Aller au contenu

Lettres à Samuel

Noter ce sujet


aliochaverkiev

Messages recommandés

Membre, Le prendre au sérieux, nuit gravement à la santé, Posté(e)
azad2B Membre 5 932 messages
Le prendre au sérieux, nuit gravement à la santé,
Posté(e)

Mon cher Samuel.

Tu va finir par devenir une vedette. On va même finir par croire que t’existe vraiment et si que ça se trouve p’ tes ben que tout comme ces héros imaginaires de romans on trouvera des Ecoles où que t’auras tété, des maisons qui qu’ont zétés les tiennes et où qu’ t’as jamais mis les pieds, des cachots où qu’on t’as jamais enfermés. Tu s’ras à la fois des Pauls, des Virginies, des Edmont Dantés, des Roméos et des Juliette à toi tout seul.

La seule chose que même que c’est dommage, c’est que jamais tu ne seras comme l’ Emile de Jeannot Jacquot le Rouquin (j’sais pas son vrai nom à ce gus), car t’auras pas eu la chance d’avoir un bon prof comme qu’il était lui là. C’est lui qui m’a éduqué, alors j’sais de quoi qu’ je te cause.

Allez je t’en serre cinq en espérant que tu t’ en sortiras quand même. Et tu sais quoi ? ce s’rais bien si que tu répondrais à ton prof pour l’envoyer sur les roses. Le fouet à cinq queues que les Aristos de Nicolas deux, qu’aimait qu’on l’appelasse Nicolaï Alexandrovitch Romanov, aimaient tant est maintenant interdit par l’ ONU et tu risques plus rien. On s’est débarrassé de lui et de toute sa racaille de famille et les ceusses qu’on pu se faire la malle à l’époque sont tous devenus chauffeurs de taxi à Paris. Même qu’à l’époque y servaient de chauffeurs aux Julots qu’allaient relever les compteurs entre la rue de Lap et le Boulevard Richard Lenoir. Même pas d’orgueil ces minables.Y te ferons pas de mal.

A bientôt.

Modifié par azad2B
Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Annonces
Maintenant
Membre, Posté(e)
aliochaverkiev Membre 1 978 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)

Lettre 32

27 août 2018

Samuel,

Jésus naquit en Palestine probablement sous le règne d’Hérode le Grand vers 5/6 avant l’E.C. Il mourut à Jérusalem vers l’année 30 après l’E.C.

Il commença à prêcher 1 ou 2 ans avant sa mort.

Il est important de resituer son prêche dans le contexte social de l’époque.

Le pays commence à connaitre une certaine désorganisation administrative après la mort d’Hérode. La situation économique se dégrade, des couches entières de la population se paupérisent pendant que les notables, les Sadducéens et les Pharisiens étendent leurs pouvoirs. La présence des Romains est perçue comme une occupation étrangère illégitime et insupportable. Du sein de ce malaise social se lèvent des prédicateurs plus ou moins sincères qui annoncent la venue prochaine d’un libérateur, le Messie, et la fin des temps. Celle-ci précédera l’apparition d’un nouveau royaume, le Royaume de Dieu, l’expulsion des païens (les Romains) et la restauration d’une vie collective tournée vers le service de Dieu.

Jésus qui est un simple charpentier entre activement dans le mouvement social en fréquentant les Baptistes, mouvance influencée par les Esséniens, animée par Jean le Baptiste. Ce dernier prêche le repentir et la conversion. Il pratique le baptême rituel qui consiste à entrer dans l’eau du Jourdain pour se purifier de ses péchés. (Ce rituel sera repris plus tard par les chrétiens qui le compléteront par l’imposition des mains censée faire venir sur le baptisé l’Esprit-Saint, c’est-à-dire l’esprit de Dieu).

Il faut bien comprendre le sens du péché chez les Hébreux. Tous les maux qu’ils subissent, désorganisation sociale, violences diverses, famines, égoïsme des riches, maladies, etc. sont la conséquence pour eux de leur inconduite : ils sont sortis du droit chemin tracé par Dieu, ce qui les précipite dans le chaos. Aussi faut-il prier Dieu pour obtenir son pardon (repentir) et revenir à des pratiques qui l’agréent (conversion).

Mais Jean préconise l’ascétisme et le retrait du monde, choix qui ne sied pas à Jésus : lui veut réformer réellement la société israélite.

Il dispose d’une forte autorité naturelle, il a un charisme étonnant. Quand il parle tous l’écoutent, tous sont subjugués par sa force de conviction, par sa foi. Ce charisme lui permettra de redonner confiance au peuple. Partout où il passera, il réveillera les foules, il accomplira des miracles c’est-à-dire qu’il conduira les gens à se surpasser et à surmonter leurs malheurs.

Son discours s’adresse d’abord aux déshérités et aux personnes de bonne foi : « Heureux les pauvres, heureux les persécutés, heureux les affligés, heureux les affamés, heureux les miséricordieux, heureux les cœurs purs, car la royaume de Dieu est à eux ».
 

Comme il annonce la venue du Royaume de Dieu certains voient en lui le Messie attendu. Mais quand il est interrogé : es-tu le Messie, il ne répond pas ou il répond de manière énigmatique : c’est toi qui le dis. Jésus sait que l’imaginaire de la foule voit le Messie comme un guerrier qui délivrera par le glaive le pays. Or Jésus n’annonce pas cette guerre-là. Il annonce une guerre spirituelle, il veut une conversion des esprits, c’est cette conversion qui, pour lui, instituera le royaume de Dieu.

Ce discours qui utilise l’anaphore : heureux, heureux, heureux...est appelé le sermon des Béatitudes. Il est fondamental. Jésus appelle à respecter tous les hommes, qu’ils soient pauvres, riches, affamés, rassasiés, souffrants, etc. C’est un appel à aimer d’un amour égal toutes les femmes et tous les hommes. Il s’agit-là d’une révolution morale. Il complète la Loi en instituant un onzième commandement : « Tu aimeras ton prochain comme toi- même ». Il dit : je ne viens pas abolir la Loi (il reste juif), je viens l’accomplir, je viens l’achever par l’institution de ce onzième commandement.

Jésus va aller plus loin encore. Lorsqu’il sera conduit à rencontrer les ennemis des Judéens, les Samaritains ou les Romains, lorsque ceux-ci seront de bonne foi et des gens de bien, alors il leur donnera son amour et sa reconnaissance en disant « Eux aussi accéderont au royaume de Dieu". Il casse la barrière de la religion et de l’appartenance tribale, il adresse son message à tous les hommes de bonne volonté. Cela aussi c’est une avancée capitale. Il étend l’alliance de Dieu conclue avec les Hébreux à tous les hommes de bonne volonté.

Je continuerai de t’expliquer l’enseignement de Jésus dans de prochaines lettres et je te raconterai son cruel destin.

Je pense à toi,

Je t’aime

 

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre, Posté(e)
aliochaverkiev Membre 1 978 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)

Lettre 33

2 septembre 2018

Samuel,

Jésus va continuer sa prédication avec pour intention d'instaurer de nouveaux rapports entre les hommes.

Ainsi va-t-il réviser la loi du talion : « Oeil pour oeil, dent pour dent » en la remplaçant par cette autre loi : « Quelqu’un te donne-t-il un soufflet sur la joue droite, tends-lui la joue gauche ».

Il recommande d'aimer son ennemi car quel mérite y a-t-il à aimer ses amis ?

Il bannit le jugement moral en citant la parabole de la paille et de la poutre : « Comment peux-tu reprocher à l'autre d'avoir une paille dans l'oeil alors que tu ne vois même pas la poutre qui est dans le tien ? ». (La parabole est une figure de style, ou figure de rhétorique – rhétorique : art de bien parler- qui consiste à illustrer un enseignement avec une petite histoire construite à partir d'éléments de la vie quotidienne).

Il dénonce la tradition de la répudiation des femmes par leurs époux pour des motifs de confort en affirmant la stricte égalité homme-femme dans le mariage. Quand les Pharisiens, les gardiens de la Loi lui font remarquer que Moïse lui-même a permis la répudiation, il leur répond : Moïse connaissait votre coeur noir et il vous a cédé sur ce point (façon de prendre ses distances avec l’autorité de Moïse, ce qui exaspéra les Pharisiens).

Il appelle à la générosité : remettez les dettes de votre débiteur s'il est ruiné, donnez à qui vous demande, prêtez à qui vous sollicite, rétribuez d'un salaire égal l’ouvrier arrivé à la dernière heure sur le chantier et l’ouvrier arrivé à la première heure.

Il appelle à la discrétion : priez et faites l’aumône dans le secret de votre cœur au lieu d'en faire un motif de parade sociale.

Il préconise le détachement : ne servez pas l'argent mais au contraire partagez vos biens, abandonnez-vous à la Providence et ne vous souciez pas du lendemain (à chaque jour suffit sa peine), pratiquez la continence volontaire (continence : abstention des plaisirs charnels).

Il demande le don de soi : servez la justice, sauvez votre vie en la donnant aux autres, de lui-même il dit, se définissant comme étant le fils de l'Homme (c'est-à-dire l'héritier de toute la grandeur spirituelle du peuple israélite) : je ne suis pas venu pour être servi, je suis venu pour servir et donner ma vie.

 

Jésus ne va pas seulement tenter d’instituer de nouveaux rapports entre les hommes, il va tracer de nouvelles voies d'action.

Ainsi en est-il de la parabole des talents. Un homme confie à chacun de ses enfants un talent, puis il fait un long voyage, quand il revient il demande à chacun ce qu'il a fait de son talent. L'un dit : Seigneur le talent que tu m'as confié en a produit 10, le deuxième dit : Seigneur le talent que tu m'as confié en a produit 5, le troisième dit : Seigneur le talent que tu m'as confié je l'ai enterré afin de ne pas le perdre, aussi je te rends un talent. L'homme félicita chaleureusement les deux premiers mais il morigéna sèchement le troisième pour ne pas avoir su faire fructifier son talent. Jésus ainsi louange le travail et la valorisation de ses dons.

Une autre voie d'action c'est l'enseignement. Il demande à ses apôtres, ceux qui le suivent et l'assistent, d'aller à leur tour porter la bonne parole que lui-même dispense autour de lui auprès de tous les habitants du pays. Soyez le sel de la terre, le levain qui lève le pain, le semeur qui jette le grain partout, sur la terre féconde comme sur la terre stérile. Il leur demande d'avoir toujours la foi, la foi qui soulève les montagnes.

 

Ce n'est pas cette prédication qui lui vaudra d'être condamné. Cette prédication, au demeurant, reprend beaucoup de recommandations données par les prophètes dans le passé. Elle innove néanmoins dans certaines exigences difficiles à tenir : tendre une joue quand l'autre est frappée, aimer ses ennemis, renoncer aux biens de ce monde ou encore pratiquer la continence. Toutes ces recommandations paraissent avoir été inspirées par les Esséniens qui vivaient en marge du monde, dans le désert. Il est sans doute possible de tenir de telles attitudes lorsqu'on vit dans le désert comme un ermite, mais pour qui est engagé dans la vie sociale, ces recommandations semblent inatteignables.

 

Jésus est épris d’absolu, c'est un prophète et comme tous les prophètes il est animé par une exigence excessive. Si le peuple fut parfois dérouté par de telles paroles, il fut néanmoins favorable à Jésus car celui-ci lui rendit sa dignité, dignité bafouée par les classes supérieures du pays qui s'attachaient à leurs seuls intérêts, laissant le peuple livré à lui-même et à tous les maux de l'existence. Jésus incite le peuple à reformer une communauté d'entraide, il le replace dans l' amour de Dieu, amour dont il se sentait exclu puisque les puissants, les tenants de la Loi, clamaient partout qu'eux seuls se tenaient dans la bienveillance de Dieu, tandis que les autres, les pauvres et les pêcheurs (ceux qui ne respectent pas toujours la Loi) étaient abandonnés par Dieu. Jésus ainsi rend l'estime de soi au peuple, la fierté d'être ce qu'il est, et l’espoir de construire un nouveau monde sous le regard bienveillant de Dieu.

 

Ce qui empêchera Jésus d'être identifié de son vivant comme étant le Messie (malgré les espoirs qu'il suscite en se sens) c'est qu'il ne se soulèvera pas contre les Romains. Au contraire quand on lui demande ce qu'il pense de l’impôt dû aux Romains du fait de l'occupation, il dira, regardant une pièce de monnaie de l'époque frappée à l'effigie de César : rendez à César ce qui appartient à César, autrement dit : payer l’impôt. Il ira même jusqu'à défendre les publicains, ces juifs les plus méprisés de tous en raison de leur fonction : aller chez les particuliers réclamer le paiement de l'impôt. Il les défendra (comme il défendra les juives les plus méprisées : les prostituées) en disant d'eux : eux aussi auront leur place dans le royaume de Dieu. Du coup Jésus ne pourra pas compter sur l'aide des Zélotes lorsque les choses tourneront mal pour lui, ceux-ci voulant avant tout chasser les Romains et punir ceux qui les servaient.

 

Ce qui va conduire Jésus à la catastrophe ce sera sa lutte frontale et inflexible contre les puissants de la société israélite : les Sadducéens et les Pharisiens. Je t’expliquerai cela dans une prochaine lettre.

 

Bon courage pour la rentrée!

Je pense à toi, toujours,

Je t'aime,

 

 

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre, Posté(e)
aliochaverkiev Membre 1 978 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)

Lettre 34-1

7 septembre 2018

Samuel,

Je vais te parler de deux événements qui vont être fêtés dans quelques jours, Roch Hachana et Yom Kippour. Cette lettre sera divisée en deux parties, l'une traitant de Roch Hachana, l'autre de Yom Kippour.

Roch Hachana

De la soirée du dimanche 9 septembre 2018, à 19h59 jusqu'à la soirée du mardi 11 septembre 2018, à 21h01, les Juifs fêtent le Nouvel An, fête appelée Roch Hachana (ou Rosh Hashana ou Roch Ha-Chanah). Ces dates sont repérées dans le calendrier grégorien (le calendrier actuel en Occident) fixé par le pape Grégoire XIII à la fin du XVI siècle (le pape est le chef des catholiques, une des branches de la chrétienté).

Dans le calendrier hébraïque les dates sont les 1 et 2 du mois de Tichri (Tichri est un mois qui correspond aux mois de septembre/octobre du calendrier grégorien). Le calendrier hébraïque est lunaire c'est-à-dire qu'il suit la durée de la révolution de la lune autour de la terre alors que le calendrier grégorien est solaire c'est-à-dire qu'il suit la durée de la révolution de la terre autour du soleil. Il y a douze mois lunaires. Comme la durée totale de ces 12 mois est inférieure de 11 jours à l'année solaire tous les 3 ans (l'année qui rythme ce laps de 3 ans est dite année embolistique) on rajoute un mois intercalaire, appelé véadar, pour rester en phase avec le calendrier grégorien.

Roch Hachana signifie « tête de l'année » ou début de l'année, il s'agit du nouvel an juif, l'an 5779, qui fête le jour anniversaire de la création du monde, ou plus exactement le jour de la création d'Adam et d'Eve. Bien sûr il s'agit ici d'un rite symbolique puisque la création de notre univers date de bien plus longtemps. C'est une façon imagée de rappeler aux Juifs qu'il existe un début, une création, une origine des temps.

A l' occasion du nouvel an les Juifs se souhaitent une bonne année : « Chana tova ».

Cette fête est aussi appelée « fête des trompettes ». Cette appellation fait référence à la sonnerie du shofar, une corne de bélier dans laquelle un officiant souffle afin d'en faire sortir différents sons.

Elle rappelle aussi la ligature d'Isaac lorsque l'Eternel refusa le sacrifice d'Isaac et son remplacement par un sacrifice animal (un bélier). Ici ligature signifie : acte d'être lié, et rappelle qu’Abraham avait lié Isaac sur un autel pour le sacrifier (avant d'y renoncer).

Enfin cette fête marque le début de dix jours de pénitence au cours desquels chaque juif se doit de penser aux fautes commises tout au long de l'année écoulée et d'en demander pardon à Dieu. Chacun réfléchit à ses objectifs dans la vie, choisit de prendre des bonnes résolutions en s'en remettant à l'autorité divine qui reste seule juge des actions passées. Cette période d’introspection et de repentance se conclut par Yom Kippour, le jour du Grand Pardon. Roch Hachana est considéré comme le premier jour du jugement et Kippour comme le jour du pardon.

Dans le monde religieux cette fête s'appelle aussi Yom Teruah ou Yom Terouah ce qui signifie le jour du shofar (ou jour des trompettes). La sonnerie du shofar est importante dans le judaïsme; cette sonnerie porte en elle quantité de symboles. Je t'en donne ci-après quelques-uns :

Yom Teruah marque la création du monde (pour les religieux création d’Adam et d’Eve). Alors Dieu devient le roi de l'univers. La sonnerie du shofar célèbre l’avènement de la royauté de Dieu.

Yom Teruah est le premier jour des dix jours de repentance, la sonnerie du shofar avertit que cette période commence.

Le son du shofar rappelle la révélation du Sinaï quand la Torah fut reçue par Moïse. Il rappelle aussi la destruction du temple en 70 après l'E.C., le désir de rompre l'exil et de revenir à Jérusalem.

Le shofar rappelle l'acte d’Abraham prêt à sacrifier Isaac, la corne faisant référence au bélier sacrifié à la place d'Isaac.

Selon Maïmonide, la sonnerie du shofar a pour but de sortir les hommes de leur assoupissement, de leur rappeler la souveraineté du Créateur et de les ramener à la techouvah (repentir).[Maïmonide de son vrai nom Moïse Ben Maïmon est né en 1138 à Cordoue (Espagne) et il est mort à Fostat ( Égypte) en 1204. C'est une grande figure de la pensé juive, je t'en parlerai ultérieurement].

 

La sonnerie du shofar est pratiquée les deux premiers jours du nouvel an, à la synagogue : le son de la corne de bélier retentit cent fois, chacun de ces jours. Elle est pratiquée aussi le jour du Grand Pardon.

 

Traditions liées à Roch Hachana :

Les deux journées commencent par la prière du matin et la sonnerie du shofar. C'est le Baal Tekya, personne chargée de ce moment solennel, qui fait retentir le shofar.

Les Juifs ont coutume de s'habiller en blanc pour aller à la synagogue. Cette tradition traduit la volonté des hommes de se rapprocher de Dieu en se purifiant de leurs péchés.

Le soir des bougies sont allumées et on prend des repas festifs. Les traditions culinaires varient : chez les ashkénazes on trempe des quartiers de pommes dans du miel en souhaitant aux autres une année à venir aussi douce que cette pomme trempée dans le miel, chez les séfarades, on marque plutôt la fête par un banquet qui dure deux jours dans lesquels la pomme trempée dans le miel est omniprésente. On mange certains aliments précis : courge, fenouil, poireau, blette, dattes, figues, grenade, pomme et miel, tête d’agneau et poisson.


L’après-midi du premier jour la tradition veut que l’on se rende au bord d’une rivière, d’un lac ou de la mer pour accomplir la cérémonie du Tachlikh qui consiste à jeter symboliquement tous ses péchés dans l’eau.

Je pense à toi, j'espère que la rentrée se passe bien; dès que tu auras les références du livre de maths je te donnerai des leçons.

 

Je t'aime,

 

 

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre, Posté(e)
aliochaverkiev Membre 1 978 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)

Lettre 34-2

15 septembre 2018

Samuel,

Yom Kippour

C'est la fête la plus suivie du judaïsme, suivie même par les juifs laïcs (ceux qui ne sont pas religieux).

Yom Kippour signifie "Jour du grand Pardon" ou « Jour de l'Expiation ».

Il commémore le jour où l'Eternel pardonna au peuple juif l’idolâtrie du Veau d'Or, rapportée dans le livre de l'Exode. Pendant que Moïse était sur le mont Sinaï pour recevoir les Tables de la Loi les Hébreux fondirent une statue en forme de veau, à partir de leurs bijoux, destinée à rappeler un dieu égyptien (le taureau Apis) qu'ils adoraient pendant leur captivité. Moise, découvrant cette idolâtrie que le deuxième commandement interdit (tu ne feras point d'idole, voir lettre 9), brisa alors les Tables de la Loi de colère. Il passa deux fois 40 jours au sommet de la montagne pour obtenir le pardon de son peuple auprès de l'Eternel. Le dixième jour du mois de Tichri, le pardon fut accordé.

Cette fête fait partie de la Loi, ainsi qu'il est écrit dans le Lévitique, chapitre 16, versets 29 et 30 :

« Et ceci sera pour vous une loi perpétuelle : au septième mois, le dixième jour du mois [tichri], vous mortifierez vos personnes et ne ferez aucun ouvrage, soit l’indigène, soit l'étranger séjournant parmi vous.

Car, en ce jour on fera propriation sur vous afin de vous purifier ; vous serez purs de tous vos péchés devant l'Eternel »

[Propriation : acte offert à l’Éternel pour le rendre favorable en vue d’obtenir le pardon des péchés, cet acte est donc le jeûne. On fera propriation sur vous : on vous ordonnera le jeûne].

 

Yom Kippour débute mardi 18 septembre à la tombée de la nuit et se termine le mercredi 19 septembre à 20h43 lorsque la nuit est tombée. Ces dates correspondent au 10ème jour du mois de tichri.

Pour cette fête un jeûne est observé. Il débute le 18 septembre une demi-heure avant que le soleil ne se couche et se termine quand la nuit tombe le lendemain. Jeûne, prière et aumône sont associés pour obtenir le pardon des fautes de l'année écoulée. Les prières sont pratiquées à la synagogue. L'aumône, ou Tsedaka, est un rite qui a lieu la veille de Yom Kippour. En Israël des boites chargées de recevoir les aumônes, appelés troncs de Tsedaka, sont accrochées aux arbres ou présentées dans les magasins. Les Juifs font aux pauvres les dons les plus importants de l'année.

Le jeûne dure 25 heures, il est obligatoire pour les hommes dès l'âge de 13 ans et pour les femmes dès l'âge de 12 ans. Il n'est pas autorisé pour les personnes fragiles comme les malades ou les femmes venant d'accoucher dans les trois derniers jours.

Cinq interdictions sont à observer pendant ce jeûne :

  • l'interdiction de boire et de manger

  • l'interdiction d'avoir des relations conjugales

  • l'interdiction de se laver

  • l'interdiction de s'oindre le corps avec des huiles et des lotions (qui symbolisent les plaisirs superficiels)

  • l'interdiction de porter des chaussures en cuir (symbole des biens matériels et du confort)

Il est également interdit de travailler.

On doit se se rendre à la synagogue pour y prier et demander pardon à Dieu pour ses fautes et celles de la communauté. On demande pardon individuellement à toute personne qu'on aurait pu blesser.

Après la tombée de la nuit, l’office de clôture se termine par les cris de la prière du Chéma : « Écoute O Israël : l’Éternel est notre D.ieu, l’Éternel est un » La joie se traduit dans des chants, puis la sonnerie du shofar retentit et on proclame : « L’an prochain à Jérusalem !»

 

Les Juifs se réunissent alors en famille ou au sein de leur communauté pour "casser le jeûne". Les mets préparés pour célébrer la fin de la fête diffèrent selon les traditions : les séfarades ont pour habitude de manger des gâteaux secs accompagnés d'une citronnade alors que les ashkénazes préfèrent en général une boisson chaude et du fromage ou du poisson fumé. Après un repas léger on sert un plat au poulet ou un bouillon.


Notes

C'est en 2448 après la création (1313 avant l’ère commune) qu'advint cet épisode de l’idolâtrie, suivie de l’instauration du Yom Kippour. Cette même année les Hébreux construisirent le Tabernacle, simple tente dans lequel ils placèrent l'arche d'alliance, coffre contenant les tables de la Loi. Le Tabernacle devint l’endroit de prières et d’offrandes sacrificielles. Le service du Tabernacle culminait à Yom Kippour, à Jérusalem. Le Grand Prêtre effectuait un service spécialement prescrit pour ce jour. Parmi les moments forts de ce service il y avait l’offrande des encens dans le Saint des Saints, lieu le plus sacré du Temple où se trouvait placée l'arche.

Cette pratique a continué pendant des centaines d’années, pendant tout le temps du premier Temple construit par Salomon, et du second Temple construit par Ezra puis agrandie par Hérode. Les Juifs de toutes les régions se rassemblaient dans le Temple pour voir le Grand Prêtre accomplir son service et ainsi obtenir le pardon pour tout Israël.

Lorsque le second Temple fut détruit en 3830 après la création (en 70 de l’ère commune), le service de Yom Kippour continua. Mais au lieu d’un Grand Prêtre apportant les sacrifices à Jérusalem, chaque Juif accomplit aujourd'hui le service de Yom Kippour dans le temple de son cœur.

L'arche d'alliance disparut après la destruction du premier temple. Des mythes entourent l'existence de cette arche ; certains la cherchent toujours pensant qu'elle possède des pouvoirs surnaturels (ça c'est pour la petite histoire !)

 

J'espère que la rentrée se passe bien pour toi,

Je pense à toi.

Je reprendrai les leçons de maths très bientôt.

 

Je t'aime


 


 

Modifié par aliochaverkiev
Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre, Posté(e)
aliochaverkiev Membre 1 978 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)

Lettre 35

21 septembre 2018

Samuel,

Souccoth, « Fête des Cabanes », « des Tentes » ou « des Tabernacles »), clôture les trois fêtes de pèlerinage prescrites par la Torah. Elle commémore la vie des Hébreux à la sortie d'Egypte après leur libération de l'esclavage. Pendant 40 ans les Hébreux errèrent dans le désert, aussi leur vie était-elle précaire. Ils vivaient sous des tentes, ou des tabernacles, autre nom de ces tentes.

Souccoth est fêtée à partir du 15 du mois de tishrei qui correspond, selon les années, aux mois de septembre ou octobre du calendrier grégorien. Cette fête dure sept jours. Cette année elle est fêtée du dimanche 23 septembre au soir jusqu'au dimanche 30 septembre au soir.

Les trois fêtes de pèlerinage sont trois fêtes majeures au cours desquelles les Israélites qui vivaient dans le Royaume d'Israël ou dans le Royaume de Juda devaient réaliser un pèlerinage à Jérusalem, ainsi que le prescrit la Torah. À Jérusalem, ils participaient à des festivités et à un culte rituel au Temple.

Ces trois fêtes sont : Pessa'h, Chavouot et Souccoth.

Après la destruction du Second Temple, le pèlerinage cessa.

Souccoth invite à sortir de sa demeure fixe pour vivre une semaine dans une demeure provisoire. A travers ce rite le citadin sédentaire retrouve la dimension nomade de ses ancêtres hébreux. Cette demeure provisoire est une cabane appelée la Soukka construite chaque année dès la fin de Yom Kippour, dans le jardin ou sur un balcon. Les murs de la Soukka peuvent être réalisés dans divers matériaux mais le toit doit impérativement être constitué de feuillages et de branches et doit laisser voir le ciel. Durant sept jours la cabane sert d'habitation pour la famille, principalement pour consommer les repas, mais aussi parfois pour y dormir.

D'un point de vue spirituel la construction de la Soukka est une invitation à s'en remettre à la volonté divine. En effet la fragilité de cette habitation symbolise la précarité de vie des Hébreux lors de leur sortie d'Égypte. Durant les 40 années passées dans le désert les Hébreux libérés de l'esclavage s'en remettaient à la volonté de Dieu pour leur survie. C'est cette confiance qui est donc célébrée lors de la fête des cabanes. Souccoth est également une fête de la moisson et il est habituel de décorer la Soukka avec des fruits.

Le septième jour, à la synagogue, Souccoth se termine par la fête de Hoshanna Rabba. C'est une fête qui n'apparaît pas dans la Bible hébraïque. Cependant lorsque la Mishna (loi orale consignée dans le Talmud) la décrit il s'agit d'un rite déjà bien établi, en vigueur depuis l'époque des premiers Hasmonéens voire plus tôt.

Le mot Hoshanna est composé de l'impératif Hifil (deuxième personne masculin singulier) du verbe "sauver" (racine yod-shin-ain) et d'une particule de déprécation ou d'insistance (nah, "s'il-te-plait", "de grâce"). Il est donc proche de l'exclamation hoshya nah ( « De grâce, secours-nous ») . Rabba signifie : « grande ». Hoshanna rabba : « grande Hoshanna ».

Ce jour-là les fidèles tournent sept fois autour de la chaire de la synagogue pour commémorer la manière dont, dans le Temple, on tournait autour de l'autel. Ces circumambulations (action de tourner) rappellent celles de Jéricho. Au cours de ces circumambulations, le cri « Hoshanna » est prononcé sept fois.

Les fidèles agitent aussi dans tous les sens (en symbole de l’omniprésence de Dieu) un fagot réalisé à partir de 4 espèces végétales : la palme de dattier, le cédrat, le saule et le myrte. Ces 4 espèces représentent les 4 caractères des membres du peuple d’Israël.

La palme de dattier : fruits savoureux mais pas de parfum

Le myrte : parfum mais pas de fruits

Le saule : pas de parfum, pas de fruits

Le cédrat : fruit savoureux et parfum délicieux

(Les fruits symbolisent l’étude de la Torah, le parfum l'observation des mitzvot, soit les commandements de la Loi).

En réunissant ces quatre espèces on réunit entre eux tous les membres de la communauté par leurs caractères (supposés donc divisés en quatre classes).

Cette dernière journée est importante car c'est la dernière possibilité donnée au fidèle d'obtenir le pardon de ses fautes accumulées au cours de l'année.

Souccoth est suivie par Chemini Atseret, fête juive prescrite par la Bible, célébrée le huitième jour à dater du début de la fête de Souccoth et marquant le début de la saison des pluies en terre d’Israël. Cette fête dure deux jours, du dimanche 30 septembre au soir au mardi 2 octobre au soir. Elle contient elle-même la fête Sim'hat Torah, fêtée du lundi 1 octobre au soir jusqu'au mardi 2 octobre au soir, fête qui marque le fin du cycle annuel de lecture de la Torah.

 

Note :

Les quatre espèces végétales symbolisent aussi des membres du corps humain. Ainsi le cédrat rappelle le coeur, lieu de l'intellect pour les Hébreux (dans la Bible c'est le coeur et non le cerveau qui est le siège de la pensée), la palme de dattier représente la colonne vertébrale , le myrte rappelle les yeux et le saule rappelle les lèvres.

 

Bonne fête de Souccoth !

Je pense à toi, où que tu sois je suis près de toi,

Je t'aime,

 

 

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

  • 2 semaines après...
Membre, Posté(e)
aliochaverkiev Membre 1 978 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)

Lettre 36

30 septembre 2018

Samuel,

Jésus après avoir prêché dans les villes de Galilée puis de Judée décide d'entrer à Jérusalem.

Lorsqu'il arrive sur l’esplanade du Temple il constate que les Sadducéens, les maîtres du Temple ont permis l'installation de commerces qui vivent de la vente d'objets saints. Ces commerces enrichissent les Sadducéens, les Pharisiens et les scribes par les droits d'exercice qu'ils prélèvent. Pour Jésus, s'enrichir en pratiquant le service de l’Éternel, dans un lieu saint, est un sacrilège. Evangile selon Saint-Marc, IV, verset 15 et suivants :

« Et ils viennent à Jérusalem. Et entré dans le Temple, il se mit à chasser ceux qui vendaient et achetaient dans le Temple ; et les tables des changeurs et les sièges de ceux qui vendaient les colombes, il les culbuta. Et il ne laissait personne transporter d'objets à travers le Temple. Et il les enseignait et leur disait : « N'est-il pas écrit que ma Maison [La Maison de l'Eternel] sera appelée maison de prière pour toutes les nations, mais vous, vous en avez fait une caverne de brigands !» Et les grands prêtres et les scribes entendirent et ils cherchaient comment le faire périr. Car ils le craignaient : toute la foule en effet était frappée par son enseignement.»

[Notes :

Toutes les paroles de Jésus citées sont tirées des quatre Evangiles (le mot évangile signifie : bonne nouvelle). Ces Evangiles relatent l’histoire de Jésus. Ils ont été écrits après la mort de Jésus (30-33 après l'E.C. ), probablement entre 70 et 90 pour les trois Evangiles de Saint-Matthieu, Saint-Marc et Saint-Luc, probablement vers 100 pour l'Evangile de Saint-Jean. Il s'agit d'écrits religieux, non pas de documents historiques et leur objet est de justifier les croyances et les dogmes des nazaréens (dogme : affirmation considérée comme fondamentale et incontestable), cette branche du judaïsme qui va bientôt s'en séparer pour donner le christianisme. Comme tous les écrits religieux ils justifient a posteriori (après coup) de pratiques et de croyances religieuses. Dans ce genre d'écrits, nul ne sait vraiment ce qui tient du réel et ce qui tient du mythe.

Les quatre Evangiles et divers autres écrits religieux forment le Nouveau testament. Le judaïsme ne reconnaît pas le nouveau testament dans ses textes fondateurs.

Les scribes étaient les lettrés de l'époque. Leurs connaissances leur permettaient d'asseoir leur autorité. Ce sont eux qui précisaient le sens de la Loi et l'imposaient à Israël. Ils pouvaient aussi bien être Sadducéens que Pharisiens.

Les changeurs échangent les pièces d'or et d'argent contre la monnaie usuelle ; ils font le change des pièces étrangères contre la monnaie du pays ; enfin ils placent à intérêt les sommes que leur confient les riches.

Les vendeurs de colombes les cédaient contre argent aux pèlerins qui voulaient faire des offrandes à Dieu. Les pèlerins remettaient les colombes aux prêtres qui, après la cérémonie, les remettaient aux commerçants qui les revendaient à d'autres pèlerins.]

Après s'en être pris aux intérêts économiques des gardiens du Temple, Jésus s'en prit aux Pharisiens et aux scribes :

« Malheur à vous, scribes et Pharisiens hypocrites parce que vous ressemblez à des sépulcres blanchis : à l’extérieur ils paraissent beaux, mais à l’intérieur ils sont pleins d'ossements de morts. Ainsi de vous : à l’extérieur vous paraissez justes aux hommes mais à l’intérieur vous êtes remplis d'hypocrisie». Jésus dénonce l'hypocrisie et l'esprit d'injustice des Pharisiens qui veulent pourtant donner d'eux une image juste et exemplaire. Dans les faits ils sont tout autrement : ils ne respectent pas la Loi qu'ils imposent aux autres, ils font peser sur les humbles de lourdes charges de travail ou financières, ils se montrent partout d'une manière ostentatoire, ils se font appeler maitres alors que dans leur intimité ils n'ont aucune générosité ni aucune pureté d'esprit. Ils respectent la Loi dans les actes en payant l’impôt sur les aliments mais ils rejettent comme sans valeur l'esprit de la Loi : justice, miséricorde et foi.

D'une manière générale Jésus invective les représentants des classes supérieures de la société israélite de l'époque. Il leur reproche leurs mensonges, leur hypocrisie, leur indifférence aux conditions de vie du peuple. Ils s’enrichissent, vivent une belle vie, pressurent le peuple, ne respectant rien de l'esprit du judaïsme.

Un tel discours finit par inquiéter sérieusement les Sadducéens, les Pharisiens et les scribes. Non seulement Jésus s'attaque à leurs intérêts économiques mais en plus ils les discréditent devant le peuple, attisant la colère de ce dernier. Les classes dominantes de l'époque vont alors décider de s'en débarrasser pour éviter de possibles insurrections.

Jésus pourtant ne dénonce pas la collusion entre les Pharisiens et l'ordre romain. Il ne dénonce pas plus leur rôle économique. Il dénonce seulement l'esprit avec lequel ils accomplissent leur fonction. Il n'est pas un révolutionnaire au sens où nous l'entendons aujourd'hui, non, il est dans la lignée des prophètes. Il pense que, si le peuple juif souffre ce n'est pas en raison de l'occupation des Romains ou de la structure sociale de la société c'est en raison de l'inobservance de la volonté de Dieu par les Pharisiens (et des autres dominants juifs de l'époque). Il les condamne sans cesse en raison de leur attitude qu'il juge blasphématoire par rapport à Dieu et par rapport au peuple dont ils devraient avoir le souci, car le judaïsme c'est d'abord une religion construite autour de l'idée de communauté, de peuple. Ce faisant Jésus va se retrouver seul car, s'il remet en cause le comportement irréligieux des Pharisiens, il ne remet pas en cause leur pouvoir économique. Or le peuple qui le suit pense qu'il va s'attaquer aux Pharisiens quant à ce pouvoir-là. Il ne le fait pas. Du coup le peuple se détourne de lui (ainsi que les Zélotes, qui, eux, sont prêts à passer à l'action politique : ils le feront quelques années plus tard, provoquant une guerre épouvantable conduisant à l'extermination des Juifs par les Romains et la destruction du Temple). En restant dans le domaine religieux, en attendant une révolution des esprits, en ne prônant donc pas une révolution ni économique, ni politique, Jésus se condamne à la solitude. De plus comme tous les prophètes il pense que Dieu va soudain intervenir pour établir son royaume. Mais aucun Dieu intervient. Il est victime de sa foi aveugle en un Dieu qu'il croit interventionniste. C'est d'ailleurs l'un de défauts des Juifs : leur foi en un Dieu qui serait interventionniste. Cette foi les conduit souvent à tomber sous les coups des barbares.

Les Pharisiens trouveront des prétextes pour condamner Jésus. Ils trouveront de faux témoins qui dénonceront son inobservance de la Loi, qui le taxeront de blasphème lui faisant dire qu'il est le fils de Dieu, voire Dieu lui-même. Ils convainquent les Romains que Jésus pourrait troubler l'ordre public. Attaqué par le Sanhédrin Jésus ne se défendra pas. Cette attitude achèvera de lui aliéner tout soutien populaire. Voyant leur guide aller au devant de la mort sans se défendre ils le raillent, ils le huent, il le laissent aller au calvaire.

Jésus comprend qu'il va mourir. Il se retire sur le mont des Oliviers, mont qui domine Jérusalem, avec ses derniers disciples, et il prie « Mon Père s'il est possible, que passe loin de moi cette coupe [la mort] ». Il se tourne vers ses disciples, mais ceux-ci dorment indifférents à son sort. Il prie une deuxième fois, une deuxième fois ses disciples s'endorment. Il prie une troisième fois, une troisième fois ses disciples s’endorment. Dieu n'interviendra pas. Personne n'interviendra. Pire, alors que les Romains le cherchent pour l’arrêter, son meilleur ami, Judas, qui les accompagne, le trahit en l'embrassant, signe convenu avec les Romains « Celui-là que j'embrasserai, celui-là sera Jésus ». Plus tard Judas se suicidera, lui aussi emporté par un fatum digne d'une tragédie grecque.

Jésus va être condamné à mort par les Romains sur recommandation du Sanhédrin. Il est condamné à la crucifixion, à la mort sur la Croix.

Quand il est cloué les seules personnes qui restent au pied de la croix pour l’assister sont sa mère et un ami. Il agonise, il se sent mourir, il s'écrie "Mon Dieu mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ?" Et dans un dernier soupir il meurt. Alors la légende dit que dans son émoi Dieu trembla et que la terre s'ouvrit.

C'est ainsi que s'acheva sa vie. Il incarne le drame humain à la façon d'un personnage shakespearien. Le reste est invention. Je t'en parlerai dans une autre lettre. Mais il faut que tu saches que Jésus n'est grand que dans sa solitude absolue et son désespoir intense. Il incarne l'effroi de l'homme devant l'absurdité du monde. En cela il est Humain, en cela il est Juif, en cela il est le fils de l'Homme, en cela il est le fils de tous les hommes.

Les apôtres en inventant un Jésus ressuscité allait sans le savoir engendrer une nouvelle religion. Laquelle ouvrit le terrible cycle de l'antijudaisme, phénomène aggravé par la dispersion des Juifs après la destruction du Temple en 70. Les chrétiens accuseront les Juifs d'avoir tué le fils de Dieu, et même d'avoir tué Dieu. L'exaltation chrétienne allait enflammer l'Occident, apportant une forme de civilisation aux masses, mais elle ouvrit aussi la porte à la haine des Juifs. Si les Juifs jusque là avaient subi des persécutions ce n'était pas en raison de leur religion, c'était en raison de leur caractère rebelle : ne jamais se soumettre à aucune autorité autre que la leur et défendre l’indépendance de leur pays. Heureusement, plus tard, quand le siècle des Lumières eut libéré les peuples des côtés absurdes de leur foi, l'étau se desserrera autour des Juifs et ils purent vivre relativement tranquilles avant que de nouvelles catastrophes s'abattent sur eux. Après l'antijudaisme advint soudain l’antisémitisme, haine non plus fondée sur la religion mais sur la race ou l’existence de prétendues races : un nouveau délire enflamma l'Europe.

Notes : le Sanhédrin est une cour suprême de justice présidée par le grand prêtre. Au dessus du Sanhédrin il y a l'autorité romaine (celle de l’empereur Tibère à l'époque) représentée par le procurateur Ponce Pilate. C'est lui qui ordonnera la crucifixion.

 

Bonne fin de fête de Souccoth Samuel, mon cœur bat pour toi,

Je t'aime,

 

 

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre, Posté(e)
aliochaverkiev Membre 1 978 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)

Correspondance 5

 

 

7 octobre 2018

Samuel,

Quelques précisions sur Jésus.

Tout d'abord Jésus n' a pas été assassiné, il a été jugé par la cour de justice de l'époque, le Sanhédrin. Même s' il est possible de contester ce jugement Jésus a tout de même été jugé selon les règles de justice de l'époque. Ensuite même si les Pharisiens ont souhaité sa mort le châtiment a été décidé par les Romains. En effet la crucifixion était un châtiment romain pas un châtiment juif. C'est donc bien Ponce Pilate qui a décidé la crucifixion.

Ensuite les Pharisiens ont jugé un homme pas un Dieu. Les catholiques ont décidé de faire de Jésus le fils de Dieu ou Dieu lui-même mais une telle décision les regarde et les Juifs ne peuvent en être tenus pour responsables. Même si le Nouveau Testament atteste le caractère divin de Jésus cet écrit est de nature religieuse et n'a donc aucune authenticité historique. Le Nouveau Testament de plus fut écrit près de 50 ans après la mort de Jésus et eut pour objectif de séduire les fidèles de l'époque. Il faut savoir prendre de la distance avec les écrits religieux. Les Juifs eux-mêmes savent prendre de la distance avec leurs propres écrits religieux et les plus intelligents d'entre eux sont capables de douter de l'existence même de Moïse sans que cela les gêne pour le moins du monde. Une religion doit être comprise dans son esprit pas dans sa lettre.

Enfin il existe une petite minorité de catholiques qui éprouvera toujours de l'hostilité pour les Juifs. Cela provient du fait que leur religion est totalement issue du judaïsme. Même Jésus qu'ils vénèrent était juif et ce dernier n'a en outre jamais rejeté sa religion. Cela induit chez certains catholiques un sentiment de dépendance spirituelle : pour avoir tout pris au judaïsme ils se sentent en quelque sorte amputés de leur propre puissance créatrice, parfois même amputés de la culture qui était la leur avant d'avoir été convertis au catholicisme. Ils se sentent en quelque sorte colonisés sans parvenir pour autant à renoncer à leur religion. Ce rapport de subordination crée chez eux une haine comparable à celle que certains colonisés ressentent pour le colon. Ce sentiment d'infériorité ou de dépendance n'est heureusement partagé que par une minorité de catholiques.

 

Je t'embrasse très fort,

Je pense à toi,

Je t'aime,

 

 

 

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre, forumeuse acharnée, Posté(e)
querida13 Membre 45 168 messages
forumeuse acharnée,
Posté(e)

Voilà un assez bon survol de la bible. Merci de m'avoir fait comprendre Aliocha le sens de ces fêtes juives dont j'entends les noms souvent car j'ai eu et ai encore des relations parmi eux.

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre, forumeuse acharnée, Posté(e)
querida13 Membre 45 168 messages
forumeuse acharnée,
Posté(e)

Le problème aussi c'est que bien des païens ont été convertis par la force et que les opposants au christianisme (protestants, anglicans, cathares...) ont été persécutés à cause de leurs divergences d 'opinions religieuses par le passé. L'impérialisme religieux a su s'imposer par tous les moyens...Et mêmes ceux les moins catholiques!

Nombre de gens ont été des martyrs et ont été assassinés étatiquement ou pas pour s'être éloignés de la doxa en vigueur à l'époque.(Socrate, Jésus, John Smith, ….)

Modifié par querida13
Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre, Le prendre au sérieux, nuit gravement à la santé, Posté(e)
azad2B Membre 5 932 messages
Le prendre au sérieux, nuit gravement à la santé,
Posté(e)

Pauvre Samuel !  Change de professeur !

671827419_Capturedcran2018-10-0905_15_48.png.561be7b1b437abd9acf54d769ba8ce3c.png

et trouves-en un issu de la classe populaire et en pleine santé intellectuelle plutôt que d'aller le chercher chez les tarés congénitaux issus de cuisses gauches de quelques dégénérés de l' aristocratie victimes des méfaits de la consanguinité.

 

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre, Le prendre au sérieux, nuit gravement à la santé, Posté(e)
azad2B Membre 5 932 messages
Le prendre au sérieux, nuit gravement à la santé,
Posté(e)

L’erreur est humaine dit-on, et même les plus expérimentés sont capables d’en commettre. En général, ils s’excusent, corrigent et s’ils sont dotés d’un minimum d’ honnêteté, ils n’hésitent pas à se chahuter eux-mêmes. Et même pourquoi pas à se coiffer d’un bonnet d’ âne.

Je viens donc faire amende honorable en corrigeant mon post précédent. Sans le modifier, par honnêteté.

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre, Le prendre au sérieux, nuit gravement à la santé, Posté(e)
azad2B Membre 5 932 messages
Le prendre au sérieux, nuit gravement à la santé,
Posté(e)

Ha tout de même, mon pauvre Samuel, mon repentir ne va tout de même pas jusque' à absoudre intégralement celui qui se prétend professeur de Maths.

Un vrai Professeur qui écrirait ( sic intégral) 

Il est impossible qu'un nombre, sous un radical, soit négatif

et qui persisterait à affirmer cela plus d'un dixième de seconde devrait par mesure de salubrité publique être radié à vie de sa fonction d' éducateur. Car le résultat du calcul d'un nombre réel négatif sous radical peut très bien être un nombre réel. Tout possesseur d'une calculette peut en faire l' expérience immédiatement.

Et cela même en restant dans l' ensemble des nombres réels.

Ton prof est une buse intégrale.

Modifié par azad2B
Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre, Posté(e)
aliochaverkiev Membre 1 978 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)

Lettre 37

 

13 Octobre 2018

 

Samuel,

 

Dans les jours qui suivirent la mort de Jésus une rumeur courut : il était ressuscité. Cette rumeur s’appuya sur deux événements : le tombeau de Jésus fut découvert vide, fait qui resta inexpliqué, puis certaines personnes déclarèrent avoir vu Jésus (ce qui, du coup, pour ceux qui y crurent, expliqua le tombeau vide).

 

Ce phénomène psychique (réapparition du mort) est moins rare qu’on ne le croit. Il est même à l’origine du culte des anciens, culte qui donna naissance aux religions. Aux premiers temps de l’humanité, en Occident, lors de la sédentarisation un rapport nouveau s'instaura entre les pères et les fils. A cette époque les pères qui survivaient étaient perçus comme des êtres d’exception : êtres certes violents et cruels, ayant droit de vie et de mort sur leurs enfants, mais êtres d’un courage inouï, indifférents à la mort, occupés in fine à laisser à leurs fils les territoires conquis. C’étaient de vrais dieux. A leur mort ils renaissaient dans l’esprit de leurs fils, continuant en eux leur oeuvre fantastique. Puis les fils s’emparaient à leur tour de l’esprit de leur père, ils devenaient eux-mêmes des pères braves et fougueux. Ainsi naquirent les dieux, ainsi naquit Dieu, et l’idée que Dieu est un père. Le Dieu des premiers Hébreux est l’image du père premier.

 

Aujourd’hui les pères n’ont certes plus cette image fantastique, sauf exceptions. Mais quiconque a eu un père ou une mère hors du commun, s’il a lui-même une forte personnalité, peut ressentir en lui la résurrection de l’être admiré quand celui-ci vient à mourir. Quand ma mère fut près de mourir, femme dont la vie fut une aventure fantastique, alors je sentis en moi, dans mon esprit, avant même qu’elle meurt, se lever un corps qui dormait-là et que je n’avais jamais encore perçu, alors se leva en moi ce corps dont je m’aperçus qu’il était la réincarnation de ma mère. Ainsi vécut-elle en moi après sa mort réelle, avant de se fondre en moi et de disparaitre.

 

Ici Jésus est un homme qui a marqué ses disciples, sa façon de mourir désarçonne, son désespoir absolu ébranle le désir naturel de vivre. L’univers pour ceux qui crurent en lui vacille. Mais la puissance du désir de vivre, l’espoir de retrouver la gloire du royaume de David sous l’action d’un messie, la volonté de croire justement dans ce messie en la personne de Jésus l’emportèrent sur tous les désespoirs : Jésus n’est pas mort, Jésus est ressuscité, Jésus est le messie contre lequel la mort ne peut rien. A ce moment-là la résurrection de Jésus est encore vécue de manière symbolique par les nazaréens, les évangiles ne sont pas encore écrits. Il s’agit d’une résurrection dans les esprits. D’ailleurs Jésus bien que ressuscité n’apparut que de manière fugace aux apôtres. A peine apparait-il qu’il disparait aussitôt en montant au ciel, façon de dire qu’il n’est plus vivant que dans les esprits.

 

Pierre l’un des apôtres commence alors à organiser la vie des adeptes de la doctrine de Jésus. Des conversions se firent, le sentiment que Jésus venait leur parler se mua en réalité perçue : Jésus leur parlait par l’intermédiaire de l’Esprit, l’esprit divin, appelé par les chrétiens Saint-Esprit. Cette communauté naissante soumit ses adhérents à un baptême, cérémonie qui ritualisait l’entrée dans la communauté. Ce baptême permettait d’obtenir la rémission de ses péchés. Les baptisés vendaient leurs biens, tous partageaient tout ce qu’ils avaient avec les autres. Ainsi suivaient-ils les recommandations de Jésus.

 

On peut estimer que le christianisme est né au moment de la création de cette communauté. Pour autant ces nouveaux croyants ne rompirent pas avec le judaïsme. Ils étaient tous juifs et tous continuaient de suivre les préceptes de la loi juive, tous continuaient de fréquenter le Temple.

 

Les Sadducéens et les Pharisiens surveillaient tout de même de près cette nouvelle communauté et, de temps en temps, ils causaient quelques soucis à Pierre et à ses amis en les emprisonnant. Puis ils les libéraient après leur avoir intimer l’ordre d’arrêter de faire des conversions. Ce qu’ils redoutaient c’est que Pierre en faisant trop de conversions en vienne à menacer ainsi l’équilibre entre les différentes branches du judaïsme. Il faut dire aussi qu’à cette époque troublée n’arrêtaient pas de surgir des chefs rebelles qui entraînaient derrière eux des disciples afin de renverser l’ordre établi et de rendre à Israël son indépendance. Les Sadducéens et les Pharisiens qui, eux, avaient choisi de s’entendre avec l’occupant romain, rencontraient donc quelques soucis de maintien de l’ordre. Pour le moment les chrétiens ne prônaient pas une révolte contre l’ordre établi, il était encore possible de les tolérer. Ils ne réclamaient qu’une conversion des esprits, vécue dans la réalité dans le partage des biens et la vie en communauté, en attendant le retour du messie et l’instauration définitive du Royaume de Dieu.

 

Mais tout changea et se précipita avec l’action d’une secte qualifiée ainsi : les Hellénistes.

 

 

 

Je t'embrasse,

 

Je pense à toi,

 

Je t'aime,

 

 

 

Modifié par aliochaverkiev
Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre, Posté(e)
aliochaverkiev Membre 1 978 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)

Lettre 38

14 octobre 2018,

Samuel,

Après la chute des deux Royaumes et l’exil à Babylone de nombreux Israélites s’installèrent hors du pays de Canaan et formèrent ce qu’on appelle la diaspora. Des colonies juives s’implantèrent progressivement dans tout le bassin méditerranéen jusqu’à la Mésopotamie et la Perse. Au début de l’ère chrétienne la majorité des Juifs vivait dans cette diaspora dont les centres principaux étaient Antioche, Alexandrie, Carthage et Rome. Ils pratiquaient librement leur religion dans les synagogues où ils se réunissaient pour prier et étudier. Chaque synagogue était gérée par un Sage, un Rabbin. Néanmoins les gardiens du Temple gardaient l’autorité religieuse.

La mentalité des Juifs de la diaspora, du fait qu’ils vivaient au milieu de populations non-juives, était différente de celle des Judéens. Ils étaient moins nationalistes, le retour à l’indépendance de la Judée leur importait peu. Habitués à côtoyer les païens, ayant adopté les langues locales (le latin ou le grec) ils étaient sensibles aux caractéristiques des cultures païennes particulièrement les cultures latines (Rome) et grecques (Alexandrie).

La secte juive dite « les Hellénistes » venait de la diaspora. Elle critiquait les institutions religieuses du judaïsme. La communauté naissante chrétienne leur apparut comme pouvant leur servir de cheval de Troie. La toute jeune Eglise chrétienne était dirigée par les anciens apôtres de Jésus qui venaient tous de milieux populaires. Paysans, pécheurs, petits artisans, ils étaient le plus souvent illettrés et ne savaient pas trop utiliser le verbe pour se défendre et s’imposer. La disparition de leur chef, Jésus, les rendaient du coup vulnérables. La secte se convertit au christianisme, puis une fois intégrée dans la nouvelle Eglise, elle poursuivit son objectif : renverser le Temple, supprimer les rituels religieux traditionnels, revenir à l’époque antique de Moïse en utilisant l’image de Jésus comme nouveau prophète. Bref ce qu’elle voulait c’était renverser le pouvoir religieux existant pour imposer son propre pouvoir en s’appuyant sur la figure mythique de Jésus. Sa tentative échoua. Les Sadducéens et les Pharisiens se défendirent et le peuple non plus ne la suivit pas. Le chef des Hellénistes, Etienne, fut arrêté et lapidé, les membres de la secte furent persécutés mais les autres chrétiens ne furent pas inquiétés. Toutefois un coin avait été enfoncé par les Hellénistes entre le judaïsme et le christianisme. En se battant jusqu’à la mort pour séparer le christianisme naissant du culte traditionnel juif de Jérusalem, Etienne avait ouvert la voie à une possible rupture et à l’instauration d’un nouveau cute, certes encore lié à Moise, certes encore promis aux seuls Juifs, mais une première brèche était apparue : la possibilité, en s’appuyant sur le mythe de Jésus, de créer un nouveau culte. Il est possible de voir dans cette révolte d’Etienne l’expression d’une volonté de puissance : renverser l’ancien pouvoir pour y installer le sien. Ici la révolution poursuivie était exclusivement religieuse et limitée aux Juifs. Or ceux-ci, surtout ceux d’Israël, ne rêvaient pas d’une révolution religieuse, ils rêvaient d’une révolution politique qui conduise à l’anéantissement de la tutelle romaine.

Là où Etienne échoua, un autre homme, quelques années plus tard devait réussir, un homme possédé par une ambition à l’égal des ambitions des empereurs romains, un homme éminemment cultivé, un homme qui savait manier le verbe et séduire les foules, un homme qui devait faire du christianisme, après l’avoir transformé selon sa volonté, après avoir fait de Jésus une figure recréée par lui, une nouvelle religion. Cet homme s’appelait Paul.

 

Je t'embrasse,

Passe une belle semaine,

(J’espère que la leçon de maths ne te pose pas trop de problèmes)

Je t'aime,

 

 

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre, Posté(e)
aliochaverkiev Membre 1 978 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)

Lettre 39-1

19 octobre 2018

Samuel,

Paul est un contemporain de Jésus, né comme lui au début du siècle. Mais alors que Jésus est un homme simple, né en Palestine, largement influencé par les Esséniens, hommes du désert, marqués par l'ascétisme, l'indifférence aux biens et aux honneurs du monde, Paul, lui, est né dans une famille juive influente, aisée, vivant hors d'Israël, dans la diaspora, à Tarse en Cilicie [Turquie actuelle].

Son nom hébraïque était Saul, mais il se fit appeler par son cognomen (surnom) romain : Paul ( Paulus). Son père était citoyen romain ce qui faisait de lui aussi un citoyen romain, marque d'élection. Il bénéficia d'une éducation versée dans l'étude mais aussi dans la pratique manuelle (il fabriquait des tentes). Il connaissait à fond le judaïsme (grâce à l'enseignement d'un pharisien de renom, Gamaliel) et les cultures latine et surtout grecque. Il parlait l'araméen, l'hébreu et le grec.

C'était un homme fort d'une origine sociale et culturelle dominante. En tant que citoyen romain il ne communiait pas avec le peuple d'Israël qui ne pensait qu'à se libérer du joug romain. Instruit de la culture grecque qui dominait alors l'Occident sa vision du monde débordait largement celle du monde juif. Le théâtre dans lequel il se voyait agir était vaste comme l'Empire romain. C'était un universaliste, animé d'une ambition à l'instar de celle des Empereurs : rayonner dans le monde. Mais alors que l'ambition des Césars était la conquête politique et territoriale celle de Paul était la conquête des esprits.

Son caractère puissant et autoritaire, sa vision enfiévrée du monde inspirée par surcroît par une maladie chronique (probablement le paludisme), sa conviction d'être en relation directe avec Jésus (ce qui le conduisit parfois à penser qu'il parlait la Parole même de Dieu) l'entoura d'une aura et d'un charisme qui lui permirent de s'imposer.

Paul participa à la persécution de la secte des Héllénistes. Mais un jour, selon la légende, Jésus lui apparut au milieu d'une lumière éblouissante, alors qu'il s'approchait de Damas, et lui demanda : « Pourquoi me persécutes-tu ? ». Il perdit la vue pendant trois jours puis, quand il retrouva ses facultés, il devint un inconditionnel de Jésus, il se convertit au christianisme naissant.

Plus sérieusement la conversion de Paul fut l'aboutissement d'une longue réflexion. Il avait longtemps réfléchi sur l'impossibilité pour les hommes de trouver leur salut par eux-mêmes. A l'époque la notion de salut avait un sens. Les hommes vivaient dans un monde violent où dominaient la guerre, la maladie, la pauvreté et la mort. Cette violence engendrait le désir de trouver des voies de salut, c'est-à-dire des moyens de surmonter les souffrances et les angoisses nées de cette violence mais aussi des moyens de donner sens à la vie.

Pour Paul l'humanité et la création entière sont asservies aux éléments du Kosmos, puissances démoniaques assimilées aux étoiles. Qu'il soit païen ou juif l'homme est désarmé face à ces puissances du Mal. Le principe du Mal c'est la matière, la chair, le principe du Bien c'est l'esprit, le spirituel. Il faut voir dans cette vision un écho de la philosohie de Platon.

Le philosophe athénien affirme que l'être est partagé entre matière et esprit. Il affirme la supériorité absolue de l'esprit sur la matière. Le monde matériel est une imitation dégradée du monde spirituel. Il en tire une conception du Bien et du Mal : l'homme doit se tenir à l'écart des désirs du corps (monde matériel) qui avilissent l 'âme (monde spirituel), l'homme doit s'élever dans la contemplation des Idées éternelles. Paul fait sienne cette représentation mais il la modifie en fonction de sa culture juive. Il remplace les Idées par Dieu et il introduit la notion de péché. Car la partition de l'homme entre matière et esprit n'est pas un hasard : c'est la conséquence du péché originel d'Adam, père de toute l'humanité, qui, en désobéissant à Dieu en mangeant le fruit de l'arbre de la connaissance a été chassé du jardin d'Eden où il vivait éternellement heureux dans un corps glorieux (corps idéalisé non soumis aux pesanteurs du matériel).

C'est là que Paul a son illumination (l'apparition de Jésus). Il saisit soudain que Jésus peut être vu comme le Sauveur du monde. Il saisit que Dieu, ému par la condition de l'homme, a choisi de le sauver, qu'il soit juif ou pas, en envoyant son fils sur terre. Dieu, par l'intermédiaire de son fils, choisit de partager le malheur des hommes. Du coup pour Paul l'événement historique fondamental c'est le Calvaire de Jésus et son agonie. Dieu, par l'intermédiaire de son fils éprouve le désespoir des hommes soumis à la souffrance et à la mort, mais Dieu ressuscite Jésus, son fils. La résurrection devient un fait réel et non pas symbolique, cette résurrection signifie la victoire du fils de Dieu, qui est aussi le fils de lhomme sur la souffrance et sur la mort. Au cri de désespoir « Mon Dieu, mon Dieu pourquoi m'as-tu abandonné ?» succède la résurrection donnée par Dieu, qui signifie ainsi la gloire future de l'homme après les ténèbres de son désespoir. Une fois ressuscité Jésus retourne auprès de son père, un Jésus imaginé par Paul à l'image du premier homme, déjà créé par Dieu, Adam, avant son expulsion de l'Eden : être au corps glorieux vivant éternellement heureux auprès du Père.

Le salut est là : il faut mettre sa foi en Jésus, suivre son enseignement et imiter son comportement. Prendre sur soi les malheurs du monde, conséquence du péché originel, se détourner du péché en renonçant aux désirs de la chair (monde matériel) vivre en communion avec Jésus, devenu Jésus-Christ, devenu le Christ [Christ signifie : l'oint du Seigneur] c'est-à dire le Sauveur, et appliquer son enseignement en tenant pour seul commandement l'amour des autres et de soi-même.

Animés et réunis dans cette foi en Jésus-Christ, les chrétiens connaitront la rédemption (rachat de l'homme ; l'homme devenu esclave du mal est racheté c'est-à-dire qu'il est rendu à nouveau libre grâce au sacrifice de Jésus) laquelle sera pleinement accomplie à la Parousie (le retour glorieux de Jésus-Christ à la fin des temps bibliques dans le but d'établir définitivement le Royaume de Dieu sur la terre), lorsque les élus revêtiront à la résurrection le corps spirituel, le corps glorieux qui est désormais celui de Jésus.

Les fidèles, sauvés par la foi en Jésus prennent part dès à présent à la vie éternelle dans la mesure où ils vivent dans le Christ, en communion mystique avec lui, par intégration à l'Eglise chrétienne (la communauté des chrétiens) qui est son corps.

Paul construit là une cathédrale intellectuelle et spirituelle, où il synthétise l'hellénisme et le judaïsme tout en conservant l'idée apocalyptique de la fin des temps et du retour du Messie. Il crée une nouvelle religion qui n'a plus grand chose à voir avec le judaïsme. Cette nouvelle religion sut répondre aux angoisses des hommes de son temps, surtout aux angoisses des Gentils (les païens). Paul va s'élancer dans la conquête des esprits des Gentils, indifférent aux soucis identitaires des Juifs. Il a d'autres ambitions que de régner un jour sur un petit royaume appelé Israël, il veut conquérir le monde. Aussi concentrera-t-il son prêche dans les colonies de la diaspora, puis dans les territoires régentés par les Romains.

Je t'expliquerai tout cela dans la deuxième partie de cette lettre.

Je t'embrasse, bravo pour ta compréhension de la leçon de maths, elle n'était pas évidente à assimiler. Je t'aime, à très bientôt,

 

 

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre, Posté(e)
aliochaverkiev Membre 1 978 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)

Lettre 39-2

23 octobre 2018

Samuel,

Pour Paul Israël seul a reçu la révélation du Dieu unique, l’Éternel, grâce à Moise. Il a reçu aussi la Loi. Mais celle-ci en ne cessant de multiplier ses impératifs et ses interdits a fini par engendrer elle-même le péché. Paul dit : « Je n’ai connu le péché que par la Loi. Je n’aurais certes pas connu la convoitise si la Loi ne m’avait dit : « Tu ne convoiteras pas ». Ainsi en débusquant partout le mal la Loi alerte les esprits sur le mal possible et incite à la transgression, donc au péché. Paul abolira la Loi et ne gardera que le Décalogue. La rupture avec le judaïsme sera consommée lorsqu’il supprimera aussi l’exigence de la circoncision pour les nouveaux convertis. Mais Paul introduit tout de même une nouvelle morale prise à la vision platonicienne : il est nécessaire de se détourner des désirs liés à la chair (la matière) et de se tourner vers le spirituel (l’esprit). Parce qu’il refuse d’accepter le Christ, Israël est momentanément abandonné par Dieu. L’héritage est passé au nouvel Israël, l’Église chrétienne. Une nouvelle alliance entre Dieu et la communauté des chrétiens vient remplacer l’ancienne alliance entre Dieu et Israël. Les Juifs rallieront la nouvelle alliance, à la fin des temps, lorsqu’ils auront compris leur erreur.

Il faut voir dans la radicalité de Paul la volonté de briser ce qui s’oppose à son projet : imposer sa doctrine. Il comprend rapidement que les Juifs n’accepteront jamais de voir en Jésus le fils de Dieu, qui plus est mort puis ressuscité. Les Juifs ont une culture spirituelle trop ancienne, ils sont trop réalistes pour accepter ce genre de vision qui passe pour eux pour des élucubrations. S’il se rend compte que les Gentils pétris de culture païenne, sensibles à quantité de Mystères sont prêts à accepter sa représentation du monde il se rend compte aussi qu’ils ne se plieront jamais à des contraintes trop lourdes. C’est pour cela qu’il se désintéresse d’Israël et qu’il déleste la nouvelle religion de la Loi et de la circoncision. Il exercera son prosélytisme à l’extérieur d’Israël, dans la diaspora à partir de laquelle il portera son enseignement à destination des Gentils.

Paul n’inaugure pas pour autant un comportement nouveau. En effet à cette époque les Juifs pratiquaient un prosélytisme actif : ils cherchaient à convertir les Gentils au judaïsme. Cet aspect passé du judaïsme est peu connu car, aujourd’hui, les Juifs ne pratiquent aucun prosélytisme. Ce renoncement est la conséquence directe du succès du christianisme. Débordés par cette nouvelle religion, issue pourtant de leurs rangs, ils se replièrent sur eux-mêmes.

C’étaient les Pharisiens qui pratiquaient ce prosélytisme. Ils s’appliquaient à expliquer le judaïsme en s’appuyant notamment sur tout le mouvement de convergence entre judaïsme et hellénisme initié sous les Lagides. Les Gentils étaient donc familiarisés avec la culture juive. Mais les conversions restaient difficiles à finaliser en raison de la lourdeur de la Loi et de l’obligation de la circoncision. Il fallait aussi en se convertissant adhérer à l’histoire d’Israël et renoncer à sa propre identité historique. Du coup les conversions ne se faisaient pas en masse. Paul en supprimant toutes les contraintes liées au judaïsme, en prêchant une vision du monde propre à séduire une population païenne versée dans le culte des Mystères, en remplaçant l’adhésion à l’histoire d’un peuple par l’adhésion à l’histoire d’un individu (Jésus) rendit beaucoup plus facile les conversions. Il ne s’agissait plus de renoncer à soi ni à son histoire, il s’agissait d’adhérer à la foi en Jésus dans l’Église avec pour seul directive : l’imitation de Jésus. Cette imitation n’était évidemment pas rien : solidarité et partage, amour de l’autre comme de soi, ascétisme, renoncement aux plaisirs de la chair...c’est toute une nouvelle façon de vivre et d’entrer en relation avec les autres qui était prêchée.

La doctrine de Paul rencontra des résistances chez les premiers chrétiens. Ceux-ci, que l’on appelle aussi parfois les Jérusalémites, étaient restés fidèles au judaïsme. Ils voulaient tout simplement que le judaïsme intègre dans sa culture l’enseignement de Jésus, considéré comme un prophète et non comme le fils de Dieu. Une partie de cette communauté originelle chrétienne finira par rejoindre Paul. Une autre partie tenta de résister et donna naissance à un mouvement appelé judéo-christianisme. Mouvement qui resta fidèle au judaïsme tout en l’enrichissant de l’enseignement de Jésus. Ils tentèrent même de faire des prosélytes hors d’Israël. Mais ils ne parvinrent pas à leurs fins. Ce mouvement finit par disparaître.

C’est la doctrine de Paul qui s’imposa. Cette doctrine rompant carrément avec le judaïsme elle ne put pas se développer en Israël. Par ailleurs Israël devait bientôt être confronté à des guerres terribles. Le pays ne s’embarrassa pas de cette nouvelle religion qui ne pouvait l’aider en rien dans sa lutte pour l’indépendance. C’est donc hors d’Israël que le christianisme, modifié par Paul, devait se développer. Le christianisme paulinien devait au cours des siècles connaître bien des vicissitudes et l’esprit des premiers temps devait souvent s’enliser dans les passions humaines. Le christianisme explosa entre différents courants : protestants, catholiques, orthodoxes, évangélistes, etc...Son succès fit qu’il finit par être adopté par les puissants. Il s’ensuivit une forte altération de l’esprit originel. Cette religion devint parfois la religion de tyrans qui se comportèrent par rapport au christianisme comme certains Pharisiens se comportaient par rapport au judaïsme : ils imposèrent le respect des principes de la religion aux autres sans eux-mêmes les respecter. Combien encore aujourd’hui de catholiques disent suivre les préceptes de l’Évangile : pauvreté, continence, amour des autres et de soi, partage, alors qu’ils ne pensent qu’à s’enrichir et qu’ils n’ont aucun amour pour qui que ce soit sinon pour eux-mêmes et leur clan. Il est vrai que Jésus fut très exigeant, que cet homme fut hors du commun. Aussi très peu de personnes peuvent en vérité le suivre et l’imiter.

Paul quant à lui fut victime de son succès. Les Romains inquiets du développement de cette nouvelle religion voulurent en arrêter la progression. C’est ainsi que Paul fut décapité vers 67/68. Mais la répression inaugurée par l’empereur romain Néron en 64 ne devait pas gagner. En 337 un autre empereur romain se convertit au christianisme : Constantin. Les persécutions contre les chrétiens prirent fin.

Ainsi Jésus fut un phénomène historique. Il tenta de révolutionner les rapports humains en prônant l’amour de chacun pour chacun. Sa manière de prodiguer son amour à tous, même aux populations les plus méprisées de son temps (prostituées et publicains) est aussi un appel à respecter et à aimer toutes les femmes et tous les hommes quelle que soit leur condition. Paul créa un autre Jésus à partir du Jésus historique mais il ne trahit pas ce dernier, il en fit juste un mythe afin de convertir les Gentils. Le but de Paul était de sauver le monde entier. Et non les seuls Juifs.

 

Je vais maintenant reprendre l’histoire d’Israël.

 

Je t’embrasse, bon courage pour ton exposé à l’atelier.

 

Je t’aime,

 

 

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre, Posté(e)
aliochaverkiev Membre 1 978 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)

Lettre 40

27 octobre 2018

Samuel,

 

En juillet 66 une révolte armée contre l’occupant romain est lancée par les Zélotes. Il s’agit d’une guerre d’indépendance et non d’une guerre religieuse. Les insurgés commencèrent par s’emparer du parvis du Temple et empêchèrent le grand prêtre de célébrer la cérémonie quotidienne du sacrifice en l’honneur de l’empereur. Puis ils prirent le contrôle de Jérusalem mettant le feu à la résidence du grand prêtre puis aux Archives publiques où étaient entreposés les dossiers de prêts contractés par les habitants, ceci afin de libérer les pauvres des dettes qu’ils devaient rembourser auprès des puissants. Ensuite ils s’attaquèrent aux garnisons romaines qui entouraient Jérusalem, puis ils expulsèrent de leurs maisons tous les dignitaires religieux et tous les riches qui ne partageaient pas leurs idées. Les Romains qui ne s’attendaient pas à une telle insurrection durent s’incliner et s’enfuir.

Les Pharisiens comprirent que la situation devenait dangereuse pour eux. Le rabbin pharisien parmi les plus influents de l’époque Yohanan Ben Zakkaï quitta Jérusalem avec ses disciples pour aller fonder à Yavné, près de la côte méditerranéenne, à l’écart des zones de combat, un centre d’étude, l’académie talmudique de Yavné, grâce à laquelle la mémoire du judaïsme fut sauvegardée lorsque la catastrophe s’abattit sur le peuple juif.

Les émeutes gagnèrent tout le pays provoquant des violences entre Juifs et populations non-juives mais aussi entre Juifs eux-mêmes, le peuple d’un côté contre les riches de l’autre. Ces émeutes gagnèrent même une partie de la diaspora notamment en Égypte et en Syrie, là où les Juifs avaient le sentiment d’être moins bien traités que les populations non-juives.

Les Romains disposaient en Syrie, à Antioche d’une armée importante de 30 000 hommes. Le gouverneur de Syrie, Cestius Gallus lança ses hommes contre les révolutionnaires. Il reprit le contrôle du nord du pays puis il marcha sur Jérusalem. Pendant cinq jours la bataille pour le contrôle de la ville fit rage. Les Hébreux gagnèrent la bataille. Cestius Gallus se replia et choisit d’arrêter le combat en revenant à Antioche. Les insurgés s’attaquèrent alors aux derniers foyers de résistance romaine en partant à l’assaut des forteresses de Massada, de Cypros et de Machéronte qu’ils réussirent à terrasser.

Ils constituèrent un gouvernement révolutionnaire, organisant la résistance contre les Romains et remettant en marche l’économie du pays en frappant notamment un nouvelle monnaie. Mais ils ne parvinrent pas à réaliser l’unité de la nation.Certains juifs restaient favorables aux Romains surtout ceux qui faisaient des affaires avec eux, des dissensions apparurent entre différentes classes sociales, notamment entre citadins et ruraux, enfin les dirigeants ne parvenaient pas à se mettre d’accord sur les actions communes à mener.

Pendant ce temps l’empereur romain Néron mis au courant de la défaite des armées romaines se mit en fureur. Il démit de ses fonctions Cestius Gallus et il chargea l’un de ses plus éminents généraux, Vespasien, secondé par son fils Titus de reprendre le contrôle de la Palestine.

Au printemps 67 Vespasien arriva en Galilée, à la tête d’une armée de 50 000 hommes. Il fut d’abord bien accueilli dans la ville de Sepphoris mais à Garaba (actuelle Kfar Arabeh) il rencontra une farouche résistance. Il massacra une partie de la population et vendit le reste comme esclaves. Il arriva à Jotapata, près de Nazareth, qui résista à son tour pendant sept semaines. Quand enfin la résistance céda tous les commandants qui défendaient la ville se suicidèrent plutôt que de se rendre. Tous sauf un, Flavius Josèphe [37-100] l’un des chefs de la révolution, ancien prêtre, qui trahit son peuple et se soumit à Vespasien. Pour prix de sa trahison il fut honoré par ce dernier et nommé citoyen romain. Il fera ensuite partie de l’état major de Titus et il assistera à l’écrasement de son peuple. Il écrira le récit de cette tragédie dans « la Guerre des Juifs » et « Antiquités juives ».

Vespasien volait de victoire en victoire. Il détruisit sur son passage la communauté des Esséniens installée à Qumrân. A l’été 68 les révolutionnaires ne tenaient plus que Jérusalem et ses environs immédiats ainsi que les forteresses de l’Hérodion, Massada et Machéronte. Mais alors que Vespasien aurait pu donner l’assaut final un évènement se produisit à Rome : le suicide de Néron, le 9 juin 68. Vespasien suspendit les combats. Puis il fut nommé empereur par les légions romaines qui se disputaient la succession de Néron. Il partit pour Rome en 70 et donna pour mission à son fils Titus de détruire la résistance juive.

L’attaque commença en avril 70. Face à face : Jérusalem désertée par beaucoup de ses habitants qui ont fui la barbarie romaine. Jérusalem défendue par les résistants les plus déterminés : les Zélotes et les Sicaires. Jérusalem défendue aussi par les paysans iduméens qui ont fui les exactions romaines dans leur pays et qui sont aussi déterminés que les Zélotes à se battre. Ils sont 23 000 commandés par Simon Bar Giora et par Yohanan de Giscala. En face l’armée de Titus : 60 000 soldats aidés par un nombre considérable de syriens et de nabatéens.

 

P.S. L’Idumée est un tout petit pays limitrophe de la Judée au sud. Hérode le Grand était un iduméen. Les Nabatéens étaient un peuple arabe vivant à l’est d’Israël (dans la Jordanie actuelle). Les auteurs gréco-latins nomment leur royaume : Arabie. Flavius Josèphe utilise le nom de : Nabatène. Leur capitale était Pétra.

Antioche, à l'époque, faisait partie de la province romaine de Syrie. Aujourd'hui Antioche est en Turquie.

 

Je te souhaite un bon week-end.

Bravo pour ton exposé fait à l’atelier.

Je suis fier de toi, je t’aime.

Toujours, ne l’oublie pas, je suis là près de toi.

Je t’aime

 

 

 

Modifié par aliochaverkiev
Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Annonces
Maintenant

Rejoindre la conversation

Vous pouvez publier maintenant et vous inscrire plus tard. Si vous avez un compte, connectez-vous maintenant pour publier avec votre compte.

Invité
Répondre à ce sujet…

×   Collé en tant que texte enrichi.   Coller en tant que texte brut à la place

  Seulement 75 émoticônes maximum sont autorisées.

×   Votre lien a été automatiquement intégré.   Afficher plutôt comme un lien

×   Votre contenu précédent a été rétabli.   Vider l’éditeur

×   Vous ne pouvez pas directement coller des images. Envoyez-les depuis votre ordinateur ou insérez-les depuis une URL.

Chargement

×