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Au bord des mondes

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Invité chekhina

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Au bord des mondes, vers une anthropologie métaphysique.

Auteur : Mohamed Amer Meziane 

 

Je préfère ouvrir une étude en soi de ce livre. L'auteur a un point de vue sur l'anthropologie qui change des points usuels occidentaux. 

Dans l'introduction, "Elargir le spectre des "non humains" l'auteur remarque que l'inquiétude écologique conduit les occidentaux à renouer avec l'animisme. Il devient nécessaire de penser et de sentir avec les loups, les forêts et les montagnes "dont on nous assure désormais qu'ils ont une âme".

C'est en l'absence des indigènes (ceux qui réellement vivent encore avec les loups, dans les forêts et les montagnes) que s'énonce ce discours.

 

Ce qui trouble les anthropologues occidentaux ce n'est pas l'émergence dans leur conscience de l'âme des non humains c'est l'émergence dans leur conscience de la réalité du non visible. L'invisible  devient soudain visible à la faveur du désarroi occidental face à sa disparition annoncée. Voir avant de mourir, et peut être voir pour ne pas mourir.

Il est nécessaire de penser le réel par delà le visible. Il est nécessaire de penser au bord des mondes.

Le modèle actuel dominant est celui de la rationalité techno-scientifique qui détermine le visible et l'objectivable. A partir de cette détermination les occidentaux ont pu traiter de croyances et d'attitude subalterne les comportements des indigènes qui s'opposaient aux progrès en arguant de dieux ou d'autres esprits.

Pour les colons les indigènes se prévalaient de croyances. Le colon ne croit pas,  le colon fixe le réel, c'est à dire qu'il fixe les croyances qu'il est légitime de faire passer du statut de croyance au statut de réalité objective. L'indigène fixe des croyances qui ne sont pas réelles.

Cette capacité à établir la ligne de démarcation entre le réel et le non réel légitime la supériorité du colon qui devient le maitre et l'infériorité de l'indigène qui devient l'esclave. Bien sûr du côté de l'indigène, ses croyances étaient réelles et le colon n'était pas con au point de ne pas voir que les croyances des indigènes était d'abord destinés à le combattre lui, le colon, venu violer l'espace indigène. 

La lutte idéologique, pour désarmer l'indigène, passe par la lutte pour déterminer le réel. 

L'auteur écrit : "Le présent essai invite à élargir notre conception du réel...de manière à pouvoir penser l'intervention d'entités [non naturelles] dans le monde anthropologique des subalternes (les indigènes)"

Il poursuit : la métaphysique occidentale qualifie ces entités qui excèdent le monde visible d'irréelles, ce qui pour lui constitue une anti métaphysique tournée contre la réalité de ces entités. Cette anti métaphysique s'oppose à la métaphysique des subalternes  (indigènes) qui pense réels les dieux , les esprits, Dieu, l'âme, etc, ce que les métaphysiciens occidentaux qualifient de "sacré". 

"Si l'on veut penser le monde qui vient...il est temps" d'assumer [toutes]les dimensions métaphysiques humaines. Il faut renoncer à la réduction des idées (sous le couperet de la notion de réel/irréel).

L'auteur ensuite précède les objections : De quoi voulez vous nous entretenir ? de religion ?

Il y a une invitation tacite de l'auteur à sortir du concept même de "religion" tel que l'a fossilisé l'occident athée (et scientifique). Cet essai me passionne car il se trouve que je ne crois ni en la réalité de Dieu, de l'âme ou de l'esprit (je penche plutôt du coté scientifique et matérialiste) mais je n'éprouve aucun sentiment de mépris ni de supériorité face à ceux qui y croient [en fait je me sens seulement supérieur face à la populace !]. La croyance ne peut pas être vécue comme une honte ou une lâcheté comme tentent de le faire croire les athées (qui sont d'ailleurs dans la vie réelle pas plus courageux qu'un croyant !)

 

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al-flamel Membre 1 054 messages
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il y a une heure, chekhina a dit :

Au bord des mondes, vers une anthropologie métaphysique.

Auteur : Mohamed Amer Meziane 

 

Je préfère ouvrir une étude en soi de ce livre. L'auteur a un point de vue sur l'anthropologie qui change des points usuels occidentaux. 

Dans l'introduction, "Elargir le spectre des "non humains" l'auteur remarque que l'inquiétude écologique conduit les occidentaux à renouer avec l'animisme. Il devient nécessaire de penser et de sentir avec les loups, les forêts et les montagnes "dont on nous assure désormais qu'ils ont une âme".

C'est en l'absence des indigènes (ceux qui réellement vivent encore avec les loups, dans les forêts et les montagnes) que s'énonce ce discours.

 

Ce qui trouble les anthropologues occidentaux ce n'est pas l'émergence dans leur conscience de l'âme des non humains c'est l'émergence dans leur conscience de la réalité du non visible. L'invisible  devient soudain visible à la faveur du désarroi occidental face à sa disparition annoncée. Voir avant de mourir, et peut être voir pour ne pas mourir.

Il est nécessaire de penser le réel par delà le visible. Il est nécessaire de penser au bord des mondes.

Le modèle actuel dominant est celui de la rationalité techno-scientifique qui détermine le visible et l'objectivable. A partir de cette détermination les occidentaux ont pu traiter de croyances et d'attitude subalterne les comportements des indigènes qui s'opposaient aux progrès en arguant de dieux ou d'autres esprits.

Pour les colons les indigènes se prévalaient de croyances. Le colon ne croit pas,  le colon fixe le réel, c'est à dire qu'il fixe les croyances qu'il est légitime de faire passer du statut de croyance au statut de réalité objective. L'indigène fixe des croyances qui ne sont pas réelles.

Cette capacité à établir la ligne de démarcation entre le réel et le non réel légitime la supériorité du colon qui devient le maitre et l'infériorité de l'indigène qui devient l'esclave. Bien sûr du côté de l'indigène, ses croyances étaient réelles et le colon n'était pas con au point de ne pas voir que les croyances des indigènes était d'abord destinés à le combattre lui, le colon, venu violer l'espace indigène. 

La lutte idéologique, pour désarmer l'indigène, passe par la lutte pour déterminer le réel. 

L'auteur écrit : "Le présent essai invite à élargir notre conception du réel...de manière à pouvoir penser l'intervention d'entités [non naturelles] dans le monde anthropologique des subalternes (les indigènes)"

Il poursuit : la métaphysique occidentale qualifie ces entités qui excèdent le monde visible d'irréelles, ce qui pour lui constitue une anti métaphysique tournée contre la réalité de ces entités. Cette anti métaphysique s'oppose à la métaphysique des subalternes  (indigènes) qui pense réels les dieux , les esprits, Dieu, l'âme, etc, ce que les métaphysiciens occidentaux qualifient de "sacré". 

"Si l'on veut penser le monde qui vient...il est temps" d'assumer [toutes]les dimensions métaphysiques humaines. Il faut renoncer à la réduction des idées (sous le couperet de la notion de réel/irréel).

L'auteur ensuite précède les objections : De quoi voulez vous nous entretenir ? de religion ?

Il y a une invitation tacite de l'auteur à sortir du concept même de "religion" tel que l'a fossilisé l'occident athée (et scientifique). Cet essai me passionne car il se trouve que je ne crois ni en la réalité de Dieu, de l'âme ou de l'esprit (je penche plutôt du coté scientifique et matérialiste) mais je n'éprouve aucun sentiment de mépris ni de supériorité face à ceux qui y croient [en fait je me sens seulement supérieur face à la populace !]. La croyance ne peut pas être vécue comme une honte ou une lâcheté comme tentent de le faire croire les athées (qui sont d'ailleurs dans la vie réelle pas plus courageux qu'un croyant !)

 

Mohamed Amer Meziane est un auteur qui m'inspire beaucoup ces temps-ci. 

Je n'ai pas encore lu Au bord des mondes . Par contre j'ai lu son autre livre Les Empires sous la terre  dans laquelle il propose une nouvelle lecture de la sécularisation qui ne doit plus être pensée comme un processus de disparition de la religion, mais comme "une nouvelle manière de politiser la religion et  de la racialiser."

Il insiste aussi lourdement sur l'industrialisme et le saint-simonisme dont il décèle le phénomène "religieux" qu'il y a autour. 

C'est autour de ces deux axes  qu'une nouvelle impérialité se dessine en Occident. La sécularisation est le nouveau messianisme de l'Occident et sa stratégie impériale de conquête et d'exploitation des ressources.

 

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Membre, 44ans Posté(e)
Wave1 Membre 528 messages
Forumeur alchimiste ‚ 44ans‚
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C'est intéressant ici de faire un parallèle avec la psychanalyse. Car beaucoup considèrent la psychanalyse comme une discipline non scientifique, sauf qu'au contraire certaines personnes pensent qu'on ne sait pas si la psychanalyse est une discipline scientifique mais même dans le cas où on considérait que il ne s'agit pas de science la vraie force de la psychanalyse réside dans son pouvoir "narratif". La narration est donc la vraie force de la psychanalyse. C'est la même chose pour l'anthropologie, il faut en plus des analyses purement scientifiques prendre en compte l'aspect "narratif" (religions, croyances, mythes, etc.) dans cette discipline.

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Invité chekhina
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Invité chekhina
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Toujours dans son introduction l'auteur continue ainsi

"Ce livre tente de comprendre comment les sciences humaines peuvent prendre en compte des réalités qui excèdent le monde et agissent pourtant avec lui à travers des expériences humaines, des actants non naturels et non culturels qui excèdent donc le champ de la nature-culture"

Il réfère aux concepts de l'invisible ou du surnaturel pour désigner ce qu'il appelle des actants, tels par exemple les esprits ou même les fantômes. "La question, précise t il, n'est pas de supposer que les êtres humains soient réellement possédés par des esprits ni que les maisons soient réellement hantées puisque c'est la définition même de ce que le discours occidental a l'habitude de qualifier de réel qui est en cause". Autrement dit il demande à l'occidental de modifier sa conception du réel. Il m'invite à abandonner ma stricte définition (occidentale) du réel pour étendre ma perception ou ma définition du réel aux esprits ou aux fantômes des traditions, des cultures autres qu'occidentales. 

Je peux certes accepter la réalité de Dieu par  exemple, ou celle des fantômes, à partir du moment où je les définis comme étant des réalités culturelles. Mais l'auteur va plus loin. Ces étants, et même ces actants sont au delà de la nature et de la CULTURE, c'est à dire qu'ils sont réels indépendamment des cultures. Autrement dit, si l'humanité disparaissait ces actants continueraient d'être réels.

Je ne rejette pas a priori l'existence d'un ou de plusieurs autres mondes, au delà de la nature et de la culture. Mais si ces mondes sont habités par des réalités, s'ils sont eux mêmes des réalité autres, alors il est impossible de nommer ces réalités. Elles ne sont, dans les autres mondes, ni des dieux, ni Dieu, ni des fantômes, ni des âmes...C'est lorsque ces réalités entrent dans notre monde qu'alors elles se parent de ces noms là. Mais les noms qu'elles portent alors ne désignent pas la réalité qu'elles sont, ils désignent ce qu'elles deviennent une fois immergées dans notre monde. Ce qu'elles deviennent alors n'est pas ce qu'elles sont dans les autres mondes.

Je rejoins là finalement la chose en soi de Kant ou encore l'Ein Sof de la Kabbale lourianique.

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Membre, 28ans Posté(e)
al-flamel Membre 1 054 messages
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Je viens de terminer la lecture du 1er chapitre : Des dragons sous la terre.

D'emblée le titre du chapitre rappelle celui de son livre précédent, les empires sous la terre. Ça montre le cadre dans lequel son travail s'inscrit. Celui dans lequel s'exerce un regard critique sur la sécularisation comprise comme le déploiement d'un pouvoir impérial. 

On rencontre souvent un triptyque dans la pensée de MAM,  le ciel, la terre et le monde sous terrain. La sécularisation se comprenant chez MAM comme une entreprise de réalisation du ciel sur terre par l'extraction du monde sous-terrain.

Les dragons sous la terre font référence à une archive coloniale déjà mentionnée dans son 1er livre. Elle traite d'un administrateur en Cochinchine dont les entreprises d'exploitation minière se trouvent entravées en raison des croyances des savants mandarins sur l'existence de dragons habitant les sous-sols. L'administrateur colonial y voit une forme de superstition visant à empêcher l'exploitation des ressources. Le dilemme que se pose MAM, c'est quel parti prendre. Celui de la "raison" et de l'administrateur colonial ou bien celui du Mandarin qui pose un statut métaphysique à la mine habitée par des forces d'un autre monde, et qui peut aussi inviter en ce contexte à croire en peut être tout et n'importe quoi.

Plutôt que de prendre un parti MAM invite ici à une suspension du jugement car le but n'est pas de juger en soi de la vérité de l'existence de ces dragons sous la terre. Il approfondie ensuite l'objet de son travail en le situant dans une certaine continuité des travaux de Bruno Latour et Descola.  À savoir redéfinir le partage entre nature et culture, entre naturel et surnaturel. Mais il s'inscrit également en rupture de ces auteurs en mettant au centre de l'analyse la question des hiérarchies de classes sous un cadre différent du cadre industrialiste et anti-métaphysique que constitue le marxisme traditionnel. 

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Invité chekhina
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Invité chekhina
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Il y a 17 heures, al-flamel a dit :

Je viens de terminer la lecture du 1er chapitre : Des dragons sous la terre.

D'emblée le titre du chapitre rappelle celui de son livre précédent, les empires sous la terre. Ça montre le cadre dans lequel son travail s'inscrit. Celui dans lequel s'exerce un regard critique sur la sécularisation comprise comme le déploiement d'un pouvoir impérial. 

On rencontre souvent un triptyque dans la pensée de MAM,  le ciel, la terre et le monde sous terrain. La sécularisation se comprenant chez MAM comme une entreprise de réalisation du ciel sur terre par l'extraction du monde sous-terrain.

Les dragons sous la terre font référence à une archive coloniale déjà mentionnée dans son 1er livre. Elle traite d'un administrateur en Cochinchine dont les entreprises d'exploitation minière se trouvent entravées en raison des croyances des savants mandarins sur l'existence de dragons habitant les sous-sols. L'administrateur colonial y voit une forme de superstition visant à empêcher l'exploitation des ressources. Le dilemme que se pose MAM, c'est quel parti prendre. Celui de la "raison" et de l'administrateur colonial ou bien celui du Mandarin qui pose un statut métaphysique à la mine habitée par des forces d'un autre monde, et qui peut aussi inviter en ce contexte à croire en peut être tout et n'importe quoi.

Plutôt que de prendre un parti MAM invite ici à une suspension du jugement car le but n'est pas de juger en soi de la vérité de l'existence de ces dragons sous la terre. Il approfondie ensuite l'objet de son travail en le situant dans une certaine continuité des travaux de Bruno Latour et Descola.  À savoir redéfinir le partage entre nature et culture, entre naturel et surnaturel. Mais il s'inscrit également en rupture de ces auteurs en mettant au centre de l'analyse la question des hiérarchies de classes sous un cadre différent du cadre industrialiste et anti-métaphysique que constitue le marxisme traditionnel. 

Vous exposez l'attitude intellectuelle de MAM (je reprends votre abréviation) face à certaines questions. Votre synthèse est brève et exhaustive ce qui permet de bien positionner l'auteur.

Je m'aperçois du coup que ce n'est pas le positionnement de l'auteur qui m' a incité à acheter son livre, c'est l'un des aspects des thèmes qu'il aborde, c'est le dragon.

Je me pose moi-même cette question : existe t il des dragons sous la terre ?

L'Occident va savoir me répondre. Il invoquera un discours psychologique voire psychanalytique crédible parce que rationnel. L'Occident est rationnel. La réponse va d'abord me satisfaire mais ensuite un appel lié à ma sensibilité propre soufflera : l'Occident omet quelque chose, l'Occident MUTILE le corps du dragon, il ôte au dragon quelque chose qui pourtant continue de subsister. 

Qu'est ce qui continue d'exister que l'Occident soit ne voit pas, soit ne veut pas voir ?

Je reprends depuis le début, avant que le discours occidental intervienne, je pose la question à nouveau : est ce qu'il existe un dragon sous la terre ?

Loin de suspendre mon jugement comme le recommande MAM au contraire je l'impose. 

Mais je n'ai pas la réponse.

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al-flamel Membre 1 054 messages
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Le 02/04/2024 à 08:28, chekhina a dit :

Vous exposez l'attitude intellectuelle de MAM (je reprends votre abréviation) face à certaines questions. Votre synthèse est brève et exhaustive ce qui permet de bien positionner l'auteur.

Je m'aperçois du coup que ce n'est pas le positionnement de l'auteur qui m' a incité à acheter son livre, c'est l'un des aspects des thèmes qu'il aborde, c'est le dragon.

Oui, je m'en doutais. Cela dit, est-ce qu'une réponse tranchée à cette question sera réellement intéressante à vos yeux ?

J'en doute également.

L'occident pose une réponse tranchée. Mais elle ne semble pas vous satisfaire. Les savants mandarins posent une réponse tranchée également. Je doute qu'elle vous satisfasse également.

Il y a effectivement une interrogation qui persiste davantage que l'existence du dragon, c'est le statut métaphysique et moral (parce que métaphysique) de la mine qui donne un regard différent, un supplément à la mine. Une seule et même chose est au croisement de différentes représentations, au croisement de différents mondes qui communiquent par l'intermédiaire des Hommes qui portent ces représentations. La question de l'ontologie, de l'être et du non être y devient presque secondaire. Les objets intentionnels se mêlant en permanence aux objets dits réels pour s'y confondre, cette confusion met en éclat l'ontologie et la dualité de l'être et du non être.

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Invité chekhina
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Il y a 23 heures, al-flamel a dit :

Oui, je m'en doutais. Cela dit, est-ce qu'une réponse tranchée à cette question sera réellement intéressante à vos yeux ?

J'en doute également.

L'occident pose une réponse tranchée. Mais elle ne semble pas vous satisfaire. Les savants mandarins posent une réponse tranchée également. Je doute qu'elle vous satisfasse également.

Il y a effectivement une interrogation qui persiste davantage que l'existence du dragon, c'est le statut métaphysique et moral (parce que métaphysique) de la mine qui donne un regard différent, un supplément à la mine. Une seule et même chose est au croisement de différentes représentations, au croisement de différents mondes qui communiquent par l'intermédiaire des Hommes qui portent ces représentations. La question de l'ontologie, de l'être et du non être y devient presque secondaire. Les objets intentionnels se mêlant en permanence aux objets dits réels pour s'y confondre, cette confusion met en éclat l'ontologie et la dualité de l'être et du non être.

En vous lisant je m'aperçois de la difficulté à sortir du cadre philosophique occidental. Le réflexe est de pratiquer une métaphysique que nous pensons universelle alors que sa référence ontologique, la question de l'être, est une référence provinciale (la philosophie grecque).

La métaphysique tourne à l'ontologie dans la province grecque, province socle de la pensée européenne.

Nous ne nous apercevons pas que notre point de vue sur le monde a pour condition notre enracinement provincial (européen et grec). Nous sommes des provinciaux, comme sont provinciaux aussi tous ceux, dont MAM,  qui pensent dans le cadre d'un autre socle que le socle grec, mais nous sommes des provinciaux qui se sentent impériaux et universels suite à notre domination réelle, établie par notre supériorité militaire, scientifique, économique, supériorité fondée sur notre capacité à tuer avec succès plutôt qu'à être tué. Notre supériorité repose sur l'efficacité de notre glaive. A partir de là nous ripons sur l'idéologie phallique darwinienne ou nietzschéenne. La pensée provinciale grecque est aussi une pensée "mâle" (peu de femmes s'aventurent au demeurant dans les sections philosophie)

MAM écrit (page 11 de l'édition Vues de l'esprit) "Comment réellement provincialiser l'Europe",  c'est à dire comment conduire l'européen, le colon du point de vue de MAM,  à dépasser ou à compléter sa pensée provinciale ? 

Il note le "tournant ontologique" de l'anthropologie européenne dans le nouveau rapport qu'elle tente d'établir entre "humains" et "non humains". Notons le qualificatif "ontologique" qui reste référé à la pensée provinciale grecque. Grâce à ce tournant les anthropologues occidentaux prétendent, écrit il, marquer une rupture avec l'héritage colonial  (page 10). Y arrivent ils ?

Pour en revenir au dragon dans la mine l'occidental évacuera la question d'un revers de main : le dragon n'existe pas, il est signe ou symbole qui renvoie à autre chose, l'oriental au contraire affirmera l'existence réelle du dragon. 

La question pourtant mérite d'être posée : le dragon existe t il ou n'existe t il pas, ou encore: le dragon est il réel ou ne l'est il pas ? MAM met en suspension la résolution de la question. Il écrit : " Ce livre n'affirme pas l'existence des réalités métaphysiques. Il met en suspens la question de l'existence et problématise la manière dont la négation des réalités métaphysiques [par le colon] s'articule à l'émergence d'un nouveau type de pouvoir impérial et fossile [la mine] au cours du XIX siècle" (page 27). Il force à décaler le regard sur une autre question, l'exploitation de la mine,  l'extraction des matières premières nécessaires à la production industrielle de masse du sous-sol par les occidentaux venus s' installer sur une terre orientale. 

Il est possible d'essaimer la pensée dans quantités de directions en lisant MAM, parce qu'il pense à partir d'un point de vue provincial qui n'est pas le nôtre. Il oblige à sortir du mode de pensée grec et à considérer que nous pensons, en tant qu'occidentaux, dans le cadre d'un paradigme donné, voir le livre de Thomas Khun, sujet du forum: "vos lectures philosophiques du moment"

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La constitution des Etats-nations finissent par avoir pour but l'accroissement de leurs territoires, les nouveaux Empires, fondés sur l'Etat, cette volonté d'accroissement étant portée par le capitalisme.

La conquête territoriale conduit à la sécularisation des religions. Cette conquête conduit aussi aux conquêtes coloniales.

Les colonies sont habitées par des indigènes dont la métaphysique est étrangère à celle des Impériaux. La mine devient le lieu ultime d'affrontement entre deux métaphysiques. Les Impériaux vont racialiser la métaphysique indigène pour justifier leur droit à exploiter la mine indigène. Ce faisant les Impériaux vont changer leur propre rapport au ciel et à la terre, leur propre métaphysique en contribuant à son effacement comme ils effacent la métaphysique indigène.

Il s'ensuit une sécularisation accrue et au surinvestissement dans ce monde ci. Les Impériaux se sont affranchis des forces autres que les forces humaines. La volonté de réaliser le paradis ici bas menace de transformer le monde en un lieu infernal.

L'anthropologie des Impériaux a renvoyé les pratiques indigènes à des structures sous jacentes inconscientes (Lévi-Strauss). Cette objectivation renvoie à la dimension coloniale du savoir qui fait de la science européenne un lieu de dévoilement des sociétés indignes.

"Il reste aujourd'hui à créer d'autres formes de savoir, à l'intersection de l'anthropologie et de la philosophie tout en élargissant notre concept du réel"

 

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Quelques notes finales sur l'introduction du "Bord des mondes".

L'élargissement du réel suppose de passer de l'immanence à la transcendance, de mettre fin au processus de l'abolition de la métaphysique, de dépasser la philosophie occidentale (et sa métaphysique), de reconnaitre les mondes qui excèdent les mondes, telles les pratiques mystiques ou spirituelles.

Comprendre l'ensemble des mondes suppose de penser au bord de ce monde voir hors de ce monde.

Il faut contrer la sécularisation et la volonté de réaliser le salut ici-bas.

MAM veut dissoudre les arrières mondes telle la catégorie de "l'être" occidentale (grecque) qui n' a pour but que de tenter de stabiliser l'impermanence des phénomènes (l'être des étants), tel aussi l'inconscient. MAM s'oppose à l'inconscient dans la mesure où Lévi Strauss a rendu compte des mœurs indigènes en partant du principe que l'indigène était piloté par structures mentales inconscientes (MAM en a gros sur la patate). 

Abolir les arrières mondes (dont l'être donc, ce qui est assez hardi) permet de penser ce qui excède les mondes : le "sur-monde"

Le "sur-monde" désigne la manière dont les réalités métaphysiques avec lesquelles composent humains et NON-HUMAINS permettent à la vie de s'intensifier.

Fin de l'introduction.

Le "sur-monde" est un concept qui, pour le moment, me dépasse. Surtout qu'il réunit humains et non-humains.

 

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Invité chekhina
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Il faut vraiment s’y reprendre à plusieurs fois pour bien discerner la pensée de Mohamed Amer Meziane. Il n’y a pas de doute : je suis moi même tellement immergé dans la philosophie provinciale occidentale continentale (la philosophie grecque dite de l’ontologie) que j’ai du mal à considérer les autres philosophies. Il faudra que je m’intéresse plus sérieusement à la philosophie arabe. 
Ce que Meziane dit c’est que la sécularisation occidentale, c’est à dire le fait de réaliser le ciel sur la terre a porté les pouvoirs occidentaux à investir les sous sols ( les pouvoirs se sont portés sous la terre) ce qui aujourd’hui aboutit à la crise écologique. 
C’est une pensée totalement originale pour le provincial grec.

Si je m’arrête sur sa pensée ce qu’il relève comme cause première de la crise qui vient c’est la sécularisation, c’est à dire la volonté pour les hommes de se réaliser ici bas, cette volonté allant de pair avec la destruction de toutes les croyances et de toutes les métaphysiques, grâce notamment aux techno sciences, le salut venant d’un enrichissement sans fin.

Ce discours là en revanche est classique.
 

C’est plutôt sa pensée concernant les sous sols qui est original. Jamais un occidental n’intègre le concept du sous sol dans ses pensées. Encore que la pythie à Delphes se soumettait à des vapeurs issues du sous sol. Et elle en retirait un discours, des élucubrations qu’il s’agissait d’interpréter.  Cela ressemble aussi à l’inconscient freudien qui apparaît aussi dans les rêves qu’il s’agit là aussi d’interpréter. 
 

Pourtant le sous sol, le « sous la terre » de Meziane doit avoir sa propre signification. 

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Pour un occidental la sécularisation procède d’un conflit entre deux pouvoirs, le pouvoir politique et le pouvoir religieux. Ce conflit était récurrent dans toute l’Europe chrétienne y compris en Russie d’ailleurs. Le triomphe du politique sur le religieux conduit en effet à la sécularisation, la disparition des autres mondes, la disparition du Royaume céleste, l’appropriation par les États devenus laïques des biens d’Eglise…

Est ce qu’il a fallu au préalable une telle révolution, un tel triomphe du politique pour que s’engage alors l’exploitation du « sous la terre » ? Et même a t il fallu au préalable une telle révolution pour que puisse naître le capitalisme ? 
 

L’exploitation du « sous la terre » signifie autre chose chez Meziane. Elle signifie une lutte contre les métaphysiques indigènes qui peuplent les sous sols avec des entités diverses, dont les dragons.
 

Mais cette lutte contre les métaphysiques indigènes, contre les croyances indigènes avilies sous le mot : superstition ( l’avilissement conduisant au racisme) est une lutte contre toutes les métaphysiques et croyances de toute l’humanité.
 

L’occidental s’élève dans une lutte à mort contre la CROYANCE en soi. L’adversaire n’est pas Dieu, ni les métaphysiques, l’adversaire c’est la CROYANCE en soi qu’il s’agit de détruire. 
 

 

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La critique que je pourrais émettre contre Meziane c’est que les sous sols ont pourtant été exploités bien avant que le capitalisme s’impose.

Il répond en fait à ces critiques en notant qu’avant que s’impose le capitalisme avec la sécularisation les mineurs entretenaient en Europe un rapport spécifique avec la mine. Ils attribuaient à celle ci « une vie organique et spirituelle », se devant de comprendre le métabolisme de cette vie et de travailler avec elle. « Ce qui a disparu d’Occident et de ses pratiques extractivistes est un rapport spirituel au souterrain »

La mine était une réalité spirituelle et biologique, ni végétale, ni animale. 

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al-flamel Membre 1 054 messages
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Chapitre 2 Après le déchiffrement des corps : Une critique de l’inconscient structural

Meziane reprend à son compte ici une critique de l’anthropologie structurale de Levi Strauss par Talal Asad dont il estime que l’anthropologie ontologique de Descola n’est qu’une variante.

Descola remet en question la frontière que la modernité occidentale a dessiné entre la nature et la culture.  Pour lui, cette frontière relève d’une ontologie propre aux Modernes occidentaux : le naturalisme. Cette ontologie dessine une frontière nette entre l’Humain et le non-humain, ce dernier vu comme une ressource librement exploitable par l’Humain.

Descola régionalise ainsi cette conception du monde et considère que le monde (des hommes) est traversé par 4 ontologies principales : l’animisme, le totémisme, le naturalisme et l’analogisme.

Ces 4 ontologies structurent les schèmes (cf. Kant) à partir desquels les Hommes se représentent le monde.

Pour Meziane, « poser les ontologies comme objet de l’anthropologie implique de postuler un inconscient anthropologique. » Les ontologies de Descola représentent des invariants dans lesquels toute pratique est sensée s’insérer.  Ces invariants sont indépendants de la conscience des pratiques des autochtones par les autochtones eux-mêmes. Il y a donc une nécessité pour Descola à « dépasser le cadre des discours et des pratiques indigènes ». Cette idée est constitutive de l’anthropologie pour Meziane. Elle est déjà présente dans le structuralisme de Lévi-Strauss.  Bien qu’il existe des distinctions à opérer entre la notion de schème et de structure, il y a bien quelque chose qui relève ici d’une même approche. Or c’est cette approche que Meziane entend critiquer, en la confrontant avec la critique de « l’impérialité de l’anthropologie » par Talal Asad (dans les mots de Meziane).

L’anthropologie se conçoit comme une science qui a pour tâche de déchiffrer les pratiques indigènes pour les insérer dans une grammaire impériale, donc universelle. Asad assimile l’anthropologie à une vaste entreprise de traduction culturelle : une traduction du discours en un texte culturel.  Les anthropologues textualisent les pratiques indigènes et les renvoient à un arrière-monde de significations inconscientes pour les indigènes.

Au-delà de la critique d’Asad, il y a pour Meziane une contradiction dans l’approche de Descola. La notion de schèmes qu’il mobilise (et qui fait référence à la jonction entre les catégories de l’Esprit et ce qui donne forme à l’expérience et aux pratiques) est associée chez Descola à un processus cognitif neurologique. « Le naturalisme est à la fois une ontologie particulière et le fondement de toutes les ontologies ».

Pour dépasser cette contradiction, il faut dépasser le culturalisme et le transcendantal Kantien, il faut aller vers une anthropologie métaphysique.

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Il y a 12 heures, al-flamel a dit :

Chapitre 2 Après le déchiffrement des corps : Une critique de l’inconscient structural

 

Meziane reprend à son compte ici une critique de l’anthropologie structurale de Levi Strauss par Talal Asad dont il estime que l’anthropologie ontologique de Descola n’est qu’une variante.

 

Descola remet en question la frontière que la modernité occidentale a dessiné entre la nature et la culture.  Pour lui, cette frontière relève d’une ontologie propre aux Modernes occidentaux : le naturalisme. Cette ontologie dessine une frontière nette entre l’Humain et le non-humain, ce dernier vu comme une ressource librement exploitable par l’Humain.

 

Descola régionalise ainsi cette conception du monde et considère que le monde (des hommes) est traversé par 4 ontologies principales : l’animisme, le totémisme, le naturalisme et l’analogisme.

 

Ces 4 ontologies structurent les schèmes (cf. Kant) à partir desquels les Hommes se représentent le monde.

 

Pour Meziane, « poser les ontologies comme objet de l’anthropologie implique de postuler un inconscient anthropologique. » Les ontologies de Descola représentent des invariants dans lesquels toute pratique est sensée s’insérer.  Ces invariants sont indépendants de la conscience des pratiques des autochtones par les autochtones eux-mêmes. Il y a donc une nécessité pour Descola à « dépasser le cadre des discours et des pratiques indigènes ». Cette idée est constitutive de l’anthropologie pour Meziane. Elle est déjà présente dans le structuralisme de Lévi-Strauss.  Bien qu’il existe des distinctions à opérer entre la notion de schème et de structure, il y a bien quelque chose qui relève ici d’une même approche. Or c’est cette approche que Meziane entend critiquer, en la confrontant avec la critique de « l’impérialité de l’anthropologie » par Talal Asad (dans les mots de Meziane).

 

L’anthropologie se conçoit comme une science qui a pour tâche de déchiffrer les pratiques indigènes pour les insérer dans une grammaire impériale, donc universelle. Asad assimile l’anthropologie à une vaste entreprise de traduction culturelle : une traduction du discours en un texte culturel.  Les anthropologues textualisent les pratiques indigènes et les renvoient à un arrière-monde de significations inconscientes pour les indigènes.

 

Au-delà de la critique d’Asad, il y a pour Meziane une contradiction dans l’approche de Descola. La notion de schèmes qu’il mobilise (et qui fait référence à la jonction entre les catégories de l’Esprit et ce qui donne forme à l’expérience et aux pratiques) est associée chez Descola à un processus cognitif neurologique. « Le naturalisme est à la fois une ontologie particulière et le fondement de toutes les ontologies ».

 

Pour dépasser cette contradiction, il faut dépasser le culturalisme et le transcendantal Kantien, il faut aller vers une anthropologie métaphysique.

 

Oui je vous suis bien mais vous êtes en avance sur moi dans la lecture du livre de Meziane. 
Je suis obligé d’avancer lentement car j’aborde avec cet ouvrage une façon de penser radicalement différente de la façon de penser occidentale ( dont je procède finalement). 
Il est possible bien sûr d’avoir une compréhension intellectuelle rapide du texte de Meziane mais c’est autre chose d’en avoir une compréhension « sensible », intime, intuitive…

J’en suis pour le moment à étudier Descola que je ne connaissais pas et sa tentative de sortir du dualisme nature-culture. Cette tentative me renvoie à des textes de Latour dont je me rends compte que je les ai étudiés trop rapidement.
 

Effectivement je vois ce que Descola signifie par naturalisme dont il me semble au demeurant qu’il s’agit là de l’ontologie étudiée par ailleurs dans un autre fil ici.

Descola utilise un vocabulaire à lui : humain/non humain, dont il reconnaît qu’il n’est pas vraiment satisfaisant…Mais faute de mieux..

Du coup fonder une anthropologie sur ce dyptique, humain/non humain paraît bizarre mais Descola s’explique sur ce point et dévoile ou distingue les quatre ontologies que vous citez : l’animisme, le totémisme, le naturalisme et l’analogisme.

J’en suis actuellement là. Ces notions sont nouvelles pour moi et je préfère prendre mon temps pour les assimiler. 
La référence aux schèmes ( au schématisme) de la Critique de la raison pure ne simplifie pas les choses quand on connaît les développements plutôt complexes de Kant sur ce sujet ( l’opération mentale du schématisme ou la façon de passer de la pensée pure à la pensée pratique, à l’acte mental en quelque sorte). 

En vous lisant je vois que les développements à venir de Meziane ne vont pas être simples à « sentir ». Il y a là une « façon » de penser complètement nouvelle pour un occidental.

Merci pour votre texte. 

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Il y a 9 heures, chekhina a dit :

Oui je vous suis bien mais vous êtes en avance sur moi dans la lecture du livre de Meziane. 
Je suis obligé d’avancer lentement car j’aborde avec cet ouvrage une façon de penser radicalement différente de la façon de penser occidentale ( dont je procède finalement). 
Il est possible bien sûr d’avoir une compréhension intellectuelle rapide du texte de Meziane mais c’est autre chose d’en avoir une compréhension « sensible », intime, intuitive…

J’en suis pour le moment à étudier Descola que je ne connaissais pas et sa tentative de sortir du dualisme nature-culture. Cette tentative me renvoie à des textes de Latour dont je me rends compte que je les ai étudiés trop rapidement.
 

Effectivement je vois ce que Descola signifie par naturalisme dont il me semble au demeurant qu’il s’agit là de l’ontologie étudiée par ailleurs dans un autre fil ici.

Descola utilise un vocabulaire à lui : humain/non humain, dont il reconnaît qu’il n’est pas vraiment satisfaisant…Mais faute de mieux..

Du coup fonder une anthropologie sur ce dyptique, humain/non humain paraît bizarre mais Descola s’explique sur ce point et dévoile ou distingue les quatre ontologies que vous citez : l’animisme, le totémisme, le naturalisme et l’analogisme.

J’en suis actuellement là. Ces notions sont nouvelles pour moi et je préfère prendre mon temps pour les assimiler. 
La référence aux schèmes ( au schématisme) de la Critique de la raison pure ne simplifie pas les choses quand on connaît les développements plutôt complexes de Kant sur ce sujet ( l’opération mentale du schématisme ou la façon de passer de la pensée pure à la pensée pratique, à l’acte mental en quelque sorte). 

En vous lisant je vois que les développements à venir de Meziane ne vont pas être simples à « sentir ». Il y a là une « façon » de penser complètement nouvelle pour un occidental.

Merci pour votre texte. 

Bonjour @chekhina, il se trouve que je lis ce livre en même temps que vous par un heureux hasard.

Cela dit, par manque de temps et par volonté d'explorer d'autres livres, j'essaie d'aller à l'essentiel.

Aussi je n'entends pas tout décortiquer de l'ouvrage. Il y a effectivement des développements sur Descola, sur la notion de schèmes chez Kant, sur la critique d'Asad et sur des usages du terme ontologie par des anthropologues autres que Descola qui mériteraient tous qu'on s'y penche rigoureusement.

Le fait de publier ici me permet d'organiser ma lecture et peut être échanger et au passage échanger sur des points qui me paraissent obscurs.

Merci d'avoir pris le temps de me lire.

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Il y a 1 heure, al-flamel a dit :

Bonjour @chekhina, il se trouve que je lis ce livre en même temps que vous par un heureux hasard.

Cela dit, par manque de temps et par volonté d'explorer d'autres livres, j'essaie d'aller à l'essentiel.

Aussi je n'entends pas tout décortiquer de l'ouvrage. Il y a effectivement des développements sur Descola, sur la notion de schèmes chez Kant, sur la critique d'Asad et sur des usages du terme ontologie par des anthropologues autres que Descola qui mériteraient tous qu'on s'y penche rigoureusement.

Le fait de publier ici me permet d'organiser ma lecture et peut être échanger et au passage échanger sur des points qui me paraissent obscurs.

Merci d'avoir pris le temps de me lire.

Je suis dans une situation comparable à la vôtre : je travaille sur d’autres livres que celui de Meziane. Je dois dire que je l’ai lu trop vite, trop occupé à d’autres études. C’est en lisant vos remarques que je me suis rendu compte que j’étais passé à côté. Du coup j’en ai repris la lecture et je me rends compte que j’ai du mal à passer du seul intelligible à la « sensibilité » à cette œuvre. Or c’est une œuvre qu’il me paraît important de « percevoir » plutôt que de seulement la comprendre. Parce qu’elle peut ouvrir sur une autre perception justement du monde. Peut être que je ne percevrai rien de nouveau à la fin, mais ça ne fait rien, ça vaut la peine d’essayer. 
Du coup je risque d’être un peu lent dans l’étude du livre. Mais je viendrai ici rendre compte de ce que j’en perçois. Vos remarques seront bienvenues.

Bonne soirée @al-flamel

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Avant de reprendre l'étude de l'essai de Meziane je verse cette vidéo dans le dossier.

Outre l'étude entre la percussion des cultures des occidentaux avec celles des indigènes il y a dans cette vidéo une précision sur les fonctions respectives de l'anthropologie et de l'histoire intéressante, mais aussi une note sur le dualisme propre aux indigènes de l'Amérique du sud entre le Haut et le Bas, note toute aussi intéressante. Il ne s'agit pas d'un dualisme entre le Bien et le Mal mais d'un dualisme autre, assez étranger au dualisme des monothéismes.

 

Enfin, à noter cette remarque étonnante  (elle vient de la culture des nouveaux chrétiens (les marranes)) :

"L'écriture n'est pas au service de ceux qui sont présents mais de ceux qui sont loin dans le temps et séparés des écrivains"

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Retour sur la conférence citée dans le post précédent. 

Nathan Wachtel note que l'histoire (l'ethnographie) relate les évènements et les singularités vécus consciemment par les acteurs d'une communauté donnée tandis que l'anthropologie (l'ethnologie) resitue ces singularités, ce particulier, dans une théorie générale qui liste les invariants structurant cette histoire particulière consciente. Ces invariants restent inconscients pour les acteurs de la communauté étudiée ce qui rend efficace ces invariants. L'inconscient reste structurant tant qu'il reste inconscient.

Critique : cette anthropologie est une activité étonnamment asymétrique. Celui qui récolte les évènements ou les singularités n'est pas celui qui vit consciemment ces évènements (l'indigène) mais un observateur étranger à la communauté (même s'il se mêle temporairement à la communauté), c'est donc l'anthropologue, en général un occidental, c'est à dire un acteur d'une autre communauté. En tant qu'acteur conscient de ses actes, acteur issu d'une communauté étrangère à la communauté observée, n'est il pas lui même déterminé par un inconscient propre à sa communauté ? L'observateur, étranger donc à la communauté observée, est aussi celui qui fabrique la théorie censée rendre compte de l'inconscient de la communauté observée. Je trouve que ça va un peu loin tout de même. D'autant que si l'anthropologue en question est lui-même déterminé par un inconscient, il est possible de se demander si les études qu'il mène sur l'inconscient structurant la communauté indigène étudiée n'est pas elle même controuvée (le vocabulaire moderne dit : biaisé) par son inconscient. 

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