Aller au contenu

histoire de mon enfance


youghortasalem

Messages recommandés

Membre, 53ans Posté(e)
youghortasalem Membre 733 messages
Baby Forumeur‚ 53ans‚
Posté(e)
Il y a 13 heures, youghortasalem a dit :

Je me suis mis à crier de toute ma puissance, comme un fou désemparé, tout en espérant que l’écho transmette mon message, puis j’ai dévalé la montagne sans aplomb, pour secourir Farid. Je glissais, je tombais, je me relevais, mais je ne sentais rien, j’étais comme un fou ne sachant que faire. Aucune idée concrète pour secourir mon cousin n’avait traversé mon cerveau. Enfin je le voyais là devant moi gisant. J’ai pleuré, car j’avais senti qu’il était mort. Je n’osais pas approcher, j’avais trop peur de découvrir un cadavre pour la première fois de ma vie et de plus celui de mon cousin et mon meilleur ami. Mais il fallait vaincre rapidement mon appréhension. En approchant mon cœur avait failli sortir de son orbite, pourvu qu’il soit vivant, je me suis dit. Il ne bougeait pas, les larmes glissaient sur mes joues abondement, je suis responsable, c’est moi qui avait eu cette idée de camping, j’avais tué mon cousin, je voulais mourir à cet instant précis. Je m’approchais toujours, il paraissait dormir, il ne ressemblait pas du tout à un cadavre que nous voyons dans les films. J’avais posé ma joue devant sa bouche et j’avais senti son haleine. Sans attendre une seconde et sans craindre de tomber et me blesser, je commençais à dévaler cette montagne à une vitesse maximum. J’arrivais enfin  sur la route principale, plein de sang, et c’est alors qu’une voiture freina devant moi en catastrophe, car je me suis mis en travers de la route pour stopper coute que coute n’importe quelle bagnole. Son choix était de me renverser ou de s’arrêter, il avait choisi le second choix et j’en étais que très satisfait

-           

-           Qu’est-ce qui se passe, tu es fou tu veux mourir ?! » il commençait à gesticuler, mais je n’étais nullement impressionné.

-          Un ami est en danger de mort là-haut, il faut avertir les pompiers. Si tu ne le fais pas je prends ton matricule d’accord. Et je dois venir avec toi pour m’assurer que tu le fasses.

-          Montes vite, nous allons voir ça. Toi aussi tu dois aller à l’hôpital.

-          Non je te dis qu’un garçon risquerait de perdre la vie, moi ce n’est que des bobos.

Il appuya au maximum sur le champignon en faisant marche arrière, pour revenir par la voie inverse.  Quelques minutes après, nous nous trouvions devant un hôpital. Je ne sais comment il a fait car en moins de cinq minutes, il m’invite à monter au bord d’une ambulance avec son gyrophare allumé. Mon cousin, était toujours dans la même position, le médecin toucha le cou de mon cousin, puis son pouls, il fit signe a ses deux acolytes de le soulever tout doucement, en suivant le moindre geste de ses comparses. Il a été placé dans une civière, toute prête, pour ensuite le transporter jusqu’à dans l’ambulance qui les attendait sur l’accotement en bord de route.

-          « Tu peux partir avec eux, ma mission est terminée. »

Le sauveur en montant dans sa voiture, m’a fait un signe d’un ‘’au revoir’’, alors que moi je lui ai répondu par un geste signifiant la gratitude.

Dans le service des urgences, j’ai répondu à tous les détails concernant mon cousin pour qu’il soit pris en charge, alors que j’ai donné des fausses informations sur mon identité.

 

-          Il est vivant, mais il est sérieusement amoché, nous allons passer quelques radios, puis, selon le degré de gravité nous verrons si nous le prenons en charge ou nous l’enverrons   à Alger, pour une opération, peut-être. Demain nous serions fixés.

-          Je peux rester auprès de lui pour le veiller, Docteur ?

-          Ok tu peux le faire, mais sans le déranger, il est conscient mais je pense qu’il a subi  un traumatisme fémoral et dorsal. Mais avant tu dois aller consulter tes plaies qui risquent de s’infecter, la chambre N°2 est libre.

L’infirmière, une stagiaire très mignonne et sympathique, avait guérit mes plaies non seulement avec des médicaments, mais le sourire y était, aussi pour quelque chose

La chambre ou se trouvait mon cousin était bondée de lits qui étaient tous occupés. J’avais pris une chaise pour me mettre devant lui. Je me sentais seul au milieu de tous ces malades qui ressemblaient à des moribonds près à rendre leurs âmes. Dés-que j’entendais un petit bruit, je sursautais pour examiner mon cousin qui semblait dormir comme un bébé, avec sa bouteille remplie de je ne sais quoi, pendue au-dessus de lui. Je faisais des cauchemars assis sur cette chaise inconfortable, Je n’ai presque pas fermé l’œil de la nuit.  Mais j’étais surtout très content que mon cousin soit vivant. Le lendemain, il a été décidé qu’il soit envoyé à l’Hôpital Maillot de Bab El Oued  à Alger et que je devais contacter sa famille pour les modalités d’admission de mon cousin, pour son hospitalisation. Je sentais des douleurs dans tout mon corps, mais je me suis souvenu du chardonneret, qu’il fallait que je retrouve. Le chauffeur de l’ambulance avait bien accepté de m’accorder quelques minutes pour cette requête. J’avais retrouvé la cage éloignée de l’endroit de l’accident, l’oiseau était intact, contrairement à la cage qui était un peu déformée.

-          « Très beau chardonneret, avait remarqué le chauffeur. C’est un chardonneret élégant, Il doit surement bien chanter ». il a commencé à fredonner quelques sifflements, mais l’oiseau n’a pas daigné répondre.

-          Il est très effrayé, et il a besoin d’un peu d’eau et de grains. Dès ton arrivé à Alger tu  dois t’en occuper, sinon il ne chanterait plus.

Le chauffeur semblait un fin connaisseur en chardonneret. Il n’arrêtait pas de parler de ces oiseaux incomparable et de leurs chants qui sont les plus beaux dans cette planète terre. Pourtant je me souviens d’avoir essayé d’en adopter un, il ne voulait pas chanter du tout, il ne faisait que manger. Excédé j’avais ouvert la cage pour qu’il déguerpisse mais il ne voulait pas bouger.  Il m’était pénible de l’évincer ainsi. Je l’ai posé alors dans un endroit pour que quelqu’un le prenne et s’en occupe. Une heure après, un ami s’est présenté devant ma porte, munit de la cage pour me demander de le reprendre.

-          Salim, tu as surement oublié ta cage, tiens je te la rends.

-          Merci Halim, ta gentillesse m’est tellement généreuse que je t’en fais cadeau, tu le mérites.

Il est partit tout content en lui fredonnant quelques sifflements. Je me suis dit qu’il pouvait chanter, comme le disait Dalida. Tu peux chanter tant que tu veux, elle (il) ne te prend pas au sérieux.

L’hôpital Maillot, ainsi désigné à la mémoire d’Henry Maillot, un activiste français communiste sympathisant de la décolonisation de l’Algérie, mort sous les tortures, était comme d’habitude bandé de gens. L’ambulance avait frayé, tant bien que mal, un passage à travers cette foule, pour arriver aux urgences. Le dossier du médecin traitant avait été posé par l’accompagnateur du chauffeur sur le comptoir de la réception et le malade transporté dans une des pièces de la salle des urgences, en attendant le traitement de son cas. J’ai profité de tout ce brouhaha pour m’éclipser en allant me débarbouiller, m’occuper de l’oiseau, acheter quelques médicaments pour mes plaies, prescrits par la jolie infirmière pour enfin avertir sa famille.

Heureusement pour moi, je n’avais aucune fracture, c’était des bleus et plusieurs entailles sur mon corps et mon visage que j’avais traité avec des antiseptiques. L’oiseau commençait à être plus dynamique dans sa nouvelle cage avec son souper spécial, mais il refusait toujours de chanter. Je l’ai laissé dans mon logis pour aller avertir ma tante. Je faisais le gué devant la maison pour parler à un des frères de Farid.

-          Omar, Omar vient vite, j’ai à te parlé

Intrigué, le frère de mon cousin s’est tout de suite présenté devant moi. Je lui avais raconté brièvement l’histoire, pour lui dire d’aller, avertir sa mère. Son père avait épousé une autre femme et a complètement délaissé son ancienne épouse et ses enfants, pour aller revivre sa jeunesse, avec une plus jeune, il n’aurait pas bougé le petit doigt pour apporter ne serait-ce un réconfort à son fils, un véritable égoïste.

-          Ne dis, surtout pas à ma tante que c’est moi qui t’a contacté d’accord ?

-          Oui répondit-il pour aller illico-presto  courir vers la porte de leur demeure.

 En restant caché derrière un pylône, pour m’assurer que le message a été perçu, j’ai aussitôt vu ma tante alarmée, sortir en essayant tant bien que mal d’arranger son hidjab tout en courant vers la direction de l’Hôpital qui n’était pas trop loin de son domicile.

 Trois journées passées sans que je n’aille  voir mon cousin. Je voulais en premier lieu, lui faire la surprise de lui ramener son chardonneret rétablit et aussi énergique que d’habitude. D’après les renseignements pris au niveau de l’hôpital, il s’est remis de ses blessures après avoir subi une opération chirurgicale au niveau du fémur. J’étais très content pour lui et c’est alors  qu’accompagné de l’oiseau, j’ai décidé de lui rendre visite. Mais la réception ne voulait pas laisser l’oiseau rentrer, c’est interdit m’avait-on dit. Mais il fallait le faire rentrer, par n’importe quel moyen.

-          Ecoutes, mon cousin est malade et cet oiseau que tu vois est son meilleur remède. Je t’en revaudrais-ça je te le jure si tu m’aides à le faire entrer.

L’infirmier a commencé à tergiverser, mais j’avais compris qu’il voulait que je lui graisse la patte. Il est revenu quelques instant après munit d’un sachet noire, pour y introduire la cage.

-          Tu le retrouveras sous son lit, m’avait-il dit.

  Je me suis assuré qu’aucun proche ne se trouve dans la salle, pour m’asseoir ensuite sur une chaise devant mon cousin en attendant qu’il se retourne pour qu’il me voie. Il était surpris au départ, puis des larmes avaient commencé à se déverser sur ses joues. J’avais compris que son chardonneret lui manquait et ces larmes lui sont destinées.

-          Ou est-il ? me demanda-t-il

-          Sous ton lit Farid.

Il me regarda d’un air étonné, semblant me demander pourquoi se moquer de lui, alors qu’il ne peut  pas bouger. J’ai alors soutiré la cage tout en enlevant le sachet noir. Ses yeux s’étaient écarquillés et un sourire enfantin avait rayonné sur son visage. L’oiseau avait refait l’histoire du cours des mathématiques en ramageant haut et fort. Avant que l’infirmière, scandalisée par ce chant, ne se pointe, j’avais aussitôt caché l’oiseau sous le lit.

-          Qu’est-ce qui se passe ici, qui a introduit un oiseau ?

Personne n’avait voulu nous dénoncer, mais Farid avait commencé à siffloter comme personne ne savait le faire. La grosse infirmière éberluée n’a pas caché son émerveillement.

-          Nous pouvons dire que toi au moins, tu es guérie, lui avait-elle dit.

L’infirmière allait quitter la salle quand le chardonneret avait répondu à son maitre, en se retournant, elle avait vu Farid qui fredonnait, en mimant les chants de son protégé, elle sortit aussitôt  de la salle en dandinant sa tête. Tous ceux qui étaient dans la salle, y compris les malades se sont mis à rire de bon cœur, ils ont tous ovationné mon cousin, mais c’était moi qui avait fait les révérences. Nous avions introduit une certaine gaieté dans cette salle et j’en étais que très heureux. Je m’apprêtais à sortir de la salle, quand ma tante fit irruption.

-          Oh Salim mon enfant, ça fait très longtemps que je ne t’ai pas vu. J’avais dit à Farid qu’il fallait camper avec Salim qui est ton frère de lait. Alors que lui je ne sais quel imbécile il avait choisi pour camper avec lui. Dans le registre des admissions, ils ont noté Fakroune Makroune. Mon fils m’avait dit que c’est un ami, tout en jubilant.

Toutes les femmes de mon entourage prétendent  m’avoir allaité et ma tante n’avait pas dérogé à la règle. Une tante lointaine qui avait plus de soixante ans quand j’avais six mois, avait aussi présumé elle aussi, m’avoir allaité, et m’appelait mon fils, alors qu’elle n’avait aucune goutte de lait.

-          Reste un peu mon fils, ta mère va arriver et voudrait te voir.

Nous sommes restés à bavarder et parler de tout et de rien, jusqu’à ce que les infirmiers passent par les chambres pour nous demander de quitter la salle. Un regard de consternation de ma tante, m’avait fait comprendre sa sollicitude envers mon chagrin causé par la défection de ma mère. J’avais retiré l’oiseau du dessous du lit, donné une poigne à mon cousin, embrassé ma tante et je me suis retiré de la chambre, le cœur trop lourd.

 

 

 

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Annonces
Maintenant
  • Réponses 73
  • Créé
  • Dernière réponse
Membre, 53ans Posté(e)
youghortasalem Membre 733 messages
Baby Forumeur‚ 53ans‚
Posté(e)
il y a 31 minutes, youghortasalem a dit :

 

je t'envois ce chant de chardonneret pour te remercier le Merle 

 

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre, Posté(e)
shyiro Membre 15 609 messages
Maitre des forums‚
Posté(e)
Le 18/02/2018 à 10:05, youghortasalem a dit :

pour vous deux landbourg et la merle que je dédie ces écrits.

La vie de Vagabond

La vie de vagabond n’est pas facile, c’est la loi du talion. Il faudrait dès le début montrer son intention à ne pas se laisser marcher sur les pieds. Tu dois et c’est une nécessité de te battre, physiquement et moralement car il s’agit de ta subsistance, pour montrer ta volonté de démolir quiconque veut t’assujettir, c’est la loi de la jungle, tu dois montrer tes preuves.   Tous ceux que nous appelons vagabonds sont issus des villes que nous appelions  l’intérieur du pays. Vivant dans des endroits sauvages ou l’absence des moyens nécessaires à la vie sont presque inexistantes, ces immigrés dans leur propre pays sont les laissés pour contre de la nation. En hiver quelques fois des familles entières sont prisonnières dans leurs cabanes pendant plusieurs jours, à cause de la neige. les moyens de transport n’existent pas, ce qui implique une absence presque totale de la scolarisation des enfants. Tous ces enfants de ces régions sont aujourd’hui, dans la capitale, appelés « les vagabonds ». Ils guettent toute occasion pour travailler, généralement dans la construction, ou la livraison pour les grossistes. Ils constituent aussi le gros de ce que nous appelons les harragas qui émigrent clandestinement vers l’Italie et L’Espagne, parqués à vingt personnes dans des simples barques. La grande majorité de ses harragas sont portés disparus, avalés par la mer, ou enterrés en Italie et l’Espagne sous le nom d’incognito. J’ai appris à me battre dans cette vie et j’en suis très content, car j’ai assimilé   beaucoup de chose par la pratique. Tous ces vagabonds j’avais appris à les aimer et comble de l’ironie, c’est en voulant rester seule que j’ai appris à ne plus le vouloir. Désormais les vagabonds sont devenus des amis, je suis devenu l’un d’eux et il fallait s’entre-aider pour lutter contre les aléas de la vie. Cette aventure m’a donné à comprendre l’autre et depuis ces temps, je n’ai plus senti de la haine pour autrui et surtout de ne plus jamais juger des gens. J’avais su que chacun de nous possède du bien dans son for intérieur et que ces personnage que je voyais comme des poupées de cire sans âme, on ont en réalité de grandes. J’ai entendu leur histoire et croyez-moi elle est des plus tragique, mais ils ne baissent pas les bras. Ils sont meilleurs que moi, car eux ils sont là pour leur famille, alors que moi je n’y suis uniquement pour mon bien.  

C'etait bien en Algerie ? Il neige en Algerie l'hiver ?

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre, 53ans Posté(e)
youghortasalem Membre 733 messages
Baby Forumeur‚ 53ans‚
Posté(e)
il y a 8 minutes, youghortasalem a dit :

il neige aussi au Sahara Algérien 

 

 

et nous pouvons skier au Djurdjura à 100km d'Alger 

 

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre, 53ans Posté(e)
youghortasalem Membre 733 messages
Baby Forumeur‚ 53ans‚
Posté(e)

 

 

 

 Mon cousin était resté une autre semaine en convalescence dans l’hôpital. Je commençais à m’attacher à son chardonneret, qui était devenu mon compagnon de chambre, et  un ami avec qui je discutais. Il m’avait fait savoir que  ses sifflements n’étaient que complaintes et que sa cage une prison dorée et que désormais il ne pouvait plus rejoindre ses compagnons sur les rives des oueds, ou sur les cimes des arbres car il n’avait que des souvenirs vague de sa liberté. De toute manière il ne savait plus comment survivre dans cet espace immense. Il serait alors  pareil à ses esclaves qui ne sauraient quoi faire de leur liberté.

Je lui avais remis son oiseau, pour ne le revoir que six années plus tard. Les deux mois qui restaient m’avaient permis d’amasser un peu d’argent et de  réviser mes cours pour être fin prêt pour l’ultime année du secondaire. Le travail en maçonnerie est très pénible en été, et cette année le thermomètre avait touché la barre de 46 degré. Mais le gain ne m’avait qu’encourager à travailler durement, pour assurer mes arrières. Pour m’évader de mon milieu familial et connaitre les régions des hauts plateaux dont le climat continental est des plus rudes en Algérie, j’avais choisi  Sétif, une ville à 320 km d’Alger et plus de 1000 mètres d’altitude, pour décrocher mon ingéniorat en génie civil. Une jolie ville connue pour son froid légendaire en hiver et sa fameuse Fontaine appelée source de Fouwara. J’ai connu pour la première fois la neige dans cette ville et j’en étais émerveillé. En ouvrant les persiennes, je ne voyais que du blanc, l’institut étant implanté très loin de la ville, en plein forêt, j’avais l’impression que rien n’existé si ce n’est la couleur blanche qui s’étendait à perte de vue. Je n’avais jamais vu une beauté de la nature aussi enchanteresse. J’avais secoué mon compagnon de chambre qui est de Batna pour qu’il partage avec moi la joie de contempler une telle beauté, mais il n’avait fait qu’entrevoir pour se remettre au lit en rouspétant. 

-              Tu me déranges pour ça, chez moi la neige est plus haute que ça.

La première année, était pour moi une initiation à la vie de Sétif. J’avais connu la ville, ses coutumes, ses habitudes. Les mœurs étaient pareilles qu’à Alger mais plus dures ceux concernant les relations hommes-femmes. Les gens t’exécuterons plus facilement qu’à Alger, et sans sourciller, si tu essaies de toucher à une de leurs filles sans une demande en mariage légale. Il ne se passe pas un jour que des affaires relatives au sexe ne soient mentionnées dans les tribunaux à Sétif, ces derniers sont les meilleurs endroits pour s’imprégner de la vie quotidienne d’une ville, et de temps à autre, je visitais ces assemblées austères. Pourtant quand il s’agit de sexe, ce danger, ne peut me freiner. Au début je me contentais des maisons closes qui sont réputées les meilleurs dans le territoire Algérien pour leurs hygiènes et la beauté de leurs femmes.

J’avais pris l’habitude de me rendre à ces endroits avec mon compagnon de chambre, à chaque fin de mois, le jour où nous percevions notre bourse. Une fois, après avoir satisfait mon instinct animal, j’avais aperçu mon copain assis dans un coin à m’attendre. 

-              Quoi, elle t’a chassé, je te vois triste ?

-              Non, répondit-il, tu t’imagines en plein ébats, une femme qui prend pour tambour tes  fesses en chantant des atrocités de son terroir ! Tu pourrais jouir toi, dans des conditions pareilles ?! Elle m’a complètement médusé que je n’avais plus envie. Je lui avais demandé de me rembourser, c’est alors qu’elle avait brandit un sorte de chandelier, en bronze  en me menaçant de me caresser mon crane de corniaud. Elle était devenue, une vraie furia quand elle avait entendu le mot ‘’ rembourser ‘’.

Je n’avais pas pu contrôler mon hilarité, ce qui l’avait vexé.

-              Essaies la mienne elle est top, tu ne regretteras pas, crois-moi.

Il était ressortit avec un sourire si grand que je voyais ses molaires.

-              Elle t’a plu ?

-              Incroyablement bonne, au moins elle, elle n’a pas touché à mes fesses.

Les deux femmes se sont rencontrés devant leurs portes en gloussant tout en nous désignant du doigt.

-              J’espère qu’elle ne t’a pas fait le coup du miroir ?

-              C’est quoi le coup du miroir, me demanda-t-il.

-              Elle met un miroir derrière tes fesses pour qu’elle voie comment elles bougent. Ton anus commence à se refermer et s’ouvrir instantanément et avec sa caméra cachée, elle filme tes fesses et ton anus pour revendre le film à un bon prix. Tu devrais demander les droits d’auteur, après tout, il ne faut pas t’en faire tu serais reconnu comme une star à Sétif grâce à tes fesses. 

Il s’est mis à réfléchir un certain moment,  mais quand il a vu que je rigolais, il m’a donné un coup de poing pour montrer qu’il a compris que je  plaisantais.

-              Ce qui est sûr c’est qu’elle m’a demandé de revenir refaire un coup sans que je ne paie.

-              Pourquoi ?

-              C’est parce qu’elle avait remarqué un grain de beauté, sur mon sexe. Avait-il dit très sérieusement.

J’avais cru au départ qu’il se moquait de moi pour me rendre la pareille, mais j’avais su plus tard  qu’il avait dit la vérité, c’est pour cette raison que j’en avais fait un faux,  mais ça n’a pas marché, car avant de commencer les ébats, ces femmes te lavent avec de l’eau chaude et du savon, la supercherie est tout de suite localisée. Je suis devenu la risée de cette maison, et c’est alors que j’avais changé de lieu. Il fallait se tatouer et je ne voulais pas risquer, je pouvais le faire n’importe où, mais pas dans cette partie, non, car elle représente pour moi, ma vie. En changeant à chaque fois de femme, j’avais trouvé une qui me disait de temps en temps de ne pas payer. Ce qui est très important car la bourse n’était pas vraiment consistante, je devais donc chercher ailleurs.

 Je n’ai jamais eu un sentiment de rejet pour ces femmes. Je suis arrivé à les aimer, au même titre que des amis que je me suis fait en étant vagabond. Une certaine noblesse, malgré le plus vieux métier du monde qui leur colle à la peau, se dégage de leurs personnalités. Elles sont courageuses et valent beaucoup plus que la plus part des femmes honnêtes.

Chacune d’elles est porteuse  d’une histoire singulière et souvent tragique qui l’avait choisie pour souffrir dans ce monde sourd aux plaintes des plus démunis. Elles vivent des situations qu’elles n’avaient pas choisies au départ. Le maintien de la femme par l’homme à un statu de mineur où il lui est interdit de s’épanouir, et la misère criarde des campagnes sont en grande partie, la cause de cette situation trop pesante pour ces femmes qu’elles vivent honteusement, se terrant en silence pour ne pas éventer un secret que leur famille, pour la grande majorité, ignore. Ces femmes de joie comme on les appelle, victimes autrefois de l’exploitation sexuelle, par des proxénètes, sont aujourd’hui encadrées par l’état en étant employées dans des maisons closes. Depuis l’état a interdit strictement ce genre de commerce, dans des endroits publics et le proxénétisme est sévèrement punit. Les proxénètes qui normalement protégeaient ces femmes ont été les premiers agresseurs. Mais aujourd’hui l’agression est la société, elle est présente dans le  regard de l’autre, Insensible, inhumaine, elle classe ces femmes dans une catégorie méprisable et se permet de les préjuger sans essayer de connaitre les causes qui les ont poussés à vendre leurs corps. Cette stigmatisation muette, imprimée dans les yeux, les traits du visage ou les gestes des gens fait encore plus mal à ses femmes que les coups des proxénètes. 

Une de ces femmes, dans un moment de faiblesse, s’était en quelque sorte confessée sur son lit d’amour. Une aussi belle femme, faisant ce métier m’avait intrigué.

-              Tu es très belle, et tu aurais pu être une princesse chez un homme opulent.

Elle m’avait regardé un instant, décelant peut-être une certaine sympathie pour son cas, puis après un moment d’hésitation, elle s’est mise à parler.

-              C’est ma beauté qui m’avait jeté dans ce monde de malheur. J’avais seize ans, quand j’étais invité à passer une nuit, chez ma sœur. Son mari est venu me visiter alors que je dormais et sans te faire un dessin, tu peux deviner la suite. Je ne voulais pas détruire plusieurs années de mariage de ma sœur avec sa ribambelle d’enfants, ni être la cause d’une vendetta qui aurait tourné au malheur. J’ai préféré m’enfuir. J’ai connu la rue, et une fille qui ne sait ni  lire ni écrire, seule dans les rues à seize ans dans cette société, je ne pouvais que me perdre. Je m’estime heureuse que je sois repêchée dans cet endroit.

C’est dans une ruelle sombre, qu’une femme l’avait rencontrée gisante dans un coin, avec un ventre proéminent. Elle l’avait ramené chez elle pour extirper l’enfant né du viol de son beau-frère. Elle avait commencé à se prostituer pour son enfant et ce n’est que naturellement  qu’elle s’est retrouvée dans ce monde macabre. Elle avait rencontré des hommes violents, sales, puants … mais, mis à part ce métier, elle ne savait rien faire. Il fallait continuer pour subvenir à ses besoins et à ceux de son enfant. Elle n’a peur que d’une seule chose, c’est d’être reconnu, par un voisin ou une voisine de son quartier. Elle s’imagine quelques fois en voyant certaines personnes dans cette maison close que son frère s’y trouvait. Elle s’est mise à pleurer en concluant par cette phrase qui m’avait fait mal Tout en criant

-              Je suis une pute,  pourquoi tu me respectes, je ne vaux rien, je ne suis qu’un simple corps, une chose qu’on achète, pour quelques dinars, c’est tout ce que je vaux, ce sont les sous que tu me donnes qui sont ma personnalité. Ne reviens plus me voir,  Sors d’ici, sors !

En me rhabillant pour sortir, J’avais plus peur pour elle que pour moi, ses sanglots m’ont poursuivi jusqu’à l’université. C’était la journée la plus triste de ma vie. J’avais décidé de ne plus revenir dans ces lieux que nous appelons, lieux de débauches. Mais Je ne pouvais imaginer cinq années sans le dit sexe faible. Le problème est que les jeunes filles devraient garder leurs virginités jusqu’à leurs mariages. Une perte de cette preuve équivaut quelques fois à la mort, ou le meilleur des cas, à un mariage forcé avec n’importe quel abruti. Un simple suçon que j’avais fait à une fille, sans me rendre compte, lui a valu un mariage, qui l’avait éloignée de ses parents à des milliers de kilomètres, quelque part dans l’immense Sahara algérien. Non avec un dromadaire, ça aurait été meilleur,  mais avec son propriétaire. Elle se trouve je le suppose quelque part entre deux dunes, sillonnant le désert dans une longue caravane, avec sa tribu de Touareg  à la recherche de puits ou source d’eau.

J’ai eu des aventures, mais une, avec une fille, appelait la rouquine, avait failli m’être fatale. Quelques fois, je montais pendant la nuit au troisième étage pour la rejoindre devant la porte d’entrée. Et là nous faisions pas mal de chose tous les deux. Une fois un enfant me soupçonnant sans doute, m’avait demandé le nom de la famille que je cherchais. J’ai tout de suite vu de loin les boites aux lettres pour lui citer au hasard un nom d’une famille, et détaler sans chercher à discuter car des jeunes sortaient de partout du bâtiment. Une course poursuite avait commençait, mais  une certaine avance sur eux m’avait, peut-être, sauvé la vie. Cette expérience, était une leçon qui m’avait servie, et c’est en faisant des amis de cette contrée que j’avais appris la méthode d’approcher les filles de cette région. La meilleur façon est, en premier lieu, de choisir les mariées divorcées, ou celle qui avaient perdu un mari. Ensuite c’est de se faire très discret, ne pas se faire remarquer dans la ville. Se faire oublier en quelques sortes, et enfin choisir l’endroit de la rencontre.

Cinq années passées, et au bout un diplôme enfin acquis.  Je pensais enfin revoir ma mère, pour lui faire la surprise. Pendant ces cinq années, profitant de mes vacances d’été,  je me suis fait de l’argent en achetant certaines choses des pays tels que l’Espagne, l’Italie, la Turquie… pour les revendre dans mon pays. C’est un trafic, appelait « le trabendo »  qui quelques fois te vaut la saisie ou la séquestration des objets que tu achètes, mais avec l’expérience tu apprends à connaitre le métier, notamment les douaniers que tu dois soudoyer. Tout ce trafic, je l’avais fait pour m’acheter une voiture, Une Renault 4 Savane.

Rien n’avait changé dans ma bourgade, toujours agrémentait par cette très belle cathédrale à l’architecture byzantine, qui majestueusement domine la baie d’Alger, ses mioches qui remplissaient les rues et ruelles, pour courir, se battre, pleurer ou rire, détachés de tout ce qui se passait autour d’eux, insouciants. J’avais garé ma voiture en la serrant au maximum contre le mur, afin de  laisser un passage pour d’autres voitures qui pourraient passer par cette venelle. En montant l’escalier un petit enfant tel un boulet, descendit en trombe, effrayé sans doute par cette tête féminine qui en surgissant de l’entrebâillement de la porte vociférant des menaces à son encontre. Il m’avait tellement bousculé que j’avais failli rejoindre le bas de l’escalier. Telle une tortue qui à la vue d’un prédateur rentre dans sa coquille, la tête avait soudainement disparu et la porte se referma aussitôt. J’aurais juré avoir vu un spectre. Une simple porte qui me  sépare de ma mère que j’avais envie de voir, mais je ne sais pas pourquoi j’avais certains pressentiments, qui  m’empêchaient de frapper à cette porte, et puis l’idée m’était venue d’interroger ce gamin, qui devait être mon neveu, pour lui soutirer quelques éléments de réponses sur des questions parentales. Il courait en criant et en jouant comme les autres gamins. Je me suis présenté devant lui, lui barrant le passage pour qu’il me voie.

-              Ton papa est Omar, n’est-ce pas ?

-              Oui, tu le connais ? me répondit-il tout étonné.

Je lui répondis par l’affirmative pour ensuite lui énumérer tous les membres de la famille.

-              Et moi tu me connais ?

-              Qui ne connait pas Halim, et tu as six ans.

-              Viens on va s’asseoir sur ce trottoir, Pour que je te dise qui je suis. Lui avais-je proposé.

L’enfant m’avait suivi, et s’est mis devant moi, rongé par la curiosité.

-              Tu sais que tu as un autre oncle, et qui ne vit pas avec vous ?

-              Oui Papa m’en avait parlé, je pense un certain un Salim.

L’enfant ressemblait beaucoup à son père, il paraissait très éveillé et ne répondait que très succinctement à mes questions. Mais en apprenant que j’étais Salim, son oncle, il me révéla tous les secrets de la famille. Il connaissait tous les détails, les adultes méconnaissant les enfants, n’hésitaient pas à dévoiler tous leurs secrets devant eux, et ces derniers enregistraient tous les tenants et aboutissants. J’avais appris qu’il avait deux sœurs, et que son oncle avait un garçon et une fille. Quant à ma sœur, elle a convolé en juste noce pour divorcer tout de suite après. Elle avait épousé un immigré, une espèce de brute qui la maltraitée, ce qu’elle n’avait pas pu tolérer. A  minuit elle a fait irruption dans la maison, laissant son mari emprisonné à Paris, pour trafic de drogue. Mon autre frère pour se marier,  n’avait pas hésité à diviser la pièce en deux ; deux mètres par trois chacune et des lits superposés pour les enfants et les prochains seraient jetés dans cette chambre. Le mari de ma mère, est devenu estropié, à la suite d’un accident de moto qui lui a valu d’être handicapé, ses bras sont désormais paralysés. Sa femme pour réunir les deux bouts, fait aujourd’hui  le métier que je faisais étant étudiant, c’est-à-dire, trafiquer avec les trabendistes. Elle est devenue une pièce maitresse pour le subside de la famille. Elle paie, l’eau, le gaz et l’électricité et s’occupe des réhabilitations éventuelles du logis. Aujourd’hui elle se trouve en Italie, avec deux autres femmes que nous appelons ‘’les soldats’’ ainsi dénommés  car ils sont mobilisés à ramener une partie des bagages des trafiquants, en contrepartie d’une certaine somme et du paiement du voyage.

-              Viens avec moi que je te présente à maman, qui ne te connait pas.

Et pourtant c’était en grande partie à cause d’elle, que je ne voulais pas resté à la maison. Je l’avais connue, étant adolescent, et nous sommes restés ensemble pendant quelques années, mais mon frère ainé ignorant notre liaison, l’avait sollicité pour une union. Je ne sais pas pourquoi elle avait fait cette énorme bourde. Je me suis dit que je ne pourrais, plus jamais la regarder en face.

-              non on va attendre que ton papa arrive, il est presque dix-sept heure.

De loin je le reconnaissais, par sa démarche nonchalante. Je me disais souvent que les démarches sont héréditaires, nous en avons exactement, moi et mon frère, la même. Il été réellement très content de me revoir, je le sentais par son sourire et son visage qui resplendissait, cette joie ne pouvait-être sournoise.

-              Viens je vais te présenter toute la famille que tu ne connais pas.

Il m’avait introduit, dans la demeure que je n’avais pas reconnue non plus. En guise d’entrée, qui  autrefois  donnée directement sur le séjour, un étroit corridor menant à une minuscule cuisine faisant, à l’occasion, de salle de réception des invités. J’avais remarqué au passage du corridor, à ma droite, les deux portes des deux chambres créées pour recevoir l’une, la ribambelle d’enfants nouvellement procrée avec ma sœur, L’autre fraichement créée pour servir de négoce des ribambelles d’enfants prochainement engendrés. Un autre passage créant une ligne perpendiculaire au premier, menant tout au fond à gauche aux toilettes les toilettes, et à droite au débarras. Les deux  seules chambres qui ont été  épargnées par la massette, étaient celle de mon frère ainé et celle de ma mère, qui se situent à droite et à gauche sur le mur limitatif de ce passage. Pas un souffle, ni parole dans cette maison, le silence complet. Pourtant la tête que j’ai vue était bien réelle.

-              Tu es tout seul, dans la maison ? Tout en sachant, qu’une femme au moins s’y trouve, je posais ainsi la question, pour m’assurer que réellement les spectres n’existent pas.

Je n’avais pas encore reçu de réponse que je voyais trois enfants sortir de la chambre de mon frère, pour aller embrasser leur papa, puis sur ordre de leur papa, ils s’accrochèrent à mon cou pour me gratifier de trois baisers en même temps. Sa femme juste derrière eux se tenait près de la porte de la chambre, amusée par cette scène de ses enfants.

-              Ce sont mes enfants, en ordre croissant, Nawal, Ali et Meriem et le quatrième j’ai vu que tu as déjà fait sa connaissance.

Quant à Férial, contrairement à la coutume qui interdit les embrassades entre femmes et hommes étrangers, elle posa deux bise sur mes deux joue, sans que son mari ne s’embarrasse. Sa présence près de moi, m’était très pénible, j’avais peur de la regarder dans les yeux et de m’attarder à contempler son beau regard, Mais je devais le faire et lui parler. Ce  frère ignorant tout de notre ancienne liaison coupable, pourrait à tout moment être intrigué par mon indifférence envers sa femme. Une situation très ardue que j’appréhendais dès le jour de son union. Cette fait de l’ignorance, ne serait en fait qu’un aveu de culpabilité,  d’un non-dit, qui pourrait tout dire et qui pourrait prêter à de multitudes interprétations. Je me disais que le problème ne serait que différé, autant alors faire aujourd’hui le premier pas. une jolie dame que je venais de découvrir, je ne  l’avais presque pas reconnue. En embellissant, Elle était devenue encore plus belle, Son sourire mi- moqueur, vague et ensorcelant prêtait à beaucoup d’allusions qui me  laissaient devant de multiples hypothèses et que la seule idée de les déchiffrer me paraissait vile. Le hijab fait d’un tissu qui lui collait presqu’à la peau et que cette ceinture entourant sa taille, avait donné à mon imagination toute la latitude de déchiffrer ses beaux contours cachées qui sont restés intacts, malgré les accouchements à répétition. Toujours ces grands yeux noirs malicieux qui se mariaient à merveille avec ses pommettes hautes et une bouche voluptueuse qui faisait un appel à l’amour. Je jouais le jeu, en répondant à ses saluts sans trop m’attarder à contempler ce joli visage bardé par un voile noir, cachant ses cheveux, mais mettait en valeur son beau visage. Mon frère content de me revoir, ne deviner surement pas mon désarroi vis-à-vis de sa femme.

-              Mon frère et moi, nous voulons gouter à ces merveilleux gâteaux que tu caches aux yeux des enfants. Apporte le nous , femme, s’il te plait. Et sers nous pour la circonstance de quoi étancher notre soif.

-              Il en sera ainsi, selon ta volonté mon cher mari. Et ton frère je suis sûr qu’il en sera très ravi.

Je souriais, mais au fond de moi, cette boutade de Férial m’avait parue contenir des sous-entendus que moi seul pouvait comprendre. J’avais compris qu’elle voulait me culpabiliser pour son choix qui l’avait poussé à choisir mon frère pour me punir de l’avoir repousser. Je sentais que j’étais assis sur des braises, et je devais quitter l’endroit car Férial était ce jour-là ensorcelante.

-              Inutile de vous déranger, j’ai pris un rendez-vous et je dois m’éclipser.

-              Quoi mon frère, que je n’ai pas vu pendant des années veut se dérober ? je jure que tu resteras jusqu’à ce que revienne Said, et la moindre des choses tu dois honorer le gâteau de Férial.

Quand quelqu’un jure, chez nous, il n’est pas question de décliner l’offre, sinon tu en feras un  ennemi.

-              Soyez près messieurs, pour applaudir Férial la magicienne. Je vous demande d’utiliser les fourchettes, car j’aurais peur que vous ne mangiez vos doigts.

Sa magie à elle était dans cet air espiègle, qui me fascinait toujours. Elle semblait joyeuse, insouciante et n’avait cure de cette hantise, qui me préoccupait. Elle se jouait de moi tout en s’amusant de nous deux, et le plus dramatique est que je la trouvais des plus attirante dans ce jeu malsain. Titillant mes sentiments à l’extrême, tout en  satisfaisant son mari en étant ou paraissant amoureuse. Je ne sais si c’est par amour ou pour pouvoir le dominer, qu’elle jouait cette comédie pleine d’esprit. Nous sommes trop imbus de notre personnalité en se déclarant sexe fort alors que devant le sexe dit faible, notre force physique est insignifiante par rapport à leur  beauté et leur esprit. Nous étions là tous les deux à regarder cette femme, l’un fier de posséder une si belle et plaisante épouse et moi face à mon dilemme, tourmenté et séduit par mon tortionnaire. Mes neurones ne voulaient toujours pas s’aligner sur cette décision de suivre l’éthique et d’abhorrer la corruption de l’âme. J’étais en même temps diable et ange, je suivais dans ma conscience l’un puis l’autre, la droiture et l’imposture. L’un cartésien, linéaire sans charme, dépourvu de fioriture,  l’autre suave, tortueux cachant la cible pour que tu te mettes à le suivre, tel un chien à la recherche de sa chienne. Un combat inégal pour moi, et pour beaucoup, mais j’ai décidé d’être David.

-              Je vais commencer par honorer le retour de l’enfant prodige qui serait, j’en suis certaine, fier de la femme de son frère ainé.

Plateau sur sa main droite, elle s’approcha vers moi, d’une démarche majestueuse, qui malgré le hidjab, son déhanchement me paraissait voluptueux. Pour le déposer, elle se penchât en me frôlant, m’inoculant ainsi des décharges  causant à mon cœur des battements si forts que je craignais que mon frère ne les entende. Son parfum exquis, d’une haute facture, s’exhala pour  aller agacer tous mes sens. Ce mystérieux plaisir olfactive répandue par Férial me procura une sensation magique indéfinissable. Comment définir un esprit ou une âme qui s’incarne à une personne pour te procurer un sombre et intrigant plaisir charnel depuis uniquement un organe. A cette odeur, s’ajoutait une haleine fraiche que je sentais sur mon cou, qui provoqua  sur moi  un profond bouleversement. Elle s’éternisa dans cette position en décidant de me couper une tranche de son  gâteau. Elle a réussi à réveiller en moi des souvenirs qui n’appartenaient qu’à nous deux seulement.  Je l’aurais pris là, à cet instant précis,  si ce n’est ce frein de parenté existant désormais entre nous deux. Elle s’éloigna néanmoins, avec ce sourire que seul moi je comprenais, pour s’asseoir entre nous deux, heureusement plus près de son mari que de moi.

-              Alors Salim cette vie de bohémien était-elle si belle pour que tu quittes ta famille ?

-              Pouvais-je faire autrement ? y- a-t-il assez de place dans cette maison, ou devrais-je partager avec ma sœur et les bambins la minuscule chambre ?  

Cette phrase, que j’avais lancée, sans animosité, avait jeté un certain froid dans la discussion. Mais ma belle-sœur toute aussi gaie, n’était pas à court d’argument pour détendre l’atmosphère.

-              tu as très bien fais mon frère, et je pense que tu irais loin, mais il ne faut surtout pas couper le pont qui existe entre toi et ta famille.

Ce mot de frère, bien qu’il soit un qualificatif employé traditionnellement dans notre société, entre beau-frère et belle-sœur, m’avait paru sur la bouche de férial factice. Mon frère qui n’était que tout sourire et jovialité tout au cours de la discussion, ne prononçant que des oui, des non ou des rires, avait sauté sur l’occasion pour acquiescer.

-              Oui, en plus La religion nous interdit de renier la famille et surtout la mère qui t’a enfanté. Dieu ne dit-il pas « ne leur dit pas ‘’ouf’’ et ne les renie pas et dis Dieu ait pitié d’eux comme ils m’ont  éduqué depuis mon enfance ».

Je n’avais pas pu me retenir, en prononçant cette phrase qui avait laissé mon frère et sa femme, pantois, se dévisageaient pour s’assurer qu’ils ne sont pas en train de faire un cauchemar.

-              Oui et Dieu avait terminé par le verbe éduquer, qui clos son verset. Si tu changes ce verbe par délaisser, le  verset pourrait devenir dis leur ouf et renie les. Sans éducation, l’enfant pourrait devenir un homme dont ses valeurs seraient totalement corrompues et sans amour maternelle, il pourrait-être démunit d’humanisme au sens nobles du terme. Mais quelques fois l’enfant est mieux éduqué par la réalité et peut se passer des valeurs de ses parents surtout si elles sont défaillantes.

-              Mais qu’est- ce que tu dis mon frères ! Ma mère a-t-elle été défaillante ?!

-              Non répondis-je, je parlais d’une façon général.

Je pensais au fond de moi-même qu’elle était défaillante, mais je ne lui en voulais pas. Je savais que j’étais son oiseau de mauvais augure, et cette idée était mon moteur qui me procurait une énergie d’aller vers de l’avant afin de réussir matériellement dans ce monde pour me racheter aux yeux de ma mère. Je savais que j’étais sur le bon chemin et l’obstination et la hargne ne me manquaient pas. 

-              A la bonne heure, je suis contente que tu le dises car ta mère t’aime plus que tous ses enfants. Avait affirmé Férial.

Je ne pouvais croire en cette énormité, mais j’avais acquiescé, pour ne pas trop polémiquer.

 

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre, Posté(e)
shyiro Membre 15 609 messages
Maitre des forums‚
Posté(e)
Le 19/03/2018 à 12:14, youghortasalem a dit :

 Les mœurs étaient pareilles qu’à Alger mais plus dures ceux concernant les relations hommes-femmes. Les gens t’exécuterons plus facilement qu’à Alger, et sans sourciller, si tu essaies de toucher à une de leurs filles sans une demande en mariage légale. Il ne se passe pas un jour que des affaires relatives au sexe ne soient mentionnées dans les tribunaux à Sétif

qu'en est il des "vrais etrangers" (non algeriens) qui flirtent sans connaitre des moeurs locaux ? ça finit carrement au lynchage ? 

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre, 53ans Posté(e)
youghortasalem Membre 733 messages
Baby Forumeur‚ 53ans‚
Posté(e)
Le 22/03/2018 à 22:11, shyiro a dit :

qu'en est il des "vrais etrangers" (non algeriens) qui flirtent sans connaitre des moeurs locaux ? ça finit carrement au lynchage ? 

étranger ou algérien c'est pareil, pour eux c'est l'honneur de la tribu qui rentre en jeux. la virginité est un gage d'honorabilité de toute la famille, il faut que la fille la garde jusqu'au jour du mariage et crois moi pour certaines famille c'est une question de vie ou de mort. mais aujourd'hui il y a un certain relâchement. 

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre, Posté(e)
shyiro Membre 15 609 messages
Maitre des forums‚
Posté(e)
Le 24/03/2018 à 18:45, youghortasalem a dit :

étranger ou algérien c'est pareil, pour eux c'est l'honneur de la tribu qui rentre en jeux. la virginité est un gage d'honorabilité de toute la famille, il faut que la fille la garde jusqu'au jour du mariage et crois moi pour certaines famille c'est une question de vie ou de mort. mais aujourd'hui il y a un certain relâchement. 

Je me suis dit qu'il pourrait quand meme avoir des gens qui se montrent naturellement plus tolerant envers des etrangers visibles d'un coup d'oeil (ici = non algerien et surtout non arabe) car ils savent que ces gens n'ont pas forcement connaissance des coutumes locaux et donc qui n'ont pas forcement de mauvaise intention ... 

Bien sur d'autres gens sont à l'inverse encore plus intolerants envers des etrangers visibles d'un coup d'oeil = xenophobie ou racisme.

 

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre, 53ans Posté(e)
youghortasalem Membre 733 messages
Baby Forumeur‚ 53ans‚
Posté(e)
Il y a 3 heures, shyiro a dit :

Je me suis dit qu'il pourrait quand meme avoir des gens qui se montrent naturellement plus tolerant envers des etrangers visibles d'un coup d'oeil (ici = non algerien et surtout non arabe) car ils savent que ces gens n'ont pas forcement connaissance des coutumes locaux et donc qui n'ont pas forcement de mauvaise intention ... 

Bien sur d'autres gens sont à l'inverse encore plus intolerants envers des etrangers visibles d'un coup d'oeil = xenophobie ou racisme.

 

ce n'est nullement une question de tolérance, c'est tout simplement une question d'honneur. dépuceler une fille c'est comme si tu avais dépuceler toute la famille. j'ai un ami qui l'avait échappé belle. après avoir fait ce que nous appelons nous ''l'erreur'' il a fait fuir sa copine à Paris. il est resté avec elle. et c'est moi qui avait été aussi con pour les emmener à l'aéroport. elle avait été reconnue et moi aussi. trois gaillards m'ont kidnappé pour que je subisse les pires tortures afin que je leur divulgue l'endroit où  se cache mon ami. comme je ne savais pas, j'ai été hospitalisé dans le meme hôpital que mon cousin. j'avais pas voulu dénoncer mes tortionnaires car il y aurait des représailles. ils sont aujourd'hui en Angleterre et ils vivent le parfait amour et moi j'avais failli mourir. 

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

  • 1 an après...
Membre, 53ans Posté(e)
youghortasalem Membre 733 messages
Baby Forumeur‚ 53ans‚
Posté(e)
Le 19/03/2018 à 12:14, youghortasalem a dit :

 

 

 

 Mon cousin était resté une autre semaine en convalescence dans l’hôpital. Je commençais à m’attacher à son chardonneret, qui était devenu mon compagnon de chambre, et  un ami avec qui je discutais. Il m’avait fait savoir que  ses sifflements n’étaient que complaintes et que sa cage une prison dorée et que désormais il ne pouvait plus rejoindre ses compagnons sur les rives des oueds, ou sur les cimes des arbres car il n’avait que des souvenirs vague de sa liberté. De toute manière il ne savait plus comment survivre dans cet espace immense. Il serait alors  pareil à ses esclaves qui ne sauraient quoi faire de leur liberté.

Je lui avais remis son oiseau, pour ne le revoir que six années plus tard. Les deux mois qui restaient m’avaient permis d’amasser un peu d’argent et de  réviser mes cours pour être fin prêt pour l’ultime année du secondaire. Le travail en maçonnerie est très pénible en été, et cette année le thermomètre avait touché la barre de 46 degré. Mais le gain ne m’avait qu’encourager à travailler durement, pour assurer mes arrières. Pour m’évader de mon milieu familial et connaitre les régions des hauts plateaux dont le climat continental est des plus rudes en Algérie, j’avais choisi  Sétif, une ville à 320 km d’Alger et plus de 1000 mètres d’altitude, pour décrocher mon ingéniorat en génie civil. Une jolie ville connue pour son froid légendaire en hiver et sa fameuse Fontaine appelée source de Fouwara. J’ai connu pour la première fois la neige dans cette ville et j’en étais émerveillé. En ouvrant les persiennes, je ne voyais que du blanc, l’institut étant implanté très loin de la ville, en plein forêt, j’avais l’impression que rien n’existé si ce n’est la couleur blanche qui s’étendait à perte de vue. Je n’avais jamais vu une beauté de la nature aussi enchanteresse. J’avais secoué mon compagnon de chambre qui est de Batna pour qu’il partage avec moi la joie de contempler une telle beauté, mais il n’avait fait qu’entrevoir pour se remettre au lit en rouspétant. 

-              Tu me déranges pour ça, chez moi la neige est plus haute que ça.

La première année, était pour moi une initiation à la vie de Sétif. J’avais connu la ville, ses coutumes, ses habitudes. Les mœurs étaient pareilles qu’à Alger mais plus dures ceux concernant les relations hommes-femmes. Les gens t’exécuterons plus facilement qu’à Alger, et sans sourciller, si tu essaies de toucher à une de leurs filles sans une demande en mariage légale. Il ne se passe pas un jour que des affaires relatives au sexe ne soient mentionnées dans les tribunaux à Sétif, ces derniers sont les meilleurs endroits pour s’imprégner de la vie quotidienne d’une ville, et de temps à autre, je visitais ces assemblées austères. Pourtant quand il s’agit de sexe, ce danger, ne peut me freiner. Au début je me contentais des maisons closes qui sont réputées les meilleurs dans le territoire Algérien pour leurs hygiènes et la beauté de leurs femmes.

J’avais pris l’habitude de me rendre à ces endroits avec mon compagnon de chambre, à chaque fin de mois, le jour où nous percevions notre bourse. Une fois, après avoir satisfait mon instinct animal, j’avais aperçu mon copain assis dans un coin à m’attendre. 

-              Quoi, elle t’a chassé, je te vois triste ?

-              Non, répondit-il, tu t’imagines en plein ébats, une femme qui prend pour tambour tes  fesses en chantant des atrocités de son terroir ! Tu pourrais jouir toi, dans des conditions pareilles ?! Elle m’a complètement médusé que je n’avais plus envie. Je lui avais demandé de me rembourser, c’est alors qu’elle avait brandit un sorte de chandelier, en bronze  en me menaçant de me caresser mon crane de corniaud. Elle était devenue, une vraie furia quand elle avait entendu le mot ‘’ rembourser ‘’.

Je n’avais pas pu contrôler mon hilarité, ce qui l’avait vexé.

-              Essaies la mienne elle est top, tu ne regretteras pas, crois-moi.

Il était ressortit avec un sourire si grand que je voyais ses molaires.

-              Elle t’a plu ?

-              Incroyablement bonne, au moins elle, elle n’a pas touché à mes fesses.

Les deux femmes se sont rencontrés devant leurs portes en gloussant tout en nous désignant du doigt.

-              J’espère qu’elle ne t’a pas fait le coup du miroir ?

-              C’est quoi le coup du miroir, me demanda-t-il.

-              Elle met un miroir derrière tes fesses pour qu’elle voie comment elles bougent. Ton anus commence à se refermer et s’ouvrir instantanément et avec sa caméra cachée, elle filme tes fesses et ton anus pour revendre le film à un bon prix. Tu devrais demander les droits d’auteur, après tout, il ne faut pas t’en faire tu serais reconnu comme une star à Sétif grâce à tes fesses. 

Il s’est mis à réfléchir un certain moment,  mais quand il a vu que je rigolais, il m’a donné un coup de poing pour montrer qu’il a compris que je  plaisantais.

-              Ce qui est sûr c’est qu’elle m’a demandé de revenir refaire un coup sans que je ne paie.

-              Pourquoi ?

-              C’est parce qu’elle avait remarqué un grain de beauté, sur mon sexe. Avait-il dit très sérieusement.

J’avais cru au départ qu’il se moquait de moi pour me rendre la pareille, mais j’avais su plus tard  qu’il avait dit la vérité, c’est pour cette raison que j’en avais fait un faux,  mais ça n’a pas marché, car avant de commencer les ébats, ces femmes te lavent avec de l’eau chaude et du savon, la supercherie est tout de suite localisée. Je suis devenu la risée de cette maison, et c’est alors que j’avais changé de lieu. Il fallait se tatouer et je ne voulais pas risquer, je pouvais le faire n’importe où, mais pas dans cette partie, non, car elle représente pour moi, ma vie. En changeant à chaque fois de femme, j’avais trouvé une qui me disait de temps en temps de ne pas payer. Ce qui est très important car la bourse n’était pas vraiment consistante, je devais donc chercher ailleurs.

 Je n’ai jamais eu un sentiment de rejet pour ces femmes. Je suis arrivé à les aimer, au même titre que des amis que je me suis fait en étant vagabond. Une certaine noblesse, malgré le plus vieux métier du monde qui leur colle à la peau, se dégage de leurs personnalités. Elles sont courageuses et valent beaucoup plus que la plus part des femmes honnêtes.

Chacune d’elles est porteuse  d’une histoire singulière et souvent tragique qui l’avait choisie pour souffrir dans ce monde sourd aux plaintes des plus démunis. Elles vivent des situations qu’elles n’avaient pas choisies au départ. Le maintien de la femme par l’homme à un statu de mineur où il lui est interdit de s’épanouir, et la misère criarde des campagnes sont en grande partie, la cause de cette situation trop pesante pour ces femmes qu’elles vivent honteusement, se terrant en silence pour ne pas éventer un secret que leur famille, pour la grande majorité, ignore. Ces femmes de joie comme on les appelle, victimes autrefois de l’exploitation sexuelle, par des proxénètes, sont aujourd’hui encadrées par l’état en étant employées dans des maisons closes. Depuis l’état a interdit strictement ce genre de commerce, dans des endroits publics et le proxénétisme est sévèrement punit. Les proxénètes qui normalement protégeaient ces femmes ont été les premiers agresseurs. Mais aujourd’hui l’agression est la société, elle est présente dans le  regard de l’autre, Insensible, inhumaine, elle classe ces femmes dans une catégorie méprisable et se permet de les préjuger sans essayer de connaitre les causes qui les ont poussés à vendre leurs corps. Cette stigmatisation muette, imprimée dans les yeux, les traits du visage ou les gestes des gens fait encore plus mal à ses femmes que les coups des proxénètes. 

Une de ces femmes, dans un moment de faiblesse, s’était en quelque sorte confessée sur son lit d’amour. Une aussi belle femme, faisant ce métier m’avait intrigué.

-              Tu es très belle, et tu aurais pu être une princesse chez un homme opulent.

Elle m’avait regardé un instant, décelant peut-être une certaine sympathie pour son cas, puis après un moment d’hésitation, elle s’est mise à parler.

-              C’est ma beauté qui m’avait jeté dans ce monde de malheur. J’avais seize ans, quand j’étais invité à passer une nuit, chez ma sœur. Son mari est venu me visiter alors que je dormais et sans te faire un dessin, tu peux deviner la suite. Je ne voulais pas détruire plusieurs années de mariage de ma sœur avec sa ribambelle d’enfants, ni être la cause d’une vendetta qui aurait tourné au malheur. J’ai préféré m’enfuir. J’ai connu la rue, et une fille qui ne sait ni  lire ni écrire, seule dans les rues à seize ans dans cette société, je ne pouvais que me perdre. Je m’estime heureuse que je sois repêchée dans cet endroit.

C’est dans une ruelle sombre, qu’une femme l’avait rencontrée gisante dans un coin, avec un ventre proéminent. Elle l’avait ramené chez elle pour extirper l’enfant né du viol de son beau-frère. Elle avait commencé à se prostituer pour son enfant et ce n’est que naturellement  qu’elle s’est retrouvée dans ce monde macabre. Elle avait rencontré des hommes violents, sales, puants … mais, mis à part ce métier, elle ne savait rien faire. Il fallait continuer pour subvenir à ses besoins et à ceux de son enfant. Elle n’a peur que d’une seule chose, c’est d’être reconnu, par un voisin ou une voisine de son quartier. Elle s’imagine quelques fois en voyant certaines personnes dans cette maison close que son frère s’y trouvait. Elle s’est mise à pleurer en concluant par cette phrase qui m’avait fait mal Tout en criant

-              Je suis une pute,  pourquoi tu me respectes, je ne vaux rien, je ne suis qu’un simple corps, une chose qu’on achète, pour quelques dinars, c’est tout ce que je vaux, ce sont les sous que tu me donnes qui sont ma personnalité. Ne reviens plus me voir,  Sors d’ici, sors !

En me rhabillant pour sortir, J’avais plus peur pour elle que pour moi, ses sanglots m’ont poursuivi jusqu’à l’université. C’était la journée la plus triste de ma vie. J’avais décidé de ne plus revenir dans ces lieux que nous appelons, lieux de débauches. Mais Je ne pouvais imaginer cinq années sans le dit sexe faible. Le problème est que les jeunes filles devraient garder leurs virginités jusqu’à leurs mariages. Une perte de cette preuve équivaut quelques fois à la mort, ou le meilleur des cas, à un mariage forcé avec n’importe quel abruti. Un simple suçon que j’avais fait à une fille, sans me rendre compte, lui a valu un mariage, qui l’avait éloignée de ses parents à des milliers de kilomètres, quelque part dans l’immense Sahara algérien. Non avec un dromadaire, ça aurait été meilleur,  mais avec son propriétaire. Elle se trouve je le suppose quelque part entre deux dunes, sillonnant le désert dans une longue caravane, avec sa tribu de Touareg  à la recherche de puits ou source d’eau.

J’ai eu des aventures, mais une, avec une fille, appelait la rouquine, avait failli m’être fatale. Quelques fois, je montais pendant la nuit au troisième étage pour la rejoindre devant la porte d’entrée. Et là nous faisions pas mal de chose tous les deux. Une fois un enfant me soupçonnant sans doute, m’avait demandé le nom de la famille que je cherchais. J’ai tout de suite vu de loin les boites aux lettres pour lui citer au hasard un nom d’une famille, et détaler sans chercher à discuter car des jeunes sortaient de partout du bâtiment. Une course poursuite avait commençait, mais  une certaine avance sur eux m’avait, peut-être, sauvé la vie. Cette expérience, était une leçon qui m’avait servie, et c’est en faisant des amis de cette contrée que j’avais appris la méthode d’approcher les filles de cette région. La meilleur façon est, en premier lieu, de choisir les mariées divorcées, ou celle qui avaient perdu un mari. Ensuite c’est de se faire très discret, ne pas se faire remarquer dans la ville. Se faire oublier en quelques sortes, et enfin choisir l’endroit de la rencontre.

Cinq années passées, et au bout un diplôme enfin acquis.  Je pensais enfin revoir ma mère, pour lui faire la surprise. Pendant ces cinq années, profitant de mes vacances d’été,  je me suis fait de l’argent en achetant certaines choses des pays tels que l’Espagne, l’Italie, la Turquie… pour les revendre dans mon pays. C’est un trafic, appelait « le trabendo »  qui quelques fois te vaut la saisie ou la séquestration des objets que tu achètes, mais avec l’expérience tu apprends à connaitre le métier, notamment les douaniers que tu dois soudoyer. Tout ce trafic, je l’avais fait pour m’acheter une voiture, Une Renault 4 Savane.

Rien n’avait changé dans ma bourgade, toujours agrémentait par cette très belle cathédrale à l’architecture byzantine, qui majestueusement domine la baie d’Alger, ses mioches qui remplissaient les rues et ruelles, pour courir, se battre, pleurer ou rire, détachés de tout ce qui se passait autour d’eux, insouciants. J’avais garé ma voiture en la serrant au maximum contre le mur, afin de  laisser un passage pour d’autres voitures qui pourraient passer par cette venelle. En montant l’escalier un petit enfant tel un boulet, descendit en trombe, effrayé sans doute par cette tête féminine qui en surgissant de l’entrebâillement de la porte vociférant des menaces à son encontre. Il m’avait tellement bousculé que j’avais failli rejoindre le bas de l’escalier. Telle une tortue qui à la vue d’un prédateur rentre dans sa coquille, la tête avait soudainement disparu et la porte se referma aussitôt. J’aurais juré avoir vu un spectre. Une simple porte qui me  sépare de ma mère que j’avais envie de voir, mais je ne sais pas pourquoi j’avais certains pressentiments, qui  m’empêchaient de frapper à cette porte, et puis l’idée m’était venue d’interroger ce gamin, qui devait être mon neveu, pour lui soutirer quelques éléments de réponses sur des questions parentales. Il courait en criant et en jouant comme les autres gamins. Je me suis présenté devant lui, lui barrant le passage pour qu’il me voie.

-              Ton papa est Omar, n’est-ce pas ?

-              Oui, tu le connais ? me répondit-il tout étonné.

Je lui répondis par l’affirmative pour ensuite lui énumérer tous les membres de la famille.

-              Et moi tu me connais ?

-              Qui ne connait pas Halim, et tu as six ans.

-              Viens on va s’asseoir sur ce trottoir, Pour que je te dise qui je suis. Lui avais-je proposé.

L’enfant m’avait suivi, et s’est mis devant moi, rongé par la curiosité.

-              Tu sais que tu as un autre oncle, et qui ne vit pas avec vous ?

-              Oui Papa m’en avait parlé, je pense un certain un Salim.

L’enfant ressemblait beaucoup à son père, il paraissait très éveillé et ne répondait que très succinctement à mes questions. Mais en apprenant que j’étais Salim, son oncle, il me révéla tous les secrets de la famille. Il connaissait tous les détails, les adultes méconnaissant les enfants, n’hésitaient pas à dévoiler tous leurs secrets devant eux, et ces derniers enregistraient tous les tenants et aboutissants. J’avais appris qu’il avait deux sœurs, et que son oncle avait un garçon et une fille. Quant à ma sœur, elle a convolé en juste noce pour divorcer tout de suite après. Elle avait épousé un immigré, une espèce de brute qui la maltraitée, ce qu’elle n’avait pas pu tolérer. A  minuit elle a fait irruption dans la maison, laissant son mari emprisonné à Paris, pour trafic de drogue. Mon autre frère pour se marier,  n’avait pas hésité à diviser la pièce en deux ; deux mètres par trois chacune et des lits superposés pour les enfants et les prochains seraient jetés dans cette chambre. Le mari de ma mère, est devenu estropié, à la suite d’un accident de moto qui lui a valu d’être handicapé, ses bras sont désormais paralysés. Sa femme pour réunir les deux bouts, fait aujourd’hui  le métier que je faisais étant étudiant, c’est-à-dire, trafiquer avec les trabendistes. Elle est devenue une pièce maitresse pour le subside de la famille. Elle paie, l’eau, le gaz et l’électricité et s’occupe des réhabilitations éventuelles du logis. Aujourd’hui elle se trouve en Italie, avec deux autres femmes que nous appelons ‘’les soldats’’ ainsi dénommés  car ils sont mobilisés à ramener une partie des bagages des trafiquants, en contrepartie d’une certaine somme et du paiement du voyage.

-              Viens avec moi que je te présente à maman, qui ne te connait pas.

Et pourtant c’était en grande partie à cause d’elle, que je ne voulais pas resté à la maison. Je l’avais connue, étant adolescent, et nous sommes restés ensemble pendant quelques années, mais mon frère ainé ignorant notre liaison, l’avait sollicité pour une union. Je ne sais pas pourquoi elle avait fait cette énorme bourde. Je me suis dit que je ne pourrais, plus jamais la regarder en face.

-              non on va attendre que ton papa arrive, il est presque dix-sept heure.

De loin je le reconnaissais, par sa démarche nonchalante. Je me disais souvent que les démarches sont héréditaires, nous en avons exactement, moi et mon frère, la même. Il été réellement très content de me revoir, je le sentais par son sourire et son visage qui resplendissait, cette joie ne pouvait-être sournoise.

-              Viens je vais te présenter toute la famille que tu ne connais pas.

Il m’avait introduit, dans la demeure que je n’avais pas reconnue non plus. En guise d’entrée, qui  autrefois  donnée directement sur le séjour, un étroit corridor menant à une minuscule cuisine faisant, à l’occasion, de salle de réception des invités. J’avais remarqué au passage du corridor, à ma droite, les deux portes des deux chambres créées pour recevoir l’une, la ribambelle d’enfants nouvellement procrée avec ma sœur, L’autre fraichement créée pour servir de négoce des ribambelles d’enfants prochainement engendrés. Un autre passage créant une ligne perpendiculaire au premier, menant tout au fond à gauche aux toilettes les toilettes, et à droite au débarras. Les deux  seules chambres qui ont été  épargnées par la massette, étaient celle de mon frère ainé et celle de ma mère, qui se situent à droite et à gauche sur le mur limitatif de ce passage. Pas un souffle, ni parole dans cette maison, le silence complet. Pourtant la tête que j’ai vue était bien réelle.

-              Tu es tout seul, dans la maison ? Tout en sachant, qu’une femme au moins s’y trouve, je posais ainsi la question, pour m’assurer que réellement les spectres n’existent pas.

Je n’avais pas encore reçu de réponse que je voyais trois enfants sortir de la chambre de mon frère, pour aller embrasser leur papa, puis sur ordre de leur papa, ils s’accrochèrent à mon cou pour me gratifier de trois baisers en même temps. Sa femme juste derrière eux se tenait près de la porte de la chambre, amusée par cette scène de ses enfants.

-              Ce sont mes enfants, en ordre croissant, Nawal, Ali et Meriem et le quatrième j’ai vu que tu as déjà fait sa connaissance.

Quant à Férial, contrairement à la coutume qui interdit les embrassades entre femmes et hommes étrangers, elle posa deux bise sur mes deux joue, sans que son mari ne s’embarrasse. Sa présence près de moi, m’était très pénible, j’avais peur de la regarder dans les yeux et de m’attarder à contempler son beau regard, Mais je devais le faire et lui parler. Ce  frère ignorant tout de notre ancienne liaison coupable, pourrait à tout moment être intrigué par mon indifférence envers sa femme. Une situation très ardue que j’appréhendais dès le jour de son union. Cette fait de l’ignorance, ne serait en fait qu’un aveu de culpabilité,  d’un non-dit, qui pourrait tout dire et qui pourrait prêter à de multitudes interprétations. Je me disais que le problème ne serait que différé, autant alors faire aujourd’hui le premier pas. une jolie dame que je venais de découvrir, je ne  l’avais presque pas reconnue. En embellissant, Elle était devenue encore plus belle, Son sourire mi- moqueur, vague et ensorcelant prêtait à beaucoup d’allusions qui me  laissaient devant de multiples hypothèses et que la seule idée de les déchiffrer me paraissait vile. Le hijab fait d’un tissu qui lui collait presqu’à la peau et que cette ceinture entourant sa taille, avait donné à mon imagination toute la latitude de déchiffrer ses beaux contours cachées qui sont restés intacts, malgré les accouchements à répétition. Toujours ces grands yeux noirs malicieux qui se mariaient à merveille avec ses pommettes hautes et une bouche voluptueuse qui faisait un appel à l’amour. Je jouais le jeu, en répondant à ses saluts sans trop m’attarder à contempler ce joli visage bardé par un voile noir, cachant ses cheveux, mais mettait en valeur son beau visage. Mon frère content de me revoir, ne deviner surement pas mon désarroi vis-à-vis de sa femme.

-              Mon frère et moi, nous voulons gouter à ces merveilleux gâteaux que tu caches aux yeux des enfants. Apporte le nous , femme, s’il te plait. Et sers nous pour la circonstance de quoi étancher notre soif.

-              Il en sera ainsi, selon ta volonté mon cher mari. Et ton frère je suis sûr qu’il en sera très ravi.

Je souriais, mais au fond de moi, cette boutade de Férial m’avait parue contenir des sous-entendus que moi seul pouvait comprendre. J’avais compris qu’elle voulait me culpabiliser pour son choix qui l’avait poussé à choisir mon frère pour me punir de l’avoir repousser. Je sentais que j’étais assis sur des braises, et je devais quitter l’endroit car Férial était ce jour-là ensorcelante.

-              Inutile de vous déranger, j’ai pris un rendez-vous et je dois m’éclipser.

-              Quoi mon frère, que je n’ai pas vu pendant des années veut se dérober ? je jure que tu resteras jusqu’à ce que revienne Said, et la moindre des choses tu dois honorer le gâteau de Férial.

Quand quelqu’un jure, chez nous, il n’est pas question de décliner l’offre, sinon tu en feras un  ennemi.

-              Soyez près messieurs, pour applaudir Férial la magicienne. Je vous demande d’utiliser les fourchettes, car j’aurais peur que vous ne mangiez vos doigts.

Sa magie à elle était dans cet air espiègle, qui me fascinait toujours. Elle semblait joyeuse, insouciante et n’avait cure de cette hantise, qui me préoccupait. Elle se jouait de moi tout en s’amusant de nous deux, et le plus dramatique est que je la trouvais des plus attirante dans ce jeu malsain. Titillant mes sentiments à l’extrême, tout en  satisfaisant son mari en étant ou paraissant amoureuse. Je ne sais si c’est par amour ou pour pouvoir le dominer, qu’elle jouait cette comédie pleine d’esprit. Nous sommes trop imbus de notre personnalité en se déclarant sexe fort alors que devant le sexe dit faible, notre force physique est insignifiante par rapport à leur  beauté et leur esprit. Nous étions là tous les deux à regarder cette femme, l’un fier de posséder une si belle et plaisante épouse et moi face à mon dilemme, tourmenté et séduit par mon tortionnaire. Mes neurones ne voulaient toujours pas s’aligner sur cette décision de suivre l’éthique et d’abhorrer la corruption de l’âme. J’étais en même temps diable et ange, je suivais dans ma conscience l’un puis l’autre, la droiture et l’imposture. L’un cartésien, linéaire sans charme, dépourvu de fioriture,  l’autre suave, tortueux cachant la cible pour que tu te mettes à le suivre, tel un chien à la recherche de sa chienne. Un combat inégal pour moi, et pour beaucoup, mais j’ai décidé d’être David.

-              Je vais commencer par honorer le retour de l’enfant prodige qui serait, j’en suis certaine, fier de la femme de son frère ainé.

Plateau sur sa main droite, elle s’approcha vers moi, d’une démarche majestueuse, qui malgré le hidjab, son déhanchement me paraissait voluptueux. Pour le déposer, elle se penchât en me frôlant, m’inoculant ainsi des décharges  causant à mon cœur des battements si forts que je craignais que mon frère ne les entende. Son parfum exquis, d’une haute facture, s’exhala pour  aller agacer tous mes sens. Ce mystérieux plaisir olfactive répandue par Férial me procura une sensation magique indéfinissable. Comment définir un esprit ou une âme qui s’incarne à une personne pour te procurer un sombre et intrigant plaisir charnel depuis uniquement un organe. A cette odeur, s’ajoutait une haleine fraiche que je sentais sur mon cou, qui provoqua  sur moi  un profond bouleversement. Elle s’éternisa dans cette position en décidant de me couper une tranche de son  gâteau. Elle a réussi à réveiller en moi des souvenirs qui n’appartenaient qu’à nous deux seulement.  Je l’aurais pris là, à cet instant précis,  si ce n’est ce frein de parenté existant désormais entre nous deux. Elle s’éloigna néanmoins, avec ce sourire que seul moi je comprenais, pour s’asseoir entre nous deux, heureusement plus près de son mari que de moi.

-              Alors Salim cette vie de bohémien était-elle si belle pour que tu quittes ta famille ?

-              Pouvais-je faire autrement ? y- a-t-il assez de place dans cette maison, ou devrais-je partager avec ma sœur et les bambins la minuscule chambre ?  

Cette phrase, que j’avais lancée, sans animosité, avait jeté un certain froid dans la discussion. Mais ma belle-sœur toute aussi gaie, n’était pas à court d’argument pour détendre l’atmosphère.

-              tu as très bien fais mon frère, et je pense que tu irais loin, mais il ne faut surtout pas couper le pont qui existe entre toi et ta famille.

Ce mot de frère, bien qu’il soit un qualificatif employé traditionnellement dans notre société, entre beau-frère et belle-sœur, m’avait paru sur la bouche de férial factice. Mon frère qui n’était que tout sourire et jovialité tout au cours de la discussion, ne prononçant que des oui, des non ou des rires, avait sauté sur l’occasion pour acquiescer.

-              Oui, en plus La religion nous interdit de renier la famille et surtout la mère qui t’a enfanté. Dieu ne dit-il pas « ne leur dit pas ‘’ouf’’ et ne les renie pas et dis Dieu ait pitié d’eux comme ils m’ont  éduqué depuis mon enfance ».

Je n’avais pas pu me retenir, en prononçant cette phrase qui avait laissé mon frère et sa femme, pantois, se dévisageaient pour s’assurer qu’ils ne sont pas en train de faire un cauchemar.

-              Oui et Dieu avait terminé par le verbe éduquer, qui clos son verset. Si tu changes ce verbe par délaisser, le  verset pourrait devenir dis leur ouf et renie les. Sans éducation, l’enfant pourrait devenir un homme dont ses valeurs seraient totalement corrompues et sans amour maternelle, il pourrait-être démunit d’humanisme au sens nobles du terme. Mais quelques fois l’enfant est mieux éduqué par la réalité et peut se passer des valeurs de ses parents surtout si elles sont défaillantes.

-              Mais qu’est- ce que tu dis mon frères ! Ma mère a-t-elle été défaillante ?!

-              Non répondis-je, je parlais d’une façon général.

Je pensais au fond de moi-même qu’elle était défaillante, mais je ne lui en voulais pas. Je savais que j’étais son oiseau de mauvais augure, et cette idée était mon moteur qui me procurait une énergie d’aller vers de l’avant afin de réussir matériellement dans ce monde pour me racheter aux yeux de ma mère. Je savais que j’étais sur le bon chemin et l’obstination et la hargne ne me manquaient pas. 

-              A la bonne heure, je suis contente que tu le dises car ta mère t’aime plus que tous ses enfants. Avait affirmé Férial.

Je ne pouvais croire en cette énormité, mais j’avais acquiescé, pour ne pas trop polémiquer.

 

suite : Histoire de mon enfance

                                                                                             

En ouvrant la porte de mon R4, Halim, tel un boulet était venu à mon encontre.

-          C’est ta voiture, mon oncle, tu peux un de ces jours m’apprendre à conduire ?

C’était sa façon  de me demander de l’emmener faire un tour.

-          Vas demander la permission à ton papa, je t’emmènerais avec moi visiter un peu Alger.

Il est revenu en quelques secondes, dévalant les escaliers comme un fou, pour se faufiler dans le minuscule espace entre le mur et ma voiture, et réussir d « y pénétrer.

-          Comment tu as fait pour réussir à glisser ?

-          Mes amis m’appellent le rat, mes os sont en plastique.

-          Charmant surnom Halim, tu dois demander à tes amis de te trouver un autre surnom sinon, je ne t’apprendrais pas à conduire, d’accord ?

-          D’accord mon oncle, le premier qui m’appellerais ainsi je lui casserais sa gueule. Comme ça les autres sauront de quoi ton neveu est capable.

Je me suis mis à sourire et fier en même temps de ce beau débrouillard, qui j’en étais presque certain, n’avait pas demandé l’autorisation à son papa.

-          Reste ici je vais revenir.

Je suis revenu pour demander moi-même  la permission, et C’est Férial qui m’avait ouverte la porte sans se dépêtrer de ce perpétuel sourire.

-          Je vais vous emprunter quelques moments Halim, d’accord.

-          Il est ton fils à toi aussi Salim, tu peux le prendre quand tu veux.

Pour ne pas trop, aguicher mes sentiments, je l’ai salué et rebroussé chemin, alors qu’elle resta devant l’entrebâillement de la porte, m’accompagnant de ses yeux jusqu’aux bas des escaliers, pour se glisser enfin  à l’intérieur de la maison.

-          Tu sais Halim, la chose que j’abhorre le plus est l’égoïsme, puis vient le mensonge.  Tu as commis  les deux à la fois. tu n’as pas pensé à l’inquiétude  de tes parents qui t’aiment tant dans le cas où ils se mettent à ta recherche. Et tu as m’as menti en me disant que tu les avais averti.

J’avais senti une tendresse en le voyant tout honteux, tête baissée.

-          Viens Halim embrasses-moi et promets-moi de ne plus mentir.

-          Je jure de ne plus le refaire mon oncle.

Il m’avait embrassé, et  je ne sais si c’est par compassion ou un par un surplus d’émotion et d’émotivité, quelques gouttes de larmes avaient glissées sur mes joues, que j’avais vite essuyées sans qu’il ne les voie.

-          La première leçon est de te faire connaitre les trois éléments qui font marcher une voiture.

-          Je les connais, avait promptement réagit mon neveu, puis sur sa lancée, il continua. Frine au milieu, kcilirotour à gauche et broyage à droite.

-          Très bien mon enfant, mais connais –tu la droite et la gauche ?

-          Oui avait-il dit, en me montrant sa main droite, alors que c’était la gauche.

-          Tu connais l’accélérateur et l’embrayage, mais tu ne connais pas la droite et la gauche. Tu dois apprendre par la base mon enfant et ne pas bruler les étapes. Tu travailles bien à l’école ?

Une grimace illustrative avait déteint son visage, montrant ainsi son échec scolaire. Il ne comprenait rien et en plus il a été placé à la dernière place parmi les cancres. Cette impression de revisiter mon enfance m’avait suggéré de l’aider, pour qu’il dépasse cette situation que j’avais connue.

-          Je te ferai des cours d’accord ?

-          Oui mon oncle, je commencerai aujourd’hui si tu veux.

-          Non, il faudrait que nous fassions un emploi du temps. Tu diras à tes parents que je te prendrais tous les vendredis pour te faire des cours. Mais avant il faut demander à ta mère et à ton père de te faire changer de place dans ta classe. Je sais très bien que tu réussiras et je suis déjà fier de toi.

Il n’avait jamais été dans une voiture, et je lui demandais de regarder très bien comment je conduisais et de reconnaitre les plaques de signalisation. L’humeur est contagieuse, il était content et moi je l’étais encore plus, donner c’est prendre en même temps. Ces genres de moments ne peuvent être cotés à la bourse de Wall Street. Je voulais lui rendre cette journée encore plus agréable. En remarquant une fixation de son regard sur une boutique, j’ai stoppé la voiture un peu plus loin du magasin, tout en lui demandant de me nommer le meilleur jouet qu’il préférait.

-          Les arcs mon oncle, j’aime beaucoup les indiens.

Il n’existe pas plus agréable dans la vie que de voir un enfant satisfait et heureux d’avoir reçu un cadeau. Halim est devenu encore plus beau par ce sourire enfantin qui a fait rayonner son visage, le fait de penser que j’en suis l’initiateur me remplissait de joie. Je l’avais reconduit à ses parents et c’est en sautant de voiture sans  m’avoir embrassé ni me remercier qu’il s’en est allé en courant chez ses parents pour leur conter la bonne nouvelle.                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                 

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre, 53ans Posté(e)
youghortasalem Membre 733 messages
Baby Forumeur‚ 53ans‚
Posté(e)

suite...

Sans que je ne puisse lutter contre elle, cette tristesse me tenaillait le cœur, engendrant une faiblesse  exaspérante. J’avais voulu la voir et je l’imagine courir sur les ruelles de Naples, insouciante, à la quête de quelques bonnes affaires. J’avais peur pour elle et une rage contre l’égoïsme de mon frère avait ressurgit. Indifférent, toujours le sourire aux lèvres alors que sa mère courrait un danger imminent, il continuait à me parler d’elle et de ses frasques à l’étranger, semblant amusé et fier. Je connaissais Naples et ses trafiquants de toutes nationalités. Je m’étais fait agresser par un vendeur marocain, car je ne voulais pas acheter sa marchandise. Dans ces lieux de vipères, il faudrait se prémunir toujours et mon couteau était mon ange gardien. Le marocain en voyant ce couteau me laissa sortir de sa grotte d’Ali Baba. Ce qui était encore plus enrageant c’est cette histoire narrée par mon frère, qui met en scène sa propre maman dépouillée par des criminelles après lui avoir fait ingurgiter un somnifère, dans le train qui la menait à Naples. C’était l’un de ses premiers voyages  et que je venais de le découvrir après sept ans. Ce fait lui avait valu une hospitalisation dans les urgences de Naples. 

- Mais attends encore un peu, Said va arriver, il va surement s’indigner de ton départ, pourquoi ne pas passer la nuit ici ?

Sa femme avait sentit mon irritation, elle ne voulait pas intervenir,  j’avais senti en mon frère une absence totale de sentiments nobles et une irresponsabilité singulière, dus à son égoïsme latent. Je lui avais répondu sèchement que je ne pouvais dormir dans la chambre de ma sœur. Ce fut ma dernière phrase.

 Le très beau boulevard de Bologhine  longeant la méditerranée me semblait triste, et ces histoires sur ma mère qui me revenaient dans mon émoi, tissaient devant mes yeux un voile de tristesse opaque. Je refusais cette situation, mais l’incapacité de trouver une solution, et mon imagination qui est allé suivre le périple de ma mère dans cette capitale de la mafia, m’avaient révolté mais je ne pouvais que  crier tout seul et taper avec rage  sur le tableau de bord de la voiture, toute en rangeant la voiture sur un accotement pour continuer à vider mes glandes lacrymales  comme un bébé pleurant l’absence d’une maman.

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre, 53ans Posté(e)
youghortasalem Membre 733 messages
Baby Forumeur‚ 53ans‚
Posté(e)
Il y a 20 heures, youghortasalem a dit :

 

 Le très beau boulevard de Bologhine  longeant la méditerranée me semblait triste, et ces histoires sur ma mère qui me revenaient dans mon émoi, tissaient devant mes yeux un voile de tristesse opaque. Je refusais cette situation, mais l’incapacité de trouver une solution, et mon imagination qui est allé suivre le périple de ma mère dans cette capitale de la mafia, m’avaient révolté mais je ne pouvais que  crier tout seul et taper avec rage  sur le tableau de bord de la voiture, toute en rangeant la voiture sur un accotement pour continuer à vider mes glandes lacrymales  comme un bébé pleurant l’absence d’une maman.

suite...

Quand on entre dans un hôtel, c’est la solitude qui frappe le plus et si le confort et la propreté sont absents, tu les rajoutes à la solitude et la tristesse, tu obtiendrais alors une cellule pour passer ta nuit. Pour le prix de la chambre, je ne pouvais protester, je me contenterais pour le moment de ce taudis en attendant des jours meilleurs. Je pensais plutôt au confort et à la propreté du lit, heureusement pour moi je fus bien chanceux.

Un W.C dans une douche c’est ce que j’évitais le plus dans mes études d’architecture. Le  propriétaire de l’hôtel m’avait fourni quelques produits de nettoyage, qui m’avaient aidé à rendre ma salle de bain étincelante, je pouvais enfin prendre une bonne douche pour aller me plonger dans les bras de Morphée, ce dernier était absent et c’est  Satan lui-même  qui avait pris sa place pour qu’il me torture pendant une bonne partie de la nuit. Je me suis levé difficilement de ce combat contre cet énergumène, qui m’avait laissé des  séquelles invisibles, mais douloureux dans mon corps. Quelques mouvements et le tour est joué, je suis redevenu moi-même, plein d’énergie prêt à affronter le monde.

Etant contractuel, mon embauche était assuré, je suis parti à la Direction des infrastructures de base de la wilaya d’Alger, pour me présenter et rejoindre un poste au niveau de cette direction. La secrétaire bien que jolie fille paraissait renfrognée, je me posais des questions sur mon attitude, il se pourrait que je l’aie dérangé. Elle n’avait pas pris la peine de me regarder, ni de me désigner une chaise, pour elle je représentais uniquement le dossier qui était entre ses mains.

Va au bureau n°09, c’est Monsieur Redouane qui est ton chef de service, il te désignerait ton poste.

  Elle m’avait remis ma lettre d’engagement en tendant le bras droit, sans oser me gratifier de son regard. Je me disais en mon fort intérieur qu’elle avait surement mangé un âne boudeur cette matinée. Redouane était un grand gaillard, avec mon minuscule un mètre soixante dix je paraissais un nain devant lui. Je me demandais comment je ferais avec lui en cas de querelle .

Bonjour heu… en prenant un instant pour lire la lettre, il rajoutât, monsieur Salim.

 Un coin de cette salle devant la secrétaire fut mon premier bureau. Il me demanda de m’y installer le temps de me procurer une salle pour moi seul, sa secrétaire qui n’était pas tellement belle, mais souriante et prévenante, paraissait très dynamique un changement radical par rapport à ce genre de robot qui m’avait expédiée comme un colis postal.

 Houria pour ta gouverne, sache que je suis autant ta secrétaire que celle de ce  grand et gros plein de soupe. Attention ne te fier pas aux apparences, il a plus peur d’une souris que moi-même.

Pour  étayer ses  assertions, elle m’avait raconté l’histoire d’une souris qui pénétra dans la salle, qui avait fait fuir son chef, alors qu’elle, elle y était resté pour l’attraper, ce qui avait fait déclencher une hilarité tonitruante  du chef qui avait failli  ébranlée les murs en bois de la salle.

Une semaine passée à donner des avis favorables et défavorables pour des constructions des bâtisses. Un travail très en deçà de mes capacités et de mes connaissances. Il m’arrivait de traiter des dossiers et de rester sans ne rien faire plusieurs jours de suite. Mais comme je ne suis pas défaitiste, je me suis intéressé  aux archives. J’en ai fait de Mourad l’archiviste mon ami pour qu’il me laisse le soin de prendre tout seul les dossiers des archives. Il m’avait appris en quelques jours le métier d’archiviste, depuis le dépôt des dossiers jusqu’à l’avis favorable ou défavorable et la remise du dossier dans les archives. Ce fut pour moi la grotte d’Ali Baba, j’ai retrouvé des dossiers et des journaux du dix neuvième siècle. Ça m’amusait et m’enchanté de constater que déjà au 19 neuvième siècle, les règles de l’urbanisation été appliquées. Et que pour donner des exemples de la largeur d’une rue, par exemple, on parlait de l’équivalent de deux calèches qui se rencontrés et de prévoir une distance complémentaire pour le long terme. J’avais aussi pu suivre l’épopée de mon club préféré, le MCA, depuis 1920, qui fut le premier club musulman à avoir pu décrocher une licence pour la création d’un club sportif. Mais le clou fut cette découverte, qui me laissa sans voix, est que l’un de ces partis politique, né comme tous les autres partis à partir des décombres de notre cher état dus aux émeutes en Algérie en 1988, se déchaînaient à vendre leurs idées politiques dans les médias. Parmi eux, se trouvait,  un certain Bencherif qui avait formé le Parti National Social et Démocratique. Il  avait basé sa politique sur un projet initié par un ingénieur français, nommé François Elie Roudaire qui vers 1870, voulait faire parvenir de l’eau de mer par le biais du Golf de Gabès en Tunisie jusqu’au désert algérien vers des lacs des chottes Al Jérid en Tunisie et Al Melghir en Algérie et Al Gharsa à cheval entre les deux pays. Il devait crée un Canal à partir du Golf de Gabès pour l’acheminement de l’eau de mer vers ces lacs salés…les possibilités techniques ont été  bien étudiées par cette ingénieur, mais vu le coût de ce projet à cette époque, les autorités françaises l’avait abandonné. C’est en 1958 avec la découverte du pétrole et du gaz au sud algérien que le projet avait été remis sur la sellette, car il était plus avantageux économiquement pour un transport du pétrole par le biais de ce futur canal, mais il a été de nouveau abandonné à cause la guerre d'Algérie..  

Ce fut une stupéfaction pour moi que d’entendre ce parti politique sur les ondes de la télévision, relaté ce projet, sans citer ses sources, voir plagier  directement une idée qui ne lui appartienne pas. Il laissait entendre que c’est lui en tant qu’ingénieur en agriculture et ses membres du parti qui en sont les propriétaires. Le plus incroyable pour moi et que jusqu’à aujourd’hui personne n’avait relevé ce crime intellectuel. Les archives pour moi c’était un trésor, mais ce trésor était piégé, je voyais grand et je ne pouvais rester indéfiniment à étudier les archives et donner des avis favorables et défavorables. En plus je ne supportais pas l’odeur de la salle d’archive et l’émanation d’une usine de cigarette juste en face de la direction, ajouté à tout cela un salaire minable  d’un fonctionnaire. Pour mieux m’imprégner de ma spécialité, je me suis fait muter à une subdivision à la Casbah d’Alger. C’était plus dynamique et je ne restais que très rarement dans le bureau. Une très belle expérience pour moi, un patrimoine mondial qui fait partie d’un héritage de l’humanité et qui fut classé par l’Unesco comme tel. Mais le propriétaire de ce bijoux qui l’avait complètement abandonné, voir presque détruit en prenant le risque de démolir des bâtisses qui en soutenaient d’autres, n’était pas tellement d’accord avec l’Unesco, Il profitait de son argent, mais pas de son idée. Un vol que l’Unesco n’avait pas apprécié, elle a donc, complètement délaissé ce joyau. Un vrai carnage d’une des plus belles et des plus grandes Casbah au monde.

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre, 53ans Posté(e)
youghortasalem Membre 733 messages
Baby Forumeur‚ 53ans‚
Posté(e)
Le 06/07/2019 à 09:34, youghortasalem a dit :

Une très belle expérience pour moi, un patrimoine mondial qui fait partie d’un héritage de l’humanité et qui fut classé par l’Unesco comme tel. Mais le propriétaire de ce bijoux qui l’avait complètement abandonné, voir presque détruit en prenant le risque de démolir des bâtisses qui en soutenaient d’autres, n’était pas tellement d’accord avec l’Unesco, Il profitait de son argent, mais pas de son idée. Un vol que l’Unesco n’avait pas apprécié, elle a donc, complètement délaissé ce joyau. Un vrai carnage d’une des plus belles et des plus grandes Casbah au monde.

suite.

Je ne crois pas au destin, mais s’il existe il avait été trop bon avec moi. Deux histoires qui ont été l’amorceur de ma fortune. La première est cette lettre que je devais remettre au chef de Daira de Bab al Oued à Alger (par ordre d’importance le découpage d’une ville importante est en premier  la wilaya gérée par le wali un fonctionnaire nommé par le président de la  république,  la Daira dont le chef est un fonctionnaire nommé par le wali  ‘’une partie de la ville renfermant quelques communes’’ et en enfin la commune, présidée par le président de l’APC qui est un élu).

 

La rue Ben M’hidi, ex rue d’Isly, était bondée de monde, une ruelle commerçante où les algérois se rendaient pour faire des achats. Parmi tout ce beau monde j’avais remarqué une belle fille accompagnée d’une dame qui devait-être sa mère. Comme je suis un cœur d’artichaut, je ne pouvais m’empêcher de laisser passer une occasion pareille. Je sentais qu’elle était intéressée, mais sa mère m’aurait arraché les yeux si je m’étais approché d’elle, j’avais noté sur la lettre que je devais remettre au chef de Daira de Bab el oued, mon nom et le numéro de téléphone de la subdivision, je ne pouvais faire autrement je n’avais pas de papier pour écrire et je ne voulais pas laisser passer l’occasion. En m’approchant d’elle, discrètement, je lui avais glissé cette missive dans sa main.

-          Je ne sais où j’avais mis la lettre, Omar.

Le subdivisionnaire me regarda longuement d’un air étrange, puis lança une réplique qui me laissa pantois.

-          Moi je sais, elle est en possession d’une certaine fille qui te donne un rendez-vous à la station principale d’El Biar aujourd’hui à 13h30mn.  Je me suis fait passer pour toi, quand elle m’a parlée de la fameuse lettre. Cette fois-ci, ça passe mais prend garde aux autorités, car je ne pourrais rien faire contre leur décision en cas de récidive. Et je te demande de foutre le camp et n’oublie pas  de me  remettre un rapport détaillé de ta journée avec cette princesse.

Ce qui me plaisait dans cette subdivision est que  le chef est très indulgent en matière de sentiment et de sexe. Il fait toujours semblant de ne rien remarquer quand l’un de nous ramène une fille dans son bureau.

Ce fut la seconde aventure qui avait été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase et qui a été le point de départ de la carrière que je cherchais, une issue qui me propulsa vers un monde nouveau. Finis ce travail de fonctionnaire, qui t’assure un salaire minable que tu dois dépenser en calculant chaque sou comme un épicier avare, ou à cette vieille dame qui mettrait une éternité afin d’extirper un dinar de son porte monnaie. Finis toutes ces discussions de fonctionnaires qui à longueur de journée ne parlent que de la paie qui leur parvienne en retard et d’une hypothétique revalorisation du salaire. J’avais compris que la politique salariale en Algérie est une des causes de notre sous-développement, un simple manœuvre est mieux payé qu’un ingénieur. C’est alors que je me considérais déjà comme un homme qui serait tôt ou tard exclu de cette logique de la fonction publique.

Je devais rejoindre une réunion dans un chantier à l’Ouest d’Alger, Tous les responsables y ont été conviés dont le wali d’Alger. J’étais alors  le chef de projet de ce chantier de 1000 logements, par conséquent le principal interlocuteur. Mais je ne sais pourquoi je suis ainsi, rien ne compte à mes yeux quand une belle fille se trouve dans les parages.  Au cours de route, trois filles, dans une Ford me faisaient des signes, Pour moi c’est une provocation et il ne fallait pas plus pour que je les suive, surtout que l’une d’elle me convenait très bien. Mais le chauffeur accélérait sur le champignon et sa voiture était plus puissante que la mienne. Je faisais des folies et les filles s’en amusaient, elles riaient et s’agitaient et moi comme un enfant je répondais à leur allégresse.   Coute que coute je dois parler à cette fille, la voiture me distançait, ma Renault quatre trottinait comme un bébé devant cette américaine, mais je n’avais pas perdu espoir et une idée m’était parvenue dans cette tête d’aliéné, farfelue certes, mais c’était mieux que rien. Il fallait percuter cette voiture pour qu’elle s’arrête afin d’établir un constat. Le chantier est déjà loin et j’imaginais mon subdivisionnaire devant le wali d’Alger  entrain de trouver des prétextes de mon absence. Mais mon égoïsme dans ce cas est abyssal, j’aurais poursuivi cette fille serait-il le président lui-même qui se trouverait à cette réunion, je n’avais qu’à choisir maintenant le moment de percuter cette bagnole de malheur. Ce feu rouge est une aubaine pour moi, je venais par derrière de la Ford pour enfin la percuter sans trop faire de dégâts. Comme des citoyens civilisés sans aucune anicroche,  nous nous sommes mis chacun dans sa voiture,  pour l’établissement du constat, quand j’ai senti un parfum exquis me caresser mon odorat, je ne croyais pas mes yeux, cette belle fille que j’ai poursuivi est devant moi avec en prime un joli sourire qui creusa une de ses joues pour en faire une fossette des plus troublantes, et qui montra des quenottes blanches et étincelantes aussi bien alignées qu’un escadron de la Wehrmacht et qui ne pouvaient être créées que  pour croquer l’amour. J’étais médusé devant ces yeux verts donnant un éclat à ce teint halé et ce menton fier montrant une personnalité résolue. Toutes ces merveilles de la création sont portées par une tête ronde surmontée d’une tignasse noir ébène, une symphonie parfaite qui m’avait médusée.     

-          ce beau sourire est pour moi ?

-          si personne ne se trouve dans ta voiture, je pense qu’il t’est destiné. C’est une récompense pour toi et pour toute cette gymnastique que tu as faites pour nous rendre si joyeuses, moi et mes copines nous te sommes reconnaissants.

-          Je dois être honnête avec toi, je n’ai nullement pensé à votre joie, mais il y avait dans cette voiture un aimant qui ma guidé sans que je ne pouvais rien faire.

-          Je pourrais savoir quel genre d’aimant ?

-           cet aimant est humain, il se trouve juste en face de moi et en ce moment il continue à m’attirer, si ce n’était ce champ magnétique annihilé  par ton paternelle, je ne sais ce qui pourrait se passer.

-          Si tu veux surpasser ce champ, tu continues à nous suivre encore un peu,  tu m’attends quelques minutes, le temps de me changer et ton aimant serait à  toi pour une  journée complète. Le chauffeur n’est pas mon paternel, c’est un voisin qui connait ma famille.

Elle me tendit la main pour que je la serre, puis elle se pencha pour me gratifier d’un bon bisou tout frais, Tout en murmurant son prénom dans mon oreille. Sa voix douce et son parfum magique avait pénétré mes sens pour créer une potion qui avait dérangé ma partie intime.

-          Katia, pour mon héros intrépide.

-          Salim pour toi.

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre, 53ans Posté(e)
youghortasalem Membre 733 messages
Baby Forumeur‚ 53ans‚
Posté(e)
Le 10/07/2019 à 10:34, youghortasalem a dit :

 

Elle me tendit la main pour que je la serre, puis elle se pencha pour me gratifier d’un bon bisou tout frais, Tout en murmurant son prénom dans mon oreille. Sa voix douce et son parfum magique avait pénétré mes sens pour créer une potion qui avait dérangé ma partie intime.

-          Katia, pour mon héros intrépide.

-          Salim pour toi.

suite:

C’est à Koléa, une petite ville coquète à une cinquantaine de kilomètre d’Alger que  Katia et ses amies sont descendues de la voiture toutes joyeuses en me signalant une reconnaissance par des signes de la main. De loin j’ai pu apercevoir la bâtisse de leurs parents qui ressemblait à toutes les maisons avoisinantes. Par précaution j’avais changé d’endroit pour attendre Katia.

 

Elle ressortit de sa demeure quelques minutes après, vêtue d’une chemise blanche nouée au niveau de sa taille et d’un jeans extensible foncé uniforme, qui moulait ses jambes galbées faisant apparaitre des lignes parfaites. Sa démarche de danseuse laissait entrevoir une femme athlétique, qui s’avançait avec détermination vers moi. Je ne pouvais empêcher mon cœur de battre à la chamade, à chaque pas qu’il la faisait s’approcher de moi.

 

 

-          Tu es belle Katia

-         Merci Salim,  Le champ est à toi maintenant, je voudrais que tu lui présentes la capitale de l’Algérie, mon pays que je ne connais pas.

 

Elle était pleine de vie et cette joie était contagieuse. Nous avions commencé par aller à la plage qui ne se trouvait pas trop loin de Koléa, Palm Beach avec ses sables d’or et sa petite forêt de pins maritime délimitant des kilomètres de ce rivage,  non pour nous baigner, mais seulement pour une visite. Elle était impressionnée et ne croyait pas que les plages en Algérie étaient aussi fréquentées par la gente féminines qui se pavanaient sans complexe en bikini. J’avais loué une table avec un parasol, pour que nous puissions discuter tranquillement autour d’une fraise Melba dans un grande tasse, tout en admirant le paysage avec toute cette foule bigarrée et joyeuse.

-          Tu sais Salim, j’avais des préjugés qui m’avaient presque fait annuler ce premier voyage en Algérie. Il se raconte des choses incroyables de ce pays en France.

-          Je pense que je suis doublement chanceux dans ce cas, cette décision que tu as prise de faire ce voyage et de t’avoir aperçu  à travers un pare-brise.

Elle me sourit et se pencha pour m’embrasser, mais je lui avais fait remarquer que ce genre de chose ne se font pas en plein publique. Elle m’avait paru un peu déçue, mais tout en gardant cette énergie qui dégage la joie.

-          Il ne faut pas s’en faire, Katia, quelques coutumes dans ce pays persistent toujours, mais rien qui ne soit trop important, il faut respecter c’est tout. Moi aussi j’ai une envie folle de t’embrasser, mais nous aurons des regards désapprobateurs et nous serons peut-être remis à l’ordre par des cerbères de la religion qui existent malgré ce semblant de modernisme qui nous entoure.

En effet à ce moment se préparait en Algérie un nouveau ordre islamique qui voulait mettre au pas les citoyens. Après la révolution iranienne l’islamisation du pays a pris certaines dimensions et les responsables de l’état qui ne songeaient qu’à se remplir la panse, fermaient les yeux et laissaient ces énergumènes faire la loi. Ce nouvel acteur dans la scène politique algérienne, serait une pièce maitresse dans leur échiquier et un atout majeur pour leur main mise sur toute la richesse du pays et sa dilapidation à grande échelle.   

Elle me sourit puis me mit une fraise sur mon nez, et tout en rigolant, elle me pria de rester dans cette position pour qu’elle prenne une photo comme souvenir de moi. Je m’exécutais sans rouspéter, jugeant que c’est un moindre service que je lui rendais par rapport à ce refus du baiser. Nous nous sommes mis à marcher  pieds nus, sur le sable, à la limite du rivage, discutant de tout et de rien, riant comme des bébés pour des futilités. Elle avait pris ma main dans la sienne en la serrant, sans que je ne puisse faire le sacrilège de la lui enlever bien que ce geste est presque  aussi mal vu que le baiser.

-          Nous allons changer de cap ma belle Katia.

-          Tu vas me ravir pour m’emmener ou, polisson ?

-          Mais tu lis dans mes pensées ou tu es magicienne ?

-          Non pas dans tes pensées, mais dans une autre partie intime de ton corps qui ne peut mentir.

J’étais un peu confus, semblable à ce bébé pris la main dans le sac. Mais elle me sourit, puis elle accrocha son bras sous le mien pour que nous nous dirigions vers  la  voiture.

-          Le meilleur moyen de t’embrasser dans ce bled est de se cacher.

-           je te propose une forêt.

J’étais tout à fait étonné de sa perspicacité. Je l’ai regardé un instant pour essayer de déceler les caractéristiques de ce genre de fille, mais je n’ai trouvé que beauté et pureté. J’avais su que je commençais à tomber amoureux, car je n’avais jamais senti un sentiment comparable auprès d’aucune autre fille.

-          Je pensais justement à Bouchaoui une forêt qui est juste à coté, entre deux arbres, imperceptibles, je pourrais te prendre entre mes bras.

-          Ou moi entre les miens, répliquât-elle.

C’est-elle qui m’avait prise en premier, tout est nouveau avec elle, elle était l’homme et moi la femme, elle dirigeait tout et j’y trouvais un réel plaisir. Je lui avais laissé le champ libre sans aller trop loin, car je savais que dépasser un certain cap, je ne répondrais plus de mes sens. Elle était une seconde fois déçue, mais il était inconcevable de faire certaine chose dans la nature. 

-          Katia nous allons changer d’endroit

-          Oui mon chou je suis tout à toi.

Au cours de route, je me demandais si le gérant de l’hôtel me laisserait faire entrer une fille dans la chambre et je commençais à réfléchir sur des mensonges à inventer.

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre, 53ans Posté(e)
youghortasalem Membre 733 messages
Baby Forumeur‚ 53ans‚
Posté(e)
Le 15/07/2019 à 11:25, youghortasalem a dit :

 

Au cours de route, je me demandais si le gérant de l’hôtel me laisserait faire entrer une fille dans la chambre et je commençais à réfléchir sur des mensonges à inventer.

suite: 

 

 Mais le meilleur des mensonges pour moi était de dire la vérité, l’hôtelier était  indulgent, il accepta de me laisser introduire une étrangère dans ma chambre. Cette fois-ci c’était moi qui dirigeais les ébats mais elle m’accompagna d’une façon magistrale.

Elle ne pouvait rester avec moi toute la journée, car c’était compliqué pour elle. Bien qu’elle soit une fille libre, elle devait rejoindre Koléa avant la tombée de la nuit, car l’implication d’une absence prolongée serait une création de médisances qui tomberaient sur sa tête et sur ses parents qui seraient taxés d’indignes. Par conséquent  ses vacances seraient gâchés mais le plus dur pour elle est de ne plus me revoir, car ça serait peut-être le retour en France. 

-          Et moi je voudrais encore rester en Algérie à cause de  toi.

En guise de réponse je l’avais bien serré entre mes bras en lui murmurant des mots doux, elle me gratifia alors d’un bon baiser. Nous sommes sortis tous les deux ravis, insouciants du regard du gérant qui nous avait suivi jusqu’à la porte de sortie. Mais je suis revenu sur mes pas, pour le remercier. J’avais senti qu’il était content lui aussi, il prétendait qu’il avait enfin revu un amour sincère.

-          Salim  tu peux ramener cette fille, car je sais très bien que vous vous aimez. Ne la laisse pas tomber, car l’amour est un trésor caché que peu de gens trouvent.

Merci Amou Ahmed, je n’oublierais jamais ce que tu viens de faire pour moi.

Katia était devant la porte de mon tacot à m’attendre, son sourire éternel me ravissait.

-          Entre dans cette boite à sardine, nous allons prendre un thé tous les deux, puis je te ramène chez toi.

Les cafés en Algérie pour la totalité étaient fréquentés que par des hommes, mais aujourd’hui tu peux retrouver  beaucoup de salon de thé mixtes et c’est l’un de ces salons que j’ai choisi pour Katia. Elle avait préféré un thé avec des gâteaux secs, quant à moi j’ai pris un thé avec des arachides.

-          C’est pour reprendre ce que j’ai perdu d’énergie, il parait que les arachides et les amandes sont aphrodisiaques.

Elle ne s’attendait pas à cette réplique, ce qui l’avait mise dans un état hilarant. En retrouvant son sérieux elle m’annonça qu’elle allait partir en grande Kabylie chez ses grands parents pour une durée d’une semaine. J’étais un peu heurté mais je ne voulais pas qu’elle s’en aperçoive.

-          Je te donne rendez-vous le Dimanche à Koléa, à 14h00mn,  je t’attendrais si tu es en retard. Le visage peut mentir, mais les yeux non, car je sais lire dans tes yeux Farid. Je sais que tu es déçu, mais je ne peux que suivre mes parents, je ne suis pas chez moi.

-          Et si tu faisais le contraire, je pense que mes sentiments ne seraient plus pareils envers toi. Ici les parents sont sacrés, bien que je ne sois pas porté vers la religion, certains sentiments me paraissent innées dans le conscient de l’être humain, Et l’amour des parents en est un.

En me regardant droit dans les yeux, elle me prononça son amour naissant envers moi.

-          Et moi je suis sur que ce sentiment inné dont tu parles, grandit de seconde en seconde dans mon cœur et j’ai peur qu’il me projette vers l’inconnu.

J’ai su alors que c’est une fille de caractère, honnête qui sait faire la part des choses, en restant  lucide dans ses sentiments et ses choix. Je ne voulais pas lui demander des explications sur cet inconnu, car j’appréhendais des déceptions, je voulais au moins profiter de ces moments agréables avec cette fille plaisante et agréable. L’appréhension d’une discussion qui allait s’embourber dans des réflexions trop sérieuses m’avait fait peur ce qui m’a contraint à changer de sujet. Mis à part nos deux prénoms, je suis pour elle un parfait inconnu et elle aussi. Je ne voulais rien savoir, elle me plaisait un point c’est tout. Ce gout de mystère que nous avons entretenu n’était que des plus agréables, je me remémorais la rencontre de Saint Exupéry  avec le renard et ce mot d’apprivoiser. Elle m’avait apprivoisé parmi tant d’homme et moi aussi, elle était non une fille, mais la fille.

-          Je voudrais te suivre en Kabylie.

-          Salim, tu dois consulter un mécanicien, car un boulon te manque dans la tête. tout étranger qui s’infiltre dans un village Kabyle est immédiatement détecté, il serait suivi en catimini, ou carrément cuisiné pour  obtention des informations à son sujet et au sujet de sa présence dans le village. Ton cas serait alors débattu dans la djamaa (l’assemblée du village) et une loi serait alors concoctée juste pour mon cher Salim. Et tu sais que j’ai toujours besoin de toi.

-          Je connais oui, mais je n’ai pas peur pour moi, par contre je ne voudrais pas que tu subisses des problèmes dans ton village. Mais tu pourrais me présenter à tes parents de Kabylie.

Je disais ça pour rire et c’est justement ce qui s’est passé avec Katia, son rire était si tapageur que nous étions elle et moi devenus deux cibles pour une multitude de mirettes qui nous scrutaient. Je n’avais pas pu retenir moi aussi ma jubilation et c’est sans aucun complexe que je l’avais suivi dans son hilarité. L’étonnement de ces personnes, surprises par une action peu anodine,  avait laissé place à un enchantement qui avait déridé un comportement de masse un peu trop austère auparavant et toute la salle se remplit soudainement d’une cascade d’esclaffe.

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre, 53ans Posté(e)
youghortasalem Membre 733 messages
Baby Forumeur‚ 53ans‚
Posté(e)
Il y a 23 heures, youghortasalem a dit :

 

Je disais ça pour rire et c’est justement ce qui s’est passé avec Katia, son rire était si tapageur que nous étions elle et moi devenus deux cibles pour une multitude de mirettes qui nous scrutaient. Je n’avais pas pu retenir moi aussi ma jubilation et c’est sans aucun complexe que je l’avais suivi dans son hilarité. L’étonnement de ces personnes, surprises par une action peu anodine,  avait laissé place à un enchantement qui avait déridé un comportement de masse un peu trop austère auparavant et toute la salle se remplit soudainement d’une cascade d’esclaffe.

suite:

Pourtant en revenant à Koléa, dans cette voiture qui imperturbablement avalant kilomètres sur kilomètre, un sentiment étrange avait balayé en quelques moments l’enchantement des moments passés et le substitua par un silence tacite qui avait fait de nos esprits des introvertis, réfléchissant chacun de son coté, sans oser transmettre la moindre réflexion. J’avais des présomptions quant à une suite heureuse de nos relations, je ne pouvais imaginer qu’une fille aussi intelligente s’encombrerait d’un algérien qui ne pourrait lui offrir que ce qu’il possède, une vie dans un pays largement en deçà de ce que pourrait lui offrir la France et en bute à de nouveaux prophètes qui se définissent comme notre conscience collective. Toutes ces questions se déversaient pêle-mêle dans mon cerveau et n’ont trouvé qu’une seule réponse, Katia ne peut-être mienne. Et ce mutisme de sa part n’avait fait que renforcer mes pressentiments. Mon  silence était trop lourd pour moi, et le sien l’était encore plus, mais je restais stoïque, une réplique négative serait pour moi terrible. Je lui jetais des regards furtifs sans qu’elle ne s’en aperçoive, son visage semblait rêveur et grave en même temps.

-          A dimanche alors Salim.

Elle s’éloigna de moi, après m’avoir imprimé sur ma joue une sensation douce et agréable par un bisou qui me paraissait tiède, tout en remettant une lettre.

-          Salim, ne l’ouvres pas maintenant s’il te plait.

Un corps de déesse se défilait en s’éloignant de mes yeux. Paraissant athlétique, mais moins énergique qu’au début de notre rencontre, Je le voyais s’écarter, ses épaules bien gracieuses droites  et ses hanches formant une belle courbure avec ses fesses arrondies mises en valeur par son jeans, la seule fille que je commençais à aimer. Mon regard l’avait suivi jusqu’à ce qu’elle devienne un point minuscule, pour ensuite disparaitre complètement comme un spectre  de mon champ de vision.

Je suis resté encore quelques instants à attendre un hypothétique retour pour que je l’entraine avec moi vers l’inconnu, mais point de Katia à l’horizon. Ces quelques moments à attendre m’avaient parus une éternité et toute cette aventure, subitement est devenue pour moi un passé lointain. Une lassitude avait envahi tout mon corps, rien n’existait devant moi, j’étais absent, inconsciemment j’avais appuyé sur le champignon de la Renault quatre pour me diriger directement vers l’hôtel, je conduisais machinalement pour rejoindre mon coin de repos. Comme un esprit qui s’engouffrait dans mes sens, l’émanation du  parfum agréable de Katia provenant du siège avait ramené cette fille tout près de moi. Elle se pencha vers moi et moi vers elle,  j’allais la prendre entre mes bras, mais elle disparut et c’est une lettre sur le siège voisin qui l’avait remplacée.

-          Qu’est-ce qui te prend tu veux mourir ?

Un homme joufflu vociférait à travers ma vitre, je le regardais sans que je ne l’aperçoive.  Cette lettre devant moi avait accaparé tout mon esprit, je la regardais une seconde fois alors que l’homme toujours en colère bougeait et criait comme un forcené.

-          Et alors, tu sors ou bien je fracasse la porte !

Je l’avais maintenant bien dévisagé, une figure rouge, des joues pendantes qui dansaient au son du Dum dum,  la colère était maitre de ses émotions, il n’arrêtait pas de trembler, tout son corps tremblait. Ses yeux ne demandaient qu’à sortir de leurs orbites pour sauter sur moi, Il hurlait tout en m’insultant et jetait sur ma personne des insanités sans que ses paroles ne fassent aucun effet sur moi. J’étais en dehors de ma sphère habituelle et de mon environnement habituel, mon esprit  ne m’appartenait plus.  Il est passé ensuite au stade des insultes, quand je commençais à me rendre compte de la situation.

-          Qu’est-ce qui se passe ?

Une phrase que j’avais jetée, non au personnage qui me paraissait irréel, mais elle était destinée à moi-même, je voulais savoir si réellement j’existais  ou si j’étais autre chose que moi-même. En voulant sortir de la voiture, le joufflu qui me dépassait d’une tête et qui était d’un poids super lourd alors que j’étais plutôt léger, s’était mis en travers de mon passage et en accompagnant mon geste, il ouvrit violemment la portière de la voiture pour  sauter sur moi voulant me tuer. Il commença à me tabasser méthodiquement  sans que je ne puisse me défendre. Je ne voyais que l’image de Katia dans mon conscient. Elle paraissait étonner de cette scène sans qu’elle ne s’en émeuve. J’étais secouru par quelques passagers qui ont vite fait de sauter sur le mastodonte pour me soustraire de cette masse de chair puante. J’étais enfin sauvé de son agression physique mais non verbale, il continuait à m’insulter. Quand j’avais entendu le mot de ma mère traîner dans la boue, j’ai sauté sur lui comme un forcené, j’étais devenu aussi sauvage que lui, mais un coup de pied dans ma partie la plus délicate me coupa le souffle pendant quelques secondes qui semblaient être  une éternité. La rage provenant de cet affront, me donna un surplus d’énergie, je me suis relevé et c’est alors que je me suis souvenu que j’avais fait un peu de boxe je m’étais mis en en garde pour commencer à tourner autour de lui, cherchant un point sensible pour lui y mettre mon poing. Je dansais autour de lui, toute en me remémorant Mohamed Ali, j’essayais  de l’imiter en envoyant quelques piqures de guêpes comme disait le boxeur. Les gens sans cacher leur hilarité, se sont encore une fois organisés pour nous séparer. J’avais vraiment l’air d’une guêpe devant un éléphant. Mais je ne sais comment un énorme poing s’est écrasé sur ma figure qui m’apaisa une bonne fois pour toute. En me réveillant j’avais l’impression de me trouver dans la casse de la porte d’Italie, ma voiture n’avait plus de pare choc arrière et celle du bulldozer toute sa partie avant, y compris le moteur était parterre. Je ne comprenais rien quand le bulldog joufflu est venu une nouvelle fois me demander de payer les dégâts de sa voiture. Je l’avais ignoré pour pénétrer dans ma voiture et en ressortir avec des formulaires pour les remplir. Il s’est mis en colère une nouvelle-fois, il voulait m’attraper par le collet, mais cette fois-ci j’avais eu le temps de lui donner un bon coup de tête au niveau de son nez, ce qui l’avait un peu étourdit, les policiers qui étaient présents cette fois-ci sont tout de suite intervenus pour calmer la situation.

 

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre, 53ans Posté(e)
youghortasalem Membre 733 messages
Baby Forumeur‚ 53ans‚
Posté(e)
Il y a 18 heures, youghortasalem a dit :

suite: Il s’est mis en colère une nouvelle-fois, il voulait m’attraper par le collet, mais cette fois-ci j’avais eu le temps de lui donner un bon coup de tête au niveau de son nez, ce qui l’avait un peu étourdit, les policiers qui étaient présents cette fois-ci sont tout de suite intervenus pour calmer la situation.

 

suite:

Deux charognards (les services de dépannage ainsi appelés) qui n’attendaient qu’une occasion pareille se sont manifestés comme par enchantement, on aurait di qu’ils sont sortis des tréfonds de la route. Instinctivement j’avais pris la lettre pour la mettre dans ma poche et m’installer sur le siège à côté du charognard, ce dernier n’arrêtait pas de parler, ne me laissant aucun intermède pour que je place un traitre mot, ce qui me convenait car je n’en n’avais pas la moindre intention et mon cerveau ne m’appartenait plus.

J’étais enfin arrivé à bon port, je sortais de la caisse du charognard tout en  payant une somme incroyable pour un simple dépannage, tout en plaçant la voiture au parking de l’hôtel.  La solitude de la chambre n’avait jamais été aussi pressante, mais  l’odeur du parfum de Katia y était omniprésent, et ce rire joyeux avait laissé son écho qui ne cessait de me caressait le tympan. On aurait dit que les ondes sonores sont restées imprégnées dans la double cloison de la chambre pour se réitérer indéfiniment.  Je la voyais maintenant là, assise sur le canapé, son fantôme  était si parfait que j’ai décidé de m’approcher pour la prendre entre mes bras, mais elle avait subitement disparu, ces ondes persistaient à me tourmenter, et son image avait refait surface puis disparue une nouvelle fois. Je sentais à présent des douleurs partout dans mon corps et je me suis souvenu que je n’ai pas pris une douche et que les coups de ce bulldog se sont réveillés. Mes souffrances physiques se sont quelque peu apaisées  par ces caresses de cette eau tiède salutaire.

Katia était revenue pour dormir près de moi et  son corps cette fois-ci se colla au mien pour un plaisir des plus exquis. En me  réveillant je me suis demandé, si je l’avais réellement connu ou si ce n’était qu’une illusion, l’oreiller qui était entre mes bras, avait prit la place de Katia. Peut-être que nous sommes effectivement non une matière mais une illusion, mais ce qui est certain, mon absence  à la réunion de chantier, avec le premier responsable de la ville d’Alger était une réalité et j’allais justement à la subdivision pour m’enquérir des ses conséquences.

-          Je suis sur que  le cerveau qui se trouve entre tes jambes est la cause de ton éviction de ton travail. Mais, Salim je ne suis pas tellement en colère, bien que moi aussi j’ai subi les foudres du wali qui m’a muté au sud à cause de ton histoire.

Le subdivisionnaire en homme pieux avait invoqué la providence, il n’était pas du tout affecté par cette histoire, ni par sa mutation, causée par ma folie, à 1500 km au sud d’Alger, où le thermomètre touchait les 50 degrés à l’ombre en été, mais  j’avais une idée de rechange.

-          Je peux te demander une chose Omar ?

-          Oui allez- y Salim, au point où j’en suis tu peux tout dire.

Je savais que c’était un homme honnête et que la corruption n’avait jamais effleurée son cerveau. Je me demandais par conséquent en tant  qu’homme marié avec deux enfants, comment peut-il encore subsister. Connaissant un système compact qui travaille en mode secret, formant ainsi une mafia qui gère non le développement du pays mais uniquement leurs ventres et bas ventres.

-          Avec une paie de fonctionnaire, dix années que tu es à la tête de cette subdivision, père de famille, tu vis toujours avec tes parents, tu ne possèdes même pas un moyen pour tes déplacement sur chantier, même pas une bicyclette, bien que tu sois bardé de diplômes, je me demande  comment tu fais pour réunir les deux bouts.

C’est la réponse de tout musulman qui se respecte que  j’ai reçue. Une réplique des plus fatalistes qui je pense est une parmi les causes majeures de notre sous-développement.

-          (Al hamdou li allah, kadara allah ma chaa faale.) je rends grâce à Dieu, Dieu a écrit ce qu’il a voulu. 

-          Tu comptes rester longtemps à prendre un espace dans  l’appartement de tes parents, faire des enfants pour boucher les vides d’une surface de quatre vingt mètres carré ou moins, ne crois-tu pas que c’est un crime que de ne pas réagir à ta situation, toi qui es, je le sais intelligent ?

-          D’accord que proposes-tu ?

Il avait deviné que j’avais une idée derrière la tête et il attendait ma réaction. En réalité mon idée trottait dans la tête, dés que j’ai commencé à travailler dans cette subdivision en constatant des entrepreneurs illettrés qui étaient à la tête d’entreprises de grandes envergures. Je leur procurais mes services comme établissement des quantitatifs, des attachements, des situations pour paiement, des P.V de chantier, des plans … etc. je me disais pourquoi pas moi ? Le subdivisionnaire m’avait coupé la parole pour réagir.

-          Ces parvenus dont tu parles, sont issus des régions de l’intérieur du pays,  ils ne connaissent que le métier de la corruption. Ils ont vendu leur terre du bled pour venir à Alger vendre leurs honneurs en soudoyant des fonctionnaires comme moi afin de leur octroyer des marchés en bâtiment. Ils ont alors une protection des hauts responsables.

-          Soudoyer des fonctionnaires et tu marches dans leur combine ?

Je savais qu’il ne le faisait pas, mais j’avais besoin de connaitre sa réponse, pour mon argumentation.

-          Jamais de la vie et je ne le ferais jamais.

-          Dans ce cas, tu ne tiendras pas longtemps dans ce poste. Tu serais un grain qui coincerait le moteur huilé des corrompus de notre cher pays. Tu as vu ce wali d’Alger, un autre parvenu qui t’a muté au fin fond du désert alors que c’est moi seul qui devait répondre de mes actes. Tu crois qu’il l’avait fait à cause de moi ? non Omar, c’est justement parce que tu es honnête et l’honnête avec le mal honnête ne feraient jamais bon ménage,  Nous sommes dans une jungle ou le plus faible ne peut survivre. Si tu ajoutes à cette faiblesse l’argumentaire du religieux, tu deviendrais alors un mendiant, tu ferais mieux alors de rejoindre ces soufis dans une de leurs grottes.

Il connaissait très bien le système et il savait que tôt ou tard, il serait dans l’obligation de signer une situation de paiement ou des avances forfaitaires ou approvisionnement ou tout simplement des ordres de service illégaux ou autres faux documents et qu’il serait lui seul responsable car la dernière dent du moteur. Dans le cas contraire, il serait jeté à la rue comme un vulgaire voyou. Il resta alors silencieux, et pensif, il avait maintes fois pensé à sa situation sans oser prendre ses responsabilités d’homme honnête. Continuant sur ma lancée, j’avais décidé de proposer mon plan.

-          Ils ont de l’argent, ces parvenus, nous, nous avons des idées. Je sais que les marchés des projets sont proposés aux corrompus. Nous allons alors commencer par des lettres de  recommandations, des travaux qui ne demandent pas un marché et dont la valeur ne dépasse pas trois millions de dinars, et ne peuvent-être réalisés que par des gens compétents et très dynamiques, car ils demandent la rapidité et une très bonne organisation de chantier.

Le subdivisionnaire m’avait interrompu pour me faire savoir que ces travaux ne sont connus que par des agents de la wilaya et ne sont point inscrits dans le journal officiel et ne font pas l’objet d’un avis d’appel d’offre, des travaux de cas de force majeur. Je savais qu’il allait me signaler ce fait et j’avais préparé à l’avance ma réplique.

-          Je pense que demander à un ami de la wilaya des informations sur ces travaux, n’est pas illicite dans la religion, n’est-ce pas ? et je sais que tu en as beaucoup dans cet antre de la corruption.

-          Non ce n’est pas illicite.

J’étais content qu’il me réponde positivement sur cette question, car tout est basé sur cette réponse.

-          Dans ce cas je vais rentrer maintenant dans le vif du sujet. Je te propose que tu sois le chasseur de ces lettres de recommandation et moi l’exécuteur du projet. Nous allons travailler dans les normes, avec un établissement d’un registre de commerce en bonne et due forme et je te laisse le soin pour cette tâche.

-          Le registre doit-être en ton nom car je ne pourrais pas être le chasseur de poules, si je dois me trimballer avec le fusil dans le poulailler.

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre, 53ans Posté(e)
youghortasalem Membre 733 messages
Baby Forumeur‚ 53ans‚
Posté(e)
Le 18/07/2019 à 09:56, youghortasalem a dit :

 

-          Le registre doit-être en ton nom car je ne pourrais pas être le chasseur de poules, si je dois me trimballer avec le fusil dans le poulailler.

suite:

Sa réplique était des plus logiques, j’ai alors consenti à être le détenteur du registre du commerce, bien que je haïsse la bureaucratie.

En une journée, j’avais remis les papiers pour l’obtention du registre de commerce et je devais le retirer Dimanche, journée où je devais attendre à 14h00 ma bien aimée Katia.

 Le registre en main, je me dirigeais enfin vers Koléa. Mes pressentiments étaient négatives, je ne croyais pas réellement qu’elle viendrait au rendez-vous, mais je devais me rendre compte par moi-même, pour en avoir le cœur net.

J’étais en avance d’une demi-heure et déjà je sentais mon cœur se serrer. Toute minute qui s’égrenait me paraissait une éternité. Pourtant je voulais que le temps s’arrête pour ne pas voir la  défection de Katia ou qu’il passe à une vitesse supérieure pour qu’elle apparaisse ou non devant moi, un dilemme tyrannique se jouait de moi tout en se délectant de ma souffrance. L’heure fatidique est désormais inscrite sur mon cadran, point de Katia pour l’instant. Je me laissais mystifier par des excuses inventées par une conscience indulgente voulant à tout prix cette présence, La circulation est très pernicieuse et les bouchons sont trop fréquents en Algérie, ou un empêchement de dernière minute. Mais de loin, je voyais un point noir qui s’approcher de moi, je sentais mes jambes fléchir et une sueur froide qui glaça mon échine. C’est elle, elle ne peut-être qu’elle, car Je voulais qu’elle soit Katia, cette démarche bien qu’elle soit moins  gracieuse, ne doit pas m’abuser. Les ondes de mon  encéphalogramme  augmentées à mesure qu’elle avançait vers moi, mais l’évidence avait fait rechuter ces ondes de mon cœur pour qu’ils reviennent à leurs battements habituels. Bien que j’ai su  qu’elle ne viendrait pas, je suis resté  jusqu’à trois heure à l’attendre pour repartir désabuser, tout en me remémorant la dernière journée de notre rencontre qui m’avait fait rappelait la lettre que j’avais oubliée. Je l’avais mise dans ma poche arrière du pantalon, c’était la photo prise à la plage qui me représentait comme un clown, pour elle je n’étais qu’un simple clown qui l’égayait, pas plus.

J’essayais de penser à ma prochaine situation, pour oublier cette déception, mais je savais que ça va être difficile, car je sentais que tout est devenu pour moi sans intérêt.  Pourtant je voulais réussir car il me reste cette hargne qui me propulse de l’avant.   La route était libre et j’accélérais comme un fou, je me défoulais sur l’accélérateur, comme si je voulais écraser cet échec et ne plus penser à lui. J’ai souvent attendu des filles qui ne sont pas venues à des rendez-vous, mais aucune ne m’avait fait un tel effet. Une journée plus triste encore que le moment de nos adieux mais j’avais résolu de l’oublier et de m’atteler à mon prochain projet.

-          Le registre de commerce est entre nos mains, nous pouvons dés à présent commencé à nouer des contacts dans la wilaya.

Le subdivisionnaire avait décelé un chagrin dans mes yeux, il me demanda si ce n’était pas une fille qui était passé par mon chemin et que j’avais raté.

-          Oui c’est une fille et quelle fille.

J’avais besoin de me confier à un ami et ce n’était que normale que je me confie à mon futur associé. Je lui avais raconté l’histoire de la réunion et de la course poursuite, qui l’avait fait rire, et enfin de cette défection qui m’avait valu cette tristesse.

-          Il n’y a pas meilleur que le travail pour te faire oublier cette histoire et dés maintenant je   vais commencer par visiter mon meilleur ami de la wilaya.

Le lendemain il avait ramené trois lettres de procuration pour choisir une parmi elles, nous avions droit à deux par ans. Des travaux faciles qui ne demandaient pas un investissement de notre part, car il était question de ramener des terres arables pour les transporter dans des endroits bien déterminés. Un des entrepreneurs que nous connaissions avait bien voulu nous emprunter les retro-chargeurs et les camions avec les chauffeurs comme location,  Il nous avait fait savoir que vu que nous venions de commencer, il nous faisait cadeau de toute la location de ces engins. Quant aux travailleurs, ils sont payés au mois, ce qui faisait que le bénéfice était brut, car l’investissement était presque nul, nous devions payer uniquement quelques  manœuvres pour l’étalement de  la terre et la plantation des arbres et des plantes, ainsi que la pose du gazon prêt à l’emploi, un début des plus exceptionnels. Le délai de réalisation fut très court, quatre jours de travail et le PV de réception établit avec les agents de la wilaya fut sans aucune réserve, c'est-à-dire que le payement se ferait sans aucun problème, un mois après ce PV de réception des travaux.

Je craignais de ne point pouvoir oublier Katia, je la voyais à chaque coin de rue, dans mes rêves et dans nos assemblées techniques. Avant ce n’était que me mère mais maintenant, Katia a dérobé une partie de moi-même que je devais récupérer. Je me suis promis de la revoir pour lui rendre la photo de ce  clown que j’ai collée en face de mon lit dans la chambre d’hôtel, c’était le seul lien qui restait entre nous deux. Un mois déjà écoulée sans que je ne reçoive aucune nouvelle de mon spectre qui n’en n’est pas un, puisque la photo du clown disait le contraire. Je ne sais si c’est l’amour ou mon égo qui a reçu un coup pour avoir été dupé par une fille, mais la conséquence est que je ne suis désormais plus le même. Je suis devenu plus triste et je n’ai plus jamais tenté de séduire une fille, toute cette hargne et cette joie que j’avais, étaient consumés dans mon travail qui était ma seule décompression. 

-          Salim, je sais que tu penses toujours à elle, essaies de l’oublier, tu as complètement changé et vraiment ça me fait de la peine de te voir ainsi. Tu es devenu pour moi un ami et je souffre de te voir ainsi, toi qui était le plus dynamique et le plus joyeux de la subdivision. Si tu veux je te présente ma sœur qui est très belle, bien sur dans le but d’en faire une épouse si tu es d’accord, et je suis sur qu’elle te rendrait heureux.

Cette boutade de mon ami m’avait tellement touché que je me suis mis à pleurer comme un bambin. Aucun algérien ne pourrait prononcer ces mots, proposer sa sœur à un homme c’est s’abaisser, nos us sont trop austères  concernant la femme. Pourtant mon ami avait franchi ce cap, il avait cassé ce tabou pour son amour  pour moi qui dépassait celui de son  frère. Je l’avais remercié tout en déclinant gentiment son offre.

Nous avons décidé moi et Omar de laisser la somme de trois millions de dinars de notre première situation en banque, déduisant uniquement un salaire mensuel pour chacun de nous deux et le salaire des manœuvres qui  ont réalisé notre projet. Omar était très content, il m’avait invité chez lui pour un diner, alors que cette manne financière n’avait fait sur moi aucun effet. Mon cerveau ne m’appartenait plus, Katia me l’avait substitué par un autre différent,  mais j’ai décidé de jouer le jeu du personnage heureux d’avoir récolté une belle moisson. Le diner était excellent et la femme de  Omar était très charmante, j’avais réussi à dissimuler ma tristesse en racontant certaines anecdotes plaisantes et mon hôte n’avait vu que du feu. La sœur d’Omar était présente et bien qu’elle fut belle, elle était pour moi qu’une simple fille parmi tant d’autres.

Ce diner avait un tant soit peu, atténué ma tristesse et c’est toujours dans un climat sombre que je retrouve ma chambre d’hôtel. Le clown en face de moi me nargue, semblant me ridiculiser avec ses pitreries, s’amusant de ma détresse et de ma candeur.

Le café maure était le seul lieu de rencontre au 17ème siècle, en Algérie. Tout le monde se réunit dans ces endroits pour fumer, jouer, se raser et traiter des affaires. Ces endroits jouaient le rôle, d’hôtels, de salon de coiffure et de café, et pendant le jeûne du Ramadan, ils deviennent de véritable salle de spectacle où les chants et danses fusaient de partout. Aujourd’hui il n’est que café mais le brouhaha de toutes ses fonctions réunies est resté présent jusqu’à aujourd’hui, dans ces salles. J’avais pris rendez-vous avec Omar dans un de ces cafés, pour discuter du second projet, mais en quelques minutes chacun de nous deux avait pris son café pour  déguerpir rejoindre l’air libre, nous avions décidé que dorénavant nous devrions louer un petit bureau, car les rencontres dans un café seraient plus tard impossible.

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Annonces
Maintenant

Archivé

Ce sujet est désormais archivé et ne peut plus recevoir de nouvelles réponses.


×