Autodestruction
Chaque jour, je ne peux faire sans ma ration
De pensées morbides, c'est facile à bitter,
Ma vie sentimentale est aussi habitée
Que Krypton l'est depuis sa désintégration.
Alors que je m'apprête à rejoindre le fond
Des abysses sombres de cette solitude,
Le téléthon voudrait de ma sollicitude,
Me sachant pathétique à en lever des fonds
Mais je dis non merci au misérabilisme 1,
La pitié restera le soin des incapables ;
De toute manière, je suis le seul coupable
De mon enfermement con dans mon nombrilisme.
Je fais mon propre mal, suis mon pire ennemi 2,
Me réservant le droit de causer mon malheur
Comme si j'aimais m'infliger la douleur,
L'automutilation augure l'accalmie.
La peur de l'échec 3 m'est tellement viscérale,
Séduire relève de la science-fiction,
Dès lors que je subis une énucléation,
J'attends que l'amour pass' comme un rhume viral.
Je n'ai rien d'autre que la lâcheté pour mors,
Ma fatalité c'est le besoin d'éviter
De me chier dessus avant d'être édenté,
Ma seule aspiration dans la vie, c'est la mort.
Je trouve en l'attendant un ersatz de quiétude
En m'occupant l'esprit de manière futile,
J'étais mûr trop jeune, je deviens infantile,
Oisif, inconséquent, tant pis pour mes études.
J'en ai rien à foutre de ce que l'avenir
Peut bien me réserver, je veux récupérer
Mon enfance perdue et arrêter d'errer
Dans ce présent odieux qui ne veut pas finir.
Un par un mes espoirs ont tous fini sous l'eau,
Désormais pour ne plus redouter un déluge,
J'entends ne rien prévoir d'autre que de la luge
Sur la pyramide des besoins de Maslow 4.
Même en voulant revoir le marchand de sable et
Retourner à l'âge des petites voitures,
Je laisse les lego moisir sous la toiture,
Envie de déglinguer, surtout pas d'assembler.
Si la vie est un jeu, j'en suis déjà lassé,
Je la trouve cruelle et ennuyante à souhait,
En gosse capricieux, exige un autre jouet,
Sinon, je m'asphyxie, me pends à mes lacets,
Me jette à la mer ou teste la conduction
De l'électricité de ma langue à la prise,
Ma mort ne serait pas vraiment une méprise,
Ma vie se résumant à l'autodestruction.
1 Le misérabilisme du téléthon, vu par Jérémy Ferrari :
2 ♫ Stuck in my head again,
Feels like I'll never leave this place,
There's no escape,
I'm my own worst enemy. ♫
Linkin Park, Given up
3 Je ne peux pas ne pas citer Peur de l'échec d'Orelsan qui m'a donné envie d'écrire ce poème.
4 Je ne vais pas m'amuser à expliquer ce qu'est la pyramide des besoins de Maslow sachant que
ce lien pour l'article de wikipedia le fera très bien. Je n'en connaîtrais pas l'existence sans Si seul d'Orelsan :
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