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un jour... un poème

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chirona

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Membre, Posté(e)
omnibus Membre 207 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)

Bonsoir.

bien curieux texte venant d'un homme d'église :mef2:

ça me rappel "Tartuffe et la scène où il déclame:

ELMIRE

La déclaration est tout à fait galante,

Mais elle est, à vrai dire, un peu bien surprenante.

Vous deviez, ce me semble, armer mieux votre sein,

Et raisonner un peu sur un pareil dessein.

Un dévot comme vous, et que partout on nomme.

TARTUFFE

Ah! pour être dévot, je n'en suis pas moins homme;:D

Le mot et la chose.

Madame, quel est votre mot

Et sur le mot et sur la chose ?

On vous a dit souvent le mot,

On vous a souvent fait la chose.

Ainsi, de la chose et du mot

Pouvez-vous dire quelque chose.

Et je gagerai que le mot

Vous plaît beaucoup moins que la chose !

Pour moi, voici quel est mon mot

Et sur le mot et sur la chose.

J'avouerai que j'aime le mot,

J'avouerai que j'aime la chose.

Mais, c'est la chose avec le mot

Et c'est le mot avec la chose ;

Autrement, la chose et le mot

À mes yeux seraient peu de chose.

Je crois même, en faveur du mot,

Pouvoir ajouter quelque chose,

Une chose qui donne au mot

Tout l'avantage sur la chose :

C'est qu'on peut dire encor le mot

Alors qu'on ne peut plus la chose...

Et, si peu que vaille le mot,

Enfin, c'est toujours quelque chose !

De là, je conclue que le mot

Doit être mis avant la chose,

Que l'on doit n'ajouter un mot

Qu'autant que l'on peut quelque chose

Et que, pour le temps où le mot

Viendra seul, hélas, sans la chose,

Il faut se réserver le mot

Pour se consoler de la chose !

Pour vous, je crois qu'avec le mot

Vous voyez toujours autre chose :

Vous dites si gaiement le mot,

Vous méritez si bien la chose,

Que, pour vous, la chose et le mot

Doivent être la même chose...

Et, vous n'avez pas dit le mot,

Qu'on est déjà prêt à la chose.

Mais, quand je vous dis que le mot

Vaut pour moi bien plus que la chose

Vous devez me croire, à ce mot,

Bien peu connaisseur en la chose !

Eh bien, voici mon dernier mot

Et sur le mot et sur la chose :

Madame, passez-moi le mot...

Et je vous passerai la chose !

L'abbé Gabriel-Charles de L'Attaignant

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Invité
Invités, Posté(e)
Invité
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Posté(e)

Il fonctionne ici pourtant;

Baudelaire – Le Vin de l’Assassin

Ma femme est morte, je suis libre !

Je puis donc boire tout mon soûl.

Lorsque je rentrais sans un sou,

Ses cris me déchiraient la fibre.

Autant qu’un roi je suis heureux ;

L’air est pur, le ciel admirable...

Nous avions un été semblable

Lorsque j’en devins amoureux !

L’horrible soif qui me déchire

Aurait besoin pour s’assouvir

D’autant de vin qu’en peut tenir

Son tombeau ; — ce n’est pas peu dire :

Je l’ai jetée au fond d’un puits,

Et j’ai même poussé sur elle

Tous les pavés de la margelle.

— Je l’oublierai si je le puis !

Au nom des serments de tendresse,

Dont rien ne peut nous délier,

Et pour nous réconcilier

Comme au beau temps de notre ivresse,

J’implorai d’elle un rendez-vous,

Le soir, sur une route obscure.

Elle y vint ! — folle créature !

Nous sommes tous plus ou moins fous !

Elle était encore jolie,

Quoique bien fatiguée ! et moi,

Je l’aimais trop ! voilà pourquoi

Je lui dis : Sors de cette vie !

Nul ne peut me comprendre. Un seul

Parmi ces ivrognes stupides

Songea-t-il dans ses nuits morbides

À faire du vin un linceul ?

Cette crapule invulnérable

Comme les machines de fer

Jamais, ni l’été ni l’hiver,

N’a connu l’amour véritable,

Avec ses noirs enchantements,

Son cortège infernal d’alarmes,

Ses fioles de poison, ses larmes,

Ses bruits de chaîne et d’ossements !

— Me voilà libre et solitaire !

Je serai ce soir ivre mort ;

Alors, sans peur et sans remord,

Je me coucherai sur la terre,

<a name="p5">

Et je dormirai comme un chien !

Le chariot aux lourdes roues

Chargé de pierres et de boues,

Le wagon enragé peut bien

Écraser ma tête coupable

Ou me couper par le milieu,

Je m’en moque comme de Dieu,

Du Diable ou de la Sainte Table !

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Membre, Posté(e)
omnibus Membre 207 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)

Il fonctionne ici pourtant;

!

Merci Lucy. c'est gentil.

connaissais ce texte.

bonne journée.

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Invité
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Posté(e)
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Membre, Posté(e)
omnibus Membre 207 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)

Bonne soirée Lucy!:)

Le trio éternel.

Il y a deux hommes dans le monde, qui

sans cesse croisent mon chemin,

le premier est celui que j'aime,

le second m'aime.

Le premier est dans un rêve nocturne,

il réside dans mon esprit sombre,

l'autre se tient près de la porte de mon cœur,

je ne lui ouvre jamais.

L'un me donna un souffle printanier

de bonheur, vite enfui,

l'autre me donna toute sa vie

et n'eut pas en retour une heure.

L'un bruit dans le chant du sang,

où l'amour est pur et libre,

l'autre fait un avec le jour triste

où les rêves sont noyés.

Chaque femme se tient entre eux deux,

aimant, aimée et pure –

chaque cent ans cela peut arriver

qu'ils ne fassent plus qu'un.

(Connais pas l'auteur)

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Invité
Invités, Posté(e)
Invité
Invité Invités 0 message
Posté(e)

Merci à toi aussi. Ton poème il est de Ditlevsen Tove. :)

Délices de se perdre dans l’image pressentie.

Je me suis levée de mon cadavre,

je suis allée en quête de qui je suis.

Voyageuse de moi-même,

j’ai marché vers celle qui dort dans un pays au vent.

(Alejandra Pizarnik)

pascale-eyraud.jpg?w=850&h=856

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Membre, Posté(e)
omnibus Membre 207 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)

encore une fois merci de venir à mon secours. :D

Il est beau l'extrait que tu nous pose ce soir.

ce vers :

"je suis allée en quête de qui je suis."

m'a fait penser à ce texte:;)

Conversation.

- Pardon...

- Je vous en prie.

- Tiens ! Je ne t'avais pas reconnu... Bonjour !

- Bonjour...

- Tu ne me reconnais pas ? Alphonse... Ça te revient ?

- Lentement...

- Sacré toi !

- Hé oui !

- Et la santé ?

- Ça va.

- Pas de petits ennuis ?

- Non.

- Et la famille ?

- Je ne suis pas marié.

- Je sais... je pensais à tes parents...

- Ils sont morts.

- Les pauvres ! Depuis quand ?

- Une vingtaine d'années.

- Le temps passe vite. Et... les affaires ?

- Ça va.

- Tant mieux...

- Dites-moi...

- On se tutoyait...

- C'est vrai.

- Sacré toi !

- Hé oui !

- Toujours le même...

- Il le faut bien !

- Je n'en reviens pas !

- D'où ?

- Pardon ?

- Tu n'en reviens pas... d'où ?

- Sacré toi !

- Hé oui !

- Et puis ?

- Et puis quoi ?

- A part ça ?

- A part quoi ?

- Le reste ?

- Ah ! ça va.

- Hé bien, bravo.

- Hé oui, bravo.

- Tu te souviens...

- Pas très bien.

- ... le jour où elle a...

- Avec le grand ?

- Non. Avec l'autre !

- Ah ! oui...

- Et toi, tu...

- Oui, bien sûr, mais depuis le temps...

- La vie étant ce qu'elle est !

- Très juste !

- Comment faire autrement ?

- C'est difficile.

- Et puis, il y a la guerre !

- Laquelle ?

- Toutes. Et les entre-guerres...

- Dis-moi...

- Oui.

- Tu es bien sûr d'être Ernest ?

- Ah ! je ne suis plus sûr de rien.

- Comment t'appelles-tu ?

- Albert. Mais je ne le jurerais pas.

- Alors, ce n'est pas toi !

- C'est affreux !

- Excusez-moi. Je vous ai pris pour un autre.

- Hep !

- Quoi ?

- Si ce n'est pas moi...

- Oui ?

- Qui suis-je ?

Jacques LANGUIRAND

Bonne fin de soirée et bonne nuit.:)

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Membre, ...... Phoenix ..... Une cendre déterminée, 53ans Posté(e)
Amazones Membre 13 439 messages
53ans‚ ...... Phoenix ..... Une cendre déterminée,
Posté(e)

La petite fleur rose

salvador_dali_the_rose.jpg

Du haut de la montagne,

Près de Guadarrama,

On découvre l'Espagne

Comme un panorama.

A l'horizon sans borne

Le grave Escurial

Lève son dôme morne,

Noir de l'ennui royal ;

Et l'on voit dans l'estompe

Du brouillard cotonneux,

Si loin que l'oeil s'y trompe,

Madrid, point lumineux !

La montagne est si haute,

Que ses flancs de granit

N'ont que l'aigle pour hôte,

Pour maison que son nid ;

Car l'hiver pâle assiège

Les pics étincelants,

Tout argentés de neige,

Comme des vieillards blancs.

J'aime leur crête pure,

Même aux tièdes saisons

D'une froide guipure

Bordant les horizons ;

Les nuages sublimes,

Ainsi que d'un turban

Chaperonnant leurs cimes

De pluie et d'ouragan ;

Le pin, dont les racines,

Comme de fortes mains,

Déchirent les ravines

Sur le flanc des chemins,

Et l'eau diamantée

Qui, sous l'herbe courant,

D'un caillou tourmentée,

Chuchote un nom bien grand !

Mais, avant toute chose,

J'aime, au coeur du rocher,

La petite fleur rose,

La fleur qu'il faut chercher !

de Théophile Gautier

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Membre+, 52ans Posté(e)
chirona Membre+ 3 432 messages
Baby Forumeur‚ 52ans‚
Posté(e)

Bonsoir ;)

1909

La dame avait une robe

En ottoman violine

Et sa tunique brodée d'or

Était composée de deux panneaux

S'attachant sur l'épaule

Les yeux dansants comme des anges

Elle riait elle riait

Elle avait un visage aux couleurs de France

Les yeux bleus les dents blanches et les lèvres très rouges

Elle avait un visage aux couleurs de France

Elle était décolletée en rond

Et coiffée à la Récamier

Avec de beaux bras nus

N'entendra-t-on jamais sonner minuit

La dame en robe d'ottoman violine

Et en tunique brodée d'or

Décolletée en rond

Promenait ses boucles

Son bandeau d'or

Et traînait ses petits souliers à boucles

Elle était si belle

Que tu n'aurais pas osé l'aimer

J'aimais les femmes atroces dans les quartiers énormes

Où naissaient chaque jour quelques êtres nouveaux

Le fer était leur sang la flamme leur cerveau

J'aimais j'aimais le peuple habile des machines

Le luxe et la beauté ne sont que son écume

Cette femme était si belle

Qu'elle me faisait peur

Guillaume Apollinaire, Alcools

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Membre, ...... Phoenix ..... Une cendre déterminée, 53ans Posté(e)
Amazones Membre 13 439 messages
53ans‚ ...... Phoenix ..... Une cendre déterminée,
Posté(e)

Bonjour :blush:

---

Au nom de la fragilité de Charles Gardou

"Tout est fragilité, universelle loi.

Fragilité de nos pensées qui dessinent de mystérieuses arabesques

De l'esprit dans ses infimes linéaments

Du corps naissant et déjà vieillissant,

Du temps qui fuit.

Fragile terre privée de pluie.

Fragilité de nos sécurités et des tours d'ivoire qui nous protègent,

De l'acier de nos cottes de mailles,

De nos anges gardiens,

Des murs d'airain.

Fragile soleil dans son royaume céleste.

Fragilité de nos certitudes et de la science qui délivre de frêles savoirs.

Des puissants auréolés de gloire et de médailles,

Des conquérants repus de possessions,

De leurs masques de héros.

Fragile orchidée aux premiers frimas de l'hiver.

Fragilité des illusions et mirages qui peu à peu s'estompent.

De nos convenances et humaines conventions,

Des personnages que nous jouons,

De notre mage dans le miroir.

Fragile rossignol qui meurt de chanter.

Fragilité des chemins que l'on ouvre au milieu de la cohue,

Des rivages où on jette l'ancre,

Des maisons nichées sous les falaises,

Du bonheur glissant entre nos doigts.

Fragiles flocons échappés d'un ciel clair-obscur.

Fragilité de cette fillette blottie contre sa poupée de chiffon

D'un vieillard tremblant, voûté sur sa canne,

De ce mendiant tapi derrière ses pensées,

De ses mains jointes.

Fragiles envols et fragile clarté.

Fragilité des humains en précaire équilibre dans le labyrinthe du monde,

De ce qui noue et dénoue la trame de leurs destinées,

Du sens de leurs inguérissables blessures,

De leur soif de vivre."

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Invité
Invités, Posté(e)
Invité
Invité Invités 0 message
Posté(e)

Comment dire ..

Folie —

folie que de —

que de —

comment dire —

folie que de ce —

depuis —

folie depuis ce —

donné —

folie donné ce que de —

vu —

folie vu ce —

ce —

comment dire —

ceci —

ce ceci —

ceci-ci —

tout ce ceci-ci —

folie donné tout ce —

vu —

folie vu tout ce ceci-ci que de —

que de —

comment dire —

voir —

entrevoir —

croire entrevoir —

vouloir croire entrevoir —

folie que de vouloir croire entrevoir quoi —

quoi —

comment dire —

et où —

que de vouloir croire entrevoir quoi où —

où —

comment dire —

là —

là-bas —

loin —

loin là là-bas —

à peine —

loin là là-bas à peine quoi —

quoi —

comment dire —

vu tout ceci —

tout ce ceci-ci —

folie que de voir quoi —<a name="p5">

entrevoir —

croire entrevoir —

vouloir croire entrevoir —

loin là là-bas à peine quoi —

folie que d’y vouloir croire entrevoir quoi —

quoi —

comment dire —

comment dire

Samuel Beckett

BeckettSchiapiro.jpg

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Membre+, 52ans Posté(e)
chirona Membre+ 3 432 messages
Baby Forumeur‚ 52ans‚
Posté(e)

Rends-toi, mon coeur.

Nous avons assez lutté

Et que ma vie s'arrête,

On n'a pa été des lâches,

On a fait ce qu'on a pu.

Oh! Mon âme,

Tu pars ou tu restes,

Il faut te décider,

Ne me tâte pas ainsi les organes,

Tantôt avec attention, tantôt avec égarement,

Tu pars ou tu restes,

Il faut te décider.

Moi, je n'en peux plus.

Seigneurs de la Mort

Je ne vous ai ni blasphémés ni applaudis.

Ayez pitié de moi, voyageur déjà de tant de voyages sans valise,

Sans maître non plus, sans richesse, et la gloire s'en fut ailleurs,

Vous êtes puissants assurément et drôles par-dessus tout,

Ayez pitié de cet homme affolé qui avant de franchir la barrière vous crie déjà son nom,

Prenez-le au vol,

Et puis, qu'il se fasse à vos tempéraments et à vos moeurs, s'il se peut,

Et s'il vous plaît de l'aider, aidez-le, je vous prie.

Henri Michaux, extrait de Ecuador, 1929

Modifié par chirona
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Membre, Posté(e)
omnibus Membre 207 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)

BJ!

pour rester sur le théme du coeur.

tel que l'a voit Anna de Noailles

Le coeur

Mon cœur tendu de lierre odorant et de treilles,

Vous êtes un jardin où les quatre saisons

Tenant du buis nouveau, des grappes de groseilles

Et des pommes de pin, dansent sur le gazon...

- Sous les poiriers noueux couverts de feuilles vives

Vous êtes le coteau qui regarde la mer,

Ivre d'ouïr chanter, quand le matin arrive,

La cigale collée au brin de menthe amer.

- Vous êtes un vallon escarpé ; la nature

Tapisse votre espace et votre profondeur

De mousse délicate et de fraîche verdure.

- Vous êtes dans votre humble et pastorale odeur

Le verger fleurissant et le gai pâturage

Où les joyeux troupeaux et les pigeons dolents

Broutent le chèvrefeuille ou lissent leur plumage.

- Et vous êtes aussi, cœur grave et violent,

La chaude, spacieuse et prudente demeure

Pleine de vins, de miel, de farine et de riz,

Ouverte au bon parfum des saisons et des heures,

Où la tendresse humaine habite et se nourrit...

Du moins lorsqu'il n'est pas atteint de désertification :blush:.

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Membre+, 52ans Posté(e)
chirona Membre+ 3 432 messages
Baby Forumeur‚ 52ans‚
Posté(e)

Deuxième lettre de ménage

J'ai besoin, à côté de moi, d'une femme simple et équilibrée, et dont l'âme inquiète et trouble ne fournirait pas sans cesse un aliment à mon désespoir. Ces derniers temps, je ne te voyais plus sans un sentiment de peur et de malaise. Je sais très bien que c'est ton amour qui te fabrique tes inquiétudes sur mon compte, mais c'est ton âme malade et anormale comme la mienne qui exaspère ces inquiétudes et te ruine le sang. Je ne veux plus vivre auprès de toi dans la crainte. J'ajouterai à cela que j'ai besoin d'une femme qui soit uniquement à moi et que je puisse trouver chez moi à toute heure. Je suis désespéré de solitude. Je ne peux plus rentrer le soir, dans une chambre, seul, et sans aucune des facilités de la vie à portée de ma main. Il me faut un intérieur, et il me le faut tout de suite, et une femme qui s'occupe sans cesse de moi qui suis incapable de m'occuper de rien, qui s'occupe de moi pour les plus petites choses. Une artiste comme toi a sa vie, et ne peut pas faire cela. Tout ce que je te dis est d'un égoïsme féroce, mais c'est ainsi. Il ne m'est même pas nécessaire que cette femme soit très jolie, je ne veux pas non plus qu'elle soit d'une intelligence excessive, ni surtout qu'elle réfléchisse trop. Il me suffit qu'elle soit attachée à moi. Je pense que tu sauras apprécier la grande franchise avec laquelle je te parle et que tu me donneras la preuve d'intelligence suivante : c'est de bien pénétrer que tout ce que je te dis n'a rien à voir avec la puissante tendresse, l'indéracinable sentiment d'amour que j'ai et que j'aurai inaliénablement pour toi, mais ce sentiment n'a rien à voir lui-même avec le courant ordinaire de la vie. Et elle est à vivre, la vie. Il y a trop de choses qui m'unissent à toi pour que je te demande de rompre, je te demande seulement de changer nos rapports, de nous faire chacun une vie différente, mais qui ne nous désunira pas.

Antonin Artaud

Extrait de Le pèse nerfs, 1925

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Invité nietzsche.junior
Invités, Posté(e)
Invité nietzsche.junior
Invité nietzsche.junior Invités 0 message
Posté(e)

extrait de ... 'Variations amoureuse pour une sorcière '

je veux dérivée avec volupté

sur les les chemins étoilés

et m'endormir apaisé

sur ton corps enflammé

de

irène dit coeur de fer ... (poetesse du moyen age) ..

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Membre+, 52ans Posté(e)
chirona Membre+ 3 432 messages
Baby Forumeur‚ 52ans‚
Posté(e)

The night of loveless nights (extrait)

Nuit putride et glaciale, épouvantable nuit,

Nuit du fantôme infirme et des plantes pourries,

Incandescente nuit, flamme et feu dans les puits,

Ténèbres sans éclairs, mensonges et roueries.

Qui me regarde ainsi au fracas des rivières ?

Noyés, pêcheurs, marins ? Éclatez les tumeurs

Malignes sur la peau des ombres passagères,

Ces yeux m’ont déjà vu, retentissez clameurs !

Le soleil ce jour-là couchait dans la cité

L’ombre des marronniers au pied des édifices,

Les étendards claquaient sur les tours et l’été

Amoncelait ses fruits pour d’annuels sacrifices.

Tu viens de loin, c’est entendu, vomisseur de couleuvres,

Héros, bien sûr, assassin morne, l’amoureux

Sans douleur disparaît, et toi, fils de tes œuvres

Suicidé, rougis-tu du désir d’être heureux ?

Fantôme, c’est ma glace où la nuit se prolonge

Parmi les cercueils froids et les cœurs dégoutants,

L’amour cuit et recuit comme une fausse oronge

Et l’ombre d’une amante aux mains d’un impotent.

Et pourtant tu n’es pas de ceux que je dédaigne.

Ah ! serrons-nous les mains, mon frère, embrassons-nous

Parmi les billets doux, les rubans et les peignes,

La prière jamais n’a sali tes genoux.

Tu cherchais dans la plage aux pieds des rochers droits

La crique où vont s’échouer les étoiles marines :

C’était le soir, des feux à travers le ciel froid

Naviguaient et, rêvant au milieu des salines,

Tu voyais circuler des frégates sans nom

Dans l’éclaboussement des chutes impossibles.

Où sont ces soirs ? Ô flots rechargez vos canons

Car le ciel en rumeur est encombré de cibles.

Quel destin t’enchaîna pour servir les sévères,

Celles dont les cheveux charment les colibris,

Celles dont les seins durs sont un fatal abri

Et celles dont la nuque est un nid de mystère,

Celles rencontrées nues dans les nuits de naufrage,

Celles des incendies et celles des déserts,

Celles qui sont flétries par l’amour avant l’âge,

Celles qui pour mentir gardent les yeux sincères,

Celles au cœur profond, celles aux belles jambes,

Celles dont le sourire est subtil et méchant,

Celles dont la tendresse est un diamant qui flambe

Et celles dont les reins balancent en marchant,

Celles dont la culotte étroite étreint les cuisses,

Celles qui, sous la jupe, ont un pantalon blanc

Laissant un peu de chair libre par artifice

Entre la jarretière et le flots des volants,

Celles que tu suivis dans l’espoir ou le doute,

Celles que tu suivis ne se retournaient pas

Et les bouquets fanés qu’elles jetaient en route

T’entraînèrent longtemps au hasard de leurs pas

Mais tu les poursuivras à la mort sans répit,

Les yeux las de percer des ténèbres moroses,

De voir lever le jour sur le ciel de leur lit

Et d’abriter leur ombre en tes prunelles closes.

Une rose à la bouche et les yeux caressants

Elles s’acharneront avec des mains cruelles

À torturer ton cœur, à répandre ton sang

Comme pour les punir d’avoir battu pour elles.

Heureux s’il suffisait, pour se faire aimer d’elles,

D’affronter sans faiblir des dangers merveilleux

Et de toujours garder l’âme et le cœur fidèle

Pour lire la tendresse aux éclairs de leurs yeux,

Mais les plus audacieux, sinon les plus sincères,

Volent à pleine bouche à leur bouche un aveu

Et devant nos pensées, comme aux proues les chimères,

Resplendit leur sourire et flottent leurs cheveux.

Car l’unique régit l’amour et ses douleurs,

Lui seul a possédé les âmes passionnées

Les uns s’étant soumis à sa loi par malheur

N’ont connu qu’un bourreau pendant maintes années.

D’autres l’ont poursuivi dans ses métamorphoses :

Après les yeux très bleus voici les yeux très noir

Brillant dans un visage où se flétrit la rose,

Plus profonds que le ciel et que le désespoir.

Maître de leur sommeil et de leurs insomnies

Il les entraîne en foule, à travers les pays,

Vers des mers éventrées et des épiphanies…

La marée sera haute et l’étoile a failli.

Robert Desnos, Fortunes, 1942

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Membre, Posté(e)
omnibus Membre 207 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)

Eluard !:bo:

Un trés beau texte qui efface le désespoir, la desepérance par un simple sourire. la force du sourire.

Et un sourire

La nuit n'est jamais complète

Il y a toujours puisque je le dis

Puisque je l'affirme

Au bout du chagrin une fenêtre ouverte

Une fenêtre éclairée

Il y a toujours un rêve qui veille

Désir à combler faim à satisfaire

Un cœur généreux

Une main tendue une main ouverte

Des yeux attentifs

Une vie à se partager.

* * *

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Membre, 33ans Posté(e)
Foliozer Membre 53 messages
Baby Forumeur‚ 33ans‚
Posté(e)

Écumes du temps et tulipes noires

Je reste assis, et je demeure seul,

Face au spectacle funeste,

Du vaste champ qui perd couleurs,

Et du cri sourd de la fleure qui reste.

Écumes du temps et tulipes noires...

Nous sommes faces à nos vies similaires.

Odeur du temps brin de bruyère.

Odeur du temps arrive l'hiver.

Enfin la goutte soulève la terre.

Écumes du temps et tulipes noires...

Puis je me lève et quitte la scène,

Comme la vague sur la plage, lentement.

Seule, cette fleur reste visible à peine,

Et laisse derrière elle l'écume du temps.

Le tableau se dessine à peine, que la tulipe à disparue.

Le soldat inconnu (Mon pseudonyme)

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