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Voulait rester là


January

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Bien sûr il y a cette odeur de désinfectant mêlée aux antiseptiques. Oui il y a cette grande fenêtre qui le gêne, ce matelas en plastique inconfortable, les draps qui glissent. Bien sûr il y a beaucoup de bruit, même la nuit, et cette lumière qui reste allumée. Oui il préférerait être seul, il n’aime pas la compagnie de ce garçon silencieux, de l’autre côté du rideau. Mais… il y a les plateaux repas, les adultes gentils, les jeux là-bas, au fond du couloir, il s’est même fait des copains. Il se sent bien, il respire, il sourit, il se sent bien oui, il est en sécurité, à l’hôpital. On dirait qu'ils sont gentils, ici. Il voudrait rester là pour toujours.

Qui ne veut plus aller là-bas

Encore, ces mains qui lui essorent les poumons, la boule qui remonte du fond de ses entrailles, la chaleur dans le corps, la paralysie. Il fait peur, il le voit dans les regards. Cette fois-ci c’est grave, il entend des voix mais ne comprend pas. Il n’est pas sûr de ce qu’il vient de se passer, il est loin, dans la glu de son apathie, il ne peut articuler son vœu, ne pas aller à l’hôpital.  Mais là c’est grave, vraiment très grave. l’hôpital…

5 Commentaires


Commentaires recommandés

C'est devenu adulte que cet "enfant" m'a raconté cette histoire. Il avait une dizaine d'années. 

 

Pour ma part, ce dont je me souviens à l'hôpital est un peu différent. Il n'y avait pas de murs pleins. A mi-hauteur c'était des vitres qui donnaient dans les couloirs, toujours allumés. Comme ça tout le monde pouvait voir dans la chambre. C'était spécial, un endroit plutôt surveillé, la porte toujours maintenue ouverte, et j'étais seule dans la chambre. Avoir perdu "un petit coin" pour moi, être exposée de la sorte, quelle panique ! J'ai dit, j'ai dit que j'avais peur. J'ai pas été écoutée. Alors j'ai poussé le lit tout contre le mur, sous les vitres j'ai fermé la porte avec une chaise. Me suis fait engueuler évidemment et le lit est revenu à sa place, la porte ouverte. Alors je me suis couchée sous le lit. Infernale, je sais... J'ai fini attachée, pendant toute une nuit, j'étais sûre que j'allais mourir, sûre. Le lendemain une infirmière ou je ne sais qui est venue expliquer gentiment "la surveillance" et elle a cherché une solution. Elle a rapporté une grosse pile de livres. Elle a posé la pile sur la "table de chevet" et ça me cachait. On est con quand on est môme, le fait de ne pas "voir" (la pile de livre obstruait), on se dit qu'on n'est pas vu ! 

bon, c'est tout pour le moment.

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C'est souvent dans le monde médical, l'incompréhension, la brutalité (encore rencontrée la semaine dernièreà.  Mais sinon, c'était bien l'hôpital, et comme ce garçon, moi aussi j'aurais voulu rester là, pas rentrer chez moi. 

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j'ai eu une expérience très dure à 5 ans, une opération importante de la rotule. C'était un hôpital privé. Je pleurais la nuit, du coup il y avait une aide soignante qui me disait que si je continuais de pleurer, on me mettrait avec les enfants fous et que j'y resterais. Ca m'a fait vomir. Heureusement j'ai réussi à le raconter à ma mère. Je n'ai plus revu l'aide soignante

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Lorsque ce jeune homme m'a raconté cette histoire, c'était très émouvant parce-qu'à chaque souvenir, on avait l'impression, vraiment, qu'il était au palais des merveilles, ça m'a marquée. Et ça a fait écho aussi. Il avait raconté je me souviens, qu'il avait joué aux cartes là-bas, pour la première fois. Il avait raconté aussi qu'il avait mangé pour la première fois certains trucs, et, autre chose aussi qui m'a marquée, on lui avait donné des gants.. Des gants en laine hein, apparemment il avait les mains très abîmées. D'ailleurs il avait encore les mains abîmées quand j'ai connu ce garçon. Les doigts rongés, pas les ongles hein ? Les doigts. Au sang. 

Des histoires de séjour à l'hôpital, bien sûr ça revient beaucoup chez les victimes de maltraitance. Moi je ne peux pas imaginer que ces gens ne savaient pas ce que tous ces gamins faisaient là. Et pourtant ? Il ne s'est rien passé pour les maltraitants, en tout cas de toutes les paroles que j'ai recueillies, rien. Comment ont-ils pu tout laisser passer tout ça ?

 

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