Aller au contenu

La misanthropie est-elle un genre de pathologie mentale ?

Noter ce sujet


Savonarol

Messages recommandés

Membre, Posté(e)
Dompteur de mots Membre 1 842 messages
Forumeur activiste‚
Posté(e)

Je suis avec Déjà et Théia là-dessus. Et même, j'ai toujours tenu la misanthropie comme un signe de santé mentale. J'aime les gens qui ont une lourdeur dans les yeux: la lourdeur de celui qui porte une exigence de vie plus haute que celle à laquelle les hommes se sont élevés jusqu'ici. La lourdeur de celui que le réel ne rassasie pas.

Ce pourquoi aussi j'ai de la compassion pour ce que ressent Savonarol, et qu'il me semble qu'il ne faille à aucun prix moraliser ce ressenti, mais plutôt faire ressortir ce qu'il recèle de beau et d'important.

À la lumière de certaines interventions, peut-être conviendrait-il de distinguer deux types de misanthropie:

a) une misanthropie pathologique: celle qui découle d'un évènement traumatisant devenu le déclencheur d'une haine généralisée et au fond injustifiée. Cette misanthropie-là repose donc sur le préjugé.

b) une misanthropie spirituelle: celle qui découle d'une exigence vitale que l'on porte en soi, négativement manifestée par un dégoût général à l'égard de l'indolence des hommes. Selon cette définition, même un type comme Jésus était misanthrope - il détestait tant les hommes qu'il lui était impératif de consacrer sa vie à les transformer. Les misanthropes de ce genre sont des inactuels, en ce sens qu'ils ont besoin de se faire une idée du potentiel de transformation de l'homme pour vivre et croire en l'humanité. Il peut s'agir d'une issue créative à la misanthropie pathologique.

  • Like 1
Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Annonces
Maintenant
Membre, Posté(e)
tison2feu Membre 3 119 messages
Forumeur expérimenté‚
Posté(e)

Si la définition de la Misanthropie est la haine, le mépris du genre humain, il s'agit effectivement d'un genre de pathologie mentale, puisque le misanthrope fait lui-même partie de ce genre humain qu'il exècre. Et s'il se place au dessus de ce genre humain, c'est qu'il admet implicitement que ce genre humain, dans sa personne, n'est pas si exécrable qu'il l'affirme. Il est donc en proie à une contradiction interne. De ce fait, le misanthrope, s'il se croit meilleur qu'autrui, N'est malgré lui plus misanthrope. Et s'il l'est, la mort peut être son refuge, pour renoncer à son humanité...

Oui. De plus, les intervenants qui, ici, se considèrent comme misanthropes ne me donnent pas l'impression d'éprouver une réelle "haine" (grec mysos) pour l'humanité et pour eux-mêmes. Haïr, c'est faire une fixation sur un objet, vouloir son mal jusqu'à sa complète destruction. Aucun des intervenants n'a manifesté jusqu'à présent une telle haine pour l'objet "humanité", à l'instar d'un Cioran qui, à la seule vue d'une femme enceinte, avait envie de vomir. D'ailleurs, et je me tourne vers Théia, car je trouve très significatif que tu dises "Je n'aime pas l'humanité" et non pas "Je hais l'humanité". Une fois encore, tout est question de vocabulaire. Il y a de la marge entre "ne pas aimer" et "haïr".

C'est donc que leur conception de la misanthropie est plus ou moins soft, séduisante parce qu'assimilée à une vie loin de la foule et des mouvements grégaires, et une exigence de vie telle que le solitaire apprenne d'abord à compter sur ses propres forces avant de compter sur l'aide d'autrui. Moi aussi, j'évite la foule, préférant cultiver mon jardin, au propre et au figuré. Mais ce qui m'éloigne de toute tentation misanthropique, c'est que je ne me sens aucun droit de reprocher à l'humain d'être imparfait. Derrièrecette haine misanthropique, je soupçonne un désir fantasmatique de perfection, d'absolu, comme si l'humain pouvait atteindre à la perfection !

Ou mieux encore, comme si l'humain était coupable de ne pas être parfait !

Par surcroît, haïr l'humanité a l'inconvénient de mettre tout le monde dans même sac, alors qu'à mes yeux, certains humains me semblent moins imparfaits que d'autres.

Modifié par tison2feu
Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Invité
Invités, Posté(e)
Invité
Invité Invités 0 message
Posté(e)

Il n'y a pas d'asocial chez Platon. Si Savonarol choisit de laisser le passage de Platon, en précisant qu'il s'y reconnaît parfaitement, c'est qu'il nous invite à partir de ça, là cette chose formulée par Platon, et non à partir d'autre chose. Donc si tu appelles ça un asocial, d'accord, ça ne change pas la question.

Et encore, sur le plan de la stricte définition, il n'est pas du tout précisé, sur le cnrtl par exemple, qu'il s'agirait exclusivement du concept d'humanité. Il n'aime pas les êtres humains, ou le genre humain. Cette haine tend à englober, par exemple, tous les êtres humains, le genre humain. Pas encore de concept là-dedans. Encore moins un concept qui s'autodéfiniraitparsoimêmedanssespropreslimitesessentielles.

Savonarol nous propose un sujet sur la misanthropie dans la section philosophie que je trouve intéressant. Il en donne une définition. Il nous donne ensuite l'exemple tiré de Platon dans lequel il dit se reconnaitre. C'est à partir de ces deux choses que l'énoncé de la question nous invite donc à réfléchir. Or, je pense moi que ça change toute la question, parce que j'y vois une contradiction. La définition donne la misanthropie comme la haine du genre humain, l'exemple de Platon comme la haine de l'autre. La différence est pour moi essentielle.

Et encore, sur le plan de la stricte définition, le genre humain englobe l'humanité entière, sans aucune distinction est-il même précisé. Donc, elle englobe le sujet lui-même. Ce n'est pas moi qui l'affirme dans un concept qui ""s'autodéfiniraitparsoimêmedanssespropreslimitesessentielles", mais la définition elle-même....

Il n'y a pas d'argument ni de définition philosophique ici.

À part une définition postée dans la section philosophie et un exemple tiré de Platon...

Je passe sur le procédé fallacieux (consistant à m'attribuer une définition).

Le procédé visait surtout le caractère péremptoire et définitif de la réponse proposée, caractère retrouvé dans les autres...

Par opposition au concept dont tu imposes une logique autonome (soit homme, soit pas homme), je décide de repasser vers la multitude et multiplicité réelle des autres (niée par le misanthrope soit dit en passant, le misanthrope dont parle Platon : il est implicite que celui-ci commet une erreur de jugement, ce qui, toujours en restant chez Platon, est une "pathologie").

Je n'impose aucun concept, je pars d'une définition donnée. La multitude et la multiplicité réelle des autres est aussi celle du sujet quand il prétend être misanthrope et donc détester et mépriser non les autres, mais le genre humain. c'est toute la contradiction. Et c'est à partir de cette contradiction que la misanthropie prend son sens philosophique. C'est à partir de cette contradiction que je rejoins Dompteur de mots quand il en fait un signe de santé mentale, si cette misanthropie est active et source de changement, et que je rejoins Théia quand elle dit être misanthrope tant qu'elle sera philanthrope.

Je pense que quand on est vraiment misanthrope, qu'on se hait autant qu'on hait les autres, on peut soit l'être passivement et le subir, et en ce cas on tombe dans la pathologie mentale, soit l'être activement, comme Nietzsche par exemple, et tendre vers une autre conception de l'homme, et donc faire oeuvre de philanthrope. C'est ce paradoxe joliment exprimé par Théia qui fait la différence entre le véritable misanthrope et celui qui ne fait que détester les autres...

Je ne prends rien de haut moi.

Au temps pour moi, j'aurais pourtant juré...

Modifié par hdbecon
Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre, Posté(e)
Petitpepin Membre 783 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)

La définition donne la misanthropie comme la haine du genre humain, l'exemple de Platon comme la haine de l'autre (non : des autres). La différence est pour moi essentielle.

Exactement. Parce qu'il s'agit en fin de compte de deux choses différentes, il m'a paru que ta dernière intervention "dénaturait" le sujet. Pour tout dire j'ai trouvé la première vraiment stimulante parce qu'elle apportait une perspective différente et nouvelle. Mais il y a eu un glissement ensuite.

Nous sommes passés de :

Si la définition de la Misanthropie est la haine, le mépris du genre humain, il s'agit effectivement d'un genre de pathologie mentale, puisque le misanthrope fait lui-même partie de ce genre humain qu'il exècre. Et s'il se place au dessus de ce genre humain, c'est qu'il admet implicitement que ce genre humain, dans sa personne, n'est pas si exécrable qu'il l'affirme. Il est donc en proie à une contradiction interne. De ce fait, le misanthrope, s'il se croit meilleur qu'autrui, N'est malgré lui plus misanthrope. Et s'il l'est, la mort peut être son refuge, pour renoncer à son humanité...

(Le seul bémol, je trouve, est dans l'usage du mot "interne". Il est face à une contradiction, et même, pourquoi pas : tu le mets face à une contradiction.)

à :

Ton passage sonne juste dans le cadre subjectif de ta description. Le misanthrope s'y place à l'écart, en haïssant l'autre. Hors, haïr tout le monde, haïr l'autre, haïr l'Homme, c'est de fait se haïr soi-même, en tant qu'être humain. Haïr l'autre sans se haïr soi-même, ce n'est pas être misanthrope, puisque c'est paradoxalement penser que l'Homme, à travers soi-même, n'est pas haïssable. Le misanthrope, le vrai, haït l'autre autant que lui-même. Le misanthrope de Molière lui-même ne l'est pas, quand il dit: "Je veux qu'on me distingue." Le soi-disant misanthrope, dans ce cas-là, se distingue comme étant un modèle d'humanité. Il ne hait que le modèle d'humanité de l'autre, et aime le sien. Il ne peut donc se dire misanthrope, puisqu'il aime l'humanité qu'il porte en lui-même comme un étendard...

Nous n'étions alors plus dans l'apport d'un éclairage supplémentaire, mais dans une redéfinition exclusive, et à mon avis injustifiée, de la réalité du sujet.

Admettons que tu discutes avec un misanthrope qui te dit "les hommes sont la pire pourriture de ce monde", il est peut aussi bien s'inclure que ne pas s'inclure, ce n'est pas à nous d'en décider. Mais tu es fondé à t'étonner et à le lui demander. Or là c'est comme si, nonobstant la réponse qu'il va t'apporter, tu as déjà jugé qu'il s'inclut. Mais c'est pour toi qu'il est de fait inclut dans les hommes.

D'autre part, le "mécanisme" d'une attente très forte, d'une confiance accordée presque absolument, conduisant à une immense déception, laquelle tend ensuite à affecter toutes les relations présentes et futures aux autres, cela me semble quelque chose d'intéressant. Est-ce une pathologie ? Et donc aussi : faut-il "traiter" cette pathologie ? Comment, etc. - ce qui me semble être la suite la plus logique.

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Invité
Invités, Posté(e)
Invité
Invité Invités 0 message
Posté(e)

Exactement. Parce qu'il s'agit en fin de compte de deux choses différentes, il m'a paru que ta dernière intervention "dénaturait" le sujet. Pour tout dire j'ai trouvé la première vraiment stimulante parce qu'elle apportait une perspective différente et nouvelle. Mais il y a eu un glissement ensuite.

Nous sommes passés de :

à :

Nous n'étions alors plus dans l'apport d'un éclairage supplémentaire, mais dans une redéfinition exclusive, et à mon avis injustifiée, de la réalité du sujet.

C'est exactement la contradiction que je mets en perspective: Savonarol part d'une définition précise de la misanthropie, puis sur un exemple où il se reconnait. Son exemple est donc, de fait, subjectif. Or, cet exemple me semble ne pas correspondre précisément à la définition donnée de la misanthropie, puisqu'il n'y est pas précisé que le sujet se donnant comme philanthrope s'exclut ou non de ce rejet de l'homme. La définition indique précisément: mépris et détestation du genre humain sans aucune distinction. Donc, si le misanthrope déteste le genre humain, il se déteste lui-même, puisqu'il est partie prenante du genre humain. S'il ne déteste que l'autre sans s'inclure, alors il admet de par sa démarche que le genre humain dont il fait partie n'est pas détestable sans distinction, puisqu'il se donne lui-même comme dexception. c'est le misanthrope de Molière qui dit "Je veux qu'on me distingue." On sort alors de la misanthropie pour passer non dans le rejet du genre humain mais de l'autre, ce qui définit au sens large les autres, ce qui n'est pas moi-même...

Admettons que tu discutes avec un misanthrope qui te dit "les hommes sont la pire pourriture de ce monde", il est peut aussi bien s'inclure que ne pas s'inclure, ce n'est pas à nous d'en décider. Mais tu es fondé à t'étonner et à le lui demander. Or là c'est comme si, nonobstant la réponse qu'il va t'apporter, tu as déjà jugé qu'il s'inclut. Mais c'est pour toi qu'il est de fait inclut dans les hommes.

Non. Ce n'est pas moi qui décide qu'il est de fait inclut dans les hommes, mais la définition donnée. S'il ne s'inclut pas dans la détestation qu'il éprouve du genre humain, il n'est pas, selon la définition donnée, misanthrope.

Le malentendu vient du fait que tu penses que c'est moi qui décide. Or, je ne fait qu'appliquer un raisonnement à partir d'une définition. Si on applique la définition, la misanthropie n'est pas la détestation et le mépris de l'autre, mais la détestation et le mépris du genre humain sans distinction. Donc, le misanthrope se méprise et se déteste autant qu'il méprise et déteste l'autre, puisqu'il fait partie du genre humain. Si il n'y a mépris et détestation que de l'autre et non de soi-même, il n'y a plus mépris et détestation du genre humain par l'admission implicite que le genre humain n'est pas méprisé et détesté dans sa propre personne. Donc, celui qui ne fait que détester l'autre ne peut s'affirmer misanthrope. Si éclairage il y a, c'est celui-là...

D'autre part, le "mécanisme" d'une attente très forte, d'une confiance accordée presque absolument, conduisant à une immense déception, laquelle tend ensuite à affecter toutes les relations présentes et futures aux autres, cela me semble quelque chose d'intéressant. Est-ce une pathologie ? Et donc aussi : faut-il "traiter" cette pathologie ? Comment, etc. - ce qui me semble être la suite la plus logique.

Le pourquoi de la misanthropie a des raisons multiples. Après, je te dirais sous forme de boutade que nous sommes en section philosophie, pas en médecine. Encore une fois, affirmer comme Dompteur de Mots que la misanthropie peut être un signe de santé mentale me parait une piste intéressante, et la phrase de Théia très profonde...

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre, Posté(e)
Petitpepin Membre 783 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)

"Son exemple est donc, de fait, subjectif. Or, cet exemple me semble ne pas correspondre précisément à la définition donnée de la misanthropie, puisqu'il n'y est pas précisé que le sujet se donnant comme philanthrope s'exclut ou non de ce rejet de l'homme. La définition indique précisément: mépris et détestation du genre humain sans aucune distinction. Donc, si le misanthrope déteste le genre humain, il se déteste lui-même, puisqu'il est partie prenante du genre humain."

Tu as poussé la définition du misanthrope pour révéler une potentielle contradiction. D'accord. Maintenant tu réduis la définition du misanthrope à cette radicalité, là pas d'accord. Après, comme tu préfères. Il me semble que tu t'enfermes dans une contradiction dans les termes alors qu'il n'y a pas lieu. Mais j'arrête là.

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre, If you don't want, you Kant..., Posté(e)
deja-utilise Membre 5 994 messages
If you don't want, you Kant...,
Posté(e)

Mais ce qui m'éloigne de toute tentation misanthropique, c'est que je ne me sens aucun droit de reprocher à l'humain d'être imparfait.

Derrière cette haine misanthropique, je soupçonne un désir fantasmatique de perfection, d'absolu, comme si l'humain pouvait atteindre la perfection !

Mais comme toi, je ferai remarqué, qu'il n'est pas question de reprocher à l'homme de ne pas être parfait, mais précisément d'être imparfait, quand tu as fait la nuance entre ne pas aimer et haïr ! Rien ne l'empêche de s'améliorer ou de ne plus se prélasser dans sa mélasse. D'autant plus que certains en sont capables, pourquoi pas d'autres, une majorité ? Car derrière ces apparences de civilisation, il se trame la même chose depuis la nuit des temps, c'est toujours la jungle, la sauvagerie qui dominent sous nos yeux trompés. Pourquoi un tel déni ?

Pourquoi tant d'énergie dans la conquête, quelle qu'elle soit, et si peu dans la maitrise de la colère/violence, depuis tous ces millénaires d'évolution ? C'est pourtant possible, alors qui rêve tout éveillé dans l'inaction ?

Ou mieux encore, comme si l'humain était coupable de ne pas être parfait !

Oui l'humain est coupable non seulement de ses actions, mais également de ses inactions, point besoin d'invoquer le caractère de perfection, qui ne reste qu'un concept, pour nous dédouaner ! Nous avons la faculté d'agir, nous avons une conscience, nous sommes capables d'anticipations, nous nous voyons au sommet du vivant, de l'intelligence, pour une seule de ses raisons nous sommes coupables, car nous pouvons faire mieux, beaucoup mieux, que les animaux que nous montrons toujours du doigt comme bestiaux, alors qu'en réalité nous faisons bien pire...

Par surcroît, haïr l'humanité a l'inconvénient de mettre tout le monde dans même sac, alors qu'à mes yeux, certains humains me semblent moins imparfaits que d'autres.

Voilà, il y a des nuances, mais qu'est-ce qui empêche que les plus imparfaits suivent les moins imparfaits ? Pourtant les moins riches cherchent systématiquement à ressembler, à faire, comme les riches, pourquoi dès lors, lorsqu'il s'agit d'activités cognitives la majorité/masse est à la traine ?

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Invité
Invités, Posté(e)
Invité
Invité Invités 0 message
Posté(e)

Tu as poussé la définition du misanthrope pour révéler une potentielle contradiction. D'accord.

Je comprends ton point de vue. On me fait souvent cette critique. Je l'accepte volontiers. Mais je ne suis pas d'accord.

Je ne pousse pas la définition, je la lis au sens strictement littéral. "La misanthropie est l'art de mépriser et de détester le genre humain." Pas "les autres". "Le genre humain." C'est à dire l'humanité dans son ensemble, dans sa multiplicité. Hors, le misanthrope, même à son corps défendant, fait partie du genre humain. Donc, la conséquence logique s'impose: le misanthrope, méprisant et détestant le genre humain, se méprise et se déteste lui-même également. Ce n'est pas moi qui l'y force.

Si la définition donnée par Savonarol était: "la misanthropie est l'art de détester et de mépriser les autres êtres humains.", mon raisonnement aurait été effectivement poussé, et nous serions d'accord. Mais la définition est autre. Et la lecture strictement littérale de cette définition donnée aboutit à un paradoxe. Je ne l'ai pas décidé. Je n'ai pas poussé mon raisonnement, j'en ai suivi la logique...

Maintenant tu réduis la définition du misanthrope à cette radicalité, là pas d'accord. Après, comme tu préfères. Il me semble que tu t'enfermes dans une contradiction dans les termes alors qu'il n'y a pas lieu.

Tu ne peux pas me reprocher d'expliquer une chose par sa définition. Le paradoxe établi indique que le misanthrope se méprise et se déteste autant qu'il méprise et déteste les autres. Sinon, il ne correspond pas à la définition du misanthrope. Encore une fois, mon raisonnement est strictement littéral...

Mais j'arrête là.

C'est dommage. Notre discussion a fait éclore un nouveau paradoxe: celui qui applique une définition au sens strictement littéral passe pour extrapoler, quand celui qui extrapole une définition passe pour strictement sensé...tongue.gif

Modifié par hdbecon
Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre, Un con qui marche ira plus loin qu'un intellectuel assis, 53ans Posté(e)
DroitDeRéponse Membre 90 779 messages
53ans‚ Un con qui marche ira plus loin qu'un intellectuel assis,
Posté(e)

Je comprends ton point de vue. On me fait souvent cette critique. Je l'accepte volontiers. Mais je ne suis pas d'accord.

Je ne pousse pas la définition, je la lis au sens strictement littéral. "La misanthropie est l'art de mépriser et de détester le genre humain." Pas "les autres". "Le genre humain." C'est à dire l'humanité dans son ensemble, dans sa multiplicité. Hors, le misanthrope, même à son corps défendant, fait partie du genre humain. Donc, la conséquence logique s'impose: le misanthrope, méprisant et détestant le genre humain, se méprise et se déteste lui-même également. Ce n'est pas moi qui l'y force.

Si la définition donnée par Savonarol était: "la misanthropie est l'art de détester et de mépriser les autres êtres humains.", mon raisonnement aurait été effectivement poussé, et nous serions d'accord. Mais la définition est autre. Et la lecture strictement littérale de cette définition donnée aboutit à un paradoxe. Je ne l'ai pas décidé. Je n'ai pas poussé mon raisonnement, j'en ai suivi la logique...

Tu ne peux pas me reprocher d'expliquer une chose par sa définition. Le paradoxe établi indique que le misanthrope se méprise et se déteste autant qu'il méprise et déteste les autres. Sinon, il ne correspond pas à la définition du misanthrope. Encore une fois, mon raisonnement est strictement littéral...

C'est dommage. Notre discussion a fait éclore un nouveau paradoxe: celui qui applique une définition au sens strictement littéral passe pour extrapoler, quand celui qui extrapole une définition passe pour strictement sensé...tongue.gif

Bonsoir

Le fait que le misanthrope déteste le genre humain ne signifie pas que le misanthrope se déteste lui même ,

Le misanthrope n'est en effet pas le genre humain .

Maintenant il est tout à fait possible que @Savonarol soit misanthrope et alterophobe :D

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre, Posté(e)
J-Moriarty Membre 3 640 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)

Ton passage sonne juste dans le cadre subjectif de ta description. Le misanthrope s'y place à l'écart, en haïssant l'autre. Hors, haïr tout le monde, haïr l'autre, haïr l'Homme, c'est de fait se haïr soi-même, en tant qu'être humain. Haïr l'autre sans se haïr soi-même, ce n'est pas être misanthrope, puisque c'est paradoxalement penser que l'Homme, à travers soi-même, n'est pas haïssable. Le misanthrope, le vrai, haït l'autre autant que lui-même. Le misanthrope de Molière lui-même ne l'est pas, quand il dit: "Je veux qu'on me distingue." Le soi-disant misanthrope, dans ce cas-là, se distingue comme étant un modèle d'humanité. Il ne hait que le modèle d'humanité de l'autre, et aime le sien. Il ne peut donc se dire misanthrope, puisqu'il aime l'humanité qu'il porte en lui-même comme un étendard...

Oui, Alceste n'aime que lui même, il finit par partir tout seul sans Célimène....Molière se moque bien du misanthrope aussi, son attitude, ses croyances et sa foi sont ridiculisées.

Modifié par J-Moriarty
Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Invité punchcoco
Invités, Posté(e)
Invité punchcoco
Invité punchcoco Invités 0 message
Posté(e)

Tout dépend si on prend la définition au pied de la lettre, étymologiquement, ou si on peut l'interpréter.

Les misanthropes sont avant tout des idéalistes a la base.

Ils ont des valeurs morales qu'ils placent au dessus de tout et sont surpris et déçus de s'apercevoir que c'est loin d'etre le cas pour tout le monde.

Bref ils sont le contraire des opportunistes pragmatiques.

Je ne pense pas que l'on puisse parler de haine, autrement ce serait une pathologie, seulement de désintéret.

Je ne pense pas non plus qu'ils se jugent meilleurs que les autres, plutot qu'ils ont des aspirations plus hautes, qu'ils sont plus ambitieux, dans le bon sens du terme.

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Invité punchcoco
Invités, Posté(e)
Invité punchcoco
Invité punchcoco Invités 0 message
Posté(e)

Et a mon avis, les gens qui haissent l'humanité ont une haine encore plus grande pour eux-memes.

C'est parce qu'ils ne trouvent rien de beau, de bon et de noble en eux qu'ils décident de hair l'humanité, c'est un moyen de ne pas trop souffrir de leurs déficiences.

"Je suis nul, je suis corrompu, je suis vil, dévoyé... Mais toute l'humanité est ainsi, donc ça va, plutot mal que bien, mais ça va.

C'est un défaut de fabrique dont je ne suis pas entierement responsable"

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre, Posté(e)
tison2feu Membre 3 119 messages
Forumeur expérimenté‚
Posté(e)

Mais comme toi, je ferai remarqué, qu'il n'est pas question de reprocher à l'homme de ne pas être parfait, mais précisément d'être imparfait, quand tu as fait la nuance entre ne pas aimer et haïr ! Rien ne l'empêche de s'améliorer ou de ne plus se prélasser dans sa mélasse. D'autant plus que certains en sont capables, pourquoi pas d'autres, une majorité ? Car derrière ces apparences de civilisation, il se trame la même chose depuis la nuit des temps, c'est toujours la jungle, la sauvagerie qui dominent sous nos yeux trompés. Pourquoi un tel déni ?

Pourquoi tant d'énergie dans la conquête, quelle qu'elle soit, et si peu dans la maitrise de la colère/violence, depuis tous ces millénaires d'évolution ? C'est pourtant possible, alors qui rêve tout éveillé dans l'inaction ?

Oui l'humain est coupable non seulement de ses actions, mais également de ses inactions, point besoin d'invoquer le caractère de perfection, qui ne reste qu'un concept, pour nous dédouaner ! Nous avons la faculté d'agir, nous avons une conscience, nous sommes capables d'anticipations, nous nous voyons au sommet du vivant, de l'intelligence, pour une seule de ses raisons nous sommes coupables, car nous pouvons faire mieux, beaucoup mieux, que les animaux que nous montrons toujours du doigt comme bestiaux, alors qu'en réalité nous faisons bien pire...

Voilà, il y a des nuances, mais qu'est-ce qui empêche que les plus imparfaits suivent les moins imparfaits ? Pourtant les moins riches cherchent systématiquement à ressembler, à faire, comme les riches, pourquoi dès lors, lorsqu'il s'agit d'activités cognitives la majorité/masse est à la traine ?

Je m'empresse de te répondre... avec beaucoup de retard involontaire (difficultés à me connecter et à accéder au forum).

Je reconnais m'être beaucoup avancé sur cette question du perfectionnisme, mes "soupçons" ayant l'inconvénient de faire dire à autrui ce qu'il peut très bien ne pas penser. D'autant que je partage avec toi la conviction que l'humanité a commencé à couper la branche sur laquelle elle est assise. L'état des lieux est accablant.

Finalement, tu donnes toi-même une clé venant s'ajouter à l'analyse très claire de Dompteur, lorsque tu prônes la maîtrise de soi.

Tout semble donc dépendre de la capacité du misanthrope à maîtriser ou non sa "haine" du genre humain. Cela est explicite dans cette phrase où l'auteur de La Nausée déclare : "Le misanthrope est homme: il faut donc bien que l'humaniste soit misanthrope en quelque mesure. Mais c'est un misanthrope scientifique, qui a su doser sa haine, qui ne hait d'abord les hommes que pour mieux pouvoir ensuite les aimer". Il est bien question de "doser" sa haine, c'est-à-dire de faire un usage intelligent de cette haine, comme le suggérait d'ailleurs Aristote en désaccord avec les Stoïciens sur ce point.

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre, Posté(e)
tison2feu Membre 3 119 messages
Forumeur expérimenté‚
Posté(e)

Par souci de précision, je tiens à ajouter que cette citation de Sartre n'est pas le reflet exact de sa pensée, mais celle de l'Autodidacte (humaniste chrétien) avec qui il discute. Sartre écrit quelques lignes plus loin : "Je trouve, dis-je à l'Autodidacte, qu'on ne peut pas plus haïr les hommes que les aimer".

Et une petite rectification : il fallait lire misos ("haine" en grec ancien), avec un "i" et non pas avec un "y", comme je l'avais écrit par erreur.

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre, If you don't want, you Kant..., Posté(e)
deja-utilise Membre 5 994 messages
If you don't want, you Kant...,
Posté(e)

Finalement, tu donnes toi-même une clé venant s'ajouter à l'analyse très claire de Dompteur, lorsque tu prônes la maîtrise de soi.

Tout semble donc dépendre de la capacité du misanthrope à maîtriser ou non sa "haine" du genre humain. Cela est explicite dans cette phrase où l'auteur de La Nausée déclare : "Le misanthrope est homme: il faut donc bien que l'humaniste soit misanthrope en quelque mesure. Mais c'est un misanthrope scientifique, qui a su doser sa haine, qui ne hait d'abord les hommes que pour mieux pouvoir ensuite les aimer". Il est bien question de "doser" sa haine, c'est-à-dire de faire un usage intelligent de cette haine, comme le suggérait d'ailleurs Aristote en désaccord avec les Stoïciens sur ce point.

On peut se demander jusqu'à quel point l'aversion pour les humains est prononcée.

S'il s'agit bien de haine, alors on pourrait la rapprocher d'une pathologie, à l'instar du fanatique qui a une haine contre un groupe plus ou moins étendu d'individus, mais j'ai bien peur qu'en fin de compte cela ne fasse que réponde à notre héritage instinctif, commun à l'humanité et plus ou moins rendu docile, avec des dérapages, tel le chef d'État qui déclenche une guerre contre un pays. L'Homme est par " nature " violent, agressif, impulsif ou dominateur, comment s'y prend t-il pour maitriser ou refouler ces pulsions ? Vu le nombre de conflits encore en activités sur la planète, j'oserai dire, qu'il n'y arrive pas beaucoup mieux qu'aux temps préhistoriques, et il est bien connu, qu'il suffit d'un ou deux excités...

En quelques endroits, on en est réduit à canaliser cette violence dans une forme atténuée, comme la compétition sportive, mais cela reste à mes yeux un pis-aller, une sublimation, certes bien mieux que la sauvagerie brute, néanmoins cela demeure une marque de notre esclavagisme à nos instincts grégaires.

Mais en général, on peut plus rapprocher la misanthropie à du dégoût, comme l'a signalé DdM avec l'exemple de Jésus, ce qui pousse l'individu qui en est victime, à faire en sorte de ne plus l'être, et donc à modifier quelque chose en l'homme, pour qu'il ne soit plus rebutant.

***********

En quoi les stoïciens prônaient-ils l'emportement ? N'était-ce pas plutôt les cyniques, dont le kunique comme vu antérieurement !?

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre, Posté(e)
Dompteur de mots Membre 1 842 messages
Forumeur activiste‚
Posté(e)

Mais ce qui m'éloigne de toute tentation misanthropique, c'est que je ne me sens aucun droit de reprocher à l'humain d'être imparfait. Derrière cette haine misanthropique, je soupçonne un désir fantasmatique de perfection, d'absolu, comme si l'humain pouvait atteindre à la perfection !

Désir fantasmatique de perfection ? À vrai dire, il suffit d’aimer la vie. Aimer la vie, c’est-à-dire rechercher la puissance d’exister. L’ineptie de ses semblables étant une cause de tristesse, c’est-à-dire de diminution de la puissance d’exister, elle provoque la haine, puisque nous haïssons naturellement ce qui nous rend triste. Si on pose l’hypothèse que d’habitude, chacun aime plus ou moins la vie sans détester les hommes, je suppose que dans le cas du misanthrope, cela suppose un amour particulièrement aigu de l’existence. Ou alors a-t-il une capacité perceptive de l’ineptie de ses semblables particulièrement fine ? Un peu des deux sans doute.

Ou mieux encore, comme si l'humain était coupable de ne pas être parfait !

On peut établir une distinction entre une misanthropie de renoncement (que j'ai qualifiée de « pathologique » auparavant) et une misanthropie d’adhésion (que j'ai appelée « spirituelle », mais ce n'était pas un terme satisfaisant).

Le misanthrope du renoncement est un homme qui, excédé par sa haine des hommes, vaque à accélérer la faillite du monde en se faisant agent du chaos. C’est typiquement un homme faible, lâche et confus, pour qui les hommes sont effectivement coupables de leur propre ineptie. Mais par suite, puisque les hommes sont partie de la nature, c’est la nature elle-même qu’il condamne et du coup, la vie elle-même ou, ce qui revient au même, sa vie elle-même. Cet homme-là renonce donc au monde – non pas forcément à l’existence terrestre mais plutôt à l’élan interne des choses qui fait tout le sel de la vie, cet élan qui nous pousse, pour retomber sur cette petite formule philosophique étriquée, à augmenter notre puissance d’exister. Car, qu’est-ce que l’existence terrestre sans cet élan interne qui nous pousse, sinon un long convoi funéraire ennuyant et inutile ?

Tandis que le misanthrope de l’adhésion ne pense pas une seconde que l’homme soit responsable ou coupable d’être ce qu’il est (en ce qui me concerne, je pense avoir très bien exposé ma position là-dessus dans le topic sur l’altruisme, qui a d’ailleurs dérivé en topic sur le libre-arbitre). Voilà tout le nœud du malheur du misanthrope de l’adhésion : maudire une engeance qui ne peut être tenue responsable de sa propre ineptie. Et parallèlement, aimer la vie – la vie dont les hommes font partie. Cela donne à la vie une étrange saveur, qui se manifeste par une tension constante entre le mépris et l’amour de ses semblables. (Soit dit en passant, j’utilise les termes de mépris, de maudissement, de détestation ou autres comme autant de variétés de haine, qui expriment des nuances particulière de haine – la haine étant entendue au sens spinozien (c’est-à-dire comme affect manifesté envers la cause de sa tristesse (j’ai défini plus haut la tristesse)) et non au sens d’une volonté brute de destruction, ce qui est une chose différente.) Donc, il s’installe dans le cœur d’un tel homme misanthrope une double perspective. Comment la décrire ? Parlons de mépris urticarien des hommes mais d’amour viscéral de la vie, celle-ci, au sens global, incluant les hommes. En somme, le misanthrope de l’adhésion est allergique aux hommes mais il est incapable de s’empêcher de les aimer. Ou le serait-il ? Le laisser-aller n’est-il pas après tout l’apanage naturel des hommes ? Disons plus justement qu’il choisit d’aimer les hommes, qu’il en fait son grand engagement. Mais bref, il devrait fuir les hommes comme la peste, aller s’isoler dans la forêt ou s’expatrier sur mars mais voilà : il est accroc aux humains.

Le misanthrope de l'adhésion est confronté à deux dangers : tout d’abord, si sa foi et son engagement faiblissent, celui de sombrer dans le cynisme. Et ensuite, s’il perd le contact avec son mépris fondamental pour l’espèce humaine, le danger que son amour devienne indolent.

On peut voir dans ce contexte comment un misanthrope de l’adhésion est sujet à développer une conception religieuse de l’existence, en ce sens où, pour réguler la tension qui est caractéristique de sa vie intérieure, il aura besoin de substantialiser son amour pour les choses et donner ainsi un support plus palpable à son grand engagement. La perte de cet amour et de cet engagement et de cette foi peut par suite se manifester sous le phénomène de l’idolâtrie – une idolâtrie dirigée vers l’objet de la substantialisation qu’il aura préalablement donnée à ces choses de l’esprit. C’est la forme principale du cynisme misanthropique : l’idolâtrisation de l’élan interne ou, son équivalent sur le plan collectif, son institutionnalisation – en quoi consistent sous une forme particulièrement exemplaire les religions organisées. Passé un certain point de rupture, le misanthrope de l’adhésion cynique devient un misanthrope du renoncement. C’est peut-être pour cela que l'on voit que, dans la trajectoire inverse, les criminels repentis – ces misanthropes du renoncement qui ne veulent plus renoncer, deviennent souvent de grands croyants non dénués de cynisme.

Quant au défaut d’indolence, il est plus difficile à saisir. Et il est plus difficile à saisir sans doute parce que dans l'esprit commun, le fait de perdre son allergie à l'espèce humaine ne constitue pas un mal, au contraire. Mais au fait, comment devons-nous traiter le mépris qui est au cœur de l'esprit du misanthrope? Comme quelque chose qui lui est contingent mais souhaitable ou alors comme quelque chose qui s'impose à lui avec une nécessité implacable et que, bien ou mal, il lui faut apprendre à connaître et à fréquenter? Un peu des deux sans doute. Autant semble-t-il que pour évoquer le caractère douloureux du dilemme qui est au cœur du misanthrope il faille en faire valoir le caractère nécessaire, autant l'apologie morale d'une telle posture semble nécessiter d'en souligner le caractère contingent afin qu'elle ait l'allure d'un possible qui est à la portée de chacun (ne faut-il pas à ce titre d'ailleurs considérer que la doctrine du libre-arbitre est d'abord et avant tout une doctrine rhétorique?).

Un misanthrope de l'adhésion tient au mépris qui l'habite, voilà tout. Ou disons plutôt qu'il tient à la lucidité qui induit la constitution de ce mépris dans les profondeurs de son âme, les deux étant consubstantiels. Et cette lucidité, n'est-elle pas elle-même consubstantielle à son amour viscéral de la vie? Amour qu'il veut lucide – car les plus grands amours se veulent lucides, puisque la lucidité amoureuse est la manifestation d'une volonté d'augmenter sa puissance d'aimer. Fermer les yeux, c'est aimer à la petite semaine, c'est renoncer, d'une certaine manière, c'est s'enfermer dans un petit bonheur d'amour égoïste. Enfin, c'est aimer avec sa peau. Le misanthrope veut aimer les yeux ouverts, c'est-à-dire aimer avec ses viscères. Qui veut aimer avec ses viscères doit s'entraîner le corps de deux manières : il doit cultiver sa faculté urticarienne afin de rendre sa peau dure et intolérante, et il doit ouvrir les yeux afin que la substance du monde lui entre dans le corps, au lieu de seulement frapper la surface de sa peau. Et alors ce qui n'était que vibration de surface peut se transmuer en une véritable tectonique de l'amour. Cela ne signifie pas, concrètement, que le misanthrope de l'adhésion se refuse à tout contact corporel. Puisqu'il fait de l'amour des autres son grand engagement, il s'engage aussi à aimer avec sa peau, mais seulement, il exige que les effusions cutanées prennent leur source dans les profondeurs viscérales de son anatomie. Un peu à l'instar du karatéka dont le mouvement de la main doit découler d'un engagement total du corps, à partir des pieds. Le misanthrope de l'adhésion prend, caresse, serre, fait l'amour par explosions volcaniques.

Finalement, on peut voir dans la philosophie amoureuse du misanthrope de l'adhésion l'écho d'une philosophie du silence. Dans celle-ci, il s'agit d'une parole qui est retardée dans l'optique d'un développement de la pensée, alors que dans celle-là, il s'agit d'un amour qui est retardé dans l'optique d'un développement de la lucidité amoureuse. Moins aimer pour aimer mieux. Tel est l'exigence d'un cœur qui bat de cette manière.

C'est donc que leur conception de la misanthropie est plus ou moins soft

Petit vermisseau ! Tu n'as pas le droit d'affirmer qu'il s'agit d'une conception « soft ». Ce qui est soft, c'est de renoncer, c'est d'accélérer la faillite du monde, c'est de se laisser aller. Choisir la vie par contre, ça c'est un défi.

Par surcroît, haïr l'humanité a l'inconvénient de mettre tout le monde dans le même sac, alors qu'à mes yeux, certains humains me semblent moins imparfaits que d'autres.

Il y a certes une fraternité guerrière naturelle entre misanthropes optimistes. Mais sa préférence ne découle pas d’une valeur en soi variable qu’il accorderait à l’humain, mais plutôt sur la nature plus ou moins partagée d’une lutte. Je veux dire que l'attitude fondamentale du misanthrope ne varie pas en fonction des individus. C'est plutôt qu'il est facilité dans l'atteinte de ses exigences par les circonstances. Peut-être suis-je réticent à admettre l'idée que la valeur ou que l'état de perfection des individus peut varier de la sorte ? Est-ce à cause du caractère désespéré de ces sentiments ? N'y a-t-il pas une partie du coeur du misanthrope, pourrie jusqu'à l'os, qui ne croit pas tout à fait aux bonnes intentions même des âmes qui en apparence sont les plus pures, à commencer par les siennes ?

Quant à ses enfants, ils sont, aux yeux du misanthrope, des instruments, des armes secrètes de magnification massive, dans une vaste entreprise terroriste de vivification du monde. Il n’est donc que logique qu’il leur accorde un engagement total. Cela dit, même dans ses rapports avec ses enfants, il y a une part de mépris et de cruauté qui lui sont nécessaires, ne serait-ce que cette dose de mépris qui l'empêche de chérir l'inhabileté et la naïveté de ses enfants (son oeil, la surface de son oeil s'en réjouit, et il en rit, d'autant plus qu'au fond de lui-même, il n'en reconnaît que trop bien la nature provisoire), ainsi que cette dose de cruauté nécessaire à l'annihilation de ce qui en l'enfant aspire au déversement et au repli narcissique, et empêche l'élévation jusqu'à la vie adulte.

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Invité elbaid
Invités, Posté(e)
Invité elbaid
Invité elbaid Invités 0 message
Posté(e)

je conseil à tout les misanthropes de jeter les chewings gum par terre c'est vachement poilant .... y a toujours ou une abrutie derrière pour y mettre le pied dessus .:)

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Invité elbaid
Invités, Posté(e)
Invité elbaid
Invité elbaid Invités 0 message
Posté(e)

il m'arrive aussi souvent d'insulter les gens dans la rue ou dans les supermarchés , je les insulte en silence , je me moque d'eux toujours en silence ....tête de nœud par ci ... tête de nœud par là . le supermarché est un lieu privilégié pour lui , il aime regarder le nombril des autres rarement le sien .

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre, 65ans Posté(e)
pila Membre 18 571 messages
Baby Forumeur‚ 65ans‚
Posté(e)

Il y a de quoi devenir misanthrope. Des majorité d'imbéciles est en train de détruire MA planète.

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Invité elbaid
Invités, Posté(e)
Invité elbaid
Invité elbaid Invités 0 message
Posté(e)

mais il n'y a rien de pathos la dedans , c'est un plaisir que de détester autrui de plus c'est dans le vent . la grande majorité des gens vont fustiger le monde et la société en la critiquant de tout les maux mais rarement se remettront en question .

Comment va le monde ? mal très mal c'est de pire en mal , fourberie , guerres , plus de valeurs , plus de repères , c'est une catastrophe , les humains sont mauvais , l'humain est destructeur , l'homme est un loups pour l'homme etc etc etc etc il suffit de parcourir forum fr pour voir l'étendue des dégâts , le genre humain est sans arrêt mépriser , fustiger , mis à la potence , jeter en pâture ; Avec par dessus le marché des enquêtes , des témoignages , des vidéos , des sujets d'actualités mis en avant ...... c'est une véritable mise à l'index du genre humain et c'est pas la peine de mettre en avant le genre misanthrope qui existe en chacun de nous comme le précise l'ot abruti de DDM .

il faut reconnaitre que les médias sont un véritable billot pour le genre humain ... il y a une infobésité du tout va mal ...lol ... je pense la misanthropie est en passe dédevenir un crédo , une sorte d'aubade , avec un soupçon de nostalgie du "c'était mieux avant" , comme si l'humain était pire maintenant que avant...... mais non pffffffff il n'a pas vraiment changé

d'ailleurs à la question posé dans une enquête d'opinion : comment va le monde ? biensur tout va mal , et dans la même enquête : comment allez vous ? ça va quand même , je suis heureux en bien entouré . lol

et puis l'humain ne s'aime plus , il ne s'apprécie plus , il se compte . 7 milliard c'est trop , on ne se supporte plus , c'est un cas de misanthropie flagrant , l'autre est le pire de nos maux mais au fond l'autre c'est nous seulement il est trop nombreux .

Alors donc lorsque il m'arrive de croiser du monde , je méprise l'autre , c'est normal , c'est dans le vent .

Le misanthrope est un racisme à l'échelle de l'humanité mais il a de bonne raison de l'être , tandis que le raciste qui va fustiger d'autres races ou d'autres cultures alors lui il est vraiment con , il a rien compris , c'est un misanthrope raté .

Aussi le misanthrope s'apprécie , il ne se déteste pas , seulement il sait qu'il fait partie du genre humain donc potentiellement néfaste , potentiellement con lui aussi , mais à la différence est qu'il le sait , il a déjà pris en compte cela .

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Annonces
Maintenant

Rejoindre la conversation

Vous pouvez publier maintenant et vous inscrire plus tard. Si vous avez un compte, connectez-vous maintenant pour publier avec votre compte.

Invité
Répondre à ce sujet…

×   Collé en tant que texte enrichi.   Coller en tant que texte brut à la place

  Seulement 75 émoticônes maximum sont autorisées.

×   Votre lien a été automatiquement intégré.   Afficher plutôt comme un lien

×   Votre contenu précédent a été rétabli.   Vider l’éditeur

×   Vous ne pouvez pas directement coller des images. Envoyez-les depuis votre ordinateur ou insérez-les depuis une URL.

Chargement

×