Tourner la page
Il faudrait tourner la page, ne plus y penser, sortir du statut de victime, se tourner vers l'avenir. Les victimes de violences sexuelles reçoivent souvent ce type d'injonctions. Si seulement. Elles seraient les premières à tourner la page, à enfermer les violences qu'on leur a faites dans la boîte prévue pour les mauvais souvenirs et que nul n'ouvre jamais.
Malheureusement, quand les violences sont extrêmes, comme le sont les violences sexuelles, la page est si profondément entaillée qu'elle adhère à celles qui suivent, que les pages qui suivent sont entaillées elles aussi. S'il est possible de tourner la page, on s'aperçoit que la marque est sur la page d'après.
La vie d'après existe. La vie avec ses hauts et ses bas, une vie avec des pages lumineuses, emplies d'un bonheur inespéré. Mieux que quiconque, les personnes qui ont été victimes de violences sexuelles le savent. Il n'est pas question ici de les enfermer dans le présent perpétuel de la souffrance sans laisser le moindre espoir que la vie d'après peut être belle et qu'elle vaut la peine d'être vécue. Elles le savent bien puisque chaque jour est une lutte et une affirmation de soi.
160 000 enfants - Edouard Durand
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