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January

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Elle est tellement chétive dans ce lit. Elle sourit, c’est dérangeant, elle est marquée, de grands cernes ourlent ses yeux outremer. Son sourire découvre une incisive cassée. Ses cheveux manquent par endroit.  Le médecin arrive et s’entretient avec elle. Il est rassurant, elle sourit toujours, sans rien dire. Le médecin lui explique. Elle sourit. Il demande si elle comprend, elle sourit plus grand. Il se sent démuni, reprend la parole, explique à la fillette ce qu’il va se passer pour elle, et elle, elle sourit jusqu’au ciel.

 

Qui ne sourit plus       

D’aussi loin qu’elle se souvienne elle a toujours été à part. Les autres enfants ne l’approchaient pas, adolescente elle était solitaire et passait pour « bizarre » auprès des autres qui racontaient sur elle des histoires à faire peur, sauf que ce n’était pas les vraies. C’était pas la peine d’inventer, son histoire était à faire peur de toute façon.  Elle est partie très loin, elle pensait… Mais ça n’a servi à rien, il n’y a nulle part où s’échapper. Elle est indifférente à tout, il n’y a rien qui l’émerveille, plus rien qui l’émeuve. Elle ne comprend pas le monde. Elle ne sourit plus.   

12 Commentaires


Commentaires recommandés

Tu sais, je pense sincèrement que le tabou est ancré, puissant, c'est pour ça qu'il existe les réflexes : "y a pas de mots".  Ce sont des ancrages, depuis des lustres et des lustres : on ne parle pas de ça. on s'occupe de ses affaires. ça ne nous regarde pas ces cris chez les voisins.  Tout ça, c'est du même ordre en fin de compte, la gêne occasionnée, une sorte de miroir... 

Lorsque tu dis "ne pas raconter, ne pas raconter pour ne pas heurter, pour ne pas mettre mal à l'aise etc."   oui, je ne sais pas si ailleurs j'ai aussi parlé de cette "face" là. Il y a beaucoup à dire là-dessus. J'ai vu beaucoup de victimes devenues adultes comme ça oui, qui ne disaient pas, pour cette raison, "on veut pas déranger, mettre mal à l'aise"... 

Je pense pas qu'on s'en batte les couilles de la maltraitance infantile, je pense que ça fout la trouille et que les gens n'osent pas questionner. Ce que j'ai écrit ailleurs c'était pour dire : c'est dommage.  Il y a des victimes qui ont besoin de ça.  Personnellement, c'est pas que je me sens conne et inutile si on ne me demande rien, mais j'ai l'impression que, une fois encore, on veut pas m'entendre quoi, que le confort des autres passera toujours avant le mien, et oh....  oh malheur. ce que ça représente, c'est ouais, là j'ai pas le vocable ! 

Merci. Ou plutôt...  tu sais quoi. 

Je vais retourner sur chacun des billets oui, faire up en dire un peu plus. 

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Non on ne s’en bat pas les couillles… on/je suis dans l’incapacité d’exprimer ac justesse mon ressenti.

Merci infiniment à toi Janu de partager ac tant de courage, de force.

N’en doute pas, on/je t’écoute ac attention et t’entends ! :)

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Je me suis fait entendre @Elisa*, il y a longtemps. Mais il y a encore beaucoup beaucoup de personnes qui n'ont pas pu le faire. Elles le pourront toutes le jour où s'inversera le nombre de personnes qui écoutent les yeux ouverts, veulent comprendre, et ceux qui ne font que heurter les victimes, ce n'est souvent que de la maladresse ou de la bêtise.

J'ai été heurtée cette semaine ici. Oh.. trois fois rien, un tout petit smiley, très mal placé, à mon goût. La personne à l'origine de ça ne le sait pas, je me garderais bien de dire, pourquoi ?  Parce-qu'on sait, qu'on est xxl là dessus, sur le moindre mot, la moindre chose, et on nous l'a tellement reproché, alors.. Avec les années on retrouve des repères, et du recul, et on apprend à gérer ces choses-là. Mais les heurts, ils sont toujours là. Et on garde le silence, parce qu'on sait bien que personne ne va comprendre et que tout le monde va railler. On a assez de plaies ouvertes et de cicatrices à gérer, on ne s'en crée pas de nouvelles, on passe à autre chose. Alors qu'il faudrait dire. 

C'est peut être la dernière chose qu'il me reste à faire : expliquer comment ça fonctionne, une victime. Son monde à l'envers... 

 

 

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Le 28/02/2024 à 08:50, January a dit :

C'est peut être la dernière chose qu'il me reste à faire : expliquer comment ça fonctionne, une victime. Son monde à l'envers...

Mais mille fois oui.

Tu fais un travail que je me sais incapable de faire  d'abord par méconnaissances techniques.Cependant tu montres autre chose dans tes billets...  Je  peux écouter (lire, apprendre, me documenter) sur le traumatisme. Mais apporter une réponse valable à la souffrance nécessite plus que la compassion ou l'empathie ou la bienveillance (je ne sais pas quel mot utiliser) du non professionnel.

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Il y a déjà plusieurs années, j’ai entendu, et appris quelque chose. J’ai appris qu’on peut ne pas comprendre un malaise, une souffrance, une névrose. Ne pas en saisir l’importance, la force... Mais on voit bien que l’autre souffre, se débat. Et ça devrait suffire, ça suffit.

Les professionnels, les sachants sont là pour tenter de réparer, de "soigner", faire effectivement un pont entre tous.

Les autres, devraient prendre en compte la souffrance, sans à priori d’aucune sorte. Pas plus, pas moins...

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Oui.

C'est parfois très difficile pour les proches de victimes. Elles souffrent aussi alors, il arrive que les réflexes, les mots.. Il faudrait accueillir leur parole aussi. Mais là, quand on voit comment sont accompagnés les "aidants" de toute sorte, on n'est pas sorti...

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