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"Je est un autre "

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Membre, If you don't want, you Kant..., Posté(e)
deja-utilise Membre 5 943 messages
If you don't want, you Kant...,
Posté(e)
Il y a 4 heures, zeugma a dit :

si le but était de nous rappeler la différence qu'il y a entre un professeur et un poète c'est une affaire conclue...

N'y aurait-il pas là une touche d'ironie !?

Citation

" La fonction poétique, c’est l’accent mis sur le message en tant que tel, la visée du message pour lui-même. Et notons bien que message ici signifie texte, énoncé, oeuvre… et non contenu, thème ou idée. Cette visée du message fait que l’oeuvre poétique est un texte qui s’impose à l’esprit et à la mémoire. Le message plaît pour lui-même quand bien même sa mission informative est faible "

quel curieux contre sens...est-il possible qu'un texte soit sans contenu, un énoncé sans thème, une œuvre sans idées ?

oui c'est la plus curieuse réduction que j'ai lu depuis longtemps...

 

Je ne crois pas que la volonté de l'auteur ait été de dire que le sens était sans intérêt, mais que celui-ci n'était pas ce qui prime en poésie, la signification est relégué au second plan, ce qui peut se comprendre, on peut fort bien trouver un texte beau, bien écrit, bien formulé, pertinent, etc, sans pour autant lui accorder la qualité de poème, ou de structure poétique, ce que je veux dire, c'est que toute poésie est nécessairement belle d'une manière ou d'une autre, mais que l'inverse n'est pas forcément vrai, tout ce qui est beau n'est pas rangé dans une approche poétique !

D'où la formulation dans la citation, qu'une poésie doit avant tout être belle, plaire, de par certaines caractéristiques, ( c.f. le lien pdf que j'ai fourni au départ ) pour avoir ce titre, ensuite on regardera éventuellement de quel sens elle est porteuse, c'est à dire que si le texte est affreux, ne répond à aucun canon esthétique, par exemple en vers ou en rythmicité, il n'y a pas lieu d'aller plus loin dans le registre poétique, il nous alors changer notre fusil d'épaule, et voir ce texte sous un autre jour. 

 

Mais je comprends que le concours des deux est bien plus satisfaisant, la forme et le fond !

 

Citation

je préfère dire que le poème est ce témoin transmissible, et tout l'enjeu c'est de trouver soi-même l'angle par lequel ce lien de dépassement du sens des mots ouvre à une saisie de l'universel, pas au plan conceptuel, mais au niveau de l'implication de notre conscience, de notre présence au monde, ce donné brut des mots en sa forme poétique fait que notre intelligence et notre volonté se trouve unifiés dans une vision/connaissance intérieure, là où mémoire et imaginaire deviennent docile et peuvent parfaire de manière quasi infini la qualité de notre présence...

mais c'est uniquement une lecture extatique qui peut-être suivie d'une instase...


 

Faut-il encore avoir cette fibre en soi, tout comme tout le monde n'a pas la fibre sportive, matheuse ou philosophique !

Dans le cas contraire, il faut s'attendre à une certaine indifférence, mais j'entends bien l'idée ! Chacun sa sensibilité si j'ose dire, comme on peut être sensible à un style musical et fermé/étranger à un autre par exemple, nous avons tous une gamme plus ou moins étendue de réceptivité en chaque domaine ou sous-activité associée... ou dit autrement un pouvoir discriminatoire en toutes les choses qui se présentent à nous !

 

 

Modifié par deja-utilise
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Membre, 77ans Posté(e)
Blaquière Membre 19 162 messages
Maitre des forums‚ 77ans‚
Posté(e)

Voilà !

J'aime pas que le beau, j'aime pas que le laid !

J'aime le beau du laid (mais pas les laids bedeaux) 

J'aime les beaux balais, j'aime les beaux palais,

Les beaux bolets  dans les sous-bois boueux

l'amitié des crapauds si visqueux

J'aime le beau du lait... Veau, vache, cochons....

Cuvée !

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Membre, If you don't want, you Kant..., Posté(e)
deja-utilise Membre 5 943 messages
If you don't want, you Kant...,
Posté(e)
Il y a 1 heure, Dompteur de mots a dit :

Fort bien, mais dans l'extrait que j'ai cité plus haut - et je pense que le reste de ton intervention originale allait dans le même sens, il est question de la poésie comme discipline littéraire, et la beauté y est bien décrite comme une opération cosmétique, où la banalité des choses est recouverte d'artifices.



Si tu regardes bien, tu remarqueras que j'inverse sciemment cette " chronologie ", le beau n'est pas une surcouche, mais l'essence même de tout art, qui peut ensuite être travesti par d'autres couches ultérieures, comme celle purement apparente ou superficielle, cosmétique comme tu l'écris.

Mais pour moi, bien que je sois conscient de la racine commune entre artifice et artificielle, je ne leur donne pas la même valeur, la première est méliorative dans ce sujet et la seconde péjorative, ce qui constitue une différence, sans doute pas fondamentale, mais importante pour mieux appréhender ce que je dis:

Magnifier et artifices ne sont pas antagonistes/oxymoriques, mais vont de paire, dans mon premier commentaire, dit autrement ça ne dénature pas, mais amplifie, sublime l'objet.

 

 

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Invité Isadora.
Invités, Posté(e)
Invité Isadora.
Invité Isadora. Invités 0 message
Posté(e)
Le 09/10/2016 à 18:59, swam a dit :

Comment comprenez vous cette expression de Rimbaud ?

Est ce qu'elle vous inspire ?

Résultat de quatorze ans de réflexion sur cette citation :

Je l'associe à une marotte personnelle : On n'atteint pas l'horizon.

Dire je, c'est se prononcer sur soi. C'est donc faire acte de réflexivité. Cependant, dans quelle mesure ce que je vois dans le reflet est-il perception est percepteur ? est-il possible d'être un percevant perçu ? Pour Rimbaud, je pense que la réponse est un non massif, catégorique. On ne se perçoit pas, on en s'attrape pas. Pourquoi ? Parce qu'on est, on se vit, on ne s'attrape pas, on ne se réifie pas. Un miroir n'est pas un visage. On se vit et la conscience réflexive est déjà un pas dans le langage, dans le monde commun, dans le non-soi.

Rimbaud conchierait sans doute le développement personnel cheap qui est tellement en vogue actuellement.

Modifié par Isadora.
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Membre, Posté(e)
zeugma Membre 670 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)

réponse à vous déjà utilisé et précisions complémentaires de mes propos...

1 / comme vous tenez à être cohérent avec vos autres posts, et c'est tout à votre honneur, vous me répondez en me proposant une analyse de l'acte poétique émit et reçu, comme une occasion de manifester notre émotion, et par là même de communiquer entre nous, cette notion du beau si délicat qu'il risque toujours, comme un flocon de neige, de fondre dès qu'on le touche...

2 / et comme vous me répondez ceci : "Je crois au contraire que toute activité humaine est tournée vers une forme de communication, de mise en relation entre individus, de partage ou de reconnaissance, voire de monstration, bref du besoin du regard de l'autre à un moment ou à un autre du processus comportemental. "

j'en déduis que le passage que je vous ai livré ne vous à rien suggérer d'autre, et que si nous n'avons pas la même type d'analyse de la poésie, c'est que sans doute non plus, nous n'en n'avons pas la même expérience...

je cite un autre passage de vous dans une réponse à Zenalpha sur le sujet "la philosophie une affaire de tous ?" :"Effectivement, je l'ai eu également à l'esprit en t'écrivant, tu as raison, le commentateur sportif ou la critique littéraire sont justement à l'extérieur de l'ensemble dénommé footballeur pour le premier et romancier, par exemple, pour le second. "

et comme vous poursuivez en disant : "Toutefois mon interrogation porte sur la substance du sujet en question, non de la qualité intrinsèque de celui qui se questionne..."

j'en déduis également que pour vous la substance de la poésie est uniquement d'ordre de la communication émotionnelle...

ce qui me fait avancer une première précision sur mes posts précédents...

la singularité de notre expérience ouvre effectivement à une communication, mais elle nous donne aussi d'être unique et unifié par notre contemplation, qui ne se limite pas dans l'acte de poésie à un arrêt sur image du beau, mais à la recherche du vrai et du bien par cet acte d'écriture ou de lecture poétique...

je sais que vous dites vrai en parlant de la poésie comme forme de communication, mais pour moi elle est premièrement ce par quoi la communication d'une expérience personnelle du réel est enfin partagée, de manière universel...

si vous en restez, en analysant la poésie, à la versification que l'imaginaire produit d'un donné sémantique évolutif, je comprend que vous disiez :  "La poésie m'apparait donc comme une porte d'entrée parmi tant d'autres vers ce genre d'objectifs sociaux innés, pour ma part la poésie n'a pas le monopole de la notion de beau, ni de plaire, ni de nous transporter au-delà des apparences crues."

pour conclure, je vous donne un poème de mon cru, car au delà "des apparences crues" , la poésie est pour moi une disponibilité à partager plus ou moins notre dimensionnalité spirituelle, et si cela est la cause de notre divergence, elle l'est aussi de notre complémentarité...

L'attention et le désir

 

Un jour une attention rencontra un désir

sans être préparer elle en fût retournée

et de vouloir son bien, se préparait au pire

car sa prudence tient au fait d'être bien née,

 

Le désir la séduit par ses tours de passe-passe

subtilisant la haine au profit de l'amour

conduisant sa conquête sur ses terres de chasse

lui fît perdre le mors par abus de détours

 

L'attention essaya de reprendre ses esprits

de repousser son hôte par sa force passive

mais le désir l'emporte car il l'avait surpris !

c'est l'unique point faible qui la rendait lascive...

 

Depuis ce jour ils vivent ensemble leur passion

leurs enfants se nomment: joie, présence, fidélité,

l'attention organise la vie de la raison

et le désir contemple l'unique vérité.

 

 

bien à vous

 

                                                          

 

 

 

 

 

Modifié par zeugma
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Membre, Agitateur Post Synaptique, 56ans Posté(e)
zenalpha Membre 21 906 messages
56ans‚ Agitateur Post Synaptique,
Posté(e)

Très beau texte.

Et à propos de mon acte manqué de l'autre post, si je l'avais écrite (ça aurait été beaucoup moins joli...), j'aurai titré le désir et la tension et d'un coup (voire après plusieurs), l'imaginaire de la poésie aurait été chamboulée.

Tension artérielle pour corps caverneux et + selon affinités dont les enfants ne pouvaient être que conceptuels.

Modifié par zenalpha
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Membre, 77ans Posté(e)
Blaquière Membre 19 162 messages
Maitre des forums‚ 77ans‚
Posté(e)

Je suis un peu abasourdi de vous entendre parler de poésie de cette façon...

Le beau, le vrai, le bon ! Mais c'est Platon qui nous revient ! Avec armes et bandages !

Il y a quelque temps, il y a eu un sujet amusant quand "poésie" était encore une rubrique sur le forum. Le sujet était étonnant : "Comment peut-on être très  fort en poésie ?" !!! Je vais donc recoller les deux ou trois réponses que j'avais faites alors.

 

 

Citation

 

Être fort en poésie...

Biens sûr il faut lire et écrire. C'est la moindre des chose.

Mais la clé de la poésie, je crois c'est de regarder, écouter, sentir le monde autour de soi.

Vivre.

Ta poésie c'est ton point de vue.

Il faut (en fait, il faut rien !) témoigner d'un regard neuf sur le monde.

Y voir ce qui n'a pas encore été vu.

"Trouver" un mode nouveau de le sentir.

Et l'exprimer.

Chercher la petite bête qui va devenir... grosse comme un dinosaure !

Par principe, ce "nouveau mode" est le point de vue personnel et chacun en a donc un nécessairement.

Il y a le mode... facile et le mode difficile !

(Comme dans les jeux vidéos !)

Le mode facile, c'est le point de vue commun à tous.

Les gentilles fleurettes, les jolies couleurs, la musique douce... etc.

Le mode difficile c'est ce que personne n'avait vu avant nous (beau comme laid : il faut y prendre des risques), et que désormais l'on verra comme nous l'avons vu...

La poésie devrait nous faire découvrir quelque chose.

C'est une quête, une enquête :

"Bon sang, mais c'est bien sûr !"

Modifié 21 septembre par Blaquière

 

 
Citation

La poésie, c'est comme l'envie de fumer :

Si on se sent bien, trop bien, on allume une cigarette.

Si on se sent mal, trop mal, on allume aussi une cigarette.

Vas comprendre, Charles !

Inquiet aussi, ou fébrile, ou surpris.

Heureux, malheureux, amoureux, déçu :

C'est le bon moment .

On allume un poème...

On allume un poème quand c'est trop, quand ça passe pas tout seul...

 

De même que pour l'Art de façon générale, comment de pas penser à Nietzsche et les deux mouvements opposés, contradictoires apollinien et dionysiaque ?

La phrase de départ de Rimbaud mes semble révélatrice : en premier, c'est un "coup de poing" ! (Enfin, ça se veut tel!) La poésie, par principe, "tout" remettre en question. Si on part sur le beau, l'esthétique, autant s'arrêter tout de suite !

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Membre, 69ans Posté(e)
Maroudiji Membre 6 485 messages
Forumeur expérimenté‚ 69ans‚
Posté(e)
il y a 15 minutes, Blaquière a dit :

Je suis un peu abasourdi de vous entendre parler de poésie de cette façon...

Le beau, le vrai, le bon ! Mais c'est Platon qui nous revient ! Avec armes et bandages !

 

La phrase de départ de Rimbaud mes semble révélatrice : en premier, c'est un "coup de poing" ! (Enfin, ça se veut tel!) La poésie, par principe, "tout" remettre en question. Si on part sur le beau, l'esthétique, autant s'arrêter tout de suite !

Lui, il va nous venir avec le plaisir sadien sinon sadique et Rimbaud qui déclame le dérèglement de tous les sens au lieu de leur contrôle. Sexe, bouffe, alcool et récitation extatique de la poésie sans préjugé et tabou pour sonder les profondeurs de l'âme cosmique.

Ils en sont encore là aujourd'hui les Blaquière et compagnie...

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Membre, 77ans Posté(e)
Blaquière Membre 19 162 messages
Maitre des forums‚ 77ans‚
Posté(e)
il y a 6 minutes, Maroudiji a dit :

Lui, il va nous venir avec le plaisir sadien sinon sadique et Rimbaud qui déclame le dérèglement de tous les sens au lieu de leur contrôle. Sexe, bouffe, alcool et récitation extatique de la poésie sans préjugé et tabou pour sonder les profondeurs de l'âme cosmique.

Ils en sont encore là aujourd'hui les Blaquière et compagnie...

Est-il possible que tu n'aies rien compris du tout à ce que j'ai voulu dire ?

OUI !

"Sexe, bouffe, alcool et récitation extatique de la poésie sans préjugé et tabou pour sonder les profondeurs de l'âme cosmique." quel charabia : que des trucs qui me hérissent et toi t'as compris ça de moi ?!!!

Le pire je crois c'est "récitation extatique de la poésie" quand je dis "si ça va pas, on allume un poème comme on allume une cigarette" t'a pas compris que je disais exactement le contraire ?!!!

Enfin, si t'es content de toi c'est l'essentiel !

C'est pas pour pérore qu'on est poète, c'est parce qu'on manque d'air ! Patate !

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Membre, Posté(e)
zeugma Membre 670 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)
Il y a 2 heures, Blaquière a dit :

Je suis un peu abasourdi de vous entendre parler de poésie de cette façon...

Le beau, le vrai, le bon ! Mais c'est Platon qui nous revient ! Avec armes et bandages !

heu...non je voulais juste m'assurer de faire un partage des eaux (référence sans inférence) entre ce qui est dit et ce qui est perçu...le beau n'est pas un transcendantal mais participe à l'harmonisation du tout...c'est pourquoi il a cours dans le monnayage poétique...

et par la même occasion je rend grâce à Zenalpha de ne pas avoir osé des rimes sur la : Tension artérielle pour corps caverneux et + selon affinités dont les enfants ne pouvaient être que conceptuels. il y a des mots qui se pensent sans se dire et qui, si ils se disent, méritent qu'on les pansent...:smile2: comme des maux...

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Membre, 77ans Posté(e)
Blaquière Membre 19 162 messages
Maitre des forums‚ 77ans‚
Posté(e)
il y a 8 minutes, zeugma a dit :

heu...non je voulais juste m'assurer de faire un partage des eaux (référence sans inférence) entre ce qui est dit et ce qui est perçu...le beau n'est pas un transcendantal mais participe à l'harmonisation du tout...c'est pourquoi il à cours dans le monnayage poétique...

et par la même occasion je rend grâce à Zenalpha de ne pas avoir osé des rimes sur la : Tension artérielle pour corps caverneux et + selon affinités dont les enfants ne pouvaient être que conceptuels. il des mots qui se pensent sans se dire et qui, si ils se disent, méritent qu'on les pansent...:smile2: comme des maux...

Pour Platon, je pensais plus aux bandages genre Velpeau (autrement dit à un Platon rafistolé) qu'à la tension des corps caverneux !!! Tu m'as fait rire !

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Membre, 69ans Posté(e)
Maroudiji Membre 6 485 messages
Forumeur expérimenté‚ 69ans‚
Posté(e)
il y a 25 minutes, Blaquière a dit :

Est-il possible que tu n'aies rien compris du tout à ce que j'ai voulu dire ?

OUI !

C'est pas pour pérore qu'on est poète, c'est parce qu'on manque d'air ! Patate !

Ah, la vache, je me suis trompé !

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Membre, 42ans Posté(e)
caillouteux 3310 Membre 310 messages
Baby Forumeur‚ 42ans‚
Posté(e)
Le 9/10/2016 à 18:59, swam a dit :

Comment comprenez vous cette expression de Rimbaud ?

Est ce qu'elle vous inspire ?

je est un autre c est que je suis pareil.....

un autre pourrai etre moi et vice versa!

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Membre, If you don't want, you Kant..., Posté(e)
deja-utilise Membre 5 943 messages
If you don't want, you Kant...,
Posté(e)
Le 23/12/2016 à 01:03, Isadora. a dit :

Je l'associe à une marotte personnelle : On n'atteint pas l'horizon.

Dire je, c'est se prononcer sur soi. C'est donc faire acte de réflexivité. Cependant, dans quelle mesure ce que je vois dans le reflet est-il perception est percepteur ? est-il possible d'être un percevant perçu ? Pour Rimbaud, je pense que la réponse est un non massif, catégorique. On ne se perçoit pas, on en s'attrape pas. Pourquoi ? Parce qu'on est, on se vit, on ne s'attrape pas, on ne se réifie pas. Un miroir n'est pas un visage. On se vit et la conscience réflexive est déjà un pas dans le langage, dans le monde commun, dans le non-soi.

 

J'aimerais rebondir sur cette interprétation, et la présenter différemment, pourquoi ne pas y voir une différentiation entre le Je que chacun peut voir ou manipuler/orienter en la personne, et auquel on finit par s'identifier, et son soi le plus intime, c'est-à-dire de jouer un rôle, et cet acteur devient le seul visage perçu de tous, y compris de soi-même à terme, i.e.: jusqu'à ce que la victime finisse par accepter de jouer une théâtralisation, un scénario, une mise en scène, de confondre ce qui est attendu/projeté/modelé  avec son individualité profonde, alors qu'a contrario, celui qui a suffisamment de sensibilité et/ou de répugnance à être un paraitre, à faire semblant, à mimer, à reproduire, à obéir, de constater l'abysse qui s'est creusé entre sa véritable nature et ce personnage public manipulé auquel il s'adonne depuis si longtemps.

Ce Je public plus ou moins intériorisé est donc en toute clairvoyance un étranger en la demeure !

Il n'est donc pas incompatible de reconnaitre, en la même personne et par cette personne, ce qui y a été introduit et ce qui y sommeille depuis l'origine, peut-être pas tout, mais au moins de se rendre à l'évidence que nous ne sommes pas parfaitement nous-même, que nous avons été contaminé par des agents extérieurs...  L'indice le plus net étant lorsque nous rentrons en conflit intérieur entre deux instances psychiques, telle qu'une envie et la bonne-conscience par exemple !

 

 

 

 

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Membre, If you don't want, you Kant..., Posté(e)
deja-utilise Membre 5 943 messages
If you don't want, you Kant...,
Posté(e)
Le 23/12/2016 à 10:31, zeugma a dit :

j'en déduis que le passage que je vous ai livré ne vous à rien suggérer d'autre, et que si nous n'avons pas la même type d'analyse de la poésie, c'est que sans doute non plus, nous n'en n'avons pas la même expérience...   

                                                  

( On peut se tutoyer, ce qui avait entrepris dès le départ il me semble avant même notre première correspondance, et qui n'entamera pas le respect mutuel )

Je peux parfaitement l'envisager, oui, surtout que je n'ai aucune prétention en la matière !

 

Le 23/12/2016 à 10:31, zeugma a dit :

je cite un autre passage de vous dans une réponse à Zenalpha sur le sujet "la philosophie une affaire de tous ?" :"Effectivement, je l'ai eu également à l'esprit en t'écrivant, tu as raison, le commentateur sportif ou la critique littéraire sont justement à l'extérieur de l'ensemble dénommé footballeur pour le premier et romancier, par exemple, pour le second. "

et comme vous poursuivez en disant : "Toutefois mon interrogation porte sur la substance du sujet en question, non de la qualité intrinsèque de celui qui se questionne..."

j'en déduis également que pour vous la substance de la poésie est uniquement d'ordre de la communication émotionnelle...

 

Je ne sais pas si il nous est permis d'extraire une réponse faite dans une problématique pour la transposer dans une autre, et en tirer des conclusions, sans au préalable trouver des liens, des proximités, des ressemblances ou des analogies entres ces situations a priori différentes.

 

Dans le premier cas je m'interrogeais sur une remarque de Zenalpha qui voyait dans la question du topic un besoin de s'extirper du domaine pour se prononcer, une " méta-philosophie ", où j'ai tenté de réfuter toutes ses objections ultérieures, pour ce cas particulier, en disant substantiellement que cette question était bien une question philosophique, pour peu que l'on tienne compte des intentions premières de l'auteure, c'est-à-dire toute sa dimension humaine, et non, seulement, abstraite ou logique. Ici, je dis que la poésie est intrinsèquement indissociable de la notion de Beau, d'une manière générale, et j'étends même cette idée à tous les arts.

 

 

La poésie restreinte à celle langagière, est sans doute un moyen direct comme indirect de communication, mais j'ai aussi dit que je voyais de la poésie en toute manifestation potentielle de l'existence, et qui n'a donc pas trait de près ou de loin, systématiquement, à une forme de communication, mais vraisemblablement de contemplation, d'interrogation, d'étonnement, de résonance intérieure, d'harmonie, etc...

C'est certes étroitement lié/connecté à des questions esthétiques, mais pas nécessairement communicationnelles. Est-ce plus précis ainsi ?

 

Le 23/12/2016 à 10:31, zeugma a dit :

ce qui me fait avancer une première précision sur mes posts précédents...

 

la singularité de notre expérience ouvre effectivement à une communication, mais elle nous donne aussi d'être unique et unifié par notre contemplation, qui ne se limite pas dans l'acte de poésie à un arrêt sur image du beau, mais à la recherche du vrai et du bien par cet acte d'écriture ou de lecture poétique...

 

D'accord, mais cette quête de vérité, n'est-elle pas elle-même concomitante à une forme de Beauté, il ne faut pas, comme dit à Dompteur, restreindre le Beau à une approche visuelle, mais à tout ce qui déclenche en nous une douce émotion, un apaisement, une quiétude, un équilibre, de nous mettre en phase, un remède exogène aux maux endogènes, y compris pour le créateur artistique lui-même, qui cherche un moyen d'exorciser ses propres malêtres pour en venir ou revenir à une harmonisation, au moins spirituelle/cognitive/intellectuelle/morale/affective !

Le Beau n'est pas une simple couche cosmétique, il est le moteur le plus profond au déclenchement de nos émotions ou sentiments, il en est leur source, dans l'amitié par exemple, c'est bien parce que quelque chose nous plait intensément en notre ami(e), quand bien même d'autres éléments nous déplairaient en cette même personne, que nous avons une si grande estime pour lui(elle), que cette personne nous touche. Que ce soit son amour, sa confiance, son estime, son soutien, sa droiture, sa franchise, les moments forts partagés heureux comme malheureux, quelle que soit la ou les facettes retenues, c'est la séduction procurée par ce que l'on estime très positivement qui initie notre sentiment amical en retour, et si pour cette autre personne il en va de même, alors nous rentrons en résonance, nous vibrons ensemble, ce qui procure de chaleureuses sensations, qui ne nous laissent pas du tout indifférent, nous nous imprégnons dès lors de cette force, et elle laisse en nous une empreinte rayonnante, comme un feu en pleine nuit au beau milieu de nul part, captivant, enivrant, chaleureux, réconfortant, joyeux, qui procure une forte impression de bien être.

 

Le 23/12/2016 à 10:31, zeugma a dit :

pour conclure, je vous donne un poème de mon cru, car au delà "des apparences crues" , la poésie est pour moi une disponibilité à partager plus ou moins notre dimensionnalité spirituelle, et si cela est la cause de notre divergence, elle l'est aussi de notre complémentarité...

L'attention et le désir

 

Un jour une attention rencontra un désir

sans être préparer elle en fût retournée

et de vouloir son bien, se préparait au pire

car sa prudence tient au fait d'être bien née,

 

Le désir la séduit par ses tours de passe-passe

subtilisant la haine au profit de l'amour

conduisant sa conquête sur ses terres de chasse

lui fît perdre le mors par abus de détours

 

L'attention essaya de reprendre ses esprits

de repousser son hôte par sa force passive

mais le désir l'emporte car il l'avait surpris !

c'est l'unique point faible qui la rendait lascive...

 

Depuis ce jour ils vivent ensemble leur passion

leurs enfants se nomment: joie, présence, fidélité,

l'attention organise la vie de la raison

et le désir contemple l'unique vérité.

                                                       

 

Je suis à la fois touché et flatté d'être le destinataire de cette production artistique, toutefois, je dois avouer, mon incapacité à apprécier à sa juste valeur cette création, j'ai comme qui dirait suffisamment de sensibilité  pour me rendre compte que je n'en ai pas assez à ma disposition pour profiter de ce qui me semble être un travail remarquable, de par une simple estimation approximative de ma part, au même titre que j'ai assez d'intelligence pour dire que j'en suis fort peu pourvu, ou encore que je flirte avec assez de connaissances pour me rendre compte de ma grande ignorance.

Je me vois donc présentement, par expression plagiée interposée, comme un cochon à qui l'on aurait donné de la confiture ! Je ne me sens pas digne de recevoir une telle faveur, j'en suis navré d'avance, et j'espère ne pas trop te décevoir en étant authentique/sincère !

Mais cette mise à disposition au plus grand nombre, n'est pas pour autant perdue, elle répond en l'occurrence à une attente de Blaquière, qui je suppose sera plus que sustenté pour le coup, mais qui ne sera sans doute pas le seul à l'appréhender convenablement.

 

Avec mes excuses, je te souhaite malgré tout de bonnes fêtes de fin d'année...

Modifié par deja-utilise
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Membre, 65ans Posté(e)
Gattaca Membre 1 750 messages
Forumeur en herbe ‚ 65ans‚
Posté(e)

Hume dans son traité de la nature humaine ( chapitre de l'identité personnelle ) répond de manière judicieuse à la question, enfin selon moi ( et l'autre aussi :D )

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  • 1 mois après...
Invité
Invités, Posté(e)
Invité
Invité Invités 0 message
Posté(e)
Le ‎09‎/‎10‎/‎2016 à 18:59, swam a dit :

Comment comprenez vous cette expression de Rimbaud ?

Est ce qu'elle vous inspire ?

Je pense qu'il faut se garder, concernant Rimbaud, d'interpréter cette expression sous l'angle psychologique, psychanalytique ou philosophique, et l'interpréter tout d'abord sous l'unique angle poétique. Il ne faut jamais perdre de vue la précocité de Rimbaud. Quand il écrit les lettres dites "du voyant", il n'a pas encore dix-sept ans. Il vit la poésie comme un adolescent vit toute chose, avec passion, en y engageant tout son être, ses sentiments, ses sensations, et, ce qui rend Rimbaud unique, parce que combiné à tout ça, son extraordinaire intelligence.

"Je est un autre." La confusion vient du terme "autre", trop souvent traduit par "autrui". Hors, "je" n'est pas "quelqu'un" d'autre, mais "quelque chose" d'autre. "un" "autre". Je est "un", individualité. Mais il est aussi "autre". Le clairon est clairon. Mais il est avant tout cuivre. C'est parce que le clairon est cuivre qu'il est clairon. Le cuivre s'est fait clairon. Ce n'est pas le poète qui fait la poésie, c'est la poésie qui fait le poète. C'est pourquoi le poète doit se faire voyant. Pour cela, il doit se connaître parfaitement, en allant au bout de lui-même. Non pas pour exprimer tout ce qu'il est, mais tout ce qu'il n'est pas. Là est la voyance : elle n'est pas introspective, mais "extraspective". Sortir du "je" pour aller vers un "autre", un inconnu que le poète doit décrire, au besoin en inventant de nouvelles formes poétiques, une nouvelle langue.

La démarche rimbaldienne est strictement poétique. C'est celle d'un adolescent précoce enivré de poésie. Un "bateau ivre" qui s'est "baigné dans le grand poème de la mer." Tout le génie de Rimbaud est d'avoir donné au monde une poésie nouvelle, une poésie "autre", qui dépasse aujourd'hui le cadre poétique, pour entrer dans l'universel. La poésie de Rimbaud a apporté au monde, en en exprimant une part d'inexprimable : "et j'ai vu quelquefois ce que l'homme a cru voir"...

Je est un autre...

 

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Membre, Posté(e)
Dompteur de mots Membre 1 842 messages
Forumeur activiste‚
Posté(e)

N'est-ce pas précisément lorsque l'altérité sociale fait massivement place à l'identité, la différence à l'égalité, que le problème de l'identité propre, intime cette fois, peut surgir ? [...] l'égalité a nettoyé le terrain et permis le surgissement de la question du Moi; désormais, l'authenticité l'emporte sur la réciprocité, la connaissance de soi sur la reconnaissance. Mais, simultanément à cette disparition sur la scène sociale de la figure de l'Autre, réapparaît une nouvelle division, celle du conscient et de l'inconscient, le clivage psychique, comme si la division se devait d'être reproduite en permanence, fût-ce sous un mode psychologique, afin que l'oeuvre de socialisation puisse se poursuivre. "Je est un Autre" amorce le procès narcissique, la naissance d'une nouvelle altérité, la fin de la familiarité du Soi avec Soi, quand mon vis-à-vis cesse d'être un absolument Autre: l'identité du Moi vacille quand l'identité entre les individus est accomplie, quand tout être devient un "semblable".

- G. Lipovetsky, L'ère du vide.

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