Pas de regrets
Lorsqu'Éros ne sait plus où donner de la flèche,
Il s'amuse à placer des cœurs en porte-à-faux,
Souvent à mon grand dam ;
Moi, la cinquième roue arrimée au calèche
De jeunes mariés s'aimant tout comme il faut,
Je suis le pion qu'on dame.
Aujourd'hui, un connard de génie se pourlèche
D'avoir avant moi mis ses fins doigts triomphaux
Sur le cœur de la dame
À qui, et ce n'est pas pour faire de la lèche,
Je suis incapable de trouver un défaut
Autre que son quidam.
Je n'eus pas la chance d'essayer de séduire
Celle qui me fait voir l'envers comme l'endroit,
Me fait perdre le nord,
Mais tout n'est pas perdu si je veux introduire
Afin qu'elle s'y noie, au milieu des baudroies
La bonté qui m'honore
En poussant le blaireau à se faire éconduire,
Révélant des secrets dont j'achetai les droits
Contre un silence en or,
Sans avoir l'impression de trop mal me conduire
Car le cœur plagiaire croit avoir des droits
Que la droiture ignore.
Mais à qui est-ce que j'espère faire admettre
Que j'aurais su risquer de me prendre un râteau
Et ainsi d'intégrer
La cabane à outils ? Moi qui ne sais pas mettre
Un mot devant l'autre, même en modérato,
Faire des simagrées,
Entrouvrir la bouche de plus d'un nanomètre
Ni même sourire, devrais me lever tôt.
Après tout, j'en sais gré
À ce chanceux d'époux qui sut se faire maître
Dans le cœur de ma mie ; cette fois, de facto,
Je n'ai pas de regrets.
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