Aller au contenu

Ceux qui partent d'Omelas

Noter ce sujet


Anachel

Messages recommandés

Membre, 50ans Posté(e)
Anachel Membre 622 messages
Forumeur expérimenté‚ 50ans‚
Posté(e)

Ceux qui partent d'Omelas est une nouvelle écrite par Ursula Le Guin qui dépeint la cité utopique d'Omelas dont la prospérité dépend de la misère perpétuelle d'un seul enfant. Cette ville ne connait ni la pauvreté ni la guerre et ses citoyens sont sophistiqués et cultivés. Néanmoins dans cette ville, le bonheur de la communauté repose sur le malheur d'un enfant enfermé dans des conditions atroces. Les citoyens d'Omelas, une fois assez âgés pour connaitre cette réalité, l'acceptent pour assurer le bonheur de la ville. Cependant, certains d'entre eux quittent la ville après avoir vu l'enfant.

La nouvelle pose des questions morales sur le coût du bonheur, le sacrifice d'un individu pour le bien de la majorité ainsi que le sentiment de culpabilité. Elle est souvent interprétée comme une critique de l'utilitarisme mais à titre personnel, elle fait surgir en moi un autre questionnement: considérant la somme absolument phénoménale de souffrance éprouvée par l'ensemble de toutes les créatures sensibles depuis le début des temps, n'aurait-il pas mieux valu que rien n'existe ?

Bien sûr le bonheur existe mais il est rare et fugace en regard de la douleur qui, elle, est une expérience universelle et souvent durable. Aucun homme, aucune femme, aucun animal ne traverse l'existence sans connaitre la douleur, qu'elle soit physique ou morale. Peut-être est-ce difficile pour un individu vivant dans notre société d'abondance préservée des vicissitudes communes de l'existence de prendre la pleine mesure de la quantité proprement effarante de souffrance qui a été ressentie. Songez que des centaines de milliards d'êtres ont connu l'agonie de la mort après avoir expérimenté la faim, la soif, le froid, la solitude, la peur, la maladie…combien ont vu leur chair déchirée ou leurs enfants mourir ?

Si on prend le temps d'y penser sérieusement, il ne me semble pas illégitime de se demander si l'existence à ce prix là est désirable.

Et vous, auriez vous quitté Omelas ?

Modifié par Anachel
  • Like 1
  • Merci 2
Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Annonces
Maintenant
Membre, 35ans Posté(e)
Loufiat Membre 2 589 messages
Mentor‚ 35ans‚
Posté(e)

La joie veut l'éternité. Disait Nietzsche je crois ? Faisant remarquer que la joie, le plaisir, la félicité se veut elle-même, demande le retour d'elle-même et avec elle, tout ce dont elle est inextricable, douleurs, souffrances, toute la laideur du monde.

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre, 52ans Posté(e)
Crom- Membre 2 060 messages
Forumeur vétéran‚ 52ans‚
Posté(e)
Il y a 6 heures, Anachel a dit :

Et vous, auriez vous quitté Omelas ?

Sans aucun doute.

 

C'est aussi la problématique du bouc émissaire.

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Invité chekhina
Invités, Posté(e)
Invité chekhina
Invité chekhina Invités 0 message
Posté(e)
Il y a 7 heures, Anachel a dit :

Ceux qui partent d'Omelas est une nouvelle écrite par Ursula Le Guin qui dépeint la cité utopique d'Omelas dont la prospérité dépend de la misère perpétuelle d'un seul enfant. Cette ville ne connait ni la pauvreté ni la guerre et ses citoyens sont sophistiqués et cultivés. Néanmoins dans cette ville, le bonheur de la communauté repose sur le malheur d'un enfant enfermé dans des conditions atroces. Les citoyens d'Omelas, une fois assez âgés pour connaitre cette réalité, l'acceptent pour assurer le bonheur de la ville. Cependant, certains d'entre eux quittent la ville après avoir vu l'enfant.

La nouvelle pose des questions morales sur le coût du bonheur, le sacrifice d'un individu pour le bien de la majorité ainsi que le sentiment de culpabilité. Elle est souvent interprétée comme une critique de l'utilitarisme mais à titre personnel, elle fait surgir en moi un autre questionnement: considérant la somme absolument phénoménale de souffrance éprouvée par l'ensemble de toutes les créatures sensibles depuis le début des temps, n'aurait-il pas mieux valu que rien n'existe ?

Bien sûr le bonheur existe mais il est rare et fugace en regard de la douleur qui, elle, est une expérience universelle et souvent durable. Aucun homme, aucune femme, aucun animal ne traverse l'existence sans connaitre la douleur, qu'elle soit physique ou morale. Peut-être est-ce difficile pour un individu vivant dans notre société d'abondance préservée des vicissitudes communes de l'existence de prendre la pleine mesure de la quantité proprement effarante de souffrance qui a été ressentie. Songez que des centaines de milliards d'êtres ont connu l'agonie de la mort après avoir expérimenté la faim, la soif, le froid, la solitude, la peur, la maladie…combien ont vu leur chair déchirée ou leurs enfants mourir ?

Si on prend le temps d'y penser sérieusement, il ne me semble pas illégitime de se demander si l'existence à ce prix là est désirable.

Et vous, auriez vous quitté Omelas ?

Je ne sais pas si j’aurais quitté Omelas mais je sais que je vais lire cette nouvelle. 
Elle va éclairer je pense l’une de mes intuitions fondamentales, peut être erronée, à savoir que notre civilisation est fondée sur le meurtre continu de l’enfant. Je pense même que la sexualité est en grande partie fondée sur ce meurtre. 
En tout cas je vais la lire cette nouvelle.

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Invité chekhina
Invités, Posté(e)
Invité chekhina
Invité chekhina Invités 0 message
Posté(e)
Il y a 8 heures, Anachel a dit :

Ceux qui partent d'Omelas est une nouvelle écrite par Ursula Le Guin qui dépeint la cité utopique d'Omelas dont la prospérité dépend de la misère perpétuelle d'un seul enfant. Cette ville ne connait ni la pauvreté ni la guerre et ses citoyens sont sophistiqués et cultivés. Néanmoins dans cette ville, le bonheur de la communauté repose sur le malheur d'un enfant enfermé dans des conditions atroces. Les citoyens d'Omelas, une fois assez âgés pour connaitre cette réalité, l'acceptent pour assurer le bonheur de la ville. Cependant, certains d'entre eux quittent la ville après avoir vu l'enfant.

La nouvelle pose des questions morales sur le coût du bonheur, le sacrifice d'un individu pour le bien de la majorité ainsi que le sentiment de culpabilité. Elle est souvent interprétée comme une critique de l'utilitarisme mais à titre personnel, elle fait surgir en moi un autre questionnement: considérant la somme absolument phénoménale de souffrance éprouvée par l'ensemble de toutes les créatures sensibles depuis le début des temps, n'aurait-il pas mieux valu que rien n'existe ?

Bien sûr le bonheur existe mais il est rare et fugace en regard de la douleur qui, elle, est une expérience universelle et souvent durable. Aucun homme, aucune femme, aucun animal ne traverse l'existence sans connaitre la douleur, qu'elle soit physique ou morale. Peut-être est-ce difficile pour un individu vivant dans notre société d'abondance préservée des vicissitudes communes de l'existence de prendre la pleine mesure de la quantité proprement effarante de souffrance qui a été ressentie. Songez que des centaines de milliards d'êtres ont connu l'agonie de la mort après avoir expérimenté la faim, la soif, le froid, la solitude, la peur, la maladie…combien ont vu leur chair déchirée ou leurs enfants mourir ?

Si on prend le temps d'y penser sérieusement, il ne me semble pas illégitime de se demander si l'existence à ce prix là est désirable.

Et vous, auriez vous quitté Omelas ?

Je me rends compte en lisant quelques critiques philosophiques de la nouvelle que l’impasse est faite sur l’essentiel : c’est un enfant qui est jeté dans la souffrance, ce n’est pas un adulte. Il est nécessaire de considérer cette nouvelle au premier degré sinon toute considération secondaire de cette nouvelle ne serait jamais qu’un moyen d’éviter de regarder l’horreur dans toute son acuité : c’est bien un enfant que l’on assassine.

Et si nous évitons de regarder l’événement au premier degré alors c’est que le meurtre de l’enfant nous indiffère, ou, pire qu’il nous satisfait.

Et il faut bien le constater : les meurtres des enfants dans les guerres, par exemple en Palestine, indifférent.

Si cette indifférence est constitutive de l’être humain en général, avant même qu’il s’incarne en Arabe ou Hebreux, ou tout autre ethnie, alors il est bien possible que l’humanité disparaisse. 
 

Le meurtre de l’enfant peut signifier le meurtre de la vie. Si cela porte l’humain alors l’humain disparaîtra puisque cette disparition est ce qu’il désire. 


Cela rappelle la pulsion de mort introduite par Freud. Je ne parlerai pas de pulsion de mort mais du désir de tuer la Vie. Dans ce cas l’humanité serait une erreur de l’évolution.

 
Une erreur en forme d’une expérience vécue par un « être » dont on ne sait rien sinon qu’il demeure dans nos inconscients. 
 

Les plus grandes souffrances vécues par les humains sont causées par des humains. 

 

Modifié par chekhina
Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre, 50ans Posté(e)
Anachel Membre 622 messages
Forumeur expérimenté‚ 50ans‚
Posté(e)
il y a une heure, chekhina a dit :

Et si nous évitons de regarder l’événement au premier degré alors c’est que le meurtre de l’enfant nous indiffère, ou, pire qu’il nous satisfait.

J'ai toujours été fasciné combien la morale pouvait inspirer des jugements péremptoires, lors même que la morale est une branche de la philosophie, terreau d'accueil des idées les plus variées et hétérodoxes s'il en est.

Il me semble pourtant que tout évènement peut se lire selon différentes perspectives et que sciences et philosophie ont la responsabilité, sinon le devoir, de toutes les examiner. Et même sans être scientifique ou philosophe je pense qu'admettre un peu de nuance permet d'atteindre une compréhension plus complète, bien que comme tout un chacun il m'arrive souvent de pêcher en la matière.
Sans que la mort d'un enfant les indiffèrent, la mort d'un enfant au moyen-âge était tellement commune que les gens apprenaient à s'en accommoder. Bien des cultures tribales considèrent la mort d'un ancien comme une plus grande perte que celle d'un enfant, car avec lui c'est une bibliothèque vivante et donc tout un savoir qui disparait. Et combien d'entre nous composent avec une situation pénible, ou moralement inconfortable sans pour autant que cela leur soit facile ?

Le confort dont jouissent nos sociétés occidentales n'est pas tout à fait sans rapport avec l'exploitation des ressources de sociétés moins favorisées et pourtant même les décolonialistes les plus radicaux hantent plus souvent le confort feutré de nos universités que le terrain spolié des autres continents. Notre prospérité collective scelle l'avenir du monde à travers pollution et climat, ce qui ne nous empêche ni de dormir ni de faire des enfants destinés à peupler ce monde inhabitable. 

Ceux qui partent d'Omelas me semblent vraiment très rares et pour ceux qui restent, s'enivrer de plaisir est probablement le meilleur moyen de ne pas faire face à leurs responsabilités et peut être le seul de ne pas devenir fous. 

Partir d'Omelas n'est-il pas moralement surérogatoire ? Nul n'est tenu de se conduire suivant une vertu extraordinaire et pourtant, renoncer à une vie de privilèges quand on a connu que ça, il me semble que c'est véritablement extra ordinaire.

A titre personnel je déplore la souffrance animale mais je n'arrête pas pour autant de manger de la viande et je ne milite pas contre la corrida. Ces causes me préoccupent, certes, mais pas au point de leur dédier une partie significative de mon existence sans réelle chance de les faire progresser par mon militantisme. Et en cela il ne me semble pas être un monstre, juste quelqu'un d'ordinaire. Ce qui n'est peut être pas glorieux mais pas honteux non plus.

il y a une heure, chekhina a dit :

Dans ce cas l’humanité serait une erreur de l’évolution.

Même si votre thèse était vraie, il resterait à mon sens abusif de parler d'erreur de l'évolution en cela qu'anthropomorphiser un concept aussi abstrait que l'évolution contribue plus à l'obscurcir qu'à l'éclairer. Supposer un objectif à l'évolution, ou une conduite morale, c'est présupposer une volition dans la conduite du monde et en l'occurrence dans un processus mécanique dépourvu de toute intention.

Et si je fais erreur dans l'interprétation de vos propos je m'en excuse, je sais combien il est difficile de parler d'évolution sans contaminer notre vocabulaire par une téléologie inopportune. 

Il y a 2 heures, chekhina a dit :

Je pense même que la sexualité est en grande partie fondée sur ce meurtre. 

Pourriez vous développer ce point je vous prie ? Vous avez piqué mon intérêt.

Modifié par Anachel
Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Invité chekhina
Invités, Posté(e)
Invité chekhina
Invité chekhina Invités 0 message
Posté(e)
Il y a 1 heure, Anachel a dit :

J'ai toujours été fasciné combien la morale pouvait inspirer des jugements péremptoires, lors même que la morale est une branche de la philosophie, terreau d'accueil des idées les plus variées et hétérodoxes s'il en est.

Il me semble pourtant que tout évènement peut se lire selon différentes perspectives et que sciences et philosophie ont la responsabilité, sinon le devoir, de toutes les examiner. Et même sans être scientifique ou philosophe je pense qu'admettre un peu de nuance permet d'atteindre une compréhension plus complète, bien que comme tout un chacun il m'arrive souvent de pêcher en la matière.
Sans que la mort d'un enfant les indiffèrent, la mort d'un enfant au moyen-âge était tellement commune que les gens apprenaient à s'en accommoder. Bien des cultures tribales considèrent la mort d'un ancien comme une plus grande perte que celle d'un enfant, car avec lui c'est une bibliothèque vivante et donc tout un savoir qui disparait. Et combien d'entre nous composent avec une situation pénible, ou moralement inconfortable sans pour autant que cela leur soit facile ?

Le confort dont jouissent nos sociétés occidentales n'est pas tout à fait sans rapport avec l'exploitation des ressources de sociétés moins favorisées et pourtant même les décolonialistes les plus radicaux hantent plus souvent le confort feutré de nos universités que le terrain spolié des autres continents. Notre prospérité collective scelle l'avenir du monde à travers pollution et climat, ce qui ne nous empêche ni de dormir ni de faire des enfants destinés à peupler ce monde inhabitable. 

Ceux qui partent d'Omelas me semblent vraiment très rares et pour ceux qui restent, s'enivrer de plaisir est probablement le meilleur moyen de ne pas faire face à leurs responsabilités et peut être le seul de ne pas devenir fous. 

Partir d'Omelas n'est-il pas moralement surérogatoire ? Nul n'est tenu de se conduire suivant une vertu extraordinaire et pourtant, renoncer à une vie de privilèges quand on a connu que ça, il me semble que c'est véritablement extra ordinaire.

A titre personnel je déplore la souffrance animale mais je n'arrête pas pour autant de manger de la viande et je ne milite pas contre la corrida. Ces causes me préoccupent, certes, mais pas au point de leur dédier une partie significative de mon existence sans réelle chance de les faire progresser par mon militantisme. Et en cela il ne me semble pas être un monstre, juste quelqu'un d'ordinaire. Ce qui n'est peut être pas glorieux mais pas honteux non plus.

Même si votre thèse était vraie, il resterait à mon sens abusif de parler d'erreur de l'évolution en cela qu'anthropomorphiser un concept aussi abstrait que l'évolution contribue plus à l'obscurcir qu'à l'éclairer. Supposer un objectif à l'évolution, ou une conduite morale, c'est présupposer une volition dans la conduite du monde et en l'occurrence dans un processus mécanique dépourvu de toute intention.

Et si je fais erreur dans l'interprétation de vos propos je m'en excuse, je sais combien il est difficile de parler d'évolution sans contaminer notre vocabulaire par une téléologie inopportune. 

Pourriez vous développer ce point je vous prie ? Vous avez piqué mon intérêt.

Il n’y a pas si longtemps je me serai emporté contre votre discours. Vous voyez un jugement péremptoire et moral dans mon jugement et vous vous situez dans la « philosophie ». 
Bien sûr ma colère n’aurait pas été justifiée et j’aurais eu tout le forum contre moi. 
La différence entre vous et moi c’est que vous n’avez aucune EXPÉRIENCE vécue de ce que peut signifier l’enfant pour un homme, une femme qui s’est battu pour que naisse l’enfant, qui a en définitive  changé sa vie pour l’enfant. 
Je n’insiste pas : nous ne pouvons même pas communiquer car il ne vous vient même pas à la conscience que le défaut d’expérience vécue pourrait bien caricaturer votre pensée.

Je ne nie pas votre souffrance, vous l’avez exposée ici. Personne ne vous a opposé une quelconque philosophie. Et je suis heureux de constater qu’il apparaît que votre situation personnelle s’est améliorée. 
Vous voyez : je suis capable de considérer les aléas de votre souffrance aggravée par votre handicap mais vous êtes incapable de comprendre la souffrance de quiconque souffre pour son enfant, uniquement parce que vous n’avez pas d’enfant.

Pour vous, comme pour les gens du forum,  je suis une caricature et franchement : je m’en fous. 

Puisque le forum pour moi est un mystère  : il me permet de communiquer avec une réalité étrange.

Je vous laisse me dégrader, limiter ma pensée à des conneries.

Tentez tout de même de sortir de votre souffrance, que je ne nie pas, loin de là, et tentez de comprendre que l’émotion devant l’enfant que l’on tue ne dérive pas d’une morale comme vous le croyez. Mais d’un vécu. Sur ce Adieu.

Mais je tenais  à vous le dire, et c’est pour cela que je vous réponds : votre souffrance m’a profondément touché et je suis réellement heureux que votre situation matérielle se soit améliorée. 

 

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Invité chekhina
Invités, Posté(e)
Invité chekhina
Invité chekhina Invités 0 message
Posté(e)

Pourtant je ne peux pas en rester là. Bien sûr je parle d'expérience et l'expérience est une richesse dont ne dispose pas celui qui n'a pas l'expérience. Donc quand je vous étrille @Anacheltoute personne, dont vous, sait que je me place à partir d'une position dominante dont je profite et dont vous ne disposez pas.

Vous m'attaquez maladroitement, je peux stigmatiser l'attaque, mais personne n'est dupe : je dispose d'une puissance d'attaque dont vous ne disposez pas. Finalement c'est moi le loup et vous l'agneau. Et c'est vrai, et c'est moi qui choque le public.

Comment sortir de cette exercice de puissance respective ?

Tout dépend pourquoi nous venons sur le forum. Pourquoi nous allons pérorer devant une assemblée. 

Pour ma part il me semble que je viens communiquer avec un être difficile à saisir. Au passage je tombe sur des interventions, dont la vôtre, que je flingue. Mais vos interventions me permettent pourtant de préciser en moi certaines choses. 

 

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre, 50ans Posté(e)
Anachel Membre 622 messages
Forumeur expérimenté‚ 50ans‚
Posté(e)
Il y a 22 heures, chekhina a dit :

Il n’y a pas si longtemps je me serai emporté contre votre discours. Vous voyez un jugement péremptoire et moral dans mon jugement et vous vous situez dans la « philosophie ». 
Bien sûr ma colère n’aurait pas été justifiée et j’aurais eu tout le forum contre moi. 
La différence entre vous et moi c’est que vous n’avez aucune EXPÉRIENCE vécue de ce que peut signifier l’enfant pour un homme, une femme qui s’est battu pour que naisse l’enfant, qui a en définitive  changé sa vie pour l’enfant. 
Je n’insiste pas : nous ne pouvons même pas communiquer car il ne vous vient même pas à la conscience que le défaut d’expérience vécue pourrait bien caricaturer votre pensée.

Je ne nie pas votre souffrance, vous l’avez exposée ici. Personne ne vous a opposé une quelconque philosophie. Et je suis heureux de constater qu’il apparaît que votre situation personnelle s’est améliorée. 
Vous voyez : je suis capable de considérer les aléas de votre souffrance aggravée par votre handicap mais vous êtes incapable de comprendre la souffrance de quiconque souffre pour son enfant, uniquement parce que vous n’avez pas d’enfant.

Pour vous, comme pour les gens du forum,  je suis une caricature et franchement : je m’en fous. 

Puisque le forum pour moi est un mystère  : il me permet de communiquer avec une réalité étrange.

Je vous laisse me dégrader, limiter ma pensée à des conneries.

Tentez tout de même de sortir de votre souffrance, que je ne nie pas, loin de là, et tentez de comprendre que l’émotion devant l’enfant que l’on tue ne dérive pas d’une morale comme vous le croyez. Mais d’un vécu. Sur ce Adieu.

Mais je tenais  à vous le dire, et c’est pour cela que je vous réponds : votre souffrance m’a profondément touché et je suis réellement heureux que votre situation matérielle se soit améliorée. 

 

 

Il y a 22 heures, chekhina a dit :

Pourtant je ne peux pas en rester là. Bien sûr je parle d'expérience et l'expérience est une richesse dont ne dispose pas celui qui n'a pas l'expérience. Donc quand je vous étrille @Anacheltoute personne, dont vous, sait que je me place à partir d'une position dominante dont je profite et dont vous ne disposez pas.

Vous m'attaquez maladroitement, je peux stigmatiser l'attaque, mais personne n'est dupe : je dispose d'une puissance d'attaque dont vous ne disposez pas. Finalement c'est moi le loup et vous l'agneau. Et c'est vrai, et c'est moi qui choque le public.

Comment sortir de cette exercice de puissance respective ?

Tout dépend pourquoi nous venons sur le forum. Pourquoi nous allons pérorer devant une assemblée. 

Pour ma part il me semble que je viens communiquer avec un être difficile à saisir. Au passage je tombe sur des interventions, dont la vôtre, que je flingue. Mais vos interventions me permettent pourtant de préciser en moi certaines choses.

Tout d'abord et avant tout, merci pour votre sollicitude. Cela me touche sincèrement.

Croyez bien que si vous avez ressenti mon intervention comme hostile à votre égard j'en suis désolé mais je pense que vous vous méprenez sur sa teneur. S'il est vrai que j'y exprime certaines idées en désaccord avec vos propos, je ne pense pas que cela doive nécessairement traduire une antagonisation de nos rapports. Être en désaccord me semble d'ailleurs s'avérer le gage d'un dialogue plus fécond que celui de personnes en parfaite harmonie. J'ai tragiquement conscience qu'en cette époque étrange il semblerait que deux individus aux opinions divergentes doivent inévitablement s'agonir d'épithètes plus dégradants les uns que les autres mais je suis d'un autre temps et ne souscris pas à cette philosophie

Certes je fais remarquer certains de vos travers (ou du moins ce qui m'apparait comme tel) mais en me lisant attentivement vous remarquerez que soit je dis partager ces travers soit je fais noter qu'ils sont très communs. C'est un fait, nous avons tous des défauts et des biais, moi le premier et je ne vous accable pas pour en manifester certains dans vos propos. Je me contente de les relever, sans vous réduire à eux, afin de tenter de vous faire voir qu'une lecture acceptant plus de nuances permet une compréhension plus large et plus profonde.

Je ne raille pas votre pensée, je pointe ce qui m'en apparait comme les points aveugles. Je ne vous attaque pas, j'essaie de faire prévaloir mon opinion à travers des arguments et des exemples concrets, ce qui est une invitation tacite à les réfuter avec de meilleurs arguments ou à vous laisser convaincre.

Il est vrai que je n'ai pas d'enfants mais cela ne me disqualifie pas pour autant ma capacité à comprendre la souffrance de qui en à. D'ailleurs je ne la nie nullement, je me contente de rappeler que cette souffrance est relative à certains contextes. Si la mort d'un enfant est devenue si rare qu'elle nous apparait désormais comme une anomalie et une terrible injustice, il fut un temps et des lieux où un enfant sur deux mourrait en bas âge et chacun était préparé à en perdre quelques uns avant d'avoir une lignée pour assurer ses vieux jours.

Peut être mes propos (et ma personne) peuvent vous apparaitre froids dans cette intervention ou d'autres mais j'essaie autant que faire se peut de ne pas laisser les émotions interférer avec la raison. Non pas que je les renies mais elles ne doivent pas diriger la pensée. Je les prends en compte sans les laisser s'exprimer pour moi car le pathos nuit à la raison. 
Poète à mes heures, il m'arrive de leur prêter ma prose mais jamais dans un sujet qui requiert une réflexion profonde.

J'espère que nous pourrons laisser cet incident derrière nous, pour ma part considérez qu'il est oublié. :bienvenue:

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre, 35ans Posté(e)
Ambre Agorn Membre 2 156 messages
Mentor‚ 35ans‚
Posté(e)
Le 17/04/2024 à 09:16, chekhina a dit :

Elle va éclairer je pense l’une de mes intuitions fondamentales, peut être erronée, à savoir que notre civilisation est fondée sur le meurtre continu de l’enfant. Je pense même que la sexualité est en grande partie fondée sur ce meurtre. 

Bonjour Chekhina!

Je saute sur l'occasion, car ce n'est pas la première fois que vous mentionner ceci, à savoir le meurtre de l'enfant.

Quand j'ai lu la nouvelle, je me suis dit: c'est fou que cela soit représenté comme une cité utopique, car ej trouve qu'elle est une description assez représentative d'une certaine réalité. Et j'ai l'impression de "comprendre" ce que vous appeler le meurtre de l'enfant. Je le formulerait avec mes mots, mais j'aimerai savoir ceci: qu'est-ce que l'enfant pour vous? Je veux dire quand vous parler de meurtre de l'enfant, j'ai bien compris que ce n'était pas physique, ou pas dans sa forme ultime de donner la mort. Il y a sans doute alors beaucoup de façons de "tuer l'enfant". Alors, pour vous, qu'est-ce qui est tué chez l'enfant?

@Anachel

J'ai lu cette nouvelle aussi. Je n'ai pas vraiment compris le but de cette histoire. Est-ce pour signifier qu'il y a toujours un bouc émissaire et que la stabilité d'une société dépend de celui-ci et de la conscience de celui-ci par tout un chacun? Si c'est le cas qui sont les gens qui partent? A première vue ce sont ceux qui ne peuvent pas accepter l'état de fait des choses et les fuient. Mais peut-être aussi sont-ce ceux qui ne peuvent pas supporter d'être un point par lequel cette réalité passe et perdure. Il est mentionné l'impuissance dans laquelle tout un chacun est placé quand l'idée de changer le sort de cet enfant est étudiée. C'est une contrainte qui n'est pas réelle, mais qui sert à la direction de la nouvelle, pour ancrer un état de fait. Effectivement on peut toujours se retrouver dans une situation où notre impuissance nous condamne à devoir continuer ou à partir (encore que ce ne soit pas toujours possible de partir ou s'échapper).

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre, 50ans Posté(e)
Anachel Membre 622 messages
Forumeur expérimenté‚ 50ans‚
Posté(e)
Il y a 2 heures, Ambre Agorn a dit :

J'ai lu cette nouvelle aussi. Je n'ai pas vraiment compris le but de cette histoire. Est-ce pour signifier qu'il y a toujours un bouc émissaire et que la stabilité d'une société dépend de celui-ci et de la conscience de celui-ci par tout un chacun? Si c'est le cas qui sont les gens qui partent? A première vue ce sont ceux qui ne peuvent pas accepter l'état de fait des choses et les fuient. Mais peut-être aussi sont-ce ceux qui ne peuvent pas supporter d'être un point par lequel cette réalité passe et perdure. Il est mentionné l'impuissance dans laquelle tout un chacun est placé quand l'idée de changer le sort de cet enfant est étudiée. C'est une contrainte qui n'est pas réelle, mais qui sert à la direction de la nouvelle, pour ancrer un état de fait. Effectivement on peut toujours se retrouver dans une situation où notre impuissance nous condamne à devoir continuer ou à partir (encore que ce ne soit pas toujours possible de partir ou s'échapper).

Eh bien c'est cela le tragique et le génie de la philosophie, elle sert moins à apporter des réponses qu'à faire se poser de nouvelles questions. Le guin ne s'est jamais exprimé sur l'interprétation à faire de sa nouvelle et le manque flagrant de détails concernant les mécanismes expliquant comment le malheur de l'enfant profite à la cité ou pourquoi personne ne peut lui venir en aide me conforte dans l'idée que le souhait de l'auteure n'était pas d'apporter de réponses définitives aux lecteurs mais de susciter le questionnement, de stimuler la réflexion et de valoriser la multiplicité des points de vue qui sont tout autant de pièces de l'immense et complexe mosaïque qu'est la réalité et dont chacune permet de mieux entrevoir le grand dessin qu'elle compose.

Les questions morales sont complexes parce que le monde est complexe et ambigu, que nous sommes parfois confrontés à des intérêts contraires et que pour satisfaire l'un il faut occasionnellement léser l'autre. Ceux qui quittent Omelas sont ceux qui ne veulent pas être complices de l'exploitation de cet enfant. Mais ce sont également ceux dont la culpabilité les pousse à fuir vers un oubli salvateur, ceux qui n'ont pas tout tenté pour le sauver ou encore ceux dont le départ est le dernier cri de protestation adressé à la grande cité.

Je note cependant avec un certain intérêt que les grands absents de cette œuvre et des commentaires qu'elle a suscité sont ceux qui restent. Etouffent ils toute culpabilité ? Se résignent ils à cette réalité ou l'embrassent ils pleinement en se convaincant que c'est dans l'ordre des choses ? A moins qu'ils évitent d'y penser, tout comme nous convoquons rarement dans notre esprit l'image des enfants travaillant dans les mines du Congo qui ont permis l'élaboration des composants de notre précieux et tout nouveau téléphone portable.

 

Modifié par Anachel
Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre, 52ans Posté(e)
Crom- Membre 2 060 messages
Forumeur vétéran‚ 52ans‚
Posté(e)

Il y a une série de SF assez récente dont un épisode traitait de ce sujet:

Tout le monde étaient heureux mais cela reposait sur la souffrance d'1 seul enfant.

 

J'arrive pas a me rappeler quelle était cette série, peut être une des déclinaisons de Star Trek.

Modifié par Crom-
Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre, If you don't want, you Kant..., Posté(e)
deja-utilise Membre 5 989 messages
If you don't want, you Kant...,
Posté(e)

Bonjour @Anachel,

 

bien que n'ayant pas lu la nouvelle, je peux me référer à ce que tu en as dit pour l'essentiel, car il m'apparait que le contenu n'est autre qu'une simplification extrême finalement, de nos sociétés actuelles et de leur mode de fonctionnement disons prédateur.

 

Le sujet est d'une incroyable complexité et la condense en un noyau dur représentatif de toute l'horreur actuelle que l'humanité perpétue depuis l'aube de son existence, avec une barbarie toujours plus subtile mais avec la même violence et agressivité.

 

Il y a plusieurs phénomènes en jeu, on pourrait songer à l'idée de bouc-émissaire, mais comme la nouvelle n'est à mon sens qu'une extrapolation réductrice d'un processus plus large et carnassier, ce n'est pas l'élément le plus fondamental à prendre en ligne de compte, pour traiter d'une société entière et non un groupe local de taille modeste. Il y a bien sûr la place de la souffrance et de sa prise en compte, cela renvoie inéluctablement aux interprétations que tout un chacun est en mesure de faire en fonction de la proximité d'avec la victime, il a été mis en évidence que plus il y avait une distance importante, qu'elle soit géophysique, idéologique, raciale, clanique, politique, etc..., moins on prenait en compte cette souffrance pour délibérer et agir, les expériences de S. Milgram dans La soumission à l'autorité, en sont un illustre exemple. Il y a également le conformisme, et la peur d'être jugé pour son écart à la norme, et donc d'être marginalisé, ostracisé, voire exclu, la réaction étant cette foi-ci de l'ordre de ce que S. Ash a montré dans ses expériences, ainsi que S. Milgram également ailleurs. On pourrait aussi évoqué la bestialité sous-jacente de l'humain dès que les verrous sautent ou la situation devient " favorable ", tel que l'on peut le constater avec " l'expérience de Standford " de P. Zimbardo ( puis d'Abu Ghraib dans la réalité ). De même comme tu l'évoques, le parti-pris de l'utilitarisme, et donc une sous-classe du capitalisme où les riches, élus ou privilégiés le sont au détriment ou sur le dos des autres antagonistes, comme Montaigne le disait déjà: " Le profit de l'un c'est le dommage d'autrui ". De plus, on pourrait aussi avantageusement se tourner vers la notion de banalité du mal élaborée par H. Arendt et reprise aussi par M. Terestchenko dans Un si fragile vernis d'humanité, où l'on découvre que chacun de nous peut être un monstre alors même que nous nous considérons pourtant comme des êtres moraux - et normaux, nous nous trouvons des excuses, des prétextes, des raisons et/ou des justifications de ne pas nous comporter comme nous le devrions, grosso-modo, à partir entre autres du livre de C. Browning Le 101e bataillon de réserve de la police allemande, on peut faire les pourcentages suivants: 10% des protagonistes sont favorables au mouvement et font même preuve d'un certain enthousiasme à faire " le mal ", 10% résistent spontanément assez farouchement à ces sommations/impératifs/requêtes, mais 80% s'en accommodent bon an mal an ! Enfin, il y aura tous ceux dans l'ignorance crasse ou volontaire ou simulée, dans le déni, sous l'emprise d'un raisonnement motivé, dans le biais de confirmation, le biais de croyance, avec un esprit conspirationniste/complotiste, sous le joug d'une doctrine ou d'un endoctrinement quelle que soit sa nature et sa forme, voire un formatage dès la prime jeunesse ou une inhibition de l'esprit critique dès le plus jeune âge sur la question - dont l'impuissance apprise en est une des manifestations tout comme l'effet Pygmalion. Je pourrais aussi évoquer la dissonance cognitive telle que décrite par L. Festinger dans son livre quasi-éponyme. Et cetera, et cereta...

 

Bref, tout concourt, en plus des intérêts immédiats et évidents, à ce que le système n'évolue pas, demeure tel qu'il est, y compris même pour la minorité à laquelle celui-ci contrevient pourtant, pris dans un cercle vicieux de pensées, comme le révèle La théorie de la justification du système par exemple quand on est la(les) victime(s). La plupart des gens optant pour s'accommoder et même s'arranger avec soi-même tant bien que mal pour sortir son épingle du jeu, que ce soit sur le plan matériel ou psychologique. Même un D. Thoreau a fini par revenir à la vie " normale " après sa retraite contestataire... Il faudrait être un Diogène de Sinope aujourd'hui pour pouvoir résister au monde qui s'impose à nous, il y a sans doute des prétendants, comme c'est souvent le cas quand il suffit de dire plutôt que faire, mais peu se réalisent concrètement dans l'action militante/réactionnaire plus ou moins prononcée ! D'autant moins que la société a atrophié nos volontés par l'exubérance des produits de consommation et de services, je ne vois et ne rencontre que très peu d'individu ayant réellement entrepris concrètement de changer de mode de vie, en opposition plus ou moins franche avec la société consumériste et pas vraiment fair-trade à ce jour, c'est bien plus souvent et vraisemblablement un compromis plutôt qu'un rejet, car actuellement quel que soit le choix, on reste dépendant des autres et donc de la société que l'on a éventuellement fuie, on y a surtout mis de la distance, mais les connexions demeurent même si elles deviennent plus implicites et sous-jacentes, autrement dit moins visibles.

 

:bienvenue:

 

P.S.: Dans la série " Crash landing on you ", dans un épisode la femme dans le rôle principal qui pourtant se " vante " de manger deux fois par jour de la viande, se retrouve bien en peine quand des soldats lui apportent un porcelet sur pattes pour faire un pique-nique à son initiative, elle s'interpose pourtant pour qu'on ne tue pas l'animal, elle se retrouve alors en pleine contradiction, que les soldats ne manquent pas de lui rappeler fort à propos ! ( Quand on ne sait pas vraiment ce que l'on fait et ce que cela implique réellement, on peut se surprendre à penser et à réagir très différemment devant une mise en situation qui nous met face à ces implications qui étaient jusqu'à présent hors de vue, de portée, d'attention, de conscientisation, etc... )

      Dans une autre série " Youth of May " l'héroïne se doit de répondre au héro qui lui demande de fuir la répression militaire, celui-ci lui disant que ses actions sont vaines et ne changeront rien à la situation locale ou du pays, pourtant elle lui répond que certes cela ne changera certainement/probablement rien, mais qu'elle se sent le devoir d'agir à son niveau ( en parfaite stoïcienne ) ! Elle reste donc pour aider les autres en tant qu'infirmière, plutôt que de prendre la tangente avec son bien-aimé, alors même qu'elle lui avait promis de partir avec lui de la ville.

Modifié par deja-utilise
  • Like 1
Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre, 50ans Posté(e)
Anachel Membre 622 messages
Forumeur expérimenté‚ 50ans‚
Posté(e)
Le 20/04/2024 à 10:15, deja-utilise a dit :

Il faudrait être un Diogène de Sinope aujourd'hui pour pouvoir résister au monde qui s'impose à nous

C'est une idée que je retourne depuis quelques temps déjà.

C'est vrai de toute société mais ça l'est plus encore de celle, contemporaine, dans laquelle nous vivons. Même résolu à vivre à l'état de nature, l'homme souhaitant s'affranchir de sa domestication par la société en est empêché de différentes manières.

Tout d'abord elle le prive des compétences d'autosuffisance nécessaires à la survie à l'état sauvage. L'homme moderne tertiarisé est pris en charge de sa naissance à sa mort sans qu'il lui soit inculqué aucune des connaissances qui lui seraient indispensables pour subvenir par lui même à ses propres besoins. Ensuite elle poursuit cette logique par son injonction à consommer, entretenant notre dépendance aux services et à l'accessoire en les établissant comme norme non seulement matérielle mais comme norme culturelle, achevant de faire de nous les prisonniers volontaires d'un système d'asservissement s'établissant moins par l'autorité que par le besoin. Enfin, ce collectif désincarné qu'on nomme société s'étant approprié jusqu'à la surface de la Terre à travers l'état, même celui qui disposerait à la fois des compétences et de la volonté verrait son projet entravé s'il voulait s'en émanciper. Aucun espace disponible pour celui qui refuse sa sujétion, nul lopin de terre laissé à l'usage des dissidents. Celui qui est résolu à vivre en totale indépendance est encore obligé de se soumettre au système en achetant un terrain et en devant occasionnellement répondre à une bureaucratie triomphante. La seule alternative est la criminalité.

Ces obstacles à l'indépendance s'exercent essentiellement de façon passive et nous sommes comme des otages naviguant entre soumission volontaire et celle dictée par la nécessité, restants auprès de leur ravisseur bien après que ce dernier les ait libérés.

Plus une société est sophistiquée et plus notre subordination est totale. Une technologie trop avancée et spécialisée interdit à l'homme du commun de savoir la réparer en cas de problème et bien souvent il est même moins cher de racheter un objet plutôt que de le confier à un professionnel. Une complexité croissante exige des métiers plus spécialisés, donc des études plus longues et moins de polyvalence. Notre dépendance aux services, aux autres, à la technologie est toujours plus grande. 

L'urbain tertiarisé d'aujourd'hui est une créature étrange qu'un campagnard d'il y a un siècle regarderait probablement avec un mélange de mépris et de commisération , sidéré de voir un être si tributaire, délicat et frivole.

Même sans aller jusqu'à cet exemple d'une volonté extrême de s'extraire de la société, simplement résister au système exige de tels compromis matériels et psychologiques qu'elle ne me semble compatible qu'avec une forme de radicalité inaccessible à l'homme du commun.

Modifié par Anachel
Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre, If you don't want, you Kant..., Posté(e)
deja-utilise Membre 5 989 messages
If you don't want, you Kant...,
Posté(e)

Bien le bonjour @Anachel

je te rejoins massivement dans ton propos, à quelques détails près, premièrement " la société " n'a pas de volonté, ni d'intention, elle n'est que le fruit ou la résultante des volontés individuelles, qui certes n'ont pas toutes le même poids dans la balance, pas plus que la Nature veut ou aurait voulu l'avènement de l'Homme, qui plus est, en maitre de la planète, en le pourvoyant de tel ou tel attribut, ou vers tel dessein assigné. Deuxièmement, il n'est pas tout-à-fait exact qu'il n'existerait aucun lopin de terre sur Terre pour retrouver sa liberté " totale ", mais le prix à payer économique, social, sécuritaire et matériel est considérable, on peut songer à ces territoires où l'État reconnait aux natifs un Droit de vivre en paix et à l'écart des tribulations des sociétés modernes et donc sans intervention étatique d'aucune sorte, une reconnaissance d'une certaine souveraineté pour les indigènes sur ces zones, comme une sorte de non-État circonscrit dans l'État globalisant du pays, si je puis dire. Troisièmement et dernièrement, il y a de plus en plus de personnes et de regroupements de personnes qui s'efforcent véritablement de rejeter la société capitaliste, et de renouer tant bien que mal avec une vie communautaire, hétérarchique, locale, parcimonieuse, d'entraide, low-tech, etc... qui n'a rien d'utopique, puisque en application concrète un peu partout dans le monde, en contre-pied de ce que l'on dénonce toi et moi, pour l'heure ces - petits - mouvements viennent surtout de pays très " développés ".

Il n'est pas à exclure, au fur et à mesure de la prise de conscience générale, par tout un chacun des habitants de la planète, qu'il faille effectivement revoir et corriger nos modes de vie et nos façons d'interagir les uns avec les autres, quelle que soit l'échelle envisagée, consécutivement, par la force des choses, des dérèglements climatiques et l'épuisement des ressources, ainsi que les rejets étouffants de nos productions pour les écosystèmes dont nous dépendons pourtant entièrement. De deux choses l'une, on le fait par anticipation pour limiter la casse ( " préventif " ), l'autre, on le fera parce que nous n'aurons plus d'autre choix que d'y remédier et d'y faire face, mis devant le fait accompli de la catastrophe ( " curatif " ), quitte à ce que l'humanité retourne à l'âge de pierre conséquemment, non par choix, et se retrouvant dans un " goulot d'étranglement " évolutif, avec quelques milliers de survivants dans le Monde après l'effondrement totale des sociétés " modernes ": plus de pétrole, plus assez d'eau potable ni d'aliments, avec des températures suffocantes, des sécheresses infernales ou des pluies diluviennes et des tempêtes dévastatrices et par voie de conséquences, plus d'électricité non plus ( il faut beaucoup d'eau pour refroidir une centrale nucléaire, et ce, en permanence et du combustible extrait et traité à partir de machines fonctionnant avec des dérivés du pétrole ou des biocarburants éventuellement ), un effet domino en somme après avoir franchi un seuil irréversible, un point de basculement...

Des scientifiques, anthropologues et ethnologues, sont de plus en plus nombreux à dire qu'il faudrait prendre exemple sur les peuples premiers et renverser le paradigme qui domine encore, ce n'est pas " nous " qui aurions des leçons à donner à ces tributs " primitives " mais tout à l'inverse, eux qui auraient à nous enseigner à renouer avec une vie humaine planétaire compatible avec sa perduration et dans le respect du reste du - de tout le - vivant et pas seulement des êtres biologiques " d'intérêts ".

Tant que nous nous comporterons comme des parasites ou des métastases cancéreuses, l'organisme Terre sera en grave danger, et nous l'organe Humanité en danger d'éradication à brève échéance ( vis-à-vis des temps géologiques ), bien sûr la Vie peut largement nous survivre comme ce fût le cas lors des cinq premières grandes extinctions, nous sommes, de l'avis de nombre de scientifiques, la source de la sixième, en cours.

 

Notre soucis vient de notre nature elle-même et notre fonctionnement animal, que nous n'arrivons pas à dompter correctement, seulement à un niveau anthrocentrique et même imparfaitement, notre pulsion à la domination et notre insatisfaction chronique en toute chose, nous poussent à l'Exploitation ( que ce soit fictivement un enfant, effectivement des travailleurs étrangers ou les animaux d'élevage ou de " test ", ou encore la matière première naturelle minérale et organique ) sans vergogne, omniprésente, qui est arrivée à un niveau effroyable et délétère bien qu'avec l'inertie considérable du " système " on en perçoit à peine les effets concrets, d'ailleurs avec une injustice criante où les pays principalement responsables ne subissent pas encore véritablement les conséquences de leurs actes, alors que les pays pas ou très peu responsables de la situation en paient déjà le prix en premier ou bien plus durement...  

Comme je le disais à un forumeur il y a peu, il n'existe actuellement aucun traitement - efficace - contre la bêtise, uniquement par endroits une diminution des symptômes mais que passagèrement qui plus est, c'est donc à la fois local et éphémère, d'où l'expression: " Chassez le naturel et il revient au galop " ( Je te sais " friand " comme moi des dysfonctionnements de l'esprit humain, je te conseillerais bien de lire Bias in human reasoning, de J. Evans, mais malheureusement il n'existe qu'en langue anglaise, où l'auteur est très dubitatif et même pessimiste sur les leviers à disposition pour agir de manière efficiente et pérenne sur le " débiaisement ", à défaut, tu pourrais te rapprocher du livre de S. Houdé: Comment raisonne notre cerveau, où le constat alarmant est sensiblement le même, mais pour une autre raison, due cette fois-ci à notre faible propension à l'inhibition - des automatismes ou heuristiques du Système 1, qu'il appelle le Système 3, qui effectue la bascule entre le Système 1 et justement le Système 2 ). Comme je n'ai trouvé aucun auteur optimiste sur la rectification des penchants humains problématiques, j'ai bien peur en ce cas que l'humanité fera comme le bon coq français, d'attendre d'avoir les deux pieds dans le fumier pour faire entendre sa voix et agir conséquemment, une fois le mal fait donc et qu'on sera dans la m*** jusqu'au cou et même jusqu'aux orifices du nez et de la bouche pour respirer, vu l'ampleur de la stupidité humaine !

 

:bienvenue:

Modifié par deja-utilise
Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre, Posté(e)
Demsky Membre 11 281 messages
Maitre des forums‚
Posté(e)
Le 17/04/2024 à 01:31, Anachel a dit :

Elle est souvent interprétée comme une critique de l'utilitarisme

 

Le 17/04/2024 à 11:37, Anachel a dit :

Bien des cultures tribales considèrent la mort d'un ancien comme une plus grande perte que celle d'un enfant, car avec lui c'est une bibliothèque vivante et donc tout un savoir qui disparait.

 

 

 

 

 

Le 17/04/2024 à 11:37, Anachel a dit :

Et combien d'entre nous composent avec une situation pénible, ou moralement inconfortable sans pour autant que cela leur soit facile ?

Cette ville ne connait ni la pauvreté ni la guerre et ses citoyens sont sophistiqués et cultivés.

 

 

 

 

 

Le 17/04/2024 à 11:37, Anachel a dit :

Partir d'Omelas n'est-il pas moralement surérogatoire ? Nul n'est tenu de se conduire suivant une vertu extraordinaire et pourtant, renoncer à une vie de privilèges quand on a connu que ça, il me semble que c'est véritablement extra ordinaire.

Elle est souvent interprétée comme une critique de l'utilitarisme

 

 

 

 

 

 

Et vous, auriez vous quitté Omelas ?

Le 17/04/2024 à 11:37, Anachel a dit :

sans réelle chance de les faire progresser par mon militantisme.

N'aurait-il pas mieux valu que rien n'existe ?

:D

 

 

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

  • 2 semaines après...
Membre, 54ans Posté(e)
urizen Membre 10 messages
Forumeur Débutant‚ 54ans‚
Posté(e)

Anachel, très heureux de voir quelqu'un qui aborde cette nouvelle d'Ursula Le Guin, l'un de mes auteurs préférés !

Pour ceux qui ne connaissent pas cet auteur, je conseille le numéro spécial de Bifrost numéro 78 pour un cout modique en version epub sans DRM

https://belial.fr/legacy/a/revue/bifrost-78

ou justement cette nouvelle figure.

Je ne maitrise pas aussi bien la prose que vous mais pour ma part, mon choix est : je quitte Omale.

Mais dans notre monde actuel, est ce que l'on ne rencontre pas Omale au final..... (exploitation de l'enfant, trafic humain et j'en passe).

Je lis vos échanges avec attention.

Merci pour avoir parlé d'Omale ici

Omelas, pas possible d'éditer mon message initial :(

  • Merci 1
Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre, 50ans Posté(e)
Anachel Membre 622 messages
Forumeur expérimenté‚ 50ans‚
Posté(e)
Le 03/05/2024 à 19:31, urizen a dit :

Anachel, très heureux de voir quelqu'un qui aborde cette nouvelle d'Ursula Le Guin, l'un de mes auteurs préférés !

Pour ceux qui ne connaissent pas cet auteur, je conseille le numéro spécial de Bifrost numéro 78 pour un cout modique en version epub sans DRM

https://belial.fr/legacy/a/revue/bifrost-78

ou justement cette nouvelle figure.

Je ne maitrise pas aussi bien la prose que vous mais pour ma part, mon choix est : je quitte Omale.

Mais dans notre monde actuel, est ce que l'on ne rencontre pas Omale au final..... (exploitation de l'enfant, trafic humain et j'en passe).

Je lis vos échanges avec attention.

Merci pour avoir parlé d'Omale ici

Omelas, pas possible d'éditer mon message initial :(

Ravi que l'ouverture de ce sujet permette de mettre en lumière le travail de Mme Le Guin, qui a votre faveur.

Concernant votre choix de quitter Omelas, permettez moi, sinon de le mettre en doute, du moins de l'interroger. Comme je le disais à un autre intervenant, je ne peux que constater que votre choix m'apparait comme en contradiction avec son support numérique qui implique l'exploitation d'enfants travaillant dans les mines du Congo pour en extraire les métaux rares, celle éhontée de millions d'ouvriers asiatiques besognant dans des conditions scandaleuses ou tout simplement le pillage des ressources des pays du tiers-monde pour le bénéfice des pays développés.

Tout notre mode de vie repose sur une exploitation aveugle des ressources de notre planète, une division socio-économique terriblement inéquitable et un mépris criminel de l'environnement. Et pourtant, à l'évidence, nous avons fait le choix de rester.

Entendons nous bien, il ne s'agit pas là pour moi d'émettre un jugement mais d'établir un constat. Nous sommes par métaphore, sinon de fait, ceux qui restent à Omelas. Et à titre personnel je l'assume complètement. Je n'ai pas choisi l'ordre du monde et crier mon indignation en une vaine démonstration de vertu ne révélerait que mon peu d'entendement de son fonctionnement. L'histoire montre qu'un lent travail de fourmi pratiqué de l'intérieur, que la négociation et les compromis résolvent des problèmes infiniment plus souvent qu'un acte isolé et dicté par un sens moral intraitable.

Comme je le disais plus haut, partir d'Omelas me semble moralement surérogatoire et peut être même tenir un peu de la vertu ostentatoire. Surérogatoire dans le sens où c'est au delà du comportement moral attendu. Sacrifier son bonheur pour un avenir incertain afin de sauver l'enfant serait noble, magnifique même. Mais là il s'agit de faire la même chose sans que cela change quoique ce soit au destin de l'enfant, il ne s'agit que de soulager sa conscience coupable. Vous n'êtes plus complice du système perpétuant cette iniquité, la belle affaire ! Il perdure et l'enfant souffre toujours.

Les contes et les biographies d'individus au destin exceptionnel ont le même défaut. Le biais du survivant. Ces histoires nous racontent comment par leur talent et à la faveur des circonstances un individu parvient à altérer la marche du monde. Et ce faisant elles détournent notre attention des millions d'autres histoires de ceux qui ont essayé mais échoué et se sont perdus dans les méandres de l'oubli, car nous voulons avant tout avoir des raisons d'espérer et d'être rassurés.

Il n'est ni lâche ni déshonorant de ne pas se lancer dans une aventure improbable au profit d'une grande cause. Une aventure risquée est par définition.....risquée et il est parfaitement raisonnable de ne pas l'entreprendre. Alors certes il n'y a aucune gloire à glaner en ne tentant rien mais le monde a besoin de héros autant que des gens ordinaires, car si tous sont des héros, tous sont ordinaires.

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre, 54ans Posté(e)
urizen Membre 10 messages
Forumeur Débutant‚ 54ans‚
Posté(e)

Je précise un peu plus ma pensée et en plus cela m'entrainera à m'exprimer et poser mes idées et arguments. Après tout, c'est la base de la philosophie :)

J'avais indiqué Mais dans notre monde actuel, est ce que l'on ne rencontre pas Omale au final..... (exploitation de l'enfant, trafic humain et j'en passe).

Et justement tu pointes fort justement le doigt dessus.

Je te cite :

je ne peux que constater que votre choix m'apparait comme en contradiction avec son support numérique qui implique l'exploitation d'enfants travaillant dans les mines du Congo pour en extraire les métaux rares, celle éhontée de millions d'ouvriers asiatiques besognant dans des conditions scandaleuses ou tout simplement le pillage des ressources des pays du tiers-monde pour le bénéfice des pays développés.

Tout notre mode de vie repose sur une exploitation aveugle des ressources de notre planète, une division socio-économique terriblement inéquitable et un mépris criminel de l'environnement. Et pourtant, à l'évidence, nous avons fait le choix de rester.

Je ne peux qu'abonder dans ton sens malheureusement.

Donc le cri du coeur est oui je pars d'Omelas. C'est effectivement de la vertu ostentatoire, facile à affirmer mais pour le vivre dans les actes....une autre paire de manches ! Le Guin ne parle pas ensuite de ceux qui partent... que rencontrent t il en dehors d'Omelas ? Comment vivent-ils ? Dans un monde utopique sans conflits, exploitation, inégalités ?

Je suis très sensible aux questions éthiques étant proche de Kant de ce côté :) et je continue à lire sur ce sujet d'ailleurs.

Par contre, à mon humble mesure, j'essaye d'agir par l'intermédiaire d'ONG ou de comportements (commerce équitable pour café , cacao etc).

Je ne sais pas si cela sert à quelque chose mais je trouve que c'est le minima au moins que je puisse faire connaissant la situation , bref un homme ordinaire essayant d'appuyer ceux qui s'investissent pleinement.

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

  • 2 semaines après...
Membre, 28ans Posté(e)
al-flamel Membre 1 054 messages
Mentor‚ 28ans‚
Posté(e)
Le 17/04/2024 à 01:31, Anachel a dit :

Ceux qui partent d'Omelas est une nouvelle écrite par Ursula Le Guin qui dépeint la cité utopique d'Omelas dont la prospérité dépend de la misère perpétuelle d'un seul enfant. Cette ville ne connait ni la pauvreté ni la guerre et ses citoyens sont sophistiqués et cultivés. Néanmoins dans cette ville, le bonheur de la communauté repose sur le malheur d'un enfant enfermé dans des conditions atroces. Les citoyens d'Omelas, une fois assez âgés pour connaitre cette réalité, l'acceptent pour assurer le bonheur de la ville. Cependant, certains d'entre eux quittent la ville après avoir vu l'enfant.

La nouvelle pose des questions morales sur le coût du bonheur, le sacrifice d'un individu pour le bien de la majorité ainsi que le sentiment de culpabilité. Elle est souvent interprétée comme une critique de l'utilitarisme mais à titre personnel, elle fait surgir en moi un autre questionnement: considérant la somme absolument phénoménale de souffrance éprouvée par l'ensemble de toutes les créatures sensibles depuis le début des temps, n'aurait-il pas mieux valu que rien n'existe ?

Bien sûr le bonheur existe mais il est rare et fugace en regard de la douleur qui, elle, est une expérience universelle et souvent durable. Aucun homme, aucune femme, aucun animal ne traverse l'existence sans connaitre la douleur, qu'elle soit physique ou morale. Peut-être est-ce difficile pour un individu vivant dans notre société d'abondance préservée des vicissitudes communes de l'existence de prendre la pleine mesure de la quantité proprement effarante de souffrance qui a été ressentie. Songez que des centaines de milliards d'êtres ont connu l'agonie de la mort après avoir expérimenté la faim, la soif, le froid, la solitude, la peur, la maladie…combien ont vu leur chair déchirée ou leurs enfants mourir ?

Si on prend le temps d'y penser sérieusement, il ne me semble pas illégitime de se demander si l'existence à ce prix là est désirable.

Et vous, auriez vous quitté Omelas ?

On ne peut pas s'attendre à ce que des gens quittent majoritairement un endroit privilégié au nom d'une souffrance qui leur est totalement étrangère. 

Leur condition ne peut aboutir qu'à la léthargie et/ou l'inhumanité. 

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Annonces
Maintenant

Rejoindre la conversation

Vous pouvez publier maintenant et vous inscrire plus tard. Si vous avez un compte, connectez-vous maintenant pour publier avec votre compte.

Invité
Répondre à ce sujet…

×   Collé en tant que texte enrichi.   Coller en tant que texte brut à la place

  Seulement 75 émoticônes maximum sont autorisées.

×   Votre lien a été automatiquement intégré.   Afficher plutôt comme un lien

×   Votre contenu précédent a été rétabli.   Vider l’éditeur

×   Vous ne pouvez pas directement coller des images. Envoyez-les depuis votre ordinateur ou insérez-les depuis une URL.

Chargement
×