Concours du meilleur incipit.

Han, et j'ai failli rater ce topic... Très très chouette idée, je vais voir ce que je peux faire...

Et personnellement, j'ai une affection toute particulière (sans trop savoir pourquoi) pour l'incipit de Salammbô, de Flaubert...

C'était à Mégara, faubourg de Carthage, dans les jardins d'Hamilcar.

Juste pour dire que j'adore l'incipit de Du côté de chez Swann de Proust :

Longtemps, je me suis couché de bonne heure.

J'en aime bien les versions pastichées et humoristiques qu'utilise G. Genette pour exposer son propos, souvent, par exemple dans son essai Palimpsestes (portant sur les pastiches, les parodies, le burlesque, l'intertextualité) : ¿Longtemps, je me suis mouché de bonne heure.¿, etc.

Voici un incipit original et également assez répandu sinon galvaudé, mais que j'aime en tant que fan de la saga Malaussène, celui de La Fée Carabine de Pennac:

C'était l'hiver sur Belleville et il y avait cinq personnages. Six, en comptant la plaque de verglas. Sept, même avec le chien qui avait accompagné le Petit à la boulangerie. Un chien épileptique, sa langue pendait sur le côté.

La plaque de verglas ressemblait à une carte d'Afrique et recouvrait toute la surface du carrefour que la vieille dame avait entrepris de traverser. Oui, sur la plaque de verglas, il y avait une femme, très vieille, debout chancelante. Elle glissait une charentaise devant l'autre avec une millimétrique prudence. Elle portait un cabas d'où dépassait un poireau de récupération, un vieux châle sur ses épaules et un appareil acoustique dans la saignée de son oreille. é force de progression reptante, ses charentaises l'avaient menée, disons jusqu'au milieu du Sahara, sur la plaque à forme d'Afrique. Il lui fallait encore se farcir tout le sud, les pays de l'apartheid et tout ça. é moins qu'elle ne coupât par l'Erythrée ou la Somalie, mais la mer Rouge était affreusement gelée dans le caniveau. Ces supputations gambadaient sous la brosse du blondinet à loden vert qui observait la vieille depuis son trottoir. Et il se trouvait une assez jolie imagination, en l'occurrence, le blondinet. Soudain, le châle de la vieille se déploya comme une voilure de chauve-souris et tout

s'immobilisa. Elle avait perdu l'équilibre; elle venait de la retrouver. Déçu, le blondinet jura entre ses dents. Il avait toujours trouvé amusant de voir quelqu'un se casser la figure. Cela faisait partie du désordre de sa tête blonde. Pourtant, vue du dehors, impeccable, la petite tête. Pas un poil plus haut que l'autre à la surface drue de la brosse. Mais il n'aimait pas trop les vieux. Il les trouvait vaguement sales. Il les imaginait par en dessous, si on peut dire. Il était donc là, à se demander si la vieille allait se rétamer ou non sur cette banquise africaine, quand il s'aperçut deux autres personnages sur le trottoir d'en face, qui n'étaient d'ailleurs sans rapport avec l'Afrique: des Arabes. Deux. Des Africains du Nord, quoi, ou des Maghrébins, c'est selon. Le blondinet se demandait toujours comment les dénommer pour ne pas faire raciste. C'était très important avec les opinions qui était les siennes de ne pas faire raciste. Il était Frontalement National et ne s'en cachait pas. Mais justement, il ne voulait pas s'entendre dire qu'il l'était parce qu'il l'était parce que raciste. Non, non, comme on le lui avait jadis appris en grammaire, il ne s'agissait pas là d'un rapport de cause, mais de conséquence. Il était Frontalement National, le blondinet, en sorte qu'il avait eu à réfléchir objectivement sur les dangers de l'immigration sauvage; et il avait conclu, en tout bon sens qu'il fallait les virer vite fait, tous ces crouilles, rapport à la pureté du cheptel français d'abord, au chômage ensuite, et à la sécurité enfin.

Kinwena, je peux pas lire ton incipit sans penser au sketch des Inconnus.

voilà incipit envoyé .. bizarrement ça m'a paru un peu difficile ..

enfin j'ai participé ...

Merci de ta participation.

Je rappelle qu'il reste une semaine pour m'envoyer vos contributions. En attendant, je viens de voir sans surprise qu'il existait cet ouvrage sur les incipits: 1000 incipits.

Et voici un autre incipit, celui de Mandragore de Hanns Heinz Ewers. ¿ L'histoire d'une jeune fille aux pouvoirs magiques inquiétants, née des idées malsaines de personnages dés¿uvrés de l'Allemagne du début du XXe siècle. Alraune. On y ressent non seulement l'inspiration du mythe de la mandragore, transposé en un être humain diabolique, mais également le goût d'Ewers pour des romans français comme Mademoiselle de Maupin de Théophile Gautier (pour la scène du bal et l'ambiguïté de genre d'Alraune/Mandragore), ou encore L'éve future de Villiers de l'Isle-Adam, par certains traits. Et puis il y a ce personnage fantastique de Frank Braun, alter ego de l'auteur, étudiant de droit raté, aventurier, obsédé par la recherche de la vie, et par l'étrange et l'occulte.

La maison blanche, dans laquelle était Mandragore ten Brinken, longtemps avant qu'elle ne soit née, avant même qu'elle ait été imaginée, se trouvait au bord du Rhin, un peu à l'écart de la ville, dans la large rue bordée de villas qui part de l'ancien palais épiscopal, transformé aujourd'hui en université. Elle s'élevait là ; le conseiller de justice Sébastien Gontram l'habitait.

Nous avons pour le moment 7 participations. Vous avez jusqu'à dimanche soir pour m'en envoyer d'autres.

Je tiens à signaler que j'ai 2 participations assez longues, pour ceux qui m'ont envoyé des incipits qu'ils jugeraient trop courts, vous pouvez m'en renvoyer des plus longs. Comme précisé dans le premier post, une ou deux phrases courtes n'offrent pas assez à jugement, mais bon c'est vous qui voyez.

Purée, c'est vrai, on est déjà le 1er décembre.

Je n'ai pas eu le temps de me poser pour faire ça. Dimanche, c'est dimanche minuit ?

Voici un incipit original et également assez répandu sinon galvaudé, mais que j'aime en tant que fan de la saga Malaussène, celui de La Fée Carabine de Pennac:

Ptin je viens de commander la Fée carabine et Au bonheur des ogres (pour commencer) tellement cet incipit m'a plu !!

Si je n'aime pas ça sera ta faute Tito, tu me rembourseras.

Purée, c'est vrai, on est déjà le 1er décembre.

Je n'ai pas eu le temps de me poser pour faire ça. Dimanche, c'est dimanche minuit ? :p

23h59. à 00h00 ça sera refusé, sauf si y a un bisou avec, ça ira jusqu'à lundi matin.

Ptin je viens de commander la Fée carabine et Au bonheur des ogres (pour commencer) tellement cet incipit m'a plu !!

Si je n'aime pas ça sera ta faute Tito, tu me rembourseras. :D

Plaisir garanti, et t'as bien fait de commencer la saga par son début, je n'avais pas eu cette chance, bien que ce ne soit pas trop grave.

il est temps de le dire

C'était déjà indiqué dans le tout premier post du topic, tu as lu trop vite. :D

Hello, petit incipit en passant, il s'agit de l'un des incipits d'une des nouvelles d'un ouvrage qui n'est plus à présenter: "Fictions" de Jorge Borges:

La mort et la boussole.

Des nombreux problèmes qui exercèrent la téméraire perspicacité de Lönnrot, aucun ne fut aussi étrange - aussi rigoureusement étrange, dirons-nous - que la série périodique de meurtres qui culminèrent dans la propriété de Triste-Le-Roy, parmi l'interminable odeur des eucalyptus. Il est vrai qu'Eric Lönnrot ne réussit pas à empêcher le dernier crime, mais il est indiscutable qu'il l'avait prévu.

Les nouvelles de "Fictions" ne sont pas très accessibles, mais après les avoir lues et relues et m'être fait aider d'un autre bouquin offrant les clés de lecture de Borges, j'ai compris pourquoi on dit souvent que "Fictions" est l'une des ouevres majeures de la littérature mondiale.

Avis aux initiés: c'est un plaisir de retrouver les références à Borges dans le Nom de le Rose de Eco.

Par ailleurs et accessoirement, je rappelle que demain est le dernier délai pour m'envoyer vos participations.

On est le 5

Dernier up.

J'en profite pour glisser un incipit d'un de mes auteurs favoris, capable en une phrase de vous attraper dans ces histoire fantastiques : Ray Bradbury, tiré de la nouvelle "La ville" :

La ville attendait depuis vingt mille ans.

Ou encore "Kaléidoscope" :

Le premier choc éventra la fusée comme l'aurait fait un gigantesque ouvre-boîtes. Les hommes furent projetés dans l'espace telle une douzaine de poissons d'argent frétillants. Ils s'éparpillèrent dans une océan de ténèbres; et les milliers de pièces du vaisseau continuèrent leur course, nuée de météores à la recherche d'un soleil perdu.

" Barkley ! Barkley, où es-tu ?"