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konvicted

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Billets posté(e)s par konvicted

  1. konvicted
    Bon, c'est mon 101e billet donc j'ai décidé de faire du racolage à l'aide de bébés dalmatiens :









    Les miroirs déformants




    Il y a le miroir rikiki


    De la nana qui se remaquille,


    Et le matin quand elle s'habille


    Elle en a un de son acabit.




    Il y a le miroir déformant


    De cette anorexique en surpoids


    Mais ma catapulte à petits pois


    En est aussi un, moins déprimant.




    Il y a le miroir convexe et


    Celui qui tient à nous vexer,


    Et il y a le miroir concave 1


    Que l'astronome met... au grenier.




    Il y a le miroir que tu lèches,


    Une glace à la fraise, siouplait !


    À l'instar du miroir de la dèche,


    Quand la vitrine hors de prix te plaît.




    Il y a le miroir poussiéreux,


    Comme écran propre, on peut faire mieux,


    Et le miroir qu'on croit abîmé,


    Mais en fait l'ordi est allumé.




    Il y a le miroir de Magritte 2


    Qui semble avoir des yeux dans le dos


    Et y'a le miroir de l'albédo


    Sous l'œil du climato émérite.




    Il y a le miroir de Vénus,


    L'en met plein les yeux, pas les sinus,


    Et puis y'a le miroir de Narcisse,


    Mêm' les eaux qui dorment réfléchissent.




    Il y a le miroir bien mystique


    De la reine au charme périmé


    Mais le miroir vraiment fantastique


    Brille dans les yeux de l'être aimé.




    1 Les miroirs concaves sont utilisés notamment dans les télescopes.


    2 Référence au tableau de Magritte La Reproduction interdite :






    N'hésitez pas à répondre au sondage qui est anonyme au demeurant.


  2. konvicted
    Pour mon centième billet, je me suis dit que j'allais faire quelque chose de spécial. Puis, je me suis rappelé que j'avais la flemmite aiguë alors tant pis.





    Je suis un chat !




    Je cours les souris d'enrobés ministres


    De la justice 1 ; chuis certes greffier


    Mais c'est pas de moi qu'il faut se méfier,


    Mon taux de capture est des plus sinistres.




    Je cours les souris dès potron-minet


    En m'arrangeant pour pas les rattraper,


    L'idée d'en prendre un me faisant flipper ;


    Les gars m'appellent le poltron minet.




    Je cours les souris car je suis un chat,


    Chat à pantoufles, tout le mond' me dit


    Peut-être miné, sûrement pacha.




    Je cours les souris mais pas le lundi,


    M'ennuie ce jour-là comme un rat crevé


    Sûr ainsi que rien ne peut m'arriver 2 ;


    Chuis un chat, pardi !




    1 Référence à Brassens dans Le Nombril des femmes d'agent :


    "Mon père a vu comm' je vous vois


    Des nombrils de femm's de gendarmes,


    Mon frère a goûté plus d'un' fois


    D' ceux des femm's d'inspecteurs, les charmes...


    Mon fils vit le nombril d' la souris


    D'un ministre de la justice...


    Et moi, j' n'ai même pas vu l' nombril


    D' la femm' d'un agent de police..."


    2 Référence à Garfield qui n'aime pas les lundis parce qu'il lui y arrive souvent des tuiles ces jours-là.


  3. konvicted
    Autodestruction




    Chaque jour, je ne peux faire sans ma ration


    De pensées morbides, c'est facile à bitter,


    Ma vie sentimentale est aussi habitée


    Que Krypton l'est depuis sa désintégration.


    Alors que je m'apprête à rejoindre le fond


    Des abysses sombres de cette solitude,


    Le téléthon voudrait de ma sollicitude,


    Me sachant pathétique à en lever des fonds


    Mais je dis non merci au misérabilisme 1,


    La pitié restera le soin des incapables ;


    De toute manière, je suis le seul coupable


    De mon enfermement con dans mon nombrilisme.




    Je fais mon propre mal, suis mon pire ennemi 2,


    Me réservant le droit de causer mon malheur


    Comme si j'aimais m'infliger la douleur,


    L'automutilation augure l'accalmie.


    La peur de l'échec 3 m'est tellement viscérale,


    Séduire relève de la science-fiction,


    Dès lors que je subis une énucléation,


    J'attends que l'amour pass' comme un rhume viral.


    Je n'ai rien d'autre que la lâcheté pour mors,


    Ma fatalité c'est le besoin d'éviter


    De me chier dessus avant d'être édenté,


    Ma seule aspiration dans la vie, c'est la mort.




    Je trouve en l'attendant un ersatz de quiétude


    En m'occupant l'esprit de manière futile,


    J'étais mûr trop jeune, je deviens infantile,


    Oisif, inconséquent, tant pis pour mes études.


    J'en ai rien à foutre de ce que l'avenir


    Peut bien me réserver, je veux récupérer


    Mon enfance perdue et arrêter d'errer


    Dans ce présent odieux qui ne veut pas finir.


    Un par un mes espoirs ont tous fini sous l'eau,


    Désormais pour ne plus redouter un déluge,


    J'entends ne rien prévoir d'autre que de la luge


    Sur la pyramide des besoins de Maslow 4.




    Même en voulant revoir le marchand de sable et


    Retourner à l'âge des petites voitures,


    Je laisse les lego moisir sous la toiture,


    Envie de déglinguer, surtout pas d'assembler.


    Si la vie est un jeu, j'en suis déjà lassé,


    Je la trouve cruelle et ennuyante à souhait,


    En gosse capricieux, exige un autre jouet,


    Sinon, je m'asphyxie, me pends à mes lacets,


    Me jette à la mer ou teste la conduction


    De l'électricité de ma langue à la prise,


    Ma mort ne serait pas vraiment une méprise,


    Ma vie se résumant à l'autodestruction.




    1 Le misérabilisme du téléthon, vu par Jérémy Ferrari :





    2 ♫ Stuck in my head again,


    Feels like I'll never leave this place,


    There's no escape,


    I'm my own worst enemy. ♫


    Linkin Park, Given up


    3 Je ne peux pas ne pas citer Peur de l'échec d'Orelsan qui m'a donné envie d'écrire ce poème.




    4 Je ne vais pas m'amuser à expliquer ce qu'est la pyramide des besoins de Maslow sachant que
    ce lien pour l'article de wikipedia le fera très bien. Je n'en connaîtrais pas l'existence sans Si seul d'Orelsan :



  4. konvicted
    Le coût de l'autonomie




    Avec Roger Taylor derrière un' batterie,


    Brian May au synthé, John Deacon à la basse


    Et Whirlpool* au tambour, tout le groupe est en place,


    Prêt à porter la voix de Freddie Mercury ;


    Un vrai concert de rock dans cette laverie


    Où chaque mois je perds deux samedis matin


    En pensant : "chez mes vieux, je serais en patins",


    En écoutant en boucle : "Oh, I want to break free".




    J'ai les cartes en main , j'y crois dur comme fer


    Donc sans plus attendre, me jett' sur la poignée,


    Si je fais pli sur pli, c'est pourtant pas gagné,


    J'en froisse la plupart mais ce sont mes affaires ;


    Les fringues défilent, c'est comme au strip poker


    Mais y'a pas un ami à moi dans les parages,


    Je suis seul comme un chien, foirant mon repassage


    Et bousillant mon fer avec une eau calcaire.




    C'est le jour des courses, face au choix effarant,


    Je vais faire saigner ma carte de crédit,


    Mon budget égale la taille du caddie,


    Mon autonomie coûte cher, très cher à mes parents.




    * Pour prouver que ceci n'est pas un placement de produit, je vais citer deux autres marques : Bosch et Daewoo.


  5. konvicted
    Crève-moi les yeux




    Seul manutentionnaire à la prod des usines


    À testérone tournant suite au décret


    Les sommant de croire dégommer Mélusine*


    Même le samedi et malgré son secret,


    J'entends bien finir sourd car habitué à


    Commander l'endorphine à la main trop souvent


    Depuis que ma morale a quitté le couvent


    Avec l'ambition de s'infecter le méat.




    Ça m'est déjà kif-kif, onirisme, onanisme,


    Sauf quand ma fantaisie a chopé une otite,


    Et c'est mon pied gauche qui souffre de nanisme


    Lorsque ma main droite se fait toute petite ;


    Les gens cons et narquois me traitent de branleur


    Ignorant que je meurs de n'avoir rien à foutre,


    Avec l'équilibre mental sur une poutre


    Branlante et à l'aplomb d'un gouffre de douleur.




    Reconstruis mes tympans et crève-moi les yeux


    M'empalant jusqu'au cœur, mais apprends-moi le braille


    Sur tes aréoles, je demande pas mieux


    Que de débourser pour payer les funérailles


    De la solitude qui me ruine un poignet


    Tandis que l'autre craint de finir entaillé,


    Et il a bien raison, j'en ai fini, ça y-est,


    Je préfère être mort que pas accompagné.






    (Je n'ai pas trouvé de smiley qui s'ouvre les veines.)




    * Mélusine est une fée qui devient à moitié serpente le samedi.


  6. konvicted
    Hiversatile




    Son sol s'est revêtu d'un manteau des plus beaux ;


    Fier comme il est, têtu, il l'a pris couleur chaux,


    Certain de battre ainsi d'avance les rais chauds


    De Râ qui s'évertue, ce faucon, vrai corbeau,


    À le déshabiller.




    Mais au fur que le temps s'enfuit, les météos


    Ne se ressemblent pas et Râ passe bientôt


    Le relais au dieu Min qui rouille les métaux


    À coup de déluges et qui de son fléau


    Ferait fondre l'Arctique.




    Maintenant mis à nu, percé à jour, mon cœur


    Se sent décapité, son sang de miel affleure


    Et coule à mesure qu'il pulse car la fleur


    Enviée l'a transpercé ; l'effusion de liqueur


    Fait rougir jusqu'à l'herbe.




    Mais la rose hors de vue, très vite la froideur


    Défait ses valises et voilà que la peur


    De connaître à nouveau l'ennui de la torpeur


    S'installe et à raison, sa fulgurante ardeur


    Étant morte dans l'œuf.


  7. konvicted
    Je m'appelle Juste Leblanc




    Dur de choisir un prénom parmi ceux qu'existent,


    Pour pas se casser le cul, mes vieux égoïstes


    Ont tiré des lettr's au pif dans un jeu de Scrabble,


    Essayé de composer un prénom probable.




    On me fait me répéter quand je me présente,


    Les gens croient que je me plante ou que je plaisante


    Avançant et à raison : "c'est pas un prénom"


    Et du coup, je leur réponds : "non, bien sûr que non,


    En réalité, je m'appelle Juste Leblanc".


  8. konvicted
    Voilà ce que ça me fait quand j'écoute Orelsan (notamment
    Des trous dans la tête, et ) en boucle :



    Adulescence




    J'approche les gonzesses que sous cocaïne


    Et quand j'ouvre la bouche, pas un mot ne vient


    Comme si j'avais sniffé de la vraie farine


    Donc je détale en courant comme un vrai vaurien ;


    Si jamais une donzelle ose m'aborder,


    Je lui demande à combien elle fait la pipe


    Ou dis que sa caméra est très bien fardée


    Mais qu'elle essaie sa blague sur un autre type.




    "Et va te faire, connasse !"




    Je suis tellement actif que mon alibi


    Pour l'indue disparition des menstruations


    De ma voisine atteinte de trypophobie


    Laissant le premier con vu lui combler l'oignon


    Et lui semer sa graine de gland en forêt,


    C'est l'historique des films de boules matés


    Rien qu'avec ma paluche droite pour pleurer


    Pendant que je l'entendais se faire sauter.




    Mais bon ça, c'était avant...




    Fini d'être romantique et spirituel,


    Je me défonce la tête aux spiritueux


    Vu que la satisfaction est perpétuelle


    Quand les ballons tournent aux cercles vertueux ;


    La nuit est un éternel recommencement,


    Je fais le tour des boîtes afin d'embourber


    La première schneck qui donne un consentement


    Ou l'oublie dans un whisky tout juste gerbé.




    Tiens, en parlant de gerber...




    Je rends plus de galettes qu'une femme enceinte


    D'ailleurs, j'en ai sûrement engrossé certaines,


    La capote est pas toujours sûre sous absinthe,


    Mais dès l'engin hors de leur cavité pelvienne,


    Je sors aussi de leur vie et les perds de vue ;


    Et je suis irresponsable et con par essence,


    Je ne reconnaîtrais pas un gosse imprévu,


    V'là seulement que j'entre dans l'adulescence.


  9. konvicted
    Premier pas sur la Lune




    Ce n'est pas bien planant d'avoir les pieds sur terre,


    Je ne vise plus que la Lune désormais,


    J'ai déjà expédié ma chère cafetière,


    La faisant surchauffer, j'espère et me promets


    Qu'une idée va fuser




    Pour que mes pieds suivent et atteignent la blonde


    Lumière rayonnant au zénith de ma folle


    Envie voire illusion que prochainement l'onde


    Voyage à double sens et que le propofol


    Qui me garde sous coupe




    Soit dilué tout en préservant le frisson


    Dans de l'eau de rose, quand finalement sages


    Mon cœur et ma raison chantent à l'unisson


    Pour que j'aie du succès dans mon alunissage


    Et avant ça, ne commette




    Pas un autre délit de fuite sous l'empire


    De la crainte absurde de me brûler le zèle


    À trop mirer Hélios, quand tournant au vampire,


    Je rejoins ma grotte, me replie dans mes ailes


    Car l'amygdale* y sonne




    Rarement d'alertes. Je ne peux être sûr


    De voir en titre de mon actualité :


    "Un grand pas pour l'homme mais un petit pas sur


    La trop sale gueule de sa timidité",


    Je veux pourtant croire découvrir à la une :


    "Premier pas sur la Lune".




    * L'amygdale est une région du cerveau impliquée notamment dans les mécanismes de la peur.


  10. konvicted
    Que veux-tu que je te dise ?




    Non satisfaite de m'accuser de couardise,


    Tu me reproches de ne pas m'être excusé,


    D'être indifférent au mal que je t'ai causé ;


    Mais raconte-moi, que veux-tu que je te dise ?




    Les mea culpa, je pourrais m'y adonner


    Mais suffirait-il d'en faire voir la couleur,


    En dosant mes mots comme des anti-douleurs,


    Pour que tu puisses franchement me pardonner ?




    "Je ne t'aime plus, t'en informe avec franchise


    Et avec l'espoir de plus jamais te revoir,


    T'ai cru différent mais ce n'était qu'illusoire" ;


    Voilà tout ce je voudrais que tu me dises.




    Je dois pour ton bien lâcher prise, abandonner


    Et te souhaiter de trouver meilleur que moi,


    Ça devrait t'être des plus faciles, je crois ;


    Car je ne pourrai jamais me le pardonner,


    De t'avoir trompée avec plus moche que toi.


  11. konvicted
    Le titre fait référence, en en étant une contrepèterie, à une chanson d'un grand moustachu de la chanson française dont je vous laisse deviner le nom sachant qu'il a cassé sa pipe, même s'il n'en fumait pas à ma connaissance, en 2010 et qu'on en retient La femme est l'avenir de l'homme, C'est beau la vie mais encore bien d'autres non-sens.
    En dehors de ça, le poème n'a rien à voir avec Jean Ferrat.


    Errer à perdre la maison




    Fermer la porte pour de bon


    Et puis fuguer comme un ado


    Sans rien d'autre qu'un sac à dos,


    Divaguer comme un vagabond.




    Choisir de renoncer incon-


    Sidérément à son boulot,


    Prétendre à prendre du goulot


    Mais depuis un autre flacon.




    Quitter parents, amis, félins,


    Oublier jusqu'au mot liaison,


    Seul au monde tel l'orphelin.




    Quitter contre toute raison


    Sa vie, son job, son patelin,


    Errer à perdre la maison.


  12. konvicted
    C'est quoi l'amour ?




    Dites-moi que l'amour n'est autre qu'égoïste,


    Ce n'est que pour mieux s'aimer qu'on s'éprend d'autrui ;


    Je veux croire que le cœur ne se montre altruiste


    Qu'afin qu'on ne préfère pas un autre fruit


    Que sa pomme, que sa pomme.




    Avouez-moi que l'amour ne peut pas durer,


    Que dès lors qu'on le connaît, il est ennuyeux ;


    Je veux croire que le cœur ne peut endurer


    Plus que le temps d'un clin d'œil de battre pour deux,


    Même pour deux balconnets.




    Sinon, se pourrait-il qu'il me soit inconnu ?


    Je me serais fourvoyé, ne portant aux nues


    Rien que des ersatz d'amours.




    Confirmez-moi qu'il n'y a pas d'amour heureux,


    Qu'il m'est légitime de m'estimer heureux


    D'en être encore exempté.


  13. konvicted
    Cœur d'artichaut




    Peut-être qu'il me trouve être une bonne pomme


    Quand il tâte de son arc pour la viser tel


    Que ferait à l'arbalète un Guillaume Tell ;


    Quoi qu'il en soit, Cupidon, ce vil semblant d'homme


    Par son manque d'adresse n'atteint que mon cœur


    Et comme un mauvais perdant finira vainqueur


    Ou pas du tout, j'en ai peur.




    Pointant dans la direction d'une demoiselle


    Délicieuse s'il en est, le tout premier trait


    Au mur de ma mémoire cloua son portrait ;


    Mais lorsque la malheureuse avec bien du zèle


    Me soulagea de la flèche en travers du tronc,


    Elle sortit de ma vie et de mon citron,


    J'eus recouvré la raison.




    Depuis, les projectiles d'Éros se succèdent,


    Se partageant son carquois puis le même sort,


    Chacun d'entre eux arrachant sitôt qu'il en sort


    Une feuille de mon cœur d'artichaut qu'il cède


    Contre une simple promesse ou même un espoir


    De dire à la solitude enfin au revoir,


    Mais qu'on laisse toujours choir.




    Sitôt la page tournée, une feuille neuve


    Supporte l'encre amère d'un énième amour


    Pris comme une boutade d'un mauvais humour ;


    Mais si ces sursauts d'humeur mettent à l'épreuve


    Mon cœur risquant tantôt de finir tout nu,


    Je veux quand même croire qu'au-dessus des nues


    La lune ne roule que vers du jamais vu,


    Un vrai bonheur imprévu.


  14. konvicted
    Pas de regrets




    Lorsqu'Éros ne sait plus où donner de la flèche,


    Il s'amuse à placer des cœurs en porte-à-faux,


    Souvent à mon grand dam ;


    Moi, la cinquième roue arrimée au calèche


    De jeunes mariés s'aimant tout comme il faut,


    Je suis le pion qu'on dame.


    Aujourd'hui, un connard de génie se pourlèche


    D'avoir avant moi mis ses fins doigts triomphaux


    Sur le cœur de la dame


    À qui, et ce n'est pas pour faire de la lèche,


    Je suis incapable de trouver un défaut


    Autre que son quidam.




    Je n'eus pas la chance d'essayer de séduire


    Celle qui me fait voir l'envers comme l'endroit,


    Me fait perdre le nord,


    Mais tout n'est pas perdu si je veux introduire


    Afin qu'elle s'y noie, au milieu des baudroies


    La bonté qui m'honore


    En poussant le blaireau à se faire éconduire,


    Révélant des secrets dont j'achetai les droits


    Contre un silence en or,


    Sans avoir l'impression de trop mal me conduire


    Car le cœur plagiaire croit avoir des droits


    Que la droiture ignore.




    Mais à qui est-ce que j'espère faire admettre


    Que j'aurais su risquer de me prendre un râteau


    Et ainsi d'intégrer


    La cabane à outils ? Moi qui ne sais pas mettre


    Un mot devant l'autre, même en modérato,


    Faire des simagrées,


    Entrouvrir la bouche de plus d'un nanomètre


    Ni même sourire, devrais me lever tôt.


    Après tout, j'en sais gré


    À ce chanceux d'époux qui sut se faire maître


    Dans le cœur de ma mie ; cette fois, de facto,


    Je n'ai pas de regrets.


  15. konvicted
    Enfourcher Pégase




    J'avais oublié jusqu'au mot passion,


    Et là j'inspire la vie à pleins gaz ;


    Moi qui n'ai jamais fait d'équitation,


    Voilà qu'aujourd'hui j'enfourche Pégase.




    Les pieds défilent au triple galop


    À la poursuite de cette chimère


    Que prend en chasse tout bon mégalo,


    Celle qui détient la plume d'Homère.




    Je me satisfais, en attendant, d'une


    Piquée à l'aile de mon cheval blanc ;


    J'ai bon espoir qu'il n'ait pas de rancune


    Comme il l'avait prise à un goéland.




    Mon encre se fait peut-être un poison,


    Au moins une drogue, un hilarant gaz ;


    Moi qui n'ai jamais ferré un poisson,


    Voilà qu'aujourd'hui, je ferre Pégase.




    Je le dresse ensuite en traînant la patte,


    Parce qu'il paraît qu'il faut manéger


    Sa monture, ce même en ayant hâte


    D'errer tel Ulysse et de voyager.




    Quand mon Pégase sera grabataire,


    Je veux moi aussi retrouver les bras


    De Pénélope, revenu sur terre,


    D'autant qu'aujourd'hui, je les connais pas.


  16. konvicted
    Le bonheur des autres




    Le cul sur un banc public ou une banquette


    Dans un bistrot de banlieue, quoique mal barrés 1,


    Les amoureux de tous bords, peux pas les carrer,


    Ça se sourit, s'embrasse, s'abreuve aux sornettes ;


    Comme si j'avais besoin que l'on me rappelle


    Qu'il me manque une bouche où donner de la pelle.




    Afin d'enfin réparer cette iniquité,


    Je prie le grand manitou en qui je crois pas


    De servir à leur amour son dernier repas,


    Que les tourtereaux doivent, veuillent se quitter ;


    Que je sois si malheureux, ça, je le conçois


    Mais dans ce cas, ô bon Dieu, que tout con le soit !




    Le bonheur des autres fait toujours mon malheur,


    Surtout quand on le colle sous mon nez ; pour l'heure


    Deux de mes proches me donn'nt envie d'adultère


    Mais elle est trop fidèle, lui est trop mon frère.


    Je m'arracherai les yeux, s'il n'en faut pas moins


    Pour de leur amour ne pas être le témoin ;


    Après tout, mieux vaut pour moi en ouvrir les veines


    Que si tout mon corps était jeté dans la gêne 2.




    1 Référence à Mal barrés de Renaud qui commence par :


    ♪♪ Un petit couple d'amoureux


    Dans un bistrot de banlieue


    Assis sur la banquette


    Se roule des pelles à qui mieux mieux


    Les prolos silencieux


    Observent la conquête. ♪♪


    2 Référence au sermon sur la montagne dans lequel Jésus dit notamment : "Vous avez entendu qu'il a été dit : Tu ne commettras pas l'adultère. Eh bien ! moi je vous dis : Quiconque regarde une femme pour la désirer a déjà commis, dans son cœur, l'adultère avec elle. Que si ton œil droit est pour toi une occasion de péché, arrache-le et jette-le loin de toi : car mieux vaut pour toi que périsse un seul de tes membres et que tout ton corps ne soit pas jeté dans la géhenne". (Matthieu 5 : 27-29, Bible de Jérusalem)


  17. konvicted
    Érato faite humaine




    Il est des femmes belles mais dès lors que celle


    À qui je rends hommage met le pied dehors,


    Les plus polis lui jettent, et cela l'honore,


    Un œil d'émerveillement devant ce recel


    De la beauté de Vénus.




    Bien que les plus vulgaires la sifflent, quand elle


    A le malheur de porter une jupe, alors


    Voulant la lui soulever contre un moindre effort,


    Démontrant ne pas valoir mieux que des mortels,


    Voilà qu'Éole s'y met.




    Mais ses appas ne sont pas tout de ses atouts ;


    Quand on a cette chance d'un peu la connaître,


    Chez les plus dogmatiques son esprit fait naître


    Des suspicions les sommant de douter de tout,


    Commençant par l'adage prêtant à sourire,


    Si absurde qu'il clame : trop bonne, trop conne.


    Mais elle a bien un défaut, en ce qu'elle donne


    À des nigauds comme moi des envies d'écrire


    Cette Érato faite humaine.


  18. konvicted
    Célibarbe




    Comme certains comptent leurs années de mariage,


    J'additionne celles que je passe seul ;


    C'est vite calculé, c'est à peu près mon âge.




    Les plus sympathiques se foutent de ma gueule,


    Les plus cons se disent las du concubinage ;


    Ils seraient bla bla bla moins libres qu'ils le veulent.




    Mon célibat vieillit et sa barbe me pique,


    Mais l'âme désirée pour enfin la raser,


    Un hameçon encore ancré dans le gosier,


    N'en a rien à ferrer ; ça m'est des plus typiques.




    Ça m'hérisse le poil mais je relativise,


    Y'a pire qu'être seul, y'a ne pas être à deux ;


    Mais c'est qu'une question de temps et d'ici peu


    Je serai imberbe, la Mort est ma promise.


  19. konvicted
    Me taper dans l'œil




    "Je t'ai bien regardé, tu t'y prends comme un manche.


    Y'a vraiment des soirées où tu remplis ton pieu ?


    - Tu serais surprise, tiens, ce dernier dimanche


    Par exemple, chez Pat, c'est quand même pas vieux.


    - Mais elle s'en souvient ? C'est pas toujours facile


    Avec le GHB que t'as dû lui fourguer.


    - Déjà je t'emmerde, c'était du Lexomil


    Et si t'es si douée, montre comment draguer."


    C'est à ce moment-là qu'elle m'a mis un gnon


    Disant avoir ainsi su me taper dans l'œil,


    Qu'après ce beau geste, je serais bien mignon


    À honorer les gens d'un éternel clin d'œil.




    J'y vois beaucoup plus clair maintenant estropié,


    Ça paraît évident, c'est elle qu'il me faut,


    Et depuis, à force de lui faire du pied,


    J'ai le mollet gauche d'un flacon d'EPO.


    Mais elle refuse de me prendre au sérieux,


    Mes piètres avances la font même marrer ;


    Elle ne me verra, je le crains et au mieux


    Que comme un bon ami, putain c'est mal barré !


    Ça ne me suffit plus, pourtant au poil hier ;


    À la jambe gauche, je porte un pantacourt


    Et à la droite un jean car de cette manière,


    Seule ma belle jambe est exposée au jour.


  20. konvicted
    Six pieds sous taire




    Il est des vérités à jamais inaudibles,


    Des mots cadenassés que nul ne peut soustraire ;


    Il est des silences à l'écho peu crédible,


    Des non-dits assaillant les esprits grabataires


    D'un fantôme impoli.




    J'en ai des souvenirs et autant de regrets ;


    La Mort ayant porté ses mains à mes paupières,


    Je ne peux déterrer mon éternel secret


    Enfoui dans mon jardin jusque six pieds sous terre,


    Au pied du mimosa.




    J'étais froid bien avant que la Mort ne me fauche ;


    Cela m'a coûté cher d'avoir un cœur trop fier


    Car pour encercler d'or un annulaire gauche,


    Au préalable il faut mettre un genou à terre,


    Son amour propre en jeu.




    Entre mes six planches, ne cesse de peser


    Le poids de mon secret ; si tu voulais l'extraire,


    Si ça t'intéresse, je t'indique où creuser,


    Promène ta pelle pile six pieds sous taire,


    Au pied des chrysanthèmes.


  21. konvicted
    I - Ma (notre ?) certitude




    Je suis agnostique, suspicieux,


    Sceptique, méfiant et parano ;


    Ma confiance s'accorde piano,


    Je doute des hommes et des cieux.


    Mais j'ai quand même une certitude,


    Celle que j'ai trop peur du bonheur


    Qui me tend ses gros bras de boxeur,


    Je n'en ai vraiment pas l'habitude.


    Alors par pitié, prends-moi la main


    Voire même les deux à la fois,


    Fais-moi oublier que j'ai les foies


    Et ne me lâche pas en chemin.




    Je sais n'avoir jamais tant aimé


    Le goût du sang que lorsque j'ai mis


    Le doigt sur l'aiguillon promis


    Au piètre jardinier qui se met


    En tête d'essayer de cueillir


    La plus exceptionnelle des fleurs


    De la roseraie comme d'ailleurs,


    Parce que je peux m'enorgueillir


    D'avoir alors deviné que sous


    Les pétales rouge hémoglobine


    Je trouverais mieux que la bibine


    Et bien plus sain pour me rendre soûl.




    Je fais là trêve de métaphores,


    De peur d'être compris de travers


    Si jamais je te noie dans mes vers,


    Car je t'adore encore plus fort


    Que je ne m'en serais cru capable


    Et j'approuve cette déraison.


    J'en arrive donc à la raison


    De mon petit poème minable ;


    J'ai une question à te poser,


    Qui te paraîtra peut-être osée


    Bien que sensée, j'ose supposer :


    Dis voir, tu voudrais pas m'épouser ?






    II - Le silence des anneaux




    Bon sang ! elle attend quoi pour répondre ?


    Le silence abrupt dont ma question


    Est coupable me fait gamberger.


    Ma confiance commence à fondre


    Sous les rais que darde ma passion


    Que je pensais pourtant partagée.




    La rose rouge m'a-t-elle cru,


    Moi le narcisse, de son genre et


    À cause de ma couleur, volage ?


    Ou mes pétales au nombre accru


    Par ignorance auraient égaré


    La belle au cours de mon effeuillage.




    A-t-elle trouvé meilleur amant ?


    Me veut-elle encore dans sa vie ?


    M'a-t-elle d'ailleurs jamais aimé ?


    Que vais-je faire de mon diamant ?


    Faut croire qu'elle en a pas envie ;


    Je l'offrirai peut-être à mémé.




    Attends, je me fais tout un ciné ;


    Et si elle prenait son temps pour


    Me répondre par un calembour ?


    Elle sait me faire halluciner ;


    Y'a qu'à voir comment mon cœur bat pour


    Me jouer un roulement de tambour.







    III - Au fond de mes poches




    Du fin fond de ma poche de jean,


    En retirant ma main soulagée


    Que le tissu bleu l'ait protégée


    Du froid de la saison à angines,


    J'ai fait tomber mon bon vieux stylo


    Et, pliée, une feuille souillée


    Sur laquelle j'avais gribouillé


    Des mots doux, rien qu'un peu mégalo,


    Brouillon d'une demande en mariage


    Soldée par un échec, des remords


    Et de quoi désirer une mort


    Des plus prématurées pour mon âge.




    Au fin fond des poches des valises


    Que mes yeux ne cessent de porter


    Depuis que ce "non" a escorté


    Mon cœur d'artichaut jusque la mouise,


    Reposent des jours à questionner


    Des cadres photo sur les raisons


    Du vide nouveau dans la maison,


    Et des nuits blanches à sillonner


    Les souvenirs de ses derniers mots,


    Mais tout ce sur quoi je suis tombé


    C'est l'amour dont je reste nimbé


    Dont ma souffrance est une démo.


  22. konvicted
    Tombe la pluie !



    Quatre vérités, ça en fait du bruit,

    Glissées à l'oreille de mon narcisse ;

    J'ai grand besoin que Morphée l'assourdisse,

    Que tombe la nuit, que tombe la nuit !

    Sur l'ego vexé mais bien établi,

    Que tombe la nuit, ainsi que l'oubli !



    Je suis attendu par le fond du puits,

    Poussé dans le dos par l'accès de honte ;

    Ne peux que prier que Zeus me remonte,

    Que tombe la pluie, que tombe la pluie !

    Ou qu'il me descende, il a bien le choix,

    Que tombe la pluie, et qu'elle me noie !

  23. konvicted
    Jet de chrysanthèmes



    Le docteur a revu les calculs de mes reins,

    Dit qu'on allait devoir bientôt m'en soustraire un

    Mais pour tout vous dire, ça ne m'étonne en rien,

    Cela fait un moment que la Camarde a l'œil

    Sur mes prises de sang, les virus vénériens

    Et autres infectieux à qui je fais accueil ;

    Sitôt qu'elle aura mis la main sur un linceul,

    Ma famille entière se sentira bien seule.



    Que j'ouvre les vannes, que je coule un airain,

    Je sens la Faucheuse qui gagne du terrain.

    Si la tuyauterie ne fonctionne plus bien,

    C'est vraisemblablement que j'ai tapé dans l'œil

    De diverses faunes des habitats pubiens ;

    Comme j'ai entrouvert la porte du cercueil,

    La Mort n'a de cesse de se payer ma gueule :

    "T'y pousser, bonhomme, j'y arriverai seule !"



    Je lui réponds alors que même en rejoignant,

    Rétif, à cloche-pied la tombe qui m'attend,

    Dès lors qu'elle insiste pour me tenir la dent,

    Je mettrai à coup sûr le second pied dedans.



    "Ce n'est pas par plaisir, dit-elle, que je sème

    Des urnes et cercueils ; tes maladies essaiment

    Sans la moindre raison, car même ceux que j'aime

    M'observent leur jeter des fleurs de chrysanthèmes."

  24. konvicted
    Le bleu de tes yeux




    J'ai, non sans vouloir, brisé un miroir ;


    Certains disent que ça rend malheureux,


    Sûrement pas autant que de m'y voir,


    N'en déplaise aux superstitieux.




    Ses réflexions m'avaient mis sur les nerfs ;


    Désormais, pour mon reflet, je ne veux


    Plus demander le désespérant verre,


    Mais juste le bleu de tes yeux.




    Jusque là, seuls ces deux globes sur terre


    Ont décelé matière à faire taire


    Mes complexes les plus honteux.




    Il m'importe peu s'ils ont inventé,


    Et non vu car atteints de cécité,


    Percés par l'arc de l'enfant-dieu.


  25. konvicted
    Un peu, beaucoup, et tout le tintouin




    Empruntant à Venus l'un de ses miroirs prune,


    Je m'enquiers de ma valeur aux yeux de ma brune ;


    Elle m'aime pas du tout, dit le spéculaire.


    On ne peut plus contrarié par la réflexion,


    Je veux un second avis, porte l'attention


    Sur une pensée à l'air moins patibulaire ;




    Mais elle encore me sert la même salade.


    Alors je suis énervé, l'envoie en balade,


    Moi avec par là même, je cherche la porte


    Mais marchant vers la sortie, vois dans les allées


    Me narguant de leur beauté, quelques azalées ;


    Prévisible, leur discours aussi m'insupporte.




    Au seuil de la boutique me vient une idée


    Que j'essaie tout de suite sur une orchidée,


    Vérifie sur un narcisse et c'est concluant,


    Les deux disant à raison que je m'aime un peu.


    Mais si tous ces ornements vifs et adipeux


    S'avèrent finalement aussi influents...




    Le fleuriste m'arrache à mes soucis de cœur,


    M'éclaire de sa science, me dit que la fleur


    Que je tiens ne compte pas six mais trois pétales,


    Qu'il va me falloir payer pour celle effeuillée ;


    Je devrais recommencer pour être sûr, quiet


    Mais je suis à court d'oseille, alors je détale.




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