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un jour... un poème

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chirona

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Membre, paradoxe sur pattes, 55ans Posté(e)
koadeg Membre 4 275 messages
55ans‚ paradoxe sur pattes,
Posté(e)

je ne connaissais pas. Quelle musicalité !

Merci pour la découverte :)

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Membre, paradoxe sur pattes, 55ans Posté(e)
koadeg Membre 4 275 messages
55ans‚ paradoxe sur pattes,
Posté(e)

dans ma boite mail, je reçois chaque jour un poème. Lundi j'ai beaucoup aimé :

Le murmure d’une abeille
M’est un enchantement.
Si l’on me demande pourquoi,
Il serait plus facile de mourir
Que de le dire.

Le rouge sur la colline
Emporte ma volonté ;
Si quelqu’un se moque,
Qu’il prenne garde, car Dieu est ici,
Voilà tout.

Le lever du jour
Ajoute à ma mesure ;
Si l’on me demande comment,
L’artiste, qui m’a faite ainsi,
Doit le dire !

Emily Dickinson

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Membre, paradoxe sur pattes, 55ans Posté(e)
koadeg Membre 4 275 messages
55ans‚ paradoxe sur pattes,
Posté(e)

je viens lire un message sur le forum parlant d'éternité humaine et de pyramides et cela m'a fait penser à ce poème de Percy Shelley

J’ai rencontré un voyageur de retour d’une terre antique
Qui m'a dit : « Deux immenses jambes de pierre dépourvues de buste
Se dressent dans le désert. Près d’elles, sur le sable,
À moitié enfoui, gît un visage brisé dont le sourcil froncé,

La lèvre plissée et le rictus de froide autorité
Disent que son sculpteur sut lire les passions
Qui, gravées sur ces objets sans vie, survivent encore
À la main qui les imita et au cœur qui les nourrit.

Et sur le piédestal il y a ces mots :
« Mon nom est Ozymandias, Roi des Rois.
Voyez mon œuvre, ô puissants, et désespérez ! »

À côté, rien ne demeure. Autour des ruines
De cette colossale épave, infinis et nus,
Les sables monotones et solitaires s’étendent au loin. »

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Membre, `, Posté(e)
Tequila Moor Membre 16 213 messages
`,
Posté(e)
Il y a 12 heures, goods a dit :

 

Les Djinns

q9wr.jpg

Murs, ville,
Et port,
Asile
De mort,
Mer grise
Où brise
La brise,
Tout dort.

Dans la plaine
Naît un bruit.
C'est l'haleine
De la nuit.
Elle brame
Comme une âme
Qu'une flamme
Toujours suit !

La voix plus haute
Semble un grelot.
D'un nain qui saute
C'est le galop.
Il fuit, s'élance,
Puis en cadence
Sur un pied danse
Au bout d'un flot.

La rumeur approche.
L'écho la redit.
C'est comme la cloche
D'un couvent maudit ;
Comme un bruit de foule,
Qui tonne et qui roule,
Et tantôt s'écroule,
Et tantôt grandit,

Dieu ! la voix sépulcrale
Des Djinns !... Quel bruit ils font !
Fuyons sous la spirale
De l'escalier profond.
Déjà s'éteint ma lampe,
Et l'ombre de la rampe,
Qui le long du mur rampe,
Monte jusqu'au plafond.

C'est l'essaim des Djinns qui passe,
Et tourbillonne en sifflant !
Les ifs, que leur vol fracasse,
Craquent comme un pin brûlant.
Leur troupeau, lourd et rapide,
Volant dans l'espace vide,
Semble un nuage livide
Qui porte un éclair au flanc.

Ils sont tout près ! - Tenons fermée
Cette salle, où nous les narguons.
Quel bruit dehors ! Hideuse armée
De vampires et de dragons !
La poutre du toit descellée
Ploie ainsi qu'une herbe mouillée,
Et la vieille porte rouillée
Tremble, à déraciner ses gonds !

Cris de l'enfer! voix qui hurle et qui pleure !
L'horrible essaim, poussé par l'aquilon,
Sans doute, ô ciel ! s'abat sur ma demeure.
Le mur fléchit sous le noir bataillon.
La maison crie et chancelle penchée,
Et l'on dirait que, du sol arrachée,
Ainsi qu'il chasse une feuille séchée,
Le vent la roule avec leur tourbillon !

Prophète ! si ta main me sauve
De ces impurs démons des soirs,
J'irai prosterner mon front chauve
Devant tes sacrés encensoirs !
Fais que sur ces portes fidèles
Meure leur souffle d'étincelles,
Et qu'en vain l'ongle de leurs ailes
Grince et crie à ces vitraux noirs !

Ils sont passés ! - Leur cohorte
S'envole, et fuit, et leurs pieds
Cessent de battre ma porte
De leurs coups multipliés.
L'air est plein d'un bruit de chaînes,
Et dans les forêts prochaines
Frissonnent tous les grands chênes,
Sous leur vol de feu pliés !

De leurs ailes lointaines
Le battement décroît,
Si confus dans les plaines,
Si faible, que l'on croit
Ouïr la sauterelle
Crier d'une voix grêle,
Ou pétiller la grêle
Sur le plomb d'un vieux toit.

D'étranges syllabes
Nous viennent encor ;
Ainsi, des arabes
Quand sonne le cor,
Un chant sur la grève
Par instants s'élève,
Et l'enfant qui rêve
Fait des rêves d'or.

Les Djinns funèbres,
Fils du trépas,
Dans les ténèbres
Pressent leurs pas ;
Leur essaim gronde :
Ainsi, profonde,
Murmure une onde
Qu'on ne voit pas.

Ce bruit vague
Qui s'endort,
C'est la vague
Sur le bord ;
C'est la plainte,
Presque éteinte,
D'une sainte
Pour un mort.

On doute
La nuit...
J'écoute : -
Tout fuit,
Tout passe
L'espace
Efface
Le bruit.

Victor HUGO
 

Magnifique, je ne savais pas que Hugo s'était essayé à cette forme.

Cela donne envie d'écrire. :bo:

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Invité Etaine
Invités, Posté(e)
Invité Etaine
Invité Etaine Invités 0 message
Posté(e)

Espoir

Je ne peux dire pourquoi certaines choses comptent pour moi,
Un sentiment de merveilles insondables qui vont arriver
Ou une cassure dans le mur de l’horizon,
S’ouvrant sur des mondes où seuls les dieux pouvaient être
Il y avait un halètement, un vague espoir,
Comme de vastes et anciennes cérémonies dont je me rappelle à moitié,
Ou de sauvages et incorporelles aventures,
Extase de la peur, comme des rêves libres et éveillés.
C’est dans la lumière solaire sur d’étranges flèches citadines,
De vieux villages et forêts et chutes mythiques
Vents du sud, la mer, petites collines, et villes éclairées,
Vieux jardins, chansons à moitié entendues, et les lueurs de la lune,
Mais tous ne sont que vagues souvenirs solitaires et sans vie
Nulle récompense ou énigme qui ne s’y cache à donner ou à expliquer.

H. P. Lovecraft

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  • 3 semaines après...
Invité Etaine
Invités, Posté(e)
Invité Etaine
Invité Etaine Invités 0 message
Posté(e)

Si notre vie est moins qu’une journée

Si notre vie est moins qu’une journée
En l’éternel, si l’an qui fait le tour
Chasse nos jours sans espoir de retour,
Si périssable est toute chose née,

Que songes-tu, mon âme emprisonnée ?
Pourquoi te plaît l’obscur de notre jour,
Si pour voler en un plus clair séjour,
Tu as au dos l’aile bien empannée ?

Là, est le bien que tout esprit désire,
Là, le repos où tout le monde aspire,
Là, est l’amour, là, le plaisir encore.

Là, ô mon âme au plus haut ciel guidée !
Tu y pourras reconnaître l’Idée
De la beauté, qu’en ce monde j’adore.

Joachim du Bellay

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Membre, paradoxe sur pattes, 55ans Posté(e)
koadeg Membre 4 275 messages
55ans‚ paradoxe sur pattes,
Posté(e)

Ce matin, envie de relire un sonnet, que je n'ai pas retrouvé. Par contre, je suis tombée sur celui-ci :

THe forward violet thus did I chide,
Sweet theefe whence didſt thou ſteale thy ſweet that
If not from my loues breath,the purple pride, (ſmels
Which on thy ſoft cheeke for complexion dwells?
In my loues veines thou haſt too groſely died,
The Lillie I condemned for thy hand,
And buds of marierom had ſtolne thy haire,
The Rofes fearefully on thornes did ſtand,
Our bluſhing ſhame,an other white diſpaire:
A third nor red,nor white,had ſtolne of both,
And to his robbry had annext thy breath,
But for his theft in pride of all his growth
A vengfull canker eate him vp to death.
  More flowers I noted,yet I none could ſee,
  But ſweet,or culler it had ſtolne from thee.

 

J'ai querellé l'impatiente violette :

Voleuse, où donc pris-tu cette suave odeur

Sinon à mon amour ? Ce pourpre orgueil qui jette

Nature sur ton front, tu l'as, d'autre couleur

Prise en ses veines, teint, par ruse malhonnête.

 

J'ai condamné le lis en faveur de ta main

Et t'ont pris tes cheveux les fleurs de marjolaine.

Les roses se cachaient, craintives, au jardin,

Ou rougissant de honte, ou bien blanches de peine.

 

L'une, blanche ni rouge, avait volé des deux

Et joint à son larcin ton haleine embaumée,

Mais pour prix de vol, en son jour orgueilleux,

Un insecte vengeur l'a, jusqu'au cœur, rongée.

 

Je trouvai d'autres fleurs, mais aucune ne vis

Qui n'ait de toi son teint et son parfum ravis.

 

Sonnet XCIX

William Shakespeare

 

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Membre, 77ans Posté(e)
Blaquière Membre 19 162 messages
Maitre des forums‚ 77ans‚
Posté(e)
Il y a 3 heures, koadeg a dit :

Ce matin, envie de relire un sonnet, que je n'ai pas retrouvé. Par contre, je suis tombée sur celui-ci :

THe forward violet thus did I chide,
Sweet theefe whence didſt thou ſteale thy ſweet that
If not from my loues breath,the purple pride, (ſmels
Which on thy ſoft cheeke for complexion dwells?
In my loues veines thou haſt too groſely died,
The Lillie I condemned for thy hand,
And buds of marierom had ſtolne thy haire,
The Rofes fearefully on thornes did ſtand,
Our bluſhing ſhame,an other white diſpaire:
A third nor red,nor white,had ſtolne of both,
And to his robbry had annext thy breath,
But for his theft in pride of all his growth
A vengfull canker eate him vp to death.
  More flowers I noted,yet I none could ſee,
  But ſweet,or culler it had ſtolne from thee.

 

J'ai querellé l'impatiente violette :

Voleuse, où donc pris-tu cette suave odeur

Sinon à mon amour ? Ce pourpre orgueil qui jette

Nature sur ton front, tu l'as, d'autre couleur

Prise en ses veines, teint, par ruse malhonnête.

 

J'ai condamné le lis en faveur de ta main

Et t'ont pris tes cheveux les fleurs de marjolaine.

Les roses se cachaient, craintives, au jardin,

Ou rougissant de honte, ou bien blanches de peine.

 

L'une, blanche ni rouge, avait volé des deux

Et joint à son larcin ton haleine embaumée,

Mais pour prix de vol, en son jour orgueilleux,

Un insecte vengeur l'a, jusqu'au cœur, rongée.

 

Je trouvai d'autres fleurs, mais aucune ne vis

Qui n'ait de toi son teint et son parfum ravis.

 

Sonnet XCIX

William Shakespeare

 

Le plus grand des hasards a voulu que je possède le manuscrit original de ce poème de la main même de Shakespeare !

186792720_fonddemanuscrit-Copie(2).thumb.jpg.24609fec4d200bc23b4e477c38c09a3c.jpg

;)

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Membre, 53ans Posté(e)
Globure Membre 6 472 messages
Maitre des forums‚ 53ans‚
Posté(e)

Ton époque est là
Juste devant toi
Des promesses, toujours
Du siège de ton comptoir
Le Balzac de Rodin te fait sourire
Toute cette gloriole pour qu’un pigeon te chie sur le crâne
Le futur
Tu ne peux le concevoir qu’en rencontres
Ta générosité se consomme sur place
Tu y crois très fort à cette fraternité
Les autres
Toute cette misère qui passe dès le premier verre
Mais la réalité est autre
Les êtres, les choses te filent entre les doigts
Tu ne peux rien toucher
Rien retenir
Même cette empathie te ronge
Tu souffres de voir souffrir
Puis tu souffres de ne plus rien ressentir
Nul statut de maudit à l’arrivée
Tu croupiras dans l’indifférence
Une chambre minuscule
Trop grande pour toi
Tes voisins ne sauront même pas que tu as existé
Tu croyais être cette voix
Celle des oubliés
Eux aussi tu leur as vendu du rêve
Le tien
Et là encore, tu as échoué
Ils resteront sans parole
Leur errance ne sera pas justifiée
Que faire alors
Sinon les accompagner jusqu’à la fin
Partager cette petite mort de rien
Car qui sait
Dans l’oubli peut-être
Tu trouveras enfin tes frères

***

Grégory Rateau _ Nemo

 

 

 

Parmi des débris de paroles
et des caresses en ruine,
j’ai trouvé quelques formes qui revenaient de la mort.

Elles venaient de démourir,
mais ne pouvaient s’en tenir là.
Elles devaient régresser encore,
elles devaient tout dévivre
et après dénaître.

Je ne pus leur poser de question,
ni les regarder deux fois.
Mais elles m’indiquèrent l’unique chemin
qui ait issue peut-être,
celui qui, remontant de la mort,
à rebours de la naissance,
vient retrouver le néant du départ
pour reculer encore et se dénéanter.

 

Roberto Juarroz

Modifié par Globure
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Membre+, Posté(e)
goods Membre+ 35 581 messages
Posté(e)

L'Homme et la Mer

mer.jpg

 

Homme libre, toujours tu chériras la mer !
    La mer est ton miroir ; tu contemples
  ton âme  
    Dans le déroulement infini de sa lame,
    Et ton esprit n'est pas un gouffre moins amer.
   
    Tu te plais à plonger au sein de ton image ;
    Tu l'embrasses des yeux et des bras, et ton cœur
    Se distrait quelquefois de sa propre rumeur
    Au bruit de cette plainte indomptable et sauvage.
     
    Vous êtes tous les deux ténébreux et discrets :  
    Homme, nul n'a sondé le fond de tes abîmes,  
    Ô mer, nul ne connaît tes richesses intimes,
    Tant vous êtes jaloux de garder vos secrets !  
   
    Et cependant voilà des siècles innombrables   
    Que vous vous combattez sans pitié ni remord,
    Tellement vous aimez le carnage et la mort,
    Ô lutteurs éternels, ô frères implacables ! 

Charles Baudelaire

Modifié par goods
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Membre+, Posté(e)
goods Membre+ 35 581 messages
Posté(e)

Le quart d'heure de bon temps

 

L’homme, dont la vie entière

Est de quatre-vingt-seize ans,

Dort le tiers de sa carrière,

C'est juste trente-deux ans.

 

Ajoutons pour maladies,

Procès, voyages, accidents

Au moins un quart de la vie,

C'est encore deux fois douze ans.

 

Par jour deux heures d'études

Ou de travaux - font huit ans,

Noirs chagrins, inquiétudes

Pour le double font seize ans.

 

Pour affaires qu'on projette

Demi-heure, - encore deux ans.

Cinq quarts d'heures de toilette

Barbe et caetera - cinq ans.

 

Par jour pour manger et boire

Deux heures font bien huit ans.

Cela porte le mémoire

Jusqu'à quatre-vingt-quinze ans.

 

Reste encore un an pour faire

Ce qu'oiseaux font au printemps.

Par jour l'homme a donc sur terre

Un quart d'heure de bon temps.

Nicolas Boileau

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Posté(e)

Le temps présent et le temps passé
sont tous deux présents peut-être dans le temps futur
et le temps futur contenu dans le temps passé.
Si tout temps est éternellement présent
tout temps est irrémissible.
Ce qui aurait pu être est une abstraction
qui ne demeure un perpétuel possible
que dans un monde de spéculation.
Ce qui aurait pu être et ce qui a été
tendent vers une seule fin, qui est toujours présente.
Des pas résonnent en écho dans la mémoire
le long du corridor que nous n’avons pas pris
vers la porte que nous n’avons jamais ouverte
sur le jardin de roses. Mes paroles font écho
ainsi, dans votre esprit.

Mais à quelle fin
troublent-elles la poussière d’une coupe de roses,
qu’en sais-je ?

D’autres échos
habitent le jardin. Les suivrons-nous ?

Vite, dit l’oiseau, vite, trouve-les, trouve-les
au détour de l’allée. Par le premier portail,
dans notre premier monde, allons-nous suivre
le leurre de la grive ? Dans notre premier monde,
ils étaient là, dignes et invisibles,
se mouvant sans peser parmi les feuilles mortes,
dans la chaleur d’automne, à travers l’air vibrant,
et l’oiseau d’appeler, en réponse
à la musique inentendue dissimulée dans le bosquet,
et le regard inaperçu franchit l’espace, car les roses
avaient l’air de fleurs regardées.
Ils étaient là : nos hôtes acceptés, acceptants.
Et nous procédâmes avec eux en cérémonieuse ordonnance,
le long de l’allée vide et dans le rond du buis,
pour plonger nos regards dans le bassin tari.
Sec le bassin, de ciment sec, au rebord brun,
et le bassin fut rempli d’eau par la lumière du soleil,
et les lotus montèrent doucement, doucement,
la surface scintilla au cœur de la lumière,
et ils étaient derrière nous, se reflétant dans le bassin.
Puis un nuage passa et le bassin fut vide.
Va, dit l’oiseau — les feuilles étaient pleines d’enfants
excités, réprimant leurs rires dans leurs cachettes.
Va, va, va, dit l’oiseau : le genre humain
ne peut pas supporter trop de réalité.
Le temps passé, le temps futur,
ce qui aurait pu être et ce qui a été
tendent vers une seule fin, qui est toujours présente.

Thomas Stearns Eliot 

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Membre, 53ans Posté(e)
Globure Membre 6 472 messages
Maitre des forums‚ 53ans‚
Posté(e)

Je hume dans tes seins
l’odeur de la terre
la terre que mes pas ont quittée

Je hume l’oreiller de tes rêves
quand tu dors avant moi
et quand tu dors
après moi

Je hume la brise de ton souffle
quand l’air devient fumée

car leurs maisons, détruites
les gens habitent leurs rêves

Et moi
depuis quarante ans
je n’habite
que le vent de ton parfum

Je n’ai d’autre maison
d’autre toit
que ton cœur

car l’amant
quand les guerres le chassent
que les exils le poursuivent
se jette dans les bras de l’aimée

Et si je voulais monter au pays
je laisserai mon poème grimper
à tes nattes

 

 

Mohammed El Amraoui – Poème d’amour en état de guerre

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Jamais je n'ai cherché la gloire
Ni voulu dans la mémoire 
des hommes
Laisser mes chansons
Mais j'aime les mondes subtiles
Aériens et délicats
Comme des bulles de savon.

J'aime les voir s'envoler, 
Se colorer de soleil et de pourpre, 
Voler sous le ciel bleu, subitement trembler,
Puis éclater.

A demander ce que tu sais
Tu ne dois pas perdre ton temps
Et à des questions sans réponse
Qui donc pourrait te répondre?

Chantez en coeur avec moi: 
Savoir? Nous ne savons rien
Venus d'une mer de mystère
Vers une mer inconnue nous allons
Et entre les deux mystères
Règne la grave énigme
Une clef inconnue ferme les trois coffres
Le savant n'enseigne rien, lumière n'éclaire pas
Que disent les mots?
Et que dit l'eau du rocher?

Voyageur, le chemin
C'est les traces de tes pas
C'est tout; voyageur,
il n'y a pas de chemin,
Le chemin se fait en marchant
Le chemin se fait en marchant
Et quand tu regardes en arrière
Tu vois le sentier que jamais
Tu ne dois à nouveau fouler
Voyageur! Il n'y a pas de chemins
Rien que des sillages sur la mer.

Tout passe et tout demeure
Mais notre affaire est de passer
De passer en traçant
Des chemins 
Des chemins sur la mer

Antonio Machado

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goods Membre+ 35 581 messages
Posté(e)

Souvenir

Du zéphyr l'amoureuse haleine

Soulève encor tes longs cheveux ;

Sur ton sein leurs flots onduleux

Retombent en tresses d'ébène,

L'ombre de ce voile incertain

Adoucit encor ton image,

Comme l'aube qui se dégage

Des derniers voiles du matin.

Du soleil la céleste flamme

Avec les jours revient et fuit ;

Mais mon amour n'a pas de nuit,

Et tu luis toujours sur mon âme.

C'est toi que j'entends, que je vois,

Dans le désert, dans le nuage;

L'onde réfléchit ton image;

Le zéphyr m'apporte ta voix.

Tandis que la terre sommeille,

Si j'entends le vent soupirer,

Je crois t'entendre murmurer

Des mots sacrés à mon oreille.

Si j'admire ces feux épars

Qui des nuits parsèment le voile,

Je crois te voir dans chaque étoile

Qui plaît le plus à mes regards.

Et si le souffle du zéphyr

M'enivre du parfum des fleurs.

Dans ses plus suaves odeurs

C'est ton souffle que je respire.

C'est ta main qui sèche mes pleurs,

Quand je vais, triste et solitaire,

Répandre en secret ma prière

Près des autels consolateurs.

Quand je dors, tu veilles dans l'ombre ;

Tes ailes reposent sur moi ;

Tous mes songes viennent de toi,

Doux comme le regard d'une ombre.

Pendant mon sommeil, si ta main

De mes jours déliait la trame,

Céleste moitié de mon âme,

J'irais m'éveiller dans ton sein !

Comme deux rayons de l'aurore,

Comme deux soupirs confondus,

Nos deux âmes ne forment plus

Qu'une âme, et je soupire encore !

Alphonse de Lamartine

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Membre, paradoxe sur pattes, 55ans Posté(e)
koadeg Membre 4 275 messages
55ans‚ paradoxe sur pattes,
Posté(e)

Sur un autre topic, j'ai dit aimer les poètes anglais, maintenant, il faut le prouver ;)

voici un extrait d'"Ode to the west wind". J'ai trouvé la traduction ici . Le texte est complet. Je ne mets que le chant 1.

Chez moi, j'ai la version anglaise, strophée, que j'ai reproduite ci-dessous:

 

Ô farouche vent d’ouest, toi souffle de l’être de l’Automne,

toi dont l’invisible présence chasse les feuilles mortes

comme des spectres fuyant devant un enchanteur,

jaunes, et noires, et pâles, et d’un rouge de fièvre,

multitudes frappées de la peste ! Ô toi,

qui charries les semences ailées vers leur sombre lit d’hiver,

où elles gisent glacées et enfouies,

chacune comme un cadavre dans son tombeau, jusqu’à

ce que ta sœur azurée du Printemps souffle

dans son clairon au-dessus de la terre qui rêve,

et (conduisant de suaves bourgeons comme des troupeaux pour les paître dans l’air)

remplisse de couleurs et d’odeurs vivantes la plaine et la colline ;

farouche Esprit, qui te meus en tout lieu,

pour détruire ou préserver ; — écoute, oh ! écoute !

Percy Shelley

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Membre, 53ans Posté(e)
Globure Membre 6 472 messages
Maitre des forums‚ 53ans‚
Posté(e)

Voilà un excellent titre..
un excellent Tout..
Mieux qu’une « oeuvre »..
Et pourtant – une oeuvre- « car »
si tu énumères – chacun des cas
où la forme ou le mouvement
d’une parole, comme une onde,
se soulèvent, se dessinent –
A partir d’une sensation,
d’une surprise, d’un souvenir,
d’une présence ou d’une lacune, ..
d’un bien, d’un mal – d’un rien et de Tout,
Et que tu observes, et que tu cherches,
que tu ressentes; que tu mesures
l’obstacle à mettre à cette puissance,
le poids du poids à mettre sur ta langue
et l’effort du frein de ta volonté,
Tu connaitras sagesse et puissance
et Te Taire sera plus beau
que l’armée de souris et que les ruisseaux de perles
dont prodigue est la bouche des hommes.

 

Paul Valéry

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Membre+, Posté(e)
goods Membre+ 35 581 messages
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Le jeune noir à l'épée

On rêve de musée mais pas d'être muséifié

Sous la nef l'ancienne gare mais personne n'y prend garde

Dans nos poitrails ont lieu tous nos voyages

Dehors, la désolation contemple son ouvrage

Je sais, je suis le jeune Noir à l'épée

En bas des tours despotiques où l'on hume l'odeur du mauvais shit

La cité parle l'ancien grec : salade tomate oignon, moitié légume, moitié schneck

Mais peut-on faire la révolution avec Toulouse-Lautrec ?

Je sais pas, je suis le jeune Noir à l'épée

Vénus au bras d'un Négus ou la scandaleuse promesse

D'un mariage temporaire derrière un abribus

Si l'interdit participe à l'ardeur du désir

Sans doute, s'il y avait bienveillance, il n'y aurait pas d'humeur hystérique

Je sais, je suis le jeune Noir à l'épée

À l'époque, je me disais : "Mais comment pourrais-je m'aimer ?

Si sans cesse je dois lutter et comment pouvais-je t'aimer

Si, sans cesse je luttais je luttais sans cesse je luttais, je luttais

Comment pouvais-je t'aimer si, sans cesse je luttais, je luttais ?"

On a vu nos potes se faire fumer, on prône la paix, pas l'épée

On a vu nos frères et nos soeurs morts sur ce décor en bombe sous ces décombres

On crève à s'user l'âme torréfiée

Sous l'effet couplé des additions et des renoncements

Ignoré, on constate juste l'avilissement

Et ça, c'est dans le meilleur des cas, garçon !

Dire que nous étions censés la faire, la révolution !

Je sais, je suis le jeune Noir à l'épée

De vieilles villes frigides qui se la jouent banlieues lascives

Se dénudent à loisir sur les plages naturistes du ouï-dire

Les seins nus compensent-ils les injustices que subissent les plus fragiles ?

J'sais pas, je suis le jeune Noir à l'épée

À l'époque, je me disais : "Mais comment pourrais-je m'aimer ?

Si sans cesse je dois lutter et comment pouvais-je t'aimer

Si, sans cesse je luttais je luttais sans cesse je luttais, je luttais

Comment pouvais-je t'aimer si, sans cesse je luttais, je luttais ?"

On a vu nos potes se faire fumer, on prône la paix, pas l'épée

On a vu nos frères et nos soeurs morts sur ce décor en bombe sous ces décombres

Stalingrad... Stalingrad

... et ce qu'on rapporte, c'est que c'était de la musique arabo-andalouse qui est venue ici avec les familles, les dernières familles qui sont descendues d'Andalousie en 1492. Mais y a une autre théorie qui dit que c'est une musique maghrébine savante qui était là avec les anciens Berbères, les Arabes qui étaient là, mais qui est partie en Andalousie.

Abd al Malik

 

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Membre, 53ans Posté(e)
Globure Membre 6 472 messages
Maitre des forums‚ 53ans‚
Posté(e)

Notre vie est désormais une lettre
porteuse d’un important message
dont l’expéditeur et le destinataire
se sont perdus parmi les vagues de réfugiés.
Pourtant la lettre va et vient
d’un bureau de poste à l’autre
sans que nul ne l’ouvre
sans que nul ne la jette
barrée toujours de la mention «urgent»
avec les noms pâlis des deux côtés
que les postiers seuls prononcent
comme les savants dans les laboratoires
disent les noms d’espèces disparues.

 

Títos Patríkios

 

 

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Membre, paradoxe sur pattes, 55ans Posté(e)
koadeg Membre 4 275 messages
55ans‚ paradoxe sur pattes,
Posté(e)
Il y a 13 heures, Globure a dit :

Notre vie est désormais une lettre
porteuse d’un important message
dont l’expéditeur et le destinataire
se sont perdus parmi les vagues de réfugiés.
Pourtant la lettre va et vient
d’un bureau de poste à l’autre
sans que nul ne l’ouvre
sans que nul ne la jette
barrée toujours de la mention «urgent»
avec les noms pâlis des deux côtés
que les postiers seuls prononcent
comme les savants dans les laboratoires
disent les noms d’espèces disparues.

 

Títos Patríkios

 

 

Serait-il possible que nous soyons inscrit au même blog ou hasard ? J'ai reçu ce poème dans ma boite mail le même jour ;)

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