Faites semblant de pas comprendre. C'est une bourge qui méprise l'école public. Comme sans doute toute la macronie. Mais elle elle est suffisamment conne pour le dire en public. Le risque c'est évidemment qu'elle favorise les intérêts privés et continue le démantèlement du public. Ca ne dérange pas Macron vu que c'est son projet. Mais je pense que ça va au minimum déranger les gens qui travaillent pour la faire fonctionner et aussi les gens qui y mettent leurs enfants.
https://www.mediapart.fr/journal/politique/150124/le-couple-oudea-castera-parangon-des-elites-francaises
"Amélie Oudéa-Castéra a 45 ans. Son père est Richard Castéra, haut fonctionnaire et ex-directeur de Publicis, agence de communication mondialement célèbre. Sa mère, Dominique Duhamel, ex-directrice des ressources humaines de Safran, le géant français de l’aéronautique et de la défense, est la sœur des journalistes Alain et Patrice Duhamel.
La nouvelle ministre est donc la nièce d’un éditorialiste politique arbitrant les émissions politiques à la télé depuis 1970, de son frère tour à tour directeur des programmes de France Inter, directeur adjoint du Figaro Magazine et directeur général de France Télévisions, et de la femme de ce dernier, Nathalie Saint-Cricq, responsable éditoriale et chroniqueuse politique de France 2. Benjamin Duhamel, journaliste politique star de BFMTV, est le fils de Patrice Duhamel et de Nathalie Saint-Cricq, et donc le cousin germain d’Amélie Oudéa-Castéra.
La future ministre a été dans sa jeunesse championne de tennis – elle atteint le top 300 mondial en simple en 1994 – avant de stopper sa carrière à 18 ans pour se consacrer à ses études parisiennes : elle passe par Sciences Po, l’Essec et l’ENA, où elle côtoie Emmanuel Macron dans la fameuse promotion Senghor.
Parcours sans faute dans le CAC 40
Elle en sort à la Cour des comptes, mais rejoint rapidement le secteur privé en 2008, où elle va dérouler un parcours sans faute au sein du CAC 40. Elle démarre par l’assureur Axa, mastodonte du secteur, dont les dirigeants Claude Bébéar puis Henri de Castries sont considérés comme les parrains du libéralisme économique en France. Elle va y occuper divers postes de direction pendant dix ans, jusqu’à devenir en 2016 directrice mondiale du marketing, du service client et du numérique.
Dans le même temps, elle multiplie les jetons dans les conseils d’administration. Pendant huit ans, elle est administratrice de l’industriel de la chimie Plastic Omnium, dont le PDG, Laurent Burelle, est aussi président de l’Association française des entreprises privées (Afep), le plus puissant des lobbys patronaux. Elle siège aussi au conseil d’administration du groupe Eurazeo, l’un des principaux fonds d’investissement français, et est administratrice de Carrefour.
Fin 2018, elle intègre le comité exécutif du groupe de grande distribution, en tant que directrice e-commerce, data et transformation digitale pour l’ensemble du groupe. La même année, elle entre également au Medef, à la tête de la commission « Mutations technologiques et impacts sociétaux ». En mars 2021, elle devient directrice générale de la Fédération française de tennis (FFT).
Officiellement pas intéressée par la politique, Amélie Oudéa-Castéra est toutefois séduite par le discours d’Emmanuel Macron en 2017. « Si on veut aider [Emmanuel Macron – ndlr] à améliorer la situation de notre pays, des gens comme nous doivent prendre [leur] part de risques et y aller », dit-elle au journal L’Équipe. Elle adhère à En Marche dès sa création et tanne le président à peine élu pour devenir ministre des sports.
Elle est finalement nommée à ce poste en 2022, et lorsqu’elle débarque au gouvernement, elle se classe deuxième au titre des ministres les plus riches, en termes de patrimoine (6,4 millions d’euros) comme de revenus : 2,9 millions touchés en cinq ans, et un salaire de plus de 35 000 euros mensuels à la FFT.
Une fois au pouvoir, si elle met au pas une partie du vieux monde, en participant activement aux départs de Noël Le Graët et de Bernard Laporte des Fédérations françaises de football et de rugby, elle se fait aussi remarquer par diverses déclarations masquant mal son pedigree.
Le 16 novembre dernier, lors d’une audition à l’Assemblée nationale, elle explique que son salaire à la FFT n’était pas si élevé : « Si je rapporte ma rémunération actuelle au volume d’heures que chaque semaine je m’enfourne, en bossant jour, nuit, week-end, je ne suis pas bien payée, ose-t-elle. C’est pas grave, j’ai une mission fondamentale dans un moment important pour le pays. »
Un mois plus tôt, elle avait demandé aux étudiant·es « de faire des efforts » pendant les Jeux olympiques, et de laisser leur logement du Crous aux agent·es des services publics réquisitionné·es pour l’événement. La ministre avait également déjà été prise en flagrant délit de mensonge. Par exemple lorsqu’elle a juré qu’elle avait largement soutenu les propositions des militants anti-homophobie dans le foot.
Un banquier parmi les banquiers
Depuis 2006, l’actuelle ministre de l’éducation et des sports est aussi l’épouse de Frédéric Oudéa. Président du conseil d’administration de Sanofi, leader de l’industrie pharmaceutique, ce dernier a surtout été à la tête de la Société générale pendant quinze ans, à partir de 2008.
Polytechnicien, énarque et inspecteur des finances, Frédéric Oudéa a commencé sa carrière à Bercy. En 1993, il devient conseiller au cabinet de Nicolas Sarkozy, alors ministre du budget. Il restera l’un de ses fidèles. Dès 1995, il part à la Société générale, qui est alors une banque à part. Celle de l’élite, celle qui a le plus développé ses activités de banque d’affaires et s’est spécialisée dans les marchés financiers – une place qu’elle sera longtemps seule à détenir, jusqu’à ce que BNP rachète Paribas en 2000.
Les années 2000 amènent la Société générale à accentuer toujours plus sa spécialisation dans les marchés financiers, et les risques pris pour dégager du profit. Cette politique conduite par le patron Daniel Bouton a le plein soutien de Frédéric Oudéa, son numéro trois.
La crise des subprimes puis le scandale Kerviel bousculeront toute la hiérarchie de la banque. En janvier 2008, la banque révèle avoir été « victime » d’un trader, Jérôme Kerviel, qui a engagé plus de 50 milliards d’euros sur les marchés. Le débouclage de ses opérations se traduira par une perte de 4,9 milliards d’euros. Après des années de procès, la réalité se fera jour : la banque ne pouvait ignorer les engagements délirants pris par Jérôme Kerviel et avait choisi de fermer les yeux.
Mais dans la foulée du scandale, et de l’attribution à Daniel Bouton de 70 000 stock-options, Nicolas Sarkozy obtient le départ de ce dernier et pousse la candidature de Frédéric Oudéa pour le remplacer. Le nouveau patron s’était pourtant vu attribuer deux fois plus de stock-options…
Ce ne sera pas le seul scandale pour Frédéric Oudéa. En 2016, la Société générale apparaît comme une des banques les plus impliquées dans le scandale des Panama Papers. Face à la commission d’enquête sur les paradis fiscaux en 2012, Frédéric Oudéa avait pourtant assuré que sa banque n’avait plus de filiales dans les paradis fiscaux. Outrés par ce mensonge, les communistes demandent sa démission et des poursuites judiciaires pour son mensonge devant la représentation nationale. Le bureau du Sénat renoncera à poursuivre Frédéric Oudéa pour parjure et il ne sera jamais inquiété.
Le nom de Frédéric Oudéa est également cité dans un autre scandale ayant coûté près de 1,5 milliard d’euros à la banque française. Celle-ci a en effet fait l’objet de poursuites devant les justices française, anglaise et américaine pour avoir entretenu des relations privilégiées avec la Libye de Mouammar Kadhafi entre 2005 et 2010, en profitant du rapprochement opéré par Nicolas Sarkozy avec le régime libyen.
En France et aux États-Unis, les investigations judiciaires se sont soldées par des accords d’extinction des poursuites prévoyant le paiement d’une amende de 250 millions d’euros à chaque fois. En Angleterre, la banque a accepté de verser 963 millions d’euros en 2017 juste avant la tenue du procès. À l’époque, Frédéric Oudéa avait exprimé « ses regrets », attribuant les pots-de-vin versés à l’entourage de Mouammar Kadhafi à un « manque de prudence observé par certains de ses collaborateurs ».
Or, comme Mediapart l’a révélé en avril 2019, le patron avait été informé du système de commissions versées à un proche du clan du dictateur libyen. Il s’est aussi personnellement impliqué dans au moins un deal litigieux avec l’ancienne dictature, en se rendant en octobre 2008 à Tripoli, où il a contresigné un marché avec le régime en place. Le Parquet national financier a ouvert une enquête.
Ce sont finalement ses pairs qui le pousseront vers la sortie, principalement en raison de performances médiocres de l’entreprise et de la fusion avec le Crédit du Nord, qui se passe mal.
Le 12 janvier dernier, la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique a « invité les membres du nouveau gouvernement à porter une attention toute particulière à la prévention des conflits d’intérêts ». Une mise en garde particulièrement appropriée pour le couple Oudéa-Castéra, qui porte jusqu’à son point d’incandescence la jonction des intérêts économiques et politiques de l’élite française.
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