Il faudrait tourner la page, ne plus y penser, sortir du statut de victime, se tourner vers l'avenir. Les victimes de violences sexuelles reçoivent souvent ce type d'injonctions. Si seulement. Elles seraient les premières à tourner la page, à enfermer les violences qu'on leur a faites dans la boîte prévue pour les mauvais souvenirs et que nul n'ouvre jamais.
Malheureusement, quand les violences sont extrêmes, comme le sont les violences sexuelles, la page est si profondément entaillée qu'e
Epoque accusatoire, où il faut nommer des coupables, souvent sans preuves, les traîner dans la boue, les offrir à la vindicte populaire, et qu'importe s'il est démontré in fine qu'ils n'y étaient pour rien. Quelqu'un doit payer, quelqu'un doit prendre la colère comme on prend la foudre, quelqu'un doit expier, afin que tous les autres puissent déverser leur haine, se soulager de leur mauvaise bile et se croire, eux, irréprochables.
Paris-Briançon - Philippe Besson
Il y a ce type qui vit près de chez moi. C'est un ancien pandillero qui est revenu vivre dans son village. Il cultive la terre, s'occupe d'un terrain de son père où pâturent des vaches. Quelquefois il passe dans un vieux pick-up vert cabossé, quelquefois il est à pied. On se croise de temps en temps. Parfois on est l'un en face de l'autre dans le minibus qui nous conduit à la ville la plus proche. Il a des tatouages partout, jusque dans le cou, jusque sous les yeux. Il a à peu près mon âge. Nous