36 nuances d’aigri
Ce grison renfrogné de cinquante ans
N’a pas toujours été loup solitaire,
Ni eu le caractère aussi austère,
Mais est devenu dur du palpitant.
Ce n’est pas la bonté qui le menace
De l’étouffer en mâchant son mépris
Quand il débat avec son mistigri
De ces femmes qu’il appelle connasses,
Passé par trent’-six nuances d’aigri.
Ce taciturne âgé de quarante ans
Accepte sans relent contestataire
D’avoir son chat pour seul colocataire,
À priori le seul y consentant.
Quand la voix de la raison est loquace,
On saisit que pour se mettre à l’abri
De se faire avoir et des cheveux gris,
Renoncer, c’est le remède efficace
Contre la loi des nuances d’aigri.
Ce jeune actif abordant les trente ans,
Pour la deuxième fois célibataire,
Se languit de retourner à la terre,
La première ayant duré vingt-huit ans.
Son amour a tourné les talons, lasse
Qu’il ait peur, obsédé par son nombril,
Qu’elle le laisse seul, amer et gris
À penser que son destin dégueulasse
Lui en fait voir des nuances d’aigri.
Cet étudiant impatient de vingt ans
Désespérant de visiter Cythère
Se complaît dans l’attente velléitaire
Quitte à calancher sans voir le printemps,
Mais craint à mesure que le temps passe
De finir, comme si c’était écrit,
Misogyne, le cheveu rare et gris,
Ayant traversé dans sa carapace
Toutes sortes de nuances d’aigri.
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