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Quels sont vos souvenirs de la Seconde Guerre Mondiale ?


January

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Membre, 89ans Posté(e)
Rasibus Membre 4 080 messages
Baby Forumeur‚ 89ans‚
Posté(e)
Il y a 12 heures, January a dit :

Voilà, c'est ce que je voulais mettre en exergue, les enfants de ces années-là, ne ressentaient pas le danger... Et pourtant, quand tu as vu ce coq prendre un éclat, ou le bruit, les feuilles de ce marronnier... Tu n'as pas ressenti de danger. 

C'est sûr qu'il n'y avait pas de "cellules psychologiques" à l'époque.
 

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Membre, Obsédé textuel, 72ans Posté(e)
Gouderien Membre 34 698 messages
72ans‚ Obsédé textuel,
Posté(e)
Il y a 8 heures, Pierrot89 a dit :

Selon le site Wikipédia les bombardements alliés pendant la seconde guerre mondiale ont fait environ 75 000 morts civils en France.

Il faut aussi noter que le seul bombardement de la ville de Dresde le 13.02.1945 a fait environ 40 000 morts (chiffre incertain).

 

Mon grand père a été tué dans son jardin par un bombardement effectué par les américains à Maisons Laffitte en mai 1945. Les bombardement n'étaient pas précis et effectués à haute altitude.

Dresde, je pense que c'est plus. On a longtemps cité le chiffre de 135.000 morts, maintenant certains disent que ce chiffre était celui de la propagande allemande et qu'en fait c'était moins. En gros on n'en sait rien, quoi. Mais 40.000 ça paraît peu.

La stratégie qui présidait au choix des cibles des bombardements alliés était parfois assez étrange. C'est ainsi qu'on a rayé de la carte Le Havre, ville sans intérêt stratégique. C'est un sujet dont on ne parle pas beaucoup. Pendant la guerre, la population française considérait que ces bombardements étaient un mal nécessaire pour la libération de la France. Et après cette libération, bien sûr, il n'était pas question de dire du mal de nos alliés victorieux.

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Membre, 89ans Posté(e)
Rasibus Membre 4 080 messages
Baby Forumeur‚ 89ans‚
Posté(e)

Format 21x26

 

tract_10_fev_44.jpg

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Membre, Posté(e)
Pierrot89 Membre 6 964 messages
Maitre des forums‚
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OUI SAS, je ne suis trompé le bombardement de Maisons Laffitte était en mai 1944, vraisemblablement pour préparer le débarquement de Normandie en coupant les ponts.

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Membre, Posté(e)
le merle Membre 21 508 messages
Maitre des forums‚
Posté(e)

bonjour

dans m'à mémoire , des souvenirs diffus mais  tenaces . à l'école , 30 élèves dans une classe penchés sur une écriture dicté par la maîtresse . je m'applique à faire de m'on mieux quand , soudain , une sirène de mauvaise augure retenti et nous fait  sursauter ! 

le mot d'ordre ... tout le monde aux abris car , elle annonce l'arrivée d'avions et un bombardement possible ?  départ précipité mais en ordre car , nous avons maintenant l'habitude . nous descendons dans un abris souterrain qui peut-être une cave ,une station de métro ou tout autre suivant l'endroit ou l'on habite .

il y fait sombre et froid , nous pataugeons dans 10 centimètres d'eau nauséabonde et là , nous attendons ... quoi ? rien , sinon la fin de l'alerte . parfois , le sol tremble , nous avons peur , la maîtresse tente de rassurer les plus petits dont je fais partis .

avais -je peur ? oui , non , disons que je ne comprenais pas le pourquoi des choses de l'époque et c'est cela qui était angoissant .

après la guerre , les autorités laissèrent les sirènes hurler à midi pendant des années , pour qu'elle utilité ? la seul chose qui était certaine est que , elles nous rappelais de mauvais souvenirs , un temps de peine , de peur et de larmes pour beaucoup qui sont , aujourd'hui , disparus .

bonne journée ... quand même lol .

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Membre, 89ans Posté(e)
Rasibus Membre 4 080 messages
Baby Forumeur‚ 89ans‚
Posté(e)

Pierrot 89 a écrit:
<< Mon grand-père a été tué dans son jardin par un bombardement effectué par les américains à Maisons-Laffitte en mai 1944 >>
C 'est la faute à pas de chance !

Je reprends mon récit:

Au matin du 24 juin 1944, je fus tiré du lit par un vacarme aussi soudain qu'inhabituel. J'allai à la fenêtre: Des bombardiers bimoteurs évoluaient à une altitude d'environ 600 mètres. Tandis que les explosions des bombes et celles des obus de dca se confondaient en un sinistre duo, le mugissement de la sirène,( que nous avions si souvent entendu inutilement) ajouta sa mise en garde bien tardive et dérisoire. Ma mère me proposa de descendre à la cave, mais je préférai au contraire monter à l'étage pour mieux voir...
Un avion largua une fusée d'un rouge intense qui descendit lentement à la verticale, à 2km peut-être, devant ma fenêtre. Je vis des débris d'explosion valser en l'air...
Puis, en quelques minutes, tout fut fini. J'allai à l'école comme d'habitude, où je retrouvai une partie seulement de mes camarades. Là, le maitre nous dit: "Il n'y aura pas d'école ce matin; vous pouvez aller voir". (Ce qui me parait aujourd'hui irresponsable ) Avec deux de mes amis, nous avons fait le tour du quartier: Une rue était bouchée par les décombres de deux immeubles. Des civils équipés de simples pelles s'affairaient à les dégager.

Mes camarades d'école ne manifestaient pas d'émoi particulier , et pourtant certains habitaient près des maisons qui venaient d'être réduites en gravats !
Pour faire écho à ce qu'a écrit January, tant que les adultes n'extériorisent pas leur inquiétude, je crois que les enfants sont prêts à trouver normale n'importe quelle situation ou à peu près...

L'une de mes soeurs, élève-infirmière à l'hôpital,. avait quitté la maison quelques instants avant le début du bombardement; elle a dû s'abriter en cours de route. A midi, elle ne fut pas autorisée à rentrer chez elle. Vous imaginez l'inquiétude de ma mère; (il n'était pas question de téléphone !)
Ce jour là, plus de 200 civils perdirent la vie. Davantage que de soldats allemands à ce que je crois savoir. Il faut dire que beaucoup de bombes tombèrent en ville à plus d'1 km de leur objectif: La gare "des chantiers". La propagande allemande en profita pour inscrire sur les maisons endommagées: "Signé RAF" .

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Membre, Posté(e)
le merle Membre 21 508 messages
Maitre des forums‚
Posté(e)

bonjour

je me rappel que , il  nous étaient recommandé à nous , les enfants , de ne pas ramasser certains objets tel que crayons ou gomme ou autres pièges supposés risquent  de nous exploser à la figure ?

car , la cinquième colonne ? agissait sous cape ? 

la peur des bombardements avait conduit mon grand père , ainsi que les habitants du village à construire des abris sous-terrains .

bonne initiative mais mauvais choix de l'endroit et de la profondeur de sécurité .

à la campagne , mon grand-père avait fait un abris d'à peine  un mètre cinquante de profondeur recouvert de branchages dans la basse cour tout à côté de la maison ? protection dérisoire contre des bombes de 100 à 500 kilogs ou plus , il ni à que le geste qui compte mais  , la raison était bonne car la maison était à  moins de 50 mètres de la voie ferré ou passaient de nombreux trains  de troupe allemandes .

ils ne furent jamais bombardés mais mitraillés par deux avions de chasse anglais qui firent un carnage sur un train bourrés de soldats allemands à moins de 100 mètres de notre maison . je l'ai raconté dans un poste précédent .

bien sur ,  devenus adulte , je compris certaines choses et surtout , je dus participer à une autre guerre ou j'appris et utilisa certaines armes plus modernes , en temps qu'appelé du contingent mais cela est une autre histoire .

bonne journée 

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Modérateur, ©, 107ans Posté(e)
January Modérateur 59 805 messages
107ans‚ ©,
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Il y a 2 heures, le merle a dit :

je me rappel que , il  nous étaient recommandé à nous , les enfants , de ne pas ramasser certains objets tel que crayons ou gomme ou autres pièges supposés risquent  de nous exploser à la figure ?

Maurice Garçon faisait référence à cette "légende urbaine" il me semble dans son journal. Légende urbaine qui a droit de cité dans tous les conflits d'ailleurs, encore aujourd'hui. Va-t-on savoir...

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Membre, Posté(e)
le merle Membre 21 508 messages
Maitre des forums‚
Posté(e)

bonsoir

légende urbaine peut-être mais , un proverbe dit : dans le doute abstiens -toi !

bien sur , dans des temps aussi troublés , circulait des vérités et des mensonges car , l'action psychologique était aussi une forme de guerre pour semer le trouble . l'information est importante mais peut être mensongère ?

la guerre finis , elle continua à faire des victimes innocentes . bombes non explosées au sol , canon de gros calibre abandonné en pleine nature avec un obus dans la culasse prête à tirer , grenades sur le sol , non dégoupillée qui tua des enfants qui jouaient avec près de mon village 2 ans après la fin de la guerre .

des armes abandonnées dans des buissons et pleins d'autres choses . une bombe à ailettes tombée dans la rivière et non explosée . bien après la guerre , je jouais avec d'autres enfants du village quand je remarquais deux garçons et une fille essayant de désembourbé dans l'eau de la rivière qui était très peut profonde à cet endroit , quelque chose de lourd .

je m'approchais et eus un geste de recul . je n'avais que 12 ans mais beaucoup de curiosité dans beaucoup de domaines ce qui me fis reconnaître une bombe .

je leurs ordonnais de ne plus la toucher et , de ce pas , nous allâmes à la mairie pour alerter le maire qui fit venir les services de déminage .

les enfants du village à quatre kilomètres du nôtre n'ures pas cette chance malheureusement , je le raconterais plus tard .

bonne soirée

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Membre, 89ans Posté(e)
Rasibus Membre 4 080 messages
Baby Forumeur‚ 89ans‚
Posté(e)
Il y a 17 heures, le merle a dit :

La guerre finis , elle continua à faire des victimes innocentes . bombes non explosées au sol , canon de gros calibre abandonné en pleine nature avec un obus dans la culasse prête à tirer , grenades sur le sol , non dégoupillée qui tua des enfants qui jouaient avec près de mon village 2 ans après la fin de la guerre .

des armes abandonnées dans des buissons et pleins d'autres choses . une bombe à ailettes tombée dans la rivière et non explosée . bien après la guerre ,

J'ai vu à la sortie de Versailles des caisses d'obus éventrées gisant à même le sol. Il suffisait de se baisser pour se servir. La distraction favorite des jeunes consistait à détacher les obus de leur douille pour récupérer la poudre. Et aussi, ce qui était plus dangereux, de dévisser le détonateur des obus. Un jour mon frère (16 ans) a indiqué à un copain un dépôt d'obus abandonné dans les bois. Le copain s'y est rendu le jeudi suivant; et comme il n'arrivait pas à séparer un obus de sa douille, il a frappé l'ensemble sur un tronc d'arbre. Il a été tué par l'explosion qui s'en est suivie !
En classe un élève est venu avec une grenade "à manche" (on l'actionne en tirant sur une ficelle qui traverse le manche) Tout la journée, l'engin est passé de mains en mains dans la classe; heureusement, personne n'a eu l'idée de tirer sur la ficelle. Mais le soir, en rentrant chez lui, le garçon, peut-être machinalement, l'a fait. Résultat: Il a entrainé dans la mort les personnes autour de lui !

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Modérateur, ©, 107ans Posté(e)
January Modérateur 59 805 messages
107ans‚ ©,
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Quelle horreur :(

 

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Membre, Posté(e)
le merle Membre 21 508 messages
Maitre des forums‚
Posté(e)

bonjour

la guerre était terminée depuis longtemps et tout le monde reprenait gout à la vie et à l'espoirs . c'était une belle journée d'été ,chaude et ensoleillée . dans un petit village à 4 ou 5 kilomètres du notre , des enfants jouaient comme tous les enfants de leurs âges .

deux garçons de 10 ans et une fille de leurs âge . l'un des garçon avait trouvé un truc étrange , c'était lourd et ovale , et cannelé et il y avait une sorte de barrette métallique avec un anneau au bout ? 

les trois enfants jouaient à la dînette et la petite fille jouait le rôle de la maîtresse de maison . l'objet trouvé par l'un des jeunes garçons intriguait le trio et , il fut décidé de lui trouver un usage .

la petite fille décida d'en faire un genre de pot de fleurs à condition de le vider . quoi de plus facile , il suffisait de tirer sur l'anneau et enlever l'espèce de truc qui plongeait dans l'autre gros machin .

8 secondes après , une énorme explosion et  deux des enfants tués sur le coup , la petite fille et l'un des garçon . le deuxième garçon affreusement mutilé devait mourir quelques heures après  .

une grenade oublié et retrouvée par des enfants qui ignoraient que ce truc cachait la mort en son sein .

cela fit un énorme scandale dans la région et beaucoup d'émotion à l'enterrement des jeunes victimes . leurs parents étaient effondrés , ils n'avaient plus de l'armes pour pleurer . je me rappel de ce fait tragique qui m'ému beaucoup et me traumatisa longtemps . je ne connaissais pas ses enfants , mais j'avais l'étrange impression d'avoir perdus des amis car , j'avais , à cette époque , leurs âge .

bonne soirée

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Membre, 89ans Posté(e)
Rasibus Membre 4 080 messages
Baby Forumeur‚ 89ans‚
Posté(e)

Il me faut maintenant évoquer le spectacle le plus terrible auquel il m'a été donné d'assister

C'était par un bel après-midi de fin juin 1944. Des bombardiers en formations serrées venus de l'ouest se succédaient à une altitude d'environ 5000 métres. L'un des quadrimoteurs était en feu et se trainait à l'arrière en laissant échapper une gigantesque trainée jaune et noir.
Nous nous demandions ce qu'attendait l'équipage pour sauter en parachute. Enfin ,une corolle blanche apparut sous l'appareil. Notre joie fut de courte durée: Elle disparut presque aussitôt dans une flamme fugace. Nous étions consternés ! Puis une deuxième corolle s'ouvrit, aussi proche de l'avion. "Tu as ouvert ton parachute trop tôt", m'écriai-je bêtement à l'adresse de l'homme. Et en effet, son parachute prit feu comme le précédent..
L'avion a continué sur sa ligne de vol pendant une vingtaine de secondes, au bout desquelles il a largué ses bombes. Il s'est passé encore une dizaine de secondes et il s'est brisé en morceaux qui ont dégringolé en tournoyant. J'ai entendu les bombes exploser; puis tout est redevenu serein dans le ciel, comme s'il ne s'était rien passé...
Un tir de barrage de la dca allemande se dressait devant les "boxs" de telle sorte qu'il était quasiment sûr qu'au moins un appareil serait touché. Néanmoins, les pilotes ne déviaient pas de leur route...J'admirai leur courage ! Ce jour là, j'ai cru que les alliés avaient perdu la guerre !
Le lendemain, nous avons vu un bombardier "Liberator" (reconnaissable à sa double dérive ) coupé en deux tomber en tournoyant, ses moteurs lancés à plein régime. Il est tombé dans les bois de Velizy avant d'avoir pu larguer ses bombes sur la base de Villacoublay.
Un autre jour, ce fut un quadrimoteur désemparé que nous avons vu perdre de l'altitude rapidement. Trois ou quatre parachutes s'ouvrirent à la suite. C'était au-dessus des bois de Meudon. Grâce à internet, j'ai pu apprendre il y a quelques années que deux des membres d'équipage avaient eu le temps d'être récupérés par des résistants qui les ont habillés en civil et rapidement évacués sur Paris. Mais au moins un autre a été tué, probablement par les tirs allemands avant d'arriver au sol.

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Membre, 76ans Posté(e)
Blaquière Membre 18 865 messages
Maitre des forums‚ 76ans‚
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De mon père ! Il avait 20 ans...

 

LES POMMES D’AMOUR FARCIES

(Les tomates farcies)

( Histoire vraie )


Comment imaginer de nos jours, alors que nous sommes bien près de
1980, et que tout semble abonder, qu’un plat de tomates farcies ait pu
il n’y a pas si longtemps, constituer un régal rare et recherché ?!!!
Il faut vous dire que pendant les premiers temps de la guerre, de 40 à
42, en Provence, dans les campagnes, tout le monde a été surpris...
Depuis quelques années, la vigne, bien connue pour son ingratitude,
avait fait un effort, et le paysan du Midi, son amoureux de toujours,
pouvait presque manger à sa faim. Mais comme chez nous, le repas le
plus frugal mérite sa sieste, chacun s’était bien tranquillement endormi.
Certes, il n’y a pas lieu, dans une histoire qui doit avoir une conclusion
plaisante, de décrire les affres de la disette, ou le désarroi moral et
physique des gens qui ont vécu ces années là.
D’autres l’on fait avec talent.
Mais chacun sait que dans les moments les plus difficiles, il y a
toujours pour celui qui observe, regarde, écoute et tout simplement
apprécie, la note claire qui égaie, le côté amusant qui atténue tous les
drames.
....
Nous étions donc en plein été 1941 !
Dans le four où je préparais tous les jours la maigre ration de mauvais
pain de mes amis néoulais, chacun pouvait, quand il le désirait, venir
faire cuire gratuitement son plat. Merveilleuse coutume venue des temps
anciens qui voulait que le four du boulanger soit un peu le bien de toute
la communauté.
C’est vers une heure de l’après-midi que je vis arriver Madame
Alfonsi, la femme du cordonnier qui habitait près de la Place, elle portait
précautionneusement un plat de tomates farcies à faire cuire...
Madame Alfonsi me dit tout bas :
— Paul, je te le confie. Surveille le bien ! Dans la farce j’y ai mis un
restant de viande que j’ai eu dimanche au marché noir !
Moi, à la fois flatté et angoissé par la responsabilité de ce plat qui
contenait de la VIANDE, je lui répondis :
— Soyez tranquille ! Venez le chercher ce soir, il sera prêt. Posez-le
sur le tour. (Le tour, c’est tout simplement la grande planche bâtie dans le
mur sur laquelle on façonne les pains.)
Cette promesse faite avec le sourire de celui qui connaît son affaire,
allait me coûter quelques soucis...
Nous avions à la maison un chien de chasse. D’ailleurs nous avons
toujours eu des chiens de chasse. Bien que dans notre famille jamais
personne n’ait chassé... sauf mon père... qui y était allé une fois avec son
chien. Il avait rencontré un lièvre ÉNORME... et l’avait tué !
Cela avait suffit pour que depuis, les chiens de cette race soient
considérés chez nous comme persona grata, parce qu’à travers eux on
rendait hommage à l’exploit et à l’adresse de mon père...
Or ce chien tabou, d’assez grande taille, en se dressant sur ses pattes
de derrière, arrivait à la hauteur du tour. Et sur le tour, il y avait le plat
que Madame Alfonsi venait de déposer en toute confiance quelques
instants auparavant...
Est-ce la faim ? Est-ce la farce ? Est-ce cette satanée viande au marché
noir ? Qui le saura jamais ?
En tout cas je peux vous dire que l’ordre des tomates dans le plat
n’avait pas changé. Elles étaient restées en rangs parfaits. En rangs
parfaits, mais désespérément vides ! La langue du chien avait fait son
œuvre. Méprisant le contenant, il avait fait son choix du contenu, le
bougre !
Mon désarroi devant le tableau à la fois navrant et inattendu de ces
pommes d’amour vidées de ce qui faisait tout leur charme, fut de courte
durée. Ma mère allait trouver immédiatement la solution :
— Tu vas farcir un plat pour nous, tu feras le double de la farce
nécessaire et tu remplira les tomates de cette bonne femme !
— Mais la viande ? Nous n’avons pas de viande !
J’ai alors entendu quelque chose de merveilleusement faux, mais ma
mère me dit :
— Quand tu fais un plat de tomates, il est si bien fait... que personne
ne s’en apercevra !
Le lendemain en venant chercher son pain, Madame Alfonsi me dit,
toujours tout bas, en confidence et d’un air entendu :
— Les tomates, hier soir... Fa-meuses ! Nous nous sommes régalés !...
Ça se voyait qu’il y avait de la viande !

 

Paul, Vicomte des Blaquières
N..., Août 1978

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Membre, 76ans Posté(e)
Blaquière Membre 18 865 messages
Maitre des forums‚ 76ans‚
Posté(e)

Je viens de suivre les récits de Rasibus et de Le Merle, plus les documents :  je suis fasciné !

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Modérateur, ©, 107ans Posté(e)
January Modérateur 59 805 messages
107ans‚ ©,
Posté(e)

Il 'y a pas que toi ! :)

 

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Membre, Obsédé textuel, 72ans Posté(e)
Gouderien Membre 34 698 messages
72ans‚ Obsédé textuel,
Posté(e)

A propos de la guerre de 39-45, on a appris il y a deux jours la mort de Léo Marjane (104 ans), immense vedette de l'époque, notamment avec "Je suis seule ce soir", chanson dans laquelle se reconnurent de nombreuses femmes de prisonniers. Léo Marjane, c'était vraiment la bande-son de cette période noire. Elle a d'ailleurs eu quelques petits ennuis à la Libération, où on lui a reproché d'avoir un peu trop chanté pour les Allemands.

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Membre, 63ans Posté(e)
S.A.S Membre 3 368 messages
Baby Forumeur‚ 63ans‚
Posté(e)
Il y a 9 heures, Gouderien a dit :

A propos de la guerre de 39-45, on a appris il y a deux jours la mort de Léo Marjane (104 ans), immense vedette de l'époque, notamment avec "Je suis seule ce soir", chanson dans laquelle se reconnurent de nombreuses femmes de prisonniers. Léo Marjane, c'était vraiment la bande-son de cette période noire. Elle a d'ailleurs eu quelques petits ennuis à la Libération, où on lui a reproché d'avoir un peu trop chanté pour les Allemands.

Il y a beaucoup  d'artistes qui chantaient pour les Allemands .

C'est de la collaboration . Généralement ( après la guerre ) ils s'en sont bien sortis ( comparés à d'autres ) petites gens , qui eux , ont été fusillés ou outragé sur la place publique .

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