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un jour... un poème

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chirona

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Membre, ...... Phoenix ..... Une cendre déterminée, 53ans Posté(e)
Amazones Membre 13 439 messages
53ans‚ ...... Phoenix ..... Une cendre déterminée,
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Ode à Salvador Dali

Une rose dans le haut jardin que tu désires.

Une roue dans la pure syntaxe de l’acier.

Elle est nue la montagne de brume impressionnistes.

Les gris en sont à leurs dernières balustrades.

Dans leurs blancs studios, les peintres modernes

Coupent la fleur aseptique de la racine carrée.

Sur les eaux de la Seine, un iceberg de marbre

Refroidit les fenêtres et dissipe les lierres.

L’homme, d’un pas ferme, foule les rues dallées

Et les vitres esquivent la magie du reflet.

Le Gouvernement a fermé les boutiques de parfums.

La machine éternise ses mouvements binaires.

C’est une absence de forêts, de paravents, d’entre-sourcils

Qui rôde par les terrasses des maisons antiques.

Et c’est l’air qui polit son prisme sur la mer,

C’est l’horizon qui monte comme un grand aqueduc.

Les marins ignorant le vin et la pénombre

Décapitent les sirènes sur des mers de plomb.

La Nuit, noire statue de la prudence,

Tient le miroir rond de la lune dans sa main.

Un désir nous gagne, de formes, de limites.

Voici l’homme qui voit à l’aide d’un mètre jaune.

Venus est une blanche nature-morte.

Voici que les collectionneurs de papillons s’effacent.

*

Cadaquès, sur le fléau de l’eau et de la colline,

Soulève des gradins et enfouit des coquilles.

Des flûtes de bois pacifient l’air.

Un vieux dieu sylvestre donne des fruits aux enfants.

Sans avoir pris le temps de s’endormir, les pêcheurs dorment sur la sable.

En haute mer, ils ont une rose pour boussole.

L’horizon vierge de mouchoirs blessés

Joint les masses vitrifiées du poisson et de la lune.

Une dure couronne de blanches brigantines

Ceint des fronts amers, des cheveux de sable.

Les sirènes persuasives ne nous suggestionnent pas.

Elles apparaissent au premier verre d’eau douce.

*

Ô Salvador Dali à la voix olivée !

Je ne vante pas ton imparfait pinceau adolescent,

Ni ta couleur qui courtise la couleur de ton temps.

Je chante ton angoisse, ô limité, limité éternel !

Âme hygiénique, tu vis sur des marbres nouveaux.

Tu fuis l’obscure selve des formes incroyables.

Où atteignent tes mains, ta fantaisie atteint,

Et tu jouis du sonnet de la mer dans ta fenêtre.

Aux premières bornes que l’homme rencontre,

Le monde n’est que désordre et que sourde pénombre.

Mais déjà les étoiles, cachant les paysages,

Désignent le schéma parfait de ses orbites.

Le courant du temps s’apaise et s’ordonne

Dans les formes numériques d’un siècle, et d’un autre siècle.

La Mort vaincue se réfugie en tremblant

Dans le cercle étroit de la minute présente.

En prenant ta palette, dont l’aile est trouée d’un coup de feu,

Tu demandes la lumière qui anime la coupe renversée de l’olivier.

Large lumière de Minerve, constructrice d’échafaudages,

Lumière où ni le songe, ni sa flore inexacte n’ont place.

Tu demandes la lumière antique qui reste sur le front,

Qui ne descend ni à la bouche, ni au cœur de l’homme.

Lumière que craignent les vignes poignantes de Bacchus

Et la force désordonnée qui porte l’eau courbe.

Tu as raison de banderoler la limite obscure,

Toute brillante de nuit. Et en tant que peintre,

Tu ne veux pas que ta forme soit amollie

Par le coton changeant d’un nuage imprévu.

Le poisson dans le vivier, l’oiseau dans la cage,

Tu ne veux pas les inventer dans la mer ou le vent.

Après les avoir, de tes honnêtes pupilles, bien regardés,

Tu stylises ou copies les petits corps agiles.

Tu aimes une matière définie et exacte

Où le champignon ne puisse dresser sa tente.

Tu aimes l’architecture qui contruit dans l’absent

Et tu prends le drapeau pour une simple plaisanterie.

Le compas d’acier rythme son court vers élastique.

La sphère déjà dément les îles inconnues.

La ligne droite exprime son effort vertical

Et les cristaux savants chantent leurs géométries.

*

Mais encore et toujours la rose du jardin où tu vis.

Toujours la rose, toujours ! nord et sud de nous-mêmes !

Tranquille et concentrée comme une statue aveugle,

Ignorante des efforts souterrains qu’elle cause.

Rose pure, abolissant artifices et croquis

Et nous ouvrant les ailes ténues du sourire.

(Papillon cloué qui médite son vol).

Rose de l’équilibre sans douleurs voulues. Toujours la rose !

*

Ô Salvador Sali à la voix olivée !

Je dis ce que me disent ta personne et tes tableaux.

Je ne loue pas ton imparfait pinceau adolescent,

Mais je chante la parfaite direction de tes flèches.

Je chante ton bel effort de lumières catalanes

Et ton amour pour tout ce qui explicable.

Je chante ton cœur astronomique et tendre,

Ton cœur de jeu de cartes, ton cœur sans blessure.

Je chante cette anxiété de statue que tu poursuis sans trêve,

La peur de l’émotion qui t’attend dans la rue.

Je chante la petite sirène de la mer qui te chante,

Montée sur une bicyclette de coraux et de coquillages.

Mais avant tout je chante une pensée commune

Qui nous unit aux heures obscures et dorées.

L’art, sa lumière ne gâche pas nos yeux.

C’est l’amour, l’amitié, l’escrime qui nous aveuglent.

Bien avant le tableau que, patient, tu dessines,

Bien avant le sein de Thérèse, à la peau d’insomnie,

Bien avant la boucle serrée de Mathilde l’ingrate,

Passe notre amitié peinte comme un jeu d’oie.

Que des traces dactylographiques de sang sur l’or

Rayant le cœur de la Catalogne éternelle !

Que les étoiles comme des poings sans faucon t’illuminent,

Pendant que ta peinture et que ta vie fleurissent.

Ne regarde pas la clepsydre aux ailes membraneuses,

Ni la dure faux des allégories.

Habille et déshabille toujours ton pinceau dans l’air,

Face à la mer peuplée de barques et de marins.

Federico Garcia Lorca, Traduction par Paul Eluard

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Invité Maya01
Invités, Posté(e)
Invité Maya01
Invité Maya01 Invités 0 message
Posté(e)

C'EST NOEL CHAQUE JOUR...

C’est Noël chaque fois qu’on essuie une larme dans les yeux d’un enfant.

C’est Noël chaque fois qu’on dépose les armes et chaque fois qu’on s’entend.

C’est Noël chaque fois qu’on arrête une guerre et qu’on ouvre se smains.

C’est Noël chaque fois qu’on force la misère à reculer un peu plus loin.

C’est Noël sur la Terre chaque jour,

Car Noël, mon frère, c’est l’Amour.

C’est Noël quand nos cœurs oubliant les offenses sont vraimentfraternels.

C’est Noël quand enfin se lève l’espérance d’un amour plus réel.

C’est Noël quand soudain se taisent les mensonges, faisant place aubonheur.

C’est Noël dans les yeux du pauvre qu’on visite sur son lit d’hôpital.

C’est Noël dans le cœur de tous ceux qu’on invite pour un bonheurnormal.

C’est Noël dans les mains de celui qui partage aujourd’hui notre pain.

C’est Noël quand le gueux oublie tous les outrages et ne sent plus safaim.

C’est Noël sur la Terre chaque jour,

Car Noël, mon frère, c’est l’Amour.

Auteur : Odette Vercruyse

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Membre+, 52ans Posté(e)
chirona Membre+ 3 432 messages
Baby Forumeur‚ 52ans‚
Posté(e)

Le pain

La surface du pain est merveilleuse d’abord à cause de cette impression quasi panoramique qu’elle donne : comme si l’on avait à sa disposition sous la main les Alpes, le Taurus ou la Cordillère des Andes.

Ainsi donc une masse amorphe en train d’éructer fut glissée pour nous dans le four stellaire, où durcissant elle s’est façonnée en vallées, crêtes, ondulations, crevasses… Et tous ces plans dès lors si nettement articulés, ces dalles minces où la lumière avec application couche ses feux, - sans un regard pour la mollesse ignoble sous-jacente.

Ce lâche et froid sous-sol que l’on nomme la mie a son tissu pareil à celui des éponges : feuilles ou fleurs y sont comme des sœurs siamoises soudées par tous les coudes à la fois. Lorsque le pain rassit ces fleurs fanent et se rétrécissent : elles se détachent alors les unes des autres, et la masse en devient friable…

Mais brisons-la car le pain doit être dans notre bouche moins objet de respect que de consommation.

Francis Ponge, Le Parti pris des choses

Modifié par chirona
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Membre, ...... Phoenix ..... Une cendre déterminée, 53ans Posté(e)
Amazones Membre 13 439 messages
53ans‚ ...... Phoenix ..... Une cendre déterminée,
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A Aurore

15168571.jpg

Oeuvre de Jim Warren

La nature est tout ce qu’on voit,

Tout ce qu’on veut, tout ce qu’on aime.

Tout ce qu’on sait, tout ce qu’on croit,

Tout ce que l’on sent en soi-même. Elle est belle pour qui la voit,

Elle est bonne à celui qui l’aime,

Elle est juste quand on y croit

Et qu’on la respecte en soi-même.

Regarde le ciel, il te voit,

Embrasse la terre, elle t’aime.

La vérité c’est ce qu’on croit

En la nature c’est toi-même.

Georges Sand (poème dédié à sa fille)

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Membre, ...... Phoenix ..... Une cendre déterminée, 53ans Posté(e)
Amazones Membre 13 439 messages
53ans‚ ...... Phoenix ..... Une cendre déterminée,
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Aube de Lune

L’ivoire de sa peau martyrise la nuit

D’une perle escroquée au cœur du purgatoire

Dont elle brûle la nacre à sa bouche de moire,

Qu’un oiseau silencieux picore comme un fruit.

Elle glisse agilement, et sans le moindre bruit,

Passe d’un clocher sombre aux pages d’un grimoire,

Déchirant les feuillets d’un conte ou d’une histoire,

Où meurent nos sommeils sous son regard fortuit.

Elle voile lentement son visage blafard

Sous le tulle plissé d’un nuage fondant,

Et comme une bougie avale son brouillard.

Mais l’océan gémit à son souffle invisible,

Et le monde s’abreuve à son givre gluant,

D’un rêve de bonheur au contour intangible.

Francis Etienne Sicard, Lettres de soie rouge, 2011

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  • 2 semaines après...
Membre+, 52ans Posté(e)
chirona Membre+ 3 432 messages
Baby Forumeur‚ 52ans‚
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Ophelia-floating-Millais-BIG-copie-1.jpg

Ophélie, John Everett Millais, 1852 - Tate Gallery, Londres

Ophélie

I

Sur l'onde calme et noire où dorment les étoiles

La blanche Ophélia flotte comme un grand lys,

Flotte très lentement, couchée en ses longs voiles...

- On entend dans les bois lointains des hallalis.

Voici plus de mille ans que la triste Ophélie

Passe, fantôme blanc, sur le long fleuve noir

Voici plus de mille ans que sa douce folie

Murmure sa romance à la brise du soir

Le vent baise ses seins et déploie en corolle

Ses grands voiles bercés mollement par les eaux ;

Les saules frissonnants pleurent sur son épaule,

Sur son grand front rêveur s'inclinent les roseaux.

Les nénuphars froissés soupirent autour d'elle ;

Elle éveille parfois, dans un aune qui dort,

Quelque nid, d'où s'échappe un petit frisson d'aile :

- Un chant mystérieux tombe des astres d'or

II

O pâle Ophélia ! belle comme la neige !

Oui tu mourus, enfant, par un fleuve emporté !

C'est que les vents tombant des grand monts de Norwège

T'avaient parlé tout bas de l'âpre liberté ;

C'est qu'un souffle, tordant ta grande chevelure,

À ton esprit rêveur portait d'étranges bruits,

Que ton coeur écoutait le chant de la Nature

Dans les plaintes de l'arbre et les soupirs des nuits ;

C'est que la voix des mers folles, immense râle,

Brisait ton sein d'enfant, trop humain et trop doux ;

C'est qu'un matin d'avril, un beau cavalier pâle,

Un pauvre fou, s'assit muet à tes genoux !

Ciel ! Amour ! Liberté ! Quel rêve, ô pauvre Folle !

Tu te fondais à lui comme une neige au feu :

Tes grandes visions étranglaient ta parole

- Et l'Infini terrible effara ton oeil bleu !

III

- Et le Poète dit qu'aux rayons des étoiles

Tu viens chercher, la nuit, les fleurs que tu cueillis ;

Et qu'il a vu sur l'eau, couchée en ses longs voiles,

La blanche Ophélia flotter, comme un grand lys.

Arthur Rimbaud, Poésies

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Membre, ...... Phoenix ..... Une cendre déterminée, 53ans Posté(e)
Amazones Membre 13 439 messages
53ans‚ ...... Phoenix ..... Une cendre déterminée,
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Puisqu'ici-bas toute âme

Puisqu'ici-bas toute âme

Donne à quelqu'un

Sa musique, sa flamme,

Ou son parfum ;

Puisqu'ici toute chose

Donne toujours

Son épine ou sa rose

A ses amours ;

Puisqu'avril donne aux chênes

Un bruit charmant ;

Que la nuit donne aux peines

L'oubli dormant ;

Puisque l'air à la branche

Donne l'oiseau ;

Que l'aube à la pervenche

Donne un peu d'eau ;

Puisque, lorsqu'elle arrive

S'y reposer,

L'onde amère à la rive

Donne un baiser ;

Je te donne, à cette heure,

Penché sur toi,

La chose la meilleure

Que j'aie en moi !

Reçois donc ma pensée,

Triste d'ailleurs,

Qui, comme une rosée,

T'arrive en pleurs !

Reçois mes voeux sans nombre,

Ô mes amours !

Reçois la flamme ou l'ombre

De tous mes jours !

Mes transports pleins d'ivresses,

Purs de soupçons,

Et toutes les caresses

De mes chansons !

Mon esprit qui sans voile

Vogue au hasard,

Et qui n'a pour étoile

Que ton regard !

Ma muse, que les heures

Bercent rêvant,

Qui, pleurant quand tu pleures,

Pleure souvent !

Reçois, mon bien céleste,

Ô ma beauté,

Mon coeur, dont rien ne reste,

L'amour ôté !

425_zpsf5d537fc.jpg

Victor Hugo le 19 mai 1836

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le caillou est une créature

parfaite égal à lui-même

protégeant ses limites

empli exactement

d’un sens de pierre

dont l’odeur ne rappelle rien

n’effraie pas ne suscite pas de désir

son ardeur et sa froideur

sont justes et pleines de dignité

je suis pétri de remords

quand je le tiens dans ma paume

et que son noble corps

est empreint d’une fausse chaleur

- Les cailloux ne se laissent pas apprivoiser

ils nous regarderont jusqu’à la fin

d’un œil calme très clair

***

Zbigniew Herbert (1924-1998) – Étude de l’objet (Studium przedmiotu, 1961)

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Invité Fichée
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Invité Fichée
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Tout son corps est de jeune fille, sauf les yeux,

de femme mûre.

Mais ce ne sont pas des yeux, plutôt des forets pour percer la pierre !

Peut-être que, déjà, cette fille en a vraiment fini avec tout ce qu'il fallait voir,

et que nul vent printanier, inattendu, soudain, ne pourra plus jamais la troubler.

O nuit profonde, source de mystères infinis, ne peux-tu couvrir ces deux yeux,

ne serait-ce qu'une fois !

Ne peux-tu noyer dans l'obscurité sa connaissance aussi

cruelle que le soleil de midi, son champ de tous les jours,

desséché, calciné !

A celle qui sait tant de choses que nulle surprise ne peut plus l'atteindre,

que pouvons-nous dire, nous qui, jusqu'à présent, n'avons rien appris, absolument

rien !

Lokenath Bhattacharya

extrait de "Le spectateur Enchanté"

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Invité
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Posté(e)

Quand j'étais un enfant

J'ai joué avec la saleté

Et j'ai combattu

Comme un enfant

J'ai tué les limaces je m'ennuie avec une branche

Dans leurs spiracles

Quand j'étais un enfant

Les pairs m'ont poussé durement

Dans ma tête

Dans mon cou

Dans ma poitrine

Dans ma taille

Dans mon cul

J'ai encore mendié

S'il te plaît aide-moi

Quand j'étais un enfant

J'ai jeté avec des excréments comme j'ai combattu

Comme un enfant, j'ai tué tous les voyous

Et je m'ennuie avec une branche

Dans leurs spiracles

Quand j'étais un enfant

Les ennemis m'ont poussé durement

Dans ma tête

Dans mon cou

Dans ma poitrine

Dans ma taille

Dans mon cul

Je prie toujours

S'il te plait aide-moi

Quand j'étais enfant

J'ai déchiré ma langue, désemparé

Comme un enfant

J'ai tué mes pensées

Et je m'ennuie avec une branche

Dans mes spiracles

Quand j'étais un enfant

Les peurs m'ont poussés durement dans ma tête

Dans ma tête

Dans mon cou

Dans ma poitrine

Dans ma taille

Je n'ai jamais aimé

Je prie toujours

S'il te plait aide-moi

Quand j'étais un enfant

J'ai donné naissance à une prostituée dans mon coeur

Un enfant mort-né

J'ai le souffle coupé pour -

Le diable dans mes spiracles

J'étais un enfant

J'étais un enfant

Je suis un enfant

Soap&Skin Spiracle

Un p'tit dernier?

Appelez ça de l'amour faites-le tenir debout dans la lumière qui baisse habillez-le d'une robe priez chantez suppliez pleurez riez éteignez la lumière allumez la radio ajoutez des extras : du beurre, des oeufs crus, le journal de la veille ; un lacet neuf, puis encore du paprika, du sucre, du sel, du poivre, téléphonez à votre tante la poivrote à Calexico ; appelez ça de l'amour, touillez-le bien, ajoutez un chou et de la compote de pommes, puis cuisez-le bien d'un côté, ensuite de l'autre, mettez-le dans une boîte du genre paquet-cadeau et abandonnez-le sur un seuil et partez en vomissant sur les hortensias.

Buck.

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Membre+, 52ans Posté(e)
chirona Membre+ 3 432 messages
Baby Forumeur‚ 52ans‚
Posté(e)

A ma fille

O mon enfant, tu vois, je me soumets.

Fais comme moi : vis du monde éloignée ;

Heureuse ? non ; triomphante ? jamais.

-- Résignée ! --

Sois bonne et douce, et lève un front pieux.

Comme le jour dans les cieux met sa flamme,

Toi, mon enfant, dans l'azur de tes yeux

Mets ton âme !

Nul n'est heureux et nul n'est triomphant.

L'heure est pour tous une chose incomplète ;

L'heure est une ombre, et notre vie, enfant,

En est faite.

Oui, de leur sort tous les hommes sont las.

Pour être heureux, à tous, -- destin morose ! --

Tout a manqué. Tout, c'est-à-dire, hélas !

Peu de chose.

Ce peu de chose est ce que, pour sa part,

Dans l'univers chacun cherche et désire:

Un mot, un nom, un peu d'or, un regard,

Un sourire !

La gaîté manque au grand roi sans amours ;

La goutte d'eau manque au désert immense.

L'homme est un puits où le vide toujours

Recommence.

Vois ces penseurs que nous divinisons,

Vois ces héros dont les fronts nous dominent,

Noms dont toujours nos sombres horizons

S'illuminent !

Après avoir, comme fait un flambeau,

Ébloui tout de leurs rayons sans nombre,

Ils sont allés chercher dans le tombeau

Un peu d'ombre.

Le ciel, qui sait nos maux et nos douleurs,

Prend en pitié nos jours vains et sonores.

Chaque matin, il baigne de ses pleurs

Nos aurores.

Dieu nous éclaire, à chacun de nos pas,

Sur ce qu'il est et sur ce que nous sommes ;

Une loi sort des choses d'ici-bas,

Et des hommes !

Cette loi sainte, il faut s'y conformer.

Et la voici, toute âme y peut atteindre :

Ne rien haïr, mon enfant ; tout aimer,

Ou tout plaindre !

Victor Hugo, Les Contemplations

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Membre, ...... Phoenix ..... Une cendre déterminée, 53ans Posté(e)
Amazones Membre 13 439 messages
53ans‚ ...... Phoenix ..... Une cendre déterminée,
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Bonsoir Lucy, Cajou et Chirona :blush:

---

Les voies intérieures (1837) XXVVII

"Après une lecture de Dante"

Quand le poète peint l’enfer, il peint sa vie :

Sa vie, ombre qui fuit de spectres poursuivie ;

Forêt mystérieuse où ses pas effrayés

S’égarent à tâtons hors des chemins frayés ;

Noir voyage obstrué de rencontres difformes ;

Spirale aux bords douteux, aux profondeurs énormes,

Dont les cercles hideux vont toujours plus avant

Dans une ombre où se meut l’enfer vague et vivant !

Cette rampe se perd dans la brume indécise ;

Au bas de chaque marche une plainte est assise,

Et l’on y voit passer avec un faible bruit

Des grincements de dents blancs dans la sombre nuit.

Là sont les visions, les rêves, les chimères ;

Les yeux que la douleur change en sources amères,

L’amour, couple enlacé, triste, et toujours brûlant,

Qui dans un tourbillon passe une plaie au flanc ;

Dans un coin la vengeance et la faim, sœurs impies,

Sur un crâne rongé côte à côte accroupies ;

Puis la pâle misère, au sourire appauvri ;

L’ambition, l’orgueil, de soi-même nourri,

Et la luxure immonde, et l’avarice infâme,

Tous les manteaux de plomb dont peut se charger l’âme !

Plus loin, la lâcheté, la peur, la trahison

Offrant des clefs à vendre et goûtant du poison ;

Et puis, plus bas encore, et tout au fond du gouffre,

Le masque grimaçant de la Haine qui souffre !

Oui, c’est bien là la vie, ô poète inspiré,

Et son chemin brumeux d’obstacles encombré.

Mais, pour que rien n’y manque, en cette route étroite

Vous nous montrez toujours debout à votre droite

Le génie au front calme, aux yeux pleins de rayons,

Le Virgile serein qui dit : Continuons !

Le 6 Aout 1836

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Membre, ...... Phoenix ..... Une cendre déterminée, 53ans Posté(e)
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53ans‚ ...... Phoenix ..... Une cendre déterminée,
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L'Art, ..... ou l'éternité des formes

Oui, l'oeuvre sort plus belle

D'une forme au travail

Rebelle,

Vers, marbre, onyx, émail.

Point de contraintes fausses!

Mais que pour marcher droit

Tu chausses,

Muse, un cothurne étroit.

Fi du rhythme commode,

Comme un soulier trop grand,

Du mode

Que tout pied quitte et prend!

Statuaire, repousse

L'argile que pétrit

Le pouce

Quand flotte ailleurs l'esprit.

Lutte avec le carrare,

Avec le paros dur

Et rare,

Gardiens du contour pur,

Emprunte à Syracuse

Son bronze où fermement

S'accuse

Le trait fier et charmant;

D'une main délicate

Poursuis dans un filon

D'agate

Le profil d'Apollon.

Peintre, fuis l'aquarelle,

Et fixe la couleur

Trop frêle

Au four de l'émailleur.

Fais les sirènes bleues,

Tordant de cent façons

Leurs queues,

Les monstres des blasons;

Dans son nimbe trilobe

La Vierge et son Jésus,

Le globe

Avec la croix dessus.

Tout passe. -- L'art robuste

Seul a l'éternité,

Le buste

Survit à la cité,

Et la médaille austère

Que trouve un laboureur

Sous terre

Révèle un empereur.

Les dieux eux-mêmes meurent,

Mais les vers souverains

Demeurent

Plus fort que les airains.

Sculpte, lime, cisèle;

Que ton rêve flottant

Se scelle

Dans le bloc résistant!

Théophile Gautier en 1852

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L'évadé

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Il a dévalé la colline

Ses pas faisaient rouler les pierres

Là-haut entre les quatre murs

La sirène chantait sans joie

Il respirait l’odeur des arbres

Avec son corps comme une forge

La lumière l’accompagnait

Et lui faisait danser son ombre

Pourvu qu’ils me laissent le temps

Il sautait à travers les herbes

Il a cueilli deux feuilles jaunes

Gorgées de sève et de soleil

Les canons d’acier bleu crachaient

De courtes flammes de feu sec

Pourvu qu’ils me laissent le temps

Il est arrivé près de l’eau

Il y a plongé son visage

Il riait de joie il a bu

Pourvu qu’ils me laissent le temps

Il s’est relevé pour sauter

Pourvu qu’ils me laissent le temps

Une abeille de cuivre chaud

L’a foudroyé sur l’autre rive

Le sang et l’eau se sont mêlés

Il avait eu le temps de voir

Le temps de boire à ce ruisseau

Le temps de porter à sa bouche

Deux feuilles gorgées de soleil

Le temps d’atteindre l’autre rive

Le temps de rire aux assassins

Le temps de courir vers la femme

Il avait eu le temps de vivre.

Boris Vian, Chansons et Poèmes

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Membre, ...... Phoenix ..... Une cendre déterminée, 53ans Posté(e)
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Pour faire le portrait d'un oiseau - Jacques Prevert

pour_faire_le_portrait_d__un_oiseau__301297.jpg

Peindre d'abord une cage

avec une porte ouverte

peindre ensuite

quelque chose de joli

quelque chose de simple

quelque chose de beau

quelque chose d'utile

pour l'oiseau

placer ensuite la toile contre un arbre

dans un jardin

dans un bois

ou dans une forêt

se cacher derrière l'arbre

sans rien dire

sans bouger...

Parfois l'oiseau arrive vite

mais il peut aussi mettre de longues années

avant de se décider

Ne pas se décourager

attendre

attendre s'il le faut pendant des années

la vitesse ou la lenteur de l'arrivée de l'oiseau

n'ayant aucun rapport

avec la réussite du tableau

Quand l'oiseau arrive

s'il arrive

observer le plus profond silence

attendre que l'oiseau entre dans la cage

et quand il est entré

fermer doucement la porte avec le pinceau

puis

effacer un à un tous les barreaux

en ayant soin de ne toucher aucune des plumes de l'oiseau

Faire ensuite le portrait de l'arbre

en choisissant la plus belle de ses branches

pour l'oiseau

peindre aussi le vert feuillage et la fraîcheur du vent

la poussière du soleil

et le bruit des bêtes de l'herbe dans la chaleur de l'été

et puis attendre que l'oiseau se décide à chanter

Si l'oiseau ne chante pas

C'est mauvais signe

signe que le tableau est mauvais

mais s'il chante c'est bon signe

signe que vous pouvez signer

Alors vous arrachez tout doucement

une des plumes de l'oiseau

et vous écrivez votre nom dans un coin du tableau.

magclairlt9.png

René Magritte - La Clairvoyance en 1936

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  • 2 semaines après...
Membre, ...... Phoenix ..... Une cendre déterminée, 53ans Posté(e)
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53ans‚ ...... Phoenix ..... Une cendre déterminée,
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Abri

main-161.jpg

Dans les lignes de ta main

Pour me plaire j’y veux voir

Que rien ne nous sépare

Et qu’avons même destin.

Dans les lignes de ta main

Je découvre en cherchant

Les signes bienfaisants

De ce qui me convient.

Dans le creux de ta paume

Où ma main se blottit

Je retrouve mon abri

Doux et calme. Comme un baume.

Esther Granek, Ballades et réflexions à ma façon, 1978

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Invité Ederna
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Le jardin descend vers la mer. Jardin pauvre, jardin sans fleurs, jardin

Aveugle. De son banc, une vieille vêtue

De deuil lustré, jauni avec le souvenir et le portrait,

Regarde s’effacer les navires du temps. L’ortie, dans le grand vide

De deux heures, velue et noire de soif, veille.

Comme du fond du cœur du plus perdu des jours, l’oiseau

De la contrée sourde pépie dans le buisson de cendre.

C’est la terrible paix des hommes sans amour. Et moi,

Moi je suis là aussi, car ceci est mon ombre ; et dans la triste et basse

Chaleur elle a laissé retomber sa tête vide sur

Le sein de la lumière ; mais

Moi, corps et esprit, je suis comme l’amarre

Prête à rompre. Qu’est-ce donc qui vibre ainsi en moi,

Mais qu’est-ce donc qui vibre ainsi et geint je ne sais où

En moi, comme la corde autour du cabestan

Des voiliers en partance ? Mère

Trop sage, éternité, ah laissez-moi vivre mon jour !

Et ne m’appelez plus Lémuel ; car là-bas

Dans une nuit de soleil, les paresseuses

Hèlent, les îles de jeunesse chantantes et voilées ! Le doux

Lourd murmure de deuil des guêpes de midi

Vole bas sur le vin et il y a de la folie

Dans le regard de la rosée sur les collines mes chères

Ombreuses. Dans l’obscurité religieuse les ronces

Ont saisi le sommeil par ses cheveux de fille. Jaune dans l’ombre

L’eau respire mal sous le ciel lourd et bas des myosotis.

Cet autre souffre aussi, blessé comme le roi

Du monde, au côté ; et de sa blessure d’arbre

S’écoule le plus pur désaltérant du cœur.

Et il y a l’oiseau de cristal qui dit mlî d’une gorge douce

Dans le vieux jasmin somnambule de l’enfance.

J’entrerai là en soulevant doucement l’arc-en-ciel

Et j’irai droit à l’arbre où l’épouse éternelle

Attend dans les vapeurs de la patrie. Et dans les feux du temps apparaîtront

Les archipels soudains, les galères sonnantes —

Paix, paix. Tout cela n’est plus. Tout cela n’est plus ici, mon fils Lémuel.

Les voix que tu entends ne viennent plus des choses.

Celle qui a longtemps vécu en toi obscure

T’appelle du jardin sur la montagne ! Du royaume

De l’autre soleil ! Et ici, c’est la sage quarantième

Année, Lémuel.

Le temps pauvre et long.

Une eau chaude et grise.

Un jardin brûlé.

Milosz

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Membre, 32ans Posté(e)
asmahane Membre 27 messages
Baby Forumeur‚ 32ans‚
Posté(e)

Certes, elle n'était pas femme et charmante en vain,

Mais le terrestre en elle avait un air divin.

Des flammes frissonnaient sur mes lèvres hardies ;

Elle acceptait l'amour et tous ses incendies,

Rêvait au tutoiement, se risquait pas à pas,

Ne se refusait point et ne se livrait pas ;

Sa tendre obéissance était haute et sereine ;

Elle savait se faire esclave et rester reine,

Suprême grâce ! Et quoi de plus inattendu

Que d'avoir tout donné sans avoir rien perdu !

Elle était nue avec un abandon sublime

Et, couchée en un lit, semblait sur une cime.

À mesure qu'en elle entrait l'amour vainqueur,

On eût dit que le ciel lui jaillissait du cœur ;

Elle vous caressait avec de la lumière ;

La nudité des pieds fait la marche plus fière

Chez ces êtres pétris d'idéale beauté ;

Il lui venait dans l'ombre au front une clarté

Pareille à la nocturne auréole des pôles ;

À travers les baisers, de ses blanches épaules

On croyait voir sortir deux ailes lentement ;

Son regard était bleu, d'un bleu de firmament ;

Et c'était la grandeur de cette femme étrange

Qu'en cessant d'être vierge elle devenait ange.

Victor Hugo

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Membre+, 52ans Posté(e)
chirona Membre+ 3 432 messages
Baby Forumeur‚ 52ans‚
Posté(e)

Art poétique

De la musique avant toute chose,

Et pour cela préfère l'Impair

Plus vague et plus soluble dans l'air,

Sans rien en lui qui pèse ou qui pose.

Il faut aussi que tu n'ailles point

Choisir tes mots sans quelque méprise :

Rien de plus cher que la chanson grise

Où l'Indécis au Précis se joint.

C'est des beaux yeux derrière des voiles,

C'est le grand jour tremblant de midi,

C'est, par un ciel d'automne attiédi,

Le bleu fouillis des claires étoiles !

Car nous voulons la Nuance encor,

Pas la Couleur, rien que la nuance !

Oh ! la nuance seule fiance

Le rêve au rêve et la flûte au cor !

Fuis du plus loin la Pointe assassine,

L'Esprit cruel et le Rire impur,

Qui font pleurer les yeux de l'Azur,

Et tout cet ail de basse cuisine !

Prends l'éloquence et tords-lui son cou !

Tu feras bien, en train d'énergie,

De rendre un peu la Rime assagie.

Si l'on n'y veille, elle ira jusqu'où ?

O qui dira les torts de la Rime ?

Quel enfant sourd ou quel nègre fou

Nous a forgé ce bijou d'un sou

Qui sonne creux et faux sous la lime ?

De la musique encore et toujours !

Que ton vers soit la chose envolée

Qu'on sent qui fuit d'une âme en allée

Vers d'autres cieux à d'autres amours.

Que ton vers soit la bonne aventure

Eparse au vent crispé du matin

Qui va fleurant la menthe et le thym...

Et tout le reste est littérature.

Jadis et naguère, Paul Verlaine, 1884

Modifié par chirona
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Membre, Artisan écriveur , 57ans Posté(e)
Bran ruz Membre 8 737 messages
57ans‚ Artisan écriveur ,
Posté(e)

Bonsoir,

J'adore le texte suivant et j'ai envie de vous le faire partager :

Le retour au pays

Jacques PRÉVERT Recueil : "Paroles"

C’est un Breton qui revient au pays natal

Après avoir fait plusieurs mauvais coups

Il se promène devant les fabriques à Douarnenez

Il ne reconnaît personne

Personne ne le reconnaît

Il est très triste.

N entre dans une crêperie pour manger des crêpes

Mais il ne peut pas en manger

Il a quelque chose qui les empêche de passer

Il paye

Il sort

Il allume une cigarette

Mais il ne peut pas la fumer.

Il y a quelque chose

Quelque chose dans sa tête

Quelque chose de mauvais

Il est de plus en plus triste

Et soudain il se met à se souvenir :

Quelqu’un lui a dit quand il était petit

« Tu finiras sur l’échafaud »

Et pendant des années

Il n’a jamais osé rien faire

Pas même traverser la rue

Pas même partir sur la mer

Rien absolument rien.

Il se souvient.

Celui qui avait tout prédit c’est l’oncle Grésillard

L’oncle Grésillard qui portait malheur à tout le monde

La vache!

Et le Breton pense à sa sœur

Qui travaille à, Vaugirard

A son frère mort à la guerre

Pense à toutes les choses qu’il a vues

Toutes les choses qu’il a faites.

La tristesse se serre contre lui

Il essaie une nouvelle fois

D’allumer une cigarette

Mais il n’a Pas envie de fumer

Alors il décide d’aller chez l’oncle Grésillard.

Il y va

Il ouvre la porte

L’oncle ne le reconnaît pas

Mais lui le reconnaît

Et lui dit :

« Bonjour oncle Grésillard »

Et puis il lui tord le cou.

Et il finit sur l’échafaud à Quimper

Après avoir mangé deux douzaines de crêpes

Et fumé une cigarette.

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