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La poésie en prose

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Invité Caminde
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Invité Caminde
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Je vous parle de drames, réels, bien réels, l'entendez-vous? Le concevez-vous?

Pour moi, votre réponse est irrespectueuse.Mais pas grave, j'ai l'habitude....n'en rajoutez pas, c'est tout ce que je demande.

J'attendais un "excusez-moi, je vous ai mal lue."

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Invité KARBOMINE
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Invité KARBOMINE
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Posté(e)

Je vous parle de Beauté, je vous parle de Grâce... cette conversation est un échange entre alchimistes du Verbe, car la seule question finalement est de savoir COMMENT créer pour un instant et pour toujours, dans ce matériau trop méprisé qu'est le langage, une petite pause de Grâce.

le talent poétique nécessite une certaine lucidité et ce qui me permet d'être aussi présomptueuse, c'est que je goûte cette liqueur en chaque instant, jusque la lie. la laideur humaine et les drames ne me sont pas étrangers et j'imagine qu'aux autres méchants de ce topic non plus. veuillez nous excuser de nous réserver un lieu pour réfléchir ensemble aux modalités de création de ce souffle, si nécessaire pour se reposer quelque peu de nos misères humaines.

si vous ne vous baignez dans les boues des drames réels, bien réels des autres que pour rafraîchir votre teint et afficher une beauté de coeur supérieure, je tiens à vous dire que ce n'est pas la peine de vous mortifier. nul n'a jamais été meilleur sous prétexte qu'il souffrait... ce n'est qu'un leurre que ce sacrifice, l'illusion d'un don de soi, le miroir mortifère des narcissiques. si vous tenez à faire le bien des autres, c'est tout à votre honneur, mais le brandir ainsi pour exiger des excuses alors qu'il n'y a pas lieu - je ne vois pas en quoi mes propos ont pu vous sembler injustes - cela gâche tout.

faites ce que vous voulez. ce topic a vocation à être un atelier de réflexion. trouveriez-vous décent de débarquer dans un conservatoire et d'interrompre une répétition en accusant les musiciens d'être irresponsables de jouer tandis que des gens meurent ? ils ne font que répéter la guérison de vos plaies, tout en les partageant. ne voyez donc pas de mal dans nos propos. il y a ici de nombreux topics sur les poésies. et de nombreux topics tout court.

Modifié par KARBOMINE
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Invité Caminde
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Invité Caminde
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"Tout ce que je sais c'est que je ne sais rien" (j'ai oublié l'auteur)

Un jour ou l'autre vous vous en apercevrez.

Bye :blush:

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Invité Esterelle-83
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Invité Esterelle-83
Invité Esterelle-83 Invités 0 message
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soit. chacun voit midi à sa porte.

Bonjour

Un sujet intéressant.Sans le trahir, "l'objet poétique", "poésie et forme" sont des questions sous- jacentes qui m'intéressent.Posées de cette manière, elles semblent une problématique universitaire qui a son intérêt, son utilité et que je ne rejette pas même si ce n'est pas celle que je souhaite développer, n'étant pas, tant s'en faut universitaire littéraire.Je voudrais évoquer ces questions par le biais de l'expérience de lecteur de poésie ou, parce qu'elles me semblent voisines, celles de praticien de cette forme que nous avons tous sporadiquement effleurés(mais si! même vous, allez, je le devine!).Le primat, me semble l'émotion.Dans ce qui précède l'écrit(ou la lecture),aucun sentiment n'est à bannir s'il sert de viatique à celle-ci qui est plus rare, porteuse d'"Un monde dans le monde et un moi dans le moi".Jacques Darras poète contemporain.Cette émotion, il faudra ensuite la traduire, par le travail de l'art, mais celui-ci, de libération en libération, laisse le poète contemporain en herbe dépourvu de repère.Pas plus qu'un slameur ne s'appuie sur Trenet, il ne peut demander le secours de Baudelaire même si, il s'inscrit dans une histoire de la poésie à laquelle il n'aurait jamais accédé sans ce dernier.L'émotion commande la forme et les romantiques et post romantiques en sont venus à donner à la prose poétique sa noblesse.Si on considère que l'unité n'est plus le rythme, ni l'accent, ni la rime(on peut laisser cela à la musique encore que...) mais l'expression exacte de l'émotion, ou du degré d'abstraction qu'on s'est projeté d'atteindre, l'art est pour celui qui le pratique(ou pour le lecteur), le moment où il ne peut plus rien ajouter ni(surtout) retrancher à son objectif émotionnel.La poésie revêtira alors(peut-être?) la forme versifiée libre ou la prose.La rupture de rythme est le moment ou prend fin l'unité émotionnelle qui peut ne pas être la phrase, ni le vers rythmé.Cette rupture, ce blanc linéaire, (ne pas oublier l'expression graphique possible aujourd'hui avec jeu de couleurs pour poème interne) peut être aussi voulue pour casser un rythme:

Ex:Et dans la cruauté transparente du temps= alexandrin

Moderne:

Et dans la cruauté du temps

Transparente

Le lalalalère de l'alexandrin vient tout seul par culture acquise.L'intensification sémantique de la cruauté par le rejet de "transparente" est un travail, pas une fantaisie narcissique.Il y a un "avant" le texte poétique.Il n'y a de poème que s'il y a un "après", c'est à dire si cet écrit ajoute à l'expression de l'émotion, ou de l'abstraction intellectuelle, à ce monde que je dirais plus confidentiel qu'élitiste, un approfondissement de la richesse intérieure humaine, de sa vérité.On peut la trouver parfois chez des amateurs.Pas toujours c'est vrai.Mais ce n'est pas parce qu'il y a eu Platini, Pelé et Zidane que plus personne n'aurait le droit de jouer au foot.Henri Michaux disait que ce travail intermédiaire était "de la plomberie".On progresse en plomberie!

Une anthologie de la poésie du XXI°siècle est déjà publiée chez Gallimard.Un bon site de poésie: remue.net

Si vous en connaissez d'autres?

Bonsoir à tous

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Invité Caminde
Invités, Posté(e)
Invité Caminde
Invité Caminde Invités 0 message
Posté(e)
si vous ne vous baignez dans les boues des drames réels, bien réels des autres que pour rafraîchir votre teint et afficher une beauté de coeur supérieure, je tiens à vous dire que ce n'est pas la peine de vous mortifier. nul n'a jamais été meilleur sous prétexte qu'il souffrait... ce n'est qu'un leurre que ce sacrifice, l'illusion d'un don de soi, le miroir mortifère des narcissiques. si vous tenez à faire le bien des autres, c'est tout à votre honneur, mais le brandir ainsi pour exiger des excuses alors qu'il n'y a pas lieu - je ne vois pas en quoi mes propos ont pu vous sembler injustes - cela gâche tout.

faites ce que vous voulez. ce topic a vocation à être un atelier de réflexion. trouveriez-vous décent de débarquer dans un conservatoire et d'interrompre une répétition en accusant les musiciens d'être irresponsables de jouer tandis que des gens meurent ? ils ne font que répéter la guérison de vos plaies, tout en les partageant. ne voyez donc pas de mal dans nos propos. il y a ici de nombreux topics sur les poésies. et de nombreux topics tout court.

« Contre l'occupant, l'avilissement, la mort, la poésie n'est ni refuge, ni résignation, ni sauvegarde: elle crie. »

Pierre Seghers, 2004, La Résistance et ses poètes

A chaque effondrement des preuves,

Le poète répond par une salve d'avenir

R. Char, 1948, Fureur et mystère

Jean Paulhan résume en quelques pages magnifiques, l'enjeu de la Résistance, et la force de la poésie, dérisoire et indispensable. «Tu peux serrer dans ta main une abeille jusqu'à ce qu'elle étouffe. Elle n'étouffera pas sans t'avoir piqué. C'est peu de chose, dis-tu. Oui, c'est peu de chose. Mais si elle ne te piquait pas, il y a longtemps qu'il n'y aurait plus d'abeilles.»

Désolée de polluer encore ce topic.

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VIP, Gonade Absolutrice, Posté(e)
yop! VIP 20 446 messages
Gonade Absolutrice,
Posté(e)
Je dédie ce topic à un genre que j'apprécie particulièrement, la poésie en prose, et je vais en profiter pour y glisser un petit coup de gueule sur la poésie en général, et quelques réflexions.

La poésie en prose est un genre rebelle aux définitions ; en effet, où commence-t-il, où s'arrête-il? A notre époque où tout le monde et n'importe qui s'improvise écrivain en pastichant sa fantasy favorite ou en écrivant ses confessions, où tout le monde et n'importe qui s'improvise Poète et considère qu'un poème, c'est une suite de rimes sans métrique où il faut parler de ses sentiments (amour, haine, dépression pour 99%), où lesdites horreurs sont postées partout sur Internet, il me semble particulièrement pertinent de s'intéresser à cette forme étrange de littérature qu'est le poème en prose.

Il faut bien commencer. :blush:

La poésie étant un genre de moins en moins lu, de moins en moins édité aussi, et de moins en moins ressenti, il n'est pas étonnant que dans une société beaucoup moins lettrée que l'élite littéraire de jadis, le niveau baisse.

De plus, le galvaudage du terme "poète" (comme du terme artiste, etc...) contribue à créer une marmelade populaire.

Qui s'accompagne parfois de l'immense prétention de ceux qui ont encore tout à prouver mais qui se prennent pour les rois du monde, s'adoubant eux-mêmes leurs galons d'écrivains.

Mais de l'autre côté,il y a l'hermétisme poussiéreux d'une élite réfractaire à l'innovation ou à la légèreté. Ceux qui méprisent, ceux qui dévalue l'envie primale.

Quand je lis un poème de merde, si je détecte cette envie primale, je suis satisfait.

Mais oui, la plupart des choses qu'on peut lire ici ou là sont trop axées sur une forme très scolaire, sur les mathématiques de base de la rythmique et sur des thèmes superficiels et peu personnel, ainsi qu'à une maîtrise insuffisante de la langue.

D'où une exploitation forcément immature, qui ne peut pas mener loin.

Quand en plus son vécu et ce qu'on choisit d'y exploiter est pauvre, ça n'aide pas :

(" J'ai repeint les murs de mon coeur

de toutes tes jolies couleurs. ")

Et la méconnaissance des oeuvres de la poésie laisse beaucoup de gens dans une vision étriquée de cet art. Souvent, ça entraîne un manque total d'originalité, de liberté du verbe.

Couplé à une insuffisance littéraire, ça donne des champs lexicaux limités (alors qu'on doit courir dans les sphères du langage !), des tournures convenues et des rythmiques symétriques ennuyeuses, des rimes on ne peut plus pauvres ou usées jusqu'à leur 10ème vie antérieure....

C'est vrai que c'est blessant de se voir dire qu'on a fait un poème de merde, mais s'exprimer sous cette forme ne se fait qu'après un long travail personnel, littéraire, de recherche, d'apprentissage de cet art.

Ce qui est à la portée du plus grand nombre, c'est la strophe banale. Mais la porte poétique est toujours ouverte, cela dit.

Je suis un amoureux de Christian Bobin, surtout pour le fond et le choix des mots plus que pour l'esthétisme. Sinon, Nietzsche a fait des trucs marrants.

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Invité Caminde
Invités, Posté(e)
Invité Caminde
Invité Caminde Invités 0 message
Posté(e)
.....

Je suis un amoureux de Christian Bobin, surtout pour le fond et le choix des mots plus que pour l'esthétisme. Sinon, Nietzsche a fait des trucs marrants.

J'apprécie la réflexion.

Une question déjà débattue à beaucoup d'époques me vient en tête: l'art et l'artiste ne doit-il pas être le reflet de son époque?

Esterelle évoque les slameurs.

Par exemple, d'après ce que j'ai lu, Gauguin était jugé comme un homme de très mauvaise vie par les commères.

S'il s'agit dans ce topic de la critique des poètes en herbe de ce site ou d'autres, où chacun s'auto-édite, on peut la comprendre, mais d'autre part s'il s'agit du projet individuel, je doute que la plupart se destine à se réaliser en tant qu'artiste reconnu et ayant à vivre matériellement de son art.

Le fonds de la question du départ se trouve là, je crois: critique de la forme ou critique de la personne?

J'ai relu après le mini-conflit des passages des Femmes Savantes.Mais c'est du théâtre pas de la poésie.

Et je suis en train de me demander si à cet instant je ne suis pas femme savante.Zut: choix difficile entre savante et vivante.Ou les deux en alternant? Zut encore, mon narcisse qui parle...

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Membre, Posté(e)
ficelledeluge Membre 8 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)

bonjour,

Si le virtuel a permis l'éclosion d'écrivain en herbe, elle a aussi permis la naissance de critique littéraire autoproclamé. Les forums sont remplis de ces experts, qui à grand coup de citation, nous explique le ridicule de cet art réservé à une élite.

La poésie d'amateur agace, on la voudrait parfaite. Les spécialistes nous l'expliquent.

Impossible d'avoir de l'admiration pour un poète sans être raillé. On ne peut citer Baudelaire en signature sans être accusé de se prendre pour un auteur de sa valeur.

Je n'ai jamais lu de critique sur un forum d'actualité qui disait : « le journalisme est un métier, vous ne traitez pas le sujet à la manière d' Yves Calvi.' »

On débat, on argumente sur le sujet mais pas sur la forme.

Sur les forums de poésie, c'est la manière de poser ses mots que l'on juge ce sont eux que l'on trouve juste ou peu appropriés.

La poésie n'est pas faites pour être jolie, ou plaire. Elle sert à s'exprimer.

La poésie met à nu ce que l'on ressent dans l'instant, avec son vocabulaire, riche ou limité.

Ce que réclame Critérium n'est qu'une image de Sa poésie, celle qui lui parle, celle de sa culture celle dont il connaît les règles : des pieds, des vers, des alexandrins et je le respecte mais il s'agit simplement d'une sorte de poème.

La poésie est libre comme l'air et c'est en posant toutes ces règles que l'on risque de tomber dans l'imitation et de faire ainsi du mauvais Baudelaire

Il faut beaucoup de courage pour la poster. Bien plus qu'en donnant son avis sur un sujet politique.

Le chagrin, l'amour, le deuil, la joie sont des sentiments universelles et il est beau de les lire de milles manières. Merveilleuse la poésie mièvre d'une adolescente persuadée d'être la première à ressentir cet émoi. Touchante, la joie d'une grand-mère qui exprime les premiers pas de son petit fils maladroitement.

La poésie a besoin de critique pour s'améliorer, pour évoluer et progresser. Mais elle me semble devoir être constructive, encourager, aiguiller proposer accompagner à la manière de karbomine,

Continuer tous d'écrire vos poèmes, continuer

ficelle.

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VIP, Gonade Absolutrice, Posté(e)
yop! VIP 20 446 messages
Gonade Absolutrice,
Posté(e)
bonjour,

Si le virtuel a permis l'éclosion d'écrivain en herbe, elle a aussi permis la naissance de critique littéraire autoproclamé. Les forums sont remplis de ces experts, qui à grand coup de citation, nous explique le ridicule de cet art réservé à une élite.

Nul art n'est réservé. Seule l'excellence se donne à quelques élus. Tant qu'on ne se prétend pas excellent, y'a pas de souci.

La poésie d'amateur agace, on la voudrait parfaite. Les spécialistes nous l'expliquent.

Impossible d'avoir de l'admiration pour un poète sans être raillé. On ne peut citer Baudelaire en signature sans être accusé de se prendre pour un auteur de sa valeur.

Je n'ai jamais lu de critique sur un forum d'actualité qui disait : « le journalisme est un métier, vous ne traitez pas le sujet à la manière d' Yves Calvi.' »

On débat, on argumente sur le sujet mais pas sur la forme.

Sur les forums de poésie, c'est la manière de poser ses mots que l'on juge ce sont eux que l'on trouve juste ou peu appropriés.

La poésie n'est pas faites pour être jolie, ou plaire. Elle sert à s'exprimer.

La poésie met à nu ce que l'on ressent dans l'instant, avec son vocabulaire, riche ou limité.

Ce que réclame Critérium n'est qu'une image de Sa poésie, celle qui lui parle, celle de sa culture celle dont il connaît les règles : des pieds, des vers, des alexandrins et je le respecte mais il s'agit simplement d'une sorte de poème.

La poésie est libre comme l'air et c'est en posant toutes ces règles que l'on risque de tomber dans l'imitation et de faire ainsi du mauvais Baudelaire

Il faut beaucoup de courage pour la poster. Bien plus qu'en donnant son avis sur un sujet politique.

Le courage, ça dépend de l'implication de l'auteur dans son écrit. Comme gratouiller deux accords de guitare pour faire cool ne fait pas le musicien dans l'âme.

Et ceux qui postent de la poésie doivent quand même supporter les avis divergents et divers. On a le droit d'afficher du dégoût, voire du mépris.

L'envie de s'exprimer va de toute façon au-delà de ces filtres. Les escrocs iront aux orties, et la sélection naturelle se fera ! :coeur:

Le chagrin, l'amour, le deuil, la joie sont des sentiments universelles et il est beau de les lire de milles manières. Merveilleuse la poésie mièvre d'une adolescente persuadée d'être la première à ressentir cet émoi. Touchante, la joie d'une grand-mère qui exprime les premiers pas de son petit fils maladroitement.

La poésie a besoin de critique pour s'améliorer, pour évoluer et progresser. Mais elle me semble devoir être constructive, encourager, aiguiller proposer accompagner à la manière de karbomine,

Continuer tous d'écrire vos poèmes, continuer

ficelle.

:blush:

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  • 2 semaines après...
Invité Caminde
Invités, Posté(e)
Invité Caminde
Invité Caminde Invités 0 message
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Ce qui suit peut probablement apporter au sujet de ce topic

Actes du colloque interdisciplinaire :

Nouvelles perspectives de la recherche française sur la culture portugaise (5-6 février 2007)

L'art poétique d'António Lobo Antunes :

« Un livre ne se fait pas avec des idées,

il se construit avec des mots »1

Catarina VAZ WARROT2

Dès notre premier contact avec l'oeuvre d'António Lobo Antunes nous avons été sensible à la

difficulté de lecture associée à l'oeuvre de cet écrivain. Cette impression a été confirmée par la lecture des critiques sur ses romans et par les interviews que l'auteur a accordées. Malgré cet effet de difficulté chez le lecteur, les romans d'António Lobo Antunes, sont, pour la plupart d'entre eux, des best sellers et leur auteur figure parmi les écrivains portugais contemporains les plus traduits. La question que nous nous sommes posée et qui découle de ce constat est donc la suivante : pourquoi les livres de Lobo Antunes donnent-ils cette sensation de difficulté ? Et pourquoi, malgré cela, attirent-ils autant de lecteurs dans le monde entier ?

Pour essayer d'expliquer cette apparente contradiction, nous nous sommes demandés si, préalablement à l'analyse de l'oeuvre romanesque d'António Lobo Antunes, il ne nous était pas utile de repérer les réflexions de l'auteur sur son écriture, présentes dans ses interviews et livres de chroniques.

De la lecture des trois livres de chroniques de l'auteur et des interviews qu'il a accordées, surtout

en France et au Portugal, surgit une sorte d'« Art Poétique » chez Lobo Antunes. L'auteur donne

son opinion sur comment il faut faire un roman. Cependant, il n'écrit pas une oeuvre de caractère

théorique mais ici et là dans ses interviews et chroniques, nous sommes capables de réunir ses

réflexions sur l'art d'écrire et sur l'art de lire.

Aristote dans sa Poétique se propose de « [¿] traiter de l'art poétique lui-même et de ses espèces,

de l'effet propre a chacune d'entre elles, de la manière dont il faut agencer les histoires si l'on sou-

Maria Augusta Silva, « Um livro não se faz com ideias, faz-se com palavras », in Diário de Notícias, le 18 novembre

2003.

Université de Paris 8 - Université Nouvelle de Lisbonne.

António Lobo Antunes, Livro de Crónicas, Lisbonne, Dom Quixote [1ª ed.1998], 5ª ed., 2002 // Segundo Livro de Crónicas,

Lisbonne, Dom Quixote [1ª ed. 2002], 5ª ed., 2002 // Terceiro Livro de Crónicas, Lisboa, Dom Quixote, 1ª ed., 2005.

154 C. VAZ WARROT

haite que la composition soit réussie » . Horace, dans son Art poétique, donne également des indications sur la façon dont l'auteur doit composer ses oeuvres .

António Lobo Antunes se prononce également sur la façon dont il faut écrire les oeuvres pour

arriver à un idéal esthétique, c'est-à-dire de façon à ce qu'elles soient réussies. L'auteur utilise les

termes suivants : « O romance que gostava de escrever » , « o livro ideal seria aquele em que » ,

« Era altura de ser claro acerca do que penso sobre a arte de escrever um romance » , « Sou muito

claro a respeito do que julgo ser a arte de escrever um romance » .

C'est à partir de ces expressions que nous estimons pertinent d'utiliser le terme « Art Poétique »

associé aux réflexions faites par Lobo Antunes. Il nous semble, donc, que ces réflexions ou préceptes pourront clarifier les romans de l'auteur. Comprendre ce que l'auteur cherche et veut transmettre pourra, peut-être, nous ouvrir des voies d'accès à ses oeuvres romanesques. En 1984, l'auteur, interrogé sur ce qu'était pour lui de bien écrire, répond : « Escrever bem, é segurar pelas tripas as pessoas, agarrá-las »10.

De son « Art Poétique » nous détachons, donc, au-delà de la figure de l'auteur, responsable de la

création romanesque, la figure du lecteur. Le lecteur était absent de la définition d'Aristote et d'Horace.

Si l'on se reporte au début du xxe siècle, aux travaux du philosophe polonais Roman Ingarden, qui

fait partie de l'école Phénoménologique fondée par le philosophe allemand Edmund Husserl (1859-

1938), nous voyons qu'Ingarden s'est surtout intéressé à la question du statut de l'oeuvre littéraire

qui, d'après lui, comporte trois fondements : « une manifestation matérielle (l'exemplaire individuel

de l'oeuvre), des actes conscients (ceux de l'écrivain, créant l'oeuvre, et ceux du récepteur) et des

entités idéales de nature intentionnelle (les significations actualisées dans les actes de conscience

de l'écrivain et réactualisées dans la lecture) »11. Cette conception de la Poétique englobe les deux

éléments fondamentaux de la construction romanesque, pour Lobo Antunes : l'auteur et le lecteur.

Lobo Antunes élabore, donc, de façon parsemée, mais cohérente son propre Art Poétique qui

se propose de clarifier les questions suivantes : comment écrire le livre idéal et comment doit-on le

lire ? Il nous faut, alors, voir en quoi consiste l'Art Poétique d'António Lobo Antunes sous ces deux

perspectives : celle de l'auteur et celle du lecteur.

Ce qui ressort des réflexions de l'auteur est le désir de transformer et de changer l'Art du roman :

« O que quero é mudar a arte do romance da forma que creio ser a melhor, essa é a maior preocupação

»12. En effet, les livres de Lobo Antunes ne présentent pas les caractéristiques habituelles

d'un roman : une intrigue définie, située dans un temps et un espace déterminés. Dans la chronique

« Receita para me lerem » ¿ une des plus riches sur son Art Poétique ¿ l'écrivain dit : « Alguns

/ Quase todos / os mal entendidos em relação ao que faço derivam do facto de abordarem o que

escrevo como nos ensinaram a abordar qualquer narrativa. E a surpresa vem de não existir narrativa

no sentido comum do termo, mas apenas largos círculos concêntricos que se estreitam e aparentemente nos sufocam »13.

Aristote, Poétique, introduction, traduction nouvelle et annotation de Michel Magnien, Paris, Livre de Poche, I-1447.

Cf. Horace, Art poétique, commentaire et étude par Pierre Grimal, Paris, Centre de Documentation Universitaire, 1964.

António Lobo Antunes, « Le roman que j'aimerais écrire¿ » [c'est nous qui traduisons]. « O Coração do Coração », in

Livro de Crónicas, op. cit.

António Lobo Antunes, « Le livre idéal serait celui dans lequel¿ » [c'est nous qui traduisons], « Receita para me lerem »,

in Segundo Livro de Crónicas, op. cit.

« Il était temps d'être clair sur ce que je pense à propos de l'art d'écrire un roman » [c'est nous qui traduisons], in ibid.

António Lobo Antunes, « Je suis très clair à propos de ce que je pense être l'art d'écrire un roman » [c'est nous qui traduisons],

« A Confissão do Trapeiro », in Terceiro Livro de Crónicas, op. cit.

10 « Bien écrire, c'est tenir les gens par les entrailles, c'est les attraper » [c'est nous qui traduisons], « Assobiar no escuro »,

in Segundo Livro de Crónicas, op. cit.

11 Oswald Ducrot, Jean-Marie Schaeffer, Nouveau dictionnaire encyclopédique des sciences du langage, Paris, Seuil, 1972

(1re éd.), 1995, p. 198.

12 Maria Luísa Blanco, « Ce que je veux c'est changer l'art du roman de la façon que je crois être la meilleure, c'est celuici

mon plus grand souci » [c'est nous qui traduisons], in Conversas com António Lobo Antunes, trad. Carlos Aboim de

Brito, Lisbonne, Dom Quixote [1ª ed. 2001], 2ª ed., 2002, p. 66.

13 « Quelques-uns / Presque tous / les malentendus par rapport à ce que je fais sont la conséquence du fait qu'on aborde

ce que j'écris de la façon qu'on nous a appris à aborder n'importe quel récit. Et la surprise surgit parce qu'il n'existe pas

de récit dans le sens habituel du terme, il n'y existe que des cercles concentriques qui se serrent et apparemment nous

suffoquent »,(c'est nous qui traduisons), in « Receita para me lerem », op. cit.

155

L'art poétique d'António Lobo Antunes

Cependant, nous ne pouvons pas parler d'une rupture soudaine avec les modèles romanesques

précédents. Si son oeuvre a évolué au long des années, c'est le reflet de l'évolution de sa façon de

concevoir l'art d'écrire. En 1983, Lobo Antunes dit « O romance é para contar uma história »14. En

1992, en réponse à la question « Quando faz o plano de um novo romance, o que é que privilegia

mais? A trama em si? As situações? As personagens? », il répond : « é um pouco tudo indissociável.

Penso que o que se tenta sobretudo é inventar um novo português, inventar uma nova linguagem.

Ter uma voz pessoal; é isso, é ter uma forma nova de contar as coisas »15. En 2003, l'intrigue finit

d'être un élément central dans la création du roman : « Um livro não se faz com ideias, faz-se com

palavras »16. Cette conception va se maintenir jusqu'à aujourd'hui : en 2005, « [¿] de plus en plus,

l'intrigue et l'histoire ont cessé de m'intéresser »17 et en 2006 : « [¿] não me interessa nada contar

histórias »18. L'évolution est très nette : « Penso que avancei nos meus livros posteriores, que depurei

o estilo e que estou mais perto do romance que quero fazer [¿] porque a ideia que hoje tenho da

literatura é muito diferente da que tinha nos meus primeiros livros »19.

Cette évolution dans sa vision de la création artistique nous aide à mieux comprendre l'évolution

de son style et la création de ses romans. La perspective n'est plus la même. Si ses premiers

romans, surtout jusqu'à Esplendor de Portugal (1997), avaient une intrigue relativement définie, il nous

semble que dans les derniers c'est l'estompement de l'histoire qui permet un travail profond avec

les mots. Ce travail avec la langue se lie surtout à un grand dépouillement : les nombreux adjectifs

des premiers romans donnent la place à un style très épuré. Prenons comme exemple le début de

deux romans de Lobo Antunes : Memória de Elefante, son premier roman, publié en 1979, et son

dernier roman traduit en français, Boa tarde às coisas aqui em baixo paru en 2003 :

O Hospital em que trabalhava era o mesmo a que muitas vezes na infância acompanhara o pai:

antigo convento de relógio de junta de freguesia na fachada, pátio de plátanos oxidados, doentes de

uniforme vagabundeando ao acaso tontos de calmantes, o sorriso gordo do porteiro a arrebitar os

beiços para cima como se fosse voar: de tempos a tempos, metamorfoseado em cobrador, aquele

Júpiter de sucessivas faces surgia-lhe à esquina da enfermaria de pasta de plástico no sovaco a

estender um papelucho imperativo e suplicante: [¿]20

et

Não sei se ela disse / ¿ Esta era a casa / ou / (se calhar) ¿ Há vinte anos nós / ou / (pode ser, não

estou certo) / - Morei aqui / ou então não disse nada, limitou-se a subir da Muxima ao meu lado,

talvez um pouco à minha frente [¿]21

14 « Le roman, c'est pour raconter une histoire » [c'est nous qui traduisons], « Lobo Antunes: Fui bem comportado tempo

demais! », in Jornal de Letras, entrevista de Clara Ferreira Alves, Ano III, no 72, 22 a 28 de novembro de 1983.

15 « ¿ Quand vous faites le plan d'un nouveau roman, qu'est-ce que vous privilégiez le plus ? L'histoire ? Les situations ?

Les personnages ? ¿ Tout est un peu indissociable. Je pense que ce qu'on essaie c'est surtout d'inventer un nouveau

portugais, inventer un nouveau langage. Avoir une voix personnelle ; c'est ça, c'est avoir une nouvelle façon de raconter

les choses » [c'est nous qui traduisons], in « Quis escrever um romance policial », in Jornal de Letras, entrevista de Luís

Almeida Martins, Ano XII, 27 de outubro a 2 de novembro de 1992.

16 « Un livre ne se fait pas avec des idées, il se construit avec des mots » [c'est nous qui traduisons], « Quem lê é a classe

média », in Diário de Notícias, entrevista de Maria Augusta Silva, terça-feira, 18 de novembro de 2003.

17 « Mettre toute la vie entre les pages d'un livre », Le Monde, vendredi 2 décembre 2005.

18 « Je n'ai aucune envie de raconter des histoires » [c'est nous qui traduisons], « António Lobo Antunes, Exortação à vida »,

in Espiral do Tempo, entrevista de Anabela Mota Ribeiro, no 21, trimestral, Verão 2006.

19 « Je pense que j'ai avancé dans mes livres postérieurs, que j'ai dépuré le style et que je suis plus proche du roman que

je veux faire [¿] parce que l'idée que j'ai aujourd'hui de la littérature est très différente de celle que j'avais dans mes premiers

livres » [c'est nous qui traduisons], in Conversas com António Lobo Antunes, op. cit., p. 68.

20 Memória de Elefante, Lisbonne, Dom Quixote [1ª ed., 1979], 21ª ed., 2002, p. 11 // « Il travaillait dans l'hôpital où son père

avait exercé et où très souvent, pendant son enfance, il l'avait accompagné : un ancien couvent avec, sur la façade, une

horloge de mairie de village, une cour aux platanes rouillés, des malades en uniforme errant au hasard abrutis par les calmants,

le sourire gras du concierge retroussant ses lèvres vers le haut comme s'il allait s'envoler : de temps en temps,

métamorphosé en encaisseur, ce Jupiter aux visages successifs surgissait devant lui au coin de l'infirmerie, sa serviette

en plastique sous l'aisselle, en brandissant un bout de papier impératif et en suppliant : [¿] », Mémoire d'éléphant, traduit

du portugais par Violante do Canto et Yves Coleman, Paris, Christian Bourgois, 1998, p. 11.

21 Boa tarde às coisas aqui em baixo, Lisboa, Dom Quixote, 1ª ed., 2003, p. 19 / « Je ne sais plus si elle m'a dit / ¿ ma

maison était là / ou / (peut-être) / ¿ Il y a vingt ans / ou / (possible, mais je ne suis pas sûr) ¿ J'ai vécu ici / ou alors rien de

tout ça, elle s'est contentée de traverser Muxima à mes côtés, en marchant devant moi je crois [¿] », Bonsoir les choses

d'ici-bas, traduit du portugais par Carlos Batista, Paris, Christian Bourgois, 2005, p. 17.

156 Les romans commencent à se dépouiller des mots, mais les sens transmis ne se réduisent pas.

L'auteur affirme : « Há palavras que foram criadas para não serem ditas, para não serem usadas. Tens de despir os livros de toda a ganga desnecessária [¿] »22. Si Lobo Antunes ne veut plus raconter d'histoires, que veut-il donc transmettre dans ses créations romanesques ?

L'écrivain nous donne quelques pistes de réflexion. Dans une interview publiée sous la forme

d'un livre, il précise : « o que pretendo é transformar a arte do romance, a história é o menos importante

»23 . Ce désir de changement de l'art du roman passe par une transformation de la façon d'écrire,

liée au style, mais elle passe également par l'ambition de l'auteur de mettre toute la vie dans les

pages d'un livre.

Il ne s'agit pas seulement de sa vie à lui, mais de la vie de tous les lecteurs, il faut que les lecteurs

se retrouvent dans les pages de ses romans comme face à des miroirs : « O que quero é meter a

vida toda dentro dos livros e, uma vez começando a escrever, o meu problema é sempre o mesmo:

como é que vou escrever? [¿] »24.

Cette volonté de mettre la vie dans les pages d'un roman serait-elle un désir de reproduire le plus

fidèlement possible la réalité ? La question de l'imitation est une problématique ancienne et qui a

intéressé de nombreux philosophes, critiques et théoriciens de la littérature. La notion d'imitation se

trouve liée à celle de la mimèsis, présente chez Platon. Ce philosophe, dans le livre Protagoras, distingue

deux types d'imitation : l'imitation fidèle, celle de l'artisan et celle du démiurge qui, en créant

n'importe quel objet, le font en le dérivant directement à partir de l'idée ; et l'imitation fantastique,

qui se fait non pas à partir de l'idée, mais à partir des objets que les sens nous donnent en images :

si un écrivain décrit un lit, ou si un peintre le représente dans un tableau, ils le feront à partir des lits

concrets qu'ils ont vu, qui sont des images de l'idée originale. Aristote a une notion légèrement différente de celle de Platon. Pour lui « L'épopée, et la poésie tragique comme aussi la comédie, l'art

du poète de dithyrambe et, pour la plus grande partie, celui du joueur de flûte et de cithare, se trouvent tous être, d'une manière générale, des imitations »25. Pour ce philosophe, le poète non seulement imite la réalité, mais il peut écrire des faits vraisemblables : « De ce qui a été dit résulte clairement que le rôle du poète est de dire non pas ce qui a réellement eu lieu mais ce à quoi on peut s'attendre, ce qui peut se produire conformément à la vraisemblance ou à la nécessité »26 . Les théories de ces deux philosophes constituent la base de la définition d'imitation. Il nous semble, pourtant, que Todorov ajoute un élément important à la définition. Ce théoricien écrit : « Le roman n'imite pas la réalité, il la crée »27. C'est dans cette dialectique entre imitation et réalité qu'il nous semble pouvoir situer la conception de Lobo Antunes.

Selon les mots de l'auteur, nous avons la sensation qu'il s'efforce de reproduire le plus fidèlement

des personnages ¿ il s'agit de gens qu'il côtoie, des personnes que n'importe quel lecteur

pourrait retrouver au long de sa vie, des personnages que le lecteur sent comme vivants. Lobo

Antunes dit à ce propos : « ¿ Se eu, enquanto leitor, não sinto o prazer de ver um homem ali, uma

presença viva, com carne e sangue e esperma e merda, se não sinto o corpo dele lá, não consigo

aderir afectivamente »28.

Cependant, nous ne trouvons pas de descriptions, de détails de ces personnages, il n'y a presque

pas de description. L'auteur remarque : « Reparem que as figuras que povoam o que digo não

22 « Il y a des mots qui ont été créés pour ne pas être dits, pour ne pas être utilisés. Tu dois dépouiller les livres de tout ce qui

est superflu » [c'est nous qui traduisons], « Mais dois, três livros e pararei », in Jornal de Letras, entrevista de Rodrigues

da Silva, Ano XXVI, no 941, de 25 de outubro a 7 de novembro de 2006.

23 Maria Luisa Blanco, Conversas com António Lobo Antunes, op. cit, p. 125.

24 « Ce que je veux c'est mettre toute la vie dans les livres et, une fois avoir commencé à écrire, mon problème est toujours

le même : comment est-ce que je vais écrire ? » [c'est nous qui traduisons], « Ainda não é isto que eu quero », in

Expresso, entrevista de João Paulo Cotrim, 4 de dezembro de 2004.

25 Aristote, Poétique, op. cit., I-1448a.

26 Ibid., IX.

27 Tzvetan Todorov, Poétique de la prose, choix, suivi de Nouvelles recherches sur le récit, Paris, Seuil, 1971, p. 175.

28 « Si moi, en tant que lecteur, je ne ressens pas le plaisir de voir dans le livre une présence vivante, avec de la chair et du

sang, avec du sperme et de la merde, si je ne sens pas son corps là, je ne suis pas capable d'adhérer affectivement »

[c'est nous qui traduisons], in « A confissão exuberante », Jornal de Letras, entrevista de Rodrigues da Silva, Ano XIV,

no 613, 13 a 26 de abril de 1994.

C. VAZ WARROT

157

são descritas e quase não possuem relevo: é que se trata de vocês mesmos »29. Comment, alors,

construire des personnages qu'on veut réels sans leur attribuer du relief descriptif ? Il nous semble

que c'est à travers une certaine indétermination discursive que le lecteur peut créer lui-même des personnages et en même temps se retrouver, lui, dans le jeu de miroirs que sont les pages des romans de Lobo Antunes. L'auteur fournit des pistes de lecture, comme une sorte d'amorce, et le lecteur est poussé à les suivre mais avec une grande liberté ce qui lui permet ainsi d'imaginer des personnages qu'il pourrait côtoyer. Pour rendre les personnages « vivants », l'auteur a recours au discours intérieur. Nous accédons aux pensées les plus intimes des personnages et ce sont des pensées qui rapprochent tous les êtres humains. Les livres d'António Lobo Antunes deviennent alors, non pas des romans, comme nous avions l'habitude de lire, mais une sorte de tableaux, de visions avec des personnages et des pensées, qui s'entremêlent et qui donnent ainsi les multiples faces des êtres humains : « ¿ Não foram os livros que se tornaram mais complicados e menos lineares. Foi a sede, a febre, a tensão de tentar exprimir a vida, e para a exprimir tens de dar os contrários »30.

Ce but ultime de la création littéraire de Lobo Antunes ¿ faire un livre total ¿ est certes une sorte

de mission impossible, mais l'auteur ne l'abandonne pas ; il poursuit continuellement cette mission

et pour cela son écriture doit révéler cet objectif. Il nous semble que seuls des procédés liés à l'hétérogénéité discursive et énonciative pourront rendre compte de tout et de son contraire ¿ l'éclatement des personnages et des catégories temporelles et spatiales, le foisonnement de voix narratives et les blancs discursifs, entre autres. Nous pensons pouvoir affirmer que ces procédés d'écriture peuvent être classés comme une sorte de clé d'écriture qui est nécessaire pour trouver la clé de lecture du livre.

Il nous semble que si le lecteur connaît mieux l'art poétique d'António Lobo Antunes, il sera

plus à même d'abandonner son horizon d'attentes et pourra accéder aux créations romanesques

avec moins d'a priori, sans pour autant être totalement destabilisé par l'auteur. Ainsi, si le lecteur

est alerté sur cette rupture avec ses habitudes, sa façon de pénétrer dans les créations romanesques,

sera différente : il s'agira d'une lecture sans « a priori », sans barrières et beaucoup plus perméable

à une nouvelle façon d'écrire. En même temps, le fait que le texte sollicite le lecteur, le rend

attirant pour ce dernier.

Le lecteur pour António Lobo Antunes n'est pas une catégorie extérieure et indépendante de

la construction romanesque. Le lecteur est un élément indispensable dans la création du sens du

roman ¿ il s'agit d'une aventure partagée : « A verdadeira aventura que proponho é aquela que o narrador

e o leitor fazem em conjunto »31. Le travail d'écriture ne dépend pas exclusivement de l'auteur,

mais aussi du lecteur. Celui-ci l'écrit avec l'auteur : « O livro é escrito por duas pessoas: por mim e

pelo leitor »32.

Le lecteur, comme nous l'avons souligné précédemment, doit laisser de côté sa façon de lire et

prendre une attitude de dépouillement : « é necessário que a confiança nos valores comuns se dissolva

página a página, que a nossa enganosa coesão interior vá perdendo gradualmente o sentido

que não possui e todavia lhe dávamos, para que outra ordem nasça desse choque, pode ser que

amargo mas inevitável »33.

N'importe quel lecteur fait des prévisions sur ce qu'il va lire au gré de sa lecture et applique des

schémas pré-établis. Il aura tendance à organiser le récit selon son horizon d'attentes et ses habitudes.

Lobo Antunes propose que le lecteur abandonne toutes ces habitudes, qu'il ne voit pas son

livre comme n'importe quel autre livre. Les métaphores liées aux pathologies ou aux instincts ani-

29 « Remarquez que les figures qui peuplent ce que je dis ne sont pas décrites et ne possèdent presque pas de relief : c'est

parce qu'il s'agit de vous mêmes » [c'est nous qui traduisons], in « Receita para me lerem », op. cit.

30 « Ce ne sont pas les livres qui sont devenus plus compliqués et moins linéaires. Ce qui a changé a été la soif, la fièvre,

la tension d'essayer d'exprimer la vie, et pour l'exprimer il faut que tu donnes les contraires »[c'est nous qui traduisons],

in « A confissão exuberante », op. cit.

31 « La véritable aventure que je propose est celle que le narrateur et le lecteur font ensemble » [c'est nous qui traduisons],

in « Receita para me lerem », op. cit.

32 « Le livre est écrit par deux personnes : par moi-même et par le lecteur » [c'est nous qui traduisons], in « Quem lê é a

classe média », in Diário de Notícias, entrevista de Maria Augusta Silva, terça-feira, 18 de novembro de 2003.

33 « Il faut que la confiance dans les valeurs communes se dissolve page par page, que notre trompeuse cohésion intérieure

perde petit à petit le sens qu'elle ne possède pas et que pourtant on lui attribuait, pour qu'un autre ordre surgisse de ce

choc, qui peut être amer mais qui est inévitable » [c'est nous qui traduisons], in « Receita para me lerem », op. cit.

L'art poétique d'António Lobo Antunes

158

maux sont très suggestives de la façon dont le lecteur doit aborder ses créations : « [¿] a única forma

/ parece-me/ de abordar os romances que escrevo é apanhá-los do mesmo modo que se apanha

uma doença »34 ; « é um erro lê-los, parece-me. Devem-se farejar como os bichos e ir cavando,

cavando [¿] »35. Le livre est quelque chose qui attrape le lecteur à l'improviste et qui nous offre de

la résistance. Le lecteur doit, donc, faire un travail actif de création et de décodage. Il est un élément important pour l'auteur, mais celui-ci ne lui facilite pas la tâche. Si le lecteur se laisse capturer par le livre, il saura trouver la clé de lecture et se retrouver pleinement dans les pages qu'il lit. Ainsi, l'adhésion au roman pourra être facilitée car ce n'est plus une personne extérieure à lui qui écrit ¿ l'auteur ¿ mais le lecteur lui-même. La dernière phrase du dernier roman d'António Lobo Antunes publié au Portugal, Ontem não te vi em Babilónia36, en témoigne : « Aquilo que escrevo pode ler-se no escuro »37. Lobo Antunes, interrogé à propos de cette phrase de son roman, dit : « Sim, porque não estás a ler o livro, mas o teu livro. Ele passou a ser teu. E se estás a ler o teu livro, estás a escrever o teu livro ao lê-lo e, a partir de certa altura, já não precisas de luz, já existe uma tal intimidade entre ti e ti mesmo[¿] »38.

Nous pensons que ce rapport entre lecteur et auteur, si proche et intime, peut être une des explications pour le grand succès de l'auteur. Un livre qui nous dévoile à nous-mêmes, dans lequel nous nous retrouvons, a peut-être un grand potentiel d'attirance vis-à-vis du lecteur. Cependant, la façon de le faire, à travers des procédés d'écriture liés à l'hétérogénéité, peut dérouter le lecteur, surtout celui qui n'a pas été prévenu de cette façon d'écrire. Ainsi, nous pensons que le fait de connaître a priori les intentions de l'auteur, comment il conçoit l'art d'écrire un roman et quel est le rôle attribué au lecteur, facilitera sans doute son accès aux romans. Connaître la clé d'écriture est indispensable pour trouver la clé de lecture. Cette clé d'écriture passe par le repérage et la reconnaissance de procédés d'ordre linguistique qui permettront de mieux comprendre et d'interpréter le texte littéraire.

34 « La seule façon / il me semble / d'aborder les romans que j'écris est de les attraper de la même façon qu'on attrape une

maladie » [c'est nous qui traduisons], in « Receita para me lerem », op. cit.

35 « C'est une erreur lire mes livres, il me semble. On doit les renifler comme les animaux et après creuser, creuser » [c'est

nous qui traduisons], in « O Passado é um País Estrangeiro », in Terceiro Livro de Crónicas, op. cit., p. 281.

36 António Lobo Antunes, Ontem não te vi em Babilónia, Lisbonne, Dom Quixote, 1ª ed., 2006.

37 « Ce que j'écris peut se lire dans l'obscurité » [c'est nous qui traduisons], in ibid., p. 479.

38 « Oui, parce que tu n'est pas en train de lire un livre, mais ton livre. Il est devenu ton livre. Et si tu es en train de lire ton

livre, tu es en train d'écrire ton livre en le lisant et, à partir d'un certain moment, tu n'as plus besoin de lumière, il existe

déjà une très grande intimité entre toi et toi-même » [c'est nous qui traduisons], in « Mais dois, três livros e pararei », op.

cit.

C. VAZ WARROT

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Invité Elaïs
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Invité Elaïs
Invité Elaïs Invités 0 message
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marre de ces "poètes improvisés" qui pensent qu'il suffit de revenir à la ligne pour que ce soit un vers, qui n'ont jamais entendu parler d'accent de mot ou de rythme...

Et que dire de ces poètes expérimentés qui pensent qu'il suffit de maîtriser la technique pour mettre de la poésie dans un vers ou dans un texte ?

Pour ma part je n'y connais rien, je goute ce que je lis, mon poète à moi, c'est Christian Bobin, les avertis disent que c'est un écrivain, je dis que c'est de la poésie.

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Invité KARBOMINE
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Invité KARBOMINE
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je voulais seulement dire que la maîtrise de la technique fait partie intégrante de la création poétique. elle permet également de relire les poètes en en saisissant davantage les subtilités car de nombreux clins d'oeil sont inscrits dans la structure même des poèmes - je pense notamment à baudelaire, chez qui c'est plsu que flagrant, et aussi parce que c'est celui que je connais le mieux et donc chez qui j'ai pu le vérifier au mieux. ces clins d'oeil n'ont rien de décoratif ; ils transforement le sens de tout un poème, parfois, permettant d'en faire un electure plus fine, car l'ironie se mêle souvent à la parole.

pour ce qui est christian bobin, ses oeuvres sont effectivement imprégnées d'une délicatesse certaine ; c'est lumineux, comme jaccottet. mais tu auras bien remarqué qu'il utilise lui-même un verbe vraiment pointu, dans sa transparence.

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Invité Elaïs
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Invité Elaïs
Invité Elaïs Invités 0 message
Posté(e)
je voulais seulement dire que la maîtrise de la technique fait partie intégrante de la création poétique.

Oui j'avais bien compris ce que tu souhaitais exprimer :blush: .

Je ne partage pas tout à fait ton point de vue, je me dis, peut être à tort remarque, que celui qui écrit n'est peut être pas autant dans la techique que celui qui dépouille son oeuvre.

En effet, j'ai toujours été amusée par les explications de texte faites non pas par leur auteur, mais par leurs lecteurs, ou écrivains ratés qui a défaut d'écrire, non plus qu'a décortiquer les textes des autres, en me demandant si, celui qui l'avait écrit avait réellement pensé à tout ce qu'on lui pretait.

pour ce qui est christian bobin, ses oeuvres sont effectivement imprégnées d'une délicatesse certaine ; c'est lumineux, comme jaccottet. mais tu auras bien remarqué qu'il utilise lui-même un verbe vraiment pointu, dans sa transparence.

J'ai surtout noté, d'ou certainement notre vision différente, que son regard sur le monde était d'une poésie singulière, et que c'est ce regard qui est à l'origine de ses mots et non pas une technique particulière qui lui permettrait de trouver le verbe pointu d'où naitrait la magie de l'écriture.

PS: Mais pas d'offense, tout cela n'est que branlette intellectuelle :coeur: je vais bouquiner du coup :coeur: Bonne fin de soirée.

Modifié par Elaïs
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VIP, Gonade Absolutrice, Posté(e)
yop! VIP 20 446 messages
Gonade Absolutrice,
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L'idéal reste d'allier un réel talent poétique (qui ne tient pas en une maîtrise technique) et la faculté d'exprimer ce talent en mots (on peut très bien choisir d'autres voies).

La poésie comporte plusieurs niveaux de satisfaction, même la littérature en général.

On peut s'extasier sur une maîtrise parfaite des césures et des rimes riches, une métrique implacable, comme celle de Dante Alighieri, être saisi par l'originalité d'une pensée comme celle de Christian Bobin.

Les excellences techniques ne sont qu'artifices si elles ne servent pas un vrai propos, et en cela on tombe dans la poésie de la prouesse littéraire. Ce qui est assez hermétique et factice. En effet, à ce niveau, les imposteurs sont nombreux aussi. Et pour les bons, ils sont parfois inaccessibles par tant de contraintes de style.

Une sensibilité tombe à l'eau si elle n'est pas bien exprimée. Une maîtrise de la langue est nécessaire, des champs lexicaux pour évoquer, la syntaxe, le rythme. Sans ça, rien ne marche.

Les meilleurs auteurs sont -pour moi- ceux qui trouvent l'équilibre entre une vision poétique fine, résultat d'un gros travail en soi, qui puisse être partagée grâce à des ponts vers celui qui lira, sans se couper de la prouesse littéraire et du jeu avec les contraintes poétiques.

Bref, quelquechose ayant souvent plusieurs paliers, l'extase littéraire étant accessible en bonus pour les initiés, décelable pour le quidam, mais la force poétique étant déjà accessible sans aucune fioriture à tous, grandie une fois la compréhension de l'exploit mesuré à l'aune de ses connaissance de l'art littéraire.

J'espère que c'est à peu près clair ! :blush:

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Invité Elaïs
Invités, Posté(e)
Invité Elaïs
Invité Elaïs Invités 0 message
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l'extase littéraire étant accessible en bonus pour les initiés

Qu'est-ce qui te permet d'affirmer que je ne m'extasie pas de mes lectures?

Modifié par Elaïs
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VIP, Gonade Absolutrice, Posté(e)
yop! VIP 20 446 messages
Gonade Absolutrice,
Posté(e)

Où est-ce que tu as lu que je prétendais ça ? :blush:

J'expliquais juste mon point de vue qui se situe justement entre la débauche d'effets littéraires parfois telle que peu accessible ("Oh ! Il a fait une double anacoluthe en chiasme protozoïque dans un système de métrique ternaire et quaternaire alternées !") qui tient un peu de la branlette sur le mot; et la simplicité d'accès du souffle poétique qui doit -à mon sens- primer sur n'importe quel effet, être la colonne vertébrale sensible et décelable à toute lecture. Mais sans tomber dans le simplisme ou la banalité.

Bref, je demande beaucoup pour être séduit par un poème, mais les plus célèbres ont ces facultés. Force évocatrice directe, mécanique littéraire parfaite, symbiose du sens et du beau, facilité d'accès... :coeur:

Car un poème hermétique jusqu'à l'obscurantisme n'a aucune raison d'être. Un poème trop banal n'en n'est pas un non plus. On ne peut pas s'appuyer simplement sur les mots ou sur sa sensibilité.

Il faut allier les deux et ensuite, prendre le parti de la limpidité ou de l'acrobatie versifiée. Chacun son trip.

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Membre, nyctalope, 40ans Posté(e)
Criterium Membre 2 870 messages
40ans‚ nyctalope,
Posté(e)

...et l'acrobatie versifiée peut être, elle aussi, limpide.

Mais elle en reste versifiée. Alors que ce sujet est dédié au poème en prose. :coeur:

Je trouve révélateur, mais surtout dommage, que l'on en revienne à l'habituelle opposition entre "poème de néophyte mais si vrai, si chargé de ressenti" et "poème hermétique, réservé à l'élite littéraire" (si tant est qu'il en existe une réelle, déjà). D'autant plus dommage que généralement ni l'un ni l'autre camp ne produisent les meilleurs textes : les premiers font un texte bourré de poncif et s'auto-infligent le respect d'une rime comme chose unique, nécessaire et suffisante pour faire un "poème". é ceux-là, le poème en prose vient rappeler une chose essentielle, c'est qu'il existe : on peut faire de la poésie sans faire de rime. C'est même souvent mieux. On peut aussi faire de la poésie sans faire de truismes et de tautologies inintéressantes, ni en exprimant peut-être des sentiments mais ne les suscitant, ne les partageant pas. Aux seconds, le poème en prose vient leur rappeler que l'on peut forger une prose avec les mêmes instruments acérés qu'ils maîtrisent (figures de style, etc.). C'est même souvent mieux. Et que la symbolique peut servir une histoire, et non pas forcément une forme figée et mourante.

Moi, j'aime la poésie en prose.

(d'ailleurs, chaque prose devrait être une poésie : comme les romans de Meyrink ou d'autres)

:blush:

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Invité Elaïs
Invités, Posté(e)
Invité Elaïs
Invité Elaïs Invités 0 message
Posté(e)
Où est-ce que tu as lu que je prétendais ça ? :blush:

:coeur: :

l'extase littéraire étant accessible en bonus pour les initiés

N'étant moi même pas une "initiée", je ne peux qu'en déduire que selon toi, l'extase littéraire ne m'est pas accessible, comme a tous les autres non initiés comme moi.

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Invité KARBOMINE
Invités, Posté(e)
Invité KARBOMINE
Invité KARBOMINE Invités 0 message
Posté(e)

@ Elais : j'ai tapé un long post tout à l'heure, qui s'est effacé avant que j'aie pu l'envoyer. alors, je voulais juste te dire, je suis tout à fait d'accord et je te recommande très vivement la lecture de philippe jaccottet si tu ne le connais pas ; c'est sublime, très épuré, on est dans les bois, près d'une rivière et le silence qui berce ses poèmes mi-prose mi-vers fait tout ressortir ; une pause de cristal qui brille sans prétention ! enfin, il a un peu la même énergie que bobin.

pour essayer tout de même de faire avancer le débat au lieu de m'extasier, je place une citation de lui (malheureusement pas un poème ; faudrait que je le rachète parce que le mec à qui je l'ai prêté est en tôle, je crois, ou en hp...). il dit, et c'est là qu'on se rejoint tous (me semble-t-il) :

Les théories littéraires. «A ma grande honte, je suis particulièrement étranger à la science de la littérature. Je n'ai pas lu les grands auteurs ou les philosophes de la langue, par exemple. Au fond, je ne suis pas tellement passionné de littérature! Pour moi c'est une affaire d'émotion, de transformation d'une expérience en rayonnement lumineux. Comment tout cela se construit ne m'intéresse pas tellement¿ Je suis toutefois quelqu'un du XXe siècle écoulé et je ne peux pas écrire comme les poètes archaïques, avec la force du commencement. Je parle souvent de fraîcheur et d'immédiateté, mais je ne suis pas totalement naïf: j'ai fait des études, j'ai lu beaucoup de livres. Je ne veux pas jouer au primitif.»
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Invité château_musée
Invités, Posté(e)
Invité château_musée
Invité château_musée Invités 0 message
Posté(e)

l'extase littéraire comme l'extase sexuelle me paraissent accessibles à tout le monde pour peu que nous soyons sincères et humbles dans cette entreprise ; après, on peut se contenter d'un simple et classique et banal orgasme

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