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chirona

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Complainte d’une fée…

Un frisson imperceptible parcourt la Terre…
Le blanc manteau du bel hiver s’évanouit
Libérant des glaces les Ondines réjouies
De retourner abreuver la sève printanière.

De cette sève renaissent frêles Sylphes,
Gardiennes du sanctuaire des plantes.
Sous la rosée matinale, cadeau des Nymphes,
Pointent dès lors feuilles et fleurs éclatantes.

Çà et là s’activent Lutins et Fées
A parer la forêt de ses plus beaux atours…
Mais le vois-tu ? L’entends-tu ce splendide ballet ?
Non…Tes sens et ton cœur pervertis sont sourds !

Là où tu poses ton pied misérable humain,
La Terre s’étouffe, se fane et devient stérile.
Les prairies s’écrasent sous le béton des villes,
Et tes poubelles jonchent rivières et chemins.

Les Sylphes agonisent sous tes pesticides,
Les Ondines se noient dans tes lessives.
Bientôt ce sera ton teint qui deviendra livide !

Réveille toi, ouvre ton cœur pauvre mortel !
Laisseras-tu ta propre vie partir à la dérive ?
Sois pour Gaïa un ami et protecteur fidèle…

(Petit Monde d'Hélégia )

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Invité Psaume
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Invité Psaume
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Les Tragiques, Agrippa d'Aubigné (extrait du premier livre "Misères").

 

Astres, secourez-moy ; ces chemins enlacez
Sont par l'antiquité des siecles effacez,
Si bien que l'herbe verde en ses sentiers accrüe
Est faicte une prairie espaisse, haute et drüe.
Là où estoient les feux des Prophetes plus vieux,
Je tends comme je puis le cordeau de mes yeux,
Puis je cours au matin, de ma jambe arrossée
J'esparpille à costé la premiere rosée,
Ne laissant après moy trace à mes successeurs
Que les reins tous ployez des inutiles fleurs,
Fleurs qui tombent si tost qu'un vray soleil les touche,
Ou que Dieu fenera par le vent de sa bouche.

 

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Sérial Banneur, `, Posté(e)
Tequila Moor Sérial Banneur 14 768 messages
`,
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Paul Eluard
La fin du monde


Les yeux cernés à la façon des châteaux dans leur ruine
Une bure de ravins entre elle et son dernier regard
Par un temps délicieux de printemps
Quand les fleurs fardent la terre
Cet abandon de tout
Et tous les désirs des autres à son gré
Sans qu'elle y songe
Sa vie aucune vie sinon la vie
Sa poitrine est sans ombre et son front ne sait pas
Que sa chevelure ondulée le berce obstinément.

Des mots quels mots noir ou Cévennes
Bambou respire ou renoncule
Parler c'est se servir de ses pieds pour marcher
De ses mains pour racler les draps comme un mourant
Les yeux ouverts sont sans serrure
Sans effort on a la bouche et les oreilles
Un tache de sang n'est pas un soleil accablant
Ni la pâleur une nuit sans sommeil qui s'en va.

La liberté est plus incompréhensible encore que la visite du médecin
De quel médecin une chandelle dans le désert
Au fond du jour la faible lueur d'une chandelle
L'éternité a commencé et finira avec le lit
Mais pour qui parles-tu puisque tu ne sais pas
Puisque tu ne veux pas savoir
Puisque tu ne sais plus
Par respect
Ce que parler veut dire.

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Membre, 76ans Posté(e)
Blaquière Membre 18 862 messages
Maitre des forums‚ 76ans‚
Posté(e)
Le 29/05/2017 à 15:55, Littleswan a dit :

Complainte d’une fée…

Un frisson imperceptible parcourt la Terre…
Le blanc manteau du bel hiver s’évanouit
Libérant des glaces les Ondines réjouies
De retourner abreuver la sève printanière.

De cette sève renaissent frêles Sylphes,
Gardiennes du sanctuaire des plantes.
Sous la rosée matinale, cadeau des Nymphes,
Pointent dès lors feuilles et fleurs éclatantes.

Çà et là s’activent Lutins et Fées
A parer la forêt de ses plus beaux atours…
Mais le vois-tu ? L’entends-tu ce splendide ballet ?
Non…Tes sens et ton cœur pervertis sont sourds !

Là où tu poses ton pied misérable humain,
La Terre s’étouffe, se fane et devient stérile.
Les prairies s’écrasent sous le béton des villes,
Et tes poubelles jonchent rivières et chemins.

Les Sylphes agonisent sous tes pesticides,
Les Ondines se noient dans tes lessives.
Bientôt ce sera ton teint qui deviendra livide !

Réveille toi, ouvre ton cœur pauvre mortel !
Laisseras-tu ta propre vie partir à la dérive ?
Sois pour Gaïa un ami et protecteur fidèle…

(Petit Monde d'Hélégia )

Je sais pas d'où ça vient, mais y'a du bon !!!

Les trois rimes "pesticides, lessives, livide", ça m'a mis de bonne humeur pour toute la soirée !

(Les sylphes, les nymphes, les Ondines et... Gaïa ? Cadeau !)

"Misérable humain et la terre s'étouffe"? Bonus !

Moi je l'aurais fait rimer avec : "je préfère ta touffe ?"

"La sève printanière "? Je succombe ! Et m'enferme dans ma tanière.

Amis de la poésie et de l'écologie réunies, bon soir !

Le "bel hiver évanoui", je l'aurais tordu pour le faire rimer avec nouille.

"tu poses ton pied misérable humain" : pas ta main !

"A parer la forêt de ses plus beaux atours…"

Bande de vautours ! (avec la consonne d'appui.)

"Tes sens et ton cœur pervertis sont sourds !

Balourd !" (Ballet+sourd =Balourd)

"Ouvre ton coeur, pauvre mortel !

Bordel !"

Non, potentiellement, y'avait du bon. C'est l'effet "multivers".

(Des fois ça se mélange mal.)

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  • 2 semaines après...
Invité Barbara lebol
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Invité Barbara lebol
Invité Barbara lebol Invités 0 message
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Solstice

Hier
J’ai vu mon cœur dans un trou noir
J’ai souri

aux voix enflammées
aux bribes de paroles
ridées par les griffes du destin

J’ai rêvé perchée sur une étoile
J’ai vu les arbres engloutir les villes
J’ai regardé mes enfants faner

La vie me chante une berceuse
parfumée

Recroquevillée dans mon bouclier
je suis prête pour le jugement final
fusillée par une pluie de pétales

Il ne me reste que ton amour
tendre et sacré
prière féconde
Aujourd’hui

Sybille Rembard, 2012

vincent-van-gogh-la-nuit-etoilee-sur-le-

 

La nuit étoilée sur le Rhône, par Vincent Van Gogh

 

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Sérial Banneur, `, Posté(e)
Tequila Moor Sérial Banneur 14 768 messages
`,
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Rabîndranâth Tagore
Le jardinier d'amour  (extrait)

 

Ô Folie, superbe ivrognesse, quand, d’un coup de pied tu ouvres ta porte et badines devant le public ;

quand tu vides ton sac en une nuit et fais la nique à la prudence ;

quand, sans rime ni raison, tu marches dans d’étranges sentiers et joues avec des babioles ;

quand, naviguant au milieu des orages, tu casses en deux ton gouvernail ;

… alors, je te suis, ma camarade, je m’enivre avec toi et je me donne au diable.

 

J’ai perdu mes jours et mes nuits dans la compagnie de sages et honnêtes voisins.

Beaucoup de savoir a grisonné mes cheveux et beaucoup de veilles ont obscurci mon regard.

Pendant des années j’ai recueilli et entassé des bribes et des morceaux de science :

que maintenant je les écrase, que je danse sur eux et que je les jette à tous les vents.

Car je sais que la suprême sagesse est d’être ivre et de se donner au diable.

Que s’évanouissent tous les scrupules trompeurs. Laissez-moi désespérément perdre ma route.

Qu’un transport de vertige sauvage vienne et me balaye loin du port.

Le monde est peuplé de gens honorables, de travailleurs utiles et habiles.

Il y a des hommes qui se tiennent aisément au premier rang ; d’autres qui occupent décemment le second.

Laissez-les être utiles et prospères et laissez-moi être futile et fou.

Car, je le sais, là est la fin de tous les travaux : être ivre et se donner au diable.

 

Je jure de renoncer désormais à toute prétention de dignité et de décence.

J’abandonne mon orgueil de savoir et mon jugement du vrai et du faux.

Je brise le réceptacle de mes souvenirs, éparpillant jusqu’aux dernières gouttes de mes larmes.

Je me plonge dans l’écume du vin rouge des baies et j’en illumine mon rire.

La politesse et la gravité, je les déchire en lambeaux.

Je fais le serment sacré d’être indigne, d’être ivrogne et d’aller au diable.

 

Ouvrage complet : https://fr.wikisource.org/wiki/Le_Jardinier_d’amour

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Membre, 76ans Posté(e)
Blaquière Membre 18 862 messages
Maitre des forums‚ 76ans‚
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Citation

 

Je jure de renoncer désormais à toute prétention de dignité et de décence.

J’abandonne mon orgueil de savoir et mon jugement du vrai et du faux.

Je brise le réceptacle de mes souvenirs, éparpillant jusqu’aux dernières gouttes de mes larmes.

Je me plonge dans l’écume du vin rouge des baies et j’en illumine mon rire.

La politesse et la gravité, je les déchire en lambeaux.

Je fais le serment sacré d’être indigne, d’être ivrogne et d’aller au diable.

 

 

J'aimerais bien en être capable ! Y'en a que oui ?

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Sérial Banneur, `, Posté(e)
Tequila Moor Sérial Banneur 14 768 messages
`,
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René Char

 

Allégeance

Dans les rues de la ville il y a mon amour. Peu importe où il va dans le temps divisé. Il n'est plus mon amour, chacun peut lui parler. Il ne se souvient plus ; qui au juste l'aima ?

Il cherche son pareil dans le voeu des regards. L'espace qu'il parcourt est ma fidélité. Il dessine l'espoir et léger l'éconduit. Il est prépondérant sans qu'il y prenne part.

Je vis au fond de lui comme un épave heureuse. A son insu, ma solitude est son trésor. Dans le grand méridien où s'inscrit son essor, ma liberté le creuse.

Dans les rues de la ville il y a mon amour. Peu importe où il va dans le temps divisé. Il n'est plus mon amour, chacun peut lui parler. Il ne se souvient plus ; qui au juste l'aima et l'éclaire de loin pour qu'il ne tombe pas ?

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Membre, 76ans Posté(e)
Blaquière Membre 18 862 messages
Maitre des forums‚ 76ans‚
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il y a 22 minutes, Tequila Moor a dit :

J'ai essayé, et ça ne marchait pas trop mal en ce qui concerne la dignité, mais je me suis rendu compte que j'étais là-dedans pour de mauvaises raisons : me foutant du diable, je voulais essentiellement m'oublier, et l'alcool n'est clairement pas drogue assez forte pour cela. Un jour faudra bien que j'essaye le LSD. :dev:

 

 

René Char
Allégeance

Dans les rues de la ville il y a mon amour. Peu importe où il va dans le temps divisé. Il n'est plus mon amour, chacun peut lui parler. Il ne se souvient plus ; qui au juste l'aima ?

Il cherche son pareil dans le voeu des regards. L'espace qu'il parcourt est ma fidélité. Il dessine l'espoir et léger l'éconduit. Il est prépondérant sans qu'il y prenne part.

Je vis au fond de lui comme un épave heureuse. A son insu, ma solitude est son trésor. Dans le grand méridien où s'inscrit son essor, ma liberté le creuse.

Dans les rues de la ville il y a mon amour. Peu importe où il va dans le temps divisé. Il n'est plus mon amour, chacun peut lui parler. Il ne se souvient plus ; qui au juste l'aima et l'éclaire de loin pour qu'il ne tombe pas ?

C'est marrant, ça, j'essayais juste de parler de l'amour à côté (philo, métaphysique, page 13 !) et de cette forme d'allégeance...

"Je vis au fond de lui comme une épave heureuse " On ne lit pas assez les poètes en philo !

(Ils sont nettement moins lourds que les psy !)

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  • 4 semaines après...
Invité
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Dans la nuit froide et calme où dorment les nues

Le jardin abrite la laurier rose, jasmin

Dont la sève inouïe coule ses sucs exquis

Libèrent au matin ses milles et doux arômes.

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L'araignée de Versailles

Traînait la statue sale

Du Barry la maîtresse

Du Roi et sa bassesse. 

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  • 3 semaines après...
Invité fx.
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Sommes-nous vivants
Sommes-nous faits de fer et sang
Sommes- nous fait d’eau et vents
Sommes-nous clones du néant
où est le feu de nos membres
Mes doigts de nicotine bougent encore
Ma rage intacte brise les serrures
Une longue maladie dévore mon corps
Mon âme est un moine en robe de bure
Sommes-nous vivants.
J’entends le doux rire de l’ami Cioran
rue de l’Odéon crépuscule de nombre
La chute dans le temps
et la tonique écriture.

 

André Laude – Sommes-nous vivants ?

 

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Invité Hyaden
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De Catulle.

Efféminé Thallus, plus mou que le poil d’un lapin, que le duvet d’une oie, que le bout de l’oreille ; plus flasque que le pénis d’un vieillard, qu’une toile d’araignée ; toi qui es, en même temps, plus rapace que l’ouragan déchaîné qui brise les vaisseaux sur les côtes périlleuses de Malée ; renvoie-moi le manteau que tu m’as volé, mes mouchoirs de Sétabis, et mes anneaux gravés que tu as la sottise de porter en public, comme si tu les possédais par héritage. Renvoie-les-moi, te dis-je, laisse-les s’échapper de tes ongles crochus, ou le fouet gravera de honteux stigmates sur tes flancs de coton, sur tes fesses mollasses ; alors tu bondiras sous ma main vengeresse comme un frêle esquif surpris en pleine mer par un vent furieux.

 

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  • 2 mois après...
Invité fx.
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J’étais enfant. Je me souviens, j’étais allé cueillir
des roses sauvages.
Elles étaient tout hérissées d’épines,
mais je n’ai pas voulu les enlever.
je croyais que c’étaient — des bourgeons
qui un jour fleuriraient.

Plus tard je t’ai rencontrée. Ô, que d’épines,
que d’épines te hérissaient,
mais je n’ai pas voulu te les arracher —
je pensais qu’un jour elles fleuriraient.

Aujourd’hui, tout cela me revient
en mémoire et je souris. Je souris
et je vais par les vallées
jouant avec le vent. J’étais enfant.

 

Lucian Blaga – Les épines

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Invité fx.
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Invité fx.
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Après tout même toi
que je devrais sentir ennemi
et que je pardonne.
Tu es seulement un homme
qui essaie de comprendre
et de ne comprendre personne.
Ta générosité
est aussi fausse que la mienne.
Aucun de nous
n’est assez bon
pour faire sortir
les miracles des vers.
Aucun de nous
n’est assez pur
pour les oublier
à jamais.

Alda Merini – Après tout même toi

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  • 3 semaines après...
Invité fx.
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Toujours au bord.
Mais au bord de quoi ?

Nous savons seulement que quelque chose tombe
de l’autre côté de ce bord
et qu’une fois parvenu à sa limite
il n’est plus possible de reculer.

Vertige devant un pressentiment
et devant un soupçon :
lorsqu’on arrive à ce bord
cela aussi qui fut auparavant
devient abîme.

Hypnotisés sur une arête
qui a perdu les surfaces
qui l’avaient formée
et resta en suspens dans l’air.

Acrobates sur un bord nu,
équilibristes sur le vide,
dans un cirque sans autre chapiteau que le ciel
et dont les spectateurs sont partis.

 

Roberto Juarroz – Toujours au bord…

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Invité
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Le 18/08/2017 à 02:01, Invité fx. a dit :

Sommes-nous vivants
Sommes-nous faits de fer et sang
Sommes- nous fait d’eau et vents
Sommes-nous clones du néant
où est le feu de nos membres
Mes doigts de nicotine bougent encore
Ma rage intacte brise les serrures
Une longue maladie dévore mon corps
Mon âme est un moine en robe de bure
Sommes-nous vivants.
J’entends le doux rire de l’ami Cioran
rue de l’Odéon crépuscule de nombre
La chute dans le temps
et la tonique écriture.

 

André Laude – Sommes-nous vivants ?

 

On ne peut plus liker alors :plus:

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  • 1 mois après...
Invité fx.
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Invité fx.
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mots incendiaires
jetés à la face
d’un monde muet
cris et sanglots
murés par le silence
soleil évanoui
dans l’essaim de la nuit

Francis Giauque (1934-1965)L’Ombre et la nuit

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  • 2 mois après...
Sérial Banneur, `, Posté(e)
Tequila Moor Sérial Banneur 14 768 messages
`,
Posté(e)

Il y a eu des nuits où nous avions perdu jusqu'au sens du combat.
Nous frissonnions de peur, seuls dans la plaine immense,
Nous avions mal aux bras.
Il y a eu des nuits incertaines et très denses.

Comme un oiseau blessé tournoie dans l'atmosphère
Avant de s'écraser sur le sol du chemin :
Tu titubais, disant des mots élémentaires,
Avant de t'effondrer sur le sol de poussière ;
Je te prenais la main.

Nous devions décider d'un autre angle d'attaque,
Décrocher vers le Bien.
Je me souviens de nos pistolets tchécoslovaques,
Achetés pour presque rien.

Libres et conditionnés par nos douleurs anciennes
Nous traversions la plaine,
Et les mottes gercées résonnaient sous nos pieds ;
Avant la guerre, ami, il y poussait du blé.

Comme une croix plantée dans un sol desséché,
J'ai tenu bon, mon frère ;
Comme une croix de fer aux deux bras écartés.
Aujourd'hui, je reviens dans la maison du Père.


Le sens du combat

Michel Houellebecq

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Membre, 30ans Posté(e)
Toniooo Membre 473 messages
Baby Forumeur‚ 30ans‚
Posté(e)

Hélène ou le règne végétal

Tu es dans un jardin et tu es sur mes lèvres
Je ne sais quel oiseau t'imitera jamais
Ce soir je te confie mes mains pour que tu dises
À Dieu de s'en servir pour des besognes bleues


Car tu es écoutée de l'ange tes paroles
Ruissellent dans le vent comme un bouquet de blé
Et les enfants du ciel revenus de l'école
T'appréhendent avec des mines extasiées

Penche-toi à l'oreille un peu basse du trèfle
Avertis les chevaux que la terre est sauvée
Dis leur que tout est bon des ciguës et des ronces
Qu'il a suffi de ton amour pour tout changer

Je te vois mon Hélène au milieu des campagnes
Innocentant les crimes rosés des vergers
Ouvrant les hauts battants du monde afin que l'homme
Atteigne les comptoirs lumineux du soleil

Quand tu es loin de moi tu es toujours présente
Tu demeures dans l'air comme une odeur de pain
Je t'attendrai cent ans mais déjà tu es mienne
Par toutes ces prairies que tu portes en toi.

Hélène ou le règne végétal, 1952

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