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« Boire un grand bol de sommeil noir... »

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satinvelours

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il y a 7 minutes, Blaquière a dit :

Quel dommage !

Bof, j'ai perdu aussi mes tableaux, mes romans et mes sculptures ...j'ai tout essayé, je n'ai jamais pu progresser dans aucun domaine, donc j'ai créé toute une décharge d'objets sans valeur je ne vois pas pourquoi les garder.

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Membre, 77ans Posté(e)
Blaquière Membre 19 162 messages
Maitre des forums‚ 77ans‚
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il y a 11 minutes, satinvelours a dit :

Tiens, puisque @riad**s'est insinué sur ce fil :), je lui offe ça:

 

Cela ne détonne aucunement. N'est-ce pas de la musique arabo andalouse ? Et puis je me fais plaisir j'aime beaucopu cette musique..

D'habitude, j'ai plutôt de la difficulté avec les mélismes ! Mais là, c'est d'une telle pureté que... ça n'en est plus !

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Invité riad**
Invités, Posté(e)
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Invité riad** Invités 0 message
Posté(e)
il y a 11 minutes, satinvelours a dit :

Tiens, puisque @riad**s'est insinué sur ce fil :), je lui offe ça:

Cela ne détonne aucunement. N'est-ce pas de la musique arabo andalouse ? Et puis je me fais plaisir j'aime beaucopu cette musique..

Merci beaucoup, ça m'a vraiment touché :coeur:

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Membre, Posté(e)
satinvelours Membre 3 006 messages
Forumeur vétéran‚
Posté(e)

J’ai trouvé intéressant de placer ici ce document poétique datant de la fin du XIIe siècle, trouvé dans la cathédrale de Tolède à la fin du XVIIIe siècle.

« C’est une des rares manifestations liturgiques, le rite mozarabe en aurait empêché le développement.C’est le premier texte castillan qui montre les mètres majeurs de la poésie espagnole ». Le texte du poème est établi par R. Menéndez Pídal, la traduction de Eugène Kohler.

Auto de los Reyes magos- « Auto » des rois mages 

Caspar 

Dios criador, qual maravila,
No sé qual es achesta strela !
Agora primas le e veida,
Poco tiempo a que es nacida...

Balthasar 

Esta strela non sé dond vinet,
Quin la trae o quin la tine.
Porqué es achesta sennal ?
En mos dias non vi atal...

Melchior 

Tal estrela non es in celo,
Desto so io bono strelero;
Bine lo veo sines escarno
Que uno omne es nacido de carne...

Traduction 

Gaspard 

Dieu le créateur, quelle merveille !
Je ne sais quelle est cette étoile !
Maintenant pour la première fois je l’ai vue.
Il y a peu de temps qu’elle est apparue...

Balthazar

Cette étoile, je ne sais d’où elle vient,
Qui l’emporte ou qui la retient.
Pourquoi y a-t-il ce signe ?
De ma vie je n’ai vu pareil chose...

Melchior

Pareille étoile n’existe pas au ciel,
De cela je suis, moi, bon astronome ;
Je le vois bien sans tromperie
Qu’un homme est né de chair d’os...

(Gaspard et Balthazar écrivent strela, seul Melchior écrit estrela !)

Modifié par satinvelours
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Membre, 77ans Posté(e)
Blaquière Membre 19 162 messages
Maitre des forums‚ 77ans‚
Posté(e)
Il y a 2 heures, satinvelours a dit :

J’ai trouvé intéressant de placer ici ce document poétique datant de la fin du XIIe siècle, trouvé dans la cathédrale de Tolède à la fin du XVIIIe siècle.

« C’est une des rares manifestations liturgiques, le rite mozarabe en aurait empêché le développement.C’est le premier texte castillan qui montre les mètres majeurs de la poésie espagnole ». Le texte du poème est établi par R. Menéndez Pídal, la traduction de Eugène Kohler.

Auto de los Reyes magos- « Auto » des rois mages 

Caspar 

Dios criador, qual maravila,
No sé qual es achesta strela !
Agora primas le e veida,
Poco tiempo a que es nacida...

Balthasar 

Esta strela non sé dond vinet,
Quin la trae o quin la tine.
Porqué es achesta sennal ?
En mos dias non vi atal...

Melchior 

Tal estrela non es in celo,
Desto so io bono strelero;
Bine lo veo sines escarno
Que uno omne es nacido de carne...

Traduction 

Gaspard 

Dieu le créateur, quelle merveille !
Je ne sais quelle est cette étoile !
Maintenant pour la première fois je l’ai vue.
Il y a peu de temps qu’elle est apparue...

Balthazar

Cette étoile, je ne sais d’où elle vient,
Qui l’emporte ou qui la retient.
Pourquoi y a-t-il ce signe ?
De ma vie je n’ai vu pareil chose...

Melchior

Pareille étoile n’existe pas au ciel,
De cela je suis, moi, bon astronome ;
Je le vois bien sans tromperie
Qu’un homme est né de chair d’os...

(Gaspard et Balthazar écrivent strela, seul Melchior écrit estrela !)

étonnant ce castillan archaïque ! on le comprend tout !

Je peux leur répondre au Rois Mages ?

"Astronome, astronome, mais enfin ; c'est une supernovæ !"

:smile2:

 

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satinvelours Membre 3 006 messages
Forumeur vétéran‚
Posté(e)

En sondant plus profondément la poésie espagnole, je lis que ce sont les jarchas qui constituent la toute première manifestation connue à ce jour de la poésie lyrique espagnole. La toute première jarcha serait antérieure à 1042 et la poésie occitane des troubadours cesse d’en être la seule initiatrice.

Les jarchas étaient des brèves compositions qui s’inséraient à la fin des poèmes plus vastes, arabes ou hébreu, les muguasajas. Ces poème écrits en arabe ou en hébreu appartiennent à la langue mozarabe, celle que parlaient les chrétiens de l’Islam ibérique, al-Andalous.

On ne sait pas à l’heure actuelle si les jarchas reproduisaient des chansons mozarabes primitives, que les poètes arabes ou juifs avaient entendues et recueillies, ou si elles étaient le fruit de leur invention.

Il faut attendre 1948 pour découvrir que l’écriture hébraïque et arabe de certaines jarchas transcrit des mots qui ne sont ni hébreu, ni arabe, mais mozarabes.

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satinvelours Membre 3 006 messages
Forumeur vétéran‚
Posté(e)

Pour illustrer ce qui a été écrit précédemment, un aperçu d’une jarcha. Dans la version vocalisée manquent certains accents, le clavier n’étant pas approprié

Abū-l-Walīd Yūnus Ibn Īsà Al-Jabbāz Al-Mursī  (Xe-XIIe siècle)
L’auteur s’appelle el Panadero de Mucia ( le Boulanger de Murcie)

Version vocalisée : E. García Gómez 
Las jarchas romances de la serie árabe en su marco.

Yā mammā, me-w l-habībe
Bais e no más tornarāde.
Gār ké Farès, y’a mammā :
¿ No un bezyēllo lēsarāde ?

Traduction : Nadine Ly

Mère, mon ami
S’en va et ne reviendra pas.
Dis-moi, mère, que vais-je faire ?
Ne me laissera-t-il pas un petit baiser ?

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Membre, 77ans Posté(e)
Blaquière Membre 19 162 messages
Maitre des forums‚ 77ans‚
Posté(e)
Le 19/06/2020 à 15:10, satinvelours a dit :

Pour illustrer ce qui a été écrit précédemment, un aperçu d’une jarcha. Dans la version vocalisée manquent certains accents, le clavier n’étant pas approprié

Abū-l-Walīd Yūnus Ibn Īsà Al-Jabbāz Al-Mursī  (Xe-XIIe siècle)
L’auteur s’appelle el Panadero de Mucia ( le Boulanger de Murcie)

Version vocalisée : E. García Gómez 
Las jarchas romances de la serie árabe en su marco.

Yā mammā, me-w l-habībe
Bais e no más tornarāde.
Gār ké Farès, y’a mammā :
¿ No un bezyēllo lēsarāde ?

Traduction : Nadine Ly

Mère, mon ami
S’en va et ne reviendra pas.
Dis-moi, mère, que vais-je faire ?
Ne me laissera-t-il pas un petit baiser ?

C'est beau ce mélange de langues ! On comprend un peu... pas tout, c'est de la poésie matérialisée ! En train de se cristalliser...

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Membre, 77ans Posté(e)
Blaquière Membre 19 162 messages
Maitre des forums‚ 77ans‚
Posté(e)
Le 19/06/2020 à 14:00, satinvelours a dit :

En sondant plus profondément la poésie espagnole, je lis que ce sont les jarchas qui constituent la toute première manifestation connue à ce jour de la poésie lyrique espagnole. La toute première jarcha serait antérieure à 1042 et la poésie occitane des troubadours cesse d’en être la seule initiatrice.

Les jarchas étaient des brèves compositions qui s’inséraient à la fin des poèmes plus vastes, arabes ou hébreu, les muguasajas. Ces poème écrits en arabe ou en hébreu appartiennent à la langue mozarabe, celle que parlaient les chrétiens de l’Islam ibérique, al-Andalous.

On ne sait pas à l’heure actuelle si les jarchas reproduisaient des chansons mozarabes primitives, que les poètes arabes ou juifs avaient entendues et recueillies, ou si elles étaient le fruit de leur invention.

Il faut attendre 1948 pour découvrir que l’écriture hébraïque et arabe de certaines jarchas transcrit des mots qui ne sont ni hébreu, ni arabe, mais mozarabes.

Gna, gna gna gna ! :smile2:

Bon, là excuse moi, mais c'est sympa : "j'aime mon ami; il me donne un baiser., ou pas..."

Ghuilhem de Peitieus, le premier troubadour --la même époque- (peur-être dix ans après ? Je te l'accorde !) c'est :

 "Faraï un vers de dreit nient "

(Je ferai un poème de pur néant)

On jouait pas dans la même catégorie !

:smile2:

 

 

 

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satinvelours Membre 3 006 messages
Forumeur vétéran‚
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Le 20/06/2020 à 21:16, Blaquière a dit :

Gna, gna gna gna ! :smile2:

Bon, là excuse moi, mais c'est sympa : "j'aime mon ami; il me donne un baiser., ou pas..."

Ghuilhem de Peitieus, le premier troubadour --la même époque- (peur-être dix ans après ? Je te l'accorde !) c'est :

 "Faraï un vers de dreit nient "

(Je ferai un poème de pur néant)

On jouait pas dans la même catégorie !

:smile2:

 

 

 

Je ne suis pas partisane. Ce qui est écrit est le résultat de ma lecture de Historia de la litteratura española de Ángel del Río.

Je poursuis mes investigations.

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satinvelours Membre 3 006 messages
Forumeur vétéran‚
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Au XII siècle, un poète d’Al-Andalus invente une autre forme poétique, le zejel, qui met fin à la jarcha.

Et c’est à l’aube du XIII siècle, en 1205 environ, que naît la poésie en langue romane castillane. Le premier poème en roman castillan est un poème hybride anonyme. 

Un court extrait, traduction faite par Nadine Ly.

La siesta de abril 

Qui triste tiene su coraçón
Benga oyr esta razón
Odrá razón acabada
Feyta d’amor e bien rymada.
Un escolar la rrimó
Que siempre dueñas amó ;
Mas siempre ovo cryança
En Alemania y en Francia ;
Moró mucho en Lombardía
Pora aprender cortesía.

La sieste d’avril

Qui a le cœur affligé
Ce conte vienne écouter.
Ouïra conte achevé,
Fait d’amour et bien rimé.
Un escholier le rima
Qui toujours les dames aima ;
Élevé dans son enfance
En Allemagne et en France,
Il vécut en Lombardie
Pour y apprendre courtoisie.

 

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satinvelours Membre 3 006 messages
Forumeur vétéran‚
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Avant que ne soit adoptée définitivement la langue purement castillane, une autre forme poétique apparaît la aljamía, rédigée en langue castillane mais transcrite en caractères arabes ou hébraïques.
J’ai choisi deux poèmes pour illustrer cette littérature aljamiada.

Le premier poème, anonyme, serait écrit par un morisque aragonais. Le poème raconte l’histoire de Joseph vendu par ses frères à partir d’une légende orientale répandue dans la communauté des musulmans christianisés.

Le poème est très long, je n’en donne qu’un aperçu. 
La reine Zalija tombe amoureuse de l’esclave Yúçuf. Elle est en admiration devant ses miracles et ses prédictions.

Poema de Yúçuf
[El mercader vende a Zalija, mujer del rey de Egipto ; y ésta desempeña, en el poema, el papel de Potifar, en Génesis.]

Reutaban a Zalija las duennas del lugar
Porque con su activo quería voltariar ;
Ella de que lo supo arte las fue a buscar
Convidólas a todas e llevólas a yantar.
[...]

Traduction : Eugène Kohler 
[Lemarchand vebd Joseph à Zalija, épouse du roi d’Égypte, qui joue ici le rôle du Potiphar de la Genèse.]

Les duègnes de l’endroit grondaient Zalija
De vouloir ainsi se compromettre avec son captif ;
Dès qu’elle le comprit elle chercha une ruse,
Les convia toutes et leur offrit un dîner.
[...]

Le deuxième poème :

Rabbi Sem Tob né vers 1290-mort en 1360
Le rabbin de Carrión, Sem Tob Ibn Ardutiel ben Isaac , est aux yeux de Américo Castro le premier poète de langue castillane authentiquement lyrique. Son œuvre la plus connue :
Proverbios morales.

Non ay syn noche día,
Nin  segar syn s’en rat,
Nin syn caliente fría,
Nin reyr syn llorar.

Nin ay syn después luego,
Nin tarde syn ay à,
Nin ay fumo sin fuego,
Nin syn somas farina. [
...]

Traduction : Eugène Kohler

Il n’y a pas jour sans nuit,
Ni de moisson sans semailles,
Ni de froid sans chaleur,
Ni de rires sans pleurs.

Point d’après sans tout de suite,
Ni de lentement sans vite,
Ni de fumée sans feu,
Ni de farine sans son
[...]

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satinvelours Membre 3 006 messages
Forumeur vétéran‚
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La tragédie éclate en 1391 : les violences populaires antijuives et les pogroms qui dévastent les juiveries de Séville, puis de Tolède, de Valence, de Gérone et de Jaca, annoncent la fin de l’Espagne des trois cultures et des trois religions.
Néanmoins les juifs ne seront expulsés qu’en 1492, suivis un siècle plus tard par les morisques.

Malgré toute cette instabilité politique, la poésie castillane s’épanouit dans divers domaines, dans la poésie anonyme de critique sociale avec La Danza de la Muerte.
La Danse générale de la Mort prolonge les productions de la poésie doctrinale et  s’inscrit dans la tradition médiévale des disputes et des débats.

La Danza de la Muerte arme la mort d’un arc et de flèches. La grande tueuse convoque la hiérarchie totale des humains, du pape au vilain, mais ce sont deux jeunes et jolies jeunes filles qui sont d’abord appelées au funèbre défilé.

Je reproduis ici une partie du poème avec la traduction de Eugène Kohler.

La Danza de la Muerte

Dize la muerte:

Yo só la muerte cierta a todas criaturas 
Que son y serán en el mundo durante.
Demando y digo : o omne, ¿ por qué curas
De vida tan breue, en punto pasante,
Pues non ay tan fuerte nin rezio gigante
Que desde mi arco se puede anparar ?
Conuiene que mueras quando lo tirar
Con esta mi fecha cruel traspasante.
[...]

A la dança mortal venir los naçidos
Que en el mundo soes de qualquiera estado !
El que non quisiere, a fuerça e amidos,
Fazerle he venir muy toste priado.
Pues que ya el frayre vos ha predicado
Que todos vayaes a fazer penitencia,
El que non quisiere poner diligencia 
Por mi non puede ser más esperado.

Primeramente llama
a su dança a dos donzellas :

A esta mi dança traxe de presente
Estas dos donzellas que vedes fermosas.
Ellas vinieron de muy mala mente
Oyr mis canciones, que son dolorosas.
Mas non les valdrían flores e rosas,
Nin las conposturas que poner solían,
De mí sy pudiesen partirse querrían,
Mas non puede ser, que son mis esposas.
[...]

 

La mort dit :

Je suis la mort certaine à toutes créatures
Qui sont et seront tant que durera le monde.
Je demande et je dis  : Ô homme, pourquoi te soucies-tu
D’une vie si brève, qui passe en un instant,
Puisqu’il n’est si fort ni si vigoureux géant
Qui contre mon arc puisse se protéger ?
Il faut que tu meures au moment où je tirerai
Cette flèche cruelle qui te transpercera
[...]

Venez, les humains, à la danse mortelle
De quelque état que vous soyez dans le monde !
Celui qui ne voudrait pas, par la force et contre son gré,
Je le ferai venir bien vite et bientôt.
Puisque déjà le frère vous a prêché
D’aller faire pénitence,
Celui qui ne voudrait pas faire diligence
Je ne pourrai pas l’attendre plus longtemps.

Tout d’abord elle appelle
à sa danse deux demoiselles :

À cette danse j’ai amené à présent
Ces deux demoiselles que vous voyez belles.
Elles sont venues bien mal à propos
Écouter mes chansons qui sont douloureuses.
Mais fleurs ni roses ne leur serviront de rien,
Ni les parures qu’elles aiment se mettre,
Elle voudraient bien, si elles pouvaient, se séparer de moi,
Mais cela ne se peut, elles sont mes épouses.

 

[Après ce bref tour d’horizon des origines de la poésie espagnole, je reprendrai le cours des poètes et poèmes sans souci de chronologie]

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  • 2 semaines après...
Membre, Posté(e)
satinvelours Membre 3 006 messages
Forumeur vétéran‚
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Antonio Machado 

C'est un poème onirique, mélancolique, nostalgique ,mais sans tristesse. C'est l’histoire d’une vie. Il nous rappelle que la puissance de la fantaisie est plus grande que toutes les déceptions. Un enfant rêve d’un jouet, un cheval en carton. Puis l’enfant devient un jeune homme, puis vieux et se demande s’il rêve encore.

Quelque part, pendant toute notre vie nous sommes et restons des enfants en train de rêver, à la poursuite d’un cheval.


Parábolas


Era un niño que soñaba
un caballo de cartón. 

Abrió los ojos el niño
y el caballito no vio. 
Con un caballito blanco
el niño volvió a soñar; 
y por la crin lo cogía... 
¡Ahora no te escaparás! 
Apenas lo hubo cogido, 
el niño se despertó. 
Tenía el puño cerrado. 

¡El caballito voló! 
Quedóse el niño muy serio
pensando que no es verdad
un caballito soñado. 
Y ya no volvió a soñar. 

Pero el niño se hizo mozo
y el mozo tuvo un amor, 
y a su amada le decía: 
¿Tú eres de verdad o no? 
Cuando el mozo se hizo viejo
pensaba: Todo es soñar, 
el caballito soñado
y el caballo de verdad. 
Y cuando vino la muerte, 
el viejo a su corazón
preguntaba: ¿Tú eres sueño? 
¡Quién sabe si despertó! 


Traduction : Bernard Sesé 


Paraboles


Il était une fois un enfant qui rêvait
d’un cheval en carton.
L’enfant ouvrit les yeux, 
ne vit point le petit cheval.
D’un petit cheval blanc 
l’enfant se remit à rêver ; 
par la crinière il l’attrapait…
Ah tu ne va plus t’échapper !
A peine l’eut-il attrapé 
que l’enfant s’éveilla.
Il tenait le poing bien fermé.
Le cheval s’était envolé !
L’air très sérieux, l’enfant 
se disait qu’un cheval de rêve 
n’a rien de vrai.
Désormais il ne rêva plus.
Mais l’enfant devint un jeune homme 
et le jeune homme s’énamoura ; 
à sa bien-aimée il disait :
Toi es-tu, ou non, pour de vrai ?
Quand le jeune homme devint vieux, 
il pensait : tout n’est que rêve, 
le petit cheval rêvé 
et le cheval pour de vrai.
Et lorsque la mort arriva, 
à son cœur le vieux demandait :
Et toi, es-tu un rêve ?
Qui sait s’il s’éveilla !

 

 

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satinvelours Membre 3 006 messages
Forumeur vétéran‚
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Ce poème est extrait de Soledades.

À propos de la composition de Solitudes Machado disait : « Je pensais que l’élément poétique n’était pas le mot pour sa valeur phonétique, ni la couleur, ni la ligne, ni un ensemble de sensations, mais une profonde palpitation de l’esprit ; ce que met l’âme, si elle met quelque chose, ou ce qu’elle dit, si tant est qu’elle dise quelque chose, avec sa propre voix, en réponse animée au contact du monde. »

Cante Hondo 

Yo meditaba absorto, devanando 
los hilos del hastío y la tristeza, 
cuando llegó a mi oído,
por la ventana de mi estancia, abierta
a una caliente noche de verano,
el plañir de una copla soñolienta, 
quebrada por los trémolos sombríos 
de las músicas magas de mi tierra.
...Y era el Amor, como una roja llama... 
-Nerviosa mano en la vibrante cuerda 
ponía un largo suspirar de oro,
que se trocaba en surtidor de estrellas-.
...Y era la Muerte, al hombro la cuchilla, 
el paso largo, torva y esquelética.
-Tal cuando yo era niño la soñaba-.
Y en la guitarra, resonante y trémula, 
la brusca mano, al golpear, fingía
el reposar de un ataúd en tierra.
Y era un plañido solitario el soplo 
que el polvo barre y la ceniza avienta.

 

Traduction : Bernard Sesé 

Je méditais profondément en déroulant
les fils de l’amertume et de la tristesse,
quand à mon oreille parvint,
par la fenêtre de ma chambre, ouverte 

sur une chaude nuit d’été,
la plainte d’une copla songeuse, 
brisée par les sombres trémolos 
des rythmes magiques de ma terre.

...Et c’était l’Amour, comme une flamme rouge…  
– Sur la corde vibrante une main nerveuse 
plaquait un très long soupir d’or, 
qui se transformait en une pluie d’étoiles –.

… Et c’était la Mort, sa lame sur l’épaule, 
marchant à grands pas, farouche et squelettique 
– comme je la rêvais lorsque j’étais enfant –.

Et sur la guitare, résonnante er tremblante, 
la main en frappant brusquement évoquait 
le bruit d’un cercueil qui vient frapper la terre. 

Et le souffle qui balaie la poussière 
et jette au vent la cendre 
était un gémissement solitaire.

 

 

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  • 8 mois après...
Membre, 35ans Posté(e)
Ambre Agorn Membre 2 164 messages
Mentor‚ 35ans‚
Posté(e)

Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai pensé à vous ...

Hoy no he hecho nada.
pero muchas cosas se hicieron en mí.
Pájaros que no existen
encontraron su nido.
Sombras que tal vez existan
hallaron sus cuerpos.
Palabras que existen
recobraron su silencio.
No hacer nada
salva a veces el equilibrio del mundo,
al lograr que también algo pese
en el platillo vacio de la balanza.
 
Roberto Juarroz
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Membre, 77ans Posté(e)
Blaquière Membre 19 162 messages
Maitre des forums‚ 77ans‚
Posté(e)

Y yo aier qué hice ?

Injerté un ciruelo silvestre

con esta variedad de ciruelas

violetas y oblongas

no muy sabrosas

pero carnosas

buenas para tartas.


 

Por encima tuve que colgar

una varita

Para que pajaritos

no aterricen

en mis injertos !


 

Naturaleza elegirá

Si hice todo bien...


 

 
 

 

 

(Manuel Blancoroblez)

 

:)C'était juste pour le plaisir d'employer l'espagnol "injertar" (greffer) qui est le même qu'en provençal : "èncertar" !

Si un meilleur hispanisant que moi (ça doit se trouver facilement !!!) me corrige je n'en serai pas autrement vexé ! Et d'avance merci !


 

 

Modifié par Blaquière
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Membre, Posté(e)
tison2feu Membre 3 119 messages
Forumeur expérimenté‚
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Il y a 6 heures, Blaquière a dit :

Y yo aier qué hice ?

Injerté un ciruelo silvestre

con esta variedad de ciruelas

violetas y oblongas

no muy sabrosas

pero carnosas

buenas para tartas.


 

Por encima tuve que colgar

una varita

Para que pajaritos

no aterricen

en mis injertos !


 

Naturaleza elegirá

Si hice todo bien...


 


 
 

 

 

(Manuel Blancoroblez)

 

:)C'était juste pour le plaisir d'employer l'espagnol "injertar" (greffer) qui est le même qu'en provençal : "èncertar" !

Si un meilleur hispanisant que moi (ça doit se trouver facilement !!!) me corrige je n'en serai pas autrement vexé ! Et d'avance merci !



 

 

¡hola! Blancoroblez

au lieu de "aterricen" (subjonctif présent), traduire par aterrizaran ou aterrizasen (subjonctif imparfait) car le sujet de la principale est au passé

au lieu de "si hice todo bien", traduire par si lo hice todo bien

au lieu de "aier", écrire ayer

Un saludo cordial

 

  • Merci 1
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Membre, 77ans Posté(e)
Blaquière Membre 19 162 messages
Maitre des forums‚ 77ans‚
Posté(e)
Il y a 16 heures, tison2feu a dit :

¡hola! Blancoroblez

au lieu de "aterricen" (subjonctif présent), traduire par aterrizaran ou aterrizasen (subjonctif imparfait) car le sujet de la principale est au passé

au lieu de "si hice todo bien", traduire par si lo hice todo bien

au lieu de "aier", écrire ayer

Un saludo cordial

 

:smile2: évidemment !

C'est vrai que "aier" c'est provençal ! Ca m'a échappé /  me escapet  / me escapo : j'en suis capot !

"No aterrizaran" et "si lo hice todo bien", J'aime bien mieux comme tu dis !

 

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tison2feu Membre 3 119 messages
Forumeur expérimenté‚
Posté(e)
Il y a 1 heure, Blaquière a dit :

:smile2: évidemment !

C'est vrai que "aier" c'est provençal ! Ca m'a échappé /  me escapet  / me escapo : j'en suis capot !

"No aterrizaran" et "si lo hice todo bien", J'aime bien mieux comme tu dis !

 

 

J'en profite pour me tourner vers toi au sujet de l'emploi du subjonctif imparfait en provençal. Est-il encore encore en usage très fréquent parmi les locuteurs provençaux, ou bien est-il en perte de vitesse, voire abandonné, comme en français ? Idem pour l'application systématique de la concordance des temps : se fait-elle obligatoirement en provençal ?

Par exemple, pour dire : "Ils avaient insisté pour que je vienne". Est-ce que tu utilises systématiquement un subjonctif imparfait en provençal pour dire "...que je vienne" ?

 

Modifié par tison2feu
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