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Les entités permettant la fraude scientifique à grande échelle sont puissantes, résilientes et en plein essor ...

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Totologik

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Membre, 39ans Posté(e)
Totologik Membre 332 messages
Forumeur accro‚ 39ans‚
Posté(e)

... ou comment continuer à défendre la rigueur et l’intégrité lorsque l’intégrité même de notre savoir scientifique est menacée par des pratiques de plus en plus répandues et insidieuses ?

L'article ci-dessous montre à quel point la qualité de la publication scientifique en général s'est détériorée ces dernières décennies du fait d'une fraude systémique en croissance exponentielle. L'article le formule en ces termes (traduction automatique) : La fraude scientifique se développe beaucoup plus rapidement que l'entreprise scientifique dans son ensemble.

https://www.pnas.org/doi/10.1073/pnas.2420092122 (en anglais uniquement)

Résumé (traduction automatique)

La science se caractérise par la collaboration et la coopération, mais aussi par l'incertitude, la compétition et les inégalités.  S'il y a toujours eu une certaine inquiétude quant au fait que ces pressions pourraient pousser certains à dévier de l'éthique de la recherche scientifique – c'est-à-dire à ne pas contribuer véritablement à la production de connaissances ou à la formation d'une main-d'œuvre experte – l'attention s'est principalement portée sur les actions d'individus isolés.  Récemment, cependant, les signalements d'activités frauduleuses scientifiques coordonnées ont augmenté.  Certains suggèrent que la facilité de communication offerte par internet et la publication en accès ouvert ont créé les conditions propices à l'émergence d'entités – les "paper mills" (c'est-à-dire les vendeurs de recherches fabriquées en masse, de faible qualité et falsifiées), les intermédiaires (c'est-à-dire les intermédiaires entre les producteurs et les éditeurs de recherches frauduleuses), les revues prédatrices, qui ne procèdent à aucun contrôle de qualité des soumissions – qui facilitent la fraude scientifique systématique.  Ici, nous démontrons par des études de cas que
 1) des individus ont coopéré pour publier des articles qui ont finalement été retirés de plusieurs revues,
 2) des intermédiaires ont permis la publication à grande échelle dans des revues ciblées, et
 3) au sein d'un domaine scientifique, toutes les sous-disciplines ne sont pas également ciblées par la fraude scientifique.
Nos résultats révèlent certaines des stratégies qui permettent aux entités promouvant la fraude scientifique d'échapper aux interventions. Notre analyse finale suggère que cette capacité à échapper aux interventions permet au nombre de publications frauduleuses de croître à un rythme bien supérieur à celui de la science légitime.

Quelques mots sur la méthode d'étude

L'étude se base sur des données statistiques, sur des dizaines de milliers de publications entre ~2000 et 2022, impliquant des centaines d'éditeurs et de journaux. L'article s'intéresse également aux auteurs et à leurs affiliations, et pays d'origine. Plusieurs aspects sont étudiés pour qualifier une publication de "suspecte" :

  • La publication a été rétractée - généralement : fraude, fausses données, plagiat avéré ...
  • La publication a reçu des commentaires négatifs, conduisant souvent (mais pas toujours) à la rétractation (voir ci-dessus)
  • La publication contient une ou plusieurs image dupliquée, provenant d'articles déjà publiés, permettant d'émettre un doute quant à l'originalité voire à l'honnêteté de l'étude
  • La publication contient un taux anormalement élevé de phrases "alambiquées" (souvent le signe de mauvaise qualité - remplir les pages par du contenu sans intérêt)

Dans les très grandes lignes, la méthode consiste à établir le ratio entre le nombre de publications "suspectes" (vérifiant l'un des critères énumérés ci-dessus) et de relever, selon l'éditeur, les affiliations, lesquels ont un taux de publication d'articles rétractés "trop supérieur" à ce que le pur hasard devrait donner.

Résultats (en très bref)

L'article identifie ensuite ce qu'il appelle les "paper mills" - ceux qui fabriquent massivement de la fausse information voire corrompent des éditeurs en influençant leur processus éditorial. Il démontre la collusion entre des revues, des éditeurs et auteurs et l'aspect systémique du phénomène. L'existence de réseaux frauduleux est démontrée par le fait que :

  • De plus en plus de  journaux / éditeurs ont un taux anormalement élevé de publications "suspectes" (au sens évoqué plus haut) mais publiées
  • Réciproquement, de plus en plus d'entités / auteurs ont une tendance forte à cibler des journaux jugées "suspects" - la majorité de leurs publications étant adressées à ceux-ci pour maximiser leurs chances d'être publiés.

Puis il identifie le procédé de "journal hopping". Un journal ayant tendance à publier de la fraude finit par se faire pincer et disparaît (deindexing). Cependant, un autre apparaît subitement, puis son nombre de publications augmente tout aussi subitement, laissant entendre l'existence préalable d'une entente entre organisations / auteurs et journaux. L'article montre que cette tendance est en augmentation, et évoque l'exemple de l'ARDA dont le taux de journal désindexé est de 33% (très anormalement haut) et qui contient beaucoup trop de journaux dont le thème des publications n'a rien à voir avec la thématique du journal lui-même.

Discussion

Cette tendance à la fraude serait due à :

  • Compétition féroce, et fonds limités.
  • Inégalités et perception d'injustice - certains laboratoires, voire pays sont bien mieux pourvus que d'autres.
  • Des mesures punitives insuffisantes. Dans les faits, peu d'articles suspects sont effectivement rétractés, et les articles reconnus comme frauduleux a posteriori sont rarement retirés du circuit.

Cependant, cette fraude n'est pas limitée aux pays émergents. C'est mondial et très présent en UE et aux USA.

Solutions potentielles

  • Séparer les tâches : détection, l'investigation et sanction
  • Éviter les conflits d'intérêt des institution de recherches et des rédacteurs de revue
  • Augmenter les ressources (humaines et matérielles)
  • Développer un vocabulaire unifié pour mieux caractériser la fraude
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Membre, Posté(e)
zebusoif Membre 19 504 messages
Maitre des forums‚
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Il y a 8 heures, Totologik a dit :

Éviter les conflits d'intérêt des institution de recherches et des rédacteurs de revue

Il me semble que c’était le cas pour l’équipe de Raoult 

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Membre, Posté(e)
zebusoif Membre 19 504 messages
Maitre des forums‚
Posté(e)

Ce qui permettrait de régler tout ça : retour aux sciences appliquées : le critère étant si ça marche ou pas, exit le peer review qui apparemment ne marche plus tellement les sujets sont spécialisés.

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Membre, 39ans Posté(e)
timot-33 Membre 2 053 messages
Maitre des forums‚ 39ans‚
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il y a 19 minutes, zebusoif a dit :

Ce qui permettrait de régler tout ça : retour aux sciences appliquées : le critère étant si ça marche ou pas, exit le peer review qui apparemment ne marche plus tellement les sujets sont spécialisés.

Oui, ou changer de modèles économiques et politiques.

Mais là... nous atteignons les sommets de l'impensable !

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Membre, 74ans Posté(e)
Morfou Membre 63 110 messages
Maitre des forums‚ 74ans‚
Posté(e)
Il y a 11 heures, Totologik a dit :

... ou comment continuer à défendre la rigueur et l’intégrité lorsque l’intégrité même de notre savoir scientifique est menacée par des pratiques de plus en plus répandues et insidieuses ?

L'article ci-dessous montre à quel point la qualité de la publication scientifique en général s'est détériorée ces dernières décennies du fait d'une fraude systémique en croissance exponentielle. L'article le formule en ces termes (traduction automatique) : La fraude scientifique se développe beaucoup plus rapidement que l'entreprise scientifique dans son ensemble.

https://www.pnas.org/doi/10.1073/pnas.2420092122 (en anglais uniquement)

Résumé (traduction automatique)

La science se caractérise par la collaboration et la coopération, mais aussi par l'incertitude, la compétition et les inégalités.  S'il y a toujours eu une certaine inquiétude quant au fait que ces pressions pourraient pousser certains à dévier de l'éthique de la recherche scientifique – c'est-à-dire à ne pas contribuer véritablement à la production de connaissances ou à la formation d'une main-d'œuvre experte – l'attention s'est principalement portée sur les actions d'individus isolés.  Récemment, cependant, les signalements d'activités frauduleuses scientifiques coordonnées ont augmenté.  Certains suggèrent que la facilité de communication offerte par internet et la publication en accès ouvert ont créé les conditions propices à l'émergence d'entités – les "paper mills" (c'est-à-dire les vendeurs de recherches fabriquées en masse, de faible qualité et falsifiées), les intermédiaires (c'est-à-dire les intermédiaires entre les producteurs et les éditeurs de recherches frauduleuses), les revues prédatrices, qui ne procèdent à aucun contrôle de qualité des soumissions – qui facilitent la fraude scientifique systématique.  Ici, nous démontrons par des études de cas que
 1) des individus ont coopéré pour publier des articles qui ont finalement été retirés de plusieurs revues,
 2) des intermédiaires ont permis la publication à grande échelle dans des revues ciblées, et
 3) au sein d'un domaine scientifique, toutes les sous-disciplines ne sont pas également ciblées par la fraude scientifique.
Nos résultats révèlent certaines des stratégies qui permettent aux entités promouvant la fraude scientifique d'échapper aux interventions. Notre analyse finale suggère que cette capacité à échapper aux interventions permet au nombre de publications frauduleuses de croître à un rythme bien supérieur à celui de la science légitime.

Quelques mots sur la méthode d'étude

L'étude se base sur des données statistiques, sur des dizaines de milliers de publications entre ~2000 et 2022, impliquant des centaines d'éditeurs et de journaux. L'article s'intéresse également aux auteurs et à leurs affiliations, et pays d'origine. Plusieurs aspects sont étudiés pour qualifier une publication de "suspecte" :

  • La publication a été rétractée - généralement : fraude, fausses données, plagiat avéré ...
  • La publication a reçu des commentaires négatifs, conduisant souvent (mais pas toujours) à la rétractation (voir ci-dessus)
  • La publication contient une ou plusieurs image dupliquée, provenant d'articles déjà publiés, permettant d'émettre un doute quant à l'originalité voire à l'honnêteté de l'étude
  • La publication contient un taux anormalement élevé de phrases "alambiquées" (souvent le signe de mauvaise qualité - remplir les pages par du contenu sans intérêt)

Dans les très grandes lignes, la méthode consiste à établir le ratio entre le nombre de publications "suspectes" (vérifiant l'un des critères énumérés ci-dessus) et de relever, selon l'éditeur, les affiliations, lesquels ont un taux de publication d'articles rétractés "trop supérieur" à ce que le pur hasard devrait donner.

Résultats (en très bref)

L'article identifie ensuite ce qu'il appelle les "paper mills" - ceux qui fabriquent massivement de la fausse information voire corrompent des éditeurs en influençant leur processus éditorial. Il démontre la collusion entre des revues, des éditeurs et auteurs et l'aspect systémique du phénomène. L'existence de réseaux frauduleux est démontrée par le fait que :

  • De plus en plus de  journaux / éditeurs ont un taux anormalement élevé de publications "suspectes" (au sens évoqué plus haut) mais publiées
  • Réciproquement, de plus en plus d'entités / auteurs ont une tendance forte à cibler des journaux jugées "suspects" - la majorité de leurs publications étant adressées à ceux-ci pour maximiser leurs chances d'être publiés.

Puis il identifie le procédé de "journal hopping". Un journal ayant tendance à publier de la fraude finit par se faire pincer et disparaît (deindexing). Cependant, un autre apparaît subitement, puis son nombre de publications augmente tout aussi subitement, laissant entendre l'existence préalable d'une entente entre organisations / auteurs et journaux. L'article montre que cette tendance est en augmentation, et évoque l'exemple de l'ARDA dont le taux de journal désindexé est de 33% (très anormalement haut) et qui contient beaucoup trop de journaux dont le thème des publications n'a rien à voir avec la thématique du journal lui-même.

Discussion

Cette tendance à la fraude serait due à :

  • Compétition féroce, et fonds limités.
  • Inégalités et perception d'injustice - certains laboratoires, voire pays sont bien mieux pourvus que d'autres.
  • Des mesures punitives insuffisantes. Dans les faits, peu d'articles suspects sont effectivement rétractés, et les articles reconnus comme frauduleux a posteriori sont rarement retirés du circuit.

Cependant, cette fraude n'est pas limitée aux pays émergents. C'est mondial et très présent en UE et aux USA.

Solutions potentielles

  • Séparer les tâches : détection, l'investigation et sanction
  • Éviter les conflits d'intérêt des institution de recherches et des rédacteurs de revue
  • Augmenter les ressources (humaines et matérielles)
  • Développer un vocabulaire unifié pour mieux caractériser la fraude

Ca n'a rien de nouveau, c'est juste plus facile avec internet...ce qui rejoint ce que j'en dit, d'internet, sur un autre fil!

 

il y a 32 minutes, zebusoif a dit :

Ce qui permettrait de régler tout ça : retour aux sciences appliquées : le critère étant si ça marche ou pas, exit le peer review qui apparemment ne marche plus tellement les sujets sont spécialisés.

Et surtout arrêter la vulgarisation de ce qui doit rester dans un circuit de pros et donc moins en prise avec les défauts de ce qu'elle  amène...c'est tellement facile avec touts ces petits malins du net!

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