Les différentes formes de femmes

Le Jardin des deux sources

Dans la vallée de Zenalpha, entourée de montagnes bleutées, se trouvait un jardin ancien où deux sources jaillissaient côte à côte.

L'une, cristalline et chantante, coulait avec une énergie vive et directe.

L'autre, plus profonde et silencieuse, suivait des méandres sinueux.

Pourtant dans l'étang commun où elles se rejoignaient, leurs eaux ne faisaient qu'un sans se confondre.

Li yang, jeune homme nourri aux classiques et à la philosophie des anciens et des modernes, arrivait chaque matin méditer sous le vieux pin.

Ses épaules portaient le poids d'une question : comment honorer la force tranquille, la persévérance et le courage qu'il ressentait en lui sans paraître oppressif envers quiconque ?

Au monastère, un moine lui avait dit : Un arc trop tendu se brise, un arc trop détendu ne lance pas la flèche. 

Un jour, il aperçut Mei Yin, assise près de la source sinueuse. Elle étudiait des textes modernes qui parlaient de déconstruction, de fluidité, et remettaient en question toutes les formes établies, les formes de la femme...

Ses yeux pétillaient d'une intelligence aigue, mais son visage trahissait une fatigue, comme si elle devait constamment justifier son existence.

Seule, ses yeux pétillant d'une harmonie bridée, comme ses yeux.

Ces théories disent que tout est construction, même ce que je ressens confia-t-elle un matin à Li Yang, surprise de sa propre franchise.

Mais parfois, quand je regarde la lune se refléter dans l'eau, je me sens simplement... femme. Est-ce une trahison ?

Li Yang resta silencieux un moment...

Dans le vieux traité du jardinier, dit-il enfin, on apprend que chaque plante à sa natur.

Le bambou est flexible mais droit, le saule pleureur s'incline gracieusement. Les tailler pour qu'ils s'épanouissent, c'est bien. Mais vouloir que le bambou devienne saule, ou inversement, c'est les faire souffrir inutilement.

Leurs dialogues s'approfondirent au fil des saisons.

Mei Yang partagea avec Li Yin le fait que certaines vertus qu'il chérissait, la protection, la détermination pouvaient aussi être des prisons lorsqu'imposées.

Était question d'un certain Kant pour qui la liberté consistait d'abord à choisir ses chaines mais aussi de papa et maman qui lui prétendirent que canaliser sa nature fougueuse n'était pas la castrer.

Il tenta de souligner comment la déconstruction sans sagesse pouvait devenir une nouvelle forme de violence, niant la réalité de l'expérience vécue.

Un automne, ils trouvèrent un pont de pierre à demi effondré dans le jardin.

Il faut le reconstruire dit Li Yang examinant la structure.

Peut-être devrions-nous le laisser tel quel, proposa Mei Yin : Les visiteurs pourraient traverser à gué, découvrant ainsi une nouvelle relation à l'eau.
Ils se regardèrent,et réalisèrent qu'ils tenaient là la clé.

Ils travaillèrent ensemble.

Li Yang, avec sa patience et sa force, redressa les piliers de pierre. Mei Yin, avec son sens du flux et de l'harmonie, redessina les courbes du pont pour qu'il épouse mieux le paysage.

Le nouveau pont était à la fois solide et léger, fonctionnel et beau.

Bien sûr ils eurent des orages, l'amour naissant est l'amour fort

Mille fois il prit son bagage, mille fois elle prit son envol

Un soir, alors que la pleine lune se reflétait dans l'étang unifié, Mei Yin dit : Je comprends maintenant...

La déconstruction n'est pas une fin, mais un outil. Comme on nettoie la mousse d'une statue pour en révéler la forme véritable.

Li Yang ajouta :  et la reconnaissance des différences n'est pas un jugement de valeur. Comme le pin et l'orchidée, l'un ne vaut pas mieux que l'autre, ils sont différents, et le jardin a besoin des deux.

Leur amour naquit donc de cette réalisation.

Ils ne s'aimaient pas malgré leurs polarités, ni en les niant, mais à travers elles, se fâchant même parfois devant l'incongruité de leur doublure...

Sa capacité à tracer des frontières claires rencontrait son art de les rendre perméables. Sa force de stabiliser rencontrait sa grâce de fluidifier. Sa direction rencontrait son intuition.

Le vieux moine du monastère les visita un jour. Il les regarda travailler ensemble au jardin, puis sourit.

Vous avez compris ce que beaucoup d'érudits oublient, dit-il.

Le Tao produit un, un produit deux, deux produit dix-mille êtres. Mais les dix-mille retournent au Un. Vous n'avez pas confondu égalité avec identité.

Dans leur jardin désormais restauré, les visiteurs pouvaient voir la vérité simple : l'eau de la source vive et celle de la source sinueuse conservaient leurs natures propres jusqu'à l'étang commun, où elles se mêlaient enfin librement, chacune contribuant à la profondeur et à la clarté du tout.

Li Yang et Mei Yin avaient découvert que l'équilibre véritable n'annule pas les pôle, il naît de leur dialogue respectueux.

Comme le yin et le yang, leurs différences n'étaient pas des murs, mais les deux rives d'une même rivière, permettant à l'eau de la vie de couler.

 

Modifié hier à 06:48 par zenalpha

Le 29/11/2025 à 11:06, Plouj a dit :

J'ai envie de rebondir sur une phrase de "notre philosophe",  @zenalpha

N'y a-t-il que des expressions en langue anglaise pour ce genre de discussion ? 

Eh ! Eh ! C'est quand même une réalité que la langue anglaise n'a pas de marque particulière pour distinguer le masculin du féminin...

cette incertitude vient peut-être de là ? 

C'est un cas rare ! (à graver dans le marbre ! )

 Et pour aller plus loin, en arabe il me semble bien que même les conjugaisons sont différentes suivant que l'on est un homme ou une femme...

Il ne marchent même pas de la même manière :  Un homme yamshi et une femme tamshi ! 

Modifié hier à 08:10 par Engardin

il y a une heure, Engardin a dit :

C'est un cas rare ! (à graver dans le marbre ! )

Joli !  Stuc alors ! 

il y a une heure, Engardin a dit :

Et pour aller plus loin, en arabe il me semble bien que même les conjugaisons sont différentes suivant que l'on est un homme ou une femme...

Tout à fait, des prénoms pour garçon et fille, entre autres :  anta, anti (unta, unti selon l'accent)

il y a une heure, Engardin a dit :

Eh ! Eh ! C'est quand même une réalité que la langue anglaise n'a pas de marque particulière pour distinguer le masculin du féminin...

Les pronoms sont pourtant clairs et plus précis 

Masculin he, féminin, she, neutre it (inconnu chez nous) même si il existe quelques exceptions .. 

 

il y a une heure, Plouj a dit :

Joli !  Stuc alors ! 

Tout à fait, des prénoms pour garçon et fille, entre autres :  anta, anti (unta, unti selon l'accent)

Les pronoms sont pourtant clairs et plus précis 

Masculin he, féminin, she, neutre it (inconnu chez nous) même si il existe quelques exceptions .. 

 

C'est vrai ! les anglais ne sont pas TOTALEMENT INVERTIS !  

il y a 1 minute, Engardin a dit :

C'est vrai ! les anglais ne sont pas TOTALEMENT INVERTIS !  

Mais pourquoi le seraient-ils plus qu'ailleurs ? 

il y a 3 minutes, Plouj a dit :

Mais pourquoi le seraient-ils plus qu'ailleurs ? 

C'est cette absence de marque d'accord au féminin qui me trouble ! 

(je dis ça, je blague -un peu-) Et le français qui le marque avec un "e" MUET est sur ... LA MAUVAISE PENTE !  

il y a 1 minute, Engardin a dit :

C'est cette absence de marque d'accord au féminin qui me trouble ! 

On pourrait penser l'inverse, que cet accord soit manquant au masculin... 

il y a 3 minutes, Engardin a dit :

(je dis ça, je blague -un peu-)

Et c'est bien !

il y a 3 minutes, Engardin a dit :

Et le français qui le marque avec un "e" MUET est sur ... LA MAUVAISE PENTE !  

Notre langue permet surtout d'en tirer beaucoup d'humour, par exemple : 

LA pluie, LA neige, LA grêle, LA tempête, tout ça, c'est pour vous les FEMMES!
Nous, les hommes, c'est LE soleil, LE beau temps, LE printemps, LE paradis! 

il y a 5 minutes, Plouj a dit :

On pourrait penser l'inverse, que cet accord soit manquant au masculin... 

Et c'est bien !

Notre langue permet surtout d'en tirer beaucoup d'humour, par exemple : 

LA pluie, LA neige, LA grêle, LA tempête, tout ça, c'est pour vous les FEMMES!
Nous, les hommes, c'est LE soleil, LE beau temps, LE printemps, LE paradis! 

Et la table, la chaise et le banc; le tabouret ! 

il y a 7 minutes, Engardin a dit :

Et la table, la chaise et le banc; le tabouret ! 

Euh ! Ben on s’assoit dessus ! 

il y a 2 minutes, Plouj a dit :

Euh ! Ben on s’assoit dessus ! 

  Excellent ! 

Est-il possible de déconstruire @Engardin?

il y a 23 minutes, Plouj a dit :

On pourrait penser l'inverse, que cet accord soit manquant au masculin... 

 

J'avais pas réalisé : ça aggrave leur cas !

 

il y a 2 minutes, Flower00 a dit :

Est-il possible de déconstruire @Engardin?

Tu parles ! Je suis même pas fini ! 

il y a 7 minutes, Flower00 a dit :

Est-il possible de déconstruire @Engardin?

The problème is : est-ce un compliment ou une critique ? 

 

il y a 12 minutes, Engardin a dit :

Tu parles ! Je suis même pas fini ! 

Mais as-tu conscience de tes privilèges d'homme. ?

il y a 7 minutes, Engardin a dit :

The problème is : est-ce un compliment ou une critique ? 

C'est une question simplement

Et pourquoi vouloir déconstruit un homme qui s'amuse avec les mots?

 

il y a une heure, Plouj a dit :

Notre langue permet surtout d'en tirer beaucoup d'humour, par exemple : 

LA pluie, LA neige, LA grêle, LA tempête, tout ça, c'est pour vous les FEMMES!
Nous, les hommes, c'est LE soleil, LE beau temps, LE printemps, LE paradis! 

Ça n'avait rien d'humoristique lorsque l'hystérie couvrait un champ lexical féminin. Était ce un heritage religieux, je ne saurais dire.

Peut-être @tison2feu pourrait il nous éclairer ?

Modifié il y a 22 heures par Globure
orthographe

il y a 44 minutes, lysiev a dit :

Et pourquoi vouloir déconstruit un homme qui s'amuse avec les mots?

 

Merci ! Tu me fais vraiment plaisir, là ! 

 

il y a 35 minutes, Globure a dit :

Ça n'avait rien d'humoristique lorsque l'hystérie couvrait un champ lexical féminin. Était ce un heritage religieux, je ne saurais dire.

Peut-être @tison2feu pourrait il nous éclairer ?

J'essaie de vivre avec mon temps et non de revenir au moyen-âge. De trouver un responsable d'avant. 

Regardons plutôt les progrès effectués avec l'aide de toutes et tous. Celles et ceux qui se battent pour améliorer et maintenir des conditions de vie plus agréables ensemble.

 

il y a une heure, Flower00 a dit :

 

Mais as-tu conscience de tes privilèges d'homme. ?

'Scuse ! je suis allé manger !

 Une excellente ratatouille ! (Je crois bien que la ratatouille -quand elle est bonne- c'est une des meilleures choses du monde !)

Et elle me donne matière à te répondre... je parle de la... RATATOUILLE !

 J'en suis resté à une conception simple voire simpliste du partage des tâches...

La ratatouille par exemple : Exceptionnelle  ! C'est ma femme qui l'a cuisinée ! Et elle l'a cuite dans le poêlon que j'ai fait moi et mangée dans les assiettes que j'ai faites moi aussi... Chacun fait ce qu'il sait faire le mieux !

Je pourrais même rajouter que les poivrons, les tomates et les aubergines, pour la ratatouille, c'est mon fils qui les a cultivées...

Je sais : on vit hors du monde... 

Modifié il y a 22 heures par Engardin

Après une vie de philosophie, j'ai compris que pisser debout est un privilège qui nous a obligé à garder les pieds sur terre tout en essayant de pisser loin.

Et on ne peut pas s'en laver les mains.