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Confession


Loopy

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Bonjour "petite fleur".

J’avais envie de t’emmener dans un lieu qui défit la morale. Inventer une histoire de sang, de sexe, de violence et de tous les stupéfiants interdits qui nous sont tabous. Sans conscience ni scrupule, je voulais bousculer les esprits et les rendre perméables à un peu d’immondice pour que tu sentes ma véritable puanteur. J’aurais craché sur ta pitié et ri de ta souffrance, sadique à m’en trancher la gorge devant l’innocente vierge violée, je ne vis que pour détruire. Tel est mon don si encore je devais m’en trouver un. Je voulais te faire visiter mon univers malade, saccagé par ma propre arrogance. Mais je ne peux me résoudre à faire de toi une victime de mon enfer. Alors je me suis assis et ai jeté sur le papier, sans ordre ni logique, une confession, unique trace d’un pardon que je refuse.

Ma tendre petite fleur

La nuit, quand je parle à la lune dans le vide des "gravités", les étoiles m’observent. J’y vois bien plus qu’un univers mystérieux qui résiste à nos théories. La poésie a décidé qu’en ce royaume gouverné par des Dieux inconnus, les sujets soient ceux qui partirent. Ecoutant les vers de ces illustres (h)auteurs, je me suis moi-même pris à croire qu’il y avait en cet endroit des yeux accusateurs et qu’il n’y avait pour me cacher que la profondeur d’un enfer. C’est ici que pour la première fois j’ai rencontré celui qui devint mon Pendu. Le Roi des abimes de mon inconscient me fit comprendre que c’est moi que je fuyais et qu’à travers les autres, c’est moi que je cherchais à détruire en vain. Pourquoi ne me suis-je pas mort? Je dis souvent que c’est parce que je respecte trop la vie, mais c’est un mensonge car j’ai peur de ce qui m’attends après, je me demande si, en mourant, je ne serais pas confiné éternellement dans cet Enfer.

Oui petite fleur, il y a de beaux jours ici. Quand je vois pétiller tes yeux, quand j’entends qu’on me parle des libertés, quand je vois le vent qui se lève sur la Méditerranée et le soleil qui se couche sur l’atlantique. Quand je vois ceux-là, qui combattent cœurs et âmes à leur conviction, qui veulent briser tous les murs pour un avenir meilleur. Quand je vois ceux qui se battent face à eux même, les yeux plongés dans la connaissance des Hommes, prêt à en ingurgité toute l’imbuvable substance. Quand je vois le monde qui se dresse, comme uni, enfin, contre l’injustice. Oui, il y a de beaux jours ici-bas, et je veux y rester encore un peu pour sentir monter moi l’excitation de la joie. Je veux encore pouvoir regarder les étoiles et me confier à la nuit, je veux voir le "Diable qui danse ,larmoyants". Je veux croire, une seconde, au sentiment et connaitre encore la paix de leur acceptation.

Petite fleur, sur ma route tu m’as demandé de te protéger, mais de Petit Prince il n’y a en moi que le désir de voyager. Sans aucune pitié, je t’ai déracinée et pour ce prix ne t’ai offert que la glace de mon regard, la froideur de mes caresses et la souffrance de mon âme. Je le regrette petite fleur presqu’autant que je regrette ce qui m’a conduit là. Je n’attends aucun pardon pour cela, comme je n’attends aucun pardon d’un passé encore plus lointain. Je n’ai pas toujours été un monstre, je te supplie au moins de la croire.

Autant de haine ne peut venir que d’un profond amour et même moi, j’ai su aimer… S’il est un sujet sur lequel je suis maladroit, c’est bien celui-ci. Tu le sais, je ne parle pas d’amour, je le conchie. Sauf aujourd’hui. Ignorant des choses de la vie, j’avais alors à peine passé l’âge d’être un puceau boutonneux, quand me sont tombés dans les bras, le bonheur et celle qui l’enfanta. Unique, belle, aimante, elle avait des cheveux blond clair, lumineux, des yeux d’océans où pour tout ce que je possédais j’aurais été marin. Elle avait le charme insaisissable d’une tendre timidité et malgré cela un esprit piquant et fin, qui ne manquait aucunement d’intelligence et de répartie. Elle avait surtout, un air de liberté qui plus d’une fois nous a ébouriffé les cheveux, aux quatre coins du monde. Je me souviens d’un soir d’été, sur le bord d’un chemin à la fin d’une belle promenade, où son sourire se perdait dans ses fins cheveux d’or mêlés des derniers rayons du soleil Argentin. Tu es, petite fleur, ce que j’ai jamais connu de plus semblable, et à l’instant précis où tu posa ton regards sur moi, j’aurais pu mourir. J’aurais peut-être dû, car l’oubli que je recherchais était la dernière chose que tu pouvais m’offrir : tu es le souvenir de ce qui fut, et qui ne sera plus.

Revenir sur les circonstances d’un tel drame n’est pas à l’ordre du jour. Je ne saurais l’écrire. J’ai essayé, pour libérer ma haine, mais je ne suis allé que de rature en "rature". Incapable d’exprimer mon mal, je me suis noyé dans les pires atrocités pour l’oublier. J’ai voulu prouver qu’on pouvait souffrir plus que moi, et y suis arrivé. J’ai voulu voir en pleine face toute la douleur du monde, et m’en réjouir. J’ai voulu briser tout ce qui m’entourait, et m’en réjouir. Mais toutes les réjouissances n’ont jamais eu le gout que j’ai senti auparavant. J’ai erré dans mon propre cerveau, l’ai détruit lui aussi.

Quelques mains aidantes se sont tendues. Je les ai attrapées, mais aucune ne m’a vraiment extraite de l’huile visqueuse dans laquelle je m’étais depuis longtemps enfoncé. Depuis, sur mon chemin je ne sème que le mal et la destruction, pour me convaincre que ce qu’il y a devant est mieux que ce qui est derrière. Tu es, petite fleurs, une tristesse de plus dont se nourri ma folie. Vas t’en, avant qu’il ne soit trop tard, vas-t-en offrir tes pétales à d’autres qui sauront les sentir, vas-t-en planter tes épines dans ceux qui en sentiront la douleur.

Car pour moi, petite fleur, tu es en retard, mon cœur est déjà parti. Regarde dans le ciel l’étoile qui brille au fond, c’est lui… Quand tu la verras, dis-toi que tu as été mon plus beau et mon plus douloureux remède. J’ai failli t’aimer, et pour cela, ai renoncé à te détruire. Fuis, avant que le pendu ne nous voit.

Adieu.

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