48ans‚
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La méritocratie a de nombreux effets pervers... Cela ne serait t-il pas une des explications à notre propension à devenir de plus en plus individualiste, en nous faisant voir l'autre comme un ennemie, un concurrent, si ce modèle prends le dessus sur tout. J'ai été militaire, est l'obtention du grade supérieur se fait par l'ancienneté dans la plupart des cas, notamment pour les officiers (peut être un peu moins pour les MDR), et en celà l'on ne se soucie pas de savoir si le capitaine d'à côté est plus compétent ou non que soi, la cohésion est un concept très fort au sein de l'armée, et je pense que ce principe d'évolution automatique des carrières y contribue. En revanche, il ne fait pas de vous un être sans ambition, en tout les cas elles ne sont certainement pas mal placées, en somme une carotte sans en être une au final, puisque vous savez obligatoirement qu'au bout d'un certain temps vous passerez au grade supérieur, mais attention tout de même de ne pas être un branlot, sous peine de faire ralentir votre évolution.

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Invité Quasi-Modo
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il y a 13 minutes, Ellipsis a dit :

La méritocratie a de nombreux effets pervers... Cela ne serait t-il pas une des explications à notre propension à devenir de plus en plus individualiste, en nous faisant voir l'autre comme un ennemie, un concurrent, si ce modèle prends le dessus sur tout. J'ai été militaire, est l'obtention du grade supérieur se fait par l'ancienneté dans la plupart des cas, notamment pour les officiers (peut être un peu moins pour les MDR), et en celà l'on ne se soucie pas de savoir si le capitaine d'à côté est plus compétent ou non que soi, la cohésion est un concept très fort au sein de l'armée, et je pense que ce principe d'évolution automatique des carrières y contribue. En revanche, il ne fait pas de vous un être sans ambition, en tout les cas elles ne sont certainement pas mal placées, en somme une carotte sans en être une au final, puisque vous savez obligatoirement qu'au bout d'un certain temps vous passerez au grade supérieur, mais attention tout de même de ne pas être un branlot, sous peine de faire ralentir votre évolution.

C'est vrai que la méritocratie va de pair avec l'individualisme alors que souvent les mérites sont collectifs et proviennent d'un travail d'équipe. Cela se voit bien dans le football avec les grands buteurs qui sont tellement encensés mais qui ne seraient rien toutefois sans le travail collectif qui s'effectue en amont. Pourtant c'est leur nom en particulier qui sera le mieux retenu.

Cette mise en avant constante de l'individu et de l'égo personnel n'est-elle pas incompatible au final avec l'idée de mérite ou de devoir? Je pense que le vrai mérite est inséparable de l'effort personnel et surtout d'une bonne dose d'humilité. Donc que la méritocratie ternit en quelque sorte paradoxalement l'idée de mérite en mettant en avant les égos des uns et des autres.

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Membre, 79ans Posté(e)
bibifricotin Membre 12 826 messages
Mentor‚ 79ans‚
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Il y a 1 heure, Quasi-Modo a dit :

Effectivement tu fais bien d'insister, mais dans la mentalité française il est vrai que le supérieur hiérarchique est d'habitude mieux payé que ses subalternes. C'est étonnant la situation dont tu parles, mais pourquoi pas dans le fond, sachant que cela mettrait également fin au paradoxe de Peter. Mais si c'est mal vécu par les employés cela peut être source de discorde et poser des problèmes entre eux.

Cela n'existe pas dans les grandes entreprises, mais on peut les trouver dans les moyennes. C'est des personnes d'expérience et de terrain que l'on consulte en demandant conseil plutôt que donner des ordres. De plus elles sont toujours accompagnées d'adjoints qu'ils forment pour transmettre leur savoir faire.

C'est des piliers de l'entreprise qu'il ne faut surtout pas déplacer.

Je pense que des chefs d'entreprises moyennes savent de qui je parle.

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Invité Quasi-Modo
Invités, Posté(e)
Invité Quasi-Modo
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En outre peut-on dire que le mérite ou la reconnaissance soit exigible? A mes yeux clairement non, on ne peut pas vraiment demander à l'autre de reconnaître nos efforts, cela doit venir de l'autre avant tout. Pourtant bien souvent dans une entreprise classique si on ne demande pas une promotion ou une augmentation, personne ne viendra nous chercher pour nous en proposer une.

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Membre, 79ans Posté(e)
bibifricotin Membre 12 826 messages
Mentor‚ 79ans‚
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Il y a 5 heures, Quasi-Modo a dit :

En outre peut-on dire que le mérite ou la reconnaissance soit exigible? A mes yeux clairement non, on ne peut pas vraiment demander à l'autre de reconnaître nos efforts, cela doit venir de l'autre avant tout. Pourtant bien souvent dans une entreprise classique si on ne demande pas une promotion ou une augmentation, personne ne viendra nous chercher pour nous en proposer une.

C'est effectivement le cas général.

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Membre, 113ans Posté(e)
stvi Membre 20 709 messages
Mentor‚ 113ans‚
Posté(e)
Le 31/03/2018 à 11:29, Enchantant a dit :

La réussite s’inscrit toujours dans une méritocratie, puisque c’est elle qui permet justement de l’affirmer sans se tromper.

deux visions de la méritocratie ,celle qui est décrite  ici et là concernant le salarié qui par ses diplômes et/ou une formation permanente grimpe dans la hiérarchie ,c'est celle là qui est principalement haïe par ceux qui n'ont pas eu l'occasion ou la chance de faire des études supérieures ou de continuer une formation 

et celle qui consiste à prendre des risques financiers ,personnels  ,à réussir ou à échouer ...lorsque l'entrepreneur échoue il suscite les railleries lorsqu'il réussit c'est  l'envie ....

dans tous les cas ,comme les bénéficiaires de la méritocratie sont moins nombreux que ceux qui ne sont pas concernés ,ils deviennent une cible ,parfois même un pôle de détestation ...                

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Membre, Posté(e)
gloup-gloup Membre 684 messages
Forumeur balbutiant‚
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Il y a 6 heures, stvi a dit :

deux visions de la méritocratie ,celle qui est décrite  ici et là concernant le salarié qui par ses diplômes et/ou une formation permanente grimpe dans la hiérarchie ,c'est celle là qui est principalement haïe par ceux qui n'ont pas eu l'occasion ou la chance de faire des études supérieures ou de continuer une formation 

et celle qui consiste à prendre des risques financiers ,personnels  ,à réussir ou à échouer ...lorsque l'entrepreneur échoue il suscite les railleries lorsqu'il réussit c'est  l'envie ....

dans tous les cas ,comme les bénéficiaires de la méritocratie sont moins nombreux que ceux qui ne sont pas concernés ,ils deviennent une cible ,parfois même un pôle de détestation ...                

Vous évoquez une société composée d'une majorité de jaloux, incapable de reconnaître le mérite d'une minorité. Or la méritocratie, en tant qu'intersubjectivité, ne peut fonder une perception objective de la réalité que si elle est majoritairement reconnue.

Donc la société telle que vous la décrivez n'existe pas ou la méritocratie est une fable, ou les deux à la fois.

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Membre, 79ans Posté(e)
bibifricotin Membre 12 826 messages
Mentor‚ 79ans‚
Posté(e)
Il y a 2 heures, gloup-gloup a dit :

Vous évoquez une société composée d'une majorité de jaloux, incapable de reconnaître le mérite d'une minorité. Or la méritocratie, en tant qu'intersubjectivité, ne peut fonder une perception objective de la réalité que si elle est majoritairement reconnue.

Donc la société telle que vous la décrivez n'existe pas ou la méritocratie est une fable, ou les deux à la fois.

Tout à fait d'accord.

Chaque groupe humain reconnait instantanément la personne apte à les représenter. C'est toujours des personnes empathiques et solidaires avec le groupe.

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Membre, Animal sauvage, Posté(e)
Mr_Fox Membre 18 189 messages
Animal sauvage,
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Le 31/03/2018 à 02:30, Quasi-Modo a dit :

Je découvre deux paradoxes qui remettent en cause l'idée même de méritocratie.

Premièrement le paradoxe de Peter explique de façon humoristique et caustique que chaque employé au sein d'une entreprise grimpera les échelons tant qu'il montre des compétences remarquables qui lui donneront droit à une promotion. Finalement il échouera rapidement, après avoir grimpé plusieurs barreaux sur l'échelle sociale, sur un poste auquel ses compétences ne lui suffiront plus (et l'empêcheront donc d'obtenir une promotion supplémentaire). Si bien que chaque poste tend à être occupé par une personne incompétente.

Deuxièmement, le paradoxe d'Anderson explique que la scolarisation de masse et la démocratisation des études supérieures fait que l'obtention d'un diplôme supérieur à celui de ses parents n'est plus une garantie d'obtenir un poste lié à une position sociale plus élevée. En effet le nombre de diplômes délivrés augmentant, la valeur du diplôme diminuera sur le marché du travail (l'offre et la demande). Ainsi plus le progrès social avance, plus il permet à un grand nombre de personnes d'accéder aux études supérieures, et moins les diplômes obtenus auront de la valeur (et il faudra p.ex. le baccélauréat pour livrer des pizzas).

Croyez-vous au concept de méritocratie?

 

Le problème que tu soulèves est un problème de contextualisation, la méritocratie est la reconnaissance et la promotion du mérite dans un cadre ou les postes d'encadrement sont rares et ceux de production répandus, c'est le contexte de nos parents, disons des années de l'après guerre jusqu'à la fermeture des mines.

Aujourd'hui nous avons une société active composée à plus de 50% de cadres qui n'ont donc rien à encadrer, dont les postes sont quand même assez souvent sans dire complètement fictifs, à peu prêt inutiles, mais la rémunération relative vis à vis de l'agent de production plus valorisée. Assez souvent ces postes sont également facteur de stress car le cadre inutile a des comptes à rendre sur des choses sur lesquelles il ne dispose pas de pouvoir d'action.

Le choix relevant du paradoxe d'Anderson est en fait un choix de société bien plus simple que ce qu'on pourrait croire, faire faire de longues mais inutiles études à nos jeunes n'a qu'un but et ce n'est pas la promotion sociale, c'est de retarder leur entrée sur le marché du travail car les gens vivant bien plus longtemps qu'après guerre, nous avons des retraites à leur verser aussi longtemps ou même plus longtemps que leur période d'activité. Il faut donc retarder leur entrée dans le travail pour payer moins. 

Bon c'est un choix auquel on peut faire un certain nombre d'objections, et qu'on peut même qualifier d'absurde. Mais c'est dans ce monde là qu'on vit.

 

Notre contexte a changé mais nos institutions ne peuvent pas l'assumer, donc nous faisons n'importe quoi. C'est ça le problème de la promotion sociale.

 

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