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chirona

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Invité natd
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Invité natd
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Sauterelle---

n'écrase pas

les perles de rosée blanche !

Kobayashi Issa

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Membre, ...... Phoenix ..... Une cendre déterminée, 53ans Posté(e)
Amazones Membre 13 439 messages
53ans‚ ...... Phoenix ..... Une cendre déterminée,
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Bonjour

Poème de Victor Hugo - La statue, tiré du recueil Les Rayons et les ombres en 1840

---

Il semblait grelotter, car la bise était dure.

C'était, sous un amas de rameaux sans verdure,

Une pauvre statue, au dos noir, au pied vert,

Un vieux faune isolé dans le vieux parc désert,

Qui, de son front penché touchant aux branches d'arbre,

Se perdait à mi−corps dans sa gaine de marbre.

Il était là, pensif, à la terre lié,

Et, comme toute chose immobile, oublié!

Des arbres l'entouraient, fouettés d'un vent de glace,

Et comme lui vieillis à cette même place ;

Des marronniers géants, sans feuilles, sans oiseaux

Sous leurs tailles brouillés en ténébreux réseaux,

Pâle, il apparaissait, et la terre était brune.

Une âpre nuit d'hiver, sans étoile et sans lune,

Tombait à larges pans dans le brouillard diffus.

D'autres arbres plus loin croisaient leurs sombres fûts ;

Plus loin d'autre encore, estompés par l'espace,

Poussaient dans le ciel gris où le vent du soir passe

Mille petits rameaux noirs, tordus et mêlés,

Et se posaient partout, l'un par l'autre voilés,

Sur l'horizon, perdu dans les vapeurs informes,

Comme un grand troupeau roux de hérissons énormes.

Rien de plus. Ce vieux faune, un ciel morne, un bois noir.

Peut−être dans la brume au loin pouvait−on voir

Quelque longue terrasse aux verdâtres assises,

Ou, près d'un grand bassin, des nymphes indécises,

Honteuses à bon droit dans ce parc aboli,

Autrefois des regards, maintenant de l'oubli.

Le vieux faune riait. Dans leurs ombres douteuses

Laissant le bassin triste et les nymphes honteuses,

Le vieux faune riait, c'est à lui que je vins ;

Ému, car sans pitié tous ces sculpteurs divins

Condamnent pour jamais, contents qu'on les admire,

Les nymphes à la honte et les faunes au rire.

Moi, j'ai toujours pitié du pauvre marbre obscur.

De l'homme moins souvent, parce qu'il est plus dur.

Et, sans froisser d'un mot son oreille blessée,

Car le marbre entend bien la voix de la pensée,

Je lui dis : −− " Vous étiez du beau siècle amoureux.

Sylvain, qu'avez−vous vu quand vous étiez heureux?

Vous étiez de la cour? Vous assistiez aux fêtes?

C'est pour vous divertir que ces nymphes sont faites.

C'est pour vous, dans ces bois, que de savantes mains

Ont mêlé les dieux grecs et les césars romains,

Et, dans les claires eaux mirant les vases rares,

Tordu tout ce jardin en dédales bizarres.

Quand vous étiez heureux, qu'avez−vous vu, Sylvain?

Contez−moi les secrets de ce passé trop vain,

De ce passé charmant, plein de flammes discrètes,

Où parmi les grands rois croissaient les grands poètes.

Que de frais souvenirs dont encor vous riez!

Parlez−moi, beau Sylvain, comme vous parleriez

À l'arbre, au vent qui souffle, à l'herbe non foulée.

D'un bout à l'autre bout de cette épaisse allée,

Avez−vous quelquefois, moqueur antique et grec,

Quand près de vous passait avec le beau Lautrec

Marguerite aux yeux doux, la reine béarnaise,

Lancé votre oeil oblique à l'Hercule Farnèse?

Seul sous votre antre vert de feuillage mouillé,

Ô Sylvain complaisant, avez−vous conseillé,

Vous tournant vers chacun du côté qui l'attire,

Racan comme berger, Regnier comme satyre?

Avez−vous vu parfois, sur ce banc, vers midi,

Suer Vincent de Paul à façonner Gondi?

Faune! avez−vous suivi de ce regard étrange

Anne avec Buckingham, Louis avec Fontange,

Et se retournaient−ils, la rougeur sur le front,

En vous entendant rire au coin du bois profond?

Étiez−vous consulté sur le thyrse ou le lierre,

Lorsqu'en un grand ballet de forme singulière

La cour du dieu Phoebus ou la cour du dieu Pan

Du nom d'Amaryllis enivraient Montespan?

Fuyant des courtisans les oreilles de pierre,

La Fontaine vint−il, les pleurs dans la paupière,

De ses nymphes de Vaux vous conter les regrets?

Que vous disait Boileau, que vous disait Segrais,

À vous, faune lettré qui jadis dans l'églogue

Aviez avec Virgile un charmant dialogue,

Et qui faisiez sauter, sur le gazon naissant,

Le lourd spondée au pas du dactyle dansant?

Avez−vous vu jouer les beautés dans les herbes,

Chevreuse aux yeux noyés, Thiange aux airs superbes?

Vous ont−elles parfois de leur groupe vermeil

Entouré follement, si bien que le soleil

Découpait tout à coup, en perçant quelque nue,

Votre profil lascif sur leur gorge ingénue?

Votre arbre a−t−il reçu sous son abri serein

L'écarlate linceul du pâle Mazarin?

Avez−vous eu l'honneur de voir rêver Molière?

Vous a−t−il quelquefois, d'une voix familière,

Vous jetant brusquement un vers mélodieux,

Tutoyé, comme on fait entre les demi−dieux?

En revenant un soir du fond des avenues,

Ce penseur, qui, voyant les âmes toutes nues,

Ne pouvait avoir peur de votre nudité,

À l'homme en son esprit vous a−t−il confronté?

Et vous a−t−il trouvé, vous le spectre cynique,

Moins triste, moins méchant, moins froid, moins ironique,

Alors qu'il comparait, s'arrêtant en chemin,

Votre rire de marbre à notre rire humain? "

Ainsi je lui parlais sous l'épaisse ramure.

Il ne répondit pas même par un murmure.

J'écoutais, incliné sur le marbre glacé,

Mais je n'entendis rien remuer du passé.

La blafarde lueur du jour qui se retire

Blanchissait vaguement l'immobile satyre,

Muet à ma parole et sourd à ma pitié.

À le voir là, sinistre, et sortant à moitié

De son fourreau noirci par l'humide feuillée,

On eût dit la poignée en torse ciselée

D'un vieux glaive rouillé qu'on laisse dans l'étui.

Je secouai la tête et m'éloignai de lui.

Alors des buissons noirs, des branches desséchées

Comme des soeurs en deuil sur sa tête penchées,

Et des antres secrets dispersés dans les bois,

Il me sembla soudain qu'il sortait une voix,

Qui dans mon âme obscure et vaguement sonore

Éveillait un écho comme au fond d'une amphore.

−− " Ô poète imprudent, que fais−tu? laisse en paix

Les faunes délaissés sous les arbres épais!

Poète! ignores−tu qu'il est toujours impie

D'aller, aux lieux déserts où dort l'ombre assoupie,

Secouer, par l'amour fussiez−vous entraînés,

Cette mousse qui pend aux siècles ruinés,

Et troubler, du vain bruit de vos voix indiscrètes,

Le souvenir des morts dans ses sombres retraites! "

Alors dans les jardins sous la brume enfouis

Je m'enfonçai, rêvant aux jours évanouis,

Tandis que les rameaux s'emplissaient de mystère,

Et que derrière moi le faune solitaire,

Hiéroglyphe obscur d'un antique alphabet,

Continuait de rire à la nuit qui tombait.

J'allais, et contemplant d'un regard triste encore

Tous ces doux souvenirs, beauté, printemps, aurore,

Dans l'air et sous mes pieds épars, mêlés, flottants,

Feuilles de l'autre été, femmes de l'autre temps,

J'entrevoyais au loin, sous les branchages sombres,

Des marbres dans le bois, dans le passé des ombres!

J'eus toujours de l'amour pour les choses ailées.

Lorsque j'étais enfant, j'allais sous les feuillées,

J'y prenais dans les nids de tout petits oiseaux.

D'abord je leur faisais des cages de roseaux

Où je les élevais parmi des mousses vertes.

Plus tard je leur laissais les fenêtres ouvertes.

Ils ne s'envolaient point ; ou, s'ils fuyaient aux bois,

Quand je les rappelais ils venaient à ma voix.

Une colombe et moi longtemps nous nous aimâmes.

Maintenant je sais l'art d'apprivoiser les âmes.

---

rodin_-_hugo.jpg

Victor Hugo, Buste 1883 par Auguste Rodin

On retrouve dans ce portrait tardif les traits de Victor Hugo tels que Rodin les avait saisis dans le buste du poète dit A l'illustre Maitre, réalisé en 1883 au domicile même de l'écrivain.

---

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Modérateur, ©, 108ans Posté(e)
January Modérateur 61 881 messages
108ans‚ ©,
Posté(e)

La Ronce

Pour me plaindre ou m'aimer je ne cherche personne ;

J'ai planté l'arbre amer dont la sève empoisonne.

Je savais, je devais savoir quel fruit affreux

Naît d'une ronce aride au piquant douloureux.

Je saigne. Je me tais. Je regarde sans larmes

Des yeux pour qui mes pleurs auraient de si doux charmes.

Dans le fond de mon coeur je renferme mon sort,

Et mon étonnement, et mes cris, et ma mort.

Oui ! Je veux bien mourir d'une flèche honteuse,

Mais sauvez-moi, mon Dieu ! De la pitié menteuse.

Oh ! La pitié qui ment ! Oh ! Les perfides bras

Valent moins qu'une tombe à l'abri des ingrats.

Marceline Desbordes-Valmore

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Invité natd
Invités, Posté(e)
Invité natd
Invité natd Invités 0 message
Posté(e)

Il rêve

le vieux Pin---

il n'est pas encore un bouddha !

Kobayashi Issa

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Invité natd
Invités, Posté(e)
Invité natd
Invité natd Invités 0 message
Posté(e)

Grimpe en douceur

petit escargot ---

tu es sur le Fuji !

Kobayashi Issa

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Membre, ...... Phoenix ..... Une cendre déterminée, 53ans Posté(e)
Amazones Membre 13 439 messages
53ans‚ ...... Phoenix ..... Une cendre déterminée,
Posté(e)

Les crépuscules

Somptueux ou tourmentés

Les jours s'achèvent

Le temps fuit

La mélodie des couleurs

Succombe

A l'outrage des puits

Plongeant

Dans les profondeurs nocturnes

La vie cède

Aux scénarios de la nuit.

---

La Mélodie de Martine Belfodil - Artiste peintre professionnelle.

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Membre, grands cils ♪ ♫ ..., Posté(e)
Cajou Membre 1 044 messages
grands cils ♪ ♫ ...,
Posté(e)

Naître avec le printemps, mourir avec les roses,

Sur l’aile du zéphyr nager dans un ciel pur ;

Balancé sur le sein des fleurs à peine écloses,

S’enivrer de parfums, de lumière et d’azur ;

Secouant, jeune encor, la poudre de ses ailes,

S’envoler comme un souffle aux voûtes éternelles ;

petite-fleur.jpg

Voilà du papillon le destin enchanté :

Il ressemble au désir, qui jamais ne se pose,

Et sans se satisfaire, effleurant toute chose,

Retourne enfin au ciel chercher la volupté.

Lamartine

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Invité
Invités, Posté(e)
Invité
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Posté(e)

Je ne sais plus.

Si je continue, si je recommence.

Je perds les choses au fur et à mesure,

l’arbre, ses feuilles,

la montagne, le jour,

la brume, les mains …

Je les perds,

je les retrouve,

je les reperds.

Oui, comment m’y reconnaître?

Parfois, l’une ou l’autre s’arrête.

Elle me regarde.

Je la regarde.

Entre nous,

un fil se tend,

et c’est là qu’il faut marcher.

En équilibre.

Prendre conscience de chaque pas,

de chaque geste.

Pour ne pas tomber.

Avancer encore.

Encore un peu.

Vers ce qui recule à mesure que j’avance.

Ou qui s’avance, et c’est moi qui recule,

qui me rétrécis,

qui m’efface.

Ne reste que le fil.

Il ne porte plus rien:

il vibre …

(Jacques Ancet)

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Membre, ...... Phoenix ..... Une cendre déterminée, 53ans Posté(e)
Amazones Membre 13 439 messages
53ans‚ ...... Phoenix ..... Une cendre déterminée,
Posté(e)

Une petite attention pour quelqu'un qui se reconnaitra .... ;)

---

"A tous ceux qui ne le savaient pas, René Char apprend sans jamais avoir à le dire, la gravité, tranquille et haute, des paysans de la Provence intérieure où, selon le mot d'Alphonse Daudet, ils sont des princes. Les princes de cette terre où sont les morts. Les morts antiques mêlés à ceux de la Résistance, avec la même brûlure de soleil au front."

---

Le Terme épars .... de René Char

Si tu cries, le monde se tait : il s'éloigne avec ton propre monde.

Donne toujours plus que tu ne peux reprendre. Et oublie. Telle est la voie sacrée.

Qui convertit l'aiguillon en fleur arrondit l'éclair.

La foudre n'a qu'une maison, elle a plusieurs sentiers. Maison qui s'exhausse, sentiers sans miettes.

Petite pluie réjouit le feuillage et passe sans se nommer.

Nous pourrions être des chiens commandés par des serpents, ou taire ce que nous sommes.

Le soir se libère du marteau, l'homme reste enchaîné à son cœur.

L’oiseau sous terre chante le deuil sur la terre.

Vous seules, folles feuilles, remplissez votre vie.

Un brin d'allumette suffit à enflammer la plage où vient mourir un livre.

L'arbre de plein vent est solitaire. L'étreinte du vent l'est plus encore.

Comme l'incurieuse vérité serait exsangue s'il n'y avait pas ce bisant de rougeur au loin où ne sont point gravés le doute et le dit du présent ! Nous avançons, abandonnant toute parole en nous le promettant.

---

Trois oiseaux rouges .... de Georges Braque (artiste peintre, cubisme, fauvisme) qui était très lié avec René Char

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Invité natd
Invités, Posté(e)
Invité natd
Invité natd Invités 0 message
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Cueillant des champignons

je lève la tête---

la lune est sur la cime

Yosa Buson

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Membre, ...... Phoenix ..... Une cendre déterminée, 53ans Posté(e)
Amazones Membre 13 439 messages
53ans‚ ...... Phoenix ..... Une cendre déterminée,
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Hiver ..... de Charles d'Orléans

Yver, vous n'estes qu'un villain,

Esté est plaisant et gentil

En tesmoing de May et d'Avril

Qui l'acompaignent sour et main.

Esté revest champs, bois et fleurs,

De sa livree de verdure

Et de maintes autres couleurs

Par l'ordonnance de Nature.

Mais vous, Yver, trop estes plain

De nege, vent, pluye et gresil ;

On vous deust banir en essil.

Sans pont flater, je parle plain,

sans vous n'estes qu'un vilain.

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Membre, Posté(e)
lendehors Membre 372 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)

Combien de temps...

Combien de temps encore

Des années, des jours, des heures, combien ?

Quand j'y pense, mon coeur bat si fort...

Mon pays c'est la vie.

Combien de temps...

Combien ?

Je l'aime tant, le temps qui reste...

Je veux rire, courir, pleurer, parler,

Et voir, et croire

Et boire, danser,

Crier, manger, nager, bondir, désobéir

J'ai pas fini, j'ai pas fini

Voler, chanter, parti, repartir

Souffrir, aimer

Je l'aime tant le temps qui reste

Je ne sais plus où je suis né, ni quand

Je sais qu'il n'y a pas longtemps...

Et que mon pays c'est la vie

Je sais aussi que mon père disait :

Le temps c'est comme ton pain...

Gardes-en pour demain...

J'ai encore du pain

Encore du temps, mais combien ?

Je veux jouer encore...

Je veux rire des montagnes de rires,

Je veux pleurer des torrents de larmes,

Je veux boire des bateaux entiers de vin

De Bordeaux et d'Italie

Et danser, crier, voler, nager dans tous les océans

J'ai pas fini, j'ai pas fini

Je veux chanter

Je veux parler jusqu'à la fin de ma voix...

Je l'aime tant le temps qui reste...

Combien de temps...

Combien de temps encore ?

Des années, des jours, des heures, combien ?

Je veux des histoires, des voyages...

J'ai tant de gens à voir, tant d'images..

Des enfants, des femmes, des grands hommes,

Des petits hommes, des marrants, des tristes,

Des très intelligents et des cons,

C'est drôle, les cons ça repose,

C'est comme le feuillage au milieu des roses...

Combien de temps...

Combien de temps encore ?

Des années, des jours, des heures, combien ?

Je m'en fous mon amour...

Quand l'orchestre s'arrêtera, je danserai encore...

Quand les avions ne voleront plus, je volerai tout seul...

Quand le temps s'arrêtera..

Je t'aimerai encore

Je ne sais pas où, je ne sais pas comment...

Mais je t'aimerai encore...

D'accord ?

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Membre, ...... Phoenix ..... Une cendre déterminée, 53ans Posté(e)
Amazones Membre 13 439 messages
53ans‚ ...... Phoenix ..... Une cendre déterminée,
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Un rat est venu.... de Pierre Mac Orlan

Un rat est venu dans ma chambre.

Il a rongé la chandelle.

Il a fait trembler la table branlante,

Et renversé le pot à bière.

Je l'ai pris dans mes bras blancs.

Il était chaud comme un enfant.

Je l'ai bercé tendrement

Et je lui chantais doucement :

"Dors mon rat, mon petit flic, mon petit agent

"Oh ! n m'arrête pas ce soir, sous la lune.

"Ferme les yeux quand je serai là avec mon amant."

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La mer est un mythe..

Et en vérité je me le dis : qu'est-il advenu de la mer ? Et je réponds, la mer est là-bas derrière, derrière ma tête, dans le réservoir de ma mémoire. La mer est un mythe. Il n'y a jamais eu de mer. Mais bien sûr que si, la mer existe ! Puisque je vous dis que je suis né au bord de l'eau ! Que je me suis baigné dans la mer ! Qu'elle m'a nourri et calmé, que ses étendues fascinantes ont alimenté mes rêves.

Demande à la poussière

John Fante

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Membre, ...... Phoenix ..... Une cendre déterminée, 53ans Posté(e)
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La solitude ... de Saint-Amant

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"Femme Neutre sur son rocher" - photo par Mukumbura

.... Aux creux de cette grotte fraîche,

Où l'amour se pourrait geler,

Echo ne cesse de brûler

Pour son amant froid et revêche.

Je m'y coule sans faire bruit,

Et par la céleste harmonie

D'un doux luth, aux charmes instruit,

Je flatte sa triste manie,

Faisant répéter mes accords

A la voix qui lui sert de corps.

Tantôt, sortant de ces ruines,

Je monte au haut de ce rocher,

Dont le sommet semble chercher

En quel lieu se font les bruines ;

Puis je descends tout à loisir,

Sous une falaise escarpée,

D'où je regarde avec plaisir

L'onde qui l'a presque sapée

Jusqu'au siège de Palémon,

Fait d'éponges et de limon.

Que c'est une chose agréable

D'être sur le bord de la mer,

Quand elle vient à se calmer

Après quelque orage effroyable !

Et que les chevelus tritons,

Hauts, sur les vagues secouées

Frappent les airs d'étranges tons

Avec leurs trompes enrouées,

Dont l'éclat rend respectueux

Les vents les plus impétueux....

---

Propos de Frédéric Gagnon ....

"La solitude dont j’ai pris conscience est transcendantale ; c’est une certaine réalité au-delà du réel qui détermine les paramètres de ma condition empirique. Il y a des esseulements particuliers, l’abandon que l’on éprouve quand nous laisse une femme, un ami, un parent… Mais la réalité qui s’est dévoilée est d’un tout autre ordre. Il s’agit de l’essence de toute solitude, la solitude par excellence, la Solitude au cœur de toutes les solitudes, qui leur confère leur désespérante intelligibilité : NOUS SOMMES SEULS."

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Membre, Posté(e)
La Suggestion Membre 438 messages
Baby Forumeur‚
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When Time, or soon or late, shall bring

The dreamless sleep that lulls the dead,

Oblivion! may thy languid wing

Wave gently o'er my dying bed!

No band of friends or heirs be there,

To weep, or wish,the coming blow:

No maiden, with dishevelled hair,

To feel, or feign,decorous woe.

But silent let me sink to earth,

With no officious mourners near:

I would not mar one hour of mirth,

Nor startle friendship with a tear.

Yet Love, if Love in such an hour

Could nobly check its useless sighs,

Might then exert its latest power

In her who lives,and him who dies.

'Twere sweet, my Psyche! to the last

Thy features still serene to see:

Forgetful of its struggles past,

E'en Pain itself should smile on thee.

But vain the wish?for Beauty still

Will shrink, as shrinks the ebbing breath;

And women's tears,produced at will,

Deceive in life,unman in death.

Then lonely be my latest hour,

Without regret,without a groan;

For thousands Death hath ceas'd to lower,

And pain been transient or unknown.

`Ay, but to die,and go,' alas!

Where all have gone, and all must go!

To be the nothing that I was

Ere born to life and living woe!

Count o'er the joys thine hours have seen,

Count o'er thy days from anguish free,

And know, whatever thou hast been,

'Tis something better not to be.

Lord Byron, Euthanasia.

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Membre, ...... Phoenix ..... Une cendre déterminée, 53ans Posté(e)
Amazones Membre 13 439 messages
53ans‚ ...... Phoenix ..... Une cendre déterminée,
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Pensée des morts - d'Alphonse de Lamartine

Voilà les feuilles sans sève

Qui tombent sur le gazon,

Voilà le vent qui s’élève

Et gémit dans le vallon,

Voilà l'errante hirondelle

Qui rase du bout de l'aile

L'eau dormante des marais,

Voilà l'enfant des chaumières

Qui glane sur les bruyères

Le bois tombé des forêts.

L'onde n'a plus le murmure

Dont elle enchantait les bois ;

Sous des rameaux sans verdure

Les oiseaux n'ont plus de voix ;

Le soir est près de l'aurore,

L'astre à peine vient d'éclore

Qu'il va terminer son tour,

Il jette par intervalle

Une heure de clarté pâle

Qu'on appelle encore un jour.

L'aube n'a plus de zéphire

Sous ses nuages dorés,

La pourpre du soir expire

Sur les flots décolorés,

La mer solitaire et vide

N'est plus qu'un désert aride

Où l'oeil chercher en vain l'esquif,

Et sur la grève plus sourde

La vague orageuse et lourde

N'a qu'un murmure plaintif.

La brebis sur les collines

Ne trouve plus le gazon,

Son agneau laisse aux épines

Les débris de sa toison,

La flûte aux accords champêtres

Ne réjouit plus les hêtres

Des airs de joie ou d'amour,

Toute herbe aux champs est glanée :

Ainsi finit une année,

Ainsi finissent nos jours !....

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Membre, ...... Phoenix ..... Une cendre déterminée, 53ans Posté(e)
Amazones Membre 13 439 messages
53ans‚ ...... Phoenix ..... Une cendre déterminée,
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Fenêtres ouvertes ..... de Victor Hugo

jeanne%2Bet%2Bgeorges.jpg

L'art d'être grand-père, avec Jeanne et Georges,

les enfants de son fils aîné Charles.

J'entends des voix. Lueurs à travers ma paupière.

Une cloche est en branle à l'église Saint-Pierre.

Cris des baigneurs. Plus près ! Plus loin ! non, par ici !

Non, par là ! Les oiseaux gazouillent, Jeanne aussi.

Georges l'appelle. Chant des coqs. Une truelle

Racle un toit. Des chevaux passent dans la ruelle.

Grincement d'une faulx qui coupe le gazon.

Chocs. Rumeurs. Des couvreurs marchent sur la maison.

Bruits du port. Sifflement des machines chauffées.

Musique militaire arrivant par bouffées.

Brouhaha sur le quai. Voix françaises. Merci.

Bonjour. Adieu. Sans doute il est tard, car voici

Que vient tout près de moi changer mon rouge-gorge.

Vacarme de marteaux lointains dans une forge.

L'eau clapote. On entend haleter un steamer.

Une mouche entre. Souffle immense de la mer.

---

"Il avait reçu le don de voir la création comme si elle sortait ce matin de la main du Créateur" ..... Charles Péguy

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  • 2 semaines après...
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Invités, Posté(e)
Invité
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Rrose Sélavy trouve qu'un insecticide doit coucher avec sa mère avant de la tuer ; les punaises sont de rigueur.

Rrose Sélavy et moi esquivons les ecchymoses des Esquimaux aux mots exquis.

Question d'hygiène intime :

Faut-il mettre la moelle de l'épée dans le poil de l'aimée?

Abominables fourrures abdominales.

Parmi nos articles de quincaillerie paresseuses, nous recommandons un robinet qui s'arrête de couleur quand on ne l'écoute pas.

La mode pratique, création Rose Sélavy : La robe oblongue, dessinée, exclusivement pour dames affligées du hoquet.

La différence entre un bébé qui tète et un premier prix d'horticulture potagère est que le premier est un souffleur de chair chaude et le second un chou-fleur de serre chaude.

Nous livrons à domicile : moustiques domestiques (demi-stock).

Des bas en soie... la chose aussi.

A charge de revanche ; à verge de rechange.

A coups trop tirés.

Litanie des saints :

Je crois qu'elle sent du bout des seins,

Tais-toi, tu sens du bout des seins.

Pourquoi sens-tu du bout des seins?

Je veux sentir du bout des seins.

Opalin ; ô ma laine.

Avoir de l'haleine en dessous.

Un mot de reine ; des maux de reins.

Caleçons de musique (abréviation pour : leçons de musique de chambre)

Le meilleur des savons est le savon aux amendes honorables.

Il faut dire :

La crasse de tympan, et non le Sacre du Printemps.

La bagarre d'Austerlitz.

My niece is cold because my knees are cold.

Daily lady cherche démêlés avec Daily Mail.

Un cinq chevaux qui rue sur pignon.

Une nymphe amie d'enfance.

Ovaire toute la nuit.

Se livrer à des foies de veau sur quelqu'un.

Le système métrite par un temps blenorrhagieux.

Du dos de la cuillère au cul de la douairière.

Paroi parée de paresse de paroisse.

Prendre 1 centimètre cube de fumée de tabac et en peindre les surfaces extérieure d'une couleur hydrofuge.

Aiguiser l'ouïe (forme de torture).

Quand on a un corps étranger entre les jambes, il ne faut pas mettre son coude près des siennes.

Faut-il réagir contre la paresse des voies ferrées entre deux passages de trains ?

Si je te donne un sou, me donneras-tu une paire de ciseaux?

Une boîte de Suédoises pleine est plus légère qu'une boîte entamée parce qu'elle ne fait pas de bruit.

Bains de gros thé pour grains de beauté.

Fossettes d'aisances.

Nous nous cajolions (nounou ; cage aux lions).

M'amenez-y.

Étrangler l'étranger.

Orchidée fixe.

Abcès opulent.

Anemic cinema.

Lits et ratures.

Man Ray

‘Rrose Sélavy (Marcel Duchamp)’

1923

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Route 132

route 132 un face-à-face

à travers le pare-brise

fusion de ton corps avec l’autre

two as one pour vrai

ton corps liquéfié s’écoule entre les soupapes

soupe de chair dans la garnotte

ta peau râpée par les pièces

des flocons de fromage funeste

les os bouillis en spaghettis sauce tomate

ton sang un jus de moteur V8

ta peau en farine tes veines en pâte ton beurre de cervelle

du vrai gâteau

un forêt noire de sang de neige d’asphalte

on peut ajuster la recette

le goût est toujours le même

un petit quelque chose d’octane de métal avec

un soupçon d’huile humaine

la police essuie la nappe nettoie les ustensiles

t’extirpe du moule du cercueil en forme de char

gratte sur les bords racle la plaque brûlée

t’emporte à la morgue te faire cuire à mille degrés

un autre accidenté en fumée

dont les effluves m’ouvrent l’appétit

gargouillis dans mon ventre j’arrive

pour lécher le crémage avant les autres

mes mains accueillent

les gouttes salées des pleurs de tes proches

sous mon calepin leur tristesse gratuite

devient des larmes payantes

que je jette aux hyènes devant leurs cafés frettes

pour qu’y s’étouffent dans leurs deux œufs bacon extra toast

Criss que ça fessé fort!

au dépanneur chinois

ta mort vendue à côté des egg rolls tièdes

ta face en exergue sur les cherry blossom

ta mort une statistique calculée comme

une loterie de la malchance

un gratteux mort si découvert

t’avais une chance sur quatorze millions

tu l’as gaspillée

moi je recycle

rien ne se perd tout se transforme

un samedi de vacances

où j’ai rien pour fronter

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