I - Ma (notre ?) certitude
Je suis agnostique, suspicieux,
Sceptique, méfiant et parano ;
Ma confiance s'accorde piano,
Je doute des hommes et des cieux.
Mais j'ai quand même une certitude,
Celle que j'ai trop peur du bonheur
Qui me tend ses gros bras de boxeur,
Je n'en ai vraiment pas l'habitude.
Alors par pitié, prends-moi la main
Voire même les deux à la fois,
Fais-moi oublier que j'ai les foies
Et ne me lâche pas en chemin.
Je sais n'avoir jamais tant aimé
Le goût du sang que lorsque j'ai mis
Le doigt sur l'aiguillon promis
Au piètre jardinier qui se met
En tête d'essayer de cueillir
La plus exceptionnelle des fleurs
De la roseraie comme d'ailleurs,
Parce que je peux m'enorgueillir
D'avoir alors deviné que sous
Les pétales rouge hémoglobine
Je trouverais mieux que la bibine
Et bien plus sain pour me rendre soûl.
Je fais là trêve de métaphores,
De peur d'être compris de travers
Si jamais je te noie dans mes vers,
Car je t'adore encore plus fort
Que je ne m'en serais cru capable
Et j'approuve cette déraison.
J'en arrive donc à la raison
De mon petit poème minable ;
J'ai une question à te poser,
Qui te paraîtra peut-être osée
Bien que sensée, j'ose supposer :
Dis voir, tu voudrais pas m'épouser ?
II - Le silence des anneaux
Bon sang ! elle attend quoi pour répondre ?
Le silence abrupt dont ma question
Est coupable me fait gamberger.
Ma confiance commence à fondre
Sous les rais que darde ma passion
Que je pensais pourtant partagée.
La rose rouge m'a-t-elle cru,
Moi le narcisse, de son genre et
À cause de ma couleur, volage ?
Ou mes pétales au nombre accru
Par ignorance auraient égaré
La belle au cours de mon effeuillage.
A-t-elle trouvé meilleur amant ?
Me veut-elle encore dans sa vie ?
M'a-t-elle d'ailleurs jamais aimé ?
Que vais-je faire de mon diamant ?
Faut croire qu'elle en a pas envie ;
Je l'offrirai peut-être à mémé.
Attends, je me fais tout un ciné ;
Et si elle prenait son temps pour
Me répondre par un calembour ?
Elle sait me faire halluciner ;
Y'a qu'à voir comment mon cœur bat pour
Me jouer un roulement de tambour.
III - Au fond de mes poches
Du fin fond de ma poche de jean,
En retirant ma main soulagée
Que le tissu bleu l'ait protégée
Du froid de la saison à angines,
J'ai fait tomber mon bon vieux stylo
Et, pliée, une feuille souillée
Sur laquelle j'avais gribouillé
Des mots doux, rien qu'un peu mégalo,
Brouillon d'une demande en mariage
Soldée par un échec, des remords
Et de quoi désirer une mort
Des plus prématurées pour mon âge.
Au fin fond des poches des valises
Que mes yeux ne cessent de porter
Depuis que ce "non" a escorté
Mon cœur d'artichaut jusque la mouise,
Reposent des jours à questionner
Des cadres photo sur les raisons
Du vide nouveau dans la maison,
Et des nuits blanches à sillonner
Les souvenirs de ses derniers mots,
Mais tout ce sur quoi je suis tombé
C'est l'amour dont je reste nimbé
Dont ma souffrance est une démo.
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